Flux pour
Articles
Commentaires

Nietzsche par E Munch.1906. Munch muséum Oslo. Norvège. 

 

Toute science se définit par un objet et une méthode. Ce qui permet de distinguer la science et la philosophie.

 

 

1)      Du point de vue de l'objet.

 

   Originairement la science et la philosophie sont une seule et même chose. Philosophie signifie amour du savoir ou de la sagesse. Comme le réel est un, le savoir est un. La philosophie se veut connaissance de la totalité, visée de l'Etre. Elle est aussi bien métaphysique (science des premiers principes et des premières causes) que physique (étude de la nature) mathématique, réflexion politique et morale. Rien ne peut échapper à la curiosité de l'esprit. Comme Platon le montre dans l'allégorie de la caverne, le chemin de la connaissance passe par les mathématiques et ce que nous appelons sciences aujourd'hui, il se poursuit par la dialectique et pourrait s'achever si l'esprit était capable de remonter jusqu'à l'Idée qui fonderait toutes les autres et se fonderait elle-même. Platon l'appelle le principe anhypothétique et le symbolise par le soleil.

   L'histoire montre que chaque science a conquis sa scientificité en s'émancipant de la matrice philosophique et en devenant autonome. L'acte de naissance de chacune consiste à délimiter, isoler, dans le champ du réel un objet spécifique, et à se donner pour tâche d'élaborer un savoir objectif de cet objet. Toute science commence par cette opération d'abstraction correspondant en fait à un aveu de modestie.

 Les mathématiques sont contemporaines de la philosophie antique. Leur objet (le nombre, la figure géométrique) a ceci de spécifique qu'il n'est pas donné extérieurement à l'esprit dans l'expérience. C'est la définition mathématique qui le fait exister. L'objet mathématique est un objet abstrait ; une idéalité. Les mathématiques sont un jeu de la raison avec elle-même. Elles sont avec la logique qui étudie les règles de validité du discours une science formelle.

  La physique se constitue à partir de la fin du 16° siècle, 17° (objet : la matière ou l'énergie), la chimie au 18° (objet : la constitution et les transformations de la matière), la biologie au 19° (objet : les systèmes vivants), les sciences de l'homme fin 19° et 20° siècle. (La sociologie, la psychologie, l'histoire, la linguistique, l'économie etc.)

   Qu'il s'agisse des sciences de la nature ou des sciences de l'homme, toutes étudient un objet qui est donné extérieurement à l'esprit dans l'expérience. On les appelle des sciences empirico formelles.

   On qualifie les sciences de la nature de sciences dures, les sciences de l'homme de sciences molles.

  On veut dire que la scientificité des premières est plus solide que celle des secondes. On pose par là la question de l'objectivité de ces discours. Car toute science doit obéir à une norme d'objectivité, mais l'esprit a infiniment plus de difficulté à conquérir l'objectivité lorsque l'objet étudié est l'objet humain que lorsque cet objet est la nature. Et cela ne tient pas à la jeunesse des sciences de l'homme. La difficulté est plus structurelle que conjoncturelle. Les intérêts humains en jeu dans ces discours sont certainement trop puissants, la complexité de l'objet étudié trop grande pour ne pas constituer  de véritables obstacles épistémologiques.

 

2)      Du point de vue de la méthode.

 

    La méthode de la philosophie est la réflexion. Le philosophe est un homme qui, avec les ressources de la raison fait retour sur les opinions, les savoirs constitués pour en examiner le sens, la valeur, le fondement. Rien n'échappe à la réflexion philosophique. Il y a toujours en elle ce souci d'interroger la totalité du réel mais la philosophie n'élabore pas un savoir positif. Certes les grands penseurs fécondent la réflexion dans la mesure où il est impossible de penser après eux comme on pensait avant eux. Mais enfin comme l'écrit Kant « Il n'y a pas de philosophie que l'on puisse apprendre, on ne peut qu'apprendre à philosopher ».

  En revanche, les sciences élaborent des savoirs positifs, savoirs qu'il faut apprendre et que la recherche fait progresser. Cela tient à l'efficacité de leurs méthodes.

   La méthode des mathématiques est la démonstration.

   Celle des sciences empirico-formelles est la méthode expérimentale.

  Celle-ci comporte trois moments :

1)      Observation des faits. (« Le fait suggère l'idée)

2)      Invention d'une hypothèse. (L'idée dirige l'expérience)

3)      Vérification de l'hypothèse. (L'expérience vérifie l'idée ») Claude Bernard.

  On voit que cette méthode met en œuvre un dialogue de la raison et du réel. C'est ce rapport dialectique de la théorie et de l'expérience qui a permis à l'esprit de construire des savoirs qui, à la différence de la métaphysique, sont capables de faire l'accord des esprits et de progresser.

  Kant rend hommage à la méthode scientifique en ces termes : « La physique est donc redevable de l'heureuse révolution qui s'est opérée dans sa méthode à cette simple idée qu'elle doit chercher (et non imaginer) dans la nature, conformément aux idées que la raison même y transporte, ce qu'elle doit en apprendre, et dont elle ne pourrait rien savoir par elle-même. C'est ainsi qu'elle est entrée d'abord dans le sûr chemin de la science, après n'avoir fait pendant tant de siècles que tâtonner » Critique de la Raison Pure.

 

 NB: La philosophie se distingue aussi de la science parce qu'on ne peut distinguer en elle l'idéal du savoir et celui de la sagesse. Elle engage une éthique de vie, ce qui n'est pas le cas de la science dans la mesure où celle-ci porte sur les faits non sur les valeurs. La science est donc un savoir laissant l'homme démuni sur le plan moral. Elle implique seulement une éthique de la connaissance non une éthique de l'action. Cf: La figure du sage. Pierre Hadot.

 

 

 A méditer :

 

«  L'élève qui sort de l'enseignement secondaire était habitué à apprendre. Il pense donc qu'il va pouvoir apprendre la philosophie, mais cela est parfaitement impossible car désormais, ce qu'il lui faut apprendre, c'est à philosopher [...]

    En effet, pour pouvoir apprendre la philosophie, il faudrait qu'il en existe réellement une. Il faudrait pouvoir prendre un livre et dire: tenez, vous trouverez en cet ouvrage la sagesse et une manière de penser à laquelle vous pouvez vous fier. Apprenez à le comprendre, familiarisez-vous avec cette façon de penser pour bâtir ensuite vous-mêmes, et vous serez philosophes. Or, tant que l'on ne m'aura pas présenté ce livre de philosophie, sur lequel je pourrais m'appuyer au même titre que sur [...] Euclide pour expliquer une proposition de géométrie, je soutiendrai que l'on abuse de la confiance du public : c'est tromper la jeunesse qui nous est confiée que de lui laisser croire qu'il existerait une philosophie achevée, au lieu de s'attacher à étendre ses capacités intellectuelles et à la former en vue d'une pensée personnelle et mûre [...]

   La méthode de l'enseignement en philosophie est zététique (de dzéteïn, « chercher»), pour reprendre une formule des philosophes de l'Antiquité, c'est-à-dire que c'est une méthode de recherche ».

                       Kant.  Annonce du programme des leçons de M. E. Kant durant le semestre d'hiver 1765-1766,  Traduction de M. Fichant, Vrin, pp. 68-69

 

« On cite Kant avec beaucoup d'admiration en disant qu'il apprend non pas la philosophie mais plutôt à philosopher; comme si on pouvait apprendre la menuiserie en se dispensant d'apprendre à faire une table, une chaise, une porte, une armoire, etc. »

  À cet égard, il devient particulièrement urgent de faire à nouveau de la philosophie une chose sérieuse. Quand il s'agit des sciences, des arts, des savoir-faire ou des métiers, il va de soi qu'on ne peut les maîtriser qu'à la condition de faire à la fois l'effort de les apprendre et de s'y exercer. En revanche, dès qu'il s'agit de la philosophie, on nage aujourd'hui en plein préjugé : il ne suffit pas bien entendu d'avoir des yeux et des doigts, et de se procurer du cuir et des outils pour être à même de fabriquer des chaussures, et pourtant on croit que chacun pourrait spontanément philosopher et donner son avis en la matière sous prétexte qu'il en posséderait la mesure dans sa raison naturelle, comme s'il ne possédait pas également la mesure d'une chaussure dans son pied. Tout se passe de nos jours comme s'il suffisait de se dispenser de connaître et d'étudier pour commencer à faire de la philosophie ».

                      Hegel,  Notes et fragments, Aubier, Fragment 70, p. 79

   Cf. https://www.philolog.fr/hegel-philosophie-et-apprentissage/#more-4445

 

Partager :

Pin It! Share on LinkedIn

48 Réponses à “Science et philosophie.”

  1. diallo dit :

    le cours est tres riche pouvez vous m envoyer cet cours s.v.p

  2. Simone MANON dit :

    Je suis désolée. Vous en disposez sur internet, n’est-ce donc pas suffisant? Etes-vous privé d’une main pour prendre des notes et d’un cerveau pour mémoriser les significations?

  3. Michaël dit :

    Merci de ces quelques lignes qui me furent très utiles dans ma démarche de réflexion.

  4. caroline dit :

    bonjour, merci pour ces cours très intéressant. je voudrais avoir une précision sur le texte de hegel, la philosophie une chose importante, s’il-vous-plait, j’essaye de faire son commentaire mais j’ai du mal à saisir la problématique que je confond avec la thése. ensuite, je ne vois pas quelles sont les étapes de son argumentations. merci beaucoup pour vos réponses, Caroline.

  5. Simone MANON dit :

    Désolée Caroline, ce blog n’a pas été ouvert pour dispenser les élèves de faire leur travail par leur propre effort.
    Une problématique est un ensemble de problèmes articulés selon un certain ordre et précisant le sens d’une question philosophique ou scientifique. Quelle est la question que pose implicitement Hegel? Quelles sont les données des problèmes qui la précisent? Pour répondre à ces questions vous devez lire attentivement ce que dit l’auteur. Sa thèse est la réponse qu’il apporte à la question initiale.

  6. caroline dit :

    désolé, je me suis mal exprimé, j’ai fait le commentaire de ce texte mais ma problématique ce confond avec la thése ( peut-on faire de la philosophie sans l’étudier? suffit-il d’en avoir la mesure dans sa raison? c’est ma problématique). pour les étapes de son argumentation, j’ai essayer de trouver 3 parties: « a cet égard….de s’y exercer » puis « en revanche….dans son pied » enfin « tout se passe ….de la philosophie ». en fait je n’ai réussi qu’a faire une dixaine de ligne pour chaque partie ce qui me parait peu, je voulais donc savoir si ma problématique était correct ou si j’ai fait un hors-sujet. je vous remercie de votre comprhension, Caroline

  7. Simone MANON dit :

    Vous n’énoncez pas quelle est la thèse de l’auteur.
    Vous ne vous arrêtez pas sur les présupposés de la première phrase. Prenez la peine de les dégager avec soin.
    La problématique n’est pas formulée avec rigueur mais vous semblez comprendre de quoi il retourne.
    Attention à l’incorrection de l’expression.

  8. caroline dit :

    merci pour votre réponse, j’ai réctifier certaines choses: thème: la philosophie; problématique: suffit-il d’être doué de raison pour faire de la philosophie?; thése de l’auteur: la philosophie est de nos jour un préjugé, il ne suffit par d’en avoir la mesure dans sa raison naturel pour pouvoir philosopher.
    est-ce mieux ainsi? merci pour votre aide

  9. Simone MANON dit :

    C’est mieux mais vous confondez problématique et problème.
    Ce n’est pas la philosophie qui est un préjugé mais une certaine conception que d’aucuns s’en font.

  10. caroline dit :

    bonsoir, le site vient de m’être à nouveau accesible. ai-je alors juste à cette problématique: suffit-il d’être doué de raison pour faire de la philosophie? merci pour votre aide

  11. Simone MANON dit :

    Vous posez une bonne question mais vous confondez question et problématique. Je vous ai donné la définition de ce que l’on entend par une problématique. Considérez que je ne répondrai pas à un nouveau message.

  12. DM dit :

    À noter la situation particulière de l’informatique. Une partie de ce qui se fait en recherche en informatique relève d’une science formelle : il s’agit d’étudier des modèles mathématiques du calcul, parfois sans aucune possibilité de réalisation concrète (par exemple en théorie de la complexité ou de la calculabilité). D’un autre côté, il y a d’indéniables applications concrètes, technologiques, et certains questionnements sont relatifs à une technologie donnée.

  13. jean-pierre castel dit :

    Bonjour,
    L’opposition au cours de l’histoire de l’Eglise a la science a été abondamment décrite. Savez-vous si la science occidentale a rencontré des obstacles comparables lors de son contact avec les autres civilisations?
    Merci d’avance

  14. Simone MANON dit :

    Désolée, je n’ai pas la compétence pour répondre de manière autorisée à votre question.
    Cordialement.

  15. diosa dit :

    c’est ma première année de terminale et c’est la premiere fois que je fait la philosophie mais j’ai beaucoup de difficulté a comprendre la philosophie entre la philosophie et la science et aussi sur la philosophie africaine puisque on a dit que la philosophie n’a pas de signification exacte. mais donc donné moi une définition précise que je sache qu’est ce la philosophie?

  16. Simone MANON dit :

    Bonjour
    D’abord, permettez-moi d’attirer votre attention sur la nécessité de corriger l’expression. Ex:je fais, donnez-moi.
    Vous avez un chapitre complet sur ce blog pour vous familiariser avec l’idée de philosophie. Voyez l’explication de l’allégorie de la caverne, du texte de Descartes (éloge de la philosophie) de Russell, d’Epictète. (Utilisez l’index pour les trouver).
    Comme explicité ci-dessus, la philosophie est une réflexion. Réfléchir, c’est pour l’esprit faire retour sur lui-même afin d’interroger ses productions (représentations, jugements, croyances). On se demande: quelles sont les conditions de possibilité de ces représentations? Quel est le sens des jugements que l’on formule? Quelle est leur valeur de vérité ou leur valeur morale?
    La philosophie est donc une pensée au second degré. Elle incarne le moment où l’esprit s’efforce de ne plus être le jouet des influences qu’il subit pour conquérir la maîtrise de son exercice.
    Bien à vous.

  17. Alex ZANOU dit :

    bonjour
    pourquoi dit on que l’Afrique n’a ps en réalité la philosophie?

  18. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La philosophie est une formation culturelle. Elle s’exprime dans des oeuvres dont le propre est à la fois d’être liées à une langue particulière, un contexte culturel et de ne pas s’y limiter dans la mesure où elle revêt une dimension universalisable.
    Quels sont les auteurs et les oeuvres philosophiques issus du continent africain dans le patrimoine culturel mondial?
    Si vous en connaissez votre proposition est fausse, s’il n’y en a pas, le jugement est fondé.
    Bien à vous.

  19. cupidon jules dit :

    LE PHILOSOPHE POUR MOI EST LE SAGE . mais la philosophie est la discipline de la bonne conscience morale .

  20. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Non, le philosophe n’est pas le sage car se définir comme un amoureux de la sagesse (Cf. l’étymologie du mot), c’est précisément signifier qu’on ne la possède pas. Historiquement, la figure du philosophe émerge en rupture avec celle du sage et le père de la philosophie, à savoir Socrate, affirme deux choses: d’une part que son seul savoir est le savoir de l’amour, d’autre part que tout ce qu’il sait, c’est qu’il ne sait pas.
    Quant à votre définition de la philosophie, elle est pour le moins fantaisiste.
    Bien à vous.

  21. Jean dit :

    Bonsoir je ne comprend pas ce sujet .  » En quoi la science est à la fois libératrice et asservissante? » je veux juste une explication.SVP

  22. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Beau sujet que vous avez à traiter. Il faut vous dépêcher de vous mettre au travail.
    PS: je ne comprendS pas.
    Bien à vous

  23. Lilith dit :

    Quel bonheur, le thème du concours de l’ENS Lyon pour l’an prochain est justement « la science » ! Enfin une chance de réconcilier ces deux notions pour des milliers d’élèves qui, souvent, n’ont abordé la science en philosophie que trop rapidement durant la terminale. Les nombreuses différences entre la méthode scientifique et la méthode philosophique (créatrices de cloisonnement) forcent les dissertations portant sur la science à résulter d’une réflexion des plus fines…tout cela est très motivant !

  24. […] » Science et philosophie. […]

  25. joel mvoa dit :

    je suis si choqué par vos propos.affirmer que l’afrique n’a pas connue de philosophie dans son histoire est assimilable a une provocation intellectuelle et un manque de bonne foi

  26. Simone MANON dit :

    Bonjour
    D’abord quand on s’adresse à quelqu’un on ne se dispense pas de quelques règles de politesse.
    Ensuite quand on discute un de ses propos on tâche de le lire correctement. Où se trouve l’affirmation que vous m’imputez? Nulle part. Je réponds à une question en faisant remarquer que si l’auteur, ou vous-même, peut donner des exemples de grands philosophes ou de grandes œuvres philosophiques issus du continent africain, sa proposition est fausse, s’il ne le peut pas, elle est vraie.
    Dans la mesure où j’ignore ce qu’il en est sur ce point, je ne me prononce pas. (Comme c’est encore le cas dans un commentaire ici: https://www.philolog.fr/presentation-du-chapitre-i/comment-page-3/ (8 juin2013)
    Bien à vous.

  27. Clémence dit :

    Excusez-moi, je repose ma question :
    Est-il possible d’avoir la référence de la citation de Kant (dans la rubrique « A méditer ») ?
    Je vous remercie,
    Cordialement

  28. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Reportez-vous à l’article. J’ai rajouté les références.
    Bien à vous.

  29. Lea dit :

    Bonjour,
    Merci beaucoup pour vos nombreux cours toujours très exhaustifs.
    J’aimerai cependant savoir comment définir plus précisément le « savoir positif » et la « science formelle » ? Est-ce par la méthode ?

  30. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Les sciences formelles n’étudient pas un objet extérieur à l’esprit comme les sciences empirico-formelles. Dans les mathématiques ou la logique, ce qui importe, ce n’est pas le contenu des propositions (p ou q, x ou y) mais la forme de leur enchaînement. Les lois formelles de la pensée sont indépendantes des objets sur lesquels on raisonne. Cf. La boutade de Bertrand Russell:  » Les mathématiques peuvent être définies comme le domaine dans lequel on ne sait jamais de quoi l’on parle ni si ce que l’on dit est vrai. »
    Il y a bien une connaissance mathématique (les théorèmes) ou logique (celle d’Aristote se distingue de celle des stoïciens) mais ce savoir est d’une autre nature que celui qu’élabore une science étudiant un objet donné extérieurement à l’esprit. Celui-ci doit être observé, modélisé par la pensée. Ici la connaissance ne s’en tient pas à la seule étude de la forme de la connaissance, elle a une matière: l’objet physique, ou chimique, ou biologique ou humain etc.
    Leur différence ne tient donc pas qu’à la méthode (pur raisonnement sur des propositions dans un cas, méthode expérimentale dans l’autre), elle tient aussi à la nature de leur objet.
    Bien à vous.

  31. Digol Agape dit :

    Je suis en classe de terminal un Centrafricain. Ma préocupation est celle-ci je n’arrive pas jusqu’alors de comprendre la Science et philosophie et je voulais juste une élucidation merci d’avance.

  32. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous avez sur ce blog ce qu’il faut pour éclairer votre lanterne.
    Ouvrez les articles des chapitres consacrés à la philosophie (I) et à l’épistémologie (XII à XVII) et vous vous donnerez les moyens d’approfondir les distinctions schématiquement présentées dans cet article.
    Bon travail.

  33. Pican dit :

    Bonjour,
    En lisant cet article, je me suis demandée comment est-ce que l’on peut encore parler d’épistémologie lorsque les sciences, les mathématiques, par exemple se sont complètement détachées de la philosophie.
    Comment des philosophes peuvent-ils parler de sciences alors que ce ne sont pas des scientifiques ?

  34. Simone MANON dit :

    Bonjour
    L’épistémologie est aujourd’hui élaborée par les scientifiques eux-mêmes ou par des philosophes spécialisés en plus de la philosophie proprement dite dans une science.
    Car il va de soi qu’il n’y a pas pire imposture que de prétendre parler de ce que l’on ignore.
    Bien à vous.

  35. Barry dit :

    Bonjour Simone Manon. Quand à celui qui voudrait avoir des informations sur la philosophie africaine, je lui suggère de lire l’ouvrage de l’auteur gabonais Grégoire Biyogo intitulé histoire de la philosophie africaine

  36. Souaïbou Baba dit :

    Bonjour à vous ! Et merci énormément pour vos cours éclaircissants !

  37. Sébastien Total dit :

    Bonjour,
    Encore moi ! N’y a-t-il pas la possibilité pour la philosophie d’établir aussi un « dialogue de la Raison et du réel », un « rapport dialectique de la théorie et de l’expérience » ?? La philosophie n’a-t-elle pas d’autres objets que la seule métaphysique ? Lorsqu’un philosophe réfléchit à la société, à la politique, à la science justement, est-ce qu’il ne met pas non plus en place ce dialogue et ce rapport dialectique ?
    J’ai tout mis sous forme de questions, car ce sont celles qui me sont venues en lisant votre article ici.
    Merci d’avance pour votre réponse.

  38. Sébastien Total dit :

    J’y pense d’ailleurs, mais peut-être est-ce là ce que mon professeur de philosophie veut dire : Russell faisait partie de la philosophie dite analytique, et celle-ci essaie de faire de la philosophie quelque chose de plus « scientifique », si je ne m’abuse, dans sa méthodologie.

  39. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La réflexion sur le sens, les valeurs, le fondement est une chose, l’étude scientifique des faits en est une autre. Penser est une chose, construire les savoirs positifs une autre.
    Cela ne signifie pas que la réflexion puisse se passer de la rigueur et des lumières qu’apportent les sciences, ou que les sciences puissent se dispenser de mettre en œuvre les possibilités de la pensée, voire d’ouvrir sur la philosophie en réfléchissant sur la nature de leurs méthodes, leurs limites, la nature de la vérité scientifique, etc., ce que l’on appelle l’épistémologie.
    Mais il ne faut pas tout confondre. La philosophie analytique est féconde en ce qu’elle porte une attention scrupuleuse au langage, au sens commun qu’elle analyse en vue de conférer une plus grande rigueur à nos affirmations, mais enfin elle n’épuise pas l’enquête philosophique, c’est-à-dire l’interrogation toujours ouverte sur le sens et la valeur, la recherche des principes fondateurs, etc.
    En s’interdisant, par présupposé méthodologique, de poser la question du sens et des valeurs, de réfléchir sur les fins de l’existence, les sciences n’éclairent pas les hommes sur ce que doivent être leurs conduites. Or le souci éthique, politique est essentiel dans une vie humaine. La dimension pratique est inséparable de la dimension théorique en philosophie, le problème pour l’existant que nous sommes n’étant pas seulement celui qui concerne la connaissance, mais aussi celui que pose l’action. Voilà pourquoi les Anciens ne séparaient pas l’idéal du savoir de celui de la sagesse.
    https://www.philolog.fr/la-valeur-de-la-philosophie-bertrand-russell/
    Bien à vous.

  40. Souaïbou dit :

    Bonjour chère Professeure ! Et merci pour ces éclairages epistémologiques.

  41. LUCOT dit :

    Bonsoir,
    Je viens de lire votre article sur Philosophie et Science et plus précisément le passage concernant la méthode expérimentale de Claude Bernard que vous établissez selon trois étapes :
    1 Observation des faits
    2 Invention d’une hypothèse
    3 Vérification de l’hypothèse
    J’aurais deux questions relatives à cette méthode : la première concerne le concept d’hypothèse ; est-ce que l’hypothèse correspond à l’idée suggérée par l’observation des faits ? Ensuite, dans un extrait de l’ouvrage de Claude Bernard Introduction à l’étude de la médecine expérimentale en pages 65-66 aux éditions Flammarion, l’auteur nous parle plutôt de contrôler l’hypothèse que de la vérifier (« Toute la connaissance humaine se borne à remonter des effets observés à leur cause. À la suite d’une observation, une idée relative à la cause du phénomène observé se présente à l’esprit; puis on introduit cette idée anticipée dans un raisonnement en vertu duquel on fait des expériences pour la contrôler »). Est-ce que pour vous cela veut dire la même chose ?
    Merci d’avance pour votre réponse.
    Très cordialement.
    Lionel Lucot

  42. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Lorsqu’on dit « vérification » de l’hypothèse, on sait bien que le terme pose problème au même titre que l’expression « contrôler » qui signifie précisément contrôler la validité scientifique de l’énoncé. Car l’expérimentation ne permet jamais d’établir la vérité d’un énoncé universel puisqu’elle ne porte que sur des faits particuliers.
    Voilà pourquoi Popper lui préfère la notion de falsification tout aussi problématique par ailleurs. https://www.philolog.fr/les-criteres-de-lidee-vraie/
    Claude Bernard utilise indifféremment les deux expressions.
    https://www.philolog.fr/comment-selabore-le-savoir-scientifique/
    Bien à vous.

  43. Clara dit :

    Bonjour.
    En lisant Claude Bernard, peut-on dire que la formation de la science selon la méthode expérimentale se forme à partir d’idées a priori ? Cela me semble être le cas, car c’est une hypothèse de la raison qui conduit à l’expérience pour la vérifier, et pas simplement une expérience de laquelle on tire ensuite une thèse.
    Cependant, est-ce un primat de la raison ou de l’expérience dans cette méthode ? Dans la propre leçon qui m’a été donnée, le professeur avançait qu’il s’agissait de l’idée a priori qui conduisait à l’expérience, mais puisque l’hypothèse de départ est tirée de l’observation, c’est quand même d’une certaine façon l’expérience (au sens le plus basique du terme) qui conduit à l’hypothèse, et seulement après, à une expérience dite « scientifique ».
    J’aimerai votre avis là-dessus.
    Bien à vous.

  44. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La méthode décrite par Claude Bernard est ce qu’on appelle la méthode expérimentale dans laquelle l’expérience joue un rôle majeur. Elle met en jeu un dialogue de la raison et de l’expérience car c’est l’observation des faits qui suggère l’hypothèse qu’il faudra ensuite tester par un nouveau recours à l’expérience (l’expérimentation).
    Reste que suggérer n’est pas offrir. Un travail de la raison est nécessaire pour inventer l’hypothèse, de même que sans idée préalable, on n’observe rien de scientifiquement pertinent.
    https://www.philolog.fr/comment-selabore-le-savoir-scientifique/
    Bien à vous.

  45. Ndeye fatou dit :

    Merci bcp chère professeur pour ce cours sur philosophie et sciences

  46. Redjinie dit :

    Merci beaucoup chère professeur c’est grâce à vous que j’ai pu trouver des arguments pour achever mon devoir

  47. Tristan dit :

    Bonjour Madame Manon,
    Je ne suis pas sûr de bien cerner une chose que vous abordez dans cet article.
    Lorsque vous écrivez que la philosophie n’élabore pas de savoir positif, comment l’empirisme, le positivisme, la philosophie qui se dit expérimentale, se comportent face à cette affirmation ? Est-ce qu’ils la contestent ?
    Je vous remercie d’avance pour votre réponse.

  48. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il me semble que Kant éclaire votre lanterne lorsqu’il écrit: « il n’y a pas de philosophie que l’on puisse apprendre, on ne peut qu’apprendre à philosopher »
    Car philosopher, c’est interroger la valeur de vérité des énoncés, aussi bien de ceux qu’élaborent les philosophes à un moment donné, que ceux des opinions. Ainsi le rationalisme critique kantien met en question les affirmations de l’empirisme tout en reconnaissant la vertu de certains de ses apports, le réalisme scientifique interroge les résultats de la philosophe critique, etc.
    Toute forme de dogmatisme est le tombeau de l’esprit philosophique qui pourtant projette de la lumière en faisant reculer les puissances de l’ombre.
    Bien à vous

Laisser un commentaire