Elle se distingue du simple effet naturel en ce qu'elle est le produit d'une activité humaine. Même si nous le trouvons beau, le chant du rossignol n'est pas une œuvre d'art, et si le « vol du bourdon » en est une, c'est parce qu'elle a un ouvrier : le compositeur Rimski- Korsakov.
Cf. Kant : « L'art se distingue de la nature comme le « faire » (facere) l'est de « l'agir » ou du « causer » en général (agere) et le produit ou la conséquence de l'art se distingue en tant qu'œuvre (opus) du produit de la nature en tant qu' « effet » » Critique de la faculté de juger.
Relèvent de l'art, ainsi défini, aussi bien l'activité artisanale, technicienne, industrielle que l'activité artistique. Avant le 17° siècle d'ailleurs, l'école des Beaux-Arts ne se distingue pas de l'école des Arts et Métiers.
L'Académie distingue en 1762 les deux ordres :
-Artiste : Celui qui travaille dans un art où le génie et la main doivent concourir : un peintre, un architecte sont des artistes.
-Artisan : ouvrier dans un art mécanique, homme de métier.
Il s'ensuit que si toute œuvre d'art est œuvre, toute œuvre n'est pas œuvre d'art.
PB : A quoi reconnaît-on le caractère artistique de l'œuvre ?
B) L'être artistique de l'œuvre d'art.
Il faut bien avouer que la réponse à cette question ne va pas de soi.
1) Classiquement les critères énoncés sont les suivants :
a) L'œuvre d'art se distingue quant à sa fin.
Elle n'a pas en soi de vocation utilitaire. Elle est à elle-même sa propre fin. Au contraire, un objet artisanal, industriel, technique a d'abord pour fonction de satisfaire des besoins.
En ce sens, l'art est une activité libérale par rapport à une activité utilitaire ou une activité désintéressée par rapport à une activité mercenaire (Activité exercée en échange d'un salaire).
L'œuvre d'art, remarque Kant, est le résultat d'une activité non contrainte, non forcée, ne convenant qu'à des hommes libres. Comme tel, l'art s'apparente à un jeu. Il est en lui-même une activité agréable que l'on distingue du travail : « activité qui est en elle-même désagréable (pénible) et qui n'est attirante que par son effet (par exemple la salaire) et qui par conséquent peut être imposée de manière contraignante » Kant.
PB : Ce critère est problématique, dans la mesure où il définit l'art comme une activité autonome, ayant sa fin en soi, or l'autonomisation de l'art est un fait historique relativement récent.
En gros jusqu'à l'avènement de la modernité esthétique (2° moitié du 19°siècle) l'art est une activité subordonnée, tant dans ses moyens que dans ses fins. L'artiste est un homme de métier, même si à partir de la Renaissance, il se veut quelque chose d'autre qu'un simple artisan. Il reçoit commande et doit satisfaire les besoins de ceux qui font appel à ses services. Dans le monde antique et médiéval, l'art est au service du sacré tel qu'il est codé par la religion positive, ensuite il sert les valeurs des classes dominantes (aristocratie et bourgeoisie). Dans ces situations, l'art n'est pas une activité libérale. C'est une fonction sociale. L'artiste n'est libre ni de choisir son sujet, ni de transgresser les règles du goût commun. Aussi y a-t-il accord entre les artistes et le public. Ils partagent les mêmes valeurs et s'accordent sur les critères de qualité. Le style de l'artiste, malgré des variantes personnelles correspond à ce qu'on définit socialement comme une œuvre réussie.
Cet accord se fracture avec la modernité. L'artiste conquiert son autonomie contre une tradition à laquelle il refuse le droit de définir son rôle et de prescrire ses modèles. La communauté d'évidence liant l'artiste à la société et à sa symbolique cesse d'être, au 19° siècle, une réalité vivante. Désormais « les artistes commencent à se savoir plus au moins sans lieu défini » écrit Hans Gadamer dans L'Actualité du Beau. 1992, et il leur faudra se créer leur propre communauté.
b) L'œuvre d'art se distingue quant aux moyens d'exécution.
Par rapport aux Beaux-Arts, les Arts et Métiers mettent en jeu le métier.
Le métier s'apprend. Il est une manière d'agir reposant sur des règles et sur un savoir (empirique ou rationnel) qu'il suffit de maîtriser pour avoir compétence dans un domaine donné. Cela suppose bien sûr l'exercice, de solides apprentissages permettant de conquérir de l'habileté et tout grand artiste commence par là. Les grands peintres de la Renaissance se forment, des années durant, dans l'atelier de leurs illustres prédécesseurs. Ils apprennent à devenir d'habiles artisans aptes à exceller dans toutes les opérations nécessaires à la production d'une œuvre bien faite.
Mais la maîtrise des règles du métier ne suffit pas à faire un artiste.
Car l'art a pour fin le beau, or il n'y a pas un concept de l'œuvre belle préexistant mentalement à son exécution, et telle que sa représentation pourrait déterminer les règles à mettre en œuvre pour la produire. Par là l'objet d'art se distingue de l'objet technique. La fonction de ce dernier déterminant ce qu'il doit être, il est possible de le concevoir et de définir les opérations nécessaires à sa production. Rien de tel dans l'art.
Aussi la création artistique recèle-t-elle un mystère : celui du rapport de la spontanéité et des règles.
L'artiste ne peut pas concevoir par principe, l'agencement des moyens de son œuvre, il les sent et les donne à sentir en présentant son œuvre. Celle-ci prend forme au fur et à mesure qu'il la produit. Il est tout autant l'auteur que le spectateur de l'œuvre en gestation et si celle-ci implique un jeu avec les règles d'un métier parfaitement bien assimilées, elle fait aussi intervenir la richesse spirituelle et le goût de son créateur :
-
Son goût car la capacité de distinguer le beau du laid, la réussite d'une forme, couleur, dessin, enchaînement de notes ou de mots, est l'objet d'un jugement. En composant le poème ou en peignant la toile, l'artiste juge ce qui convient et ce qui ne convient pas. Il élimine telle touche, en ajoute une autre, reprend son geste pour obtenir ce qu'il recherche et dont il ne saura ce que c'est que lorsqu'il l'aura obtenu. Kant pointe cette importance du jugement dans l'activité créatrice lorsqu'il écrit : « Le goût, comme faculté de juger en général est la discipline du génie ; il lui rogne les ailes, le civilise, et le polit ; en même temps il lui donne une direction, lui montrant en quel sens et jusqu'où il doit s'étendre pour demeurer dans les limites de la finalité » Critique de la faculté de juger. § 50. En ce sens l'œuvre achevée est une surprise pour son créateur et il est incapable de définir les règles ayant assuré la réussite de l'œuvre. « Un beau vers n'est pas d'abord en projet et ensuite fait, mais il se montre beau au poète. Ainsi, la règle du beau n'apparaît que dans l'œuvre et y reste prise en sorte qu'elle ne peut servir d'aucune manière à faire une autre œuvre » Alain. Ex : Lorsque Flaubert commence la rédaction de son roman : « Madame Bovary » il n'a qu'une vague idée de ce qu'il entreprend. Le roman prend forme à mesure qu'il l'écrit et l'auteur ne sait ce qu'il voulait faire qu'une fois l'œuvre terminée.
-
La puissance de ses idées aussi, la richesse de son imagination ("reine des facultés" selon Baudelaire) pour donner à son œuvre le souffle sans lequel elle ne brillerait que par sa technicité. L'artiste fait de ses idées la matière même de son oeuvre. Sans cette matière, l'œuvre est sans âme, privée de la profondeur spirituelle s'exhibant dans la réussite d'une forme. Le miracle de l'art est de rendre sensible du sens et s'il est impossible de disjoindre en lui le fond et la forme, il va de soi que la gloire de la forme est tributaire de la densité du sens dont elle rayonne. Lorsque cette dimension est absente, l'art n'est plus qu'effets, sans intérêt pour ceux qui lui demandent de combler des besoins spirituels. Rimbaud disait de la poésie qu'elle est « de l'âme pour l'âme » Lettre à P. Demeny. L'émotion esthétique ne s'y trompe pas. Déserté par la profondeur du sens, l'art ne suscite plus qu'ennui.
PB : Il y a donc un mystère de la création du beau. D'où vient la puissance spirituelle d'un homme, d'où vient sa capacité à trouver le moyen de produire un effet qu'il semble le seul à obtenir ?
Impossible de l'expliquer d'une manière claire. Il s'ensuit que, parce que l'activité créatrice du beau est « compliquée à miracle » selon la formule de Nietzsche, on a été tenté d'en faire « un miracle » et on a recouru à l'idée de génie.
Pourquoi « un miracle » ?
Parce que le terme a des connotations religieuses. Kant le rappelle d'ailleurs au terme d'une analyse qui se veut surtout descriptive de la singularité de l'activité artistique. « Le mot génie est vraisemblablement dérivé de genius, l'esprit particulier donné à un homme à sa naissance pour le protéger et le diriger, et qui est la source de l'inspiration dont procèdent ces idées originales ». Critique de la faculté de juger § 46.
A défaut de pouvoir s'expliquer clairement le processus de la création, on en rapporte donc le principe à une sorte de « part divine » qui arracherait le créateur d'un chef-d'œuvre à l'ordre des choses humaines et lui conférerait une dimension surhumaine. Le génie serait l'enfant chéri des dieux ou en terme kantien de la nature.
Cf. L'analyse de Kant : « On voit par là que le génie :
1° est un talent, qui consiste à produire ce dont on ne saurait donner aucune règle déterminée ; il ne s'agit pas d'une aptitude à ce qui peut être appris d'après une règle quelconque ; il s'ensuit que l'originalité doit être sa première propriété ;
2° que l'absurde aussi pouvant être original, ses produits doivent en même temps être des modèles, c'est-à-dire exemplaires et par conséquent, que sans avoir été eux-mêmes engendrés par l'imitation, ils doivent toutefois servir aux autres de mesure ou de règle de jugement ;
3° qu'il ne peut décrire lui-même ou exposer scientifiquement comment il réalise son produit, et qu'au contraire c'est en tant que nature qu'il donne la règle ; c'est pourquoi le créateur d'un produit qu'il doit à son génie, ne sait pas lui-même comment se trouvent en lui les idées qui s'y rapportent et il n'est pas en son pouvoir ni de concevoir à volonté ou suivant un plan de telles idées, ni de les communiquer à d'autres dans des préceptes, qui les mettraient à même de réaliser des produits semblables » Ibid.
L'œuvre d'art se caractérise ainsi par son caractère unique, original, exemplaire.
Pour dire cette réussite, on dit qu'elle est belle et on définit les Beaux-Arts comme les arts du génie.
PB : Qu'en est-il de cette conception de l'art comme art du génie ?
N'y a-t-il pas là un rapport imaginaire à la production artistique ? Tel est le soupçon nietzschéen dont le marteau fait voler en éclat cette idée d'une spécificité de l'art. En réalité affirme Nietzsche, il n'y a pas de différence de nature entre les diverses activités humaines, qu'il s'agisse de celle du savant, du technicien ou de l'artiste. Toute œuvre de grande envergure découle de l'excellence d'une formation, d'un travail rigoureux, « d'une pensée active dans une direction unique », d'une élaboration patiente des matériaux utilisés, d'essais et d'erreurs que nous avons le tort d'occulter pour n'être sensibles qu'à la réussite finale. Qualifier l'œuvre de géniale ne serait, selon la généalogie nietzschéenne, que l'aveu de la vanité et le goût de la facilité permettant de se dispenser de faire l'effort de rivaliser. Cf. Cours.
2) Aujourd'hui les critères sont moins clairs.
Cette nouvelle donne procède de la rupture revendiquée par de nombreux artistes entre art et beauté.
Barnett Newman (école de New York) écrit en 1948 : « Le mobile de l'art moderne a été de détruire la beauté... en niant complètement que l'art ait quoi que ce soit à voir avec le problème de la beauté ».
Il s'ensuit qu'on nous demande de séparer radicalement la démarche artistique de la démarche esthétique. L'œuvre d'art ne relève plus de ce que Kant appelait le jugement esthétique ou jugement de goût.
La soumettre à ce jugement revient à accepter que l'art n'ait pas d'autonomie, que son évaluation relève d'une instance extérieure à la création elle-même. Or la tendance lourde de l'art contemporain est de revendiquer l'autonomie du geste artistique, d'affirmer la souveraineté de l'artiste, maître des règles du jeu qu'il soumet à un spectateur.
D'où le glissement de la question : on ne se demande plus, comme c'était le cas à l'époque où l'on admettait la qualité esthétique de l'œuvre d'art : « Qu'est-ce que l'œuvre belle ou le chef-d'œuvre ? Mais qu'est-ce que l'art ? ».
Si hier, l'artiste tenait son statut d'artiste de la nature de l'objet qu'il produisait, l'œuvre d'art tient aujourd'hui son propre statut d'un auto décret de l'artiste lui-même ou de l'institution qui le cautionne.
Ex : Donald Judd (mouvement minimaliste). « Si quelqu'un appelle cela de l'art c'est de l'art ».
En 1917, Marcel Duchamp présente un objet industriel produit par R Mutt ; un urinoir qu'il intitule Fontain et déclare que le ready-made (l'œuvre déjà faite) est une œuvre d'art.
Le geste de Marcel Duchamp est iconoclaste. Son projet consiste à démystifier la sacralisation de l'artiste que la Renaissance avait opérée. Ce faisant il introduit de nouveaux critères de l'œuvre d'art :
-Il souligne le caractère œuvré de l'œuvre d'art. Il s'ensuit que l'art n'est pas que dans les musées. Il est aussi dans la rue, dans les objets d'usage, les objets techniques, les affiches. Toute une tendance de l'art contemporain consiste à conférer les lettres de noblesses de l'art à ce que la tradition avait disqualifié comme tel. La frontière entre l'art et la vie se brouille, le monde dans lequel nous évoluons ayant été, de fait, profondément transformé par l'art moderne. Les maîtres du Bauhaus ont inspiré les designers industriels, l'art cinétique de Vasarely la mode et les sigles des grandes entreprises comme la FNAC ou Renault.
César peut donc présenter comme œuvre d'art ses compressions de voiture et Andy Warhol la bouteille de Coca-cola en noir et blanc ou la Marilyn des affiches où on a l'habitude de la voir.
-Marcel Duchamp établit aussi que le caractère artistique de l'œuvre procède essentiellement du regard porté sur elle. Dans la vie courante la présence de l'objet urinoir disparaît sous sa fonction. L'objet utile, l'objet ayant une valeur d'usage cesse d'exister dans son insolite présence et dans ses propriétés formelles. Exposé dans un musée, il se met à exister dans cette dimension ordinairement occultée parce qu'il s'offre à un autre type de regard. Ce qui est une manière de décliner une grande leçon de l'esthétique classique : l'art donne à voir. « L'art n'imite pas le visible, il rend visible » disait le peintre Paul Klee.
Mais plus fondamentalement Duchamp nous invite à une réflexion sur l'art. Il traduit une tendance lourde de l'art contemporain qui est moins de donner à voir que de donner à penser l'art, en mettant en évidence les conditions de visibilité de l'œuvre d'art. Celle-ci requiert pour exister la mise en déroute du rapport pragmatique au réel, des significations traditionnelles, des évidences collectives. L'art contemporain est donc substantiellement lié à la subversion, à la critique sociale, politique, philosophique, à l'expérimentation.
Ainsi de nombreux artistes font l'économie du tableau ou de la sculpture. L'art conceptuel, par exemple, entend substituer l'idée ou le projet de l'œuvre à sa réalisation. Avec d'autres artistes l'œuvre est la mise en scène d'un objet d'usage dans un lieu où il s'impose dans son énigmatique présence. Notre monde étant un monde d'objets techniques, les artistes révèlent et interrogent ce monde là.
Ex: Chris Burden expose à la 4° Biennale d'art contemporain de Lyon en 1997 un bulldozer volant de douze tonnes.
Bertrand Lavier nous confronte à un réfrigérateur dont l'étrange réalité s'impose dès lors qu'il cesse d'être un objet de consommation, simple objet utile que je ne vois plus lorsque je l'ouvre pour prendre un yaourt.
Le pop art montre le monde de la représentation, celui des affiches, de la publicité mais aussi du musée traditionnel comme c'est le cas avec les dizaines de Mona Lisa chez Warhol ou les séries entières de Lichtenstein d'après Mondrian ou Picasso.
Au fond, l'art est devenu « contemporain » en s'alignant sur notre vie de tous les jours, en en reflétant et en en induisant en même temps la dimension critique. Aussi les œuvres d'art contemporaines déstabilisent-elles les catégories traditionnelles de l'esthétique.
Par exemple, la notion de pérennité est disqualifiée. De nombreuses œuvres n'existent que le temps de la performance de l'artiste. Le body art. Les happening (littéralement, ce qui est en train d'arriver). Les empaquetages du Reichstag (1971 à 1975) ou du Pont Neuf à Paris en 1985 par Christo et Jeanne- Claude.
La notion d'unicité et d'originalité subit le même sort. De nombreux artistes défendent l'idée « d'une œuvre ouverte » où l'artiste n'est, pas plus l'auteur de l'œuvre, que les spectateurs. Cf. Sarkis qui cherche des interprètes de son œuvre à la manière d'une partition musicale.
Le spectateur est appelé à être le co-producteur d'une œuvre en mouvement.
Marcel Duchamp disait : « Je donne à celui qui la regarde autant d'importance qu'à celui qui l'a faite ».
Partager :
Share on Facebook | Pin It! | Share on Twitter | Share on LinkedIn |
[…] A lire pour réfléchir sur l'art… […]
[…] » Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art? […]
Bonjour, je me demandais ce que vous auriez à dire sur si l’art doit être mimétique ou non ?
Merci d’avance!
Bonjour
C’est une belle question que vous avez à traiter. Il faudra vous demander si une telle obligation pourrait être fondée et vous découvrirez par vous-même que les principes au nom desquels on pourrait fonder une telle nécessité morale ne résistent pas à l’examen.
Bien à vous.
[…] A lire pour réfléchir sur l'art… […]
[…] » Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art? […]
L’art « figuratif » est-il le contraire de l’art « non figuratif « ?
Bonjour
Je ne prends la peine de répondre qu’aux internautes témoignant de la plus élémentaire des politesses. C’est ce qu’il faut vous empresser d’apprendre.
Bien à vous.
Bonjour Madame,
« Le corps humain comme objet d’œuvre d’art »
Comment au regard du droit français est-ce considéré, et quelles seraient les limites acceptables pour le « corps ».
Voilà le sujet qui m’occupe actuellement.
Auriez-vous des pistes de travail à me conseiller, s’il vous plaît ?
Bien à vous.
Bonjour
Votre premier travail est d’étudier scrupuleusement le droit français sur cette question et celui d’autres pays si vous avez à élargir l’enquête.
Voyez sur ce blog le cas Orlan dans l’article: peut-on légitimer les pratiques de marquage du corps?
Bien à vous.
Merci Madame, tout spécialement pour la référence au cas Orlan.
Bien à vous.
Bonjour Madame,
Je me fais cette remarque en retrouvant sous votre plume cette idée admise de tous, il me semble, selon laquelle la modernité aurait été ce moment spécifique de l’histoire de l’art où l’artiste se serait en somme libéré des contraintes sociales pour exprimer enfin sa subjectivité, ou si vous préférez son intériorité. Je comprends tout à fait cette idée dans la mesure où les artistes répondaient à des commandes et produisaient des objets dont la beauté reflétait les critères du moment, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que les artistes ont toujours exprimé leur intériorité et leur singularité. Le style original des grands artistes leur appartient pleinement et n’appartient qu’à eux. Comparons les artistes d’une même époque, chacun avait sa griffe, son univers, ses propres obsessions, ses démons et tout cela transparaissait dans les oeuvres, vous n’êtes pas d’accord?
Merci
Bonjour
Que l’artiste ait toujours joué avec les règles pour affirmer sa singularité est une chose, qu’il se soit institué à un certain moment de l’histoire dans son autonomie en est une autre. Il n’y a pas antinomie entre ces deux affirmations. Je vous renvoie à mon cours sur la modernité pour bien prendre conscience de la rupture historique qu’elle incarne.
Bien à vous.
Bonjour
Oui, je comprends, merci beaucoup!
felicitation! Mrs Simone MANON. Mais quand est-ce qu’on peut decouvrir qu’on est un artiste?
Bonjour
Il n’est pas facile de répondre à votre question surtout dans une époque où il suffit à beaucoup de se croire artiste pour prétendre l’être.
Disons qu’un artiste est une personne capable de faire œuvre qu’il s’agisse d’écriture, de peinture, de sculpture, de musique, etc.
Cette création doit répondre à une sorte de nécessité intérieure, car s’il est possible de vivre, de respirer sans ressentir dans la durée cette nécessité, on n’est sans doute pas un véritable créateur.
Voyez le propos du poète Rilke dans sa réponse au jeune poète: « Demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit: « Suis-je vraiment contraint d’écrire? » Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple: « je dois », alors construisez votre vie selon cette nécessité » Lettres à un jeune poète, I.
Bien à vous.
[…] Pour chaque escale sur un continent, nous allons bien sûr situer le continent sur un planisphère et mes élèves colorieront au fur et à mesure de l’année les continents visités sur leur fiche : Ils situeront ensuite les pays visités sur un autre planisphère plus détaillé : » Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art? […]
Re-Bonjour
La lecture de cet article me permet de me remémorer l’idée nietzschéenne selon laquelle le génie ne serait au fond que le résultat d’un travail acharné, fait d’échecs et de repentirs… Tout ce qu’il dit paraît de bon sens, pourtant je ne peux chaque fois m’empêcher de comparer le génie artistique au génie humoristique ou au charme. N’est-il pas vrai que le sens de l’humour ne s’apprend pas, ni l’élégance d’une démarche, ou le vibrato d’une voix (Ray Charles) ? Pourquoi n’en irait-il pas de même en art? N’est-il pas vrai qu’il y a chez certains quelque chose comme un don qu’aucun travail ne permet d’acquérir? Pourquoi rejeter cette possibilité?
Re-Bonjour
Je crois que Nietzsche a raison de dire que la notion de génie a tout d’un asile d’ignorance. Nous qualifions ainsi une activité compliquée à souhait dont le mystère procède sans doute du fait qu’elle synthétise quantité d’éléments: une idiosyncrasie personnelle, une monomanie, un travail constant, des rencontres, etc.
L’analyse nietzschéenne n’est absolument pas réductrice. L’auteur analyse avec beaucoup d’acuité une expérience qui ne lui est pas étrangère. Seul un génie de la pensée pouvait avoir quelque autorité pour démystifier cette idée de don si commode pour simplifier ce qui est complexe.
Je vous renvoie à l’article où je présente cette thèse si dérangeante.
https://www.philolog.fr/la-critique-nietscheenne-du-genie/
Bien à vous.
Madame,
Quand vous dites que l’art a pour fin le beau, est-ce toujours le cas?
Je n’étais pas dans le cerveau de la Fontaine quand il a écrit ses fables, mais j’ai quand même l’impression que le beau n’était chez lui qu’un moyen pour faire passer des messages et non une fin en soi. Je ressens la même chose quand je vois Guernica de Picasso. Qu’en pensez-vous?
Par contre, il est vrai que lorsque je suis devant une peinture impressioniste, je n’y vois pour fin que du beau effectivement.
Bonjour
Si le propre de l’artiste était de « faire passer un message » il lui suffirait de parler, il n’aurait pas besoin de produire une œuvre. https://www.philolog.fr/lart-est-il-langage-hegel/
Cela dit, l’art a souvent été instrumentalisé. Pensez au surréalisme qui en fait un moyen d’exploration de l’inconscient, à l’époque soviétique qui en fait un moyen de propagande, à de nombreuses productions contemporaines qui rabattent l’œuvre au rang d’instrument subversif.
Le critère classique pour qualifier l’œuvre d’art est le beau et ce que poursuit un grand artiste est la réussite formelle de l’œuvre. Mais il se trouve que bien que silencieux (Cf. Malraux : les arts du silence), le beau est éloquent. La densité (de sens) du fond est tributaire de la puissance de la forme (la beauté sensible).
Guernica, les fables de la Fontaine n’auraient pas le rayonnement qui est le leur si ces œuvres n’avait aucune réussite formelle. Tout le monde peut épingler l’horreur de la guerre ou édicter des préceptes moraux, mais n’est pas Picasso ou la Fontaine qui veut.
Tous les grands romanciers mettent en scène l’amour, la vie, la mort etc., ce n’est pas la matière qui importe, c’est la manière dont cette matière est mise en forme. Plus la forme est glorieuse, plus le fond s’exhibe dans sa puissance signifiante.
PS: il me semble que la problématisation du critère énoncé n’est pas absente dans cet article.
Bien à vous.
Je vous remercie pour cette réponse très enrichissante. Je ne peux qu’être d’accord avec ce que vous dites. Je pensais simplement que si le propre de l’artiste était effectivement son art, c’était aussi dans certains cas parce qu’il avait quelque chose à dire au départ. Et son art était le moyen de l’exprimer et non une fin en soi. Apparemment, je me suis trompé.
Bien à vous et encore merci.
Bonjour Madame,
D’après ce que j’ai lu vous parlez de spiritualité, ce qui me pousse à me demander si l’oeuvre d’art nous conduit-elle à plus de lucidité?
Bonjour
Il n’y a pas de réponse générale à votre question. Tout dépend de la nature de l’œuvre d’art. Lorsque l’art est instrumentalisé à des fins de propagande politique (Ex: le réalisme socialiste) ou d’exploration de l’inconscient (Ex: certaines œuvres surréalistes); lorsqu’il exploite le mauvais goût, la vulgarité (la porno-culture, le kitsch ) il n’y a guère de sens à parler d’un gain de lucidité ou de spiritualité.
Bien à vous.
Simone vous êtes admirable, merci.
c’est vraiment dur de vous suivre. on sent qu’il y a une logique, mais je parviens que tres difficilement à comprendre.
un exemple :
« Le miracle de l’art est de rendre sensible du sens et s’il est impossible de disjoindre en lui le fond et la forme, il va de soi que la gloire de la forme est tributaire de la densité du sens dont elle rayonne. Lorsque cette dimension est absente, l’art n’est plus qu’effets, sans intérêt pour ceux qui lui demandent de combler des besoins spirituels. Rimbaud disait de la poésie qu’elle est « de l’âme pour l’âme »
de ce paragraphe, je ne tire aucune conclusion, je lis mais sans rien comprendre. pourtant il est marqué « qu’il va de soi que la gloire de la forme … » mdr je me sens complètement paumé.
pourquoi la philosophie est-elle aussi difficile d’accès ? pour autant je compte m’accrocher pour essayer d’assimiler les chapitres de ce sites que je trouve très bien réalisé. mais j’ai l’impression que je n’y arriverais jamais. avez vous un conseil à me donné à part de m’obstiner à essayer de comprendre, ce que je fais depuis un bon petit moment.
merci à vous
Bonjour
Il ne faut pas vous décourager. La réflexion philosophique n’est pas immédiatement d’accès facile mais les difficultés s’estompent à mesure que l’on se familiarise avec le langage et l’intentionnalité philosophique.
Dans tous les cas il s’agit de rendre intelligible quelque chose, ici le propre de l’œuvre d’art. C’est une chose matérielle (pour la musique un ensemble de sons, pour la peinture une toile recouverte de lignes et de couleurs), elle s’offre à nos sens mais d’une autre manière que celle de n’importe quel objet sensible. Elle a le pouvoir de nous émouvoir à la fois dans notre dimension corporelle et notre dimension spirituelle, elle est donc un sensible d’un genre particulier parce qu’elle ouvre sur du sens. Par exemple un portrait nous émeut à raison du sens qu’il rend sensible: les fêlures d’une existence éprouvée, le rayonnement d’un être conquérant et comblé, la misère existentielle ou la paix de l’âme, etc.
Le sens peut être riche ou pauvre. Certaines œuvres témoignent d’un certain talent sur le plan formel mais quand elles manquent de profondeur spirituelle, on n’a affaire qu’à des effets insignifiants ou pauvrement signifiants. Voilà pourquoi je dis que la réussite de la forme est inséparable de la richesse du sens qu’elle rend sensible. On ne peut séparer le fond et la forme en art. C’est dans la réussite (la gloire) d’une forme que le sens se donne à sentir, réciproquement la réussite de la forme est tributaire de la richesse du sens dont elle rayonne.
Mon seul conseil: ne jamais répéter ce que l’on n’a pas compris. Je suppose que vous avez un professeur. Lui demander d’exprimer autrement la signification afin que vous parveniez à la maîtriser.
Vous aurez compris lorsque vous serez capable d’exprimer avec vos propres mots les mêmes significations.
Si mes cours sont d’accès trop difficile, cherchez sur la toile d’autres cours que vous trouverez peut-être plus faciles. Ne vous obstinez pas dans une voie sans issue. On progresse par paliers mais chaque niveau implique certains prérequis.
Tous mes vœux de réussite dans votre apprentissage de la philosophie.
Bien à vous.
merci pour vos encouragements. votre réponse m’a beaucoup motivé. je vais suivre tous les bon conseils que vous m’avez donné.
amicalement!
Bonsoir Madame,
Etant apprenti-plasticienne du fait de mon option de spécialité, ces réflexions sur l’Art m’intéressent et me questionnent à la fois beaucoup.
Si je comprends bien vos propos, l’art moderne puis contemporain tendraient à devenir autonomes, affranchis des codes sociaux, de l’utilité même des choses (retirer ainsi la fameuse étiquette apposée par le langage selon Bergson).
Mais ce détachement à un code, à une règle définie, qui a été pour le maniérisme le soucis du détail ou pour l’Art Antique le réalisme le plus pointu, n’amènerait-il pas à un paradoxe ?
Le code serait de ne plus en avoir. Le sacré de l’Art serait d’être iconoclaste. Cette nécessité absolue de renverser les codes pré-établis, de revendiquer sa liberté de créer, de s’engager véritablement, devient première. L’hégémonie de l’art contemporain est telle que cet Art devient lui même une catégorie dans laquelle on entre ou pas.
Le-la peintre qui se contentera de reproduire la coupe de fruits de son intérieur sera inconsidéré(e); relégué(e) au rôle « d’artiste du dimanche » car dépourvu(e) d’idée, de conceptualisation.
Peut-être cette réflexion est tordue est ô combien mal amenée mais j’ai de plus en plus cette sensation que l’Art contemporain se (dé)limite, rejette et inclut constituant son propre champ de codes et de règles.
Merci par avance de l’attention que vous porterez à mon interrogation !
Bonjour
Non, votre réflexion n’est pas « tordue » mais parfaitement lucide sur ce qui caractérise la production artistique dans une époque où ce qui est labellisé « art contemporain » impose son hégémonie sur le marché.
Voyez ces articles: https://www.philolog.fr/regard-sur-lart-contemporain-marc-fumaroli/
https://www.philolog.fr/le-philistinisme-cultive/
https://www.philolog.fr/quest-ce-que-la-modernite/
Bien à vous.
Bonsoir Madame
Dans un livre intitulé Le sens du beau, Luc Ferry nous explique qu’à la fin du XVIIIème siècle, trois réponses sont apportées à la question des critères du beau. Je résume en paraphrasant : 1 / Celle, rationaliste, selon laquelle l’universalité du bon goût tient à son rapport à un monde objectif dévoilé par la raison 2 / La réponse matérialiste d’un Hume (je passe car ce n’est pas ce qui nous intéresse) et 3 / La réponse kantienne, que Ferry oppose aux deux précédentes et qu’il reformule ainsi : » Le beau n’est ni le vrai, comme le pensent les classiques, ni l’agréable, comme le veulent les empiristes. La preuve? On ne peut, en matière de goût rien démontrer, ce qui suffit à indiquer qu’il ne relève pas de la vérité … on peut (toutefois) en discuter.. »
Je me pose de nombreuses questions, mais je voudrais vous en soumettre une en particulier car je ne comprends pas bien ce qu’il faut entendre ici par « vérité ». Si j’en crois Ferry, Kant répond aux classiques que l’art doit être distingué de la vérité car la vérité suppose une démonstration, ce qui n’est pas le cas de l’art. Question : les classiques assimilaient-ils la vérité de l’art à ce qui pourrait être démontré rationnellement? Je pense à Boileau quand il s’en prend au poète Théophile pour avoir mis en forme « une pensée fausse, froide et puérile ». Boileau cite la réplique deThisbé découvrant son amant Pyrame mort, suicidé. Elle dit ceci : « Ah, voici le poignard qui du sang de son maître / S’est souillé lâchement. Il en rougit le traître. » Idée artificielle en effet. Aucune femme ne réagirait de cette manière. Racine aurait certainement fait éclater la détresse de cette femme dans toute sa vérité. Mais de quelle vérité parlons-nous. La vérité d’un sentiment est-elle une vérité démontrable? Et pour en revenir à Ferry résumant Kant, pourquoi ce raisonnement de Kant? L’art ne nous permet-il pas de comprendre des vérités senties, vécues, dont aucune démonstration ne saurait rendre compte? J’espère ne pas être trop confus.
Merci beaucoup
Bonjour
Pour le monde antique et classique il y a unité des valeurs. Le vrai, le bien, le beau, le juste sont une seule et même chose. Cf. Platon: « le beau est l’éclat du vrai »
La modernité fait voler en éclat cette unité en reconnaissant l’hétérogénéité des valeurs. Ainsi une chose peut être belle sans être bonne ou vraie. La distinction des ordres s’impose:
-la vérité est la valeur de la connaissance
-la beauté celle de l’esthétique
-le bien celle de la morale, etc.
Une proposition est vraie ou fausse. Cela peut être établi par des critères précis, la vérité la plus solide étant celle qui peut se démontrer. https://www.philolog.fr/les-criteres-de-lidee-vraie/
Une œuvre d’art est belle. Ici le raisonnement de Kant est d’une grande rigueur. https://www.philolog.fr/le-jugement-de-gout/
Le beau est ce qui plaît (subjectivité du jugement de goût), universellement (présupposition d’un sens commun esthétique), sans concept (on ne peut pas démontrer que cette œuvre est belle).
Voyez pour maîtriser cette thèse: https://www.philolog.fr/peut-on-convaincre-autrui-de-la-beaute-dun-objet-kant/
Bien à vous.
Bonjour Madame,
Je vous remercie. En réalité, je connais cette distinction mais c’est justement celle-ci qui me paraît impossible à tenir. Il me semble que nous n’avons jamais cessé d’assimiler beauté et vérité. La vérité, n’est-ce pas ce qui nous touche en toute oeuvre d’art, aujourd’hui encore? N’est-ce pas encore et toujours un (sinon le) critère du beau? Je vous donne en exemple ces citations parmi des milliers d’autres possibles tirées des pages cinéma de Télérama : « En Guerre de Stéphane Brizé, un drame social haletant et criant de vérité, par le réalisateur de “La Loi du marché” … » / Et inversement, à propos de « Vue sur mer » d’Angelina Jolie : « (…) mais non, à l’époque, quand on achetait une cafetière italienne à l’épicerie (ce qui est déjà improbable), on n’appelait pas ça une « expresso machine »… » (et en effet, tout est artificiel dans ce remake américain du Mépris). Ce que les grandes oeuvres modernes et contemporaines nous permettent de comprendre, ce sont bien des vérités? Vérités vues et senties par l’artiste, dont c’est le génie. Ou j’ai tout faux?
Bonjour
Les grandes œuvres nous émeuvent à proportion de la richesse du sens qu’elles rendent sensible. Elles donnent à voir, à sentir par delà les apparences une réalité correspondant à la manière dont ce « corps conscient » que nous sommes s’empare du réel, le transfigure à travers la magie de ses émotions, de ses espoirs, de ses angoisses, de ses préjugés, etc.
Pourquoi parler de vérité pour rendre compte de cette expérience? Certes une longue tradition nous y incline de Platon à Heidegger en passant par Hegel, mais dire que dans l’art « c’est la vérité qui est à l’œuvre » (Heidegger) ou que le propre de l’art est de déchirer les apparences pour faire surgir l’essence des choses (Hegel) sont plus des métaphores que des énoncés à prendre au pied de la lettre.
Ils présupposent une métaphysique qui se discute. Par exemple y a-t-il autre chose derrière les apparences immédiates que d’autres apparences? (Cf. Nietzsche) https://www.philolog.fr/eloge-de-lapparence-nietzsche/
En matière de sens, y a-t-il sens à revendiquer l’idée de vérité?
Un sens a une profondeur ou reste superficiel mais qu’est-ce qui mesure cette profondeur elle-même liée à la réussite de la forme? Sans doute la finesse d’une sensibilité ayant développé ses possibilités dans le cadre d’une expérience et d’une culture, la richesse d’un esprit ayant fait de même.
Cela renvoie à la singularité d’un rapport au monde heureuse de trouver l’écho d’elle-même dans une autre expérience, celle d’un artiste ayant le talent de la faire advenir aux mots, aux couleurs ou aux sons.
Mais je le répète, pourquoi parler de vérité? Le sens commun esthétique, s’il existe, (ce que la culture de masse invite à remettre en cause) n’est pas un pur sens intellectuel. On n’est pas dans la seule sphère du concept où l’on peut discuter d’un énoncé et réaliser des accords communs.
L’interprétation d’une œuvre d’art peut expliciter la densité du sens qui rend glorieuse celle-ci mais il me semble qu’il ne faut jamais oublier qu’une interprétation reste une interprétation, elle n’est pas une démonstration.
Tout cela pour dire que le souci de ne pas confondre les ordres est une sage précaution.
Bien à vous.
Bonjour et merci beaucoup ! J’avais hâte de vous lire. Je crois avoir mis le doigt sur un problème délicat qui demande recherches et réflexion.. C’est une souffrance et un plaisir : )