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 «Le cœur du projet moderne est de faire accéder à la plénitude de la raison la totalité de l’humanité, libérant chacun des préjugés ancestraux, de l’engluement dans une société traditionnelle enfermant ses membres dans les visions bornées propres à chaque état de vie, chaque religion, chaque lieu. Pour les initiateurs des Lumières et pour les premières générations de leurs héritiers, il va de soi que cet accès à la raison relève d’une conquête pas encore achevée, que dans le monde tel qu’il est bien du chemin reste  à parcourir tant il est des individus, des groupes sociaux, des peuples qui sont loin d’un plein accès à celle-ci.

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Joyeux Noël.

 

Joyeuses  fêtes à tous et tous mes vœux de bonheur pour la nouvelle année.

 

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   L’enjeu de cet article n’est pas d’affronter la question du multiculturalisme dans toute sa complexité. Le numéro 186 du Débat (sept.oct.2015), s’y emploie avec une richesse de contributions que j’invite de toute urgence à lire. Il est de proposer  une analyse dont je ne sais pas si elle est absolument pertinente. Elle a retenu mon attention parce qu’elle apporte un début de réponse à une question que je ne cesse de me poser. Comment comprendre le soutien de l’extrême gauche à des revendications qui sont manifestement incompatibles avec les idéaux des Lumières et les principes de notre République laïque ? J’ai été rassurée en lisant le Débat de constater que ma perplexité et mon indignation sont partagées par Peter Schneider qui fut l’un des principaux animateurs de la révolte estudiantine de Berlin en 1968. Il dénonce ce qu’il appelle « la dérive de la gauche multiculturaliste » prompte à qualifier de racisme, d’islamophobie toute critique de pratiques culturelles attentatoires aux droits fondamentaux de la personne humaine.

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    « Ce qui se joue ici, sous cette forme moderne de la lutte du maître et de l’esclave, c’est, dans le cadre d’une hostilité qui peut rapidement se transformer en haine, l’affrontement entre un ethos du calcul rationnel, fondé sur l’intérêt bien entendu et, en dernière analyse, sur la recherche de la survie, sur l’acquisition ou la conservation des biens et la peur de la souffrance et de la mort, et un ethos de la fierté, de l’honneur ou de la gloire fondé sur les vertus martiales et guerrières, sur l’acceptation, voire la recherche, de la mort infligée ou subie, et parfois sur le vertige de l’automutilation et de l’autodestruction. Cet ethos peut n’être que l’expression d’une culture guerrière traditionnelle ou se teinter d’un romantisme esthétique à la recherche du geste grandiose ou d’un nihilisme exprimant la haine non seulement de l’autre mais de soi et du monde.

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      Invité de l’émission, Répliques, en compagnie de Jacques Julliard, Pierre Manent m‘avait tellement sidérée que j’avais décidé de ne pas lire son livre. Ma perplexité pourtant n‘était pas exempte d’une sourde interrogation. Avait-il été en situation de faire comprendre correctement son propos ? On sait combien la polémique déforme souvent la substance d’une pensée, surtout lorsque celle-ci se déploie dans la subtilité et la complexité. Alors l’humeur n’étant jamais bonne conseillère, j’ai décidé de réviser ma position, même si c’est tardivement, et je ne le regrette pas.

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    Avec sa Théorie du partisan (1963), Carl Schmitt avait annoncé l’émergence d’un nouveau nomos de la terre sur les ruines du système westphalien. Dépassé le discours de la guerre, tel qu’un Clausewitz pouvait encore le théoriser. Désormais le combattant irrégulier se substitue au soldat régulier, le haut degré de mobilité du combat actif fait la nique aux armées régulières, le haut degré d’intensité de l’engagement militant lui confère la dimension d’une fureur démesurée propre à contaminer les âmes et à dévaster les cités.

   Malgré les avertissements, on ne peut s’empêcher d’être impressionné par la justesse de la prophétie. Les attentats terroristes de ces dernières années ne laissent plus de doute. Les Etats ont bel et bien perdu le monopole de la violence et celle-ci, disséminée dans l’ensemble du corps social, opère sans relâche son travail de sape. Obsolète, l’utopie des Lumières. Mais l’esprit peut encore s’efforcer d’être vigilant pour faire contrepoids aux venins que déversent dans leurs discours et leurs actions les intoxiqués à la haine. Ils sont légions dans les sociétés occidentales et prennent différents visages selon les époques, pas seulement celui de l’intégriste islamique, même si c’est aujourd’hui l’espèce la plus visible et la plus dangereuse.

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« La démarche mise en œuvre dans la familiarisation avec une philosophie riche en contenu n’est bien aucune autre que l’apprentissage. La philosophie doit nécessairement être enseignée et apprise, aussi bien que toute autre science. Le malheureux prurit qui incite à éduquer en vue de l’acte de penser par soi-même et de produire en propre, a rejeté dans l’ombre cette vérité – comme si, quand j’apprends ce que c’est que la substance, la cause, ou quoique ce soit, je ne pensais pas moi-même, comme si je ne produisais pas moi-même ces déterminations dans ma pensée, et si elles étaient jetées en celle-ci comme des pierres ! – comme si, encore, lorsque je discerne leur vérité, je n’acquérais pas moi-même ce discernement, je ne me persuadais pas moi-même de ces vérités ! – comme si, une fois que je connais bien le théorème de Pythagore et sa preuve, je ne savais pas moi- même cette proposition et ne prouvais pas moi-même sa vérité !, Autant l’étude philosophique est en soi et pour soi une activité personnelle, tout autant est-elle un apprentissage – l’apprentissage d’une science déjà existante, formée.

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   Je sais bien que nous vivons un nouveau régime de l’art de telle sorte que les concepts par lesquels on s’efforçait de penser l’art traditionnel, le chef-d’œuvre ne sont guère opératoires. Mais l’histoire fera le tri et il n’est pas sûr que ce qui résistera à son jugement n’illustre pas les analyses classiques. Par exemple celle d’un Balzac, forçat de la création, et quelle création ! Qui mieux que lui est habilité à en dévoiler les secrets ? Dans son roman La cousine Bette, il met en scène un sculpteur, Wenceslas Steinbock, et à travers son exemple, il nous donne à penser les ressorts du génie. Le texte suivant n’est pas seulement une réussite littéraire. C’est plus fondamentalement la méditation, d’une sincérité éblouissante, d’un immense artiste sur ce qui est au principe de sa réussite.

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   Un petit peu de légèreté pour défendre la supériorité de l’esprit sur la naissance ou sur toutes les susceptibilités! Audace, ironie, plaisanterie mais aussi gravité philosophique. Notre époque aurait tant besoin d’un Figaro à sa mesure! Saura-t-elle l’enfanter?

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   Nous vivons sous des institutions dont le niveau éthique est bien supérieur à celui de la plupart des membres de la communauté des citoyens. J’en veux pour preuve les nombreux propos ayant été prononcés à l’occasion des effroyables attentats du mois de janvier par une cohorte « d’honnêtes gens » bien au chaud dans leurs certitudes et leur conviction d’incarner la rectitude morale.

   Car qui n’a pas entendu ces jugements à propos des caricaturistes de Charlie Hebdo : « Ils l’ont bien cherché ! » ; ou « D’accord pour la liberté d’expression mais il y a des limites » etc.

   On a même eu droit à cette déclaration stupéfiante, le 19 janvier, de la part d’un pape pourtant admirable dans sa volonté de moderniser l’Eglise romaine : «Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision »

   D’évidence l’analyse de ces opinions si récurrentes dans le discours public n’est pas inutile pour prendre la mesure de l’incompréhension régnante de ce qui est pourtant chez nous un droit constitutionnel, à savoir le principe de la liberté d’expression.

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