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L'école est finie!

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  Sacré Charlemagne, Le contrat est rempli. J’ai patiemment tricoté les concepts pour construire la cohérence du programme. J’ai fait dialoguer les grands maîtres avec la conviction que rien n’est plus important qu’instituer la république des esprits libres. Comme tous les professeurs et tout un chacun j’ai fait ce que j’ai pu non ce que j’ai voulu.
 

  J’ai donné les cartes. A vous de jouer jeunes gens. Je vous souhaite de faire de votre mieux et au delà de l’examen de construire une vie aux couleurs de vos rêves.  

  Ressemblez un peu à ce petit personnage de Maryon : facétieux, enthousiaste et énergique. Ce sont les vertus qu’il faut avoir pour soulever les montagnes. Ni se prendre au sérieux, ni se laisser altérer par le brouillard, ni consentir à la mollesse et toujours regarder vers le haut.

 

 

 
 Il faut que vous sachiez qu’il y autant de bonheur dans le point final que dans l’attaque de la phrase. L’essentiel est d’accomplir, de conduire une tâche à son terme. Il doit en être ainsi de l’aventure qu’est la vie et j’aimerais l’achever avec le même sentiment de l’œuvre réalisée, aussi modeste soit-elle.
 
 Place aux lectures improvisées, à l’esprit détendu, aux amis retrouvés. La cuisine va revivre des arômes des savantes alchimies. Légèreté du jour. Un peu de chaleur et de soleil et la chanson de ma jeunesse résonnera avec ses accents d’insouciance et la plénitude de la détente méritée.
 
 Les vraies vacances ne sont pas encore là mais une semaine de rupture avant les corrections du baccalauréat c’est la mise en bouche parfaite, celle qui a l’intensité des choses brèves, l’excitation  des jouissances à venir.
 
 La saveur de la vie est dans la soif et la mienne est inaltérable. Puisse la vôtre aussi.
 
 Ce qui me navre c’est souvent le sentiment qu’elle fait défaut à de trop nombreux jeunes.
 
 J’ai parcouru le blog d’une de mes élèves consacré à des « gribouillis » dont chacun peut apprécier le talent puisqu'elle m'a autorisée à en importer sur cet article. Un jour je suis tombée sur un petit texte qui m’a donné la mesure de l’ennui régnant parfois dans nos lycées et nos salles de cours.
 

 «Déjà besoin de vacances, grasses mat' et tout le bordel.
Plus de cours, plus de pétage d'heure parce que j'ai pas bossé, plus de gardien de merde, plus de car le matin, plus de Vaugelas, plus de cours de philosophie, plus de porte-monnaie vide, plus de solitude, plus de tout ça.
Encore du
soleil, encore une clope au Verney, encore dessiner sous l'arbre, encore rigoler, encore des bolas, encore Wild World, encore un stage bafa, encore du piano, encore des sorties, encore de l'avenir, encore,encore, encore.
 Vacillement d'humeur, le sourire dévoré, du rire plein la bouche, sérieuse à mes heures perdues, euphorique lunatique ».
 
 

  Dire c’est déjà une victoire, dire de manière poétique une rédemption. La dernière phrase est réussie comme certains gribouillis qui aident à supporter une argumentation décidément trop longue. Il faut du court…les patientes analyses des philosophes exposent à l’indigestion et disent trop peu souvent ce que l’on a envie d’entendre.

 

   Rien ne m’afflige davantage que de m’adresser à des jeunes donnant l’impression d’être désertés par le désir de comprendre et de savoir. J’en ai eu un certain nombre cette année. Maryon n’est pas de ceux-là, je crois, mais elle exprime bien ce que je lis trop souvent dans les regards fatigués, les démarches indolentes, dans l’absentéisme chronique et encore dans le renoncement à l’effort conduisant certains à ne plus rendre les devoirs.
 
  Ce que j’ai vu cette année a dépassé les bornes. Sans reprise en main notre école est condamnée à être une machine à produire de l'écart voire de l'abîme culturel.   Seuls les enfants des milieux où l'on a une concience aiguë de l'importance de la formation, de la rigueur et de l'effort dans une vie réussie, continueront à vivre le collège et le lycée comme un lieu d’épanouissement car papa et maman y veilleront dès le plus jeune âge. Cela n'a à voir ni avec la richesse économique, ni même avec le niveau intellectuel mais à coup sûr avec une éthique de l'existence car, quel que soit le métier exercé, il y aura toujours une grande différence entre ceux qui sont compétents et consciencieux et ceux qui ne le sont pas.
  Pour les autres, j’ai grand peur que l’institution ait démissionné parce qu’elle s’est crue généreuse de convaincre plutôt que de contraindre. Alors les mauvaises habitudes étant plus vite prises que les bonnes, les résultats s’ensuivent. On n’a pas les pré-requis des classes dans lesquelles on est admis, conséquence ; on ne peut plus suivre et comme on ne comprend pas on s’ennuie et comme il faut bien faire quelque chose on discute avec son voisin ... Résultat : les cours sont perturbés.  
  Tout cela est naturel.
 
  Pourvu que le bon sens finisse par l’emporter et que la refondation de l’école s’opère sur le principe que parents et professeurs ont à former à la vertu non à la supposer  déjà en acte dans nos enfants et nos adolescents.
 
  Maryon sait si bien mettre en scène leur charme et leur insouciance. Donnons leur la culture, le goût de l’effort et de la rigueur sans lesquels les germes de la nature sont injustement sacrifiés.

 

 

 

 

 

BON COURAGE A TOUS ET TOUS MES VŒUX DE REUSSITE.

 

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29 Réponses à “L'école est finie!”

  1. pamela dit :

    Merci d’être un professeur muni d’une pair d’yeux, Malgrés les lunettes vous vous en sortez très bien 🙂
    Esperons que les graines trouverons , la terre et l’eau dont elles ont besoin…

    et bon retour à votre cuisine !

  2. mercotte dit :

    Edifiant et bravo pour cette année somme toute assez mélancolique même si tu laisses quelques pistes à ceux qui voudront bien les comprendre !

  3. Maryon dit :

    Cela me fait plaisir de voir que mes dessins vous plaisent, madame, et je suis touchée de voir que vous en mettez sur votre blog, vraiment. Par rapport au texte, si j’avais su, je me serais appliquée dans le langage ( trop grossier pour un blog de philosophie ), mais cela ne fait rien, j’assume complètement le résultat de mon saut-d’humeur du moment.
    Comme vous le dites dans votre article, malgré ma flemme chronique malheureuse, j’aime bien la philosophie, et je ne me suis jamais dit que je ne voulais pas apprendre, que cela ne m’interessait pas. Le souci que j’ai rencontré en cours d’année, c’est lors de l’incompréhension d’un concept, d’un chapitre, je m’énervais contre moi-même, d’où le « plus de cours de philosophie » du texte. Je vous explique tout ceci car je ne veux pas vous laissez croire que tous les cours de toute l’année m’ont exaspéré, et si la lecture de ce passage vous a vexé, ou blessé ( je ne sais pas?) je m’en excuse car ce n’était pas le but.
    Merci pour cette année de philosophie, je vous souhaite de bien profiter de votre semaine de vacances pendant que nous serons penchés sur nos cours et nos annales.
    Et comme dit Pamela, cuisinez bien !

  4. Claire Duchateau dit :

    Je viens ajouter ma voix au « front d’interdiction du blog de philosophie »….
    Amis, élèves, amateurs de philo ou simplement passagers du net égarés par hasard sur ce blog, rejoingnez-moi !
    Pas de manifestation pour moi cette année, mais un unique slogan qui sera : NON A LA FERMETURE DU BLOG !!!!!

    A bon entendeur….

    Claire*

  5. Simone MANON dit :

    Ne vous faîtes pas de souci Maryon. Je n’ai pas mal pris votre petit mot. Je l’ai lu comme un témoignage emblématique d’une expérience trop généralisable hélas. Finalement les nombreux témoignages qui me sont parvenus pendant le bilan de fin d’année ou sur ce blog montrent que ce n’est pas l’intérêt qui manque mais le sens de l’effort.
    Tendez votre énergie pour que ce temps de révision soit fécond et donnez le meilleur de vous-même à l’examen.
    Avec une pensée particulière pour Paméla qui ne doit pas confondre »se laisser vivre » et vivre »; pour Claire dont j’ai apprécié le talent de harpiste et pour vous dont les talents sont multiples: photo, dessin, théâtre… Bravo.

  6. Amélie dit :

    Bonjour, cela quelque mois maintenant que j’ai découvert votre blog.
    La première chose que j’ai envie de dire, c’est merci pour ce savoir mis à la disposition de chacun.
    Ce soir, j’ai envie de laisser enfin un commentaire, parce que votre article m’évoque beaucoup de choses : tout d’abord sur le bonheur et la saveur de la vie, rien que de lire cette partie de l’article me redonne le sourire (et il est pourtant si souvent absent ces temps-ci), mais ensuite quand vous parlez des élèves désertés par le désir de comprendre et de savoir, je dois dire qu’en tant qu’élève, ça m’écœure d’une part et m’attriste de l’autre mais je crois malheurement que l’absence de volonté de remettre l’éducation et la culture au cœur de la société n’est pas que parmi les élèves… Au profit du « se laisser vivre » bien souvent érigé dans l’opinion… Alors cela fait vraiment plaisir de lire des propos qui résistent à cette illusion, bon courage à vous !

  7. Mario Asselin dit :

    Je découvre l’ampleur de votre oeuvre aujourd’hui. Je viens de passer plusieurs minutes à «revisiter» votre cours et vos conversations qui témoignent de votre année scolaire.

    À votre communauté en apprentissage, je dis BRAVO!

    … et merci.

  8. FRANCE INTER dit :

    France Inter consacrera une chronique à philolog.fr le lundi 16 juin à 06h50 AM. Vous pourrez réécouter l’émission toute la journée sur le site de France Inter (franceinter.com) dans la partie chronique: Blogs à Part présentée par Alexandre Boussageon.

    FRANCE INTER

  9. Eddy CHRISTOPHE dit :

    Depuis un bon moment je rattrape tant bien que mal mon retard sur l’année grace à votre blog . j’en viens aux pages finales et je repense à notre « premier/dernier » débat des deux dernieres heures de philo. J’ai manqué de beaucoup de maturité, et maintenant que j’en prend conscience je me range du coté de Claire pour dire que ce Blog ne doit pas disparaitre. C’est certainement egoiste et facile de ma part mais croyez bien qu’en revoyant tous ces cours, ce blog n’est pas pour moi qu’un moyen d’avoir le bac. Il donne envie de s’y plonger, d’y passer du temps. il a une reelle valeur pour moi dans le sens où il reste comme une chance de ne pas encore perdre une grande ouverture sur la philosophie que je n’ai pas su prendre durant cette année.
    Je vous dis un grand « merci ». Lundi matin avant l’épreuve je serai un des auditeurs de france inter, enfin peut-etre pas, il vaut certainement mieux que je reste concentré sur l’épreuve à venir! ( Mais soyez sur que je l’écouterai sur internet !!).
    Eddy CHRISTOPHE

  10. Florian M. dit :

    Bonjour Mme Manon.
    Vous devez vous souvenir de moi : Florian Maury. J’étais dans votre classe l’année 2005/2006.
    Je voulais vous remercier de m’avoir fait découvrir la philosophie avec une rigueur certaine et une accessibilité possible mais toujours éxigente. Et même si nos bord politique ont toujours différé sur de nombreux points, vous m’avez donné le goût de la pensée et la jouissance certaine que l’émulation intellectuelle procure.
    Dès lors, je me suis mis à lire. Des auteurs qui me sont encore difficilement accessibles comme Sartres (je n’ai terminé que question de méthode et l’existentialisme est une humaniste) mais aussi son confrère d’un temps Camus dont j’ai dévoré les romans qui sont autant d’occasion de penser. Je m’attaque maintenant à Foucault et à son analyse du rapport Savoir/pouvoir, des prisons ainsi qu’à sa déconstruction de l’humanisme et du classicisme. Et je reste un éternel amoureux de l’écriture de Georges Orwell qui se révèle à mes yeux un auteur majeur de par son analyse du totalitarisme, du mélange de technophilie et de technophobie qui l’accompagne et enfin des mécanisme d’auto-censure en regardant de près la soumission des intellectuels de gauche anglais envers l’URSS. Je pense que sans vous, tout celà ne m’aurait pas été réellement accessible car je ne l’aurai pas vu comme un art majeur. Car si de toute pensée découle des postures et des « politiques », la pensée ne doit pas être un prétexte à la politique, la pensée ne doit pas être « au service de « .
    Vous avez mon e-mail (que j’ai dû renseigné pour érire ici) si vous souhaitez me répondre.
    Cordialement, Florian.

  11. Hugo Guillon-Abiassi dit :

    ouah.. çà fait bizarre quand même… Demain déjà la première épreuve du Baccalauréat, la philosophie. Je repense avec nostalgie à tous ces moments passés au lycée et notamment à ceux en cours de philo. Durant cette année vous m’avez dérouté, saigné mon coeur à vif, fait effondré bon nombre de mes idées mais au final, j’en ressors grandit et fier de tout ce dont vous m’avez appris. Merci pour cette année, désolé que çà n’est pas été votre meilleure mais moi j’ai tout fait pour, j’espère que plus tard nos chemins se recroiseront pour échanger nos « récits de vie », nous rappeler avec nostalgie les temps passés et voir au combien vous m’avez épanouit.
    Enfin bon voilà… c’est la vie… drôle de vie. Demain matin en me rendant (gaiement ? ) au lycée en voiture ET en écoutant France inter ( comme tous les matins de cours ) j’aurai une pensée toute particulière pour vous et tout ce que vous avez fait dans ma vie. Il y’a quelques années je n’aurai jamais pensé dire çà mais… les cours de philosophie changent la vie des gens de manière très profonde, dont la mienne…
    Merci pour tout Madame Manon ! MERCI !!! Au plaisir de vous revoir !
    PS: Désolé pour les fautes d’orthographes ^^ …

  12. Hugo Guillon-Abiassi dit :

    Voilà, l’épreuve de philosophie est passée. J’ai essayé de faire tout mon possible pour vous faire honneur, je pense m’en être plutôt pas mal sorti. Maintenant je ne sais pas si j’aurai encore de la philosophie dans mes études supérieures et donc je ne sais pas si je reverrai un jour un sujet de philosophie devant moi… Enfin, la vie est un grand sujet de philosophie dont on analyse un peu plus chaque jour la thèse…
    Encore merci Madame, je ne vous oublierai jamais!

  13. mathilde Augé dit :

    J’espère que cette multitude de commentaires vous permettre de garder tout de même un souvenir pas trop mauvais de cette année…Je suis allée écouter la chronique sur france inter également, mais je dois reconnaître qu’elle m’a tout de même déçue.
    L’épreuve de philo est passée et avec elle se termine cette année de terminale. Il est donc le moment pour moi de vous remercier pour cette année et de me joindre à Claire et à Eddy pour vous conseiller de ne pas fermer ce blog que j’aimerai pouvoir continuer à visiter, d’autant plus que je ne dis pas adieu à la philo mais que je continuerai au moins les deux prochaines années à en faire…
    Bonnes vacances à vous et à tous les visiteurs de ce blog.

  14. Je constate avec enthousiasme que la ligue contre la fermeture du blog s’accroît…

    Je voulais savoir si vous traiterez les sujets de philosophie de cette année, bien que cela represente un travail immense pour vous, j’ai du mal à me résigner à passer à coté de la profondeur du texte de Sartre…
    En tout cas, une fois de plus merci ! Je n’ai qu’un regret à propos de la philosophie : ne jamais avoir pu disserter sur un sujet politique…!
    A bientôt sur ce blog je l’espère,
    Claire

  15. Marie Ducruet dit :

    Bonjour madame,
    J’étais dans votre classe en 2005 2006 et je me souviens de vos cours avec plaisir. Vous m’aviez parlé de ce blog depuis quelques mois déjà mais votre intervention sur France Inter m’a décidé à laisser un commentaire. J’ai retrouvé vos conseils et votre souci de la méthode qui m’ont bien aidé et pas seulement pour l’épreuve de philosophie. En droit cette année nous avons abordé le thème « peut on juger les fous? » ce qui m’a rappelé votre cours sur la justice, c’était passionnant.
    Bravo pour ce blog et bon courage pour les corrections des copies…
    Marie

  16. Joanna dit :

    Je vous invite à voir une partie de la vidéo des Papous dans la t^te à la page
    http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/papous/fiche.php?diffusion_id=63996
    (chercher « france culture » sur google, puis la page de la vidéo est sur le sommaire)
    Il s’agit de « fausses dissertations » faites à partir de citations données incomplètement 🙂
    Voir la vidéo au temps 19min33 (il faut attendre un peu le temps que ça charge)
    Bonne écoute et bonne soirée…
    Joanna

  17. Simone MANON dit :

    Merci Joanna pour vos suggestions. Dès que mes occupations me laissent un peu de temps, j’écouterai cette émission.

  18. Pamela dit :

    LE LAISSER VIVRE

    j’ai réfechit, et je dois expliquer , je pense, en quoi consiste le fait de laisser les choses arriver, de faire le légume.
    c’est après ce genre de periode qu’il est possible de se reveiller. on s’endort et apres on se reveille. Le sommeil étant nécessaire au reveil on constate que se laisser vivre est une période nécessaire a la construction de l’être. Se laisser vivre est donc une partie de la vie.
    Se laisser vivre c’est aussi vivre.

  19. Simone MANON dit :

    Heureuse d’avoir de vos nouvelles Paméla. J’espère que cette année vous n’allez pas vous laisser vivre et que vous découvrirez le caractère sophistique de votre raisonnement. Cela ne signifie pas que la paresse ne puisse pas avoir sa place dans l’existence. Mais il y a les vacances pour cela et votre tort était de confondre le temps du travail et celui du farniente.
    Avec mon meilleur souvenir.

  20. Pamela dit :

    Je dois dire que votre message me fait sourir, je me souviens de ce que je pensais de la sophistique quand vous nous l’expliquiée. Je ne pensais pas un jour faire usage de leur réthorique 🙂

  21. Simone MANON dit :

    Détrompez-vous Paméla. Vous ne maîtrisez pas la rhétorique et cela m’afflige de voir que tant d’élèves ne maîtrisent pas la langue et les ressources de l’argumentation mais cela n’empêche pas de produire des arguments ou des raisonnements captieux. Je vais bientôt publier un petit papier sur la sophistique, vous auriez intérêt à le lire.
    Avec ma sympathie et un sourire.

  22. Anastasia dit :

    Lorsque les pères s’ habituent à laisser faire les enfants,
    lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,
    lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,
    lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus,
    au-dessus d’eux l’autoritéde rien ni de personne,
    alors c’est là en toute jeunesse et en toute beauté, le début de la tyrannie.
    Madame, encore merci pour cette année.
    A bientôt.

  23. Simone MANON dit :

    Leçon plus que jamais d’actualité…
    Tous mes voeux pour le bac et pour la suite Anastasia.

  24. Sandra dit :

    Je ne suis pas un exemple, mais je me permets de vous dire que j’ai adoré vos cours, et de vous remercier également.
    Je ne me suis pas ennuyée dans vos cours, vous l’avez bien compris c’est le sens de l’effort le probléme.
    « On récolte ce que l’on séme » alors je crois que tôt ou tard je payerai mes erreurs.
    Et je ne crois pas en ma chance non plus.

  25. Simone MANON dit :

    On ne dit pas cela à votre âge Sandra. Mais il va de soi que vous devez comprendre la nécessité de l’effort pour réussir quoi que ce soit.
    Bon courage pour le bac et pour la suite.

  26. Raku dit :

    Bonjour
    Je viens de découvrir ce blog en faisant des recherches pour une dissertation (vos articles m’ont d’ailleurs été d’une grande aide, merci).
    Je me permet juste de donner mon avis à propos du laisser-vivre.
    Je pense qu’il est important de paresser, de s’ennuyer, de traîner sans rien faire, et ce même en temps scolaire. Parce-que c’est dans ces moments-là que paradoxalement nous réfléchissons le plus, quand notre esprit est laissé libre de vagabonder hors de contraintes type « interro de dates en Histoire » qui, bien qu’elles soient sûrement très utiles pour notre avenir, ne sont pas des plus agréables. Combien de fois a-t-on eu des illuminations à propos d’une dissertation en regardant un épisode de Skins? Personnellement ça m’arrive tout le temps.
    Ma prof de philo dit même que son défaut principal est de ne pas nous laisser nous ennuyer assez pendant son cours.
    Se poser des cadres du type « le repos c’est pour les vacances », je trouve ça dommage. Se laisser vivre est une vie à part entière car c’est celle où l’on se retrouve nous-même pour nous laisser le temps d’assimiler, de digérer, de trier les divers évènements et enseignements ; réserver ces moments extrêmement utiles aux vacances scolaires, c’est vraiment insuffisant.
    Je ne suis pas loin de penser qu’il devrait y avoir tous les jours une heure où l’on a pas le droit de d’occuper. Histoire d’avoir un peu le temps de s’ennuyer. C’est si important.
    Sur ce, je vous souhaite une bonne journée, et encore merci pour ce blog.

    Raku

  27. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il n’y a pas d’antinomie entre le reproche que j’adresse à Pamela et votre propos car on ne parle pas de la même chose.
    Dans un cas, laisser vivre signifiait ne pas faire le travail minimum d’un élève de terminale, ne pas rendre ses devoirs, être absente en cours etc. Le moins que l’on puisse dire est qu’un lycéen n’est pas en situation d’aliénation du travail! Il a largement le temps de paresser, de s’adonner à ses activités favorites et de remplir ses obligations scolaires.
    Car si laisser vivre signifie ne pas être affairé, autrement dit avoir du loisir (au sens grec et romain de temps libre, otium/negotium) afin d’être disponible à l’offrande du jour, à la curiosité, à la méditation, à l’amitié etc., ce n’est pas le philosophe qui en fera le procès. Au contraire, cette signification est en jeu dans la distinction philosophique du libéral et de l’utilitaire.
    Je vais mettre en ligne un texte de Thoreau sur les vertus de l’éveil. Il y célèbre cette disponibilité permettant de faire l’expérience de l’essentiel, de l’ouverture à une perception renouvelée du monde et des conditions du perfectionnement moral.
    En revanche je ne suis pas sûre qu’il soit pertinent de conférer une positivité à l’ennui. Il y a tout un chapitre consacré à ce thème sur mon blog.
    Tous mes voeux d’épanouissement dans votre formation philosophique.
    Bien à vous.

  28. Pierre dit :

    Bonsoir Madame Manon,

    Je souhaiterais avoir votre avis : au sujet des violences scolaires qui défraient la chronique en ce moment, ne pensez-vous pas qu’une fraction des enseignants a fait le tombeau de la placidité de l’enseignement par un angélisme borné où les effronteries étaient cautionnées par un discours de victimisation de leurs auteurs, par un pusillanime parfois feint où la valorisation de la réussite était mise à mal par une remise en cause de l’évaluation des connaissances par des notes et par une idéologie égalitariste propre à « niveler par le bas » le niveau des élèves ?

    J’ai eu la chance d’avoir un enseignement de qualité, par des professeurs qui faisaient cours, sans proposer des « appendices » ludiques et creux pour gagner la sympathie des élèves (tels que des débats vains sur le développement personnel…), savaient assumer leur autorité et respectaient les bornes de leur mission.

    J’ai moi aussi manqué de docilité avec certains enseignants (et c’est là un euphémisme pour quelques-uns) mais aujourd’hui, je ne peux que les remercier d’avoir été les plus forts dans le bras de fer auquel je les exposais.

    Bien à vous

    Pierre

  29. Simone MANON dit :

    Bonjour
    L’école, professeurs inclus, est à l’image de la société. Celle-ci se caractérise par une crise de l’autorité, diagnostiquée depuis longtemps par Hannah Arendt. Médecins, magistrats, policiers, professeurs, hommes politiques ont cessé de faire autorité si l’on entend par là cette manière d’obtenir l’obéissance et le respect sans coercition, par un consentement tacite de ceux sur lesquels l’autorité s’exerce. https://www.philolog.fr/quest-ce-que-lautorite/ Qu’il y ait une part de responsabilité des personnes concernées sans doute, vos observations sont en ce sens pertinentes, mais le mal déborde les insuffisances personnelles.
    Le problème tient au fait que tout ce qui incarnait la transcendance du politique ou du savoir a cessé de faire sens. Nous vivons une révolution anthropologique et sociale: effondrement de la figure du père, disparition du sens de la précédence du social et son corollaire: souveraineté d’un individu anomique en charge d’un possible se vivant fantasmatiquement sans limite.
    L’avant dernier numéro du Débat (n° 200) consacré à la révolution de la masculinité est à cet égard éloquent. Désaffection scolaire pour un nombre de plus en plus grand de garçons, révolte souterraine contre une société dans laquelle le féminisme prospère, immaturité, consommation pornographique, refuge dans des mondes virtuels, etc.
    Si vous ajoutez à cela les aberrations qui s’enseignent sous le nom de philosophie et dont Braunstein propose un état des lieux dans « la philosophie devenue folle », il va de soi que les temps sont devenus difficiles pour ceux qui doivent transmettre une tradition radicalement subvertie tant dans ses contenus théoriques que dans les comportements implicitement définis sous la dénomination de « common decency ». https://www.philolog.fr/jean-francois-braunstein-la-philosophie-devenue-folle/#more-5247
    En tant que magistrat, je ne doute pas que vous ayez vous aussi à assumer des situations problématiques. L’important est de sauver ce qui peut encore l’être avec courage et détermination.
    Bien à vous.

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