La question est de savoir ce que l'on entend par justice car tant qu'on en reste à des formules telles que "rendre à chacun son dû" et qu'on ne précise pas en quoi consiste ce dû, on se dispense d'affronter la question. Cf. Textes.
D'abord soulignons que c'est un idéal de la raison. (Opposable à idéal du cœur).
Comme il y a une justesse mathématique, il nous semble qu'il y a une justice, dont notre raison est le temple. L'idée de justice connote celle d'exactitude, d'égalité, de proportionnalité, toutes notions appartenant au registre des mathématiques.
Après avoir défini le juste par le légal, Aristote propose ainsi dans l'Ethique à Nicomaque de définir le juste par l'égal. En témoigne le symbole de la balance. Le point d'exactitude s'établit au moment où le plateau s'équilibre, où l'égalité est établie entre des quantités mises en rapport. L'idée d'égalité implique de prendre en considération divers éléments et de les comparer.
Ces éléments sont :
-d'une part les membres associés dans un corps politique,
-d'autre part les biens : richesses, honneur, autorité, responsabilité, récompenses, châtiments, qui sont à répartir à l'intérieur de la société.
Une réflexion sur la justice exige de considérer la société, non seulement comme un système de coopération issu du vouloir- vivre ensemble mais aussi comme un système de répartition. On dit d'ailleurs qu'on prend part, ce qui signifie à la fois participer et avoir sa part dans la répartition des avantages et des charges.
PB : Selon quels principes la répartition doit-elle s'opérer ?
A) La justice commutative.
1°) Définition de la commutativité.
Caractère d'une opération dont le résultat ne varie pas si on intervertit les termes ou les facteurs. L'addition ou la multiplication sont commutatives.
2°) La formule et le domaine d'application de la justice commutative.
Elle consiste à penser l'égalité comme l'égalité arithmétique. Le partage arithmétique est simple. Sa formule s'énonce ainsi : « à chacun la même part ».
La justice commutative préside aux échanges. Les biens échangés doivent être égaux pour que l'échange soit dit juste et nul marchand ne s'y trompe. Derrière l'équivalence des biens échangés se profile l'égalité des sujets qui échangent. Le troc, dans les sociétés anciennes, le juste prix, dans les échanges modernes procèdent de cette exigence.
PB : La difficulté consiste à déterminer le domaine de l'égalité arithmétique. Les sociétés modernes ont affirmé l'égalité en droit des personnes et ont considérablement élargi le domaine de l'égalité arithmétique. Ainsi devant la loi, un homme vaut un homme (isonomie) ; le principe de l'élection pose : un homme, une voix, la constitution affirme que les droits fondamentaux sont les mêmes pour tous. L'égalité politique est de l'ordre du fait.
A titre d'exigence, les sociétés modernes se sont donné pour tâche de réaliser l'égalité des chances dans l'accès aux fonctions d'autorité et de commandement et aux diverses compétences. Les moyens mis en œuvre sont la démocratisation de l'enseignement, le système des bourses pour les plus pauvres, aujourd'hui on est en train de mettre en place la discrimination positive pour donner une chance supplémentaire à ceux qui, dans la compétition scolaire ne semblent pas avoir les mêmes chances que d'autres.
PB : Peut-on préconiser l'égalité arithmétique dans tous les domaines ? Par exemple, est-il légitime de donner la même part à tous les membres d'une société, lorsqu'il s'agit de l'exercice des responsabilités, des fonctions de commandement, des biens économiques ?
Pour les responsabilités et les fonctions d'autorité on voit vite les limites de ce principe. Donner le commandement militaire à un incapable, c'est conduire une armée à la déroute. L'égalitarisme pur et dur se heurte ici au principe d'efficacité.
Pour les biens économiques aussi. Si la société était une société d'abondance des biens qu'il s'agirait simplement de distribuer, le principe : « à chacun la même part » pourrait se légitimer. Mais on ne peut distribuer que les richesses que les hommes produisent. Dés lors, est-il juste de donner la même part à l'ouvrier de la première heure et à celui de la onzième ? (Parabole de l'Evangile selon St Matthieu XX, I, 16).
L'égalitarisme dogmatique heurte autant notre sens de la justice, qu'une hiérarchie injustement définie. (Pensons aujourd'hui au caractère scandaleux de la répartition des revenus dans la dérive actuelle du capitalisme financier où un manœuvre ne gagnera pas dans toute sa vie, ce que le PDG gagne en un an. Pensons à la scandaleuse rémunération des stars, des sportifs, de certains médias et étonnons-nous que nos compatriotes ne s'indignent que pour les premiers comme s'il était plus indigne de recevoir des revenus faramineux là où on produit des richesses économiques, que là où on produit du rêve).
C'est que, comme l'analyse Aristote, cette notion d'égalité arithmétique ne convient pas à la nature des personnes et des choses partagées. Egaliser ce qui est inégal conduit à l'injustice.
Ex : Donner la même note au candidat travailleur et au candidat paresseux nous scandalise au même titre qu'attribuer la même valeur à des biens impliquant une quantité et une qualité de travail différentes.
B) La justice distributive.
Elle ne renonce pas au principe d'égalité, mais elle substitue à l'égalité arithmétique, l'égalité proportionnelle. Elle est appelée ainsi car, comme en mathématique, l'égalité n'est pas entre des choses mais entre des rapports.
Aristote voit bien que ce qui fait problème, c'est le partage inégal. Une société n'est pas l'association d'un médecin et d'un autre médecin, c'est l'association d'un cordonnier, d'un médecin, d'un architecte, d'un paysan etc. Les personnes à comparer ne sont pas plus égales que les choses à distribuer. « Et ce sera la même égalité pour les personnes et pour les choses : car le rapport qui existe entre ces dernières, à savoir les choses à partager, est aussi celui qui existe entre les personnes. Si, en effet, les personnes ne sont pas égales, elles n'auront pas des parts égales ; mais les contestations et les plaintes naissent quand, étant égales, les personnes possèdent ou se voient attribuer des parts non égales, ou quand les personnes n'étant pas égales, leurs parts sont égales » Ethique à Nicomaque V, 6 1131 a20-23.
La formule de la justice distributive est donc : « A chacun ce qui convient ». Il faut établir une égalité entre le rapport de la contribution de tel individu et telle part, et le rapport de la contribution de tel autre individu et telle autre part. La justice proportionnelle implique quatre termes : deux personnes et deux parts et il faut que A/B=C/D.
Le « ce qui convient » se décline de deux manières :
1) A chacun selon son mérite.
Ex : « Celui qui ne travaillera pas ne mangera pas ». Parole de l'Evangile.
« Le salaire qui n'a pas été gagné ne peut pas être versé » Ford.
On ne peut nier la valeur morale et la valeur sociale de ce principe. Il est un facteur d'émulation, de dynamisme nécessaire au progrès social. Néanmoins il fait difficulté à plus d'un titre.
PB : Qu'est-ce que le mérite ? En fonction de quel critère l'apprécier ? En général on l'apprécie en fonction de critères d'utilité publique : la compétence actualisée dans un domaine, le dynamisme, l'autorité, la capacité de produire de la richesse collective. Ce mérite est problématique car s'il ne s'agit pas de le nier, il s'agit de comprendre qu'il est en grande partie déterminé par des contingences naturelles et culturelles. Qui mérite son mérite objecte la grand théoricien contemporain de la justice : John Rawls ? La répartition au mérite serait juste si la distribution des talents au départ l'était aussi. Ce qui est loin d'être le cas or on peut se demander si la société n'a pas davantage à réparer les injustices de la nature et de l'histoire qu'à les institutionnaliser ?
Moralement il n'y a qu'un mérite qui ne fasse pas problème c'est celui qui ne dépend que de l'effort de la personne, c'est donc le mérite moral. En ce sens un individu est méritant non pas s'il fait mieux que les autres mais si confronté à des handicaps ou des insuffisances de départ, il arrive à des résultats remarquables. Un individu est aussi méritant au sens kantien s'il fait preuve de bonne volonté.
La société n'est pas indifférente à ce mérite, mais ce n'est pas celui-ci qu'elle récompense. C'est que le mérite moral rend une personne estimable, elle ne la rend pas nécessairement plus utile qu'une autre du point de vue des intérêts empiriques d'une société. Cf. Article premier de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune ».
PB : La justice distributive, à l'inverse de la justice commutative ne peut pas s'exercer d'elle-même. Elle ne peut le faire que par voie d'autorité. Ex : C'est le professeur, personne investie d'un pouvoir pédagogique, qui apprécie la part revenant à chaque élève. C'est le chef d'entreprise qui est habilité à déterminer le mérite respectif de ses employés etc. Tant que l'autorité s'exerce impartialement, il n'y a pas de problème, mais on voit bien le danger d'une autorité s'exerçant arbitrairement. Une distribution injustifiable rationnellement est une injure au principe de l'égalité en droit des personnes et en particulier à l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.1789. Celui-ci pose que tous les citoyens étant égaux en droit, « tous sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».
PB : La justice distributive fonde un ordre social hiérarchique. Or comment concilier cette hiérarchie avec la tendance lourde de la société démocratique, qui est selon Tocqueville, tendance à l'égalisation des conditions ? La distribution légitime des différences sociales et celles-ci sont vécues par l'homme démocratique comme des inégalités c'est-à-dire des injustices. On sait, en effet, que l'égalisation des conditions ne fait pas disparaître un affect aussi misérable que l'envie, elle l'attise. Plus les hommes sont égaux, plus la rivalité entre eux s'approfondit, la formule de l'envie étant la suivante : « Plutôt en avoir moins, pourvu que l'autre n'en ait pas plus que moi ». La puissance de ce sentiment expose la société démocratique à ce que Tocqueville appelle le despotisme démocratique. La passion pour l'égalité peut ainsi être le tombeau de la liberté, lorsqu'elle n'incite pas chacun à « être fort et estimé »mais lorsqu'elle se dégrade en « un goût dépravé pour l'égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l'égalité dans la servitude à l'inégalité dans la liberté ». De la Démocratie en Amérique. I, 3. Cf. Textes.
2°) A chacun selon ses besoins.
Marx pensait que le principe de la distribution ultime de la société communiste devait permettre d'opérer le passage du « chacun selon ses capacités et son travail » (phase socialiste) au « chacun selon ses besoins » (ce qui suppose abondance des biens.).
Cette formule est problématique à un double titre. Peut-on autoritairement définir ce que sont les besoins des hommes ? Même dans une société d'abondance des biens est-il juste de distribuer également les richesses sans considération des compétences et des efforts humains nécessaires à leur production ?
Conclusion:
Il en est de la justice ce qu'il en est de la vérité. L'esprit est travaillé par une exigence de justice comme il l'est par une exigence de vérité mais il n'y a pas plus de principe absolu de justice qu'il n'y a de critère infaillible de la vérité. Dès qu'il y a absolutisation d'une formule, l'injustice est au rendez-vous.
D'où la responsabilité de l'homme qui est de juger en toutes circonstances ce qui convient en évitant, à la fois, les aveuglements du dogmatisme et les renoncements du scepticisme.
C'est pourquoi le langage désigne du même mot de "jugement" l'opération fondamentale de la pensée et l'acte de rendre justice. Dans les deux cas il faut peser, mesurer, évaluer avec justesse pour être juste.
D'où le précepte pascalien : "Travaillons donc à bien penser, voilà le principe de la morale". Pensée 347B.
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Bonjour Simone,
Juste un petit mot pour te féliciter pour ce blog exigeant et extrêmement riche.
Cordialement.
Fatma
Merci Fatma. Je suis particulièrement sensible à l’appréciation d’un jeune professeur de ta qualité.
Bonjour madame Manon, je retrouve mes jeunes années de Philo, avec les sens critiques attachés aux mots composant les formules…Aristote & Platon… et que Nihil novi sub sole, les questions de société étaient les mêmes, et vous les posez de manière trés intéressante. Vos élèves doivent se régaler.
J’ai 59 ans, je suis chef d’entreprise,avec plusieurs sites de tailles différentes, vos concepts sur la justice et vos propos sont d’une rare acuité et justesse.Bravo.
Je met ce blog dans mes favoris, et en cas de besoin de retrouver des valeurs saines de raisonnement , je saurai où puiser.Salutations cordiales
Merci infiniment monsieur. Je sors de conseils de classe où s’est dit le découragement de professeurs confrontés à des élèves qui « ne se régalent pas du tout » parce que la réflexion est le cadet de leurs soucis. Je crois bien que j’avais besoin de lire un message si sympathique. Pour l’opportunité psychologique de ce clin d’oeil, merci encore.
Bonjour,
Redevenu étudiant pour le plaisir et pour des évolutions professionnelles futures, j’étudie en Master des Droits de l’Homme.
J’apprécie vos pages, simples, claires et intelligentes, face aux complexités du système Rawlien et à la nécessité d’appréhender philosophiquement la portée des évolutions sociales et juridiques.
Je réalise mieux le potentiel philosophique de « changement social » et les potentiels utilisations de ces notions qui peuvent sous tendre les évolutions du législateur et du juge en matière de Droits de l’Homme et de démocratie.
Je met votre site parmi mes favoris et prendrait le temps d’y revenir souvent. Le site de Marcel Gauchet a l’air également fameux.
Merci encore donc 😉
tout simplement Bravo!!!!
Bonjour Madame.Je vous remercie enormement pour l article et pour le site. Mais il y a une question a laquelle je n ai pas pu repondre. Pourquoi le principe de l egalite des chances est si problematique? Puisque l education est accessible a tous, alors le principe du merite ne serait il pas a son tour justifie? Merci
Ce qui est vrai en théorie ne l’est pas nécessairement en pratique. Les chances ne sont pas égales dans les conditions concrètes d’existence. Tout le monde ne naît pas avec les mêmes possibilités, dans des contextes familiaux identiques ou dans des sociétés offrant les mêmes chances d’accomplissement. La personne n’en est pas responsable. En ce sens l’idée de mérite est problématique.
Je dirais même plus, que le principe de l’égalité des chances n’existe même pas en théorie, c’est un idéal, qui malheureusement ne sera jamais atteint, et telle est le problème aujourd’hui pour la justice qui est à l’image de l’homme imparfaite, Si seulement Dieu pouvait décider du sort des hommes à lui tout seul, il est quand même à l »origine de leur existence. pour en revenir a notre principe d’égalité des chances. Cet idéal ne sera jamais atteint tout simplement parce qu’elle n’émane pas de la volonté du seigneur mais de celle de simple hommes qui ont voulu inculquer ce principe a des nation à travers un traité officialisé par ces même hommes. Les hommes ont désormais cette manie affligeante de cracher sur l’église et la religion, ce qui est abjecte, et le Seigneur ne voudra pas leur pardonner, Car s’il y a une chose qu’il n’accepte pas c’est le reniement qui est injurieux à son égard, Tel est mon avis de chrétien pratiquant, j’espère que vous me laisserez exprimer mon avis, car Nous sommes dans un pays ou règne la liberté d’expression et la liberté d’opinion. Votre bog est très riche en informations mais a mon opinion votre quête de vérité et de la sagesse est encore loin, écoutez la voie divine.
Nous sommes en effet dans un pays protégeant la liberté d’opinion mais opiner n’est pas penser. Il faut apprendre à penser, ne serait-ce que pour comprendre que le pire ennemi de l’esprit n’est pas le doute mais la certitude. La philosophie permet de sortir du dogmatisme avec lequel vous ne semblez pas avoir rompu.
Je vous souhaite cette salutaire liberté.
vous pouvez penser ce que vous voulez, comme j’ai le droit de penser ce que je veux, mais les fait sont là, Jésus le christ a bel et bien existé, l’histoire l’a prouvé, s’il a bel et bien existé, alors son père Le seigneur est forcément bel et bien réel, ma certitude s’appuie aussi sur la quête de vérité mais la voie divine est la voie que j’ai choisi tel a été mon choix et je dois être redevable à Dieu toute ma vie, car il m’a crée et ils voient ses fils le renier, la fidélité et la foie guident mon chemin vers la sagesse, je ne cherche à convertir personne, mais si je suis dogmatique, c’est à dire pratiquant d’un dogme alors j’en suis bel et bien fier, car pour moi la quête de la vérité se trouve par la foie et par le biais de la voie divine. Je suis fier d’avoir un église qui nourrit les pauvres, qui aide les personne en difficulté, mon église aide les plus malheureux, elle s’appuie sur des principes de solidarité, d’entraide, d’amour ce qui est à mes yeux sont plus important qu’une imaginaire quête de la sagesse, qui cherche a comprendre les hommes, leurs geste, le monde par le biais d’écrits et d’institutions, que les hommes imparfaits dirigent, ou encaissent, Que fait votre église ? C’est vrai vous n’en avez pas, Dieu les préserve saura t’il les pardonner ? Je suis enfermé dans un dogmatisme, mais le mien est le bon, il ne m’autorise pas toute les liberté mais il me vaudra sûrement le salut éternel, et la vie après la mort, alors que le votre ne vous apportera aucun salut car il est à mon opinion injurieux envers le tout puissant, le créateur du ciel et de la terre
On se demande dans ces conditions ce que vous venez faire sur un blog de philosophie. Jusqu’à preuve du contraire personne ne vous y contraint. A moins que Dieu ne vous en ait adressé la requête! Ce qui ne serait guère compatible avec la sagesse divine ….
Bonsoir Madame,
Elève de terminale cotoyant régulièrement votre site aussi clair qu’intéressant, je me permet de vous adresser ce mail de remerciement. Quelle culture m’a – t-il apporté!
En outre, je souhaiterai vous adresser mes doutes au sujet de ma dissertation : » Peut-on s’entendre sur la justice? » Dans un premier temps je pensais organiser mon plan en trois parties: la première traitant du droit naturel et du droit positif, la seconde de la justice commutative et de la justice distributive, et la dernière répondant à ma problématique par la transcendance de la justice selon le jusnaturalisme. Ensuite en consulatant vos cours, je me suis rendu compte qu’il serait peut-être judicieux de faire appariatre la distinction entre la morale et le droit. Dans ce cas mon plan s’organiserait en quatre parties (est-ce possible?): la première analysant cette distinction, la seconde s’interrogerait sur la manière d’articuler le droit positif et le droit naturel, la troisième sur la justice commutative et la justice distributive et enfin la dernière résolvant le problème de la partie précédente par la valeur de l’équité. Mais dans ces deux plans que je vous propose, je pense que le problème réside dans le fait qu’il ne suivent pas un raisonnement philosophique. En effet comment justifier la transition des deux natures du droit aux deux manières d’appliquer la justice (commutative ou distributive) ? En dernier lieu, je pensais qu’il fallait plutôt que je conserve un plan en trois parties, quitte à ne pas traiter le problème de l’hétérogénéité de la morale et du droit, mais à le faire suivant un raisonnement plus philosophique. C’est-à-dire que ma première partie consisterait à aborder dans une première sous-partie les notions de droits naturel et positif, puis dans une seconde sous-partie celles de la justice distributive et commutative ; ensuite ma seconde partie déplacerait le problème en s’interrogeant d’abord sur les liens de la légitimité et de la légalité, puis sur le problème des critères du mérite pour établir l’égalité. Enfin ma dernière partie penserait les relations des droits naturel et positif suivant le fondement du droit positif par le droit naturel (mais est-ce juste de penser ainsi, si je puis m’exprimer en ces termes?), et que la justice serait plutôt une question d’équité. Ainsi, je ne sais trop comment organiser ma dissertation … je pencherais plutôt pour la dernière solution. D’autre part est-il impératif de traiter la distinsction entre les droits naturels et positif, ou vous semble-t-il que d’autres points seraient tout aussi importants?
Je vous remercie de nous donner cette possibilité de vous faire part de nos interrogations.
Bonne soirée.
J’ai comme principe de ne pas intervenir dans le travail des élèves. Néanmoins je vais faire une exception car il me semble que vous comprenez mal votre énoncé de dissertation. Le problème ne porte pas sur la distinction du droit et de la morale ou du droit positif et du droit naturel même si l’analyse doit vous conduire à la rencontrer. Il porte sur « peut-on s’entendre ».
La question est de savoir si les hommes peuvent réaliser des accords communs sur l’idée de justice, si en cette matière il et possible de surmonter le différend ou le conflit des opinions ou si celui-ci est irréductible.
Il faut donc expliciter ce qui est au principe de ce différend (voyez: pourquoi le légal n’est-il pas toujours le juste) et explorer les voies permettant de le surmonter. Vous pouvez consulter avec intérêt les cours intitulés: la guerre des dieux ou l’unité et la paix par le logos et la théorie de la justice selon Rawls sur ce blog. Vous reporter aussi au texte de St Augustin auquel un lien renvoie au début du cours précédent.
Bon courage.
Je vous remercie de m’avoir réorienter ! En effet, je rencontrai un problème pour conclure mon cheminement. Je comprends maintenant mieux comment organiser ma dissertation!
Merci encore.
Bonne journée.
L’exposé est clair et très pédagogique.
Une chose me gêne cependant : c’est cet « idéal de la raison », opposé à « l’idéal du coeur », qui définirait la justice et dont vous parlez au début !
Vous citez vous-même Pascal ailleurs (qui ne croyait pas en la justice humaine : « la justice est ce qui est établi »), or pour lui le « coeur » est bien cette raison intuitive (ce noûs, ou cet « intellect » au sens antique du terme) qui ne s’oppose pas tant à la « raison raisonnante » qu’elle ne la « comprend » (au sens étymologique), et la dépasse.
La justice s’expérimente, dans un premier temps, non pas rationnellement, mais dans l’expérience (toujours cruelle) de l’injustice vécue ! Ce « sentiment » éprouvé ne contredit donc pas la « rationnalité » de la justice, mais la révèle au contraire dans toute son exigence, comme une intuition : « le coeur a ses raisons… »
La justice ne s’appréhende donc pas d’abord « mathématiquement », sous la forme d’un calcul (« rendre à chacun… »), mais « moralement » : si je rends à chacun…, si je le défends, c’est d’abord que je le considère comme une fin ! Si la raison est donc « le temple » de la justice, il s’agit bien de la raison pratique, celle qui est à l’écoute de la Loi morale pour laquelle elle éprouve du respect, et non de la raison pure qui traite des mathématiques !
La (froide) mathématique de la justice, celle qui définit la sphère de la légalité, du droit positif, des tribunaux, me semble donc intervenir dans un second temps, après « cette brûlure et cet effort sur soi-même » dont parle Camus et qui donne vie à la Justice comme vertu, comme attention portée à l’autre « absolument », indépendamment de sa relation sociale à autrui, et contre mon égoïsme naturel (mon « insociable sociabilité ») : je veux être juste avec lui, et étant juste avec lui, je dois l’être avec l’autre, doté de raison ou non, puisque ce qui est raisonnable doit user avec raison de ce qui n’en a pas… Evidemment, dans cette conception que j’appellerais « absolue » ou « idéale » (et non « sociale », « politique » ou « mathématique ») de la justice, le « légitime » prime sur le « légal » et sur « l’égal » : même si je ne peux rendre justice à tout le monde, je dois rendre justice à Paul par rapport à des valeurs en soi, de respect, d’honnêteté etc. ! C’est toute la différence avec une conception plus archaïque et « tribale » de la justice, où je rends justice à autrui (qui n’existe pas en tant qu’individu) en fonction de ce que je dois au groupe (pour sa survie), même si évidemment la dimension « sociale » de la justice « absolue » ne peut jamais être ignorée… mais elle n’est plus première : cette justice peut même se rendre contre le groupe injuste !
Mais tout ceci n’est pas très aristotélicien… ni vraiment kantien d’ailleurs, et demande peut-être plus d’approfondissement et d’éclaircissement !
Ces précisions sont belles et justes et je vous remercie d’enrichir ainsi ce cours.
Mais je maintiens la différence entre l’exigence de la raison et sa rigueur, souvent bien dure pour ceux qui s’exposent à en subir la loi (pensons à la justice corrective) et celle du coeur. Il faut bien distinguer la justice et la charité, la justice et le pardon. Les analyses de Lévinas sont ici précieuses.
Il me semble donc que vos remarques confondent la justice comme vertu morale et la justice comme vertu sociale.
c’est toujours un plaisir pour moi de vous lire.
je retrouve enfin le prof de philo dont j’ai toujours revé.
la simplicité, la justesse des mots que vous choisissez me fascinent.
merci pour tout ce que vous m’avez apporté.
vous m’enrichissez chaque jour un peu plus.
et je vous en suis reconnaissant.
Merci pour ce sympathique message.
Mme MANON,
C’est avec un grand intérêt que j’ai lu les nombreux cours que vous avez postés sur ce merveilleux blog. Grâce à vous, j’ai redécouvert mes cours de Philosophie qui restaient pour moi, jusque ici, rébarbatif.
Je suis actuellement en Terminale S, et je songe grandement à prendre cette matière pour l’Oral de Rattrapage.
Ma lecture suivie concerne la « Lettre à Ménécée » d’Epicure. Ne pouvant laisser de commentaires sur le cours que vous avez rédigé (je ne sais pas pourquoi), j’ai décidé de le laisser ici.
Votre commentaire appuie fortement sur la vie d’Epicure, son contexte philosophique, ses contemporains…Vous y consacrez même une partie entière. Je voulais savoir si, lors de l’Oral de Philosophie, je devais autant appuyer sur la vie d’Epicure et ses contemporains. En effet, ne disposant que de 10 minutes d’exposé, cela me semble un peu court pour autant préciser la vie d’Epicure, sachant que sa lettre est déjà assez longue. Ne dois-je pas seulement parler d’Epicure lui-même dans l’introduction de mon exposé ? Bien sûr, je pourrais parler de lui au cours de mon développement, si cela est justifié…
Merci beaucoup de vos réponses!
Il est bien tôt pour parler d’oral. Vous ne pouvez pas savoir, avant les résultats de l’écrit, quelle est la discipline qui vous permettra de récupérer les points manquants.
Cela dit vous n’aurez pas l’ensemble de la lettre à expliquer. Le professeur vous indiquera un passage précis et c’est ce texte dont vous aurez à déployer les significations. Les indications concernant l’auteur, son époque doivent être connues, pour répondre à certaines questions mais ce n’est pas l’essentiel.
Tous mes voeux de réussite.
Bonsoir,
Ne peut-on pas aller jusqu’à dire que la justice commutative est une illusion dans la mesure où elle entend donner à chacun la même chose ? Prenons l’exemple de deux familles qui touchent des aides de l’État, l’une qui compte trois membres dont un non citoyen (mineur) (A), l’autre qui en compte six (B), dont quatre non citoyens (parents et enfants). Dans la mesure où le couple responsable doit (au nom de la loi) maintenir et donc dans une certaine mesure, partager la somme attribuée avec ses enfants, donner x montant à A correspond !en fait! à lui donner grosso modo x/2 montant ; ≈ x/5 montant à B. De fait, l’égalité commutative ne l’est pas, puisque la loi oblige les parents à maintenir leurs enfants… ?
Bonjour
Attention Thomas à la confusion. On ne peut pas prendre pour discuter le principe de la justice commutative, un exemple qui relève de la justice distributive.
Bien à vous.
Bonsoir, tout d’abord merci beaucoup pour vos cours qui sont bien les meilleurs que j’ai pu trouver 🙂 Je tenais à signaler une petite faute de frappe qui peut porter à confusion: la citation de Tocqueville sur la passion pour l’égalité qui « réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’INégalité dans la liberté » (au lieu de « égalité » dans la liberté).
Bien à vous
Et j’ai une question: je ne comprends pas très bien les liens que l’on peut établir entre l’idée de despotisme démocratique de Tocqueville et la notion de justice ? Est ce que cela signifie seulement que pour l’homme démocratique la justice ce ne se fonde pas sur la liberté individuelle mais sur l’égalité ? Enfin, cette tendance démocratique a-t-elle des répercussions sur notre système judiciaire ? et peut-on l’observer dans notre société d’aujourd’hui ?
Merci d’avance pour vos réponses
Bonjour Mathilde
Merci pour ce sympathique commentaire et la vigilance de votre lecture me permettant de corriger une erreur d’inattention.
Pour ce qui est de votre question, on peut dire:
– D’une part qu’un système despotique est par principe injuste dans la mesure où il est attentatoire aux droits fondamentaux de la personne, le respect de la liberté étant un de ces principes (voilà pourquoi Rawls en fait un principe prioritaire). https://www.philolog.fr/une-theorie-moderne-de-la-justice-john-rawls/
– D’autre part que la passion égalitariste est une menace pour la liberté (puisqu’en la laissant jouer, elle est coûteuse pour certains). En ce sens, les affects de l’homme démocratique le conduisent à préférer, selon l’analyse de Tocqueville, » l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté ».
Tocqueville souligne en effet que l’attachement à la liberté a une dimension aristocratique. Or l’homme démocratique semble moins jaloux de sa liberté-indépendance (avec le prix à payer en termes de responsabilité et de difficultés à assurer par ses propres forces ses moyens d’existence) que soucieux d’être déchargé de « la peine de vivre et de penser » par un pouvoir tutélaire. https://www.philolog.fr/reflexions-sur-la-liberte-au-sens-politique/
Il va de soi que les décisions prises par la souveraineté politique se traduisent dans le système judiciaire, le rayon d’exercice effectif de la liberté, dans quelque domaine que ce soit, devenant de plus en plus limité du fait d’un encadrement juridique pléthorique.
Ex: limitation de la liberté d’expression sous la menace du politiquement correct.
Limitation de la liberté économique sous prétexte de motifs rationnellement fondés (protection de la liberté des uns et des autres) ou non (protection des incompétents).
Bien à vous.
Bonjour madame, ce n’est qu’hier que j’ai découvert votre Site. Et je vous remercie beaucoup pour cet exposé clair et facile à permettre mieux la compréhension de certaines notions telles que celle de la justice.
Bonjour Madame Manon!
En lisant votre conclusion, je me demande si vous avez vu, et surtout si vous vous en souvenez bien, ce film magnifique, « 12 hommes en colère »; j ‘ai traité en parallèle les deux notions de Justice et de Vérité avec mes élèves, avec, en point de mire, l’affirmation de Pascal. Il me semble que le film rend compte de la laborieuse mise en place des conditions d ‘un jugement authentique et autonome qui suppose, de la part du sujet qui a à juger, une véritable conversion, une décision, pour bien penser, de penser contre lui-même, pour paraphraser Alain. Il s’agit de « travailler » à bien penser, et non pas d’en rester à l’idée que ce que nous « pensons » spontanément, pour la seule raison que nous le « pensons », serait valable. L’exigence de vérité, aussi bien que celle de justice, réfèrent à un horizon d’universalité qui à la fois nous transcende et nous convoque à une opération de décentrement qui fait notre dignité de sujet, pour peu que nous le voulions.
Olivier ROGERS
Bonjour
Non, je ne me souviens pas d’avoir vu ce film.
Pour la question de jugement, l’analyse de Kant est lumineuse. https://www.philolog.fr/le-jugement-est-un-don-particulier-qui-ne-peut-pas-du-tout-etre-appris-mais-seulement-exerce-kant/
Bien à vous.
[…] » Idée de justice. La justice est la valeur de la sphère politique et juridique comme la vérité est la valeur de la connaissance. […]
Bonsoir, Madame,
Je lis régulièrement votre blog avec un intérêt sans cesse croissant et je tiens à vous féliciter pour votre investissement, votre courage et votre justesse d’esprit…
Une question (d’ordre privé et qui n’a rien à voir avec votre travail) me taraude par ailleurs: avez-vous des enfants? Et si oui, parvenez-vous à leur faire prendre goût à la philosophie, à développer leur esprit critique, etc.?
Bien cordialement
P. S. : Si ma question vous semble sotte et/ou déplacée, n’hésitez pas à me le dire franchement.
Je vous présente mes excuses d’avance…
Bonjour Monsieur
Merci pour votre sympathique message.
Votre question n’est pas déplacée et je n’ai pas de scrupule à vous répondre.
Mes enfants sont grands maintenant. Ils ne sont pas des philosophes mais je trouve qu’ils font preuve de belles qualités de réflexion lorsque nous dialoguons. Ils n’ont malheureusement pas le temps de lire comme je le souhaiterais mais ils ont l’avantage sur moi d’être aux prises avec la vie active concrète. Je veux signifier par là que les problèmes qu’ils rencontrent sont moins théoriques que ceux d’un professeur de philosophie. Ils se heurtent à des faits, des personnes plus résistants que des mots. Ils sont moins au chaud que moi dans ma bibliothèque…Cela leur permet d’être plus en phase avec le monde dans lequel ils vivent que moi. En ce qui me concerne, je dois avouer que je le comprends de moins en moins.
Bien à vous.
Merci pour votre message en retour.
C’est très gentil de votre part d’avoir pris le temps de me répondre.
Bien cordialement.
Une saine lecture dans le texte (Ethique à Nicomaque,livre V et Politique III) et la « contemporanité » d’Aristote par Crystal Cordell. http://www.droitphilosophie.com/upload/files/pdf/14107926091Villey_1a266Cordell.pdf
Le juste politique,le juste juridique,la loi sa lettre et son esprit,l’équité,… la séparation des pouvoirs législatif et juridique.
Bonsoir Madame,
Merci pour cet article éclairant.
Certaines questions demeurent néanmoins pour moi lorsque l’on rapporte ces deux concepts de justice aux démocraties modernes.
Traditionnellement, si j’ai bien saisi le sens de ces notions (ce qui n’est peut-être pas le cas), la France serait plus dans l’esprit de la justice commutative. Pourtant la révolution ne nie pas les différences de statut entre les hommes (ce qui est même évoqué dans la DDH de 1789).
La France corrige pourtant les inégalités, notamment avec un système social plus protecteur que les pays anglo-saxons. Cependant, elle pratique avec plus de réticence la discrimination positive que ces derniers. Mais les aides sociales et la discrimination positive ne relèvent-elles pas du même principe de justice?
Enfin, ma dernière question concerne les domaines de l’équité et de l’égalité. J’ai lu dans un cours que les pays anglo-saxons étaient plus favorables au premier principe et la France au second. Encore une fois, si l’on en entend l’équité comme un principe qui conduit à corriger les inégalités que subissent les personnes défavorisées, le système social français ne serait-il pas plus équitable que ces homologues d’outre Manche et d’outre Atlantique?
Merci d’éclairer ma lanterne.
Cordialement.
Bonjour
Comme les autres démocraties occidentales, le système juridique français repose sur les deux principes de justice. La justice commutative dans son domaine (politique), la justice distributive pour ce qui concerne la distribution des pouvoirs, des honneurs et des richesses. Votre première affirmation n’est donc pas fondée.
L’Etat Providence vise à corriger les inégalités qui ne sont pas nécessairement des injustices, à opérer des transferts de revenus afin d’empêcher que les écarts se creusent trop entre membres d’une même collectivité. https://www.philolog.fr/larticulation-du-societal-et-de-letatique/
La discrimination positive pose un problème de principe dans la mesure où elle remet en cause la principe de l’égalité en droit des personnes. Les aides sociales sont donc une chose, la discrimination positive une autre.
https://www.philolog.fr/justice-et-charite-justice-et-equite-droit-et-devoir/
https://www.philolog.fr/une-theorie-moderne-de-la-justice-john-rawls/
Je ne crois pas qu’il y ait grand sens à établir des distinctions aussi générales et creuses entre des systèmes politiques et sociaux. Permettez-moi donc de ne pas rebondir sur vos derniers propos.
Bien à vous.
Merci Madame pour ces explications.
Cordialement
Bonjour Madame
Et pour commencer, recevez tous mes voeux de bonheur en cette nouvelle année.
Spontanément, une remarque à propos de la formule : « l’égalité politique est de l’ordre du fait. »
Il est vrai, dans nos démocraties, tout magistrat qui se respecte part du principe que la loi est la même pour tous. Pourtant à y regarder de plus près, en France puisque c’est notre pays, il semblerait qu’un Jacques Chirac, un Bertrand Cantat, un DSK, que toutes ces célébrités ont bénéficié d’un traitement de faveur de la part des juges. Le seul exemple de B. Cantant condamné à seulement 4 ans de prison pour meurtre jette la suspicion sur une égalité politique qui paraît plus théorique qu’effective, qu’en pensez-vous?
Je vous remercie.
J’ajoute une remarque si vous le permettez sur la question du mérite. En effet, nos sociétés devraient revoir l’évaluation du mérite individuel. Nous connaissons tous des professeurs incompétents, proprement inutiles, mais jouissant du statut de fonctionnaire et des avantages qui vont avec. Et en face de cela combien de personnes méritantes laissées sur le carreau car peu chanceuses aux concours? C’est parfois le monde à l’envers : les plus méritants sont les moins bien lotis. (Les artistes savent cela eux aussi.) Pourquoi l’Etat ne remet-il pas en question la valeur des concours de la fonction publique? Pourquoi n’exige-t-il pas que les fonctionnaires repassent un certain nombre d’épreuves, comme tout un chacun dans le secteur privé? Nous savons que les inspections académiques sont un jeu de dupes. Pourquoi ne pas commencer par là pour rehausser le niveau de nos institutions d’éducation et rétablir la justice?
merci
Bonjour
Merci pour vos vœux et en retour je vous présente les miens.
Qu’est-ce qui vous permet de dire que les personnes citées ont reçu un traitement de faveur? Seulement des préjugés puisque vous ne connaissez pas les dossiers. La loi américaine s’est appliquée à DSK comme elle se serait sans doute appliquée à un autre.
B. Cantat a été condamné par la justice lituanienne à 8 ans de prison. Son transfert en France a relevé des conventions passées entre les deux Etats. Quant à sa libération, elle met en jeu, comme dans n’importe quel autre cas, la décision d’un juge d’application des peines. Il faudrait lire les attendus de son jugement pour se faire une idée précise.
Quant à l’affirmation selon laquelle « ce sont les plus méritants qui sont les moins bien lotis », il me semble que c’est une affirmation aussi gratuite que les précédentes.
Un apprenti philosophe doit s’interdire ce genre d’affirmations relevant de généralisations abusives.
Bien à vous.
Bonjour,
tout d’abord merci beaucoup pour votre très utile travail.
Un bémol cependant concernant le passage concernant la justice distributive envisagée selon Marx. L’objection que vous faites suppose, comme si cela était évident, que la définition des besoins de chacun est nécessairement autoritaire (je vous site : « Peut-on autoritairement définir ce que sont les biens des hommes? »). C’est pourtant un principe de justice qu’on applique au jour le jour. Quand, à table, on sert davantage dans l’assiette des adultes que dans celle des petits, le fait-on de façon autoritaire ? Quand, en enseignant, on accorde davantage de temps et de moyens à des élèves en difficulté, le décrète-t-on de façon autoritaire? Le principe « A chacun selon besoins » est-il nécessairement voué au totalitarisme ? Votre question question ne trahit-elle pas un léger parti pris, parfaitement légitime, mais non justifié ?
Bien cordialement
Alfred
Bonjour Madame Manon,
Je suis tombé sur ce site par hasard. Je vous dis sincèrement merci pour ce site. Je le fréquente souvent vu sa qualité, sa clarté, sa profondeur et sa richesse inégalable.
J’aimerai quand même avoir votre avis par rapport à ce que vous avez écrit: » Plus les hommes sont égaux, plus la rivalité entre eux s’approfondit, la formule de l’envie étant la suivante: « Plutôt avoir moins, pourvu que l’autre n’en ait pas plus que moi. » La passion pour l’égalité peut-être le tombeau de la liberté… Je pense par contre que c’est l’inégalité qui crée l’envie: « L’envie se caractérise par le fait d’éprouver des sentiments négatifs à l’égard
d’une autre personne simplement parce que la situation de cette personne est
meilleure que la nôtre, sans que cette inégalité ne change quoi que ce soit à notre
propre situation. L’envie, sous sa forme la plus sombre, à savoir « l’envie noire »,
peut pousser une personne à sacrifier ses propres intérêts dans l’unique but de
porter atteinte à la personne enviée » (Miceli et Castelfranchi, 2005, p. 456). Par ailleurs, la formule que vous citez » avoir moins, pourvu que l ‘autre n’en ait pas plus que moi » semble aller dans ce sens.
Quoi qu’il en soit cet article m’a été d’une grande aide puisque je suis en train de réfléchir sur » L’idée de justice comme une idée fondamentale à la réalisation de la paix sociale ». J’avoue qu’après avoir lu votre article, je me demande si je dois continuer avec ce travail.
Merci
Bonjour
Merci pour ce sympathique message.
Je crois qu’il vous faut lire de toute urgence Tocqueville ( voyez sur ce blog l’article « le despotisme démocratique » en particulier les commentaires) et René Girard ( voyez l’article « le désir mimétique »)
Bien à vous