Telle est la nostalgie : habiter dans les vagues
et ne jamais avoir d'asile dans le temps.
Et tels sont les désirs : dialogues à voix basse
des heures quotidiennes avec l'éternité.
Et ainsi va la vie - jusqu'à ce que des heures de la veille
s'élève la plus solitaire
qui, souriant autrement que ses sœurs,
s'offre en silence à l'éternel.
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Les pauvres mots que la vie quotidienne
flétrit, les mots sans éclat, je les aime.
Je leur prodigue les couleurs de mes fêtes,
et ils sourient et lentement trouvent la joie.
Ils chauffent leurs blanches joues d'hiver
au miracle qui survint à leur douleur;
jamais encore ils ne furent chantés,
mais frémissants, dans mon chant ils s'avancent.
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Tu ne dois pas chercher à comprendre la vie,
Elle sera dès lors pour toi comme une fête.
Laisse chaque jour te combler
Comme un enfant qui passe
Se voit comblé de fleurs
Par chaque brise.
Il ne lui vient pas à l'esprit
de les ramasser ni de les garder.
Doucement de sa chevelure,
tendre prison, il les enlève,
et à ses chères jeunes années
il tend les mains pour avoir d'autres fleurs.
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Les rêves de ta vie profonde,
libère-les de leur ténèbre.
Ils sont jeux d'eaux et tombent
plus clairs et en pauses chantantes
dans le sein de leurs vasques.
Et je sais maintenant : deviens tel un enfant.
Toute angoisse n'est qu'un commencement;
mais la terre est illimitée,
et la peur n'en est que le geste et le désir en est le sens.
Rainer Maria Rilke. POUR ME FÊTER, Poésie, Œuvres II, Seuil, 1972, p. 72. 73.
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J’en profite, après avoir lu les textes sur le site en vue de notre dissertation,
pour vous souhaiter une très bonne année 2010 et tout le bonheur possible (sans m’avancer sur un point de vue philosophique ^^)
Merci Hugo pour vos voeux. Je vous souhaite, à mon tour, une belle réussite au bac et l’accomplissement de vos désirs les plus chers.
A bientôt.
Un petit mot en passant sur votre blog pour vous (re)donner les références du livre dont je vous avais parlé après notre passage au lycée. Je vous l’ai envoyé par mail mais je ne sais pas si vous l’avez reçu. Il s’agit d’ « Un trou dans la vie » de Jean Pierre Criqui, aux éditions Desclée de Brouwer, collection Arts et esthétique, Paris, 2002.
A bientôt