Flux pour
Articles
Commentaires

Le jugement de goût.

<!--Imprimer--> 

Alberto Giacometti. La forêt. Bronze. 1950. Photo Talmotyair, 2006.

 

 Tant qu'on ne disjoint pas la dimension artistique de la dimension esthétique d'une œuvre d'art, celle-ci relève des Beaux-Arts, la beauté étant la valeur de l'esthétique.

 

 PB : Pourquoi parler d'esthétique ?

 

      Parce que la beauté est affaire de sensibilité, d'émotion, de goût.

     Le concept d'esthétique (issu du grec aisthèsis, signifiant : sensation, appréhension sensible au sens large) apparaît en 1750 et Baumgarten (1712.1762) fonde sous ce nom « la science de la connaissance sensible ».

      Kant précise que « Ce qui est simplement subjectif dans la représentation d'un objet, c'est-à-dire ce qui constitue sa relation au sujet et non à l'objet, c'est sa nature esthétique ». Critique de la faculté de juger. Introduction VII.

     L'esthétique concerne donc la manière dont la sensibilité humaine est affectée par des objets. Elle ne concerne pas l'objet dans sa réalité objective, mais la subjectivité qui est en rapport avec lui. Or bien qu'il en soit ainsi, l'expérience esthétique fait intervenir un jugement, le jugement esthétique ou jugement de goût.

     Le goût, écrit Kant, est : « la faculté de juger du beau ».

 

 D'où le problème : Comment un tel jugement est-il possible ?

 

    Dans une analyse magistrale, Kant montre que le jugement de goût se caractérise par d'apparentes contradictions qu'il analyse en 1790 dans La Critique de la faculté de juger.

 

  1° : Lorsque je dis « c'est beau » je prononce un jugement de valeur. Je reconnais une valeur propre à l'objet mais cette valeur ne se fonde pas dans une appréciation objective de la nature de cet objet. Le jugement de goût n'est pas un jugement de connaissance. Il ne détermine pas son objet, il ne m'apprend rien sur lui, comme par exemple que cette fleur est une rose, qu'elle appartient à telle famille ou fleurit à telle époque. Il me renseigne seulement sur le sujet qui le prononce. Il exprime le plaisir que j'éprouve à contempler tel objet. En disant : « c'est beau » je dis que ma perception est heureuse, que « cela me plaît » et pourtant en prononçant un jugement je prétends  que ce plaisir doit être celui de tout homme.

   D'où cette première contradiction : Dans la mesure où il fait intervenir la sensibilité, le jugement de goût a une subjectivité irréductible et comme tel, il semblerait qu'il faille admettre sa relativité. Or il prétend à la validité universelle. Il ne dit pas  « cela me plaît à moi » mais « c'est beau ». Il parle du beau comme s'il était la propriété de l'objet, reconnaissable par tous.

   Certes l'universalité revendiquée est une universalité esthétique et non logique, et « le jugement de goût ne postule pas l'adhésion de chacun (...) il ne fait qu'attribuer à chacun cette adhésion » Ibid. §8, reste qu'il récuse son caractère  personnel.

   « Lorsqu'il s'agit de ce qui est agréable, chacun consent à ce que son jugement, qu'il fonde sur un sentiment personnel et en fonction duquel il affirme d'un objet qu'il lui plaît, soit restreint à sa seule personne. (...) Ce serait folie que de discuter à ce propos, afin de réputer erroné le jugement d'autrui, qui diffère du nôtre, comme s'il lui était logiquement opposé ; le principe : « A chacun son goût » (s'agissant des sens) est un principe valable pour ce qui est agréable.

  Il en va tout autrement du beau. Il serait (tout juste à l'inverse) ridicule que quelqu'un, s'imaginant avoir du goût, songe en faire la preuve en déclarant : cet objet (...) est beau pour moi. Car il ne doit pas appeler beau, ce qui ne plaît qu'à lui. (...) lorsqu'il dit qu'une chose est belle, il attribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement pour lui, mais pour autrui et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété des choses » Ibid. § 7

 

  2° : S'ensuit-il que ce jugement, comme tout jugement puisse se justifier par des concepts, des raisons, par une argumentation susceptible d'emporter la conviction d'autrui ? Non répond Kant, car quelles que soient les raisons susceptibles d'être énoncées, il ne se fonde pas sur autre chose que le plaisir ressenti devant l'objet beau. D'où une nouvelle contradiction : En disant : « c'est beau » je prétends que chacun peut partager mon jugement mais je ne peux pas le justifier par des concepts.

« Le beau est ce qui est représenté sans concept comme objet d'une satisfaction universelle ».Ibid. § 6

 

   3° : Si le plaisir ressenti devant l'œuvre belle peut être universalisé, c'est, remarque Kant, que la satisfaction qu'elle donne n'est pas une satisfaction intéressée.

     Elle n'est pas la satisfaction d'une inclination sensible portant par nature la marque de la particularité d'un sujet : un sentiment esthétique est autre chose qu'une sensation agréable, car comme il a été dit l'agréable est simplement ce qui me plaît à moi.

    Il n'est pas non plus ce qui satisfait un intérêt qu'il s'agisse d'un intérêt sensible ou d'un intérêt rationnel. Il ne faut confondre le beau ni avec l'utile ni avec le bien. Car le bien ou l'utile implique une connaissance de l'objet et sont l'objet, l'un d'une satisfaction pathologique, l'autre d'une satisfaction pratique.

     Le beau, en revanche, ne dépend d'aucun concept déterminé et la satisfaction qu'il donne est pure de tout intérêt.

   « La satisfaction que détermine le jugement de goût est libre de tout intérêt » (Kant).

 

    Il s'ensuit que le beau est paradoxalement l'objet d'une satisfaction désintéressée.

 

  C'est ce caractère désintéressé du plaisir esthétique qui fonde, aux yeux de Kant, sa prétention à l'universalité. «  Car qui a conscience que la satisfaction produite par un objet est exempte d'intérêt, ne peut faire autrement qu'estimer que cet objet doit contenir un motif de satisfaction pour tous (...) sans que cette prétention dépende d'une universalité fondée objectivement ; en d'autres termes, la prétention à une universalité subjective doit être liée au jugement de goût » Ibid. §6.

  

 Comme telle cette expérience est de l'ordre de la réconciliation :

 

 Elle réconcilie dans le sujet lui-même, la dimension sensible et la dimension intelligible. Dans l'expérience esthétique ce qui d'ordinaire s'oppose (la sensibilité et l'intelligence, l'imagination et l'entendement) s'accorde. Le jugement de goût témoigne que nous sentons une harmonie naturelle entre notre sensibilité et notre entendement. Le plaisir vient de l'accord des facultés de l'esprit. Kant définit ainsi l'art comme libre jeu des facultés ou libre accord.

   Accord éprouvé en présence d'un objet manifestant une complaisance à leur endroit. Il nous semble que l'objet est fait pour provoquer cet état et le plaisir qui en découle ; qu'il y a en lui cette finalité. Pour autant impossible de dire que c'est le cas, ni pour la beauté naturelle car il n'y a pas d'intention dans la nature, ni pour la beauté artistique car l'artiste atteint le beau sans se l'être préalablement représenté. D'où cette nouvelle définition paradoxale « La beauté est la forme de la finalité d'un objet, en tant qu'elle est perçue en celui-ci sans représentation d'une fin » Ibid. §17. 

 Elle réconcilie les subjectivités. L'universalité de la satisfaction, liée à son caractère désintéressé exprime le postulat « d'un sens commun esthétique ». En effet, on a vu qu'il est ridicule de prétendre : « cela est beau pour moi ». Ce qui vaut pour un seul ne vaut rien. En matière de beau : « A chacun son goût » signifierait que le goût n'existe pas. Il s'ensuit qu'on peut définir le goût comme « la faculté de juger ce qui rend notre sentiment procédant d'une représentation donnée, universellement communicable sans la médiation d'un concept » Ibid. § 40. Il ne s'agit pas, bien sûr, de prétendre que ce sens commun est une réalité empirique, mais le jugement esthétique le présuppose comme « une norme idéale » et la raison le pose comme une Idée régulatrice de l'exercice du jugement esthétique.

 

 PB : Faut-il remettre en question l'exigence d'un sens commun esthétique ?

 

  Tel est l'enjeu de la critique sociologique qui, avec Bourdieu, dénonce dans « le goût » défini par Kant, ce qui sanctionne le goût partagé par les membres d'une classe privilégiée. L'art, sous sa forme classique, serait un instrument de distinction sociale et de domination d'une classe qui imposerait son « bon goût » en stigmatisant ce qui serait le « mauvais goût » des autres.

  PB : N'est-il pas injurieux pour tous les hommes de considérer que les grandes œuvres que le temps a consacrées comme classiques ne seraient que l'expression du goût arbitraire d'une classe sociale ? Si la critique sociale, d'essence marxiste, était absolument fondée, comment pourrait-on comprendre qu'un athée éprouve une émotion esthétique en écoutant une cantate de Bach, manifestement destinée à la jouissance d'un monde chrétien, ou que l'homme du 20° siècle, membre de la société occidentale soit ému par une œuvre de la Grèce classique ?

  Ne faut-il pas admettre qu'il y a, en droit, une universalité du goût, mais que celui-ci doit être éduqué au contact des grandes œuvres, comme l'intelligence de chacun doit être éduquée au contact des grandes œuvres intellectuelles ? Ne faut-il pas dénoncer le caractère démagogique d'un discours flattant le barbouilleur d'une toile en lui laissant croire que ce qu'il fait est comparable à un Rembrandt ou à un Braque ; que tout se vaut et que nul n'est habilité à distinguer le beau du laid en prétendant à l'universalité ?

  Que le relativisme soit la tendance lourde d'un monde démocratique, n'est pas un argument pour considérer que le beau, comme le vrai ou le juste dépendent de l'arbitraire des uns et des autres. Si comme le dit le proverbe « des goûts et des couleurs, on ne peut discuter » ce n'est sans doute pas parce qu'il n'y a pas de sens commun esthétique, c'est plutôt, comme Kant l'analyse, parce que le jugement de goût, s'étayant sur le plaisir éprouvé à regarder la chose jugée belle, ne peut pas se justifier par des raisons.

  En témoigne le fait que certaines œuvres deviennent des classiques et traversent les siècles autant que les civilisations. L'expérience montre que le consensus est fort autour des grandes œuvres. L'empiriste Hume remarquait avec ironie qu'il y a moins de désaccord sur la grandeur d'Homère ou de Shakespeare que sur la validité de la physique de Galilée. 

 

Cf. Peut-on convaincre autrui de la beauté d'un objet?

 

 

Partager :

Pin It! Share on LinkedIn

90 Réponses à “Le jugement de goût.”

  1. Marie H dit :

    Kant parle de deux formes de beauté, beauté adhérente et beauté libre au sujet de l’art. Je n’arrive pas bien à voir de quoi il est question. Pourriez vous m’aider à y voir un peu plus clair ?

    D’avance merci!

  2. Simone MANON dit :

    Dans le cas de la beauté adhérente, l’appréciation de la beauté ne se fonde pas sur le libre accord des facultés mais sur une représentation de ce que doit être l’objet pour avoir une perfection. EX: un bel objet technique est un objet remplissant à la perfection sa fonction. Une belle action est une action conforme à l’idée que nous nous faisons de ce qu’une action morale doit être.
    Dans la beauté libre c’est-à-dire dans l’art, l’appréciation de la beauté ne peut se fonder sur aucune représentation de ce que doit être l’oeuvre belle comme fin. L’oeuvre incarne bien cette fin (la beauté) mais sans que la représentation de cette fin ait présidé à l’exécution de l’oeuvre. Voyez une des définitions que kant donne du beau: « la beauté est la forme de la finalité d’un objet en tant qu’elle y est perçue sans la représentation d’une fin ».

  3. Marie H dit :

    Un grand merci pour vos précisions si rapidement formulées!

  4. Mathilde dit :

    Bonjour,
    j’aimerai savoir exactement en quoi s’opposent Bourdieu et Kant vis-à-vis de l’art. Je sais que Kant voit un « beau universel », et il me semble que Bourdieu renie cette idée, est-ce exact?

    Merci d’avance, bonne journée!

  5. Simone MANON dit :

    Oui, vous comprenez l’idée essentielle.
    Bourdieu dénonce, au nom d’un déterminisme social, culturel, historique, l’idée kantienne d’un jugement pur de goût. En réalité, selon Bourdieu, les conditions de possibilité du jugement de goût n’ont rien de « pur » ou de « désintéressé » (selon la terminologie kantienne). Ce sont des conditions sociales de possibilité de telle sorte que nos jugements de goût sont le reflet de nos conditions matérielles et sociales d’existence.
    Il s’ensuit que le goût est analysé comme la capacité de faire des distinctions qui distinguent socialement. Nos préférences sont tout sauf désintéressées car elles nous jugent socialement. Il y a le bon goût, le goût distinctif de la classe dominante, et le goût des autres, qualifié, selon la norme dominante de vulgarité ou de mauvais goût. Le sociologue remarque que lors des enquêtes conduites sur ces questions, la tendance des gens est d’apprécier ce que doivent être les goûts de l’enquêteur afin de ne pas avoir à rougir de leurs réponses. Ils s’attribuent donc, pour ne pas se sentir déconsidérés socialement des goûts qu’ils supposent être ceux de gens plus cultivés qu’eux.
    Bourdieu prétend donc procéder à une critique sociale du jugement de goût. Il accuse l’analyse kantienne d’être surdéterminée à son insu par des valorisations sociales. Ce faisant il ruine l’idée même d’un beau universalisable en droit.

  6. Mathilde dit :

    Je vous remercie beaucoup de m’avoir répondu avec autant de précisions!

  7. anne dit :

    Bonjour,
    J’ai deux questions. J’attendrai votre retour de vacances. A bientôt, merci.

    1) peut-on à votre avis interpréter la crise de l’école aussi sous l’angle de la crise des cultures ( sens sociologique) :

    Les grandes œuvres de l’humanité figurant au programme ont été décrétées comme telles par les tenants d’un certain bon goût= la classe dominante. Exiger que les élèves aient de l’intérêt pour ces œuvres reviendrait à vouloir inculquer chez eux les valeurs du bon goût et donc à les aliéner de leur culture populaire, familiale, sociale au profit « d’un goût arbitraire d’une certaine classe sociale » ? peut-on donc lire la crise de l’école comme le rejet des élèves des œuvres « bourgeoises » et la volonté de leur substituer d’autres œuvres de leur sub-culture : une chanson de tokio hotel au lieu de l’Illiade ?

    2) Pourrait-on envisager de dégager de l’esthétique de Kant une forme d’éthique qui régulerait notre idée de citoyenneté aujourd’hui? Dans le sens où Kant fait de l’expérience esthétique, du beau, une expérience partageable par tous, avec tous, (= principe d’égalité) dénuée de tout intérêt, ne pourrait-on pas dire que vivre des expériences esthétiques en communauté contribuerait à notre bien vivre ensemble en société (extrapolation d’une fonction sociale de l’expérience esthétique) ?
    attention, comprenons-nous, ce ne serait pas l’ambition de Malraux de rassembler les citoyens par les liens à travers le contact direct avec l’œuvre d’art. l’œuvre d’art n’a pas le monopole de l’expérience esthétique, Dewey l’a notamment théorisé. Ce serait plutôt, oui, vivre des expériences sensibles ensemble, même infimes. Cela pourrait-il tenir lieu de « contrat social ? »

  8. Simone MANON dit :

    Vos questions sont très pertinentes. Que puis-je répondre?
    Que certains démagogues ne se privent pas d’interpréter la crise de l’école comme une crise des cultures. J’ai entendu à la radio, un professeur faire l’éloge de la créativité linguistique d’élèves en qui je vois surtout des êtres démunis, prisonniers d’une infralangue les condamnant à la misère spirituelle et civique. Bourdieu ne souhaitait certainement pas une telle application de son analyse de la distinction sociale et de sa critique de Kant. Il n’y a pas d’oeuvres bourgeoises ou prolétariennes. Il y a seulement des oeuvres riches ou pauvres en capacité expressive et créatrice de notre humanité. Et pour pouvoir faire la différence il faut une pratique des unes et des autres. C’est le rôle de l’école de former les jeunes à cette possibilité. Notez qu’il n’y a pas de sens à parler chez ceux qui sont en échec scolaire d’un rejet des oeuvres bourgeoises. On ne peut rejeter positivement que ce que l’on peut juger en connaissance de cause sans intérêt, ce qui évidemment n’est pas leur cas. De nombreuses expériences de professeurs courageux (pensons à Cécile Ladjali. Cf. son livre: mauvaise langue) montrent que dès lors que par sa passion, son amour de la culture, un professeur parvient à transmettre le bonheur d’entrer dans les grandes oeuvres, il ouvre des possibilités de jouissance dont les victimes des infralangues ne pouvaient même pas se faire une idée.
    Pour la seconde question, il me semble aller de soi que le partage de l’expérience esthétique ne peut pas tenir lieu de contrat social. Ne serait-ce que parce que le beau est ce qui plaît universellement, en droit seulement, pas en fait or une société doit faire tenir ensemble une pluralité d’individus dont les goûts sont très divers. Par ailleurs les membres d’un corps politique doivent s’entendre sur quantité de questions étrangères à l’ordre esthétique. Cela n’empêche pas de défendre l’idée de l’oeuvre comme expérience heureuse d’une communauté de nature. Le problème est qu’il y a peu d’oeuvres dans l’art contemporain capables d’offrir une telle expérience.

  9. anne dit :

    merci beaucoup pour votre éclairage.
    Anne

  10. anne dit :

    Je poursuis la réflexion vous demandant :

    Où Kant localise-t-il l’expression du sujet, le pouvoir de création, l’imagination ?

    La raison impose à chaque fois sa loi, que ce soit à la nature dans la première critique ou à ses penchants naturels dans la deuxième.
    L’inconscient n’est pas encore inventé à son époque, est-ce à dire que l’imagination serait toujours subordonnée à la raison ?

  11. Simone MANON dit :

    La question du statut de l’imagination est une question trop complexe chez Kant pour une réponse rapide et j’avoue ne pas avoir le courage pendant mes vacances de démêler cette question. Le site: http://www.barbery.net vous y aidera utilement.
    Votre dernière phrase est problématique à plus d’un titre. D’abord il est faux de dire « l »insconscient n’a pas encore été inventé à son époque ». Il y a longtemps qu’on en a une idée même si ce n’est pas l’idée freudienne, encore qu’on trouve déjà celle-ci chez Platon. Pensez à Leibniz, à la notion de « coeur » dans le romantisme, à l’idée de génie chez Kant. Dire que c’est « la nature qui donne ses règles à l’art » n’est-ce pas signifier que l’activité de création a sa part obscure?

  12. Vincent dit :

    Bonjour, j’aurais souhaiter avoir quelques explications de votre part à propos de la question suivante:
    Le jugement de goût s’éduque-t-il ?

  13. Simone MANON dit :

    C’est là un sujet académique que vous avez sans doute à traiter. Il faut le faire par votre propre effort.

  14. Camille dit :

    Bonjour !

    Je me permets de faire appel à vous aujourd’hui. Je suis en terminale (en STI Arts Appliqués pour être plus précise) et nous avons abordé récemment l’art en cours de philosophie.

    J’ai une question sur laquelle je « potasse » depuis quelques temps et sur laquelle j’aimerai connaître votre avis, si bien sûr vous acceptez de me le donner.
    Ma question est la suivante : est-ce qu’il est possible de convaincre quelqu’un de trouver une oevre d’art belle ?

    Pour ma part, étant donné ma formation artistique, c’est une question que je trouve importante.

    Je souhaiterai en discuter avec vous.

    Je vous souhaite de bonnes vacances, en espérant un réponse, ou du moins des références de votre part.

    Sincèrement, Camille

  15. Simone MANON dit :

    Je suis désolée Camille j’ai pour éthique de ne pas dispenser les élèves de penser par eux-mêmes. Vous avez tout ce qu’il faut dans ce cours pour traiter la question avec pertinence. Il suffit d’analyser le mot convaincre, d’interroger ses présupposés et d’exploiter l’analyse de Kant.
    Bon courage.

  16. Theo dit :

    Bonjour Simone,
    Voilà un site bien fait clair et qui fourmille d’informations tout à fait intéressantes ! J’aurais juste voulu avoir une précision bibliographique supplémentaire au sujet de l’opposition entre Bourdieu de Kant. Existe t-il un ouvrage dans lequel ces deux paradigmes sont exposés, car la question m’intéresse et j’aimerais approfondir la question par des lectures.
    Merci d’avance pour votre réponse.
    Bonne fêtes.

  17. Simone MANON dit :

    Merci Theo pour ce message de fin d’année. Je ne peux pas répondre à votre question car je n’ai pas lu d’ouvrage centré sur l’opposition Kant -Bourdieu. Google indique de nombreux articles sur cette question. Peut-être trouverez-vous quelque chose.
    Bonne fin d’année et tous mes voeux de bonheur pour celle qui s’annonce.

  18. jeremias dit :

    merci Mme, j’ai apprecié le travail que vous faites sur ce blog.
    Moi aussi j’ai une question à vous poser Voici la question: le débat sur l’objectivité et subjectivité du jugement esthétique débouche-t-il sur le relativisme?
    Bonne journée

  19. Simone MANON dit :

    L’analyse kantienne établit la subjectivité irréductible du jugement de goût mais ne débouche pas sur le relativisme puisque l’auteur montre que le jugement esthétique implique le postulat d’un sens commun esthétique.

  20. Aurore dit :

    Tout d’abord merci pour ce site très clair et très bien fait , vos articles m’ont beaucoup éclairé!

    Je voudrais savoir si d’autres intellectuels se sont opposés à la thèse de Kant , comme l’a fait Bourdieu?
    Et vous même pensez vous alors qu’il est rééllement possible qu’un jugement esthétique ne soit pas arbitraire? Car c’est très peu souvent le cas dans la société ,surtout au sujet de l’art contemporain qui déroute encore plus les gens qui n’ont aucune culuture artistique
    Pour vous est ce donc avant tout un problème d’éducation? puisque vous parlez de « misère spirituelle » et du fait qu’il faille une pratique pour distinguer les oeuvres
    riches des oeuvres pauvres?

    Kant parle t’il aussi de la nécéssité « d’éduquer » le jugement esthétique ou pour lui est ce seulement un jugement qui s’opère « instinctivement »?

    et une dernière précision , qu’entendez vous exactement par <>? je ne comprends pas cette notion de droit que vous évoquez aussi plus haut <>

    Merci d’avance pour vos réponses , j’espère que mes questions ne sont pas trop longues ou trop confuses.

    Cordialement , Aurore.

  21. Aurore dit :

    Apparement du texte a été effacé au moment de l’envoie, je disais:
    qu’entendez vous exactement par « le beau est ce qui plaît universellement en droit seulement » ? je ne comprends pas cette notion de droit que vous évoquez aussi plus haut :
     » il y a en droit, une universalité de gout »

    Merci

  22. Simone MANON dit :

    L’expression en droit s’oppose à en fait. En fait, (c’est-à-dire selon ce que l’on peut observer), le jugement de goût n’est pas universel. Mais lorsque je juge: « c’est beau », je postule que tous les hommes devraient en droit (telles que les choses devraient être) juger ainsi. J’universalise mon jugement alors même qu’il ne repose que sur un état de ma sensibilité.
    Il ne s’agit pas de dire qu’un jugement esthétique ne peut pas être arbitraire, il s’agit de savoir si l’on peut admettre le principe d’un sens commun esthétique à défaut duquel les hommes ne pourraient pas partager leur expérience esthétique. Ce sens commun est-il une réalité ou une illusion? Est-il l’expression du goût dominant à une époque, donc fondamentalement déterminé historiquement et sociologiquement ou est-il universel et éternel? Se fonde-t-il sur des normes de la raison ou sur des déterminations du sentiment?
    Même un empiriste comme Hume n’explique pas la variété des appréciations humaines en matière esthétique par l’absence d’une universalité naturelle du goût mais par la variété des circonstances dans lesquelles le jugement s’exerce. En l’absence d’une culture de la délicatesse de la perception esthétique, de la pratique d’un art particulier, de la comparaison entre des oeuvres de qualité différente, de l’ascèse des préjugés peut-on prononcer un jugement autorisé en matière de goût? Hume répond non.
    Tout auteur soutenant un relativisme subjectiviste radical est un critique du kantisme. La question est de savoir si une telle thèse n’est pas aporétique.
    Quant à l’art contemporain c’est une autre histoire. Y a-t-il sens à parler de plaisir esthétique en présence de certaines productions? S’il n’y avait pas un certain discours convenu, une oeuvre de Jeff Koons, de Damien Hirst pourrait-elle être défendue?

  23. Aurore dit :

    Merci beaucoup pour ces précisions très rapides! je vais creuser davantage ces questions. Bonne continuation

  24. sarah dit :

    Bonsoir,

    Tout d’abord merci, parce que j’ai lu l’Analytique du Beau, que j’ai trouvé assez difficile et que je suis bien contente d’avoir pu revenir sur certains points grâce à votre site!
    Cependant , le thème de la réconciliation de l’intelligible et du sensible me paraît toujours très abstrait ,auriez-vous un exemple concret qui permette de mieux appréhender cette réconciliation?

    Merci

  25. Simone MANON dit :

    Le sensible renvoie à l’ordre de la sensibilité, l’intelligible à celui de l’entendement. Dans l’art, ces deux facultés qui, comme le montre Platon par exemple sont en conflit dans le rapport à la vérité (cf. allégorie de la caverne), sont réconciliées puisque l’expérience esthétique met en jeu l’une et l’autre. Le plaisir esthétique est à la fois affaire de sensibilité et d’entendement

  26. sarah dit :

    Bonjour

    Alain pense ausssi l’expérience artistique comme une réconciliation mais de l’homme avec la nature.. Alain s’est-il inspiré de la philosophie esthétique de Kant? Si oui, pourquoi Alain trouve-t-il plus judicieux de parler d’une réconciliation avec la nature?
    De plus, est-ce que la théorie d’ Alain n’est-elle pas critiquable, lorsqu’il évoque l’architecture par exemple, Alain dit que la création architecturale doit s’harmoniser avec la nature, que la main de l’homme ne doit pas se faire trop sentir mais laissez s’exprimer la nature… néanmoins l’architecture moderne avec ces grands batiments en verre et en béton nous semble parfois très réussi..?!

    Merci de votre précedente réponse!

  27. Simone MANON dit :

    Je ne peux pas répondre à votre question sans savoir à quel texte précis d’Alain vous faîtes allusion.

  28. sarah dit :

    Bonsoir,
    excusez-moi du manque de précision ,je faisais allusion au Vingt leçons sur les beaux-arts où Alain montre successivement que chaque art est une rencontre heureuse de l’art et de la nature..
    bonne soirée

  29. Simone MANON dit :

    Je vous avoue ne pas avoir le temps de relire le texte d’Alain pour vous répondre avec précision. Canguilhem qui fut son élève a écrit une très belle conférence sur l’esthétique d’Alain que vous pouvez lire sur internet. http://www.cndp.fr/archivage/valid/135422/135422-17251-22368.pdf
    Voyez particulièrement ce passage: « Alain enracine les Beaux-Arts dans les métiers, la poétique dans la technique, la création dans le travail. Mais, c’est parce que, selon lui, l’artisan est déjà, à sa façon et par moments, un artiste, un exploitant d’improvisations. L’artisan d’Alain c’est l’ébéniste de village, le maçon sculpteur, le jardinier. C’est l’artisan d’avant la Renaissance, s’il est vrai que de cette époque date la séparation de l’artisan et de l’artiste. « Toutes les fois que l’idée précède et règle l’exécution, c’est industrie. Et encore il est vrai que l’œuvre souvent, même dans l’industrie, redresse l’idée en ce sens que l’artisan trouve mieux qu’il n’avait pensé dès qu’il essaye ; en cela, il est artiste mais par éclairs. » Quant à l’artiste, « l’idée lui vient ensuite comme au spectateur et il est spectateur aussi de son œuvre en train de naître. Et c’est là le propre de l’artiste. Il faut que le génie ait la grâce de nature et s’étonne lui-même ». Or, c’est là une idée kantienne. Alain citait souvent la formule de Kant : « Le génie, c’est la disposition innée de l’esprit par laquelle la nature donne ses règles à l’art. » Selon Alain, comme selon Kant, l’art prend la suite de la nature, puis prend sa propre suite, sans aucun passage par les formes de la représentation. Plaire sans concept, manifester une finalité séparément de toute représentation de fin, les caractères reconnus par Kant à l’objet esthétique sont retrouvés sans effort à partir de la définition qu’Alain propose de l’œuvre d’art: «Un beau vers n’est pas d’abord en projet et ensuite fait ; mais il se montre beau au poète ; et la belle statue se montre belle au sculpteur, à mesure qu’il la fait ; et le portrait naît sous le pinceau.» Lorsque Kant définit le faire en le distinguant du savoir, il insiste sur ceci que l’art ne consiste jamais à appliquer un savoir préexistant : « Ce que l’on peut dès que l’on sait seulement ce qui doit être fait et que l’on connaît suffisamment l’effet recherché ne s’appelle pas de l’art. Ce que l’on n’a pas l’habileté d’exécuter de suite, alors même qu’on en possède complètement la science, voilà seulement ce qui, dans cette mesure, est de l’art» L’art, selon Alain, c’est le faire surprenant le savoir. « Le travail de l’artiste ne conduit jamais du concept à l’œuvre et le plus beau dans ce qu’il fait est toujours ce qu’il n’a pas prévu, et ne saurait nommer » C’est précisément dans cet écart qu’éclate la nouveauté et que la création se révèle vraiment comme l’inexplicable, étant l’incalculable à l’avance. Il n’y a authentiquement production que là où il ne saurait y avoir ni déduction ni réduction. »

  30. sarah dit :

    Merci pour ces précieuses indications!

  31. Alex dit :

    Bonjour madame, tout d’abord, merci pour tous ces articles qui constituent tous une heureuse lecture !

    J’aurais cependant une question :
    J’ai toujours interprêté la phrase de Kant « est beau ce qui plait universellement et sans concept » comme l’affirmation d’une beauté objective (Une oeuvre serait belle « en soi »). Je pense désormais que ce fut à tort, après avoir lu votre commentaire d’un paragraphe de la Critique de la faculté de juger… En somme, Kant n’affirme pas non plus la subjectivité du jugement de gout, mais plutot une forme d’exigeance de l’individu quand à son jugement, celle de « l’assentiment universel ? » La beauté serait avant tout un sentiment donc ?
    Aussi, il n’est pas si éloigné de Hume (Pourtant empiriste et relativiste) qui affirme que « la beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses en elles-mêmes ». Certes, Hume s’oppose à Kant par la suite quand il affirme la subjectivité du beau : « elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente ». (De la norme du goùt §7)

    Quel serait votre avis ? En espérant que je ne fasse pas de malheureux contresens sur la pensée kantienne…

    Merci d’avance pour votre réponse !

  32. Simone MANON dit :

    Vous devez comprendre que Kant autant que Hume affirme la subjectivité irréductible du jugement de goût. L’esthétique, ne l’oubliez pas, concerne la relation de l’objet au sujet, elle ne concerne pas l’objet en lui-même.
    L’un et l’autre reconnaissent l’existence d’un sens commun esthétique, d’une universalité du goût, mais alors que ce sens commun est chez Kant un concept transcendantal, il est chez Hume un concept empirique. Alors que chez Kant cette universalité subjective est rationnelle (elle ne déduit a priori du jugement de goût), chez Hume il s’agit d’une universalité subjective naturelle essentiellement affective. Pour l’un comme pour l’autre cette universalité du goût n’est pas vérifiable par l’expérience. Ainsi la variété des appréciations humaines en matière esthétique s’explique pour Hume par la variété des circonstances dans lesquelles le jugement s’exerce. En l’absence d’une culture de la délicatesse de la perception esthétique, de la pratique d’un art particulier, de la comparaison entre des oeuvres de qualité différente, de l’ascèse des préjugés un homme ne peut pas prononcer un jugement autorisé en matière de goût. « Aussi bien que les principes du goût soient universels et presque, sinon entièrement, les mêmes chez tous les hommes, cependant bien peu d’hommes sont qualifiés pour donner leur jugement sur une oeuvre d’art, ou pour établir leur propre sentiment comme étant la norme de la beauté »Essais esthétiques, GF Flammarion, p.140.
    Il s’ensuit que pour ces deux auteurs, même si c’est apparemment un paradoxe si vous vous en tenez à la formule que vous citez de Hume, la thèse du relativisme et du scepticisme radical (à chacun son goût) est intenable.
    Pour approfondir voyez la dissertation traitée sur ce blog: peut-on convaincre autrui de la beauté d’un objet?

  33. Alex dit :

    Merci pour votre réponse très rapide !

    Ainsi, l’universalité du goût ne dépend pas de l’objet mais du sujet…
    Mais une de vos phrases m’interpelle : vous dites que pour Hume « il s’agit d’une universalité subjective naturelle essentiellement affective ».
    Je me souviens qu’il dit notamment qu’il est vain de chercher le beau ou le laid réel, et qu’il est vain de discuter des goûts… On peut parler en ce sens d’une forme d’égalité naturelle des goûts, qui dépendent du sentiment de chaque individu, et qui sont donc toujours justes ?

    Sinon, deuxième question : une beauté objective, ou inhérente à l’objet, semble être pensée par Hegel lorsqu’il parle d’une « beauté qui ne s’oppose pas à son objectivité », mais qui « s’unit avec elle ». En somme, nous nous accorderions tous à dire de cet objet qu’il est beau, puisque sa beauté est un principe universel, assimilé par Hegel à la vérité ? (Je faisais allusion ici à un extrait d’Esthétique, tome premier)

    Merci d’avance, et bonne journée !

  34. Simone MANON dit :

    C’est le sentiment de plaisir et de peine qui est au principe de la norme du beau et du laid chez Hume mais cela ne signifie pas que tous les hommes sont qualifiés pour transformer leur sentiment de plaisir en norme du beau.Vous commettez une énorme erreur en attribuant à Hume l’idée d’une égalité naturelle des goûts. La formule de la page 140, que j’ai pris la peine de citer, est claire me semble-t-il. Hume distingue parmi les hommes ceux qui ont une délicatesse de la sensibilité et les autres, les experts en matière de goût et les autres. »Dans toutes créatures, écrit-il, il y a un état sain et un état déficient, et le premier seul peut être supposé nous offrir une vraie norme du goût » p.131. Pour illustrer le principe d’une délicatesse de goût chez certains, voyez l’anecdocte des deux goûteurs de vin dont les autres se moquent avant de découvrir que leur jugement est plus autorisé que les leurs. p.132.
    Quant à Hegel, la problématique est très différente. Voyez le cours de J. Darriulat sur ce point http://www.jdarriulat.net/Auteurs/Hegel/HegelIdeeBeau.html

  35. Alex dit :

    Je vous remercie pour votre site, et surtout pour vos réponses précises (et rapides !) qui m’ont été d’une grande aide durant cette période de révision… du bac ! (Nouvelle Calédonie oblige, je planche demain matin)

    Merci encore, et bonne fin de week-end à vous !

  36. Simone MANON dit :

    Tous mes voeux de réussite.

  37. Alex dit :

    Je pense que cela peut vous intéresser…
    Voici les sujets que nous avons eu ce matin :
    -Le langage nous éloigne-t-il du réel ?
    -Est-il naturel à l’homme de travailler ?
    -Texte extrait de La Rhétorique d’Aristote

    j’ai pris le premier sujet pour ma part…
    Bonne semaine !

  38. Valentin dit :

    Bonjour, merci une nouvelle fois pour cet article qui m’a une nouvelle fois éclairé.
    Je me demandait cependant si l’utilité ne pouvait pas dans certains cas ajouter à la beauté d’un objet.
    Je pense enfait à un exemple bien précis : un but de foot.
    N’importe quel fan pourront le dire : certains but sont, et de façon unanime, « beau ». Sans savoir comment expliquer cette beauté, sans appliqués de critères ou de concept, les milliers de personnes assistant à ce match diront simplement que ce but est beau et auront subit la même émotion en le regardant.
    De plus l’auteur de ce but n’aura pas marquer ce but d’une « belle façon » en en ayant conscience, il souhaitait juste faire gagner son équipe.
    Un but peut donc être considéré comme beau au sens kantien (si je ne fait pas d’erreurs).

    Cependant, certains but sont plus beau que d’autres, et ceci apparait sans qu’on applique consciemment de critères sur l’instant présent. Et ainsi un but « important » sera d’autant plus beau, l’émotion en le voyant d’autant plus grande !

    Un but ne peut-il alors être considéré comme beau simplement parce que celui-ci a eu une importance certaine dans le cours d’un match? Ou ne pourra-t-il seulement pas être considéré comme plus beau qu’un autre de par son importance (bien que, unanimement des fans pourront affirmer qu’il leur a apporter une plus grande émotion)?

  39. Simone MANON dit :

    Veillez au bac, Valentin, à corriger votre expression. Pour cela il faut vous relire.
    Voyez la réponse plus haut à Marie H pour la distinction kantienne entre la beauté adhérente et la beauté libre. Problématique qui est engagée par vos remarques.
    Bien à vous.

  40. Vincent dit :

    J’ai regretté que les deux pensées soient mises côte à côte, mais ne soient pas véritablement confrontées. Ou plutôt, la problème se termine par une aporie (« ne faut-il pas admettre …? »). Par ailleurs, la thèse bourdieusienne n’est pas très approfondie… L’article est au demeurant clair et riche.

    Cordialement.

  41. Simone MANON dit :

    Vous avez raison, je n’approfondis par Bourdieu, je lance seulement une discussion que je continue dans l’article intitulé: le philistinisme cultivé.
    Bien à vous.

  42. dumond quentin dit :

    bonjour j’aimerais savoir si on puisse discuter du beau?

  43. Simone MANON dit :

    Je n’interviens pas dans le travail des élèves. Vous avez quantité d’articles sur ce blog pour éclairer votre lanterne. Voyez par exemple: Peut-on convaincre autrui de la beauté d’un objet?
    Bon travail.

  44. Nicolas dit :

    Bonjour

    Je m’intéresse à la démarche de l’artiste Marcel Duchamp. D’une certaine manière, ne remet-il pas en cause l’idée que l’art et donc l’œuvre d’art n’est que pure satisfaction désintéressé ?
    Avec ses ready made, Duchamp met en avant et dénonce que l’œuvre ne devient œuvre que si elle est signée, vue et exposée, qu’importe sa valeur esthétique.

  45. Simone MANON dit :

    Bonsoir
    Duchamp opère une subversion radicale des catégories traditionnelles de l’esthétique.
    Voyez dans l’article: qu’est-ce qu’une oeuvre d’art? le petit paragraphe qui lui est consacré.
    Bien à vous.

  46. Rémy dit :

    Bonjour,
    Voilà j’aurai voulu que vous m’éclairiez sur ce que Bourdieu dénonce dans la thèse de Kant car pour être franc je ne comprends vraiment pas … J’ai bien pris connaissance de ce que vous avez répondu à Mathilde sur la question mais ça ne m’a pas vraiment aidé.
    Une aide de votre part me serrai bien utile.
    Merci d’avance, cordialement.

  47. Simone MANON dit :

    Bonjour Rémy
    Je ne vois pas l’intérêt de répéter ce qui a déjà été dit. Nul ne peut faire l’effort de comprendre à votre place. Mais peut-être n’avez-vous jamais lu Bourdieu? C’est par là qu’il faut commencer.
    Bon travail.

  48. Pierre Cabannes dit :

    Bonjour,
    Lorsque que vous interprétez Bourdieu par le paragraphe suivant ne pensez vous pas que la pensée initiale de Kant est légèrement détournée de son sens premier qui tendait plutôt à démontrer qu’il y a dans les grandes œuvres un caractère universel qui n’est pas déterminée subjectivité primaire de chacun ?

    « Ne faut-il pas admettre qu’il y a , en droit, une universalité du goût mais que celui-ci doit être éduqué au contact des grandes œuvres, comme l’intelligence de chacun doit être éduquée au contacte des grandes œuvres intellectuelles ? Ne faut-il pas dénoncer le caractère démagogique d’un discours flattant le barbouilleur d’une toile en lui laissant croire que ce qu’il fait est comparable à un Rembrandt ou à un Braque ; que tout se vaut et que nul n’est habilité à distinguer le beau du laid en prétendant à l’universalité ? »

    Bien que je sois en phase avec la thèses de Bourdieu, je pense également qu’il y a une base commune dans leurs réflexions 🙂

    Merci pour vos lumières !

    Pierre

  49. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Bien que Bourdieu fasse un clin d’oeil à Kant dans son Post-Criptum à la distinction en affirmant proposer « une critique sociale du jugement » (intitulé du sous-titre), il est clair que sa « critique » est une critique radicale de la « critique de la faculté de juger ». Il y affirme son refus de la tradition de l’esthétique philosophique. On ne peut concilier les thèses d’un auteur qui théorise le principe de l’existence d’un sujet transcendantal et celle d’un autre qui la disqualifie en exhibant les déterminations sociales du sujet. Soit le jugement de goût suppose un sens commun esthétique, soit il n’est que la légitimation du goût d’une classe sociale dominante.Il faut choisir.Les deux analyses ne sont pas compatibles et si elles se rencontrent dans le souci d’interroger les conditions de possibilité du jugement de goût, les résultats de l’analyse sont antinomiques.
    Bien à vous.

  50. Kuss dit :

    Bonsoir,

    Je me permets de vous déranger en vous demandant quelques précisions. Je suis actuellement élève de classe préparatoire littéraire et le sujet de ma kholle de philosophie est « le jugement esthétique ». Je vois bien que Kant revient toujours et encore mais j’aimerais élargir mes horizons avec d’autres textes si vous en connaissez.

    En vous remerciant,
    Bonne soirée et bravo pour vos articles !
    Mathilde Kuss

Laisser un commentaire