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Socrate.

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  Comme l’écrit J. Brunschvicg, Socrate est paré aux yeux de la philosophie de toutes les vertus sacrales du totem.
   Il appartient inséparablement à l’histoire et au mythe de l’esprit :
 
   -A l’histoire puisque selon l’usage on appelle présocratiques les penseurs antérieurs à Socrate. (Anaxagore, Anaximène, Pythagore, Empédocle, Héraclite, Parménide etc.)

   Les préoccupations de ces derniers sont essentiellement physiques, leur mode d’expression plus poétique ou théologique que philosophique. (Éclairs fulgurants et non discours argumenté) A ce titre ces penseurs ont pour nous quelque chose d’étranger. Avec Socrate, en revanche, commence une aventure dans laquelle nous nous reconnaissons pleinement. « Socrate a fait descendre la philosophie du ciel sur la terre » disait Cicéron.

 

  -A la légende et au mythe car Socrate n’ayant rien écrit la connaissance du personnage et de sa pensée est indirecte 

 
  • Il y a le témoignage du poète comique Aristophane qui trace dans les Nuées un portrait d’une grande méchanceté. Aristophane a fait rire Athènes avec sa satire d’un maître penseur (un sophiste) dangereux, perché dans son « pensoir » et occupé entre deux leçons subversives à mesurer des sauts de puces. Il a largement contribué à répandre les calomnies ayant conduit à la condamnation à mort de Socrate.
  • Il y a le témoignage de Xénophon dans trois œuvres :l’apologie de Socrate ; le Banquet et les Mémorables. Pour beaucoup le témoignage de Xénophon est le plus fidèle à l’homme Socrate.
  •  Enfin il y a celui de Platon, le disciple génial dont toute l’œuvre immortalise la figure du maître, mais comment démêler dans le Socrate de Platon ce qui est socratique et ce qui est platonicien ?
  • Pour compliquer les choses, cet homme qui n’a pas fondé une école est à l’origine de nombreuses écoles que ses disciples vont ouvrir : les grands socratiques : Platon  fondateur de l’Académie et Aristote fondateur du Lycée -les petits socratiques : Euclide de Mégare, Antisthène, Aristippe de Cyrène.

 

    La difficulté est de comprendre comment un même maître a pu être au principe de courants de pensée si différents car si l’école cyrénaïque tire de Socrate une leçon hédoniste, Antisthène donne naissance à la tradition cynique et à son ascétisme moral.

 

DONNEES BIOGRAPHIQUES/

 

    Socrate naît à Athènes vers 470 av.J.C. d’un père sculpteur et d’une mère sage-femme. Il se maria au moins une fois avec l’acariâtre Xanthippe dont il eut un fils Lamproclès. On ne sait rien de son enfance et de sa formation mais Athènes étant alors le grand centre culturel du monde antique, il a sans doute été en contact avec les maîtres qui comptaient à l’époque. Philosophe des rues, il parcourt Athènes apostrophant ses concitoyens qu’ils soient modestes artisans ou hommes célèbres et puissants.On situe vers 420 av.J.C. l’oracle de Delphes selon lequel Socrate est déclaré l’homme le plus sage d’Athènes.En 399 av.J.C. Socrate est accusé par Mélétos (un poète) Anytos (un riche tanneur) et Lycon de ne pas reconnaître les dieux de la cité, d’en introduire de nouveaux et de corrompre la jeunesse.Au terme d’un procès où il assure lui-même sa défense, il est condamné à boire la ciguë.

 

  UN ETRE PARADOXAL.

 

  • Un taon, une vipère  qui empêche de dormir en rond, une torpille qui met dans l’embarras ceux auquel il s’adresse mais cet expert en l’art de faire éclater les faux savoirs ne cesse de revendiquer son inscience. Au terme d’une enquête destinée à comprendre le sens de l’oracle de Delphes, il doit convenir qu’il se distingue bien par quelque chose du reste des hommes : ceux-ci ne savent pas mais ils croient savoir tandis que lui, ne sait pas davantage mais il sait qu’il ne sait pas.
  • Un rationaliste qui défait les mythes mais se réclame de sa mission divine et de son « démon » sorte de voix intérieure se manifestant en lui surtout pour le dissuader de faire quelque chose.
  • Une exception, («  un chef d’œuvre d’existant dira Kierkegaard qui a atteint la conscience à l’état naissant et a fait d’elle un commencement absolu ») et pourtant celui en qui chacun reconnaît le meilleur de lui-même.

 

LA METHODE DE SOCRATE

 

          Ironie et dialectique

 

   Socrate n’est pas un professeur transmettant un savoir, c’est un homme qui a l’art de faire prendre conscience aux autres de leur ignorance. Il pratique l’ironie c’est-à-dire une méthode d’interrogation en feignant d’être ignorant. Il les rend disponibles ainsi pour la recherche de la vérité.

Soulignons l’ambiguïté de l’ironie socratique :

L’ignorance savante n’étant pas l’ignorance vulgaire on peut dire que Socrate fait souvent semblant d’être ignorant cad de ne pas savoir que la réponse de son interlocuteur comporte des contradictions ou des confusions. En ce sens l’ironie est stratégique. Mais en dernière analyse l’inscience de Socrate est bien réelle. Comme tout grand penseur ou grand savant Socrate a conscience des limites de nos savoirs. Il sait qu’il y a au principe de la rationalité un irrationnel de fondement car la raison ne peut pas rendre raison d’elle- même. L’affirmation selon laquelle la raison est une faculté plus habilitée que le cœur ou que la Révélation à être la mesure du vrai procède en ce sens d’un acte de foi, d’une croyance. Le savoir repose sur une croyance.  (Un savoir est un discours se fondant sur un ordre de raisons. Une croyance est un discours qui ne peut pas, par les seules ressources de la raison, rendre raison de lui-même. Il s’ensuit qu’on y adhère pour d’autres raisons que de pures raisons) En ce sens l’ironie socratique est sérieuse.

En procédant ainsi, Socrate met en demeure ses interlocuteurs d’examiner leurs réponses, les questions posées par le philosophe étant les questions que l’esprit se poserait à lui-même s’il cessait d’opiner, s’il commençait à comprendre ce que penser veut dire.

« La pensée disait Platon est le dialogue de l’âme avec elle-même ». En dialoguant avec les autres, Socrate dramatise (met en scène ou en acte) l’essence dialogique de la pensée. Penser ou dialoguer c’est toujours être deux en un, c’est même être plusieurs en un car je me fais à moi-même les objections que les autres pourraient faire à un point de vue qui, tant qu’il reste prisonnier d’une particularité est erroné. L’interlocuteur interne avec lequel je mène le débat m’impose comme l’autre de m’excentrer par rapport à ma singularité, de faire le détour par l’altérité, détour sans lequel aucune prétention à l’universel ne peut être légitimé. (cf. le principe kantien de la pensée élargie : « penser en se mettant à la place de tout autre »)

 

      Maïeutique et réminiscence

 

   Socrate ne donne pas la réponse aux questions qu’il pose. Il aide seulement son interlocuteur à la trouver par son propre effort. Il est un maïeute. L’étymologie grecque du mot maïeutique renvoie à la notion d’accouchement. C’est que Socrate compare souvent son art à celui de sa mère (Phaenarète).Elle était une sage-femme cad une femme qui, selon l’usage grec n’est plus en état d’enfanter. Elle est stérile et ce statut l’habilite à accoucher les femmes fécondes. Ainsi en est-il de Socrate. Fort de son inscience, il a le pouvoir d’accoucher les esprits des vérités qu’ils portent en eux.

Réfléchissant sur la méthode de son maître, Platon élabore la théorie de la réminiscence.

Il s’agit pour lui de rendre intelligible un fait : comment se fait-il que l’esclave de Ménon parvient au terme de l’interrogation à résoudre un problème de mathématiques ? N’est-ce pas le signe que « savoir c’est se ressouvenir » ? Tout se passe comme si le savoir était une sorte de réminiscence cad de retour à la conscience d’un savoir oublié. Néanmoins la théorie de la réminiscence n’est qu’un  mythe.

 Platonraconte un mythe chaque fois que la raison est impuissante à résoudre par ses seules forces le problème qu’elle rencontre. Elle n’est pas en présence d’un problème (un problème est une difficulté que l’on peut résoudre) mais d’un mystère. Le mythe ne doit donc jamais être reçu à la lettre de ce qu’il raconte. Il s’agit simplement de comprendre le mystère qui a rendu nécessaire de recourir à lui et ce mystère est le suivant :

Chercherait-on la vérité si on en n’avait aucune idée ? Si l’âme n’était pas le temple des vérités mathématiques et des vérités morales comment les mathématiques et la distinction d’un bien et d’un mal seraient-elles possibles ? Ne faut-il pas alors se dire qu’il y a une connaturalité de l’âme et de l’intelligible, que l’âme a contemplé dans une vie préempirique les Idées mais qu’en s’incarnant elle a bu au fleuve de l’oubli (le Léthé) de telle sorte qu’elle doit se réapproprier une mémoire perdue ?

Voilà pourquoi à la différence des sophistes qui prétendaient transmettre un savoir et enseigner la vertu, Socrate affirmait que le savoir ou la vertu ne peut jamais être reçu de l’extérieur. Savoir c’est reconquérir par son propre effort, la mémoire par un difficile travail d’ascèse.

 

 

 

 QUELQUES ENONCES SOCRATIQUES

 

 

    «  Philosopher c’est apprendre à mourir »

 

   La philosophie est amour de la vérité or qu’est-ce qui nous égare loin de la vérité et nous maintient dans une demeure d’ignorance et de servitude ?

On peut répondre de manière métaphorique : le corps.

 Nous sommes empêchés d’avoir un rapport de transparence à la vérité ou au bien parce que nous ne sommes pas un pur esprit. Celui-ci est irréductiblement lié à un corps c’est-à-dire à  une particularité empirique, une inscription dans le temps et dans l’espace, un équipement sensoriel, une affectivité etc. et tout cela projette de l’ombre. Penser c’est s’efforcer de délier en soi la dimension sensible et la dimension intelligible car « l’âme ne raisonne jamais mieux que quand rien ne la trouble, ni l’ouïe, ni la vue, ni la douleur, ni quelque plaisir, mais qu’au contraire elle s’isole le plus complètement en elle-même, en envoyant promener le corps et qu’elle rompt, autant qu’elle le peut, tout commerce et tout contact avec lui pour essayer de saisir le réel » (Platon. Phédon 65c)

Si on définit la mort comme séparation de l’âme d’avec le corps alors on peut dire que le philosophe s’emploie toute sa vie à réaliser cette ascèse « autant qu’il le peut » dit le texte. Réserve de taille, propre à pointer l’échec existentiel de la philosophie et à aborder la véritable mort avec une certaine espérance « Les vrais philosophes doivent penser et se dire entre eux des choses comme celles-ci : Il semble que la mort est un raccourci qui nous mène droit au but, puisque, tant que nous aurons le corps associé à la raison dans notre recherche et que notre âme sera contaminée par un tel mal, nous n’atteindrons jamais complètement ce que nous désirons et nous disons que l’objet de nos désirs est la vérité » (Platon Phédon 66b )

 

 

   « Mieux vaut subir l’injustice que la commettre »

 

 

  « S’il était nécessaire soit de commettre l’injustice, soit de la subir je choisirais de la subir plutôt que de la commettre » (Platon Gorgias 469c)

La grande leçon de Socrate consiste à faire comprendre qu’avant d’être un rapport à l’autre, la morale est une question de rapport à soi-même.

Il s’agit d’être en accord avec soi-même, d’être en ordre.

  L’ordre est, en effet, la norme de la raison et la cohérence (ce que connote la notion d’accord) est une exigence rationnelle fondamentale. (cf. le troisième principe kantien ou la maxime de la pensée conséquente : « penser toujours en accord avec soi-même »)

Il s’ensuit que faire ou dire quelque chose que la raison dénonce comme illégitime c’est se condamner à être intérieurement en désordre ; c’est coexister avec un être en soi que l’on réprouve. C’est donc être dégradé moralement à ses propres yeux ; c’est perdre l’estime de soi.

On voit ce qui distingue une existence portée par une authentique exigence socratique de l’existence de la plupart des hommes : A la question  « pourquoi ne faut-il pas commettre l’injustice » ? Nombreux sont ceux qui répondraient avec le sophiste Polos : « parce qu’on ne veut pas être puni » (que la punition soit infligée en ce monde par le juge humain ou dans l’autre par le juge divin).

« Personne n’est juste volontairement, on est juste par contrainte » affirme le sophiste Thrasymaque. (Platon. La république II  360c) Thèse qui est illustrée par la fable de l’anneau de Gygès.

La justice est d’ordinaire pour les hommes affaire d’intérêts ; d’avantages. Pour Socrate elle est affaire d’estime de soi.

C’est pourquoi Hannah Arendt associe toujours la proposition socratique « mieux vaut subir l’injustice que la commettre » avec cette autre proposition « Mieux vaudrait me servir d’une lyre dissonante et mal accordée, diriger un chœur mal réglé, ou me trouver en désaccord ou en opposition avec tout le monde, que de l’être avec moi-même, étant un, et de me contredire. (Gorgias 482bc)

 

 

« Nul n’est méchant volontairement »

 

On appelle intellectualisme moral cette thèse consistant à affirmer qu’il n’y a pas chez les hommes une volonté perverse c’est-à-dire une volonté de faire le mal en sachant que c’est le mal. Les hommes font le mal en croyant faire le bien. Ils prennent subjectivement pour un bien ce qui objectivement est un mal. Ils se trompent, ils sont dans un rapport illusoire à la valeur morale. Leur faute est une erreur. Il s’ensuit que le grand enseignement de Socrate s’énonce ainsi :

  • « la vertu est science
  • la méchanceté est ignorance »
 

 

 Cf. Pensée et nihilisme. Texte de Hannah Arendt sur Socrate.              
 
 
 

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49 Réponses à “Socrate.”

  1. Necib dit :

    ascétisme cynique, sophiste
    Bonjour,

    D’abord je tenais à vous féliciter pour le travail formidable que vous faites pour permettre à ceux qui le désire d’apprendre cette discipline.

    Je suis néophyte, dans la pensée philosophique, je m’y suis mis aujourd’hui et j’ai déja des petits question, car les inforamtions touvées sur internet ne m’ont pas satisfaite.

    Pourriez-vous svp m’orienter dans la compréhension de ces mots : Ascétisme, cynique; sophiste.

  2. Simone MANON dit :

    Il faut utiliser un dictionnaire de philosophie pour satisfaire votre curiosité.
    Voyez le cours sophistique, sophiste, sophisme sur ce blog. Utilisez l’index pour le trouver.
    Le cynisme est un mouvement philosophique né en Grèce au IV siècle av. JC. Ses maîtres: Antisthène et Diogène de Sinope. Son inspiration: rejet des conventions sociales, des lois de la cité, de l’autorité religieuse, vivre en conformité avec la nature. D’où pratique de l’ironie et de la provocation.
    Ascétisme vient de ascèse: exercice en grec. Effort moral visant à affranchir l’esprit de l’empire des désirs ou de la servitude des plaisirs sensibles afin de promouvoir son perfectionnement moral.

  3. Merci pour votre article. Cependant les références du portrait que vous publiez de Socrate ne sont pas mentionnées. Est-ce celui du Louvre ?
    Bien à vous
    Corine Sylvia Congiu

  4. Simone MANON dit :

    Oui, c’est le buste du Louvre. Merci de me signaler ma négligence mais elle me permet, ainsi qu’aux curieux, de découvrir votre site. Bravo pour votre parcours et vos oeuvres.
    Avec mes meilleurs sentiments.

  5. Moussa dit :

    C tres formidable

  6. Aristide dit :

    Bonjour,
    Par rapport à « Nul n’est mechant volontairement » je pense que chaque acte commis est une reponse à ses sentiments, qu’il soit bon ou mauvais.
    Suis-je sur la bonne voie ?

    Merci de me lire et surtout merci pour le site, qui est MAGNIFIQUE!

  7. Simone MANON dit :

    Non Aristide., votre interprétation est fantaisiste.
    Cette thèse dite intellectualiste a un sens précis dont vous pouvez trouver l’exposé dans la dissertation: peut-on vouloir le mal?https://www.philolog.fr/peut-on-vouloir-le-mal/
    Bien à vous.

  8. Necib dit :

    Bonjour,
    Tout d’abord merci pour votre site. Selon moi le savoir n’appartient à personne il doit être partager, car nous mêmes nous l’avons acquis d’autres. En parcourant votre site, je me rends compte que vous partager votre savoir.

    Pour poursuivre ma lecture, j’ai besoin que vous m’aidiez sur certain point.
    Vous dites que l’ironie est une méthode de questionnement, d’interrogations feignant l’ignorance. Socrate feignait d’être ignorant pour faire prendre conscience aux autre de leur ignorance. Est-ce qu’il peut aussi feindre l’ignorance pour voir leur niveau de connaissance, comparer leurs réponses à ses réponses, ou simplement avoir des réponses d’individus non éduqués à la philisophie dans le but simplement de se rapprocher de la pensée « pure ». Si socrate avait au préalable fait un cour de philosophie à ceux auxquels il posait ses questions, les réponses aurait été différentes. Peut être alors recherche t-il aussi de comparer ses réponses et les leurs.

    Vous dites aussi que penser n’est pas opiner. On sait que l’opinion est très variée, et qu’elle dépend de beaucoup de chose ( culture, environnement, influence, information etc.) Mais si la pensée n’est pas opiner, alors la pensée est forcément unique. Si elle ne dépend de rien, qu’elle est extérieur à tout ( enfin selon ce que j’ai compris) alors elle doit être identique pour tous. Cela voudrait dire que dès qu’on se met à pensée on rentre alors dans un même schéma de pensée et qu’on est plus différent, singulier mais identique voire pluriel.

    Enfin, la croyance est un discours qui ne peut s’expliquer par la raison, qu’on ne peut argumenter, raisonner sans risquer d’être insipide, sans saveur, sans rien de concret que de l’abstrait. Lorsque je dis je crois, sur quoi peut se baser cette croyance ? sur les sentiments ? sur une idée, c’est difficile à comprendre.

    Merci;

  9. Simone MANON dit :

    Bonjour
    D’abord il me faut attirer votre attention sur l’incorrection de votre expression. Il est très important de vous imposer des efforts pour l’améliorer.
    Socrate n’est pas un professeur qui teste le niveau de connaissances de ses interlocuteurs, c’est un chercheur de vérité. Il me semble que j’ai précisé dans cet article le sens de son ironie.
    Les opinions sont multiples et contradictoires. Tout esprit qui se respecte se sent tenu de les examiner afin de discriminer le vrai du faux.Voyez le dernier billet mis en ligne. https://www.philolog.fr/le-point-de-depart-de-la-philosophie-epictete/
    Cet effort exige de mettre en oeuvre la faculté rationnelle commune à tous les hommes. Ce qui caractérise le point de vue rationnel, c’est qu’il est universalisable en droit. Ce qui n’implique pas le triomphe d’une pensée unique car l’ambiguïté du réel, la complexité des problèmes, la singularité des expériences rendent nécessaire l’ouverture des possibles. Mais ceux-ci, dès lors qu’ils sont étayés avec les ressources de la raison peuvent être compris et justifiés par tous, même ceux qui n’y souscrivent pas. Cf: L’explication du texte de Russell.https://www.philolog.fr/la-valeur-de-la-philosophie-bertrand-russell/
    La croyance se distingue de la science en ce qu’elle ne peut pas être entièrement fondée rationnellement. Ce qui n’exclut pas qu’elle cherche à se justifier raisonnablement. On en voit alors les limites et on est tout naturellement enclin d’une part à éviter le dogmatisme, d’autre part à la tolérance.
    Bien à vous.

  10. Necib dit :

    Merci de votre réponse,

    Concernant le passage relatif à l’ironie je l’ai compris. Cependant ce que je ne comprends pas c’est pourquoi Socrate faisait cela. Pourquoi mettre les autres face à leur ignorance et ne pas les guider vers le « savoir ».

    Socrate était conscient de son inscience, cela signifie qu’il ne se considérait pas comme une « élite » de la pensée ?
    Mais simplement à l’image de sa mère, celui qui fait accoucher la pensée des autres, il les pousse à penser, et non pas opiner.

    J’espère comprendre rapidement la différence entre opiner et penser. Je pense que c’est la clé de mon initiation continuelle à la philosophie.

  11. Necib dit :

    Bonjour,

    Peut-on dire que la pensée est intrinsèquement unique, dans le sens ou la pensée implique d’être objectif et non pas subjectif. Savoir se passer de son opinion. C’est de là qu’elle tire son unicité.

    Je comprends cela comme ça.

  12. michel dit :

    Merci pour votre blog, de vous lire, ainsi que vos références, me permet de croire encore en la conscience humaine, pour ce qu’elle a de plus extraordinaire dans sa partie inconsciente la plus ordinaire. Je ne savais pas dans quelle rubrique poser ces quelques mots, mais cela n’a pas vraiment d’importance, je désirai juste exprimer sans pudeur, sans peur et sans prétention. Je n’ai jamais étudié la philosophie, mais, j’ai découvert, avec le temps, que la vie (l’univers), lorsque nous savons la regarder et l’écouter, nous apporte ces quelques petites réponses qui nous permettent de teinter d’un peu bleu ce petit bout de chemin, que nous parcourons le temps d’un instant.
    Bien à vous ainsi qu’à ceux et celles qui échangent ces précieux mots écrits.

  13. Simone MANON dit :

    Réponse à Necib:
    Tant que vous n’aurez pas assimilé la distinction entre opiner et penser, il vous sera impossible de comprendre ce que penser veut dire.
    Vous avez de nombreux cours sur ce blog qu’il vous suffit de vous donner la peine d’étudier. La notion d’opinion en fait partie.
    Voyez aussi la dissertation:https://www.philolog.fr/penser-par-soi-seul-est-ce-penser-librement/
    Bon travail.

  14. Simone MANON dit :

    Réponse à Michel
    J’ai supprimé, Michel, la plus grande partie de votre message car, quel que soit l’intérêt de votre propos, il n’a pas de dimension philosophique. J’espère que vous le comprendrez.
    Bien à vous.

  15. michel dit :

    Bien sûr que je le comprends, et merci à vous, ainsi qu’à tous ces philosophes, qui ont permis et permettront certainement encore, avec le temps, et grâce à l’activité de la pensée, de faire évoluer toutes ces consciences vers un peu plus de sagesse.
    Avec toute ma sincère considération

  16. Amélie dit :

    Bonjour,
    Excusez-moi de vous déranger, mais l’idée selon laquelle philosopher c’est apprendre à mourir est une idée que je trouve vraiment très belle mais dont j’ai beaucoup de mal à saisir le sens. Si j’ai bien compris, cet enoncé Socratique veut dire par là que philosopher c’est apprendre à détacher l’esprit du corps ? Peut-on dire alors qu’il réhabilite la mort en la rendant comme un moyen d’affrenchir l’esprit puisque celle-ci ne fait qu’achever la séparation entre l’esprit et le corps ?(Vraiment, j’ai peur de faire un contre-sens alors je préfère poser la question).
    Est-ce de cette idée dont s’inspire Montaigne plus tard en expliquant qu’il ne faut pas chercher à éviter de penser à la mort ? (Encore une fois, j’ai peur d’avoir mal compris cette idée)
    Amélie

  17. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous comprenez correctement le sens de l’expression platonicienne bien qu’il soit souhaitable d’éviter de parler de réhabilitation de la mort. La notion de réhabilitation pourrait laisser croire que la mort est un bien, or il n’y a pas d’affirmation de ce genre dans le texte et Socrate précise bien que s’il avait la possibilité de choisir entre vivre et mourir, il choisirait de vivre. Mais vivre pour lui ne se réduit pas à la vie biologique. Il veut vivre de la vraie vie, à savoir d’une vie spirituelle et morale au regard de laquelle la vie sans examen est une forme de mort. Cf. https://www.philolog.fr/en-quel-sens-peut-on-dire-que-le-corps-est-le-tombeau-de-lame-platon/
    L’expression ne fait donc qu’exploiter la définition habituelle de la mort: séparation de l’âme et du corps et sa fonction est de méditer ce que penser veut dire.
    Le thème n’est pas tout à fait le même chez Montaigne.
    Montaigne part de la constatation que la peur de la mort empoisonne la vie et nous empêche de jouir pleinement du plaisir de vivre, ce plaisir qui est la fin même de la vie. Il convient donc d’apprivoiser la mort pour s’affranchir de la crainte et transformer notre rapport à la vie. Conquérir la liberté d’abord car nul ne peut asservir quiconque n’a plus peur de mourir. Se préparer à toutes les occurrences de la vie afin de ne pas être pris au dépourvu. Vivre comme si on devait mourir demain et faire tomber les masques qui altèrent la vérité même des êtres et des choses.
    En définitive c’est moins de l’exercice de la pensée que de celui de la vie qu’il s’agit avec Montaigne. Comme il le dit: « Qui apprendrait aux hommes à mourir, leur apprendrait à vivre ».

    Bien à vous.

  18. Amélie dit :

    Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me répondre, je vais lire cet article. Effectivement c’était la question que je me posais à propos de la « réhabilitation de la mort », merci de m’avoir liberé de cette erreur
    Amélie

  19. vanessa dit :

    bonjour je suis en classe de terminal au lycee general leclerc(cameroun)
    je suis desole,dabord jai pas bien cerne le terme de « philosopher c est apprendre a mourir » maintenant je suis perdu par rapport a votre reponse « philosopher c est apprendre a detacher l esprit du corps » s il vous plait aidez moi.je ne comprends rien

  20. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il ne faut pas paniquer. Vous commencez votre initiation philosophique, vous comprendrez peu à peu.
    Par exemple vous découvrirez que tant que vous regardez le monde à travers vos sens (vous voyez le soleil se lever et se coucher or c’est une illusion produite par la rotation de la terre sur elle-même et sa révolution autour du soleil), vos besoins, vos désirs, vos passions etc., vous saisissez le monde tel qu’il est réfracté par les sens et votre être affectif, non tel qu’il est selon l’œil de l’esprit.
    Voilà pourquoi, si l’on définit la philosophie comme amour de la vérité, celle-ci requiert une ascèse de tout ce qui en nous projette de l’ombre. Si l’on renvoie au corps cette puissance d’égarement, on peut dire métaphoriquement qu’il faut apprendre à séparer l’âme du corps. Et il se trouve que traditionnellement on définit la mort comme « séparation de l’âme et du corps ». L’expression signifie donc que philosopher ce n’est pas apprendre à passer de vie à trépas mais apprendre à penser en n’étant pas trompé par nos sens, par nos désirs ou nos intérêts.
    Vous avez de nombreux articles propres à vous éclairer. Par exemple: https://www.philolog.fr/en-quel-sens-peut-on-dire-que-le-corps-est-le-tombeau-de-lame-platon/
    https://www.philolog.fr/la-caverne-platon/
    https://www.philolog.fr/les-chaines-des-prisonniers-de-la-caverne-platon/
    PS: si vous tapez: philosopher c’est apprendre à mourir dans l’index, vous en trouverez d’autres.

    Bien à vous.

  21. S.V.P ! Essayez de travailler aussi sur le thème de l’ethnophilosophie
    MERCI

  22. Simone MANON dit :

    Désolée, je ne travaille pas à la commande.
    Bien à vous.

  23. Gregory dit :

    Merci pour ce très beau site.
    C’est un vrai bol d’air dans cet environnement de la pensée décadente.
    Meilleurs messages,
    GD

  24. Simone MANON dit :

    Merci pour ce sympathique message.
    PS: L’idée d’une pensée décadente ne va pas du tout de soi.
    Tout au plus peut-on dire que les sophistes sont aujourd’hui comme hier plus puissants que le philosophe.
    Bien à vous.

  25. BL dit :

    Bonsoir,
    Tout d’abord, je vous prie de bien vouloir m’excuser, je ne suis pas certaine de poser ma question au bon endroit.
    J’ai lu dernièrement l’Apologie de Socrate et cette lecture m’a faite m’interroger. Son accusation pour corruption de la jeunesse et négation des Dieux est compréhensible tout simplement grâce, je pense, au contexte socio-historique. Cependant, et à une autre échelle, j’ai du mal à comprendre comment des principes, aussi peu convaincants soient-ils, peuvent pousser un homme à la mort. Je ne comprends pas très bien cet accord avec la « philosophie d’obéissance à la loi » car il va vers sa propre exécution alors que des échappatoires existent.
    Je n’ai rien trouvé sur votre site, avez-vous écrit sur ce sujet ?
    En effet, je m’interroge sur la mort et son injustice parfois qui va avec. Je me demande s’il y a des raisons valables (autres que le meurtre ou le suicide) qui peuvent justifier la mort de quelqu’un. Si oui lesquelles ? Je suppose que la réponse, si elle existe, n’est pas innée mais je cherche des réponses, j’en ai besoin, avez vous des œuvres philosophiques (ou non) à me conseiller qui puissent m’éclairer ?
    La seule conclusion à laquelle mon esprit me laisse parvenir est qu’il y a des causes nobles qui valent peut-être la peine de laisser une vie. Néanmoins, cette réponse ne me convainc pas et torture mon esprit.
    Je vous remercie d’avance.
    BL

  26. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous posez un vrai problème et l’incompréhension que vous confessez est emblématique de l’époque à laquelle nous appartenons. Celle-ci est calcinée par le nihilisme c’est-à-dire par les conséquences de ce que Nietzsche a déchiffré dans le thème de « la mort de Dieu ». https://www.philolog.fr/dieu-est-mort-disait-nietzsche-quel-est-le-sens-de-cette-affirmation/
    Avec la perte du sens de la transcendance, toutes les valeurs supérieures sont dépréciées. La plupart des individus semblent ignorer qu’il y a des valeurs ou des idéaux qui confèrent un sens à la vie, lui donnent sa valeur et justifient qu’on soit capable de mourir pour les défendre.
    C’est le cas de Socrate. Accepter l’exil ou le choix qu’on lui propose revient à accepter de vivre sans philosopher. Or comme il le proclame : »une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue ».
    Autrement dit la vie humaine n’est pas la vie d’une plante. En tant que nous sommes un esprit, nos raisons de vivre sont plus essentielles que la simple respiration et dans certaines circonstances sociales ou historiques la seule manière d’en témoigner est d’accepter le sacrifice de sa vie.
    Là est le ressort de la liberté humaine. On ne peut pas asservir un homme ayant surmonté la peur de mourir mais la vie est un bien inestimable car sans son affirmation supérieure les valeurs n’ont pas plus de chance de triompher que lorsqu’elle végète dans des formes inférieures.
    Il convient donc de sauvegarder les valeurs supérieures de l’existence sans lesquelles elle perd sa dignité sans exposer inutilement et inconsidérément sa vie.
    Dans une époque de nihilisme triomphant, Jünger témoigne dans sa vie et dans son œuvre que cette éthique est celle de l’anarque.https://www.philolog.fr/la-figure-du-rebelle-et-de-lanarque-ernst-junger/
    Bien à vous

  27. mareme dit :

    A propos du procès de Socrate, une émission de France Culture qui complète bien ce cours
    http://www.franceculture.fr/emission-concordance-des-temps-actualite-de-socrate-2014-10-18

  28. Simone MANON dit :

    Merci pour l’information.
    Bien à vous.

  29. Younès dit :

    Bonjour
    Merci d’exister tout simplement !
    Une micro réserve qui est que la page du blog est protégée et que donc je ne peux sélectionner aucun mot et de cliquer droit pour en connaitre la signification
    Si non j’adore ce blog dont je lirai chaque page ( j’en suis à la première !)

  30. Jonathan dit :

    Bonjour et merci pour ce blog.
    Je l’utilise afin de découvrir la philosophie que je n’ai malheureusement pas pu étudier.

    À la lecture de cet article et notamment de la partie concernant l’énoncé « Mieux vaut subir l’injustice que la commettre » où il est indiqué que la justice est habituellement pour les hommes affaire d’intérêts et d’avantages alors que pour Socrate elle est affaire d’estime de soi, une question m’est venue à l’esprit.
    Le fait de souhaiter subir l’injustice au lieux de la commettre afin de préserver son estime de soi ne revient-il pas à une affaire d’intérêts et d’avantages ?

  31. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne crois pas que vous compreniez correctement les significations.
    1) Personne ne souhaite subir l’injustice, pas plus Socrate qu’un autre. Mais il y a des situations où l’on peut avoir à choisir. Ex: Faire un faux témoignage, mentir pour me tirer d’affaire ou ne pas transiger sur ma rectitude morale et le payer cher.
    2) Pour Socrate la conduite injuste n’est pas simplement coupable de faire du mal aux autres. Elle dégrade intérieurement son agent. Elle le met en contradiction avec les exigences de sa conscience et le condamne à vivre dans le mépris de ce qu’il est. Cette expérience s’appelle l’expérience morale. Certes cette capacité de se dédoubler pour se juger lucidement, n’est pas toujours active chez les hommes. Leur mauvaise foi les amène souvent à se justifier dans leurs conduites les plus ignobles et à survivre à leur ignominie sans sentiment de culpabilité, mais nul ne sait ce qui se passe dans le for intérieur des uns et des autres, et il se peut que le témoin intérieur que chacun porte en soi se rappelle parfois aux criminels les plus endurcis ou aux êtres les plus fourbes.
    Quoiqu’il en soit, Socrate témoigne que pour le sujet moral, le souci d’être juste est d’abord une affaire intérieure. Ce n’est pas la peur d’être puni qui est au principe de sa conduite, comme c’est le cas pour la plupart des hommes, (voilà pourquoi le législateur ne se contente pas d’énoncer la loi, il assortit sa transgression de sanctions), c’est le souci de respecter l’exigence morale, exigence qui est intérieure à la conscience et qui seule donne une dignité à la personne humaine.
    Cf. https://www.philolog.fr/solitude-esseulement-isolement-hannah-arendt/
    Bien à vous.

  32. damien alba dit :

    Bonjour Madame,
    Pourriez-vous (à moins que vous l’ayez faut plus haut, mais je n’ai pas lu tous les commentaires) expliciter un tout petit plus l’idée selon laquelle la raison ne peut pas rendre raison d’elle-même. Je crois comprendre que la raison ne peut pas être juge et partie mais elle peut pourtant faire la preuve de son efficacité (elle a prise sur le réel) et de son universalité (elle est en chacun et suscite l’adhésion de tous). Pourquoi faire de sa puissance à dévoiler la vérité l’objet d’une croyance? Je ne comprends pas trop… Merci beaucoup

  33. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Ni le savant, ni le philosophe ne peuvent emporter l’adhésion de celui qui considère que la voie d’accès à la vérité est, par exemple, la révélation divine. Pourquoi? Parce que pour démontrer que la raison est la mesure du vrai, il faut admettre ce qui est à démontrer, à savoir que le respect des principes logiques et des principes rationnels est nécessaire pour assurer la rectitude de la pensée. En ce sens on peut dire que l’une et l’autre reposent sur un irrationnel de fondement. L’une et l’autre mettent en jeu un acte de foi.
    Voyez les articles suivants:
    https://www.philolog.fr/pourquoi-philosopher/
    https://www.philolog.fr/la-guerre-des-dieux-ou-lunite-et-la-paix-par-le-logos-max-weber-et-benoit-xvi/
    Bien à vous.

  34. damien alba dit :

    Bonsoir, Vous voulez dire qu’il y a pétition de principe? Pour démontrer que la raison est la mesure de la vérité il faut faire usage de la raison et donc supposer dès le départ la fiabilité de la raison quand cette fiabilité est ce qui reste à démontrer?
    Si c’est cela, je comprends mieux.
    Merci.

  35. Simone MANON dit :

    Oui, il s’agit bien de cela.
    Bien à vous.

  36. Cedric Duciel dit :

    Bonjour,
    N’est-il pas contradictoire de parler d’ ironie sérieuse ? Soit je feins de ne pas savoir et je pratique l’ironie à des fins stratégiques. Soit je reconnais que mon inscience est bien réelle et je cesse d’ironiser c’est-à-dire de feindre l’ignorance. Ne faudrait-il pas plutôt parler d’humilité feinte et d’humilité réelle?
    Merci

  37. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Non, ce n’est pas contradictoire. L’inscience de Socrate est réelle, c’est pourquoi il ne cesse de questionner mais son ignorance n’a rien à voir avec l’ignorance vulgaire. Lorsqu’il interroge des esprits dogmatiques, naïfs, étroits, il a une longueur d’avance sur eux. Il sait bien que leurs idées toutes faites sont faibles théoriquement et il feint de l’ignorer afin que ceux-ci le découvrent par eux-mêmes grâce à son ironie. L’ironie dans ce cas est stratégique, ce qui n’exclut pas qu’en définitive Socrate n’ait pas la réponse ultime à ses questions.
    Bien à vous.

  38. Michel ROMERO dit :

    bonjour madame MANON,
    J’ai découvert votre site au hasard de mes recherches sur Socrate et je tiens à vous féliciter pour votre travail remarquable.
    J’en profite pour vous faire part de l’une de mes interrogations :
    « Est-ce que l’anecdote des 3 tamis (Vérité, Bonté, Utilité) imputée à Socrate et relatée par Platon, dit-on, est vraie ? »
    « Et si oui, quelle est la source exacte que l’on doit citer si l’on veut y faire référence ? »
    J’espère ne pas trop vous déranger étant donné le nombre de questions qui vous sont posées…
    Merci par avance et bonne journée.
    Cordialement,

    Michel

  39. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La fable des trois tamis circule sur l’Internet. Je n’en connais pas la source, en tout cas vous ne la trouverez pas, à ma connaissance, dans les textes platoniciens.
    Bien à vous.

  40. Gladys dit :

    Madame
    Voici, pour vous donner un aperçu de la manière dont on nous prépare au CAPES à l’ESPE Paris (Sorbonne). Si vous avez la patience d’écouter sinon, à partir de 32:00 jusqu’à 47:00. Morceau choisi!
    Cordialement
    Gladys
    https://www.univ-conventionnelle.com/lireplaton/Le-philosophe-roi-suite-3-mars-2011_a19.html

  41. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Merci pour l’information.
    Bien à vous.

  42. Erik dit :

    Bonjour,
    J’aimerais être éclairé sur le rapport entre 1/ la maïeutique consistant de la part du sage à aider chacun à retrouver en soi le savoir qui fut contemplé par l’ame une fois libérée d’un corps mais condamnée elle méme parfois à être jointe à un nouveau corps ( exemple du jeune esclave ) et donc savoir refoulé et 2/ la formation du philosophe par éducation ( ligne de la connaissance de la République ) grâce a la médiation des sciences mathématiques jusqu’au savoir des idées ? Dans la ligne de la connaissance , l’esprit est invité à dépasser le savoir sensible grâce à un effort sur soi même .
    Donc de deux choses l’une ,soit le savoir vrai (des idées ) est acquis du moins par les plus aptes grace à une formation ,soit chacun peut le retrouver en soi car toujours déjà là ?
    Merci de votre éclairage

  43. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Savoir c’est ressouvenir. La théorie de la réminiscence est une idée force du platonisme mais cela ne signifie pas que cette opération soit facile. Il y faut une ascèse de tout ce qui aveugle l’œil de l’âme. La méthode socratique représente la première étape du chemin de la connaissance, celle qui consiste dans la prise de conscience de son ignorance, étape décisive pour être disponible à un nouveau rapport au savoir. Poursuivre le chemin est une œuvre de longue haleine impliquant une propédeutique (les mathématiques) nécessaire pour rendre possible l’exercice dialectique.
    Qu’il s’agisse de la première étape ou de la suite, comprendre consiste toujours à libérer en soi un savoir enfoui. La régression dialectique permet l’intuition des Idées qui sont immanentes à l’esprit mais qui requièrent pour être saisies de s’affranchir de ce qui les voile; de même que l’ironie socratique permet à un esprit oublieux de se souvenir de lui-même en lui faisant découvrir la profondeur de son aliénation.
    Il ne faut donc pas dire: « de deux choses l’une »
    Le deuxième moment n’est que le prolongement et l’approfondissement du premier, moment beaucoup plus platonicien que proprement socratique. Socrate réveille, ébranle le dogmatisme spontané des esprits prisonniers du sensible. Les premiers dialogues, dits socratiques, sont tous des dialogues aporétiques.
    Bien à vous.

  44. alexandre dit :

    Bonjour,
    simple message pour vous remercier pour ce site.
    Merci énormément.
    Cordialement

  45. Hyperaspistes dit :

    Bonjour madame,
    Je serai curieux de connaître quelle lecture vous faites du Charmide de Platon, qui me plonge dans un embarras semblable aux étourdissements que Socrate le poisson torpille inflige à ses interlocuteurs. Socrate y défend en effet la thèse que la sagesse ne peut pas être définie comme la science des autres sciences et de l’ignorance, car une puissance ne peut pas s’exercer à l’égard d’elle même : la vue ne peut se voir elle même car elle est toujours vision d’une couleur, l’ouïe ne peut s’entendre car elle est toujours l’audition d’un son, une grandeur ne peut être le double d’elle même mais seulement d’une autre grandeur plus petite de moitié etc…Socrate en tire la conclusion qu’il n’est pas non plus possible de savoir ce que l’on sait ni ce qu’on ignore, ce qui me semble rentrer en contraction avec l’aveu d’inscience que Socrate répète à l’envie dans les autres dialogues. La plupart des commentateurs réduisent ce dialogue a un exercice creux, mais les arguments avancés me semblent au contraire très solides.
    Je vous remercie par ailleurs pour la richesse de votre blog et pour la patience dont vous faites preuve dans vos réponses aux commentaires, qui sont sans doute l’un des traits les plus distinctifs d’un authentique philosophe.

  46. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Sans dire que les développements du Charmide sont creux, je trouve que ce dialogue est fastidieux et peu fécond. Il s’agit surtout pour le jeune Platon d’exceller dans l’art de son maître, à savoir de pointer des apories et d’établir que la définition que Critias donne de la sagesse est creuse. En effet un savoir est nécessairement le savoir d’un objet déterminé. La réflexivité de la connaissance (savoir d’elle-même) ne nous renseigne donc pas sur sa nature pas davantage que prétendre qu’elle est un savoir de savoir ou du non savoir. Lorsque Socrate fait allusion à son inscience, il ne signifie pas qu’il sait cela même qu’il ne sait pas car l’ignorance comme la science porte sur un objet. Il ne sait pas répondre de manière définitive aux questions qu’il pose.
    Or l’objet en débat est celui de la sagesse. Quel est-il?
    Science morale, apprend-on, ou connaissance du bien et du mal qui ne se réduit pas à l’utile car tous les savoirs positifs (savoir dont l’objet est nommé) sont des savoirs utiles, ce qui ne dispense pas d’en user avec sagesse.
    A partir de là Socrate s’emploie à creuser l’énigme de la sagesse, science divine impliquant que l’âme recouvre le souvenir d’elle-même, cette réminiscence ne se produisant pas par favorable mécanique mais par l’œuvre de véritables incantations. Faire entendre la « petite musique de l’âme », la réveiller de l’oubli où elle se complait, telle est la mission divine que revendique Socrate. Alcibiade le rappelle dans le Banquet. Cet homme a le pouvoir d’ensorceler, dit-il. Il y a dans ses paroles quelque chose de divin qui émeut l’âme de ceux qui l’approchent et qui se sentent tenus à son contact de devenir meilleurs mais qu’ils ont vite fait hors de son influence, de trahir ainsi que le feront Alcibiade et Charmide.
    Bien à vous

  47. Patrick dit :

    Bonjour,

    Toujours un plaisir mais trop peu de temps pour lire ce blog si riche.
    Ma question est courte : est il établi par les histoiriens que Socrate est réellement existé ou subsiste-t-il des doutes ?
    Bien à vous. Patrick

  48. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il n’y a pas de doute sur l’existence historique de Socrate.
    Bien à vous

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