Cf. Textes
Etymologiquement : Qui convient à un homme libre, qui est digne d'un homme libre.
Traditionnellement on distingue les activités utilitaires et les activités libérales.
1) Les activités utilitaires.
Utile : ce qui sert à ; ce qui est un moyen pour atteindre une fin.
Les activités utilitaires traduisent le tribut que l'homme doit payer à la nécessité biologique et sociale. Comme tout animal, l'homme a des besoins à satisfaire. L'impératif de la survie le condamne à toutes les tâches nécessaires à l'entretien de la vie. Celles-ci sont donc forcées, contraintes. Par définition la contrainte s'oppose à la liberté.
On appelle travail, l'ensemble des activités auxquelles on s'adonne comme moyen de satisfaire des besoins. Le travail est, en son sens le plus originaire, une contrainte vitale.
Ainsi, si les besoins étaient miraculeusement satisfaits (mythe de l'Eden), on se dispenserait d'occuper son temps aux activités en question.
Ex : La première déclaration souvent, d'un gagnant du loto : « J'arrête de travailler ». Ce qu'il faisait jusqu'alors, il ne le faisait pas pour le plaisir de le faire ; il le faisait parce que c'était nécessaire pour assurer ses conditions d'existence.
Ex : Le boulanger ne fait pas du pain pour le plaisir de faire du pain (même s'il peut trouver du plaisir dans son métier) ; il se lève à deux heures du matin pour gagner sa vie et pour que les hommes aient à manger.
Les Anciens nous proposent de comprendre que dans l'activité utilitaire, l'homme est comme un esclave. Celui-ci n'existe pas pour lui, il existe pour un autre. Son temps ne lui appartient pas, il appartient à un autre. De même (= par analogie) dans le travail, l'homme n'existe pas dans l'expression des préoccupations le spécifiant comme homme. Il est au service de la satisfaction de besoins le définissant comme être biologique. Il poursuit une fin qui n'est pas sa fin propre en tant qu'il est autre chose qu'un animal, il poursuit une fin qui lui est imposée par la dimension qu'il partage avec les animaux. Le travail n'est donc pas un but pour lui, c'est un simple moyen. S'il n'était pas soumis à cette nécessité, son temps serait disponible et il aurait le loisir ou la liberté de s'adonner à des activités typiques de son humanité. (Voyez les expressions des auteurs pointant cette nécessité comme ce qui pèse douloureusement et aliène : « le carcan de l'utile » ; « l'empire de la nécessité » ; « le fardeau du travail » ; « l'asservissement à la nécessité »).
Les Grecs lient donc le travail à l'idée de servitude. C'est la raison pour laquelle ils considèrent que seuls des êtres privés de liberté doivent prendre en charge la contrainte du travail.
Il faut bien comprendre (comme le souligne avec force Hannah Arendt dans son oeuvre) que les Grecs n'ont pas méprisé le travail parce qu'ils avaient des esclaves. Ils ont eu des esclaves parce que le travail leur paraissait une activité indigne d'un être libre. C'est là la souillure du monde grec car il est injuste de penser qu'il y a des hommes nés pour la liberté et d'autres pour la servitude. Cela étant, les Grecs voient juste lorsqu'ils soulignent le lien du travail à la servitude et bien que nous, les Modernes, nous ayons profondément remanié le concept de travail, nous continuons à considérer que la tâche morale de l'humanité est de libérer les hommes de la contrainte du travail. (La loi sur les 35h obéit à cette logique).
La question qui se pose alors est la suivante : libérer les hommes oui. Mais pour quoi ? Les Grecs répondent : pour qu'ils aient le loisir ou la liberté de s'adonner à des activités libérales.
2) Les activités libérales.
Ce sont toutes les activités qui affirment l'existence humaine en tant que celle-ci advient dans sa liberté. On les pratique, non comme des moyens mais comme des fins en soi. Cela signifie qu'en s'y adonnant, l'homme ne poursuit pas une fin extérieure (une fin étrangère dit Aristote) à sa nature d'homme, il accomplit son humanité dans son excellence.
Ainsi en est-il de l'activité intellectuelle. Les animaux ne cherchent pas à savoir. L'homme au contraire est porteur d'un esprit et avoir le loisir d'exister comme un esprit, c'est aspirer à la connaissance. En pratiquant les sciences et la philosophie, on satisfait une exigence inhérente à sa nature spirituelle. Ce que souligne Aristote lorsqu'il élucide la question : quelle est l'origine de la connaissance ? Pourquoi les hommes s'efforcent-ils de connaître ? Il fonde la recherche de la vérité dans la capacité d'étonnement et non dans des besoins à satisfaire, comme le font tous ceux qui font de la connaissance, une activité intéressée (Ex : Epicure. Marx). « Ils poursuivaient le savoir en vue de la seule connaissance et non pour une fin utilitaire » écrit-il. La science n'est pas pour lui, au service d'intérêts autre que les intérêts spirituels et moraux.
Qu'il faille pour cela ne pas crier famine, ne pas vivre dans la violence de tous contre tous, on le comprend aisément. L'esprit ne peut se poser dans sa liberté que dans certaines conditions concrètes. Aristote le précise clairement : « Presque toutes les nécessités de la vie, et toutes les choses qui intéressent son bien-être et son agrément avaient reçu satisfaction, quand on commença à rechercher une discipline de ce genre ». Hegel note dans le même sens : « l'histoire de la philosophie commence là où la pensée en sa liberté parvient à l'existence ».
De fait, tant que les hommes vivent dans des conditions de misère matérielle (les damnés de la terre) ou bien tant que les ressources de leur esprit sont engagées exclusivement dans la résolution des problèmes matériels ou pratiques (ce qui est le cas du monde de l'entreprise), ils sont aliénés, ils n'existent pas dans les exigences qui sont celles d'un être libéré de ce genre de servitude.
Ainsi en est-il aussi de l'activité politique. Les animaux n'ont pas de souci politique. C'est évident pour les animaux solitaires, mais c'est aussi le cas pour les animaux grégaires. L'homme au contraire est, en tant qu'esprit, habité par une exigence de justice. En faisant de la politique, autrement dit en participant activement à la délibération collective sur la manière dont on doit organiser la vie commune, on accomplit sa nature d'homme. Périclès disait que le citoyen se dispensant de venir à l'Assemblée pour discuter de la loi ne mérite pas le nom d'homme, tout juste de « pourceau ».
Les activités libérales sont donc toutes les activités dans lesquelles l'homme a la liberté de s'affirmer dans son excellence humaine et de la cultiver.
NB : Cette division de l'existence en deux sphères hiérarchiquement distinguées a cessé pour beaucoup de nos contemporains d'avoir du sens. L'idée que la définition de l'homme comme être de besoins biologiques et sociaux n'épuise pas la définition de l'homme a cessé d'être vivante. L'idée que nous avons peut-être une finalité proprement spirituelle, que notre vocation est d'accomplir notre humanité dans son excellence est tombée dans l'oubli. Puisque nous nous pensons essentiellement comme des êtres de besoins, tout ce que nous faisons est conçu comme ayant une utilité. Si la science ou la politique ont du crédit pour nos contemporains c'est donc dans la mesure où elles apparaissent utiles. Tout est rabattu au rang d'activités utilitaires.
Ex : Oui, pense-t-on, il faut conquérir la science parce que le savoir permet d'être militairement, économiquement, médicalement puissant. On ne poursuit pas le savoir pour le savoir mais pour le pouvoir.
Oui il faut faire de la politique parce que c'est utile à la défense de ses intérêts. Que je fasse mon métier d'homme en me préoccupant de la chose publique dépasse l'entendement de la plupart des hommes de notre époque. Au fond le savant et le politique ne sont rien d'autre que des travailleurs comme les autres.
« Animal laborans » (animal travailleur) : Voilà l'essence humaine pour les Modernes, écrit Alain Finkielkraut.
« Nous sommes devenus « une société de travailleurs », écrit Hannah Arendt.
L'idée que l'on n'est pas dispensé de se préoccuper d'être un homme, sous prétexte que l'on est destiné à être un marchand (comme le précise le testament de Simone Di Ser Giovanni Valentini en 1420); l'idée que l'on puisse poursuivre le savoir ou la responsabilité citoyenne comme l'accomplissement de son humanité a cessé d'être intelligible. Il s'ensuit que le temps non occupé à travailler n'est plus pensé comme le temps enfin disponible pour les activités spécifiquement humaines, à savoir les activités libérales. Le temps de loisir, le temps libre est conçu comme le temps de l'inactivité, du divertissement souvent stérile, de la consommation (il faut bien occuper les hommes à entretenir les activités utilitaires).
Les conséquences de cette perte de sens sont immenses pour l'école. Le projet d'une éducation libérale offerte à tous et non plus privilège d'une élite sociale est dévitalisé. La demande est pressante d'une éducation purement utilitaire et pire, les formations que l'école a instituées dans un esprit libéral sont détournées de leur sens. L'école doit servir les besoins et les intérêts de la société. Réciproquement les formations que dispense l'école doivent déboucher sur des activités rémunérées. Certes, c'est aussi la mission de l'école de se préoccuper de la dimension empirique de l'existence humaine. On n'est pas dispensé d'assumer sa part du fardeau de l'humanité et donc d'apprendre un métier pour être utile à la société et à soi-même, sous prétexte qu'on aurait à cultiver l'excellence humaine. Mais la vocation de l'école, c'est aussi et surtout de libéraliser les esprits, de permettre à chacun de devenir beau et bon (comme disaient les Anciens) grâce à l'expérience des belles choses et la fréquentation des grands maîtres.
NB : Précisions notionnelles.
1) Les arts libéraux sont opposables aux arts mercenaires.
Est mercenaire une activité recevant salaire. Libérale, une activité pratiquée de manière désintéressée. On retrouve le sens pointé par Aristote. Libérale, l'activité qui est à elle-même sa propre fin, mercenaire l'activité qui est le moyen d'une fin extérieure telle que gagner de l'argent.
2) Les arts libéraux sont opposables aux arts mécaniques.
Traditionnellement cette distinction est celle des activités intellectuelles et des activités manuelles.
Procéder de manière mécanique consiste à suivre servilement des procédés ou des recettes préalablement définies. Il n'y a pas d'initiative ou d'activité proprement créatrice de l'esprit. On peut distinguer en ce sens une activité mécanique, telle que celle du technicien tirant sa compétence du respect scrupuleux d'une règle transmise, d'une activité tirant sa réussite d'une capacité créatrice.
Ex : Le grand artiste, le grand savant, le grand penseur.
On retrouve toujours l'opposition servile - libre.
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en relisant le chapitre « activités utilitaires »dans ce cours, je me pose la question suivante:
n’est il pas maladroit de généraliser le travail sous le terme « d’activité utilitaire? »
Je m’éxplique: il est certain que pour grand nombre de personnes, travailler est uniquement un moyen de gagner sa vie;
Mais il y a, je pense heureusement,d’autres activités professionnelles ou le terme « utilitaire » n’est peut etre pas complètement adapté:
je pense aux métiers de l’art. Un musicien gagnant au loto arrêtera t-il de travailler son insrument et de faire des concerts?Pour avoir posé la question à mes parents qui sont musiciens, je peux vous répondre que non. Il y a donc, je pense, une généralité à ne pas commettre.Les métiers de l’art,tout en ayant forcément un caractère utilitaire sont sans doute plus q’un simple moyen de gagner sa vie.
J’élargirais la reflexion à toutes les professions de la création plus que de l’art: Urbanisme, Architecture, professions politiques…..
Le fait de mettre ces capacités au service des autres est aussi une satisfaction en soi.
Je me demande par contre si le sport en tant que métier entre dans l’activité liberale, car on peut y trouver là aussi une fin en soi dans ces professions.
Une généralisation abusive est une chose; une distinction conceptuelle une autre.
Par définition, est utilitaire ce qui sert à. Dans le cas de l’activité appelée travail: à gagner sa vie. Que cette activité produise du plaisir, qu’on puisse s’y adonner de manière gratuite lorsque l’on peut vivre de ses rentes ne change rien à l’affaire. Tant que je dois donner des concerts pour gagner ma vie, mon activité est une activité utilitaire, ce n’est pas ce que les Grecs appellent une activité libérale. La chance d’un homme est bien sûr d’avoir pour travail, une activité à laquelle il se consacrerait s’il n’avait pas besoin de travailler. Mais une activité contrainte et mercenaire est une chose, une activité libre, désintéressée une autre.
Par exemple, le jour où je suis indisposé, je peux me dispenser de prendre mon instrument si je suis libre, en revanche si je suis payé pour le prendre, je dois m’acquitter de ma tâche.
Par ailleurs, il ne faudrait pas entretenir le préjugé selon lequel il n’y a que dans les métiers de l’art qu’il y a plaisir à travailler. Tous ceux qui se préoccupent de bien faire ce qu’ils font éprouvent du plaisir dans l’activité réussie. Ce qu’ils font est comme vous le dîtes « plus qu’un simple moyen de gagner sa vie ». C’est aussi une forme d’expression de soi, un statut social permettant la reconnaissance de ses talents, de ses qualités morales, de sa sociabilité etc.
Tout travailleur est « utile aux autres » et vous avez raison de souligner que c’est un motif de satisfaction de soi.
Une distinction spéculative est un outil pour analyser le réel dans toute sa complexité. Elle ne supprime pas l’ambiguïté des choses mais elle permet d’y voir plus clair.
Le bénévolat est donc considéré comme une activité libérale?
Cette activité trouve une fin en soi, une satisfaction en soi et est sans rémunération et donc sans interressements extérieurs.
Oui.
A la lecture de cette discussion, il ne me vient qu’une seule idée : les activités libérales sont en
danger si elles ne sont pas encore mortes. Aujoud’hui, l’homme est conditionné pour travailler
dans un seul but consommer et ce non pas pour permettre à une oligarchie de s’adonner à des
activités libérales mais pour lui permettre de réfléchir à comment augmenter ce « besoin » de
consommer. Il me semble, d’après les quelques articles que j’ai lu sur votre site, que l’homme s’est éloigné de ce qu’il est ou plutôt de son potentiel devenir. Je ne sais pas quel chemin je dois suivre ni quels repères me diront que je suis bien sur la nationale qui me fera sortir de la caverne mais je suis sûr d’une chose : j’aurai vraiment le sentiment d’avoir gacher ma vie si je n’en sors pas pour enfin d’embracher de cette fameuse « matrice » tout ceux qui le voudront.
Vous avez sans doute raison lorsque vous dîtes que les activités libérales sont en danger. Les hommes veulent être aujourd’hui payés pour ce genre d’activité. Il faut transformer en travail social toutes les activités: sport, engagement politique, art, pensée, dévouement à l’égard des personnes agées ou autres etc. Le désintéressement a cessé d’être une valeur vivante même chez ceux qui s’en réclament le plus. L’idée que chaque homme a à assumer sa part du fardeau de l’activité proprement travail, et que son temps libre doit être consacré aux activités ayant la liberté pour principe et la liberté pour but n’a guère d’actualité.
Mais revitaliser ce genre de signification ne dépend que de vous. Vous appartenez par ailleurs à une société offrant de nombreuses possibilités de culture et d’épanouissement à ses membres. La toile, par exemple, met gratuitement à disposition des curieux des sites de grande valeur quel que soit l’intérêt des uns et des autres.
Il n’y a qu’un chemin à suivre dans la vie: le sien et on ne le trouve qu’en soi-même.
J’aurais aimé que vous parliez de de ceux qui se réclame de ce terme libéral. Que vous mettiez au jour ceux qui se dise libéraux et qui se cache derrière ce mot .
L’idéologie d’asservir des populations dans le seul but d’amasser plus d’argent, me semble contraire à la liberté .
bonne cotinuation dans votre démarche .
Ce qui est surtout dramatique c’est de faire un usage caricatural du mot libéral. C’est patent dans votre propos et c’est une spécialité française. On ne fait ainsi qu’exhiber son ignorance ou son refus d’assumer les conséquences de l’idéal de la liberté. Pour le mot libéralisme voyez dans le cours sur l’Etat (articulation du sociétal et de l’étatique, fondement du lien social) ce que le terme recouvre. Dans le mot libéral, il y a le mot liberté. C’est de là qu’il faut partir et bien comprendre que la liberté sauvage est le contraire de la liberté. Les grands penseurs libéraux n’ont jamais dit autre chose.
Bien à vous.
Peut-on séparer sans ambiguïté activité intéressée et désintéressée ? Si l’on reprend la proposition de Spinoza « nous pâtissons en tant que nous sommes une partie de la Nature, qui ne peut se concevoir par soi sans les autres » (Ethique ch IV, prop II), la notion de liberté n’est elle pas une illusion ?
Le désir de mieux se connaître n’est-il pas, lui-même, orienté par l’intérêt que nous trouvons à augmenter notre pouvoir sur nous même donc sur les autres ? N’en faisons nous pas commerce ? Merci d’avances de vos lumières …
L’activité libérale se distingue chez les Grecs de l’activité utilitaire, c’est-à-dire de l’activité ordonnée à la satisfaction de besoins matériels au sens large. En ce sens cette distinction garde toute sa pertinence, ce qui n’exclut pas qu’il soit possible de discuter le principe d’une activité absolument désintéressée. Voyez pour cette discussion la dissertation: pourquoi les hommes s’efforcent-ils de connaître?
Madame, merci de votre réponse, votre dissertation tombe fort à propos. Je suis impressionné par la richesse et la structure de votre oeuvre que je découvre aujourd’hui et qui va me pousser à approfondir (ou plutôt tenter d’acquérir) de nombreuses notions. Je pense que votre blogue fait ainsi beaucoup de bien…et j’espère que vous pourrez le continuer!
Je suis malheureusement scientifique (chercheur) et ai donc abandonné la philosophie en fin de terminale. Toutefois, je crois fortement à la nécessité de l’émergence d’une conscience positive dans la démarche scientifique moderne, si toutefois nous, chercheurs, faisons l’effort (supplémentaire) d’aider le philosophe (et pas seulement lui…) à se représenter les connaissances et les machines que nous créons. Celles-là mêmes, par exemple, qui nous permettent de communiquer tous deux, alors qu’une (si belle) montagne nous sépare.
Bien cordialement.
Merci pour votre sympathique message. La science est une grande aventure à laquelle vous avez la chance de participer mais il est bien vrai qu’elle ne peut pas faire l’économie de se penser dans ses principes, ses fins, sa valeur, ses concepts etc. et cela implique la réflexion philosophique.
Bien à vous.
Bonjour,
Juste une question sur le libéralisme; j’avoue que je n’ai pas lu les intellectuels libéraux en question mais pour autant que je m’y connaisse une maxime classique du libéralisme c’est quand même « laissez faire, laissez aller »! comme si les intérêts des individus étaient capables de s’harmoniser automatiquement. Mais il me semble que l’expérience récente montre qu’il n’en est rien et que le résultat est bien souvent juste la loi du plus fort. Donc même si le libéralisme n’est peut-être pas le promoteur d’une liberté sauvage au niveau des principes, au niveau du résultat, en revanche, c’est ce qui se produit. donc j’en viens à me dire que les principes ne sont pas si bons… pour autant que je m’y connaisse, encore une fois…
Bonjour
Il faut éviter de parler d’une doctrine que l’on ne s’est pas donné la peine d’étudier sérieusement. C’est le meilleur moyen d’être la caisse de résonance des préjugés les plus éculés.
Nous vivons dans des sociétés modernes qui, pour le meilleur, sont fondées sur les idéaux de la pensée libérale. Idéaux dont il faut d’abord souligner la fonction émancipatrice. Ce sont eux qui ont affranchi les peuples des régimes autoritaires (à partir du XVII° siècle des régimes monarchiques, au XX° siècle des régimes totalitaires).
La thématique des droits de l’homme, la limitation de la souveraineté politique par des contre-pouvoirs, la distinction de la société civile et de l’Etat, le souci de sauvegarder une relative indépendance de la première et donc de protéger l’individu du carcan des relations statutaires traditionnelles ou de la force coercitive de l’Etat etc. sont à mettre à l’actif de la pensée libérale.
Sur le plan économique, le libéralisme n’est pas réductible à la caricature que vous en donnez. Il est traversé par de nombreux courants dont certains justifient l’intervention de l’Etat pour corriger certains dysfonctionnements du jeu des libertés.https://www.philolog.fr/larticulation-du-societal-et-de-letatique/
https://www.philolog.fr/grandeur-et-misere-du-liberalisme-pierre-manent/
Bien à vous.
Merci pour votre réponse. je prends note de votre conseil et croyez bien que je ne cherche qu’à me faire une idée un peu plus précise sur des thèmes aujourd’hui tellement médiatisés que je ne sais plus ce qui est vrai ou pas.
Je m’interroge également sur un point qui est dit dans l’article de présentation: si je comprends bien, il est dit que pour les anciens Grecs, le travail est associé à la servitude et qu’il est considéré comme une souillure, raison pour laquelle il était réservé aux esclaves.
Je comprends cette position lorsqu’il s’agit de travail pénible physiquement et moralement, comme la construction, le travail dans les mines, l’agriculture… mais j’imagine que les Grecs avaient aussi des artisans, des menuisiers, des peintres, et aussi des commerçants… est-ce qu’ils étaient esclaves ou considérés comme esclaves, eux aussi? et les artistes? ce que nous appelons aujourd’hui les « professions libérales » étaient-elles réservées également aux esclaves?
Bonjour Théo
Le travail est en effet dévalorisé dans la pensée et les institutions grecques pour les raisons que j’ai explicitées. Ce sera un grand combat à la Renaissance pour des artistes comme Léonard de Vinci de faire passer les arts du côté des activités libérales avec la création de l’Académie des Beaux-Arts. Plutarque par exemple disait: « nous admirons l’oeuvre, nous méprisons l’ouvrier ». Toutes les activités utilitaires sont serviles, celles du médecin, du professeur, de l’artiste (l’artiste est au service de ceux qui lui passent commande: le temple ou la cité) inclues.
Cela n’empêche pas Socrate de rendre un hommage implicite au savoir-faire des artisans dans les exemples qu’il prend.
Voyez le cours sur le travail https://www.philolog.fr/le-travail/
https://www.philolog.fr/ambiguite-du-travail/
et sur le lien social https://www.philolog.fr/quest-ce-qui-fonde-le-lien-social/ pour approfondir cette signification.
Bien à vous.
Bonjour Madame,
Et merci pour ce site de grande qualité ! Lorsque j’ai une recherche à effectuer, c’est souvent le seul que je consulte sur Internet car malheureusement ce medium offre assez peu de sources sérieuses et rigoureuses en matière de philosophie.
Depuis quelques jours je me balade dans le cours sur la liberté. Ma professeur de cette année a décidé de ne pas faire de cours spécifique à ce sujet – c’est un parti pris tout à fait intelligible et je crois justifié : dans tous les cours ou presque, il est question de liberté. Néanmoins il est intéressant de pouvoir se reporter à des distinctions conceptuelles précises réunies ici-bas ! D’autant plus que ces repères sont prétextes à l’ouverture de nombreuses réflexions : la partie consacrée à l’école est passionante. Supprimer les mathématiques en section littéraire et voir les élèves s’en réjouir parce que « les maths, ça sert à rien » ; de même pour les terminales scientifiques qui n’ont plus à étudier l’histoire… tout cela est symptomatique de ce que vous décrivez. Merci de mettre des mots sur ce que je percevais déjà comme des mesures insensées…
Je vais donc continuer ma lecture avec plaisir, et étant donnée la richesse des contenus de ce site (entre les cours, les textes, les exercices et les discussions en commentaires) je ne suis pas près d’en avoir terminé (tant mieux !) !
Merci pour ce sympathique message.
Bien à vous.
bonsoir,
est-il aujourd’hui encore pertinent de lier si fortement la culture de l’excellence humaine aux activités libérales? Les exemples donnés d’activités libérales à savoir activités intellectuelles et activités politiques sont de nos jours très souvent rémunérées (ce qui était sans doute moins le cas à l’époque d’Aristote). J’ai du mal à considérer que le militant qui distribue des tracts devant la gare après son travail cultive l’excellence humaine alors que le député (rémunéré) qu’il a fait élire et qui travaille jour et nuit pour améliorer (selon ses idées) le fonctionnement de la société n’en fait rien.
Ne faut-il pas utiliser aujourd’hui d’autres critères pour juger de la culture de l’excellence humaine comme par exemple un effort continu d’amélioration de soi tant dans le domaine de ses connaissances que celui de son comportement que cela soit réalisé dans le domaine professionnel ou privé?
Bonjour
Il me semble avoir précisé en NB que la distinction entre le libéral et l’utilitaire a cessé d’être une signification vivante dans le monde bourgeois. Voyez le texte de Arendt indiqué en lien. Cette perte de signification affecte également celle d’excellence humaine comme en témoigne la dévitalisation de la notion de vertu.
Bien à vous.
Madame,
Merci pour cette analyse conceptuelle éclairante.
Une question toutefois me taraude encore : quelle relation y a-t-il entre la distinction activités utilitaires / activités libérales et les notions de poiêsis et de praxis chez Aristote ? Est-ce la même chose ? Si non, quelle est la différence ?
Bonjour
Chez Aristote les deux thèmes se recoupent.
Les activités utilitaires relèvent de la poiésis, les activités libérales de la praxis.
Cf. https://www.philolog.fr/ambiguite-du-travail/
Bien à vous.
Bonjour,
Pensez-vous que les nouvelles technologies et leurs externalités contribuent à l’élargissment de notre capacité d’étonnement ou au contraire à sa réduction ?
Je suis en train de lire « Histoire intellectuelle du libéralisme » (Pierre Manent) je me posais la question de la perversion sémantique de certains au cours de l’histoire du libéralisme qui consiste à faire passer des activités utilitaires en activité libérales sous couvert de réligion chrétienne. La labeur comme délivrance et accès à la vie éternelle. A-t-elle été une partie significative du projet de construction de ce système politique ?
Bien à vous.
Bonjour
Je ne pense pas que la capacité d’étonnement de l’esprit humain soit tributaire des objets sur lesquels elle s’exerce. Les transformations de ces derniers sont plutôt de nature à l’interpeller et s’il y a quelque chose qui est de nature à mobiliser notre faculté de questionnement, ce sont bien les multiples mutations, révolutions technologiques que nous sommes en train de vivre. Le problème concerne plutôt les conditions favorables à l’éveil de l’esprit. La faillite de l’école, le bruit médiatique, les prisons idéologiques, la familiarisation des enfants avec des outils les dispensant de déployer les ressources de leur esprit et les inscrivant d’emblée dans un monde qu’ils vivent comme « naturel » me semblent une menace pour ce que vous appelez « un élargissement de notre capacité d’étonnement ».
Votre deuxième question me fait problème. Je ne vois pas ce à quoi vous faîtes allusion. Le judéo-christianisme souligne l’ambiguïté du travail. Ce dernier est à la fois un châtiment et un moyen de rédemption. Cela ne revient pas à transformer en activités libérales les activités utilitaires. Il faut attendre les encyclopédistes pour commencer à réhabiliter les arts mécaniques, réhabilitation qui est toujours une tâche à réaliser si l’on prend acte du discrédit dont ils sont encore l’objet dans notre époque alors que nos concitoyens n’ont pourtant plus aucune idée de ce que les Anciens entendaient par des activités libérales. https://www.philolog.fr/dalembert-diderot-la-rehabilitation-des-arts-mecaniques/#more-4735
Bien à vous.
Bonjour,
Tout d’abord merci du partage de votre connaissance qui me permet de comprendre (partiellement j’ai du mal à ingérer toute ces informations) beaucoup de notions complexes…
Je voulais juste vous poser une question sur la fin de votre argumentation :
La séparation entre travaux manuels en tant qu’activités mécaniques et entre travaux intellectuels en tant qu’activités libérales n’est elle pas trop stricte ?
En effet je suis fermement opposé à l’idée qu’un travail manuel soit uniquement mécanique je trouve cette idée trop réductrice…
Mais j’aimerais comprendre l’emploi de ce terme que vous effectuez
Un exemple d’activité manuelle : la cuisine.
La cuisine est une activité qui certes peut reposer sur des savoirs acquis (que vous nommez règles) qui asservit le cuisinier (le cuisinier suit la recette de sa commande à la lettre)
Cependant j’aime considérer la cuisine comme un vaste champ d’exploration où les combinaisons d’ingrédients et leurs utilisations sont infinies par la créativité.
Cette créativité cependant est propre aux travaux intellectuels selon vous (si je vous ai bien comprise).
Cela soulève alors un problème… L’art mécanique peut également être libéral ?
Je voudrais vous demander si un travail manuel dans la mesure où il exploite la créativité du travailleur n’est pas libéral
De plus vous dites que les travaux manuels désignent l’asservissement à des règles
Mais ces règles sont également fruit de la créativité
Ne peut on pas considérer l’exploitation de ces règles (donc de la créativité) comme une activité créative ?
Je m’excuse je me suis relu plusieurs fois j’espère que je suis intelligible
Bien à vous
Bonjour
Vous posez clairement de vrais problèmes en soupçonnant la définition des arts mécaniques d’être réductrice et au fond révélatrice de certains préjugés.
Ce qui est déterminant dans l’idée classique des arts mécaniques, c’est qu’ils sont des activités utilitaires, au sens où l’utile renvoie à ce qui satisfait les besoins vitaux, ceux que nous partageons avec l’animal.
Ce n’est pas ce point que vous discutez mais l’idée que pour l’essentiel, la manière de faire est, dans les activités utilitaires, asservie à une routine. Vous pointez avec raison la part de créativité des inventeurs des techniques (ensuite appliquées servilement par les exécutants). Vous suggérez aussi que toute activité implique sa part de créativité. C’était vrai dans la civilisation artisanale, ce l’est beaucoup moins dans les pratiques industrielles où le remplacement des ouvriers par des robots en témoigne éloquemment.
Les Encyclopédistes ont réhabilité les arts mécaniques. Voyez cet article: https://www.philolog.fr/dalembert-diderot-la-rehabilitation-des-arts-mecaniques/
PS: Pour des raisons de principe un art est soit mécanique, soit libéral. Il ne peut pas être les deux à la fois par définition. Il ne faut donc pas dire: les arts mécaniques peuvent-ils être libéraux? En revanche il est juste de dire que, dans toute activité, il y a une part de mécanisme (D’Alembert souligne que c’est le cas dans les sciences aussi) et une part d’inventivité, de souplesse par rapport aux règles.
Bien à vous.
Je comprends !
Merci beaucoup pour votre réponse
Bien à vous
Bonsoir
Je vous suis, mais pas jusqu’au bout, car notre temps est plus complexe qu’il n’y paraît. Que faites-vous des millions de bénévoles, des associations caritatives, des initiatives citoyennes et du partage généralisé ? Ces citoyens engagés ne cherchent-ils pas à s’accomplir tout en exerçant une activité utile, mais non lucrative?
Merci à vous
Bonjour
Il faut sans doute s’entendre sur l’idée d’utilité.
Un bénévole donnant de son temps aux autres accomplit-il une activité ayant pour fin de satisfaire ses besoins vitaux (entretien de la vie au sens purement naturaliste) ou bien exprime-t-il sa dimension sociable (celle qu’Aristote appelle politique et qui définit pour les Anciens une activité libérale)?
Y a-t-il sens à dire qu’il travaille?
Vous ne semblez pas comprendre correctement les significations grecques et latines parce que vous donnez une extension à la notion d’utilité qui est telle qu’elle peut définir toutes les activités humaines, les plus désintéressées comme les plus intéressées.
Le souci de la vie bonne inclut le souci des autres mais ne rentre pas dans la sphère de l’utilitaire.
Bien à vous.
Admettons mais alors si toutes ces personnes ont le souci de la vie bonne, pourquoi déplorer l’état de nos société modernes, pourquoi prétendre que l’homme moderne n’est plus qu’un « animal laborans »?
merci
Madame
Pourriez-vous s’il vous plaît apporter une précision à votre réponse? Je souhaiterais savoir sur quel texte, quelle définition vous vous appuyez pour affirmer que les Anciens ne rangeaient pas les activités désintéressées dans la catégorie de l’utilitaire.
Encore merci
Bonjour
La distinction (skholè # a-skholia) (ou en latin otium # nec-otium: le loisir # l’affairement-négoce) est une distinction cardinale de la pensée antique. On la trouve dans tous les textes philosophiques et elle structure les mœurs de l’époque.
http://arsindustrialis.org/skhol%C3%A9
https://www.philolog.fr/travail-conceptuelliberal/
Voir le passage sur la tradition grecque dans ce cours: https://www.philolog.fr/ambiguite-du-travail/
Cette signification a cessé d’être vivante dans notre monde. Aussi faut-il bien avoir conscience que ce n’est pas le souci de la vie bonne qui motive la plupart des bénévoles des associations, c’est le besoin de se sentir utile, de faire quelque chose d’utile comme si l’utilité était la valeur fondamentale de l’existence. L’engagement associatif succède au temps du bureau ou de l’usine comme si la vie humaine perdait tout sens dès lors qu’il n’y a plus quelque chose d’UTILE à faire.
Votre message en est un aveu éloquent et il va de soi qu’en ce sens on ne peut que déplorer le fait que nos concitoyens ne se vivent plus que comme « animal laborans ».
Bien à vous.
Chère Madame,
« Le souci de la vie bonne inclut le souci des autres mais ne rentre pas dans la sphère de l’utilitaire », dites-vous. Aristote donnait de la philia un sens extrêmement large: au Livre VIII de l’Ethique à Nicomaque, elle est définie comme une « bienveillance réciproque » qui peut naître soit du plaisir, soit de la considération d’une utilité commune, soit de la vertu. Aristote ne tient pas séparés la Philia, ou bienveillance réciproque, de ce que vous appelez à tort la « sphère » de l’utilitaire. Il est évident que dans bien des cas, la sociabilité peut renvoyer à un profit assez clair : les relations commerciales ou professionnelles ont par exemple une utilité bien déterminée pour ceux qui s’y trouvent engagés. Mais même alors, la sociabilité désigne également notre capacité à dépasser le simple calcul utilitaire pour viser une finalité plus indéterminée : entretenir de bonnes relations avec un clients par exemple c’est s’inscrire dans une perspective plus ouverte et plus indéterminée au sens où l’on anticipe sans trop pouvoir en préjuger ce que ces relations pourraient nous apporter à l’avenir. Si c’est souvent la recherche d’une utilité relativement immédiate qui nous pousse à nouer des relations avec autrui, être sociable consiste à anticiper dans ces relations un profit plus indéterminé et plus incertain. Or c’est peut-être précisément cette incertitude qui nous pousse à rechercher la compagnie d’autrui sans viser un intérêt trop direct, et à développer un goût et des dispositions pour la société en elle-même. Cette incertitude en fait toute la signification et toute la valeur.
Bien à vous
Matthieu Haumesser
Sciences Po Paris
Bonjour
La question de Noé est celle que je voulais poser. Le problème c’est que vous lui répondez qu’une distinction spéculative est un outil pour analyser le réel mais comme le dit Bergson certaines analyses (comme celle qui consiste à ranger les travailleurs d’un côté et les penseurs de l’autre) empêchent de voir le réel dans sa complexité. C’est en travaillant que l’on pense, c’est parce qu’on travaille dur que l’on pense à plus de justice et de liberté. La privation de liberté des esclaves leur a fait sentir l’urgence et la nécessité dans laquelle ils étaient de s’arracher à cette condition pour laquelle aucun homme n’est fait. Comme le dit Proust, les idées entrent en nous sur le mode de la souffrance. L’ouvrier n’écrit pas mais il témoigne, il manifeste, ses enfants écrivent pour lui. Indirectement il alimente la réflexion philosophique.
Réponse à Matthieu
Bonjour Monsieur
Tout ce que vous dites est très juste. Même si l’amitié utile n’a pas l’excellence de l’amitié vertueuse, Aristote en souligne l’importance, même dans l’amitié vertueuse. https://www.philolog.fr/lamitie/
Mais la problématique dans laquelle s’inscrit ma réponse à un message n’est pas celle de l’extension de la philia dans la pensée aristotélicienne, de sa complexité et de son ambiguïté, c’est celle de la distinction grecque entre les activités libérales et les activités utilitaires. Quel est le statut du bénévolat? Est-il accompli dans une perspective « libérale » ou utilitaire? La vie bonne comme fin en soi, comme enjeu d’une praxis est-elle encore ce qui motive nos contemporains? La question reste ouverte mais pour ce qu’il m’est donné de constater, je peux répondre que les significations anciennes ont cessé d’être vivantes. Nous appartenons à un monde bourgeois dans lequel l’utilité est la valeur cardinale. Loin de moi l’idée de condamner ce monde. Je sais ce que nous lui devons en termes de libertés démocratiques et de prospérité, mais enfin cette lucidité n’interdit pas de comprendre combien les valeurs grecques sont subverties.
Bien à vous.
Réponse à Xavier
Bonjour
Je ne vois pas clairement l’enjeu de vos propos. S’agit-il de dire qu’il faut souligner l’ambiguïté du travail dans son rapport à la liberté? C’est ce que fait la Bible avant Marx. https://www.philolog.fr/ambiguite-du-travail/
Quant à ma réponse à Noé, il faut me citer en entier: « Une distinction spéculative est un outil pour analyser le réel dans toute sa complexité. Elle ne supprime pas l’ambiguïté des choses mais elle permet d’y voir plus clair »
Bien à vous.
Bonjour,
Vous écrivez que « si les besoins étaient satisfaient (mythe de l’Eden), on se dispenserait d’occuper son temps aux activités en question ».
Or, lorsqu’on se réfère à ce mythe, par trois fois il est mentionné que l’homme ‘ est le gardien » du jardin. C’est-à-dire que la symbiose qui existe entre les plantes et l’homme dans ce mythe suppose le travail de l’humain. Par contre, je vous l’accorde, dans la vision édulcorée (et erronnée) que l’on se fait du paradis, l’homme errerait dans une parfaite oisivité toute de volupté. Mais il ne s’agit plus là du mythe de l’Eden tel que rapporté dans le livre de la Genèse au chapitre 2.
Bien à vous.
Bonjour
Être le gardien du jardin ne signifie pas être condamné à travailler. Si c’était le cas on ne comprendrait pas pourquoi la Bible fait du travail un châtiment. Toute activité n’est pas synonyme de travail. Tant qu’on ne saisit pas les différences on est dans la confusion.
Vous ne semblez pas voir que le temps libre ( celui des activités libérales) n’a rien à voir avec l’oisiveté.
Bien à vous.