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 Freud

 

 
  Historiquement, la psychanalyse s'élabore entre 1895 et 1925, dans un climat intellectuel fortement marqué par les théories neurophysiologiques. Freud dit de lui-même qu'il était un neurologue ne comprenant rien aux névroses. « Je présentais un jour un névropathe affecté d'une céphalalgie fixe comme un cas de méningite chronique. A mon excuse, soit dit en passant, c'était alors le temps où les plus grandes autorités de Vienne diagnostiquaient la neurasthénie comme une tumeur du cerveau » Ma vie et la psychanalyse. Freud, médecin viennois travaille avec Breuer, Brücke, mais aussi Charcot et Bernheim. L'enjeu de l'époque est de « faire entrer la psychologie dans le cadre des sciences naturelles, c'est-à-dire de représenter les processus psychiques comme des états quantitativement déterminés de particules distinguables, ceci afin de les rendre évidents et incontournables » Esquisse d'une psychologie scientifique.

 

Mais Freud va rompre avec l'idée que les phénomènes psychiques ont une cause essentiellement organique en étant attentif à sa propre vie psychique, en particulier à ses rêves et en tirant les leçons de sa pratique clinique reposant sur l'usage de l'hypnose comme moyen thérapeutique.

 

Pour rendre intelligibles les phénomènes qu'il observe, il propose de diviser le psychisme en psychisme conscient et psychisme inconscient. Il énonce ainsi la prémisse fondamentale de la psychanalyse qui est à la fois :

 

  • Une thérapeutique originale de certains troubles psychiques.
  • Une théorie du psychisme humain.
  • Une méthode d'investigation de ce psychisme applicable à toutes ses manifestations. On peut faire une psychanalyse des religions, des œuvres d'art, des mœurs, du politique etc.

 

 I)                   Distinction notionnelle.

 

  Il ne faut pas confondre inconscience et inconscient psychique.

 

1)    Inconscient comme adjectif.

 

  L'inconscience est l'état de ce qui est dépourvu de conscience. Le terme qualifiant cet état est un adjectif. On dit d'un homme évanoui, d'un phénomène physique qu'il est inconscient. Inconscient n'est pas ici un substantif. Le mot signifie : ce qui n'est pas conscient au sens large. L'adjectif et son terme corrélatif : inconscience se prête aussi à un autre usage. Par exemple, lorsqu'on dit à quelqu'un : « quelle inconscience ! » ou : « tu es complètement inconscient ! », on ne signifie pas qu'il est dépourvu de conscience mais qu'il n'en fait pas un bon usage. On l'accuse de ne pas bien se représenter une situation, de ne pas envisager les conséquences de ses actes, de ne pas faire preuve de jugement. Et ce n'est jamais un compliment. On attend, en effet, de l'être doué de conscience qu'il en fasse preuve dans toutes les occurrences de la vie. A défaut, s'il se rend coupable d'un délit, « l'inconscient » doit savoir que l'inconscience n'est pas ce qui le disculpera. Elle est au contraire ce qui l'accablera. Le juge se demandera ce qu'aurait fait dans cette situation, un homme moyennement prudent et diligent (le bon père de famille) et il prononcera la sentence en conséquence.

 

2)    Inconscient comme substantif.

 

  Avec Freud, le mot inconscient cesse d'être un adjectif pour devenir un substantif. Il n'est plus un déficit de ce qui seul constitue une réalité psychique, à savoir la conscience. Il devient une réalité psychique à part entière.   L'inconscient est une zone du psychisme restant étrangère à la conscience, parce qu'une force de refoulement l'empêche de devenir consciente.

 

 

   

II)                Théorie freudienne du psychisme.

  

  Dans la deuxième topique, qu'il élabore dans les années 1920, Freud distingue trois instances de la personnalité psychique : le ça, le moi et le surmoi.

 

 1)      Le ça.

 

   Le ça est proprement l'inconscient. Il est constitué par l'ensemble des productions psychiques, issues de l'activité pulsionnelle et ne pouvant jamais parvenir à la conscience parce qu'elles se heurtent à des impératifs moraux et sociaux. Elles sont donc l'objet d'un refoulement. Le ça désigne tous les représentants psychiques liés aux deux grandes forces pulsionnelles traversant la nature humaine : - La force de vie ou libido, ou pulsion sexuelle que Freud symbolise par Eros, le dieu grec de l'amour. - La force de mort ou pulsion de destruction ou pulsion agressive que Freud symbolise par Thanatos, le dieu grec de la mort. Cette instance est une instance dynamique cherchant sans cesse à se satisfaire. Elle obéit au principe du plaisir.

 

2)      Le moi.

 

   Il correspond globalement à l'instance consciente et volontaire de la personnalité psychique. Mais il ne s'agit pas d'une instance originaire et autonome, transparente à elle-même. Il est une production secondaire et  il est régi par des mécanismes inconscients. Le moi est une modification du ça au contact de la réalité extérieure. Freud le pense comme un être de surface. Il agit avec les forces du ça mais doit les adapter à la réalité extérieure. « Il est facile de voir que le moi est la partie du ça qui a été modifiée sous l'influence du monde extérieur par l'intermédiaire du système Préconscient-conscient, qu'il est en quelque sorte une continuation de la différenciation superficielle » Essais de psychanalyse. Le moi est donc issu de l'activité entravée des pulsions, sa source est corporelle, mais il est bien une instance psychique dans la mesure où il est la projection mentale d'une différenciation. « Le moi est avant tout un moi corporel, il n'est pas seulement un être de surface, mais il est lui-même la projection d'une surface » Essais de psychanalyse. Il s'ensuit qu'il est une instance conflictuelle devant concilier des injonctions contradictoires. Il obéit au principe de réalité. Lorsque l'adaptation est menacée, il se défend par le mécanisme du refoulement. Le refoulement est un processus dynamique de défense du moi qui est inconscient. Il est déclenché par la censure émanant du surmoi.

 

 3)      Le surmoi.

 

   C'est l'instance qui prolonge en chacun de nous l'influence parentale et sociale. Il est l'introjection ou l'intériorisation des interdits parentaux et sociaux. C'est en nous, la parole de l'autre, un autre légiférant à notre insu. Lorsqu'il y a transgression des interdits, le sujet éprouve un sentiment de culpabilité.

 

 Attention : Il ne faut pas confondre le surmoi avec la conscience morale. Le surmoi est une instance inconsciente. La conscience morale est un effet de surface du surmoi, mais comme l'expression l'indique elle est consciente.

 

  L'exposé succinct de ces quelques éléments doctrinaux montre combien cette théorie du psychisme humain est une remise en cause radicale du cogito.

 

   D'une part, elle établit que sur la scène psychique, le sujet n'est pas transparent à lui-même. Descartes pose l'équivalence : pensée -conscience -psychisme. Souvenons-nous de son affirmation : « Par le nom de pensée, j'entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immédiatement par nous-mêmes ». Pour Freud, il y a là une illusion : « L'inconscient est le psychisme lui-même et son essentielle réalité ». Nous avons un rapport imaginaire à nous-même lorsque, disant « je » ou « moi », nous croyons que le sujet est un et transparent à lui-même. La conscience de soi n'est pas connaissance mais méconnaissance de soi. Avec le concept d'inconscient Freud fait éclater l'unité de la personne. Il loge l'altérité au cœur même du sujet, donnant une forme de confirmation au propos de Rimbaud : « je est un autre ». De fait, Freud montre que l'inconscient est en nous une autre scène. C'est un système psychique autre, hétérogène au système conscient. Il ignore la contradiction, le négatif, le temps, la mort. Il est régi par les processus primaires du déplacement, de la condensation et il obéit au principe du plaisir. La conscience, au contraire, obéit au principe de réalité et elle est régie par les processus secondaires, par exemple le principe de non contradiction. Au fond, nous coexistons avec un autre en nous dans un rapport d'extériorité et d'étrangeté.

 

   D'autre part cette théorie liquide le principe cartésien du libre arbitre. Sur la scène intérieure, affirme Descartes, nous avons la libre disposition de nous-mêmes. Nous pouvons nous rendre souverain en qualité de sujet pensant et voulant. Descartes décrit sous le nom de vertu de générosité le projet moral lié à ce présupposé. Freud substitue au principe du libre arbitre celui d'un déterminisme psychique radical, d'autant plus radical qu'il est inconscient. Les pensées et les conduites du sujet sont déterminées par des mécanismes inconscients : le refoulement, la censure, la sublimation, le principe du plaisir, le principe de réalité etc. L'exigence d'une souveraineté de la conscience est donc une prétention exorbitante : « le moi n'est pas maître dans sa propre maison ».

 

  Il faut bien prendre la mesure de la subversion que Freud opère de la conception cartésienne du sujet. On a pu dire que l'inconscient, c'est l'écart entre le sens que chacun donne à ses paroles, à ses faits et gestes et le sens que ces paroles ou ces faits et gestes ont dans l'interprétation analytique. L'activité du psychisme indexée sur celle du corps produit des effets conscients mais les causes de ces effets sont inconscientes. Certes, le sujet produit en permanence des rationalisations de sa pensée et de sa conduite mais celles-ci sont des rationalisations secondaires. La véritable raison de celles-ci échappe au sujet.

 

 

 

III)             Théorie des formations substitutives.

 

   Freud appelle ainsi toutes les productions psychiques qui restent inintelligibles en termes psychiques, tant qu'on ne formule pas l'hypothèse d'un inconscient psychique. En effet les données de la conscience sont lacunaires : un symptôme névrotique, un rêve, un acte manqué, un fantasme sont pour elle des énigmes, dans la mesure où elle ne peut pas les rapporter à sa spontanéité. Certes, elle peut leur assigner des causes organiques, matérielles comme le fait Descartes, mais elle leur dénie ainsi leur dimension psychique (le fait qu'elles ont une signification). L'intérêt du freudisme est de chercher à expliquer psychiquement une donnée psychique. L'obscurité psychique s'éclaire dès qu'on voit en elle une manifestation de l'inconscient, quelque chose qui se forme en lieu et place de quelque chose d'autre, à titre de substitut. D'où l'expression : formation substitutive. Freud a eu l'intuition de ce processus en étant attentif à ses rêves et en soignant des malades mentaux, essentiellement des hystériques. Ce qui l'a conduit à élaborer une théorie de la maladie mentale et une théorie de l'interprétation des rêves.

 

1)      Théorie des la maladie mentale.

  

  Ex : L'hystérie de conversion. Elle se caractérise par des symptômes d'ordre somatique : contractures, paralysies, névralgies etc. Freud élabore une étiologie psychologique des troubles mentaux. Le psychisme est une structure conflictuelle où des forces contradictoires s'affrontant, l'équilibre mental est une conquête précaire. L'architecture psychique s'est édifiée au cours d'une histoire dont Freud retrace les étapes et dont il montre combien elle fait peser des risques sur la santé mentale future. Cette histoire est marquée par des traumatismes naturels ou circonstanciels et par la formation de complexes. Freud appelle ainsi un ensemble d'affects dont l'origine remonte à l'enfance. Toujours caractérisés par l'ambivalence amour/haine, ils sont source de culpabilité. Ils ne sont pas nécessairement morbides mais peuvent le devenir. Freud accorde une importance déterminante dans la construction de la personnalité psychique au complexe d'Œdipe. Le petit garçon est lié à sa mère par un amour libidinal, incestueux et éprouve à l'égard de son père des sentiments ambivalents. D'une part il l'aime, le père incarnant l'idéal du moi auquel va s'identifier l'enfant, d'autre part le père étant un rival dans le cadre du rapport à la mère l'enfant ressent de la jalousie et un désir de meurtre. Freud écrit que « tout homme se voit assigné  la tâche de surmonter l'Œdipe. S'il faillit à cette tâche il sera un névropathe. Il pointe par là l'importance déterminante du temps de l'enfance dans la vie d'un homme.

 

Il demande d'admettre que tous les contenus affectifs de notre histoire sont mémorisés sous forme de traces. Ces traces mnésiques peuvent constituer des points de fixation que de nouveaux traumatismes ont le pouvoir de réactiver. Un symptôme névrotique apparaît alors, celui-ci devant s'interpréter comme la formation substitutive de données inconscientes qui étaient jusqu'alors refoulées.

 

La névrose est ainsi théorisée comme échec du refoulement et comme phénomène d' d'hypermnésie.

 

« Les hystériques souffrent de réminiscences. Leurs symptômes sont les résidus et les symboles de certains événement traumatiques » écrit Freud.Cinq leçons sur la psychanalyse. Dans l'hystérie de conversion, par exemple, les symptômes traduisent dans le corps ou à sa surface un conflit psychique. Ils sont le résultat involontaire et inconscient de traumatismes dont les affects n'ont pas été éliminés lorsqu'ils se sont produits. Ils se transforment alors en symptômes somatiques.

 

Une telle explication des troubles psychiques conduit Freud à élaborer une méthode de soins dont on comprend qu'elle a pour enjeu de faire prendre conscience au malade de l'origine de ses troubles.

 

Cette thérapeutique est la cure analytique. (On dit aussi : psychanalyse, cure cathartique, psychothérapie analytique).

 

Elle est longue et onéreuse. Le malade est allongé sur le divan. La difficulté consiste à vaincre les barrières que la conscience oppose à la mise à jour de l'inconscient. Le médecin a pour fonction d'être un médiateur entre le malade et lui-même. La méthode est celle des associations libres. Le patient est invité à dire tout ce qui lui vient à l'esprit sans le contrôler. Il doit au fond, donner la parole à l'inconscient.

 

La cure passe normalement par une phase décisive que Freud appelle la névrose de transfert. C'est le moment où le malade répète sur la personne de l'analyste les affects qui sont à l'origine de ses troubles. Il les revit, il les transfère  sur son médecin ; et comme ceux-ci sont marqués par l'ambivalence, il aime et il hait son analyste. « Nous surmontons le transfert, écrit Freud, en montrant au malade que ses sentiments au lieu d'être produits par la situation actuelle, ne font que reproduire une situation dans laquelle il s'était déjà trouvé auparavant. Nous le forçons ainsi à remonter de cette reproduction au souvenir ».

 

Au fond, la psychanalyse propose de former un souvenir conscient, là où quelque chose qui est de l'ordre de la trace mnésique, affective, inconsciente, aliène, bloque l'expression positive des possibilités psychiques. Son originalité consiste à penser que seul un travail sur les affects peut promouvoir une libération. C'est la situation analytique qui permet le déplacement des affects et leur réorientation sous forme non pathogène, ce n'est pas une prise de conscience intellectuelle.

 

Freud est d'ailleurs modeste sur ce qu'il faut entendre par guérison. Devenir capable de travailler et d'aimer à nouveau, voilà le gain. Ce n'est certainement pas de cesser d'être ce qu'une constitution et une histoire ont fait d'une personnalité psychique. Mieux se comprendre, cesser de répéter les conduites inadaptées, se projeter vers l'avenir avec un peu plus de lucidité. Ce n'est certes pas un remaniement radical d'un profil psychique mais les patients disent souvent que la psychanalyse leur a ouvert de nouvelles possibilités de vie.

 

La thérapie freudienne implique donc de comprendre, d'une part que le mieux-être s'opère par une transformation de l'inconscient en conscient, d'autre part que cette transformation n'est pas l'initiative de la conscience, mais l'effet en elle de mécanismes mis en œuvre par la relation analytique.

 

Cf. «  Le facteur décisif de la cure, c'est la réintégration du souvenir traumatique dans le champ de la conscience. Là est le cœur de la psychanalyse. Loin donc que la psychanalyse soit la négation de la conscience, elle est au contraire un moyen d'étendre le champ de conscience d'une volonté possible par dissolution des contractures affectives. Elle guérit par une victoire sur l'inconscient. On ne saurait exagérer l'importance de cette péripétie de la thérapie freudienne : en particulier on ne soulignera jamais assez que cette prise de conscience est irréductible à une simple compréhension théorique, à un simple savoir sur l'étiologie de la névrose telle que le médecin peut l'élaborer pour lui-même ou même en communiquer la conviction à son patient. L'interprétation n'est pas le défoulement ; c'est la réintégration intuitive du souvenir qui « purifie » la conscience. Mais, en retour, l'interprétation par un autre est le détour nécessaire de la conscience malade à la conscience saine. C'est le psychanalyste qui doit dissoudre les automatismes refoulés, les résistances refoulantes et les manifestations de « transfert » qui ne sont que des suites de ces deux difficultés à vaincre. Il faut qu'un autre (...) interprète et sache, pour que moi je me réconcilie avec moi-même. Il faut qu'un autre me traite comme un objet, comme champ d'explication causale, et considère ma conscience même comme le symptôme, comme l'effet-signe de forces inconscientes, pour que moi je devienne maître de moi ». Ricœur. Philosophie de la volonté.

 

 2)      Théorie des rêves et des actes manqués.

 

  Avant Freud, le rêve avait fait l'objet d'une interprétation religieuse et d'une interprétation physiologique. Freud en élabore une conception psychologique. Le rêve, dit-il, est un rébus. Il faut distinguer en lui le contenu manifeste et le contenu latent. Le premier est absurde, incohérent, le second recèle le sens du rêve. Seul un travail d'interprétation peut retrouver derrière les images manifestes les significations cachées.

 

Freud va s'efforcer d'élucider deux questions :

 

-Pourquoi le contenu latent se déguise-t-il dans le contenu manifeste ? Il suggère que dans la vie nocturne il y a relâchement du refoulement mais pas suppression. Subsiste la censure du rêve. Le rêve est donc : « la réalisation (déguisée) d'un désir (refoulé) ».

 

-Quels sont les mécanismes de déguisement des tendances dans le rêve ? Freud en dégage trois : la condensation (une seule image onirique peut renvoyer à plusieurs désirs) ; le déplacement (l'objet de la tendance n'est pas son objet réel mais un objet substitut. Elle s'est déplacée de l'un à l'autre) ; la dramatisation (le sujet joue son désir, il l'exprime en acte non en imagination).

 

     L'acte manqué relève de la même intelligibilité. Rien n'est insignifiant dans les conduites humaines, tout peut faire l'objet d'une interprétation analytique. Ainsi une maladresse, un lapsus, un oubli qu'on attribue d'ordinaire à un manque de vigilance de la conscience est l'expression de l'inconscient. « Un acte manqué est un discours réussi » disait Lacan, c'est le discours de l'inconscient. Comme « le rêve est la voie royale qui mène à l'inconscient », l'acte manqué nous en apprend beaucoup sur nous-mêmes.  Chacun a donc intérêt à être attentif aux différentes péripéties de son existence pour apprendre à se connaître dans sa part obscure.

 

 

IV)              Théorie de la pulsion.

 

  Si avec le concept d'inconscient Freud fait éclater l'unité de la personne, on peut dire qu'avec celui de pulsion il nous permet d'en penser l'unité psychosomatique.

 

« Le concept de pulsion nous apparaît comme un concept limite entre le psychique et le somatique, comme le représentant psychique des excitations issues de l'intérieur du corps et parvenant au psychisme comme une mesure de l'exigence de travail qui est imposée au psychisme en conséquence de sa liaison au corporel ». Pulsions et destin des pulsions dans Métapsychologie.1915.

 

  La source de la pulsion étant un état d'excitation à l'intérieur du corps, son origine est somatique. Le mot pulsion connote l'idée de poussée. La pulsion est une énergie, une force motrice. Mais cette énergie ne nous est connue psychiquement que par ses buts.

 

  Le but de la pulsion, c'est sa satisfaction. La satisfaction est toujours expérience de plaisir défini comme suppression de l'état d'excitation, cause de déplaisir.

 

  L'objet de la pulsion, c'est ce par quoi elle peut atteindre son but. Il ne semble pas que cet objet soit fixé par la nature, l'observation des hommes témoignant de l'extraordinaire plasticité des objets des pulsions. Ceux-ci mettent en jeu les symboliques culturelles, les processus éducatifs, l'histoire individuelle. C'est là leur dimension proprement psychique.

 

Il s'ensuit qu'on peut dire avec Merleau-Ponty qu'avec Freud : « le corps passe dans l'âme et l'âme passe dans le corps ».

 

Freud admet que sous forme originaire, la nature humaine est traversée par deux grandes énergies pulsionnelles : la pulsion de vie ou libido, la pulsion de mort ou pulsion agressive. Il reconnaît que c'est là sa mythologie : « La théorie des pulsions est pour ainsi dire notre mythologie, les pulsions sont des essences mythiques, formidables dans leur indétermination. Elles nous frappent par leur plasticité, leur capacité de changer de buts et leur faculté de se faire représenter. Nous ne pouvons dans notre travail les perdre un instant de vue et nous ne sommes cependant jamais sûrs de les apercevoir avec acuité ».Nouvelles Conférences. 1933.

 

Freud a étudié les mécanismes de transformations des pulsions à partir d'un fond archaïque supposé être leur mode d'expression primaire. Il décrit le déplacement (transfert partiel de l'énergie de son objet réel à un objet substitut) ; le transfert (déplacement global) ; le compromis (arrangement de la tendance avec ce qui est permis) ; la conversion (renversement de la tendance en son contraire) ; la sublimation.

 

La sublimation est , en physique, le passage d'un état solide de la matière à un état gazeux. Il y a une transformation telle, qu'il est impossible de reconnaître dans l'état d'arrivée, l'état de départ. Freud  importe dans le champ psychologique ce concept physique. Sublimer consiste à substituer à un but et un objet sexuel ou agressif primaires, de nouveaux buts ou de nouveaux objets ayant une valeur morale et sociale reconnue.

 

Ex : l'amour mystique, l'amour parental ou filial sont des sublimations de la libido. Le sport de compétition, la lutte économique, intellectuelle ou politique sont des sublimations de l'agressivité. Par ce mécanisme inconscient, le psychanalyste prétend expliquer tout ce qu'il y a d'éthiquement admirable dans les conduites humaines. Il refuse de présupposer  l'existence d'un désir spirituel et moral naturel. Seules la pulsion sexuelle et la pulsion agressive sont des dynamismes naturels. Elles oeuvrent dans l'ensemble des pratiques humaines, même si leur transformation les rend méconnaissables. Le freudisme est en ce sens une théorie généalogique et évolutionniste dérivant le supérieur de l'inférieur.

 

   Conclusion: Comme tout savant, Freud a élaboré des concepts précis, rigoureux,  pour rendre compte des faits observés. Il a systématisé ces concepts dans une théorie dont il faut souligner la cohérence interne, le caractère opératoire et la fonction heuristique. La question, néanmoins demeure de savoir si cette théorie satisfait aux exigences de la scientificité. Reste que, tant qu'on l'envisage comme une pure hypothèse, la notion d'inconscient est un outil théorique fécond.

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79 Réponses à “Freud ou l’hypothèse d’un inconscient psychique.”

  1. linoa dit :

    merci votre cours m’a aidé à comprendre la différence entre le moi et le çà!

  2. Valérie dit :

    Bonsoir,
    Vous présentez dans votre partie « théorie freudienne du psychisme » le moi comme la « projection mentale d’une différentiation ». Je suppose que c’est ce à quoi Freud fait réference en distinguant « surface » et « projection d’une surface « . Mais qu’est donc que cette différentiation ? Pourquoi peut-on parler de projection d’une surface ?

  3. Simone MANON dit :

    Il me semble qu’il suffit de suivre le texte de Freud indiqué et explicité dans la définition de ce que Freud appelle le moi pour avoir la réponse à votre question. Ce que l’on définit comme l’instance consciente et volontaire de la personnalité psychique, ce que l’on fantasme dans la grande tradition spiritualiste comme une instance sui generis n’est que le produit d’une modification superficielle du ça sous l’effet des exigences de la réalité extérieure.

  4. Fresard Mélanie dit :

    Bonjour,
    Je suis étudiante en 3eme année de licence d’économie-gestion option gestion à l’université de Besançon (25), je dois effectuer un exposé sur le thème de la personne et Freud et l’inconscient pour mon cour sur la psychosociologie des sociétés. J’ ai quelques difficultés a faire le lien entre la théorie de Freud sur l’inconscient et l’individu dans une entreprise, pouriez vous peut être m’éclairer??
    je vous remercie.

  5. Simone MANON dit :

    Voyez sur ce blog le cours sur l’identité. En particulier; l’identité: la question psychologique et sociale. Pour le reste je ne pense pas vous être d’un grand recours. Philippe d’Iribarne me paraît très utile pour aborder la question de l’entreprise: la logique de l’honneur.
    Bien à vous.

  6. Matthieu dit :

    Bonjour madame!
    Je suis élève en terminal S mais je en viens pas vous posez des questions du style « Comment… ».
    Tout d’abord, je trouve ce blog très bien fait, je dévore des articles sans voir le temps passé, je vous dit merci pour tout ce que j’ai appris en lisant vos cours. On sent la passion.
    Sinon, je voulais vous demander, outre la question « Admettre l’hypothèse d’un inconscient psychique est-ce dénier à l’homme toute responsabilité? » qu’est ce que l’idée d’inconscient peut suggérer comme question sur la liberté etc…
    Je pensais à « L’idée d’inconscient enlève-t-elle à l’homme la liberté ? », le tout en résonnant à partir des textes de Sartre sur ce sujet. Qu’en pensez vous ?
    J’avoue bien avoir du mal à élargir cette notion, pouvez vous m’aider ?

    Merci d’avance, je vous souhaite du courage pour continuer à nous donner cette joie de réfléchir !

  7. Simone MANON dit :

    Je n’interviens pas dans le travail des élèves. Vous avez de nombreux cours sur l’idée de liberté et un cours sur le freudisme. A partir de là il me semble que vous avez des éléments pour résoudre votre problème.

  8. JP Castel dit :

    Chère Madame,
    Je me permets de revenir vers vous avec deux questions sur Freud et le polythéisme:
    Freud voyait dans le monothéisme la religion du « surmoi », donc par simplification –j’ai bien lu de la différence entre surmoi inconscient et conscience morale- la conscience morale , par opposition aux polythéismes qui seraient des religions du « ça », des pulsions. Il considérait en conséquence Moïse comme le fondateur de la « Kultur ».

    Freud confondait-il invention de la conscience morale, qui n’était pas moins développée chez les Grecs, les Perses, les Egyptiens, que chez les Hébreux, avec sa projection sur un dieu, qu’effectivement seuls les hébreux ont réalisées? En d’autres termes, Freud considérait-il que les Grecs avaient un « surmoi » moins développé que les Hébreux?

    Or Freud connaissait bien les philosophes grecs. Pour concilier cette vision d’un monde polythéiste dominé par les pulsions avec la grandeur des philosophes grecs , il a apparemment supposé que la pensée philosophique avait « dissout » (sic, dans « Moïse et le monothéisme ») le polythéisme. Qu’en pensez-vous ?
    Avec tous mes remerciements

  9. Simone MANON dit :

    Je n’ai pas le temps d’apporter une réponse à votre question. Veuillez m’excuser.

  10. Simone MANON dit :

    Ayant retrouvé un peu de loisir j’ai réfléchi à votre question.
    Je crois qu’il faut éviter de schématiser à outrance les riches analyses d’un auteur et de le soupçonner de se rendre coupable de confusions qui n’existent pas.
    Il ne faut pas oublier que le dernier texte de Freud est écrit à un moment où la civilisation européenne dont une des racines est la Grèce est en train d’accoucher de la barbarie.
    Pour ce juif laïque, rationaliste, épris de liberté, c’est le temps du déchirement. Il lui faut:
    d’une part s’efforcer de désamorcer l’antisémitisme contemporain, et il s’y emploie en montrant que le monothéisme n’est pas une invention du peuple hébreu, c’est un héritage de l’Egypte,
    d’autre part remanier sa théorie de la civilisation dans le mesure où sa meilleure assise ne semble pas être l’humanisme rationaliste hérité des Grecs. Cependant vous remarquerez qu’au moment où il établit que sous la figure du Dieu unique, les Hébreux fondent un idéal de rationalité expurgé de tout élément sensible et un idéal éthique exigeant une vie de droiture ou de justice, on ne peut s’empêcher de penser que son Moïse égyptien administre une leçon de platonisme.

  11. JP Castel dit :

    Chère Madame,
    Merci beaucoup pour votre réponse.
    D’accord pour le besoin de Freud de lutter contre l’antisémitisme surtout à cette époque.
    Mais pourquoi attribuer à notre racine grecque la barbarie nazie? Uniquement parce que, comme celle-ci était dirigée contre les juifs, il était impensable de la faire dériver de la racine hébraïque? Mais en quoi les Grecs préfiguraient-ils l’antisémitisme et le nazisme? Y a-t-il eu identification entre les aryens et les grecs?

    Ensuite sur l’idéal de rationalité des hébreux. Certes les hébreux projettent leur dieu hors du cosmos et refusent de l’identifier à tout élément sensible. Mais y a-t-il rationalité pour autant? S’il s’agit de l’abandon des pratiques magiques, on peut se demander si le dieu de Moïse qui vint si souvent en aide à son peuple à l’aide de miracles (par exemple les sept plaies d’Egypte, la traversée de la Mer Rouge, la manne dans le désert), Jésus avec ses miracles et ses exorcismes, était bien rationnel.

    Plus généralement parler de la rationalité d’un dieu unique tout-puissant ne relève-t-il pas d’une forme de tautologie? Un dieu unique possède par définition la cohérence de l’unité; cette cohérence prend une forme rationnelle parce que notre cerveau est rationnel, et que le Dieu monothéiste est considéré comme une personne, à notre image. C’est par construction que cette cohérence faisait défaut aux panthéons polythéistes. Pourtant leur pluralisme rendait sans doute mieux compte de la complexité du réel. Vanter la rationalité du monothéisme par rapport au polythéisme revient à considérer le drame comme plus rationnel que la tragédie: plus simple car plus réducteur, oui, plus rationnel, non ?

    Bien cordialement

  12. Simone MANON dit :

    J’avoue que je suis toujours désarmée par votre manière de comprendre les analyses des grands auteurs.
    L’Europe a deux grandes matrices (Athènes et Jérusalem), cela dit il est ridicule de parler d’assimilation des Grecs et des Aryens, ou de voir dans Athènes une préfiguration de la barbarie nazie. Simplement, c’est un fait que le rationalisme laïc n’a pas protégé l’Europe des horreurs du XX° siècle.
    Quant à la lecture que Freud fait du monothéisme, il s’agit seulement de bien voir qu’il insiste sur son message anti-idolâtre, c’est-à-dire sur la manière dont ce dernier expurge la représentation de Dieu de tout élément sensible (même le nom est une trahison). De ce point de vue le christianisme (avec la Trinité, le culte marial) incarne une régression en réintégrant des éléments de nature polythéiste et féminine). L’exhortation éthique est l’essentiel du discours des grands prophètes. Freud s’en tient là, son propos étant surtout de réactualiser la thèse de Totem et tabou.

  13. Claire Catella dit :

    Tout d’abord, merci pour vos voeux de succès.

    Je m’interroge sans cesse et dans la démarche d’ouverture d’esprit qui est la mienne je dois vous avouer avoir redécouvert la philosophie grâce à Michel Onfray non seulement par ses ouvrages (notamment son Antimanuel de philosophie) mais également par ses cours d’histoire et de philosophie diffusés sur France culture. J’aimerais beaucoup avoir votre avis personnel sur cet auteur.
    Et dans une perspective plus en lien avec votre propos, et face aux prises de becs et autres querelles doctrinales actuelles, je souhaiterais également avoir votre point de vue sur la relecture critique (et fort véhémente) de Michel Onfray sur le freudisme.
    Peut on donc parler d’après vous « d’affabulation freudienne » et qualifier Freud d’antiphilosophe comme semble le faire M. Onfray.

    Dans l’attente de vous lire prochainement.

    Claire

  14. Simone MANON dit :

    Je n’aime pas parler de ce que je n’estime pas. Ce Monsieur a une culture philosophique mais l’exploitation médiatique, superficielle et démagogique qu’il en fait n’a d’autre vertu à mes yeux(et c’est bien sûr ironique) que de lui assurer une grande audience et réussite financière.
    La philosophie mérite autre chose et Freud aussi même si la théorie freudienne s’expose, comme toute théorie non scientifiquement validée, à la discussion. Si vous vous souvenez de votre cours sur la psychanalyse, nous ne nous en sommes pas privés.
    Vous avez sur France-Culture de 10 à 11h le matin une émission de grande qualité animée par Raphaël Enthoven: les chemins de la connaissance.
    Bien à vous.

  15. Oussia dit :

    Chère Madame,
    Il est assez intéressant de rapprocher le principe du déterminisme psychique et la possibilité d’un libre arbitre, parce que cela ne va pas du tout de soi, contrairement à l’opposition plus classique entre le déterminisme physique et la liberté. En effet, le déterminisme psychique a pour fonction, non pas de dire que nous ne pourrions pas penser ce que nous voulons, mais plutôt qu’il y a un lien réglé entre nos différentes pensées, un lien de telle sorte que chaque pensée est déterminée par les précédentes, et par rien d’autre que les pensées. Ce principe exclut donc qu’une pensée puisse être produite par autre chose qu’une autre pensée, fut-elle inconsciente. Une activation des neurones, une sécrétion d’hormones, etc. ne détermine pas des pensées : seule une autre pensée peut en déterminer.
    Ainsi, loin de nier la liberté de la pensée, le principe du déterminisme en assure l’autonomie, la capacité de se déterminer par elle-même, et de ne pas être déterminée par autre chose qu’elle-même. La pensée est déterminée par la pensée, consciente ou inconsciente, mais jamais par le corps. Ainsi, je conclurai que certes, on doit abandonner l’idée qu’à partir d’une pensée donnée, on pourrait penser n’importe quoi (mais est-ce vraiment la conception cartésienne de la liberté?), mais on retrouve ici la thèse d’une autonomie radicale de la pensée, autonomie retrouvée grâce au postulat de pensées inconscientes. Freud aurait donc une conception très spinoziste de la liberté et de la pensée.
    Qu’en pensez-vous?

  16. Simone MANON dit :

    Il me semble que votre propos est sophistique en soi (l’idée de libre-arbitre et celle de déterminisme psychique sont antinomiques. Cf. sur ce blog: liberté-déterminime: la question épineuse) et arbitraire par rapport à l’analyse freudienne.
    L’idée freudienne du déterminisme psychique est incompatible avec l’idée d’une autonomie de la pensée. Même si on réduit le discours freudien à un pur associationisme, il va de soi qu’il implique une option résolument matérialiste, les lois de la pensée étant déterminées par la constitution cérébrale.
    Sa théorie des pulsions est à cet égard très claire. L’activité de la pensée est indexée sur des états du corps qui en retour sont modifiés par un imaginaire auquel ils sont substantiellement liés. Freud n’a jamais remis en cause l’idée d’un substrat physiologique et biologique du psychisme. En témoigne, parmi tant d’autres, ce propos:  » Etant donné la dépendance intime qui existe entre les choses que nous scindons en corporelles et psychiques, on peut prévoir qu’un jour viendra où les chemins s’ouvriront à la connaissance et aussi, espérons-le, à la pratique, menant de la biologie des organes et de la chimie au domaine des manifestations des névroses » Dans la Question de l’analyse profane.

  17. valentin dit :

    Freud a-t-il émis des hypothèse sur le psychisme animal? Si ceux-ci n’ont pas de conscience, peut-être ont-il un inconscient autrement plus développé, si bien que celui-ci deviendrait conscient, au dépends du moi qui, pour eux, s’exprimerait de la même façon que le fait le ça pour nous.
    Je sais que ce raisonnement est bizzare, mais pourrait-il être pris au sérieux dans une copie, en argumentant un peu plus ?

  18. Simone MANON dit :

    Freud est un théoricien du psychisme humain, non du psychisme animal. Je vous déconseille vigoureusement tout raisonnement fantaisiste. Ce n’est pas la vocation de la réflexion philosophique.

  19. valentin dit :

    Pourtant l’inconscient est à l’origine de pulsions « animales ». Si de telles pulsions existent au plus profond de nous et que nous mettons cela en relation avec le fait que l’espèce humaine et le fruit de l’évolution d’espèces animales, il pourrait paraître cohérent que d’affirmer que ces pulsions, que cet inconscient, n’est autre que le vestige de nos origines animales.
    Et si tels vestiges il y a, c’est qu’au départ un psychisme similaire au psychisme humain été présent chez nos ancêtres. En effet, si celui-ci s’était constitué plus après, pourquoi de tels vestiges auraient étés conservés?
    De plus, toutes les espèces actuelles sont le fruit d’un unique ancêtre commun. On peut donc raisonnablement penser que ce psychisme est apparu assez tôt dans la lignée humaine, voire même chez ce fameux ancêtre commun. Un grand nombre d’espèces, si ce n’est toutes en aurait donc hérité.
    La différence homme-animal se fait-elle alors sur l’apparition d’une nouvelle entité psychique, le moi, ou sur son développement important aux dépends du ça?

    Sinon merci pour ce cours une nouvelle fois très interressant et clair !

  20. Simone MANON dit :

    Votre propos repose sur une grande confusion. L’affirmation: « l’inconscient est à l’origine des pulsions animales » est un non sens.
    La pulsion est d’abord une force somatique qui, chez l’être ayant une dimension psychique c’est-à-dire une faculté symbolique (l’homme), produit des représentations mentales censurées, selon Freud. Ce qui ne saurait avoir de sens chez l’animal dont l’existence se déploie hors d’un milieu de parole et d’un processus éducatif.
    Revoyez dans le cours, la théorie de la pulsion.

  21. Valentin dit :

    Merci, je vais de suite consulter ce cours.
    Bonne journée !

  22. CharlotteTermL dit :

    Bonjour, pouvez vous me dire si Freud admet les thèses cartésiennes ? Ou s’il s’y oppose a travers ses thèses ?

  23. Simone MANON dit :

    Etes-vous sûre d’avoir lu le cours? Il est permis d’en douter aussi ne puis-je que vous conseiller de vous dépêcher de le faire.
    Bon courage.

  24. Elise dit :

    Bonjour Madame,
    Encore une fois, je me permets d’abuser de votre gentillesse et de votre dévouement pour vous demander de m’éclairer sur quelques points…
    Si j’ai bien compris, pour Freud, nous avons l’impression d’avoir une conscience, mais elle n’est en réalité que la manifestation, l’effet de notre inconscient ?
    Par ailleurs, les formations substitutives sont les manifestations de l’inconscient. Cela veut-il dire que, lors d’un acte manqué par exemple, le moi n’a pas réussi à adapter le ça, et que le surmoi n’a pas réussi à le censurer (il n’y a donc pas eu de refoulement là où il y aurait dû en avoir un) ?
    Merci pour tout,
    Cordialement,
    Elise

  25. Simone MANON dit :

    Bonjour Elise
    Il ne faut pas dire que nous avons l’impression d’avoir une conscience. Nous disposons d’une capacité de conscience mais l’erreur, selon Freud, consiste à croire que cette capacité est le propre d’une instance ayant une consistance propre et une autonomie. Elle n’est pour lui qu’une production de surface d’un système psychique bien plus large pour l’essentiel inconscient. Elle est donc régie par des lois dont elle n’a pas conscience et dont elle n’a pas la maîtrise.
    Quant à l’acte manqué, il est une manifestation de l’inconscient. Chaque expression malencontreuse de celui-ci implique effectivement un échec du refoulement. Echec partiel dans la vie psychique normale ou plus massif dans les cas pathologiques.
    PS: Voyez le dictionnaire pour vous approprier la différence entre l’idée de dévouement et celle de dévotion.
    Bien à vous.

  26. Elise dit :

    Merci Madame… Et désolée pour le mauvais usage du mot « dévouement » (vive le petit Robert!)…
    Cordialement,
    Elise

  27. Bruno Alligorides dit :

    Bonjour madame ,
    y a-t-il un ouvrage qui traite des rapports entre l’inconscient et les codes culturels des individus. Je m’explique : il me semble que Freud se rend parfaitement compte que les représentations inconscientes comme dans le rêve sont liées à des codes culturels et que par conséquent ces mêmes représentations sont l’expression d’un lieu déterminé et d’une époque précise. Si le corps des parents apparaît sous forme de « roi » ou de « reine » c’est parce que ces représentations sont significatives pour les Autrichiens de la fin du XIXe siècle. La naissance et la mort ont un contenu manifeste lié à un objet en déplacement (aller d’un point A vers un point B car l’idée qu’un occidental se fait de la mort est de l’ordre de ce que Kant appelait « la fin de toute chose ». Cette vision , cette représentation ferait sans doute sourire un bouddhiste pour qui la mort est plutôt l’amorce d’un nouveau cycle. Par conséquent d’une façon un peu crétine je me demandais à quoi ressemblent les représentations inconscientes d’individus dont la culture est différente de la nôtre. J’ajoute que pour moi des rêves différents n’invalident en rien la théorie freudienne mais je ne crois pas que Freud aborde frontalement ce problème dans son oeuvre.
    Merci d’avance.

  28. Bruno Alligorides dit :

    Bref le contenu manifeste d’un rêve est-il lié à la culture du rêveur ?

  29. Simone MANON dit :

    Bonjour Bruno
    L’idée que l’on ne peut pas faire abstraction du conditionnement culturel dans la compréhension des productions oniriques ou des maladies mentales a été développée par l’ethnopsychiatrie. Son fondateur est Georges Devereux, son représentant très actif est Tobie Nathan. Il me semble que c’est par la lecture de leurs ouvrages qu’il faut commencer.
    Vous trouverez facilement leur bibliographie sur google. Par ex: http://fr.wikipedia.org/wiki/Ethnopsychiatrie
    Bien à vous.

  30. rachapsy dit :

    merci bien pour ce merveilleux cours
    j’ai besoin d’un résumé de l’oeuvre de Freud :ma vie et la psychanalyse
    merci de m’envoyer un lien ou je vais le trouver.

  31. Simone MANON dit :

    Je ne suis pas à votre service pour chercher les liens sur internet qui pourraient vous convenir.
    Par ailleurs quand on veut faire un résumé, on commence par lire l’oeuvre par son propre effort. C’est la seule méthode féconde.
    Bon travail.

  32. rachapsy dit :

    merci Simone,
    Effectifement, c’est ce que j’ai fait, j’ai déjà lu l’ouvrage mais dommage,je n’ai pas pu faire le résumé, peut- être que je n’ai pas encore beaucoup d’outils pour bien résumer l’oeuvre
    et merci bien pour votre précieux conseil.
    cordialement

  33. ADJEI Joyceline dit :

    Bonjour Madame,
    je suis élève en terminal A4.Tout d’abord j’aimerais vous remercier pour les cours de philosophie que vous mettez à notre disposition en vue de notre amélioration totale dans cette discipline .Vos cours m’ont tellement plu et votre dévouement pour le bien des élèves m’encourage à faire preuve d’abnégation et à m’adonner à la discipline.si je n’abuse pas de votre gentillesse,j’aimerais vous poser cette question qui présente des zones d’ombre pour moi.Elle est la suivante:l’inconscient est-il physique?
    merci pour votre compréhension,
    Joyceline

  34. Simone MANON dit :

    Bonjour Joyceline
    J’avoue avoir de la peine à comprendre le sens de votre question.
    On recourt à l’idée d’un inconscient pour rendre intelligibles certains faits psychiques qui sont obscurs pour la conscience. Des fantasmes, des pensées traversent le sujet sans qu’il puisse assigner l’origine de tels fantasmes ou de telles pensées à l’intentionnalité de la conscience.
    La question demeure de savoir ce qui au principe d’une expérience de ce genre. Pour Freud c’est une activité d’une dimension du psychisme qu’il nomme précisément l’inconscient. Pour Alain (en fidèle cartésien) il n’y a pas de sens à parler d’un psychisme inconscient. L’obscurité psychique procéde de l’action sur le psychisme de phénomènes physiques (influx nerveux, processus physiologiques, traces corporelles, excitations pulsionnelles etc.)
    Causalité psychique dans un cas, causalité physique dans l’autre. Spontanéité psychique dans un cas, effet mécanique dans l’autre.
    Votre expression: « inconscient physique » renvoie peut-être à la thèse selon laquelle tout ce qui dans notre psychisme ne peut pas être assigné à une intentionnalité consciente et volontaire s’explique par l’action du corps. (passion de l’âme disait Descartes et non action).
    Bien à vous.

  35. wissam dit :

    merci ,c’est trés généreux de votre part

  36. Hénot dit :

    Bonjour Madame,

    Le mot inconscient existait comme substantif avant Freud, la philosophie de l’inconscient de Hartmann parait en 1869. Hartmann est influencé par Schopenhauer, et la notion d’inconscient remonte à Leibniz. Pourquoi entretenir cette légende d’un Freud seul inventeur et explorateur de l’Inconscient?
    Par ailleurs votre exposé est d’une rare clarté, merci.

  37. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Votre remarque serait pertinente si ce cours proposait un historique de la notion d’inconscient mais est-ce le cas? Où est-il question d’entretenir une légende? Il est simplement question d’expliciter la théorie freudienne de l’inconscient.
    Bien à vous.

  38. Théo Parfin dit :

    Descartes dit donc que psychisme=pensée=conscience. Pourtant, j’imagine que Descartes devait dormir lui aussi! Comment pouvait-il accorder cette équation avec les expériences communes du sommeil ou de l’étourdissement..? Descartes évoque-t-il ce problème?
    Sinon, exposé top! j’ai enfin compris (enfin je crois…) le système ça-moi-surmoi

  39. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Voyez le cours sur le cogito, https://www.philolog.fr/le-cogito-ou-la-certitude-de-soi-comme-chose-pensante/. Vous comprendrez que la thèse cartésienne ne méconnaît pas les expériences auxquelles vous faîtes allusion. Simplement il distingue dans les opérations de l’âme, les actions et les passions. L’activité onirique est expliquée en termes mécaniques comme effet sur le psychisme des excitations externes.
    Bien à vous.

  40. Habsi dit :

    bonjour chére Madame
    j’ai passe un bon temps sur votre blog
    et je trouve trop interessant sur les grands philosophe
    je suis en classe Terminale Litterature.
    j’aimerais bien vous posez une question
    pourquoi Freud et Descartes s’opposant-ils?

  41. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il me faut d’abord attirer votre attention sur la nécessité de corriger l’expression.
    Ensuite vous avez des cours sur ce blog permettant d’éclairer votre lanterne.
    Voyez par exemple le cours sur le cogito https://www.philolog.fr/le-cogito-ou-la-certitude-de-soi-comme-chose-pensante/ , sur sa critique https://www.philolog.fr/la-critique-de-lanalyse-cartesienne/ et la dissertation: https://www.philolog.fr/admettre-lhypothese-dun-insconscient-psychique-est-ce-denier-a-lhomme-toute-responsabilite/
    Bon travail

  42. Boulet Carole dit :

    Bonjour, j’aurais une question concernant les différents mécanismes des rêves et notamment celui de la dramatisation. Vous dites ou plutôt Freud dit que le sujet joue son désir, il exprime en acte et non en imagination, pourriez vous me citez un exemple s’il vous plait ? Car je n’arrive pas très bien à comprendre ce que cela veut dire.

  43. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Un rêveur n’imagine pas, par exemple, qu’il désire être riche mais il se voit assis sur une montagne d’or ou encaissant son billet gagnant du loto. Idem pour d’autres désirs. Il ne pense pas qu’il désire la mort de telle personne mais il participe à ses funérailles, il ne pense pas qu’il désire sa sœur mais il fait l’amour avec elle, etc.
    Bien à vous.

  44. […] [FREUD : L'inconscient est le produit dynamique du refoulement] » Freud ou l’hypothèse d’un inconscient psychique. Historiquement, la psychanalyse s'élabore entre 1895 et 1925, dans un climat intellectuel […]

  45. Richard dit :

    merci, gràce à votre cours, je comprends la différence entre le ça et et le moi;

  46. Félix DHOSSOU (FéD) dit :

    merci

  47. Vivien dit :

    Bonjour madame Manon, et merci beaucoup pour tout ce beau travail accompli.
    J’aurai une question sur l’opposition entre Descartes et Freud. Pour les besoins d’un cours de philosophie, je comprends bien qu’il soit utile de mettre en scène l’opposition entre les deux. Pourtant, à bien lire Descartes, j’ai du mal à conclure que l’hypothèse de l’inconscient soit incompatible avec la conception cartésienne du sujet. A ce qu’il me semble (mais je peux me tromper – et je me trompe probablement), Descartes n’affirme nulle part que le sujet humain est transparent à lui-même, ce qui semblerait évidemment grotesque. Par contre, il me semble affirmer que le sujet peut acquérir un moment de transparence à lui même, dans le temps et dans la mesure où il fait l’expérience méthodique de son existence en tant qu’évidence. A ce qu’il me semble (bis repetita), au contraire pour Descartes la très vaste majorité de nos pensées sont obscures et confuses ; la toute petite partie claire et distincte est arrachée au prix d’un effort méthodique d’analyse.
    Voilà, j’ai du mal à considérer que la bouillabaisse de pulsions obscures que Freud décrit très bien puisse s’opposer à la possibilité, pour un sujet, de se connaître en tant que subjectivité constituante (et seulement en tant que cela !).
    Encore merci pour votre blog et bonne continuation.

  48. Simone MANON dit :

    Bonjour
    L’hypothèse d’un inconscient psychique n’est pas compatible avec l’anthropologie cartésienne. Mais cela ne signifie pas que Descartes récuse la réalité de l’obscurité psychique.
    Il convient de comprendre correctement ce qu’il dit lorsqu’il parle de la transparence de la conscience à elle-même.
    Vous trouverez dans cet article les clarifications nécessaires: https://www.philolog.fr/le-cogito-ou-la-certitude-de-soi-comme-chose-pensante/
    La conscience est transparente à elle-même au sens où je ne peux pas vouloir, sentir, désirer sans en être conscient. Mais il ne suit pas de là que mon désir me soit compréhensible. Je ne peux pas toujours voir en lui une action de l’âme. Il faut donc expliquer ce que Descartes analyse comme une passion de l’âme et il le fait dans un cadre théorique excluant le principe d’un inconscient psychique.
    Cf. aussi la dernière partie de https://www.philolog.fr/la-critique-de-lanalyse-cartesienne/
    le texte de Descartes à la fin de cet article. https://www.philolog.fr/liberte-et-necessite-spinoza/
    Bien à vous.

  49. Fabienne Hubert dit :

    Chère Madame Manon,
    Le présent petit message consiste en un énorme remerciement pour le travail que vous réalisez et partagez. Je viens de temps à autre (aucune formation en philosophie : les Humanités en Belgique n’en prévoient pas) et je me régale de vos cours accessibles, généreux. J’avoue m’amuser également de la manière dont vous arrivez à éviter les pièges tendus par certains élèves paresseux. Un tout grand merci avec le sourire!

  50. Simone MANON dit :

    Merci, Madame; pour ce sympathique message et tous mes vœux de bonheur pour la nouvelle année.
    Bien à vous.

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