Réfléchir c'est rompre avec l'immédiateté du vécu, c'est pour la pensée faire retour sur quelque chose afin d'en interroger le sens, la valeur ou bien le fondement. Ici la réflexion porte sur nos désirs. Non pas les désirs comme s'il s'agissait de penser en terme général l'objet désir mais nos propres désirs. C'est dire que ce qui est interrogé nous concerne de manière intime et totalement personnelle.
La question est de savoir « ce que peut nous apporter » une telle réflexion. Avec l'expression « peut » l'énoncé suggère que différents possibles sont à envisager. L'effort entrepris peut être stérile ou fécond ; attristant ou réjouissant. Qu'en est-il de la réflexion sur mes désirs ? Ai-je quelque chose à y gagner ou à l'inverse beaucoup à perdre ?
Ainsi suspendre la spontanéité du désir ; en dévoiler les illusions, l'irrationalité ou l'aliénation n'est-ce pas prendre le risque de désenchanter le réel qu'il colore de ses chimères et d'être confronté à sa propre vanité ? Une telle démystification n'est-elle pas de nature à nous accabler et même si l'on en croit Pascal à susciter le désespoir d'un être misérable et vain que seul le divertissement peut sauver du vertige du néant ?
Il se peut aussi que la réflexion elle-même ne soit pas épargnée si d'aventure elle devait découvrir qu'il n'y a pas d'exercice autonome de la pensée, que celle-ci est toujours déjà investie par du désir et que nos jugements sont au service de nos sentiments. « Nous ne désirons pas une chose parce que nous jugeons qu'elle est bonne nous apprend Spinoza mais nous la jugeons bonne parce que nous la désirons ». La réflexion sur nos désirs est ainsi susceptible de jeter un soupçon sur la pensée elle-même au point de la décourager de manière radicale. « La philosophie ne vaut pas une heure de peine » disait en ce sens le pessimiste Pascal.
Si telle devait être la seule leçon d'une réflexion sur nos désirs, il faudrait alors se demander à la manière de Descartes s'il ne vaut pas mieux être un imbécile heureux qu'un homme lucide affligé.
Or la lucidité, toute coûteuse qu'elle soit, semble préférable à un sujet raisonnable car il y a un bonheur de comprendre et la compréhension n'est pas sans effets pratiques. Seul celui qui a conscience de sa misère peut essayer d'y remédier.
Si donc il y a une vertu d'une réflexion sur nos désirs n'est-ce pas dans la mesure seulement où elle nous rend capables de mettre en oeuvre une éthique de vie propre à sauver ces biens supérieurs de l'existence que sont le bonheur, la liberté et la moralité ?
1) Les démystifications douloureuses d'une réflexion sur nos désirs.
Désirer c'est aspirer à la possession d'un objet représenté comme source de satisfaction. Le désir témoigne que je ne suis pas comme les animaux un être dont l'horizon est circonscrit par des besoins. Je désire, c'est-à-dire je tends vers des objets qui ne sont pas nécessaires à ma survie mais qui me semblent faire tout l'intérêt de ma vie. Un désir comblé, un autre prend la relève. Réfléchir sur mes désirs c'est d'abord comprendre qu'ils sont le sel de ma vie ; que la pire des choses serait d'être en panne de désir, que mon dynamisme, mon goût de vivre tiennent à la vitalité de mes désirs. Cela dit je ne peux m'empêcher de me demander ce que je désire vraiment. Pourquoi rien ne parvient-il à me combler totalement, pourquoi faut-il que je passe ma vie à courir après quelque chose que je semble impuissant à nommer ?
Il y a là un premier motif de perplexité. Ma faculté de désirer jouit-elle d'elle-même et au fond s'exerce-t-elle en vain ou bien y a-t-il un objet du désir que je vise inlassablement sans jamais le trouver ?
Il me semble que je suis en manque d'un absolu qui seul pourrait étancher cette soif qui me travaille, s'investit sur des objets différents et revient toujours bredouille de sa quête frénétique. Quel est le sens de cette expérience ? Est-ce l'aveu que le désir est en moi la marque d'une mutilation, d'une perte originaire dont je me souviens et qui me pousse à restaurer l'intégrité perdue ? Mais l'absolu, la perfection n'étant pas de ce monde dois-je comprendre que je me trompe lorsque je demande à autrui ou à des objets sensibles de répondre à mon attente ? Tel est le résultat de la réflexion de Platon ou de Pascal lorsqu'ils nous invitent à interroger la signification du désir et par là même de nos désirs. Ils nous font découvrir qu'il y a un malentendu fondamental au principe de nos attachements et de nos aspirations ; que certains objets ne suscitent notre désir qu'autant qu'ils sont le signe de quelque chose d'autre, d'une transcendance, seule susceptible de « donner des ailes à l'âme » (Platon) seule capable de la combler mais hélas toujours à distance et hors d'atteinte.
« Seul Dieu peut combler mon attente écrit Pascal » et parce qu'il en est ainsi, il me faut admettre que mon impuissance à être heureux n'est pas accidentelle. Elle est la rançon d'un être qui a été destitué par la chute d'un paradis dont il a gardé le souvenir et qui expie dans l'insatisfaction toujours recommencée une faute ou un drame originel. Maladie qui se prétend vainement médecin, voilà la vérité de mon énergie désirante. Elle n'est qu'un salutaire « divertissement » me permettant dans la tension de la chasse de poursuivre divers gibiers. Et l'essentiel n'est pas le lièvre, l'essentiel est de me détourner du spectacle de ma condition de sujet misérable condamné à l'ennui et au désespoir sans le secours d'un jeu qu'il me faut néanmoins prendre au sérieux pour qu'il remplisse sa fonction.
Avouons qu'il y a dans ce premier éclaircissement de quoi ajouter au malheur d'un être dont Epicure remarquait avec pertinence combien il est doué pour la souffrance. A quoi bon déjouer les illusions si celles-ci ont des effets positifs ? Pourquoi dévoiler la vanité de la chasse si, par le plaisir qu'elle me donne, elle me permet de tenir en respect le désespoir ? Le désir le plus cher de l'homme n'est-il pas d'être heureux ?
Réfléchir sur nos désirs c'est donc essayer de comprendre pourquoi nous avons si peu de talent pour le bonheur mais c'est aussi nous demander si la complaisance d'un Platon ou d'un Pascal à fonder ontologiquement le malheur existentiel n'est pas déjà une illusion générée par la dynamique folle du désir. Non point donc le sens du désir mais l'effet irréfléchi de sa spontanéité.
En effet le désir construit son objet dans l'imaginaire, il le pare de toutes les perfections, il l'hallucine, l'expérience montrant qu'il y a souvent plus de plaisir dans le désir lui-même que dans la jouissance espérée. Or n'y a-t-il pas quelque chose de dérisoire dans cette tendance du désir à jouir de lui-même ? N'est-ce pas là la vérité du désir passionnel dont le mot dit éloquemment qu'il est une souffrance ? Il faut dénoncer les pathétiques car fantasmatiques satisfactions de celui qui construit des châteaux en Espagne et qui ne jouit que de ne jamais les habiter. La faute n'est pas seulement dans l'inconsistance du fantasme, elle est aussi dans ses effets pervers car il est au principe de la déception en présence de l'objet réel. Il le frappe de nullité ontologique ; non point qu'il y a moins dans le réel que dans le fantasme mais parce que la logique du fantasme est de détourner du réel, de le dévaloriser et d'être ainsi le ressort de tous les nihilismes. La pente naturelle du désir est de conduire à cette stupéfiante affirmation d'un Rousseau : « le pays des chimères est le seul digne d'être habité et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Etre existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas ». Ce nihilisme que Nietzsche dénonce dans le platonisme et le christianisme est l'enfant maudit du désir non réfléchi car il est le ressort de l'impuissance humaine à cueillir le jour, à être disponible à la splendeur des choses. Il répand son venin sur le monde, il salit tout de son ressentiment.
Réfléchir sur mes désirs c'est peut-être comprendre qu'il faut m'en méfier tant dans mon aspiration au bonheur que dans mon souci de la vérité. Le désir en effet n'est pas seulement l'artisan de mon malheur, il est aussi le principe de mes aveuglements. « Tous nos raisonnements consistent à céder à nos sentiments » affirme Pascal pour qui la subversion de la raison par l'imagination est une autre figure de la corruption de notre nature. C'est l'imagination ou le désir qui mettent le prix aux choses ; la raison ne s'exerce qu'après coup et toujours pour justifier les choix affectifs. Il n'y a pas d'autonomie de la pensée et par exemple c'est déjà le désir qui œuvre dans sa propre réflexion. Comment donc distinguer le réel et le fantasme ; le vrai du faux ; ce qui a de la valeur et ce qui n'en a pas ? N'est-ce pas le désir qui est la source des évaluations et ne suis-je pas déterminé à juger qu'une chose est bonne parce que je la désire ? La réflexion sur mes désirs me décourage dans mon aspiration au bonheur et à la vérité.
Elle m'attriste aussi dans mon souci de la liberté c'est-à-dire dans ma revendication d'autonomie. Je crois en effet naïvement que je suis le sujet de mes désirs et que ce qui me séduit dans tel objet ce sont ses qualités intrinsèques. Or la réflexion me révèle qu'entre moi et moi-même, entre moi et l'objet il y a autrui ; un autrui qui me fascine ; que j'envie et dont le prestige n'a d'égal que le sentiment d'infériorité qui m'afflige et la haine impuissante dont il est l'objet de manière inavouée. Là encore la démystification est douloureuse. Découvrir que mon désir est mimétique n'est pas un motif de gloire et en dit long sur ma misère psychologique et morale.
Et pourtant ces diverses prises de conscience ne me laissent pas inchangé. Lorsque la compréhension est une véritable expérience de pensée, une expérience personnelle, elle a des effets salutaires. Tout se passe comme si une catharsis pouvait s'opérer et comme si, sous la conduite d'une raison désormais sur ses gardes, il devenait possible de se prémunir des effets pervers du désir ; de se libérer de leur folie et de parvenir à une sorte de sagesse du désir.
2) Les effets salutaires d'une réflexion sur nos désirs.
C'est déjà la leçon des analystes les plus pessimistes car s'il est vrai que l'objet de mes désirs n'est pas de ce monde il est urgent de mettre en œuvre une pédagogie de mon désir afin qu'il cesse de s'égarer dans des impasses et s'oriente dans la bonne direction. Platon propose ainsi un chemin initiatique qui doit surtout, par la voie de la création, permettre à l'homme de réorienter son désir dans le sens d'un accomplissement. De même Pascal veut faire comprendre qu' « en Jésus-Christ est notre vertu et notre félicité ».
Mais les sagesses les plus fécondes ne sont-elles pas celles qui nous exhortent à comprendre que notre royaume est de ce monde ; qu'il n'y a pas d'autre réel que celui qui est et que la vertu suprême est de vivre une vie bonne et heureuse ? Alors comment ?
D'abord en comprenant, avec Epicure, qu'en désirant le bonheur on ne demande pas quelque chose d'impossible mais cela même dont la réalisation est assurée par la nature. Il faut se libérer des désirs vains qui procèdent de fausses opinions et se caractérisent par l'illimitation. On peut sortir de la vie comblé dès lors qu'on a compris que nul ne peut manger plus que ce que son estomac ne le permet. Réinscrire ses désirs dans les limites de la nature, réinvestir le présent puisque c'est le seul temps réel, s'affranchir des superstitions et des craintes par lesquelles on a l'art d'empoisonner sa vie, cultiver la relation humaine sous la forme de l'amitié ; pratiquer la métriopathie, tout cela est à notre portée mais bien sûr il faut pour y parvenir philosopher c'est-à-dire réfléchir, évaluer en déployant les ressources de sa raison.
La réflexion permet une discipline qui n'est pas condamnation du désir (sauf dans des philosophies comme le bouddhisme ou celle de Schopenhauer dont il est permis de penser qu'elles sont fort peu sages car condamner le désir c'est condamner la vie et il est difficile de ne pas voir dans ces attitudes une figure du nihilisme) mais régulation, maîtrise en vue de la satisfaction. Rien n'est pire que le châtiment des Danaïdes, voilà pourquoi Socrate pointe la déraison de Calliclès et se refuse à voir dans la condition d'un pluvier qui mange et qui fiente en même temps un modèle de vie réussie. Rien n'est pire qu'une vie gâchée dans la poursuite de rêves inaccessibles, voilà pourquoi les stoïciens condamnent le désir qui s'éloigne de la droite raison et nous exhortent par un bon usage de nos représentations à distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas. Là encore l'enjeu n'est pas d'éradiquer le désir mais d'accorder le désir et le réel afin de supprimer les causes de souffrances et de promouvoir la vie bonne et heureuse.
3) Ombres et lumières d'une réflexion sur nos désirs.
La réflexion sur mes désirs me donne la mesure de l'ambiguïté de ma nature ; elle me confronte aux contradictions de mes désirs. Ainsi mon désir vise la satisfaction mais il jouit de la différer ; il tend vers une chose et son contraire ; il me fait croire que ma liberté est de suivre sa pente naturelle mais la réflexion me révèle combien il est spontanément désir aliéné. J'imagine en effet sous l'empire de ce qui agit sur moi que ce qui me rendra heureux c'est telle ou telle chose mais je réalise dans l'expérience réfléchie de la tristesse que cet objet ou cette fin n'affirme pas mon être mais le nie, ne l'augmente pas mais le diminue. Misère d'un désir dont je comprends grâce à ma raison le caractère passif. (Spinoza)
Misère aussi du désir mimétique, symptôme de mon aliénation intime et des affects sordides qui me traversent. (Haine impuissante ; envie, jalousie disait Stendhal, fin connaisseur de l'âme humaine.)
La réflexion sur mes désirs est sans complaisance sur ce qu'il y a de misérable dans mon être ; elle me dessille et me disqualifie dans ma superbe.
Elle attise divers soupçons en moi. En effet, s'il est vrai que le désir est la source des évaluations qu'en est-il des objets qu'il élit ; du réel qu'il enchante ? N'ont-ils aucune valeur propre ; les vertus que je leur reconnais sont-elles aussi relatives, arbitraires et capricieuses que le désir qui les investit ? Et comment dès lors accorder un quelconque crédit à ma raison si son exercice est subordonné à mon énergie désirante. Sa prétention à l'objectivité et à la vérité universelle ne relève-t-elle pas de l'imposture ? La réflexion sur mes désirs met en question la réflexion elle-même.
Pire ; mon effort réflexif me laisse démuni dans le projet de me connaître moi-même. Qui suis-je ? Un être désirant, certes, mais qu'est-ce que m'apprend sur moi-même le fait que je désire ? Il me semble qu'il est le signe que je manque de ce qui pourrait le combler et je suis tenté avec Platon de me penser comme un mixte d'être et de non être mais je découvre que je ne manque que de ce que je désire. Alors faut-il dire avec Spinoza que je ne manque de rien ; que c'est le désir qui produit ce manque parce qu'il déploie ainsi ma puissance d'exister ? La lucidité m'impose de reconnaître que je ne sais pas. Manque d'être ou puissance d'être le désir garde pour moi son mystère.
Et pourtant cette lucidité n'est pas vaine. Elle m'invite à comprendre qu'elle ne se conquiert que sur fond d'ascèse et que cette conquête est une exhortation à mettre de l'ordre dans ce désordre. La contrepartie de la prise de conscience de ma misère est la conviction qu'à moi seul incombe la responsabilité de donner sens, objet et fin à mon énergie désirante ; de déjouer les pièges de celle que Malebranche appelait « la folle du logis » ; d'assigner mesure à son dynamisme ; d'évaluer si mes désirs sont respectables ou méprisables, possibles ou impossibles ; illimités ou modérés ; promesse de bonheur réel ou menace de souffrances à venir ; expression de ma liberté ou signe de mon aliénation .
Là est la tâche de la réflexion : déterminer le possible, l'honorable, la mesure, la différence entre un désir passif et un désir actif, tracer la frontière entre le plaisant et le bon, le désirable et l'exigible. La réflexion débouche ainsi sur une éthique où, conscient de ce qui m'aliène, je peux me libérer et donner effectivité aux fins que je ne cesse de revendiquer et pour la réalisation desquelles je suis si peu spontanément doué. Ces fins sont le bonheur, la liberté et « noblesse oblige » la moralité.
Conclusion
Féconde pour définir une éthique de vie, la réflexion sur mes désirs m'enfonce dans l'ambiguïté de ma propre nature. Elle ne dissipe pas l'énigme du sphinx et l'exigence de sagesse m'invite à la modestie. Je ne sais ni ce que je désire vraiment ni pourquoi ma condition est celle d'un être désirant. Mais la réflexion m'apprend qu'il n'y a pas de vie digne sans l'effort de me rendre libre et content et cela est à ma portée.
Partager :
Marqueurs:aliénation, bonheur, Désir, liberté, lucidité, malheur, mimétisme, mystification, sagesse, servitude, valeur
Permettez-moi de relever, dans votre excellent exposé, une petite inexactitude : le bouddhisme ne prône pas la destruction ni la répression du désir, mais la liberté par rapport au désir. Il s’agit d’être libre, ce qui ne veut pas dire frustré. Si j’obtiens, c’est bien ; si je n’obtiens pas, c’est bien aussi. Il n’y a guère de différence, contrairement à ce qu’on dit, entre l’Orient et l’Occident sur ces questions de sagesse.
Bien à vous.
JLG
Mme le profeseur, merci pour votre développement je tiens à vous remercier car vous avez fait un bon détail du désir. Mais une question me vient à la tête .
Si une nation où les peuple s’entretuent désire le rétablissement de la paix mais rien de bon plutôt que la persistance du fléau; faut-il toujours désirer la paix où que faut-il faire ? Que doit-on désirer et renoncer dans la nature ? Vus tous les inconvénients que nos désirs nous apportent dans la nature humaine; par exemple la dépigmentation dans la société africaine ; la mode européenne aujourd’hui qui conduit l’Afrique à perdre ses propres valeurs.Que dites vous de ses désirs exagérés du monde?
D’abord il faut dire que la paix est en soi un grand bien puisqu’elle est, politiquement, la condition de tous les autres. Vouloir la paix témoigne donc de la sagesse d’un peuple, qui, mérite par là notre respect.
Quant à ce que vous appelez des désirs exagérés, ils témoignent seulement du manque de sagesse des personnes, sagesse qui, toujours et partout, est à conquérir.
L’exemple que vous donnez, les pratiques de dépigmentation, illustre les ravages du mimétisme. Cf. sur ce blog: le désir mimétique, René Girard.
Bonjour,
Je viens de lire votre exposé qui est très bien fait.
Il y a un point sur le désir que je n’ai pas très bien compris, c’est sa mesure.
Selon vous, de quoi le désir est-il la mesure ?
Cordialement.
Bonsoir
Je ne suis pas sûre de très bien comprendre votre question.
1)Spinoza par exemple montre que le désir est le principe de nos évaluations. C’est en fonction de notre désir que nous mesurons, nous déterminons la valeur des choses. Ex: C’est parce que tel objet (une femme, un livre, un voyage etc.) est objet de désir qu’il est jugé bon.
Voyez le post sur Spinoza: le désir puissance d’être.
2) Toute la sagesse antique nous invite à désirer avec mesure, c’est-à-dire avec modération.
Bon courage.
Excusez-moi, ma question était en effet confuse.
Je m’interrogeais sur les éléments de comparaison et d’appréciation du désir.
Je ne comprends pas davantage.
Vous avez un cours sur la valeur du désir. Peut-être vous sera-t-il utile.
Ayant plus réfléchi à ma question, voici comment je pourrais l’expliquer :
Une règle sert à mesurer des longueurs. Existe-t-il une « règle » qui mesure le désir ?
N’y a-t-il pas des choses en nous, des concepts, qui déterminent la QUANTITE et la QUALITE de nos désirs ?
Et en fonction des désirs que l’on considère, va-t-il y avoir des « mesures » différentes ?
Cordialement.
Vous pouvez trouver des indications dans l’article: bonheur et lucidité (en particulier le texte de Stuart Mill et les explications que j’en donne) et dans l’article sur l’utilitarisme ou morale de l’intérêt. Vous pouvez utiliser l’index pour les trouver facilement.
En espérant éclairer un peu votre question.
Merci beaucoup pour cet exposé qui me renvoie à ce que j’essaie en vain de comprendre depuis plus de dix ans… En effet je mène depuis 10 ans une tentative d’évaluation de mes désirs afin de pouvoir en dégager une prise de décision afin de les réaliser (domaine professionnel), mais je mène un combat sans fin contre moi-même en auto-évaluant mes désirs comme des chimères impropres à une réalisation quelconque. J’entreprend actuellement une démarche visant à demander à un tiers une évaluation de mes désirs dans l’espoir d’obtenir une réponse du type : « vous avez raison de désirer cela » ou bien « vous avez tort de désirer cela et devez apprendre définitivement à accepter votre sort ». Mais votre article me fait comprendre que je ne peux qu’être victime de désillusions douloureuses quant à mes désirs irréalisés et persistants. Je comprend aujourd’hui le terme de « morbidité » qu’une consultante avait posé sur ma problématique, ce que je n’avais encore jamais saisi. J’ai l’impression que mon sort est celui d’une condamnation à rester dans une attitute vélléitaire sans jamais savoir si mes vélléités sont fondées ou pas.
Si cet article vous permet de nouer un rapport réflexif à vous-même et de comprendre que c’est à vous seule de vous mettre au clair avec votre pathos afin d’acquérir un peu de sagesse, tant mieux!
« Toute connaissance est bonne au philosophe pour autant qu’elle conduit à la sagesse » disait Alain.
Bien à vous.