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Jérémie Bentham 

  

Le fondateur de la morale utilitaire est Jérémie Bentham (1748.1832). Son continuateur John Stuart Mill (1806.1873). (Mais l'épicurisme est déjà un utilitarisme).  

  

   Comme le kantisme, l'utilitarisme ne veut pas fonder l'obligation morale sur une instance extérieure à l'homme mais alors que le rigorisme kantien la fonde sur une exigence pure de la raison pratique, l'utilitarisme objecte à Kant qu'il n'y a pas de bien en soi. Si le respect de la personne est un bien, si tenir ses promesses est un bien, c'est que ces conduites sont utiles. L'utilitarisme est un conséquentialisme. Ce sont les conséquences heureuses d'une action, pour l'agent moral et pour les autres, qui déterminent sa valeur morale.  

  Il s'ensuit que pour répondre à la question « que doit-on faire ? » il convient de prendre en considération les besoins et les intérêts de notre condition.  

 

  Ce qui satisfait les besoins et les intérêts humains étant source de plaisir, l'utilitarisme se donne comme critère du bien moral le bonheur ou le bien-être. Il retrouve ainsi les grandes leçons des morales antiques sans admettre pour autant leurs présupposés finalistes. Il est essentiellement la morale d'un monde laïcisé où, en l'absence de fins surnaturelles, on considère que la tâche des hommes est de promouvoir les conditions du bonheur sur la terre.  

 

   PB : Ce critère ne va pas de soi car qu'est-ce le bonheur ? 

 

On se souvient du propos kantien : c'est un idéal de l'imagination. Toutes les difficultés de cette morale tiennent au fait que la recherche du bonheur « est enveloppée d'impénétrables ténèbres » Kant.  

    J. S. Mill l'avoue dans son Essai sur Bentham. 1838: « L'utilité ou le bonheur sont des fins beaucoup trop complexes et mal définies pour être recherchées autrement qu'à travers une série de fins secondaires ». Et dans son Autobiographie. 1873 il précise : « Ceux-là seulement sont heureux, qui ont l'esprit tendu vers quelque objet autre que leur propre bonheur, par exemple vers le bonheur d'autrui ; vers l'amélioration de la condition de l'humanité, vers quelque acte, quelque recherche qu'ils poursuivent non comme un moyen, mais comme une fin idéale (...) Demandez-vous si vous êtes heureux et vous cesserez de l'être. Pour être heureux, il n'est qu'un seul moyen, qui consiste à prendre pour but de la vie, non pas le bonheur, mais quelque fin étrangère au bonheur ».  

 

  Alors comment clarifier un peu la question ?  

   Bentham définit le bonheur par le plaisir conçu en terme quantitatif. Il propose d'avoir recours à une arithmétique des plaisirs qu'il demande d'examiner à sept points de vue : celui de l'intensité, de la durée, de la probabilité (un plaisir assuré vaut mieux qu'un plaisir probable), de la proximité (un plaisir à portée de mains vaut mieux qu'un plaisir lointain), de la fécondité (un plaisir est fécond s'il en engendre d'autres), de la pureté (un plaisir est pur s'il n'est pas mêlé à de la douleur) et de l'étendue (plus le plaisir concernera de personnes meilleur il sera).  

Pour bien agir, il suffit de calculer avec justesse les plaisirs et les peines. Ce calcul permet de comprendre que les vertus traditionnelles donnent des plaisirs plus durables, plus féconds et plus étendus que les vices opposés. Le bien moral est donc ce qui sert l'intérêt du plus grand nombre ou ce qui promeut le plus grand bonheur possible pour le plus grand nombre.  

   L'analyse de Bentham suscite des objections.  

  Par exemple est-il légitime de s'en tenir à une évaluation quantitative des plaisirs ou des utilités ?  

  Une approche qualitative, comme la préconise J.S. Mill, n'est-elle pas plus justifiée ? En s'interdisant une évaluation qualitative, Bentham voulait éviter les risques de terrorisme ou de despotisme inhérents au principe d'une autorité habilitée à discriminer parmi les plaisirs. « A quantité de plaisir égale, affirme-t-il, le jeu de poussette a autant de valeur que la poésie ».  

   Ce que refuse Mill. Tous les plaisirs n'ont pas même valeur et pour savoir, de deux plaisirs, lequel en a le plus, il convient de s'en remettre aux hommes compétents c'est-à-dire à ceux qui ont l'expérience des deux. Par où il apparaîtra que les plaisirs intellectuels et moraux sont supérieurs aux plaisirs physiques.  

  « C'est un fait indiscutable que ceux qui ont une égale connaissance des deux genres de vie, qui sont également capables de les apprécier et d'en jouir, donnent résolument une préférence très marquée à celui qui met en œuvre leurs facultés supérieures. Peu de créatures humaines accepteraient d'être changées en animaux inférieurs sur la promesse de la plus large ration du plaisir des bêtes ; aucun être humain intelligent ne consentirait à être un imbécile, aucun homme instruit à être un ignorant, aucun homme ayant du cœur et une conscience à être égoïste et vil, même s'il avait la conviction que l'imbécile, l'ignorant ou le gredin sont, avec leurs lots respectifs, plus complètement satisfaits qu'eux-mêmes avec le leur. Ils ne voudraient pas échanger ce qu'ils possèdent de plus qu'eux contre la satisfaction la plus complète de tous les désirs qui leur sont communs (...) Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait. Et si l'imbécile ou le porc sont d'un avis différent, c'est qu'ils ne connaissent qu'un côté de la question : le leur. L'autre partie, pour faire la comparaison, connaît les deux côtés » L'Utilitarisme.1861.  

  Mill est ainsi conduit à faire l'éloge du désintéressement, du sacrifice, du précepte biblique au nom de l'intérêt ou du bonheur bien compris. Il donne une telle extension au concept d'utilité qu'il conçoit la vertu comme la condition du bonheur.  

 

  Son propos pointe en creux les apories d'une mesure des préférences car il ne semble pas qu'il y ait en ce domaine « d'hédonomètre » universalisable.  

 

PB : Le deuxième grand problème que doit affronter l'utilitarisme concerne le rapport des intérêts individuels et de l'intérêt général. 

 

  « En admettant que chaque homme sache calculer son intérêt bien entendu, en résultera-t-il que chacun en le poursuivant se trouvera aussi poursuivre l'intérêt des autres ? » demande Le Senne dans son Traité de morale générale. 

 

  Question épineuse. Elle demande d'interroger le statut de l'individualisme 

 

  Si l'on entend par là l'égoïsme ou « l'amour exclusif ou excessif de soi ; le caractère de celui qui subordonne l'intérêt d'autrui au sien propre et juge toutes choses de son point de vue » (Lalande) la question est vite réglée. Cependant il n'y a pas besoin d'être un grand clerc pour comprendre que l'égoïsme en ce sens compromet les intérêts de l'ego lui-même. L'insociabilité est coûteuse car les hommes ont besoin les uns des autres pour se nourrir, s'instruire, se soigner, se protéger, se réjouir les yeux, les oreilles, le goût, pour connaître les joies de l'amitié, de l'amour, de la famille etc. Or nul ne peut durablement ignorer les intérêts des membres de la communauté humaine sans s'exposer à en payer le prix en exclusion, en violences, en souffrances et en mépris de soi-même. La puissance d'exister est augmentée par les échanges, la coopération, la concorde, la bienveillance, elle est mutilée par le repli sur soi, le conflit, la guerre et la négation des intérêts légitimes de l'autre. L'homme vivant sous le commandement de la raison est un quasi dieu pour l'homme, tandis que celui qui vit sous l'empire des passions, par exemple de la passion égoïste, se rend insupportable,  remarque Spinoza sans jamais consentir à dire avec  Plaute: "l'homme est un loup pour l'homme".  

 

   Mais il s'en faut de beaucoup que la notion d'individualisme soit réductible à ce sens.  

  L'individualisme c'est aussi le conatus spinoziste ou ce que Rousseau, Smith appellent l'amour de soi. C'est la tendance à persévérer dans l'être, à rechercher le plaisir et à fuir la douleur et à pousuivre son utile propre.  

 

  Dans la première acception, l'égoïsme s'oppose à l'altruisme, comme le propre de celui qui privilégie son intérêt au détriment de celui d'autrui.  

Dans la deuxième, l'amour de soi est une tendance naturelle. Il est synonyme d'individualisme et caractérise celui qui est attaché à la défense de ses intérêts au moins autant qu'à ceux d'autrui. L'altruisme au contraire, est dénégation, sacrifice des intérêts du moi au bénéfice des intérêts d'autrui (Ex : Lévinas)  

 

  Si l'on retient ce deuxième sens de l'individualisme, il va de soi que l'intérêt général intègre l'intérêt de chaque membre de la totalité sociale car, sophisme excepté, on ne voit pas en quoi un intérêt peut se proclamer « général » s'il est attentatoire à l'intérêt des particuliers qui composent cette généralité.  

 

  PB : La question se pose alors de savoir si l'intérêt général résulte naturellement de la libre poursuite par chacun de son intérêt particulier ou s'il faut des artifices juridiques pour harmoniser ces intérêts particuliers.  

  Dans un cas on parle « d'identification naturelle » des intérêts, dans l'autre « d'identification artificielle ». ( Expressions d'Elie Halévy)  

   La thèse de l'identification naturelle des intérêts correspond au thème smithien de « la main invisible » ou kantien du « dessein de la nature » finissant par extorquer aux hommes, par le simple jeu des égoïsmes, les institutions que l'homme se donnerait librement s'il était d'emblée un sujet moral.  

 

  Il est permis de douter de l'harmonie naturelle immédiate des intérêts et on peut avoir le souci d'éviter les violences inhérentes au jeu des égoïsmes même si elles finissent par accoucher d'un ordre harmonieux.  

  On défendra alors le principe de l'identification artificielle des intérêts. C'est à cette option que se rallie en définitive Bentham, mais ni le moraliste, ni le juriste ne doivent avoir d'autre présupposé que celui de l'amour de soi. (Cf. « Les motifs personnels sont les plus éminemment utiles, les seuls dont l'action ne peut jamais être suspendue, parce que la nature leur a confié la conservation des individus » Traités, Principes du code pénal. «  Chaque individu a pour occupation constante le soin de son bien-être, occupation non moins légitime que constante ; car supposez qu'on pût renverser ce principe, et donner à l'amour d'autrui l'ascendant sur l'amour de soi-même, il en résulterait l'arrangement le plus ridicule et le plus funeste » Traités, Principes du code civil.) 

   La tâche d'identifier l'intérêt de l'individu avec celui de la collectivité est la tâche par excellence du législateur qui, ayant toujours à l'esprit que l'intérêt est le ressort de la conduite humaine, doit par des récompenses et des châtiments bien réglés, inciter les hommes à agir dans le sens de l'intérêt général en poursuivant leurs intérêts particuliers.  

  « La nature a placé l'humanité sous l'empire de deux maîtres, la peine et le plaisir. C'est à eux seuls qu'appartient de nous indiquer ce que nous devons faire comme de déterminer ce que nous ferons. D'un côté les critères du bien et du mal, de l'autre, la chaîne des effets et des causes sont attachés à leur trône. Ils nous gouvernent dans tous nos actes, dans toutes nos paroles, dans toutes nos pensées (...) Le principe d'utilité reconnaît cette sujétion et la prend pour fondement de ce système dont l'objet est de construire l'édifice de la félicité au moyen de la raison et du droit » Introduction aux principes de la morale et du droit. 1789.  

 

  Conclusion : On a compris que la morale utilitaire n'est pas celle qu'adopterait « un égoïste centré sur lui-même, dépourvu de tout sentiment, de toute sollicitude autres que ceux qui ont pour objet sa misérable individualité » Mill.  L'Utilitarisme. 

 

  Reste que cette morale n'est pas exempte de contradictions internes. 

  • N'accorde-t-elle pas une trop grande importance aux capacités de délibération rationnelle des hommes et est-il vrai que cette capacité soit le ressort de la conduite humaine ? L'expérience donne à voir des hommes, bien davantage, travaillés par du passionnel que soucieux de poursuivre leur intérêt bien compris.   
  • N'implique-t-elle pas un conflit des rationalités car il n'est pas évident que le principe du bonheur personnel (hédonisme égoïste) soit identique à celui du bonheur du plus grand nombre (hédoniste universaliste)? L'utilitarisme exige le sacrifice de son bonheur personnel s'il n'est pas conciliable avec le bonheur de la société, or n'est-ce pas contredire le présupposé égoïste selon lequel chaque être est un amour de soi ?  
  • Une morale de l'intérêt est par définition une morale intéressée, or le désintéressement n'est-il pas ce qui fait la beauté de l'action morale ?  
  • Une morale de l'intérêt a une dimension sacrificielle puisque se soucier de l'intérêt du plus grand nombre conduit parfois à sacrifier celui du plus petit nombre.  

            Ex : Pour sauver une entreprise de la faillite, on décide de sacrifier une partie de son personnel.  

            Or l'intérêt d'une minorité n'a-t-il pas autant de légitimité que l'intérêt  d'une majorité?  

 

 

 

 

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58 Réponses à “L’utilitarisme ou morale de l’intérêt.”

  1. pourquoi fonde-t-il l morale sur l’interet?

  2. Simone MANON dit :

    Je pourrais vous répondre pourquoi pas? Vous avez compris que le grand problème des philosophes est de résoudre de manière satisfaisante la question du fondement, ici du fondement de la morale. Car que l’homme ait un sens moral n’est discuté par personne. Tous les hommes distinguent un bien d’un mal, la question est de savoir sur quoi ils se fondent pour opérer cette discrimination, ou bien quel est le ressort de la conduite morale. Est-ce comme le veut Kant le commandement inconditionnel de la loi de la raison, instance transcendante par rapport à la dimension empirique de l’humaine nature ou autre chose? Les utilitaristes répondent que pour savoir ce qui est bien ou mal, les hommes prennent en considération ce qui est utile relativement à leurs besoins et intérêts. Ce sont des empiristes refusant les présupposés métaphysiques des morales antiques ou le recours au transcendantal de l’analyse kantienne.

  3. laura jacquet dit :

    l’utilité peut-il être le principe de la morale?

  4. Simone MANON dit :

    Il me semble que tout le cours a pour fonction de répondre à cette question.

  5. Damien Offner dit :

    Si j’ai bien compris, l’hétéronomie de l’utilitarisme viendrait du fait que le bien de l’action est discernable par les conséquences qu’elle produit sur les individus autres que l’agent moral ? Peut-on clairement affirmer que l’utilitarisme est une théorie morale holiste ?
    Et enfin, Mill a-t-il donné des éléments de réponse aux critiques concernant l’aspect sacrificiel de l’utilitarisme ? Merci

  6. Simone MANON dit :

    Bonjour Damien
    Je ne me sens pas compétente pour répondre à vos questions. D’abord parce que je ne comprends pas le sens de la première. Le conséquentialisme vaut aussi bien pour l’agent moral que pour ceux avec lesquels il vit et ce n’est pas parce que dans la règle de l’action on tient compte de son insertion dans une société qu’on est hétéronome. Je ne vois donc pas ce que vient faire l’idée d’hétéronomie ici.
    Ensuite parce que l’utilitarisme est dans ses développements contemporains une pensée si foisonnante, si complexe qu’il faudrait une connaissance beaucoup plus érudite que la mienne pour prétendre ramasser les analyses des uns et des autres sous un jugement peu nuancé. Non, l’utilitarisme ne me semble pas être une théorie morale holiste même s’il est vrai, comme le montre Rawls, qu’il a de la peine à faire droit à la pluralité des personnes. Ses présupposés sont individualistes et il pense le bien-être collectif comme ce qui doit découler de l’action libre des individus. Ce n’est pas parce que la finalité morale englobe la dimension collective que l’utilitarisme peut être conçu comme un holisme car pour celui-ci le tout est supérieur à la somme des individus qu’il détermine. Je ne trouve cela ni chez Mill, ni chez Bentham.

  7. Marie Jeanneau dit :

    Mais peut-on dire pour autant que l’intérêt gouverne le monde ?

  8. Marie Jeanneau dit :

    PS : Je pose cette question en pensant notamment à la place occupée par l’art ou l’amour…

    Merci

  9. Simone MANON dit :

    C’est à vous d’élucider cette question.

  10. ana dit :

    Je sens que Marie Jeanneau a une petite dissertation a faire en philosophie intitulée « L’interêt gouverne-t-il le monde ? »
    Eleve d’hypokagne?
    Ou alors pas du tout, et je confonds mon cas et celui des autres, mais la question semble tellement posée en « sujet » qu’il se peut que j’ai raison…

    En tout cas si c’est le cas, voici mon adresse si tu veux essayer de réfléchir un peu à deux, un genre de dialogue de Platon? parce que toutes ces lectures (Kant, Platon, Hume, Schiller, Mill, re-Kant) se mélangent dans ma tête, et bien que je les comprenne pris à part, je n’arrive pas à voir d’en haut.
    (kunsalana@hotmail.com)

  11. Thomas dit :

    Bonjour Madame,

    J’imagine que cette question vous a déjà été posée, et que la réponse doit être assez simple, mais mes faibles connaissances en philosophie ne me permettent pas d’y répondre :
    Kant n’est-il pas d’une certaine manière utilitariste (ou du moins conséquentialiste) lorsqu’il énonce l’impératif catégorique de la manière suivante : Agis d’après la maxime telle que tu puisses toujours vouloir qu’elle soit une loi universelle ». Car c’est bien les conséquences (pour la raison) d’une telle maxime universalisée qu’il invite à considérer. J’imagine que je fais là une erreur de lecture de Kant (JS. Mill soulève la même question dans le chap 1er de l’Utilitarisme). Quelle est la bonne lecture ou quelle est la réponse « kantienne » (et je ne doute pas qu’il y en ai une) à cette vision conséquentialiste de l’impératif catégorique ?

    Merci beaucoup,
    Cordialement,
    Thomas

  12. Simone MANON dit :

    Non, il n’y a pas de doute sur ce point: kant n’est pas un utilitariste. Toute son analyse est même une charge contre l’utilitarisme. Voyez son analyse du mensonge (je la résume dans le cours :problématisation de la morale kantienne et dans l’article: y a-t-il des mensonges innocents?), de la justice pénale par exemple.
    Quand bien même les conséquences de l’action morale seraient désastreuses, ce ne sont pas ces conséquences qui jugent l’acte, c’est le principe de détermination de la volonté. Prend-elle en considération un intérêt que Kant appelle pathologique? Par exemple est-ce l’anticipation d’un bonheur futur qui la motive dans ce qu’elle fait? Dans ce cas l’action n’est pas morale (rigorisme kantien).
    Seule est bonne absolument la volonté d’agir par respect pour la loi que donne la raison, celle-ci ne se définissant pas par un contenu (celui-ci est tributaire de la faculté de désirer et des situations, il est frappé au sceau de la particularité et de la contingence) mais par sa seule forme. Cette forme est l’universalité (formalisme kantien).
    Voyez le cours sur la morale kantienne sur ce blog.

  13. bassel dit :

    Bonjour,
    Lundi prochain j’ai un examen de philo concernant Kant VS Utilitariste
    Votre blog m’aide super bien a enrechir mes idees!! MERCIIII

  14. Simone MANON dit :

    Merci pour ce sympathique message et tous mes voeux de réussite à votre examen.

  15. Samy dit :

    Un grand merci pour ce cours, et pour ceux que vous dispensez sur le site en général ! Ils me sont d’une grande utilité pour bien comprendre les doctrines et les auteurs, et m’aident régulièrement pour mes Devoirs ou colles (en classe préparatoire ECS).

  16. Simone MANON dit :

    Merci pour ce sympathique message.
    Tous mes voeux de réussite aux concours.

  17. Dominic J. dit :

    Bonjour madame,

    Est-ce que la doctrine de l’utilitarisme est plus proche du communisme, ou elle demeure une théorie libérale, malgré le côté collectif, en ce qui a trait du bonheur pour le plus grand nombre ? En fait, quand je compare la théorie de Rawls (théorie de la justice), je ne vois pas en quoi la la critique de l’utilitarisme pourrait véritablement nuire aux personnes, quand il parle des préférences et de la perte de la liberté. J’ai aussi de la difficulté à comprendre le calcul du bonheur. Je n’arrive pas à comprendre les exemples qui semblent souvent trop banales… Dans quel contexte le calcul du bonheur serait problématique, quand on parle de devoir sacrifier nos intérêts particuliers pour le bonheur collectif ? Bref, les arguments entre l’utilitarisme et le contractualisme de rawls ne semblent pas se répondre…

  18. Dominic J. dit :

    Rebonjour Madame Manon,

    J’ai trouvé un exemple, qui mettre dans le concret l’UTILITARISME VS LIBERTÉ DE BASE DE RAWLS

    Supposons : Il y a trois personnes qui sont en affaires et qui sont interdépendants. Il y a un agriculteur qui ferait (plus ou moins) 22 500$ par année, il y a un boulanger qui ferait (plus ou moins) 42 500$ par année, et il y aurait le vendeur qui ferait 85 000$ par année. Si on fait la somme totale des salaires annuels des trois individus, cela ferait 150 000$. Donc, le calcul des gains et des pertes sont inéquitables. Alors, comment s’appliquerait la théorie morale de l’utilitarisme. Dans le cas de Rawls, on sait qu’il appliquerait le principe de différence, c.-à-d, il y aurait une redistribution minimale pour l’agriculteur, qui le compenserait. Mais il y aurait quand même une inégalité, puisqu’elle sont justifiée.

    Mais dans le cas de l’utilitarisme, j’ignore quelle serait la procédure. Si vous pouvez m’aider, ce serait fort bien apprécié. Merci

    Dominic J.

  19. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je dois vous avouer que je ne comprends pas clairement le sens de vos questions et je n’ai pas la compétence économique permettant de répondre avec pertinence à la dernière.
    Pour ce qui est des autres:
    -L’utilitarisme s’inscrit dans la tradition libérale dans la mesure où son présupposé est individualiste et où le principe de la liberté des personnes est un principe fondamental. Mais les théories utilitaristes sont foisonnantes. Il ne va pas de soi de les unifier.
    -La théorie de la justice de Rawls est anti-utilitariste à plus d’un titre.https://www.philolog.fr/une-theorie-moderne-de-la-justice-john-rawls/
    D’abord par l’affirmation de la priorité du juste sur d’autres fins, par exemple sur le bien conçu comme bonheur (eudémonisme) ou comme plaisir (hédonisme). Les principes de justice que choisiraient sous voile d’ignorance des sujets rationnels répondent au souci d’instituer une société juste où chacun puisse poursuivre les fins qui sont les siennes, celles-ci étant hétérogènes. Si cette société juste apporte le bonheur aux agents rationnels tant mieux mais la réalisation de ce projet n’est pas identifiable à la poursuite du bonheur car « Le bonheur n’est pas un but parmi tous ceux vers lesquels nous tendons, mais la satisfaction de l’ensemble du projet ».
    Ensuite par l’affirmation de la priorité lexicale du premier principe. Même à des fins de justice sociale, il n’est pas légitime de lui porter atteinte. Autrement dit on ne peut pas suspendre une liberté de base de la personne sous prétexte que ce serait utile socialement.# Marx: suppression des droits formels sous prétexte de promouvoir les droits réels.
    Enfin par le refus du principe sacrificiel inhérent à l’utilitarisme. Celui-ci pose que si pour sauver une entreprise de la faillite, il faut licencier un tiers de l’effectif, c’est légitime car on sauve par là le bonheur du plus grand nombre.
    Bien à vous.

  20. Alime dit :

    Bonjour Madame,

    J’ai été interpellé par le détail qui dans votre cours semble différer du mien : la citation « l’homme est un loup pour l’homme » est-elle propre à Hobbs ou à Plaute ?

    Merci pour votre temps et vos ter travail précieux,

    Cordialement,
    Alime.

  21. Simone MANON dit :

    Bonjour
    « Homo homini lupus est » est une formule latine que l’on doit à Plaute et qui a été reprise par de nombreux auteurs dans notre tradition, dont Hobbes.

    Cf. https://www.philolog.fr/lhomme-est-il-un-loup-ou-un-dieu-pour-lhomme/
    Bien à vous.

  22. […] » L’utilitarisme ou morale de l’intérêt […]

  23. Paul dit :

    L’homme est un loup pour l’homme, le loup est un loup pour le renard, le renard est un renard pour la belette, d’où la chanson « j’entends le loup le renard et la belette… »

  24. firmin dit :

    l’utilitarisme de bentham implique-t-il le sacrifice de l’intérêt individuel en vue de l’intérêt collectif?

  25. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne prends la peine de répondre qu’aux personnes témoignant de la plus élémentaire des politesses. C’est ce qu’il faut vous empresser d’apprendre.
    Bien à vous.

  26. Miguel Coelho dit :

    Bonjour Madame,

    D’abord, merci pour ce cours, très éclairant. Je viens moi-même d’essayer d’expliquer l’utilitarisme à mes élèves, et je crois que j’ai raconté pas mal d' »âneries », car j’ai totalement omis la question du sacrifice (centrale chez Mill). C’est pourquoi je voulais vous demander si Bentham, lui, justifiait cette possibilité du sacrifice comme le fait Mill. Si c’était le cas, l’utilitarisme mériterait-il encore le nom d' »individualisme « (au second sens, donc, celui du conatus spinoziste)? Il me semble plutôt alors que rien ne le distinguerait plus d’une morale de l’amour du prochain de type chrétien (c’est un peu l’intention de Mill, d’ailleurs, de réconcilier christianisme et utilitarisme, non?)
    Deuxième question (sans rapport avec la précédente) : l’argument selon lequel mon intérêt passe par celui d’autrui, car le « méchant » finit toujours par se rendre insupportable aux autres me paraît peu convaincant. Car sans aller jusqu’à la méchanceté, on est tous plus ou moins tentés, parfois (mais pas toujours, tout est dans cette nuance), de faire passer son intérêt personnel avant celui d’autrui. Dans l’optique utilitariste, dois-je alors privilégier celui d’autrui? Et pourquoi ? Au nom de quoi? Du bien-être général? Ce fondement me paraît peu solide, il ressemble trop à une pétition de principe en se supposant lui-même.
    Troisième point (je m’arrête là) : Que pensait Bentham de la religion (chrétienne, notamment)? Considérait-il que la foi pouvait accroître la somme globale des plaisirs dans la société (par exemple, en faisant la promotion de l’ordre, de la paix, de la vertu et de l’obéissance)?

    Bien à vous,

    Miguel Coelho

  27. Miguel Coelho dit :

    Bonjour,
    Excusez-moi, juste pour préciser ma pensée dans la première question : par « sacrifice », j’entends le sacrifice volontaire de soi au service des autres (ou d’un autre), bien sûr. C’est ce qu’on appelle couramment « l’altruisme ».

    Bien à vous

  28. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il faut bien voir que Bentham est un penseur des Lumières. Un rationaliste et un libéral, adversaire des partis conservateurs et de leurs présupposés théologiques, préoccupé surtout de construire une législation capable, en jouant des deux mobiles déterminants de la conduite humaine (la recherche du plaisir et la répulsion de la peine), de donner au principe d’utilité (défini comme le plus grand bonheur du plus grand nombre) une efficacité pratique. Les questions métaphysiques ne l’intéressent pas. Il condamne le principe de l’ascétisme. Autrement dit, lorsqu’on est en situation de devoir renoncer à un plaisir, ce n’est pas parce que le renoncement, le sacrifice serait un bien en soi. C’est parce qu’il y a un plaisir plus substantiel à la clé. L’intérêt personnel est toujours l’intérêt dominant mais il faut déployer les ressources de sa raison (et non s’en tenir au sentiment immédiat) pour comprendre que son véritable intérêt est compromis par la négation de l’intérêt des autres. Il s’ensuit qu’il ne s’agit pas de faire passer l’intérêt des autres avant le sien, mais de comprendre que mon propre intérêt implique le respect de celui des autres. C’est sur ce point que peut-être vous comprenez mal.

    Les deux citations que je donne me semblent très éclairantes:

    Cf. « Chaque individu a pour occupation constante le soin de son bien-être, occupation non moins légitime que constante; car supposez qu’on pût renverser ce principe, et donner à l’amour d’autrui l’ascendant sur l’amour de soi-même, il en résulterait l’arrangement le plus ridicule et le plus funeste » Principes du code civil, II.
    « Les motifs personnels sont les plus éminemment utiles, les seuls dont l’action ne peut jamais être suspendue, parce que la nature leur a confié la conservation des individus: ce sont les grandes roues de la société » Principes du code pénal, I, VIII.

    Pour lui, il n’y a guère de différence entre la morale et la législation. « Par les mains de la raison ou de la loi » dit-il, il s’agit « de diriger les actions des hommes en vue de la production de la plus grande quantité possible de bonheur pour ceux dont l’intérêt est en vue ». Dans un cas, on a affaire au gouvernement de soi, à la morale privée, dans l’autre au gouvernement des autres (s’ils sont enfants on parle d’éducation, s’ils sont adultes de législation comme acte d’un gouvernement).

    Pour approfondir la pensée de Bentham, voyez la très riche étude d’Elie Halévy aux Puf: La formation du radicalisme philosophique.
    Bien à vous.

  29. Miguel Coelho dit :

    Bonsoir,

    Je suis allé voir votre article sur Spinoza (« Eloge du plaisir ») et j’y ai trouvé des réponses par rapport à la question 2, le point sur lequel j’achoppais le plus (comment concilier mon intérêt avec celui des autres?). Et il me semble que je comprends bien mieux la pensée de Spinoza que celle de Bentham. En effet, chez Spinoza, la raison se définit essentiellement comme la connaissance, conçue comme un certain type d’affect, la joie (disons : une connaissance joyeuse, donc). En outre, comme vous l’expliquez fort bien dans cet article (et là, c’était lumineux pour moi), les hommes de raison tendent à « convenir » par nature entre eux, et leur joie s’accroît d’autant. Enfin, il n’y a rien de plus utile à l’homme que l’homme lui-même (je crois que Spinoza ajoute « l’homme libre », mais je n’en suis pas sûr). Tout ceci est très clair. Mais cette définition de la raison comme affect « connaissant » est très différente de la raison comme calcul coût/avantage, qui me paraît présupposée par l’utilitarisme. Spinoza y verrait plutôt l’effet des passions, notamment l’espoir et la crainte (récompense/punition). C’est pourquoi l’utilitarisme se voit obligé de recourir à un « deus ex machina », qui est le législateur « idéal » (comme le fait aussi Rousseau, je crois, dans le Contrat social, quand il est question des grands inventeurs de constitution), alors que Spinoza n’en a nullement besoin. Spinoza sait, lui que les législateurs sont des hommes comme les autres, des êtres de passion qui défendent leurs intérêts propres, et nullement l’intérêt collectif. L’Etat (au sens de Spinoza) n’est pas le législateur, mais un simple outil de régulation sociale des passions. Je tiens à préciser que je n’ai rien contre l’utilitarisme, d’autant moins que je n’ai pas lu Bentham, mais je suivrai vos indications de lecture. Ne trouvez-vous pas cependant qu’il y a là une « faiblesse » de l’utilitarisme, comparé à la philosophie de Spinoza ?

    Très cordialement

    Miguel Coelho

  30. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Dans la mesure où pour Spinoza:
    -la vertu est connaissance et recherche de son utile propre;
    -rien n’est plus utile à l’homme que les hommes vivant sous la conduite de la raison,
    -mais peu d’homme vivent sous la conduite de la raison, aussi faut-il des lois pour réguler leur passions en jouant de leurs affects de crainte et d’espoir
    on a bien affaire à une forme d’utilitarisme. Guyau disait de lui qu’il est « un métaphysicien de l’utilitarisme ».
    Voyez bien que l’utilitarisme est un mouvement de pensée très foisonnant. Bentham n’en épuise pas l’inspiration et il me semble qu’on ne peut parler que des auteurs que l’on s’est donné la peine d’étudier.
    Bien à vous.

  31. Miguel Coelho dit :

    Bonjour,

    Oui, vous avez raison, il ne reste plus qu’à lire Bentham, et telle était bien mon intention. Quant à moi, je vous souhaite une bonne continuation pour votre blog.

    Bien à vous

    Miguel Coelho

  32. Dominique Sewane dit :

    Madame,
    permettez-moi d’écrire Chère Simone Manon,

    Je découvre ce matin seulement votre blog, unique en son genre, expression d’une rare générosité de coeur, fruit d’un immense travail intellectuel quotidien, dont le but est le partage de vos connaissances et de votre réflexion à propos de sujets difficiles. Vous apportez une aide d’un haut niveau à des inconnus (dont je suis) : d’emblée, ils en ressentent de la gratitude. Votre exemple devrait être suivi par quiconque s’estime responsable de la formation de la génération montante et se soucie de son avenir.
    Avec mes remerciements
    Dominique Sewane

  33. Simone MANON dit :

    Merci pour ce sympathique message, Dominique.
    Bien à vous.

  34. Thiabo dit :

    Bonjour
    Merci pour ces éclaircissement c’est tés interessant mais j’ai une petite préoccupation.
    1) J’aimerai savoir si MILL et Bentham ne se contredisent pas souvent?
    2) que pouvons nous retenir de maniére brève de l’utilitarisme?

  35. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il suffit de vous mettre au travail pour apporter une réponse à ces deux questions que votre professeur a posées pour que vous vous appropriez les significations.
    La paresse est stérile. Vous pourriez aussi méditer ce propos en complément.
    Bien à vous.

  36. Lesly dit :

    Bonjour, Madame, et merci pour cet article très intéressant (comme, du reste, l’ensemble de votre site).
    Ne pourrait-on pas principalement (et surtout) objecter à l’utilitarisme qu’il dénie toute valeur au caractère intentionnel (bon ou mauvais) de l’agent? Dans la mesure ou une action moralement bonne est une action dont le résultat est utile, la volonté libre de celui qui agit n’entre pas en ligne de compte (il n’est donc pas responsable), ce qui pose déjà pas mal de problèmes d’ordre métaphysique, mais passons, car ce n’est pas le souci de Bentham.
    D’autre part, plus concrètement, dans une société utilitariste bien organisée (avec un système de récompenses et de punitions « incitant les hommes à agir dans le sens de l’intérêt général tout en poursuivant leur intérêt particulier »), on peut supposer que la loi menace d’une peine de prison quiconque commet un vol, et que personne n’a donc d’intérêt à voler. Celui qui vole quand même a mal calculé son intérêt. Il se retrouve alors en prison où il est censé apprendre qu’il est dans son intérêt de bien se conduire, etc. Apprendre à être honnête revient donc à savoir bien calculer son intérêt…
    Cela signifie-t-il que le voleur assez habile pour ne jamais se faire prendre (et donc rester impuni) est vertueux, car il a bien calculé ses intérêt (quand bien même se serait au détriment de l’intérêt général)?…
    Avez-vous connaissance d’une réponse utilitariste à cette objection?

    Je vous remercie d’avoir eu la patience de me lire.
    Bien cordialement

    Lesly

  37. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vos deux objections à l’utilitarisme ne sont pas recevables. Ni l’une ni l’autre ne sont fondées.
    Ce n’est pas parce que l’utilitarisme n’est pas une morale de l’intention qu’il dénie le principe même d’un agent moral. Comme tout être vivant, celui-ci aspire à être heureux et c’est sur cette tendance naturelle qu’est indexé le comportement moral. Simplement il ne s’agit pas de vouloir aveuglément cette fin, il est essentiel de se soucier des conséquences de son action pour soi et pour les autres puisque l’injustice faite aux autres est dommageable pour soi aussi. D’où la nécessité de calculer les plaisirs et les peines, de se préoccuper de la maximisation du bonheur du plus grand nombre, ce qui implique nécessairement un sujet rationnel capable de délibérer et tenu pour responsable de ses actions.
    Enfin dans la mesure où est utile ce qui promeut le bonheur du plus grand nombre, il n’y a aucun sens à considérer un voleur comme vertueux puisque par définition il nuit à sa victime.
    Bien à vous.

  38. Lesly dit :

    Merci d’avoir pris le temps de me répondre.
    Pardonnez-moi, j’ai dû mal m’exprimer. Je ne vois pas comment on peut considérer comme libre une décision déterminée par un motif sensible extérieur à la volonté (l’intérêt)…

    Concernant le deuxième point, une dernière chose me titille cependant : concrètement, dans une perspective utilitariste, à supposer que quelqu’un soit en danger et que je puisse le secourir, mais que je n’aie aucun intérêt à le faire et que je ne risque rien à ne pas le faire (c’est-à-dire si ce n’est ni profitable, ni dommageable pour moi)… Qu’est-ce qui m’oblige à le faire?

    Je vous souhaite un bon dimanche.

  39. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Y a-t-il sens à dire qu’un acte procédant d’une délibération rationnelle est un acte déterminé?
    Y a-t-il sens à penser les objets et les fins de la volonté (sa matière dit Kant) en terme d’extériorité? A l’évidence non, ni chez Kant, ni chez les autres auteurs. Dans sa matière, la volonté met en jeu la faculté de désirer mais ce n’est pas sa matière qui juge la valeur morale de l’action ou la liberté du sujet, c’est la principe formel du vouloir. https://www.philolog.fr/la-morale-kantienne-rigorisme-et-formalisme/
    Il semble que vous n’ayez pas compris que l’utilitarisme n’est pas la philosophie de l’égoïsme.
    Bien à vous.

  40. Lesly dit :

    Bonjour,
    Merci d’avoir pris le temps de me répondre.

    J’ai bien compris que l’utilitarisme était une morale éminemment altruiste (mais intéressée, paradoxe qui ne laisse pas de surprendre). Cependant, je crois qu’il va me falloir approfondir certains points de mes lectures…

    Encore merci d’avoir bien voulu m’éclairer.
    Et bravo pour votre travail.
    Cordialement

  41. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Non, l’utilitarisme n’est pas une morale altruiste si l’on entend par là priorité de l’amour d’autrui sur l’amour de soi. Ce serait renverser l’ordre naturel des choses, avertit Bentham. Mais il se trouve que l’intérêt bien compris de l’agent moral implique le respect de l’intérêt des autres.
    Par exemple, ne vous est-il pas possible d’envisager que vous puissiez avoir besoin de l’assistance des autres dans certaines conditions dramatiques de votre existence? Pouvez-vous espérer d’eux de l’aide si vous ne vous êtes jamais soucié de leur en apporter?
    Mon utile propre enveloppe l’utile de toutes les personnes avec lesquelles j’ai à vivre, dirait Spinoza.
    « les hommes qui sont gouvernés par la Raison, c’est-à-dire les hommes qui cherchent sous la conduite de la Raison ce qui leur est utile, ne désirent rien pour eux-mêmes qu’ils ne désirent pour les autres hommes, et par conséquent sont justes, de bonne foi et honnêtes » Ethique, IV, scolie de la proposition 18.
    Bien à vous.

  42. Lesly dit :

    Merci d’avoir pris le temps et la peine de me répondre.
    Bien cordialement.

  43. […] John Stuart Mill, pour qui aucune des actions évoquées dans cet article ne seraient morales (voir ici si vous souhaitez en savoir plus), même d’un point de vue […]

  44. Marguerite Diarra dit :

    Bonjour professeur,

    Je souhaite traiter le thème de: Moralité et bonheur dans la philosophie morale de Kant.

    Mais à travers les commentaire, j’ai compris que le bonheur ne peut constituer le but de l’action morale chez Kant. Dès lors peut -on soutenir que l’agent moral trouve une certaine satisfaction dans l’acte moral accompli ?

  45. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous avez sur ce blog de nombreux articles sur la morale de Kant.
    https://www.philolog.fr/morale-antique-morale-moderne/
    https://www.philolog.fr/la-morale-kantienne-rigorisme-et-formalisme/
    Prenez la peine d’abord de lire l’auteur.
    Vous découvrirez que la morale kantienne n’est pas un eudémonisme, ce qui n’exclut pas que l’agent moral éprouve une satisfaction dans son action. Mais c’est là l’indice d’une grande perfection morale aussi difficile que rare.
    Bien à vous.

  46. Victoria dit :

    Bonjour,
    Dans le contexte actuel de la réalité animale (abattages massifs, vache folle, poules
    injectées à l’hormone, sur-utilisation de l’eau), j’en viens à la conclusion que devenir végétarien serait la chose à faire (ou encore mieux se tourner vers le végétalisme). Je désire appuyer mon point de vue au travers de la théorie utilitariste, plus précisément je souhaite traiter des dires du philosophe Peter Singer. Dans le cadre de mon travail, je me dois de présenter la position adversaire/argument contraire pour par la suite réfuter cet argument au travers de la théorie choisie, soit celle de l’utilitarisme. Toutefois, étant moi-même végétalienne, j’ai beaucoup de misère à trouver un argument valable, découlant de raisons éthiques, qui serait à l’encontre du végétarisme. Pourriez-vous me proposer des pistes de solutions ou encore une théorie qui ne serait pas nécessairement en parfait accord avec l’égalité animale?

    Je vous remercie amplement de votre temps
    Bien cordialement

    Victoria

  47. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Désolée, cette problématique ne fait pas partie de mes compétences.
    Bien à vous.

  48. Jean-François dit :

    Bonjour,

    Votre texte est bien construit même s’il suppose quelques raccourcis faciles.
    Mais je voudrais souligner quelques choses ;
    1) L’utilitarisme, contrairement à une théorie déontologique, n’a pas pour objet les motivations de l’agent; mais l’évaluation de l’action. En ce sens, un agent vertueux pourrais faire des actions immorales même si sa volonté est bonne. Et l’inverse est aussi vrai. Mill et Sidwick acceptent l’idée qu’un agent vertueux a plus de chance de faire une action morale, mais rien ne le garanti.
    2) L’utilitarisme admet qu’il peut y avoir conflit entre les intérêts de l’agent et l’intérêt commun. Mais il me semble clair que dans ce cas, l’intérêt commun est plus important. Si ;e but est la maximisation de l’utilité marginale globale, il est moral que l’agent sacrifie ses intérêts pour le bien commun.
    3) Pourquoi, chaque fois que l’on parle de l’utilitarisme on se contente de ne parler que de Bentham et Mill ? Il me semble qu’il y a une immense littérature utilitariste depuis 150 ans qui réponds aux critiques que vous émettez en fin de texte.

  49. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il ne faut pas confondre un cours d’initiation à une doctrine pour des classes terminales avec une étude synoptique de la pensée utilitariste. Pour un tel cours, il faut commencer par le commencement, c’est-à-dire par la pensée des fondateurs.
    Bien à vous.

  50. christphe Nkolomonyi dit :

    merci d’avoir enrichi mon travail de fin du premier cycle de philosophie, sur utilitarisme chez j s Mill, l’intitulé de mon sujet est l’utilitarisme comme critère moral selon J S Mill, j suis un futur prêtre. voilà pourquoi j vous prie de m’aider avec quelques ouvrages de J S Mill, essai sur Bentham, de la justice et autres auteurs moderne qui parle de l’utilitarisme.

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