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Nietzsche 

 
 
 
Ce thème est inséparable de l'analyse nietzschéenne du nihilisme.
 
1°) La première grande intuition nietzschéenne consiste à interpréter le réel, la totalité de ce qui existe (l'être) comme foisonnement de forces. Parmi ces forces, certaines agissent, d'autres subissent. Les premières sont dites affirmatives, les secondes négatives. Les unes se veulent, elles témoignent d'une volonté de puissance affirmative, les autres se dénigrent, se nient, elles témoignent d'une volonté de puissance négative.

De manière générale, pour notre philosophe, l'actif c'est le libre, le créatif, le vigoureux. Le réactif c'est le contraint, le maladif, l'épuisement de la force vitale.

 
2°) La seconde grande intuition est d'interpréter la culture occidentale, depuis Socrate, comme le triomphe des forces réactives sur les forces actives.    L'indice le plus éloquent de ce phénomène, aux yeux de Nietzsche, est le fameux démon de Socrate. Socrate faisait souvent allusion à ce qu'il appelait son démon, c'est-à-dire à une sorte de voix intérieure qui se manifestait essentiellement sous la forme de la dissuasion. Lorsque son démon ne se faisait pas entendre, Socrate savait qu'il avait bien agi. Pour Nietzsche, il y a là un véritable scandale car alors que sous sa forme naturelle « l'instinct », entendons la voix de la nature, est une puissance affirmative, chez Socrate il est un principe d'inhibition. Son démon ne s'exprime pas comme affirmation de la puissance vitale mais comme ce qui la suspend, comme ce qui entrave le mouvement de la vie.
   « La clé de l'âme socratique nous est fournie par cet étrange phénomène que l'on désigne comme le « démon de Socrate ». Dans certaines circonstances particulières, lorsque sa toute-puissante raison balançait, il retrouvait un ferme appui grâce à la voix divine qui lui parlait alors. Cette voix, quand elle s'annonce, dissuade toujours. Chez cette nature tout à fait anormale la sagesse instinctive ne se manifeste que pour s'opposer de loin en loin à la connaissance consciente. Alors que chez tous les individus productifs l'instinct est précisément force d'affirmation et de création, la conscience faculté de critique et de négation, chez Socrate c'est l'instinct qui devient critique, la conscience créatrice, c'est une véritable monstruosité par défaut. En vérité, nous constatons ici un manque monstrueux de sens mystique, qui nous autorise à voir dans Socrate l'être amystique par excellence, l'être chez qui la nature logique est aussi hypertrophiée que chez le mystique la sagesse instinctive » Nietzsche : La Naissance de la tragédie.
 
   Un autre indice pour Nietzsche du ressentiment socratique à l'endroit de la vie est la dernière scène de la vie de Socrate rapportée dans le Phédon. Ses ultimes paroles furent : «  Criton, nous devons un coq à Asclèpios ; payez-le, ne l'oubliez pas ». Phédon, 118a.
   Asclèpios est le dieu doté du pouvoir de guérir les hommes d'une maladie. En demandant que Criton sacrifie un coq au dieu, Socrate reconnaît sa dette à l'égard d'un guérisseur. Or de quelle maladie Socrate rend-il grâce à Esculape de l'avoir délivré ? Comme toute une tradition, Nietzsche répond : de la vie. Socrate veut qu'on remercie le dieu de le délivrer par sa mort du fardeau de la vie.
 
 « Socrate mourant. - J'admire la sagesse et le courage de Socrate en tout ce qu'il fit, dit... et ne dit pas. Ce démon d'Athènes amoureux et moqueur, ce charmeur de rats qui fit trembler et sangloter les plus impertinents jeunes hommes, n'était pas seulement le plus sage des bavards : il fut encore grand dans le silence. J'aimerais qu'il l'eût observé dans les derniers instants de sa vie,... peut-être alors relèverait-il d'une classe d'esprits encore plus haute. Fût-ce la mort ou le poison? la pitié ou la méchanceté ?... quelque chose au dernier moment lui délia la langue, et il dit : « O Criton, je dois un coq à Esculape. » Ce « dernier mot » ridicule et terrible signifie pour qui sait entendre « Criton, la vie est une maladie! » Est-ce possible, un homme tel que lui, un homme qui avait vécu joyeux et aux yeux de tous, comme un soldat, cet homme était un pessimiste! Il n'avait fait toute sa vie que bonne mine à mauvais jeu; il avait caché tout le temps son sentiment profond, son jugement suprême! Socrate, Socrate a souffert de la vie! Et il s'en est vengé par cet horrible mot où la piété se mêle au blasphème à voix discrète! Fallait-il, de surcroît, qu'un Socrate se vengeât? A-t-il manqué un grain de générosité à cette vertu surabondante? Hélas, amis! nous devons dépasser jusqu'aux Grecs! » Le Gai Savoir, Livre IV, § 340.
 
3°) Nietzsche appelle nihilisme la culture issue de ce triomphe des forces réactives. Le platonisme et le christianisme en sont les symptômes les plus visibles. En témoigne l'option dualiste qui leur est consubstantielle. A l'ici-bas, ils opposent un au-delà, à l'immanence, la transcendance, au corps, l'âme, aux désirs, la raison. Cette distinction n'a, selon l'analyse de notre philosophe, rien d'innocent. Sa vocation est, en vérité, de dénigrer la seule chose qui soit vraiment (l'ici-bas, le corps, l'immanence, les désirs) au nom d'une fiction, d'un nihil (un néant, un rien) pur fantasme de ceux que Nietzsche appelle « les hallucinés des arrière-mondes »
   Si on interroge, comme le veut la généalogie nietzschéenne, cet acharnement à mépriser le réel, si on interroge « les entrailles de l'esprit (c'est-à-dire les intensités vitales à l'œuvre dans ces évaluations) on découvre que cette propension à dénigrer relève d'un affect morbide : le ressentiment, l'esprit de vengeance, la méchanceté que produit l'impuissance.
 
   Nietzsche dit ici quelque chose de profondément subversif : « Tout ce monde de fiction s'enracine dans la haine du naturel, de la réalité, il est l'expression d'un profond malaise avec le réel. Mais voilà que tout s'éclaircit. Qui donc aurait quelque raison de s'évader par le mensonge de la réalité ? Quiconque en pâtit. Mais pâtir veut dire qu'on est une réalité naufragée...La prédominance des sentiments de déplaisir sur les sentiments de plaisir est la cause d'une religion et d'une morale fictives ; or une pareille prédominance est la formule de la décadence » Antéchrist, Ch. 15
 
   C'est sur fond de ces présupposés nietzschéens que prend sens le thème de  «  la mort de Dieu »* (1):
 
  • La mort de Dieu, c'est d'abord, pour l'homme que Nietzsche appelle « humain trop humain » et qu'il symbolise par « le chameau *(2)» (le sujet soumis aux valeurs traditionnelles opposable au surhomme), la mort de Jésus-christ, expiant sur la croix le péché du monde. La croix est l'emblème du nihilisme judéo-chrétien. Elle enseigne que notre nature est corrompue par un mal radical (symbolisé par le péché originel). Elle cultive notre mauvaise conscience en nous rendant coupable du sacrifice de l'innocent. Elle condamne l'amour de la vie en nous exhortant à porter la misère du monde sur nos épaules et à racheter notre méchanceté par la souffrance.
 
  • La mort de Dieu, c'est ensuite l'énoncé d'un fait : la disparition de Dieu dans notre culture. Cela ne signifie pas qu'il n'y a plus en Occident comme ailleurs des croyants. Cela signifie que la foi est devenue une affaire privée, qu'elle ne fonctionne plus, comme c'était le cas dans le passé, comme principe structurant de la totalité de l'existence personnelle et collective.

 Nietzsche pense ce fait comme l'avènement du nihilisme car avec l'effacement de Dieu, ce sont toutes les valeurs dont Dieu était le support qui s'effondrent aussi. Le nihilisme que Nietzsche prophétisait dans les années 1880, comme la vérité des deux siècles à venir, c'est ainsi la critique radicale de toutes les valeurs transcendantes (la vérité, le bien, l'unité, l'identité etc.) et le désenchantement du monde. Désormais le monde est délesté de tout sens divin, il est en deuil de l'absolu.

« Que signifie le nihilisme ? écrit Nietzsche. Que les valeurs supérieures se déprécient »    Volonté de puissance. 

   Le lion* symbolise cette remise en cause des valeurs traditionnelles, cette dépréciation des arrière-mondes. Mais cette mort de Dieu laisse l'homme inconsolable, dans une totale déréliction, face à un ciel vidé de toute transcendance, sans réponses à ses craintes et ses espérances.

  La conséquence de la dépréciation des arrière-mondes n'est donc pas un oui joyeux à la vie et au réel (cf. la métaphore de l'enfant*) c'est l'angoisse, le sentiment de l'absurdité et le désespoir. Paul Bourget a donné une formule saisissante de ce nihilisme dont l'œuvre de Flaubert, de Maupassant, des Goncourt, des grands nihilistes russes (Dostoïevski, Tourgueniev) donne la mesure.  « Une mortelle fatigue de vivre, une morne perception de la vanité de toute chose ».

  Nietzsche voit dans le pessimisme de Schopenhauer la forme achevée de ce nihilisme. De fait Schopenhauer affirme  « Si vraiment l'alternative nous était proposée d'être ou de ne pas être, alors oui il faudrait choisir le non être ».

  Ce nihilisme qui est en train d'advenir, dit-il en 1886, a ainsi deux aspects :

  • Une forme active : ce nihilisme actif, conscient du nihil des valeurs, persiste par désenchantement à détruire en leur nom le monde et à se détruire lui-même. Il demeure incapable de concevoir un après la mort de Dieu, il est impuissant à créer une éthique positive et joyeuse de vie. On peut penser à tous ces militants divers et variés qui savent bien que leurs espérances ne sont que rêves impossibles, mais ils sont trop faibles pour y renoncer et trouvent une raison d'être dans la critique et le destruction systématique de ce qui est.
  • Une forme passive : ce nihilisme passif choisit la nonchalance, l'abandon. Il promène sur le monde un regard vide que rien ne séduit et il n'en finit pas de porter le deuil de ses illusions.
  •  A ces nihilismes réactifs, Nietzsche oppose un nihilisme héroïque pour lequel la mort de Dieu est une bonne nouvelle. Il s'agit de comprendre que l'absence de sens de la vie n'est pas ce qui la condamne mais au contraire ce qui la justifie. Car la vie n'a pas besoin de justification métaphysique. Elle est justifiée parce qu'elle est quelque chose plutôt que rien. Elle constitue l'être et l'être vaut mieux que le néant.

  Il s'ensuit que le nihilisme héroïque s'accomplit comme sentiment dionysiaque de la vie. Les aspects jusque là niés, dénigrés de la vie, à savoir la souffrance, la cruauté, le mal, le mensonge sont par là même rachetés. Ils ont une nécessité qui est celle du réel et comme tels il faut les vouloir. Nietzsche enseigne l'amor fati, l'amour de la terre, l'innocence de la vie, le oui à son affirmation comme jeu, comme œuvre, comme art, comme rire sans fin ni justification.

  Il confie ainsi à ceux qu'il appelle « les forts » autrement dit à ceux dont la santé est telle, qu'ils sont capables de renoncer aux idéaux mensongers sans en souffrir, sans en mourir « le marteau » qui brise tous les vestiges des valeurs moribondes et les types humains qui ne parviennent pas à accepter l'immanence de l'être.

 
 
 
* 1 « Notre sérénité - Le plus grand des événements récents - la « mort de Dieu », le fait, autrement dit, que la foi dans le dieu chrétien a été dépouillée de sa plausibilité - commence déjà à jeter ses premières ombres sur I' Europe. Peu de gens, il est vrai, ont la vue assez bonne, la méfiance assez avertie pour percevoir un tel spectacle ; du moins semble-t-il à ceux-ci qu'un Soleil vient de se coucher, qu'une ancienne et profonde conscience est devenue doute : notre vieux monde leur parait fatalement tous les jours plus vespéral, plus soupçonneux, plus étranger, plus périmé. Mais d'une façon générale, on peut dire que l'événement est beaucoup trop grand, trop lointain, trop en dehors des conceptions de la foule pour qu'on ait le droit de considérer que la nouvelle de ce fait, je dis simplement la nouvelle, - soit parvenue jusqu'aux esprits; pour qu'on ait le droit de penser, à plus forte raison, que beaucoup de gens se rendent déjà un compte précis de ce qui a eu lieu et de tout ce qui va s'effondrer maintenant que se trouve minée cette foi qui était la base, l'appui, le sol nourricier de tant de choses : toute la morale européenne entre autres détails.
   Nous devons désormais nous attendre à une longue suite, à une longue abondance de démolitions, de destructions, de ruines et de bouleversements : qui pourrait en deviner assez dès aujourd'hui pour enseigner cette énorme logique, devenir le prophète de ces immenses terreurs, de ces ténèbres, de cette éclipse de soleil que la terre n'a sans doute encore jamais connues ?... Nous mêmes, déchiffreurs d'énigmes, nous, devins-nés, qui attendons pour ainsi dire en haut des monts, placés entre hier et demain, et contradictoirement attelés entre les deux, nous premiers-nés, prématurés du siècle à venir, qui devrions avoir déjà perçu les ombres dont va bientôt s'envelopper l'Europe, d'où vient-il que nous attendons la montée de cette marée noire sans un intérêt véritable, surtout sans crainte et sans souci pour nous? Serait-ce que nous serions encore trop dominés par l'influence des premières conséquences de cet événement? Car ces premières conséquences, celles qu'il a eues pour nous, n'ont rien de noir ni de déprimant, contrairement à ce qu'on pouvait attendre ; elles apparaissent tout au contraire comme une nouvelle espèce, difficile à décrire, de lumière, de bonheur, d'allégement, une façon de sérénité, d'encouragement et d'aurore... De fait, nous autres philosophes, « libres esprits », apprenant que « l'ancien Dieu est mort », nous nous sentons illuminés comme par une nouvelle aurore; notre coeur déborde de gratitude, d'étonnement, de pressentiment et d'attente ;... voilà qu'enfin, même s'il n'est pas clair, l'horizon, de nouveau, semble libre, voilà qu'enfin nos vaisseaux peuvent repartir, et voguer au-devant de tout péril; toute tentative est repermise au pionnier de la connaissance, la mer, notre mer, de nouveau, nous ouvre toutes ses étendues; peut-être même n'y en eut-il jamais si « pleine » mer. »
 Le Gai Savoir, Livre V, § 343.
 
*2 Cf. le texte intitulé Des trois métamorphoses : Ainsi parlait Zarathoustra.
 
 
Annexe : Nietzsche se définit comme un philosophe à coups de marteau. Il faut entendre par là une manière de pratiquer une critique radicale qui n'épargne aucun des présupposés de la philosophie traditionnelle. Par exemple, dans sa tradition rationaliste, la philosophie part «  du fait de la raison » comme l'écrit Kant. Descartes part du fait de conscience. Alain part du fait de conscience ou d'âme comme ce qui s'oppose au corps.
   Nietzsche soupçonne ce fait d'être un pur effet ; autrement dit il soupçonne ce qui constitue un point de départ pour les grands philosophes d'être un point d'arrivée dont il faut reconstituer la généalogie. C'est pourquoi, il est avec Marx et Freud défini comme «  un philosophe du soupçon ».
   Le grand soupçon nietzschéen le conduit à interroger ce qu'il appelle « les entrailles de l'esprit »
   Le mot « entrailles » est très éloquent. Les entrailles, ce sont les viscères, les tripes c'est-à-dire ce qui constitue la part la plus profonde, la plus intime du sujet. On se méprend en effet, lorsqu'on surestime la conscience. En réalité, selon Nietzsche, la conscience n'est que la manifestation superficielle d'une physiologie et il y a des physiologies vigoureuses tandis que d'autres sont des physiologies faibles ou morbides.
   La pensée ou la conscience est par principe aux service « des instincts de vie » elle est l'expression de flux d'affects, d'intensités vitales et rien d'autre. C'est dire qu'on se leurre lorsqu'on prétend avec la grande tradition rationaliste ou idéaliste que la conscience est une instance autonome. Cette illusion doit être dénoncée comme le fonds de commerce de la tradition, une tradition avec laquelle les trois philosophes du soupçon invitent à rompre de manière radicale.
 
   D'où l'enseignement de Zarathoustra que Nietzsche présente comme le nouvel Evangile, l'Evangile du surhomme opposable à l'évangile nihiliste.
 
           «  « Je suis corps et âme » ainsi parle l'enfant. Et pourquoi ne parlerait-on pas comme les enfants ?
             Mais celui qui est éveillé et conscient dit :  «  je suis corps tout entier et rien d'autre ; L'âme n'est qu'un mot désignant une parcelle du corps »
             Le corps est une grande raison, une multitude univoque, une guerre et une paix, un troupeau et un berger.
              Instrument de ton corps, telle est aussi ta petite raison que tu appelles « esprit », mon frère, un petit instrument et un jouet de ta grande raison.
              Tu dis « moi » et tu es fier de ce mot. Mais ce qui est plus grand, c'est, ce à quoi tu ne veux pas croire : ton corps et sa grande raison : il ne dit pas moi, mais il est moi en agissant. »   Ainsi parlait Zarathoustra, 1883-1885.
 
   Voilà pourquoi l'idéal ascétique est accusé d'être le symptôme d'une vie naufragée. Seule une telle vie peut déclarer les hostilités à la vie. Seul ce qui est faible, maladif peut se venger de la vie en créant des valeurs mensongères permettant de se consoler de sa propre misère et de survivre à sa propre impuissance à dire oui à la vie.
«  Une vie ascétique est une contradiction en soi : c'est un ressentiment sans égal qui règne ici, celui d'un instinct et d'une volonté de pouvoir qui veulent régner en maître, non pas sur un aspect de la vie mais sur la vie elle-même et qui pour atteindre ses fins se tourne contre l'épanouissement physiologique, en particulier contre tout ce qui en est l'expression : la beauté, la joie, tandis que tout ce qui est dénaturé, taré, tout ce qui est douleur, raté, tout ce qui est laid, privation volontaire, dépossession, mortification, sacrifice, suscite une satisfaction et sera recherché » Généalogie de la morale 3° dissertation
 
« Insouciant, railleur, violent, ainsi nous veut la sagesse. Elle est femme, elle n'aimera jamais qu'un guerrier » Ainsi parlait Zarathoustra.
 
 Attention : L'immoralisme dont se réclame Nietzsche est le contraire des facilités de l'immoralité. « L'homme dit-il est une corde tendue entre la bête et le surhomme ». La morale du surhomme est une morale qui remplace le bien de l'ancienne morale par une certaine qualité du vouloir : le vouloir créer et pose comme valeur négative le vouloir inverse : le vouloir détruire, le laisser aller, le contentement de soi, la somnolence qui entrave toute volonté de dépassement.
 
 

 

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92 Réponses à “"Dieu est mort" disait Nietzsche. Quel est le sens de cette affirmation?”

  1. Claire Duchateau dit :

    Bonjour et Merci Madame pour cette analyse qui tombe à merveille avec mon cours d’esthétique !
    Je suis ravie que ce blog existe toujours, me permettant ainsi d’approfondir mes cours et de continuer la dégustation des joies de la philosophie..!

    Bonne continuation
    Claire*

  2. Simone MANON dit :

    Bonne poursuite à vous aussi Claire. Je suis heureuse de savoir que je peux encore vous être utile.

  3. damien dit :

    Bonjour,
    vous donnez, à titre d’illustration du nihilisme actif, celui des « militants » qui détruisent le monde au nom d’idéaux impossibles.
    Cela me semble une généralité qui peut pousser les (jeunes) esprits à rejeter toute forme de participation à la vie politique.
    Un militant défend des valeurs par un engagement politique.
    Prenons l’ exemple, historique, des militants Américains pour les droits civiques, ou celui de certains philosophes des Lumières : leurs utopies ne s’inscrivent -elles pas dans une pensée progressiste aux antipodes de ce que peuvent incarner des activistes fondamentalistes?

    D’où ma question : ne faudrait-il pas nuancer afin de dissiper une possible ambiguié?
    Ou tout militantisme serait-il négatif par principe?

    D’où

  4. Simone MANON dit :

    Non, le militantisme n’est pas négatif par principe, mais un militantisme fécond n’appelle pas à détruire le monde, il appelle modestement à le réformer. Il s’efforce d’honorer les idéaux des Lumières non les pratiques de la Terreur qui sont aux antipodes des valeurs dont elles ont l’indécence de se réclamer.

  5. Anne ENGLEBERT dit :

    Bonjour,

    Pouvez-vous plus amplement m’expliquer la citation de Nietzsche que vous reprenez dans ce chapitre :
    « Insouciant, railleur, violent, ainsi nous veut la sagesse. Elle est femme, elle n’aimera jamais qu’un guerrier. »
    Je pense que ca sanctionne sa reflection « immoraliste »
    Le renvervement de l’actif et du reactif ?…

  6. Simone MANON dit :

    Il me semble avoir explicité en quel sens l’idéal du surhomme n’a rien à voir avec les idéaux mensongers d’une représentation morale (réactive) du réel. Pour plus de précision voyez la dissertation « pourquoi les hommes s’efforcent-ils de connaître? (le dépassement)

  7. Paolo dit :

    Bonjour,
    Je prends le soin de vous prévenir de nouveau que Le Festival des Nuits D’Etés se déroule en ce moment même et depuis une semaine autour du lac d’Aiguebelette, vous proposant dans la foulée de venir assister à un ou même plusieurs concerts. Toute la programation est sur le site http://WWW.FESTIVALLESNUITSDETE.FR. A bientôt peut-être,
    Paolo.

  8. Simone MANON dit :

    Je suis très sensible à votre invitation Paolo. Merci et à bientôt.

  9. selena dit :

    Bonjour,
    en ce moment, je me pose la question de l’interet du citoyen dans la société, est ce une charge, un droit ou une joie?
    j’ai quelques idées pour répondre à cette question mais le problème est que je ne sais pas comment organiser mon travail. pouvez vous m’éclairer à ce sujet?
    pouvez vous me répondre sur ma boite mail svp? merci
    bonne continuation
    Selena.

  10. Simone MANON dit :

    Je suis désolée, je ne réponds pas par email et ce site n’est pas destiné à dispenser les élèves de faire leur devoir par leur propre effort.

  11. Nath dit :

    Bonjour Madame,

    Je dois dire que cela fait un moment que je parcours votre site, et qu’il m’aide beaucoup ( non pas pour faire mes devoirs comme vous le faites remarquer dans votre dernier commentaire), mais au niveau de ma réfléxion personnelle, en cela je vous dit grandement merci. Je suis particulièrement féru de Nietzsche et de Hegel, alors je suis comblé quand je vois que ces deux philosophes ( mais il n’y a biensûr par qu’eux) sont présents régulièrement sur votre site, ce qui se comprend aisément au vu de leur influence énorme.

    Pour en venir à ce qui me pousse à écrire ce message, à part les remerciements que je vous dois. Ne pensez vous pas que cette fuite de la croyance dans la société contemporaine est ce qui pousse la société en elle même à se redéfinir? En effet si l’on considère que ce sont les hommes eux même qui se sont défait de la religion, la question est : que peut vouloir dire le gouvernement des hommes par eux mêmes quand ils se sont émancipés de l’emprise des dieux?

  12. Simone MANON dit :

    Vous prenez le recul du religieux comme un fait. Ce qui est pour le moins discutable à une époque où l’on peut parler d’un retour du religieux.
    Cela dit la question que vous avez à élucider garde toute sa pertinence mais c’est à vous de lui apporter des réponses. Il s’agit d’une très belle question appelant des éclairages très différents selon qu’on mobilise les Anciens (Platon et Aristote) ou les Modernes (Hobbes, Rousseau, Bentham, Constant, Tocqueville par exemple)

  13. andré fossar dit :

    J’aprécie bien la clarté de l’exposé et la manière de répondre aux interpellations des élèves.Vous manifestez à l’occasion un souci pédagogique de haute portée en les invitant à trouver eux-memes des réponses à certaines questions soulevées.
    En ce sens vous me rappelez non pas seulement la Maieutique chez Socrate mais aussi le Maitre Zarathoustra renvoyant ses disciples afin qu’ils cheminent sans lui;professant par là que le Chemin n’existe pas,il n’y a que des chemins qui portent chacun l’empreinte de celui qui l’a empreunté.Autrement dit,tout chemin est personnel et la particularité d’un chemin vériblement personnel c’est qu’on y rencontre personne d’autre.Chacun de nous a sa trajectoire qu’il ne saurait abandonner malgré l’appel constant de l’instinct grégaire.
    A ce niveau,je souhaite vous inviter à introduire la vision nietzschéenne du perspectivisme.Merci encore une fois de maintenir allumé cette flamme philosophique que tant de vents et d’orages ont failli éteindre

  14. Simone MANON dit :

    Je ne vous suis pas lorsque vous dîtes que « la particularité d’un chemin personnel, c’est qu’on y rencontre personne d’autre ». En ce sens, je serais plutôt spinoziste. Plus on s’approprie sa singularité, plus on touche à l’universel.
    Le perspectivisme nietzschéen est entrevu dans le cours sur l’éloge de l’apparence (art).

  15. zopyre dit :

    Bonjour,

    Excellent article, vraiment vous êtes très claire!!!
    La généalogie de la morale a été pour moi une révélation.
    j’ai eu du mal à revenir à des philosophes plus convenus, tellement ils me paraissaient fades en comparaison!
    néanmmoins le kierkegaard du traité du desespoir m’a impressionné aussi…quelle clairvoyance..

    J’ai récemment découvert tocqueville dans ses analyses sur la démocratie……wow!!
    quelle pertinence!!!

    bon je me suis un peu emballé^^

  16. Simone MANON dit :

    Vous avez raison, les penseurs existentiels sont d’une grande profondeur. Je viens de mettre en ligne un article sur Chestov, autre représentant de la pensée existentielle dont Fondane montre qu’il ne faut surtout pas la confondre avec l’existentialisme.

  17. Marie dit :

    Bonjour,
    Que répondre dès lors à la question « peut-on être Nietzschéen et religieux »?

  18. Simone MANON dit :

    Il faut s’entendre sur le terme « religieux ». L’appel à la transformation du nihilisme passif en nihilisme actif, substance de l’Evangile du surhomme, peut par ses accents prophétiques, par la divinisation de ce qui est, revêtir la dimension d’une nouvelle religion.
    Vous pouvez lire avec intérêt le chapitre de l’homme révolté que Camus intitule: Nietzsche et le nihilisme.
    Cf:  » Le révolté qui, d’abord, nie Dieu vise ensuite à le remplacer. Mais le message de Nietzsche est que le révolté ne devient Dieu qu’en renonçant à toute révolte, même à celle qui produit les dieux pour corriger ce monde. » S’il y a un Dieu, comment supporter de ne l’être pas? » Il y a un dieu, en effet, qui est le monde. Pour participer de sa divinité, il suffit de dire oui. « Ne plus prier, bénir », et la terre se couvrira d’hommes-dieux. Dire oui au monde, le répéter, c’est à la fois recréer le monde et soi-même, c’est devenir le grand artiste, le créateur » etc.
    Le nietzschéisme peut en ce sens être appelé la religion du oui à la terre et à son dieu démembré: Dionysos.

  19. Pierre dit :

    Bonjour Simone,
    Je m’interroge après avoir lu cet article: si le nihilisme assurait la sérénité aux hommes en leur promettant un au-delà, en donnant un sens à leur existence, pourquoi une telle critique de l’auteur qui, parallèlement, déplore un désenchantement du monde?
    Il n’en demeure pas moins qu’il y a lieu de saluer le prophète qu’a été ce fameux penseur en percevant les heures d’ombre qui ont marqué le vingtième siècle…
    Une nouvelle fois, je vous remercie d’entretenir une si belle initiative qu’est votre « blog ».
    A bientôt,
    Pierre

  20. Simone MANON dit :

    Bonjour Pierre
    Je crois que vous ne comprenez pas bien le sens, les présupposés et les enjeux de l’analyse de Nietzsche.
    Le thème du désenchantement du monde n’est pas nietzschéen. On le doit à Max Weber.https://www.philolog.fr/agnosticisme-laicite-desenchantement-du-monde-etc/
    Rien n’importe davantage à Nietzsche que ce qu’il appelle « la plus grande probité », c’est-à-dire le refus de tous les mensonges consacrant le triomphe des forces réactives sur les forces actives.
    Pour prendre la mesure de son propos, il faut avoir présent à l’esprit que la conscience n’est pas, pour lui, une instance sui generis. En elle oeuvrent des forces de vie et celles-ci ne sont pas de même valeur. Il y a ce qui est fort et ce qui est faible.
    Le nihilisme occidental est interprété comme l’aveu de la faiblesse et c’est ce qui le condamne.
    Pour mieux comprendre, voyez : éloge de l’apparence https://www.philolog.fr/eloge-de-lapparence-nietzsche/et pourquoi les hommes s’efforcent-ils de connaître? (dernière partie). https://www.philolog.fr/pourquoi-les-hommes-sefforcent-ils-de-connaitre-2/
    Bien à vous.

  21. Pierre dit :

    Merci Simone

  22. Maya dit :

    Bonjour,

    j’aimerais avoir un éclaircissement sur un élément de l’Ethique de Spinoza; je ne sais pas où poster ma question; pardon d’avance pour ce post sans rapport direct avec votre article.

    Dans le chapitre I. De Dieu, Spinoza explique : « On se représente souvent Dieu comme formé, à l’image de l’homme, d’un corps et d’un esprit, et sujet, ainsi que l’homme, aux passions. Ce qui précède montre assez, sans doute, combien de telles pensées s’éloignent de la vraie connaissance de Dieu. […] tous ceux qui ont un peu considéré la nature divine nient que Dieu soit corporel ».
    Je pense ne pas trop m’avancer en concluant que celui-ci nous dit donc clairement ici qu’on ne peut pas attribuer à Dieu un corps, ce qu’il démontre très bien par ailleurs plus loin dans ce chapitre.

    Spinoza poursuit ensuite son raisonnement, pour finir sur cette conclusion :
    « Or, il a été établi d’un autre côté qu’aucune autre substance que Dieu ne peut exister ni se concevoir; d’où nous avons conclu que la substance étendue est un des attributs infinis de Dieu ».

    Sachant que « substance corporelle » est synonyme de « substance étendue » (ce qu’il me semble avoir compris, je ne suis pas sûre), il me semble qu’il y a contradiction : Dieu ne serait donc pas corporel, mais cependant la substance corporelle serait l’un des attributs de Dieu ? Peut-être que je n’ai pas bien assimilé les définitions précedemment données par l’auteur de « substance » et d’ « attribut » :

    – substance : élément dont le concept se conçoit sans avoir besoin du concept d’une autre chose.
    – attribut : ce qui constitue l’essence d’une substance.

    Voilà donc pourquoi je ne comprends pas très bien comment le début de son propos permet à l’auteur de tirer cette conclusion…

    Je vous remercie d’avance de l’intêret que vous porterez à ma question, et je comprendrais très bien que vous ne puissiez pas me répondre puisque je ne peux donner tous les éléments…

    Bravo en tout cas pour votre site, qui est une aide précieuse à tous les amoureux de philosophie ! Il m’a beaucoup aidé pour mon année de Terminale.

    Bonne continuation !

  23. Simone MANON dit :

    Vous devez comprendre, Maya, que, dans le passage qui vous fait problème, Spinoza dénonce:
    d’une part la conception anthropomorphique de Dieu,
    d’autre part l’idée que l’étendue n’appartienne pas à son essence. L’attribut (pensée ou étendue) n’est que la manière dont l’entendement saisit la substance dans ses différences or l’étendue en fait partie. Dieu est étendue et l’étendue est l’essence des corps. Mais il ne faut pas confondre la substance qui est infinie avec les modes qui expriment son essence sous une forme déterminée. « Une chose est dite finie en son genre quand elle peut être bornée par une autre chose de même nature. Par exemple, un corps est dit chose finie, parce que nous concevons toujours un corps plus grand » ce qui ne saurait se dire de la substance infinie c’est-à-dire de Dieu.
    En espérant avoir clarifié les choses.
    Bien à vous.

  24. Maya dit :

    Merci beaucoup pour votre réponse.

    Si je comprends bien, vous dites donc que :

    1° Dieu est infini.
    2° Tout ce que l’on peut concevoir d’autre se rapporte inévitablement à Dieu, unique substance.
    3° Donc les notions de chose pensante et chose corporelle (ou étendue) sont donc des affections des attributs de Dieu.

    Ainsi, les expressions : « substance étendue » et « substance corporelle » sont impropres ? Puisque la seule substance qui puisse se concevoir et exister est Dieu ?

    Et donc, la conception anthropomorphique de Dieu est erronée selon Spinoza, puisque entraîne inévitablement l’idée d’une substance corporelle finie, au lieu de comprendre ceci comme un attribut, à savoir une CHOSE corporelle infinie, qui constitue certes l’essence de Dieu, mais pas toute son essence, puisque Dieu a une infinité d’attributs, cf. proposition 11 ?

    Désolée si mon propos n’est pas clair, et merci encore pour vos éclaircissement !

  25. hamed dit :

    salut je suis eleves en terminale j habite au sénégal cette annnee je doit faire le bac mais ca va bientot faire un mois qu on ne fait pas cour parce que les profs sont en gréve et l année est trés perturbée pas les prochaines elections présidentielles pourtant c’est sur qu’on fera le bac. Mon probléme est j ai du mal a comprendre, a me mettre quelques choses dans la tete en philo et j ai peur de pouvoir rien ecrir si j ai un devoir
    j ai besoin de votre aide et de vos conseil s’il vous plait

  26. Simone MANON dit :

    Réponse à Maya
    C’est globalement compris Maya. Il est vrai que les deux expressions: substance pensante et substance étendue sont à manier avec précaution car elles peuvent induire l’idée de deux substances (ex: le dualisme cartésien), ce qui pour Spinoza est absurde. Les deux attributs: pensée et étendue sont des expressions de la substance une et infinie.
    Bien à vous

  27. Simone MANON dit :

    Réponse à Hamed
    Ce blog a pour fonction d’apporter par les cours qui y sont publiés une aide aux élèves. Je ne vois pas ce que je peux faire d’autre que de vous conseiller de les assimiler en faisant des fiches, de vous familiariser avec les règles de la méthode de la dissertation et de l’explication de texte et de vous entraîner en exploitant les dissertations et les explications qui en sont l’application.
    Bon courage.

  28. Maya dit :

    C’est entendu, merci beaucoup !

  29. Maya dit :

    A Hamed :

    J’ai eu mon bac l’année dernière et je pense pouvoir te conseiller quelques trucs :

    1° Comme te l’a dit Mme.Manon, fais-toi des fiches de méthodologie sur l’explication de texte et la dissertation : Qu’est-ce qu’on attend de moi dans ces exercices ? Quelles doivent être les différentes étapes de mon raisonnement (définir les mots-clé du sujet, soulever les possibles polysémies, ce qui va te permettre de répondre en prenant en considération toutes les dimensions du sujet, etc) ?

    2° Ceci n’engage que moi, mais j’ai tenu tout au long de l’année un petit répertoire regroupant toutes les définitions de termes « complexes » vus en cours, que je revoyais régulièrement : cela permet le jour J de bien comprendre les grandes notions philosophiques traitées dans le texte ou le sujet (« phénoménologie », « épistémologie », ou même « inné et acquis », etc).

    3° Enfin, entraîne-toi à réaliser des dissertations, et à composer !! Cela te permet de voir comment il faut utiliser les informations vues en cours dans ces exercices.

    Voilà, en espérant t’avoir aidé 🙂

    Bon courage

  30. inès dit :

    je pense que « dieu est mort » certes mais l’homme regrette de l’avoir tué…
    je tiens à saluer votre travail une vraie source d’inspiration

  31. Simone MANON dit :

    Bonjour Inès
    Je ne sais pas s’il faut parler de regret mais à coup sûr de difficulté à échapper aux effets dévastateurs du nihilisme. Les articles où je mobilise Patocka approfondissent cette difficulté.
    Bien à vous.

  32. Rachid dit :

    Bonjour madame,
    Merci beaucoup pour ce texte qui peut constituer une thérapie pour ceux qui se rendent compte de l’absurdité du monde tel qu’il est décrit par la plupart des humains. Il est d’une vérité difficile à digérer, mais c’est un soulagement face aux grands illusions avec lesquelles l’humanité est bercée depuis des siècles et qui sont sources de beaucoup de souffrance.

  33. Simone MANON dit :

    Bonjour Rachid
    J’attire votre attention sur le fait que le nihilisme du sens n’est pas plus une solution à la difficulté d’être que les illusions religieuses ou autres.
    Voyez sur ce thème les articles consacrés à Patocka, en particulier https://www.philolog.fr/y-a-t-il-une-alternative-au-nihilisme-du-sens-patocka-et-tolstoi/#more-3303.
    Bien à vous.

  34. muriel dit :

    Bonjour madame,
    J’ai eu ce sujet au BAC en 1977 je n’ai pas fait un bon sujet je crois ne pas avoir eu la moyenne (pourtant en terminale littéraire) . Je ne connaissais même pas le nom de Nietzsche mais ces mots : Ainsi parlait Zarathoustra ne m’ont jamais quitté.
    Aujourd‘hui à 54 ans, ce sujet m’interroge encore. C’est comme une question que l’on m’a posé et à laquelle je n’ai pas répondu. Je sais que c’était une question importante et peut être que votre blog va m’aider à y répondre enfin.
    Merci pour ce blog
    Cordialement
    Muriel

  35. Simone MANON dit :

    Bonjour Muriel
    J’espère que vous trouverez sur mon site matière à combler votre curiosité.
    Bien à vous.

  36. gref dit :

    Merci pour cette belle analyse sur un concept phare du nietzchéisme.
    Modestement, un lien vers une autre analyse sur le sujet : http://la-philosophie.com/dieu-est-mort-nietzsche

  37. Thomas dit :

    Bonjour,

    déjà merci pour ce document très intéressant. Et ensuite je voulais avoir une petite confirmation sur ce que je pense avoir compris.

    Donc pour Nietzsche, les gens avant « La Mort de Dieu » souffraient de la vie. C’est pour cela qu’ils ont inventé la transcendance et ainsi un au-delà liberateur de la souffrance terrestre. Et parce qu’ils souffrent de la vie ils se vengent en niant le réel et les instincts avec une vie ascétique, pleine de privations, contraintes morales etc… car au bout du chemin il y a la promesse d’une sorte de paradis après la mort. Et donc c’est si j’ai bien compris la forme du nihilisme judéo-chrétien, la tradition européenne depuis les grecs.

    A partir du moment où « Dieu est mort », tout le bagage de valeurs qui l’accompagnaient n’existe plus, l’Homme est pris de vertiges et d’angoisses (c’est le cas pour ma part après avoir lu votre article) et c’est une autre forme de nihilisme qui se met en place. Je crois que vous en citez trois :

    – le nihilsme actif dans lequel c’est une destruction des toutes les valeurs et de soi-même par désenchantement et car ces personnes ne peuvent pas concevoir une vie pleine de joie après cela. Par un manque de force ils préferont détruire, critiquer et se faire du mal.

    – le nihilisme passif, c’est à dire l’indifférence totale vis-à-vis de tout (en gros pour moi celui-ci correspond à une forme d’autisme, un isolement complet, une bulle).

    – et le nihilisme héroique que prône Nietzsche, donc le surhomme qui doit se rejouir de cette bonne nouvelle qui doit permettre de vouloir, de connstruire sans les barrières des contraintes traditionnelles.

    Donc pour moi ce nihilisme héroique me fait automatiquement penser à une apologie de l’art. Pour maintenant accepter la vie sans transcendance il faut se consacrer à l’art et non pas bêtement à un nihilisme de destruction.

    Voilas, désolé de la longueur du texte, j’espère ne pas mettre embourber et surtout avoir bien compris le sens de votre article. En vous remerciant et à la prochaine.

  38. Simone MANON dit :

    Bonjour Thomas
    Oui, vous avez globalement compris. C’est très fécond de vous réapproprier ainsi le cours. Mais il faut aussi lire Nietzsche afin d’approfondir la question.
    Vous découvrirez que pour cet auteur, la vie est créatrice de formes, qu’elle est dans toutes ses dimensions une force artiste et donc que l’enjeu (indifféremment existentiel, éthique ou esthétique) pour chacun de nous est de faire de sa propre vie un chef-d’oeuvre.
    Bien à vous.

  39. Thomas dit :

    Merci pour votre réponse rapide.

    Ensuite je voudrais vous demander conseil vis-à-vis des premières lectures, n’etant plus au lycée je n’ai pas les moyens de discuter avec un professeur de philosophie c’est donc pour cela que je m’adresse à vous. J’ai regardé votre bibliographie et j’ai déjà acheté un livre sur la mythologie car il m’a semblé que c’était une première base à acquerir.

    Maintenant je suis face à un dilemme, dois-je commencer par les dialogues de Platon ou par les écrits de Nietzsche. Car il se trouve que je me pose beaucoup de questions sur le ridicule de l’éxistence, du non sens de la vie. Jusqu’à présent je pouvais me consoler au travers d’une croyance envers Dieu sans appartenir à une quelconque religion, mais aujourd’hui je commence à douter dans cette foi. En ce sens je pense me rapprocher plus dans mes idées des écrits de Platon avec Socrate. Donc je me demande quel est le choix le plus judicieux.

  40. Simone MANON dit :

    Bonjour Thomas
    Je crois qu’il faut commencer par le commencement, si vous voulez une réelle formation philosophique. Car Nietzsche dialogue avec la grande tradition philosophique et si l’on n’en a aucune idée, je doute que l’on comprenne vraiment ce qu’il dit.
    L’apologie de Socrate, Gorgias, la République de Platon sont accessibles à une personne qui cherche à s’initier. Mais il faut vous aider dans vos lectures, quelles qu’elles soient, d’un commentaire.
    Bien à vous.

  41. smiley dit :

    Pour commencer,la philosophie nous écarte de la peur (mort) et nous ouvre u monde merveilleux comme le fait NIETZSCHE dans ces oeuvres en particulier « le gai savoir » il nous prepare pour affronter un monde ou le moi doit etre le maitre et non l’esclave.
    La mort de Dieu fait une ouverture sur le sujet du surhomme.
    En se basant sur ça, l’homme peut-il remplacer Dieu pour ce consoler? NIETZSCHE repond-t-il à c’est question? la vision de NIETZCHE n’est-il pas contradictoire à la vie réelle

    Merci de bien vouloir m’aider à repondre engoisse

  42. Simone MANON dit :

    Permettez-moi d’abord d’attirer votre attention sur l’incorrection de votre expression.Il faut absolument faire un effort pour l’améliorer.
    Il me semble que votre affirmation selon laquelle la philosophie ouvre un monde merveilleux n’est guère pertinente.La philosophie est exaltante en ce qu’elle nous permet de nous réapproprier la maîtrise des significations et des valeurs mais elle n’est pas pourvoyeuse de rêves ou de mondes imaginaires comme le suggère la notion de merveilleux. En revanche elle se fonde dans l’étonnement, c’est-à-dire dans un sens du merveilleux, du mystère, du problème etc.
    Pour ce qui est de Nietzsche: La tentation peut être de croire que l’homme peut se substituer à Dieu. Si cela veut dire revendiquer la liberté de créer des valeurs, de faire de sa vie une création, alors l’idée peut être soutenue mais il est erroné de parler de consolation. On n’a pas à se consoler d’une victoire, on s’en réjouit.
    Si cela veut dire prétention hubrique, méconnaissance des limites de l’humaine condition, aucune sagesse ne peut s’en prévaloir.
    Je ne vois pas en quoi il y a sens à parler de contradiction entre la vision nietzschéenne et la vie réelle. Ce propos n’a aucune validité pour un auteur affirmant que le réel n’existe qu’interprété, que le monde-vérité est une fable ou qu’il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations.
    Bien à vous.

  43. Flora dit :

    Bonjour !
    Merci pour votre blog, si précieux pour nous étudiants et élèves !
    Je n’arrive à saisir si le fait que Dieu soit mort, est pour Nietzsche positif ou négatif ?
    Merci d’avance.

  44. Simone MANON dit :

    Bonjour
    C’est une bonne nouvelle et il conçoit son Zarathoustra comme un nouvel évangile.
    Votre question témoigne que la pensée de Nietzsche n’est pas clairement comprise.
    Je vous conseille de relire attentivement le cours.
    Bien à vous.

  45. Max dit :

    Bonjour Mme Manon,
    J’ai découvert votre site en cherchant à m’initier à cette idée de la « mort de Dieu ». Je ne suis ni philosophe ni étudiant, et j’avoue mon inculture quant à Nietzsche, l’existentialisme en général, et bien d’autres choses encore… Je me promets d’y remédier, et je vous remercie pour votre magnifique site. Une question me guidera: sans Dieu, au regard de quelle conscience tout cela peut-il avoir un sens? Au jour d’une possible disparition de l’humanité, comment envisager qu’au fond, n’ayant existé pour aucune conscience lui ayant survécu, n’ayant laissé aucune trace, elle n’ait en fait jamais existé? Et comment interpréter l’existence même du concept de conscience dans l’univers, mais uniquement chez l’humain? Enfin, à la lumière de cette question, quelle importance peut bien avoir l’idée d’un surhomme, de tout l’art même, si en bout de ligne il n’en restait absolument rien? Trouverai-je des pistes de réflexion à ce sujet chez Nietzsche?
    Merci encore à vous!

  46. Simone MANON dit :

    Bonjour Max
    La chose la plus difficile pour l’humanité est de s’accepter dans sa contingence et de donner à son existence, avec courage et joie, un sens à sa mesure. La conscience est une caractéristique humaine. Je n’en connais pas d’autre et pourquoi faudrait-il que notre aventure existât pour une conscience d’une nature différente de la nôtre? N’est-il pas suffisant qu’elle prenne sens pour nous, c’est-à-dire pour un être fini qui doit d’autant plus faire de l’éclair de temps qui lui est imparti un chef-d’oeuvre, qu’il ne pourra pas recommencer?
    Avec son thème du surhomme, Nietzsche pointe l’exigence de s’affranchir des illusions et des aliénations propres à celui qui a besoin d’un arrière-monde, d’une transcendance pour supporter sa vie. Il célèbre la force de celui qui crée ses propres valeurs et consent dans l’allégresse à ce qui est, même dans sa dimension tragique.
    Nietzsche est en débat avec toute la tradition philosophique. La compréhension de sa pensée est difficile lorsqu’on ne maîtrise pas cette tradition mais il n’est jamais trop tard pour s’y initier.
    Bien à vous.

  47. Max dit :

    Un grand merci à vous. Le questionnement qui continue de m’habiter, en réponse aux questions que vous me renvoyez: à quoi bon travailler à un chef-d’oeuvre destiné à n’avoir jamais existé pour quiconque, au bout du compte? Quel sens, même modeste, y verrais-je? J’espère découvrir comment cette question (oserais-je dire cette critique), opposant la perspective d’une fin de l’humanité (de moins en moins vue comme improbable) à toute conception d’un sens à la vie qui lui soit intrinsèque, a pu être envisagée et résolue, pour conclure avec tant d’assurance que la transcendance soit une illusion. Je me rappelle quelques lectures de philosophies anciennes, indiennes par exemple, d’un grand raffinement il m’a semblé, suggérant une perspective absolument opposée quant à ce que sont nos illusions.

  48. Simone MANON dit :

    “Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles” écrivait Valéry au début de Variété, I. Cette conscience n’empêche pas de créer parce que la vie est créatrice de formes dirait Nietzsche, parce que l’oeuvre existe d’abord pour nous et pour ceux avec lesquels nous faisons société. Cette justification est bien suffisante pour ceux qui n’ont pas besoin d’une justification de la vie autre que le fait qu’elle soit.

    Le nietzschéisme est une philosophie de l’immanence. Il procède, sur fond de l’intuition fondatrice de sa pensée que je formule succinctement au début de l’article, à une critique radicale des philosophies de la transcendance, du platonisme et de son avatar: le christianisme par exemple. C’est pourquoi l’auteur se présente comme le philosophe au marteau, le briseur des idoles qui sont la substance du nihilisme ou du triomphe des forces réactives sur les forces actives.
    La prise de conscience des illusions est un des grands enjeux de la réflexion et Nietzsche offre de salutaires analyses sur ce point.
    Bien à vous.

  49. Max dit :

    Madame, vous ouvrez une brèche. Je vous en remercie, et j’y travaillerai.

    Au risque de tomber dans l’impertinence, je vous propose tout de même un dernier commentaire (je comprendrai que vous n’y aurez rien trouvé d’utile, si vous choisissez de ne pas le publier).

    Pour éviter une banale contradiction, ne faut-il pas admettre qu’il doive exister une vérité immuable? Aurait-on tort de considérer qu’en comparaison avec la vérité immuable, tout le reste n’est qu’une illusion passagère? Espérons donc que parfois, nous touchions à la vérité.

    Or si on considère qu’un observateur soit nécessaire pour donner un sens à une chose (suivant l’intuition qu’il serait impossible de distinguer du néant une chose qui ne pourrait absolument jamais être observée par quiconque… ou si on veut bien étendre cette intuition aux âmes, qu’une âme éternellement isolée serait bien malheureuse).

    Alors comment concevoir qu’une chose vraie (un chef-d’oeuvre par exemple), n’ayant absolument pas changé par ailleurs, perde tout son sens, toute sa valeur, toute sa vérité, dès lors qu’aucun observateur n’y puisse plus avoir accès?

    À défaut de résoudre cette apparente contradiction, que reste-t-il sinon la transcendance, c’est-à-dire un observateur aussi immuable que la vérité elle-même?

    Avec grands respect et gratitude.

  50. Simone MANON dit :

    Bonjour
    1) Pourquoi considérer que le principe de non contradiction, qui est un principe rationnel, ait une portée ontologique? Il se peut que le réel soit étranger à cette exigence.
    2) Il est souhaitable de ne pas confondre les notions de vérité et de réalité. Il n’y a de vrai ou de faux que dans les jugements, le vrai se définissant comme adéquation du discours et de l’objet sur lequel il porte.
    3) Il est souhaitable aussi de ne pas confondre les notions de vérité et de beauté. Un idée peut être vraie ou fausse, le propre d’un chef-d’oeuvre est d’être beau.
    4) Ce n’est pas parce qu’un chef-d’oeuvre a besoin d’une conscience pour être dévoilé comme beau, qu’il cesse d’exister en l’absence de cette conscience. Sartre disait en ce sens que la conscience est essentielle au dévoilement de l’être mais absolument inessentielle à son être, Cf. https://www.philolog.fr/la-conscience-est-essentielle-au-devoilement-de-letre-mais-inessentielle-quant-a-son-etre-sartre/.

    En conclusion, il me semble qu’il ne faut pas exiger de l’être, envisagé sous l’angle de son existence, les conditions qui font qu’il est POUR NOUS ceci ou cela.Comme il n’a pas besoin d’une conscience humaine pour être, il peut se passer d’une conscience divine.
    Bien à vous.

  51. Alex dit :

    Bonjour,
    Est-il pertinent d’associer Bakounine à la forme active du nihilisme, dans son idée que la révolte est inscrite dans la nature humaine, les auteurs du théâtre de l’absurde à la forme passive, et Sartre et Stanley Kubrick au nihilisme héroïque. Je pense pour ce dernier à la citation: « L’absurdité de l’existence force l’homme à lui donner sn ppropre sens. »
    Cordialement

  52. Max dit :

    Pour le plaisir d’apprendre, et d’échanger avec vous sur un sujet exaltant, je récidive.

    Est-ce telle ou telle contradiction qui aurait une portée ontologique, ou n’est-ce pas davantage la logique tout entière? Quelle logique tolérerait une hésitation quant à l’existence du vrai? Et quelle philosophie pourrait être échafaudée sans logique?

    Que sait-on du réel, à part ce qu’on en croit être vrai? La physique n’a cessé de trouver de nouveaux modèles et de nouvelles particules. Qui, aujourd’hui, s’avancerait à dire qu’il connait parfaitement de quoi le réel est fait? Vous suggérez que le réel saurait fort bien se passer d’une conscience humaine… or la conscience humaine fut… extraordinaire accident de parcours, ou exigence du réel? Comment l’interroger pour le savoir? Qu’est-ce que l’Évolution, sinon une orientation? Quelle est cette force qui anime le réel, vers quoi pointe-t-elle, et quoi en penser?

    En somme, comment pourrait-on revendiquer une connaissance du réel qui nous soustraie, nous et les outils dont nous disposons pour l’appréhender, de l’équation? Peut-être est-il vrai, comme vous le suggérez, que des choses sauraient exister sans que quiconque ne les connaisse jamais… mais qui pourrait l’affirmer avec certitude? Puisque le réel a inscrit au plus profond de nous-mêmes les liens qui nous unissent les uns aux autres, pourquoi penser qu’il aurait tout aussi bien pu se satisfaire d’un isolement, que d’autre part on serait incapable de constater de toute façon, et qui défie l’entendement?

    Respectueusement.
    (p.s. mes excuses à propos de l’anglicisme s’étant glissé dans mon commentaire précédent)

  53. Simone MANON dit :

    Réponse à Alex
    Je vous avoue mes réticences à mettre des étiquettes sur des auteurs au risque de désubstantialiser ce qu’elles impliquent et de méconnaître l’ambiguïté des pensées auxquelles on les applique.
    Les notions de nihilisme actif, passif, héroïque prennent sens dans le cadre d’une philosophie de la vie développée par Nietzsche. Peut-on les appliquer à une philosophie de la conscience comme celle de Sartre ou à un cinéaste dont une part importante de l’oeuvre est d’exhiber le nihilisme de la technique?
    Si le nihilisme héroïque consiste en un oui joyeux à l’existence, ou dans ce que recouvre la métaphore de l’enfant, est-il pertinent de l’évoquer pour une philosophie de la négativité ou pour une oeuvre cinématographique caractérisée par un profond pessimisme et un grand désespoir?
    Il y a de nombreuses études sur Kubrick et la question du nihilisme. Elles sont sans doute beaucoup plus utiles pour vous que les quelques remarques superficielles que je formule.
    Bien à vous.

  54. Simone MANON dit :

    Réponse à Max
    Que la vérité soit une exigence de la logique, nul doute, mais cela ne signifie pas que la logique ait une quelconque portée ontologique(la vérité logique est purement formelle). Nietzsche sur ce point produit des analyses dérangeantes mais d’une grande profondeur en faisant du monde-vérité une fiction(https://www.philolog.fr/eloge-de-lapparence-nietzsche/) ordonnée à des impératifs vitaux réactifs et donc nihilistes. Voyez la dernière partie de cette dissertation: https://www.philolog.fr/pourquoi-les-hommes-sefforcent-ils-de-connaitre-2/
    Vous soupçonnez avec justesse, dans un esprit kantien, les limites de notre connaissance. Kant en effet établit que nous n’avons accès qu’au monde phénoménal (le monde tel qu’il est informé par la structure de notre esprit). Le monde tel qu’il est en soi est un X inconnaissable. Tout au plus est-il permis de le penser, (voilà pourquoi il l’appelle le monde nouménal), sans que les résultats du penser ait valeur objective.https://www.philolog.fr/lexperience-est-elle-le-fondement-de-la-connaissance-le-criticisme-kantien/
    Bien à vous.

  55. Max dit :

    Repensant à votre question de la portée ontologique de la logique, au fil d’une lecture de Hofstadter (« I am a strange loop »), lequel a beaucoup développé certaines conséquences des fameux théorèmes de Gödel, je me disais qu’au fond la portée que j’entrevois se trouve davantage dans l’existence d’une vérité (essentielle à l’existence d’une logique, et en quelque sorte attaquée et défendue, dans le domaine de la logique, par le traitement des contradictions).

    Ma compréhension de Hofstadter est que, à l’aide de Gödel, il remet en question la valeur absolue de tout système cohérent d’interprétation, et préfère donc s’en tenir au monde réel, peu importe la compréhension qu’on pourrait en avoir: « Je ne pense pas qu’on puisse réellement prouver quoi que ce soit en philosophie. » J’imagine qu’il y a ici une certaine parenté avec Nietzsche.

    Or c’est là pour moi une sorte de contradiction essentielle: ou on est philosophe, c’est-à-dire qu’on « aime cette connaissance » (ou vérité) vers laquelle on tend (qu’on exprime symboliquement, et qui est soumise aux imperfections de Gödel), et qu’on envisage donc comme absolument valable (et aspirant à une certaine portée ontologique), ou alors, irais-je jusqu’à dire, on ne l’est pas: quelle serait la nature d’un attachement à une chose qu’on croirait d’emblée vaine?

    J’entrevois une correspondance entre cette espèce de dualisme (acceptation ou refus d’une vérité absolue), les dualismes philosophiques (ex. relation matière-esprit), et ultimement la question de la transcendance. Dans le monde auquel s’intéresse la science, rien ne se perd et rien ne se crée. Et pourtant il y a l’évolution, l’apparition de la vie, de la conscience; et pourtant dans le monde des idées, du sens, on ne cesse de produire de nouvelles interprétations; et pourtant nos vies sont tissées de liens nouveaux, qui nous définissent. Il me semble que la fin des choses (leur temporalité) nous confronte à la nature de la vérité, qui elle ne saurait cesser d’être (autre dualité: finitude vs éternité).

    J’ai cherché en vain plus de matière sur votre site touchant au dualisme (par exemple dans votre chapitre sur la conscience et l’inconscient) – ai-je mal cherché, ou est-ce un sujet que vous auriez moins directement abordé?

    En vous remerciant encore une fois.

  56. Simone MANON dit :

    Bonjour Max
    Je ne pense pas qu’il soit fondé de lier le problème de l’existence ou non de la vérité à la question du dualisme. Les grandes philosophies qui le théorisent (Platon, Descartes) ne font pas le deuil de la vérité. Elles établissent qu’il y a correspondance entre les principes de l’esprit et ceux qui régissent la matière. (Thème du démiurge chez Platon ou de Dieu chez Descartes, le créateur ayant déposé dans notre esprit les mêmes principes que ceux qui structurent la matière). Bref la facture dogmatique des grands systèmes philosophiques est indépendante des présupposés dualistes même s’il est vrai que nul mieux que le monisme spinoziste (parallélisme pensée – étendue) ne peut prétendre déployer la vérité de l’Etre sous forme géométrique.
    Je ne pense pas non plus qu’il soit légitime d’aligner l’intentionnalité philosophique sur celle de la science. Elles diffèrent tant dans leur objet que dans leur méthode. La science ne pose pas la question du sens et des valeurs. Elle se limite à l’étude des faits tels qu’ils sont donnés dans l’expérience. La philosophie interroge le sens du sens, la valeur de la valeur, le fondement de nos discours et de nos pratiques et leurs fins.
    La méthode du philosophe est la réflexion. Il s’agit pour l’esprit de faire retour sur lui-même pour conquérir l’autonomie intellectuelle et morale. Ce qui implique un sens aigu des problèmes, de la complexité des choses et surtout une aptitude au doute très développée. Le philosophe est un douteur, il doute de tout sauf de la capacité de la réflexion à nous affranchir de la bêtise et de la bassesse et à fonder des vérités raisonnables. En disant raisonnables et non pas rationnelles, on souligne la modestie du philosophe. Nul mieux que lui n’a conscience des limites de la raison et pourtant il ne cautionne pas nécessairement le scepticisme et le nihilisme. Comme le montre Socrate, nous pensons dans l’entre-deux de l’ignorance et du savoir absolu car nous sommes des hommes, non des dieux. La conscience de notre finitude nous impose de revoir nos prétentions à la baisse, la révélation de la raison à elle-même nous oblige à en déployer les possibles.
    Voyez ce texte de Russell. Il me semble assez fidèle à la pratique socratique. https://www.philolog.fr/la-valeur-de-la-philosophie-bertrand-russell/
    Bien à vous.

  57. Personne dit :

    Bonjour,
    et d’abord merci pour votre site qui est toujours une mine d’analyses et d’explications intéressantes et stimulantes. Je me permets de signaler que l’appel à contribution de la (toute jeune) revue de philosophie en ligne Paradoxes porte précisément sur ce thème : http://revueparadoxes.com/2013/05/16/si-dieu-est-mort/
    Bien cordialement,

  58. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Merci pour l’information et tous mes voeux de succès pour votre revue.
    Bien à vous.

  59. Personne dit :

    Merci !

  60. Marc dit :

    Bonjour.

    Connaissez-vous un bon commentateur de Nietzsche qui passe en revue les plus grandes idées du philosophe ?

    Merci.

  61. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La liste des commentateurs de Nietzsche est pléthorique et il y a souvent autant de Nietzsche que de commentateurs. Par exemple le Nietzsche de Heidegger n’est pas celui de Deleuze
    Si vous êtes un débutant en quête d’une initiation à sa pensée, vous pouvez lire le « pour connaître la pensée de Nietzsche » d’André Simha chez Bordas.
    Bien à vous.

  62. Lucie dit :

    Bonjour,

    Je m’excuse mais même après plusieurs lectures sur Nietzsche et le nihilisme je n’arrive toujours pas à comprendre si ce dernier était pour ou contre cette doctrine.

    En vous remerciant par avance de votre réponse.

  63. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Dans la mesure où Nietzsche (le philosophe au marteau) instruit la critique radicale des arrière-mondes, il dénonce le nihilisme, pour autant que celui-ci caractérise la métaphysique classique ou l’idéalisme philosophique. Sa philosophie en fait apparaître les illusions.
    Mais le nihilisme, c’est aussi le propre d’un moment culturel où toutes les valeurs supérieures s’effondrant (thème de la mort de Dieu) dominent le désespoir, la fatigue de vivre, l’angoisse, le pessimisme.
    Ce nihilisme réactif est aussi dénoncé par Nietzsche, le philosophe du oui joyeux à la vie. Il célèbre les forces actives, l’amor fati, la danse etc. Ce que symbolise la métaphore de l’enfant opposée à celle du chameau (1er nihilisme) et du lion (2ème nihilisme).
    Cf. « Ma formule pour ce qu’il y a de grand dans l’homme est amor fati : ne rien vouloir d’autre que ce qui est, ni devant soi, ni derrière soi, ni dans les siècles des siècles. Ne pas se contenter de supporter l’inéluctable, et encore moins se le dissimuler – tout idéalisme est une manière de se mentir devant l’inéluctable, – mais l’aimer» (Ecce homo, Pourquoi je suis si avisé).
    « Tout ce qui est nécessaire, vu d’en haut et dans l’optique d’une vaste économie de l’ensemble, est également l’utile en soi : il ne faut pas seulement le supporter, il faut l’aimer […] Amor fati, voilà le fond de ma nature » (Nietzsche contre Wagner, Epilogue, 4)

    PS: On ne dit pas « je m’excuse » comme si on était autorisé soi-même à s’excuser. Mais « excusez-moi ». La formule signifie qu’on sollicite la clémence de l’autre à notre égard.

    Bien à vous.

  64. hema dit :

    la métaphore a t-elle un sens dans l’inversion nietzschéenne de la métaphysique?

  65. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne prends la peine de répondre qu’aux internautes témoignant de la plus élémentaire des politesses. C’est ce qu’il faut vous empresser d’apprendre.
    Bien à vous.

  66. Atma dit :

    Bonjour,
    Encore merci pour ce travail considérable que vous effectuez sur ce site qui est très enrichissant.
    J’ai néanmoins le problème de la source d’une citation de Nietzsche qui est « La perspective certaine de la mort pourrait mêler à la vie une goutte délicieuse et parfumée d’insouciance – mais, âmes bizarres d’apothicaires, vous avez fait de cette goutte un poison infect, qui rend répugnante la vie toute entière ! ». Si vous pouviez m’aider, j’aimerai savoir où se trouve ce passage ( dans quel livre et quel chapitre (aphorisme)) s’il vous plaît!

    Merci d’avance,
    Cordialement.

  67. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne me souviens pas avoir lu cette formule dans ma fréquentation des œuvres de Nietzsche. Mais nous sommes tellement des machines à oublier!
    Je ne peux donc satisfaire vote curiosité.
    Bien à vous.

  68. Atma dit :

    Je vous suis très reconnaissant de m’avoir répondu! Je voulais vous signaler la source de la citation, elle se trouve en fait dans humain trop humain ( partie 2 ) aphorisme 322! En espérant entretenir notre appareil à mémorisation!

    Bien a vous.

  69. Simone MANON dit :

    Merci infiniment de me donner cette référence. Cela me dispense de chercher, ce que j’aurais certainement fait dès que j’en aurais eu le loisir.
    Bien à vous.

  70. kambale dit :

    Merci pour ce brillant article sur Nietzsche, mais je voudrais savoir plus sur le nihilisme par rapport à la modernité

  71. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il vous suffit pour satisfaire votre curiosité de vous mettre au travail.
    http://www.babelio.com/livres-/nihilisme/4527
    Vous avez sur ce blog un article consacré à la modernité. https://www.philolog.fr/quest-ce-que-la-modernite/
    Bien à vous.

  72. Jourde dit :

    Bonjour

    Je tenais à vous faire part de ma gratitude pour cet article.
    Simple, concis il m’a motive pour approfondir ma lecture de ce philosophe.
    Cordialement.

  73. François Olua Onulenga dit :

    Je vous félicite tous…

  74. Oumarou Tonde dit :

    je salue toute l’équipe pour la réalisation de cet article. ça va vraiment m’aider a réaliser un bon exposé et je tiens a vous remercier

  75. Maître Pangolin dit :

    Bonjour, je ne savais pas trop où poser ma question et les réponses que j’ai trouvé sur internet me semblent insatisfaisantes, si vous voulez bien m’éclairer : que signifie cette citation de Nietzsche « Je crains bien que nous ne nous débarrassions jamais de Dieu, puisque nous croyons encore à la grammaire » ?
    Merci d’avance,
    Cordialement.

  76. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Une langue n’est pas un instrument neutre par rapport à la réalité qu’elle nous sert à décoder. Elle enveloppe une représentation du monde, elle nous détermine à croire que le réel est comme elle l’analyse. De Humboldt disait qu’elle est « une métaphysique latente ».
    Par exemple, les substantifs inclinent à croire qu’il existe des substances dans le réel, un mot comme « je » ou « moi » qu’il y a des sujets, que les objets désignés par les mots ont des contours fixes, que leurs rapports obéissent à des règles logiques, (comme dans la syntaxe)etc. Le verbe « être » bien sûr est au principe de l’ontologie, de la théologie, etc.
    Or, pour continuer avec des exemples, y a-t-il sens à croire que la vérité, la beauté, la justice sont des réalités substantielles? Non, un jugement peut être qualifié de vrai; une œuvre de belle, une loi de juste, mais en dehors de cette fonction de qualification, la vérité, la beauté, la justice ne sont rien d’autre que des êtres fictifs ayant leur condition de possibilité (mystificatrice) dans la langue.
    Idem pour Dieu et toutes les abstractions métaphysiques.
    Bien à vous.

  77. Maître Pangolin dit :

    Votre réponse me permet de comprendre un peu mieux Nietzsche, cette citation avait l’air décrochée du reste dans le Crépuscule des Idoles et pourtant quand on lui donne du sens elle est très intéressante.
    Merci, bien à vous.

  78. Garçon Cedric dit :

    Bonsoir madame,

    Je cherche à retrouver l’ouvrage dans laquelle est inscrite la citation de nietzsche : « les entrailles de la pensée » que vous mentionnez vous même dans votre article ( qui, si je peux me le permettre, de bonne qualité pour quiconque cherche à avoir un aperçu de la philosophie de nietzsche)

    Merci d’avance pour votre réponse !
    Cordialement.

  79. Simone MANON dit :

    Bonjour
    L’expression figure dans de nombreux textes de Nietzsche.Par delà le bien et le mal, Ecce homo, Zarathoustra, mais il faudrait les relire pour trouver les références exactes.
    Bonnes lectures.
    Bien à vous.

  80. Régis dit :

    Bonjour
    Est ce que Nietzsche précise dans son œuvre, si on considère que l’humanité intègre l’amor fati et le nihilisme héroïque, si en quelque sorte nous devenons tous « surhumain » au sens Nietzschéen; vers quelle culture ou civilisation cela pourrait il mener?
    Merci d’avance pour votre réponse.
    Cordialement .

  81. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Votre propos semble présupposer qu’il y aurait pour Nietzsche une loi régissant nécessairement l’histoire. Or rien n’est plus étranger au nietzschéisme que le principe d’une réalité historique unifiable au sens des grandes philosophies de l’histoire. La réalité est un jeu de forces, (affrontement des volontés de puissance), une pluralité, une multiplicité, un chaos dénué de but et sans structure prédéfinie. L’amor fati et le nihilisme héroïque renvoient à la définition d’une éthique, liée elle-même à une certaine force de vie, non à l’idée d’une nécessité historique.
    Bien à vous. 

  82. Sawadogo fulgence dit :

    Vraiment merci pour ce Bon travail sur ce célèbre philosophe et sur LA pertinence de ses idées sur LA Mort de Dieu.. Cette pensée peut nous aider a fair face au fondamentalisme religieux et a redonner a l’homme sa place dans LA philosophie et dans LA religion..

  83. Hannah dit :

    Bonjour et merci beaucoup pour votre travail 🙂

    Je me permets de vous adresser cette question car je suis un peu perplexe au sujet des notions de « nihilisme actif, passif, et héroïque ».
    En effet, vous opposez le nihilisme héroïque aux nihilisme réactifs (passif et actif).
    Or, la plupart des autres textes que j’ai lus sur le sujet semblent utiliser le terme de « nihilisme actif » pour définir ce que vous définissez vous par « nihilisme héroïque » et j’avoue que je suis assez perdue.

    Afin de résoudre cette confusion, je suis allée chercher comme source une définition qui aurait été donnée par Nietzsche lui-même, et tout ce que j’ai trouvé est un passage de la « volonté de puissance » :

    « Le nihilisme peut être un signe de force, la vigueur de l’esprit peut s’être accrue au point que les fins que celui-ci voulut atteindre jusqu’à présent (« convictions », « articles de foi ») paraissent impropres car une foi exprime généralement la nécessité de conditions d’existence, une soumission à l’autorité d’un ordre de choses qui fait prospérer et croître un être, lui fait acquérir de la force…) ; d’autre part le signe d’une force insuffisante à s’ériger un but, une raison d’être, une foi. Il atteint le maximum de sa force relative comme force violente de destruction : comme nihilisme actif. Son opposé pourrait être le nihilisme fatigué qui n’attaque plus : sa forme la plus célèbre est le bouddhisme, qui est un nihilisme passif »

    J’apprécie votre catégorisation en trois « nihilismes », elle « sonne juste » à ma compréhension, mais elle ne recoupe ni ce que je peux lire ailleurs sur le sujet, si ce que je comprends en lisant le paragraphe ci-dessus. Pourriez-vous m’éclairer (en m’indiquant notamment sur quels extraits vous vous êtes appuyée afin de procéder à cette catégorisation) ?

    En vous remerciant !

  84. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Que le nihilisme héroïque soit un nihilisme actif, cela va de soi mais l’inverse n’est pas nécessairement vrai. Défini comme « force violente de destruction », le nihilisme actif n’a rien d’héroïque. Il est réactif et étranger au « oui joyeux » à la vie.
    Le nihilisme héroïque est symbolisé par l’enfant, l’autre par le lion. La « mort de Dieu » (= nihilisme) est pour le premier une nouvelle aurore,( dit Nietzsche dans le texte cité dans l’article), l’expérience d’un cœur débordant de gratitude, une absence totale de ressentiment. Toute l’œuvre de Nietzsche, dans son versant positif, annonce cette bonne nouvelle.
    « Ma formule pour ce qu’il y a de grand dans l’homme est amor fati : ne rien vouloir d’autre que ce qui est, ni devant soi, ni derrière soi, ni dans les siècles des siècles. Ne pas se contenter de supporter l’inéluctable, et encore moins se le dissimuler – tout idéalisme est une manière de se mentir devant l’inéluctable, – mais l’aimer» (Ecce homo, Pourquoi je suis si avisé).
    « Tout ce qui est nécessaire, vu d’en haut et dans l’optique d’une vaste économie de l’ensemble, est également l’utile en soi : il ne faut pas seulement le supporter, il faut l’aimer […] Amor fati, voilà le fond de ma nature » (Nietzsche contre Wagner, Epilogue, 4)
    Bien à vous.

  85. RALPH GULL dit :

    Merci pour cette interprétation fine qui évite bien des pièges dans lesquels beaucoup sont tombés.
    Et bien dansons maintenant !

  86. christian dit :

    Merci pour ce partage épistémologique. Je me pose donc cette question, Que peut-on dire en quelques mots sur la mort de Dieu d’après Nietzsche ?

  87. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Si cet article ne vous permet pas de trouver « ces quelques mots » il ne faut vous en prendre qu’à vous-même.
    Bon travail.

  88. teyssedre dit :

    Chère Madame,

    merci beaucoup pour votre article et pour votre travail en général.
    Je vous écris car je me demandais dans quelle mesure il serait légitime d’opérer un rapprochement entre la question de « la création des valeurs » chez Nietzsche et chez Sartre.
    Dans « L’existentialisme est un humanisme » Sartre soutient, sauf erreur de ma part, qu’il doit exister une parenté entre art et morale et que l’individu doit, si Dieu n’existe pas, créer ses valeurs comme un artiste créé son oeuvre (c’est-à-dire en toute liberté quoiqu’il ne s’agisse pas pour autant d’un acte gratuit).
    Evidemment, Sartre ne partage pas, du moins explicitement, les analyses de Nietzsche concernant les forces réactives à l’oeuvre dans la modernité. Mais y aurait-il un rapprochement à faire entre forces réactives et mauvaise foi ? Et entre la nécessité d' »interprétation » chez Nietzsche et chez Sartre ? Entre la création de valeurs chez l’un et chez l’autre ?
    Et si oui, où doit-on faire cesser ce rapprochement ?

    Bien à vous. Et merci encore.

  89. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne suis pas sûre qu’il soit possible d’opérer de manière pertinente un rapprochement des deux auteurs sur la question de la création des valeurs ne serait-ce que parce que l’un (Sartre) affirme un dualisme de l’être et de la valeur, définit le règne des fins comme ce vers quoi transcende la conscience même si c’est sous la forme d’une « passion inutile », récuse le principe du solipsisme alors que l’autre considère que ce type de pensée est un nihilisme incomplet.
    Nietzsche est un penseur assumé de l’immanence alors que pour Sartre l’existant ne cesse de transcender vers…C’est un penseur de la solitude alors que l’autre ne cesse d’affirmer qu’autrui, la nature sont des dimensions essentielles de l’être au monde.
    Bref je ne suis pas à l’aise dans un exercice ayant le tort à mes yeux de minimiser l’irréductibilité des deux systèmes de pensée.
    Bien à vous.

  90. teyssedre dit :

    Bonjour,

    Merci pour votre réponse… et pour le reste !
    Un détail qui m’échappe : quand vous parlez de « dualisme de l’être et de la valeur », est-ce à dire simplement que, pour Sartre, les choses n’ont pas de valeur en soi, antérieurement à la manière dont on les interprète ?

    Bien à vous.

  91. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il y a de l’être antérieurement et extérieurement à notre existence mais il faut un pour-soi, c’est-à-dire une conscience pour le dévoiler. https://www.philolog.fr/la-conscience-est-essentielle-au-devoilement-de-letre-mais-inessentielle-quant-a-son-etre-sartre/
    C’est par la manière dont le pour-soi se projette vers le monde que les choses surgissent pour lui, revêtent tel ou tel sens, telle ou telle valeur. Or le propre de la conscience est de refuser le donné tel qu’il est, de se projeter vers un idéal dont elle sait qu’il n’a pas d’être en soi (c’est un néant), mais c’est au nom de ce devoir-être, qui est aussi un impossible, qu’elle ne cesse de nier, de transformer ce qui est.
    « La valeur, en effet, est affectée de ce double caractère, (…) d’être inconditionnellement et de n’être pas. En tant que valeur, en effet, la valeur a l’être ; mais cet existant normatif n’a précisément pas d’être en tant que réalité. Son être est d’être valeur, c’est-à-dire de n’être pas être. (…) La valeur est par-delà l’être. (…) la réalité humaine est ce par quoi la valeur arrive dans le monde » (EN, p. 132-133).
    Bien à vous.

  92. teyssedre dit :

    Entendu !

    Merci beaucoup.

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