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   Distinguons avec rigueur l'histoire et la philosophie de l'histoire.

 

 I)  L'histoire ou connaissance historique.

 

  « Histoire » vient d'un mot ionien signifiant « voir, savoir, s'informer ». Elle est une « enquête » sur le passé, un effort pour le reconstituer (par définition, le passé n'est plus, il faut le reconstruire à partir des traces qu'il a laissées sur son chemin : les archives) et la construction d'un savoir. Marc Bloch la définit comme « la science des hommes dans le temps ».

 

   De fait, depuis la fin du XIX° siècle, le discours ayant pour objet le passé de telle ou telle société s'efforce de se constituer selon une norme de vérité ou d'objectivité, ce que connote l'idée de science. D'où la mise au point de méthodes (la critique externe et la critique interne définies par l'école positiviste, méthodes nécessaires mais pas suffisantes car l'histoire n'est pas une chronique. Une fois les faits méthodiquement établis, il s'agit de les rendre intelligibles, ce qui implique de les articuler rationnellement) et l'exigence d'une éthique de la connaissance en l'absence desquelles le récit historique ne peut que relever du roman historique ou de l'histoire idéologique.

 

   Reste que si les méthodes et la vocation de l'historien sont de nature scientifique, de nombreux obstacles épistémologiques liés à la nature de l'objet d'étude conduisent à se demander si l'histoire peut être considérée comme une science.

 

   L'objet de cette connaissance est, en effet, un objet humain et chacun comprend qu'il est plus difficile de conquérir l'objectivité dans les sciences humaines que dans les sciences de la nature. Cela tient au fait que le sujet qui connaît a plus d'intérêts en jeu dans une recherche où il est aussi l'objet de la connaissance que lorsque ce n'est pas le cas. Par exemple, l'historien est un acteur historique dans son présent. C'est un sujet engagé dans une aventure historique qui interroge l'histoire passée et qui peut donc être enclin à chercher en elle le passé de l'avenir qu'il projette. Il ne s'ensuit pas que le discours historique soit nécessairement l'otage des intérêts idéologiques du présent mais enfin l'éthique de la connaissance (désintéressement, ascèse des passions etc.) est plus difficile à honorer dans les sciences humaines que dans les sciences de la nature.

 

   L'objet humain est infiniment plus complexe que l'objet physique ou chimique car il intègre la dimension de l'esprit avec sa capacité symbolique, sa volonté et donc sa liberté possible. Est-il possible d'étudier le déterminisme d'un tel objet conformément au présupposé méthodologique d'une science ? Une science s'efforce, en effet, de dégager les lois qui régissent les phénomènes. Les lois sont des rapports constants et nécessaires entre des phénomènes de telle sorte que les uns étant donnés, il est possible de prévoir l'apparition des autres. Peut-on subsumer les faits humains sous de telles lois ? Et s'il est possible de parler de lois psychologiques, de lois sociologiques, de lois économiques, peut-on dire qu'il y a des lois de l'histoire ?

 

   Car l'historien étudie l'objet humain sous la catégorie du temps. Ce qui l'intéresse, ce sont les faits historiques, son souci étant de les rendre intelligibles. Mais le fait historique est, par nature, singulier. L'histoire est « un corps de faits » non « un corps de lois » remarque Paul Veyne. « Si un historien s'occupait des corps qui tombent, ce serait pour raconter des chutes » non pour formuler la loi de la chute des corps et subsumer les faits observés sous cette loi. L'explication, en histoire, ne peut donc pas être une explication nomologique comme c'est le cas dans les sciences dures. Elle est, reconnaît Paul Veyne, une explication causale consistant à rapporter un fait à des antécédents et à raconter comment les choses se sont déroulées. Par exemple, lorsque l'on dit que la Révolution française s'explique par la montée de la bourgeoisie, on ne formule pas une loi puisque la Révolution de 1917 s'explique autrement et que ce qui intéresse l'historien, c'est le récit de l'événement 1789. L'explication n'est pas autre chose que le récit des événements montrant à la suite de quels événements, l'événement 1789 s'est produit. Le mot "cause" désigne ces événements. Elles sont les divers épisodes d'une intrigue qui n'est pas fondamentalement différente de celle que l'on trouve dans les romans. Dans les deux cas l'intrigue articule des facteurs aussi hétérogènes que des causes matérielles, des intentions humaines, des hasards, des interactions etc. Elle opère une synthèse de l'hétérogène. (Cf. Paul Veyne : Comment on écrit l'histoire.)
 
 
   Pourtant, quelles que soient les difficultés que l'histoire ait à surmonter, elle ne doit pas avoir de complexe d'infériorité, affirme Paul Ricœur. Elle appartient au champ des sciences si l'on entend par là une connaissance méthodiquement élaborée, rigoureuse, soucieuse de légitimer ses conclusions par des garanties susceptibles de faire l'accord des esprits compétents.
 
 
     « Nous attendons de l'histoire une certaine objectivité, l'objectivité qui lui convient : c'est de là que nous devons partir et non de l'autre terme. Or qu'attendons-nous sous ce titre ? L'objectivité ici doit être prise en son sens épistémologique strict : est objectif ce que la pensée méthodique a élaboré, mis en ordre, compris et ce qu'elle peut ainsi faire comprendre. Cela est vrai des sciences physiques, des sciences biologiques ; cela est vrai aussi de l'histoire. Nous attendons par conséquent de l'histoire qu'elle fasse accéder le passé des sociétés humaines à cette dignité de l'objectivité. Cela ne veut pas dire que cette objectivité soit celle de la physique ou de la biologie : il y a autant de niveaux d'objectivité qu'il y a de comportements méthodiques. Nous attendons donc que l'histoire ajoute une nouvelle province à l'empire varié de l'objectivité. » Histoire et vérité, seuil, p. 23, 24.

 

II) La philosophie de l'histoire.

 

   Comme la notion de philosophie l'indique, il ne s'agit pas d'une connaissance positive des faits historiques mais d'une réflexion sur la réalité historique. Le philosophe de l'histoire s'interroge sur le devenir de l'humanité dans le temps. Il ne s'intéresse pas à l'histoire particulière de tel ou tel peuple mais à l'histoire universelle, l'enjeu étant de se demander s'il est possible de lui trouver un sens dans la double acception du terme (signification et direction) : 
  • N'est-elle que bruit et fureur, absurdité et non sens ou bien a-t-elle une   signification qu'il revient au penseur d'expliciter ?
  • N'est-elle qu'un mouvement aveugle, aberrant ou bien a-t-elle une orientation, une direction que le penseur peut repérer sous l'apparent désordre des faits historiques ?
   Au fond, les grandes philosophies de l'histoire ont la prétention de penser l'odyssée de l'humanité considérée comme un tout, d'en proposer une interprétation globale, valable non seulement pour le passé mais aussi pour l'avenir, cet effort de rationalisation et de systématisation de l'aventure des hommes dans le temps ayant un double enjeu :
  • Enjeu théorique : Peut-on fournir un principe de compréhension « de l'histoire universelle au point de vue cosmopolitique » ?
  • Enjeu pratique : Peut-on assigner un but à l'action humaine tel que la pratique individuelle puisse s'insérer avec cohérence dans l'histoire collective ?
 
   Il existe de très nombreuses philosophies de l'histoire. Les plus célèbres sont l'idéalisme historique de Hegel selon lequel l'Histoire est l'accomplissement progressif de l'Idée ou de la Raison  universelle à travers le jeu des intérêts et des passions et le matérialisme historique de Marx et Engels selon lequel le moteur de l'histoire est la lutte des classes, celle-ci devant accoucher par la violence révolutionnaire du règne de l'homme total.
   On doit à Kant une « Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique » où l'histoire est conçue comme le perfectionnement progressif des virtualités de la nature humaine c'est-à-dire comme le processus par lequel un être qui n'est d'abord rien développe tout ce qu'il peut être. Passage du rien au tout, du courbe au droit, du clos à l'ouvert, tel serait le sens de l'aventure historique des hommes, aventure que les acteurs historiques n'agissent pas en connaissance de cause mais dont ils sont les agents involontaires et inconscients, leurs passions et leurs intérêts leur extorquant les fins qu'ils devraient se donner s'ils agissaient comme des êtres de raison. Voilà pourquoi là où Hegel parle d'une ruse de la Raison, pour rendre intelligible l'accomplissement historique des exigences de l'Esprit, Kant parle d'une ruse de la Nature.
 
   PB : Est-il légitime de décliner l'histoire au singulier ? Y a-t-il une Histoire avec une majuscule ou plusieurs histoires relatives à chaque peuple et telles qu'il est impossible d'articuler les unes et les autres dans un mouvement d'ensemble? Chacune n'incarne-t-elle pas une aventure incommensurable à celles des autres ? Dès lors le modèle de la discontinuité, de la pluralité n'est-il pas plus pertinent pour penser la vie des hommes dans le temps que celui de l'unité et de la continuité d'un processus ? Si c'est le cas, le principe d'une histoire universelle relève davantage de la mythologie que de la pensée rationnelle. On peut se demander si l'Histoire avec un grand H n'est pas le grand mythe de la modernité.
 
 
 

 

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28 Réponses à “Histoire et philosophie de l’histoire.”

  1. carole-line dit :

    Madame,
    merci pour ces cours d’une grande clarté : il me sont d’un très grand secours… je suis en hypokhagne et comme je viens de la filière S, je ressens parfois des lacunes en philosophie, que vous me permettez de combler avec efficacité : vos cours, sans me dicter une pensée toute faite, me permettent de me poser les bonnes questions et d’y réfléchir ensuite par moi-même. Un grand merci, donc, vous qui avez, aujourd’hui même, sauvé ma dissertation !

  2. Simone MANON dit :

    Je suis heureuse Caroline d’avoir pu vous être utile.
    Tous mes voeux de réussite.

  3. rihane dit :

    L’histoire est une science exacte. Merci.

  4. Simone MANON dit :

    On peut toujours raconter n’importe quoi!
    Afin de ne pas écrire des sottises, il serait urgent de vous former à la rigueur scientifique.
    Bon travail.

  5. william dit :

    Bonjour.

    Grâce à un effort personnel, j’ai découvert que l’humanité évolue dans le temps à l’image des principales étapes que connaît l’être humain durant son existence, depuis la naissance jusqu’à la mort. Que pensez-vous? merci.

  6. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Ce genre de propos me semble creux.
    D’une part parce que relève du truisme tout discours prenant acte que tout ce qui vit, nait, croît et meurt.
    D’autre part parce que je ne sais pas ce que vous mettez sous l’idée d’humanité. On peut observer des faits mettant en jeu une société dans le temps, une civilisation, l’espèce humaine mais l’humanité?
    Bien à vous.

  7. beugre dit :

    merci pour ces cours ,qui m’ont été d’une grande utilité,m’ aidant à mieux comprendre cette philosophie.

  8. dambre dit :

    Pourquoi la philosophie de l’histoire serait-elle globale, universellle ? N’a t-on pas, dans l’histoire assisté au déclin de certaines civilisations (Egypte, Grèce, ..) tandis que d’autres progressaient. L’humanité dont vous même parlez au début de votre chapitre II n’est pas un tout homogène. Une segmentation un peu plus fine n’est-elle pas nécessaire ?

  9. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il me semble que les objections que vous formulez sont énoncées à la fin de l’article. Avez-vous lu l’analyse jusqu’au bout?
    La réflexion sur l’histoire se donne un objet (l’humanité – le devenir universel – le sens etc.) qui n’est pas donné dans l’expérience, autrement dit qui n’est pas offert à l’observation. Voilà pourquoi Kant précise qu’il élabore une IDEE d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique. Une IDEE est une représentation de la raison à laquelle ne correspond pas nécessairement un objet donné dans l’intuition sensible. La philosophie de l’histoire ne se prétend pas connaissance de l’histoire mais effort pour interroger l’aventure humaine dans sa globalité.

    Bien à vous.

  10. Lily dit :

    Bonjour Madame,
    Merci infiniment pour ces cours clairs et agréables à lire.
    J’aimerai vous poser une question, j’espère qu’elle n’est pas incohérente avec ce cours.
    Les Grecs, il me semble, avaient une vision cyclique de l’Histoire.Peut-on en conclure qu’ils n’envisageaient pas un certain progrès? Est-ce que l’Histoire était un processus perçu comme un irrémédiable retour en arrière?
    J’espère que mes questions ne sont pas trop sottes et que je ne vous fais pas perdre votre temps.
    Bien à vous.

  11. Simone MANON dit :

    Bonjour
    L’idée de cycle n’indique pas par principe mouvement en arrière. Tout dépend du moment atteint dans le cycle. A la fin de l’hiver il y a le retour du printemps, mais à la fin de l’automne on s’oriente inéluctablement vers l’hiver.
    En revanche l’idée de cycle exclut le principe d’un progrès puisqu’il y a éternel retour du même processus: naissance, croissance, dégénérescence. Une évolution circulaire (# évolution linéaire)suppose répétition des mêmes phases.
    Bien à vous.

  12. chaibi dit :

    Bonjour,
    je travaille actuellement sur un essai d’explication du temps et de l’espace de la civilisation humaine. j’aimerai bien partager ces idées avec vous.
    Merci.

  13. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Ce blog étant ouvert pour le partage des idées, je ne comprends pas le sens de votre message.
    Bien à vous.

  14. Glaucon dit :

    Bonjour,
    Je travaille sur la thématique historique actuellement, dans le cadre d’une réflexion sur la modernité. De nos jours, il semble en effet que la conception historique impliquée par le terme Histoire avec un grand H pousse l’universalisation un peu trop arbitrairement. Le terme Histoire, tel qu’il nous est présenté par nos chers modernes, prétend regrouper sous une multiplicité indistincte le Devenir humain en général. Processus uniforme qui se déploierait comme les phénomènes de la vie (encore que …) Or comme vous le signalez dans votre dernier paragraphe, une conception historique soucieuse de prendre en compte de ce qu’il y a de folklorique dans l’histoire des hommes ne peut pas réduire des histoires plurielles, à une Histoire commune. D’autant plus lorsqu’on on voit la récupération politique d’une telle conception (cf Sarkozy discours de Dakar « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ») Et il me semble que tout l’enjeu de cette conception de l’Histoire est un enjeu politique.
    C’est un peu comme ces scientifiques qui clament que l’Humanité (avec un grand H) est entrée dans l’Anthropocène, nouvelle ère géologique qui fait suite à l’Holocène. En parlant d’Humanité en général, comme on parle d’Histoire en général, on ajoute (ou on réduit) chaque agir particulier à un agir commun, dans une addition qui est en fait une soustraction déguisée. Or il est clair qu’un amazone, ou un derviche, n’ont pas participé pareillement qu’un anglais à l’industrialisation massive des sociétés occidentales. (cf De l’univers clos au monde infini) Et de fait, en parlant d’une Histoire avec un grand H, c’est le même geste que l’on fait, celui d’assimiler l’humanité à une masse informe, pour mieux masquer les responsabilités personnelles. Or qu’est-ce que l’histoire au présent sinon les actes et les décisions que chacun peut prendre?
    Je pense qu’il y a une liaison entre la conception de l’Histoire (avec un grand H) et la conception de la Nature (avec un grand N) ou du Monde (avec un grand M), qui veut comme enfermer la diversité de l’agir humain sous des catégories commodes, mais finalement peut pertinente d’un point de vue humain, c’est à dire du point de vue de la pensée. Cela engagerait la conception « d’histoires », dans une démarche pluraliste, inspiré par exemple de William James. Qu’en pensez-vous?
    Bien à vous.

  15. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La philosophie de l’histoire (ou le discours dans lequel on envisage le processus historique dans une perspective universelle comme l’aventure de l’humanité dans le temps) est une chose, la connaissance des histoires singulières en est une autre.
    La première répond à une exigence forte de la pensée. Il s’agit de se demander si derrière la multiplicité des phénomènes et leur désordre il n’est pas possible de dégager un mouvement unifiable et sensé, ce qui implique de se donner un sujet (l’humanité comme être moral) qui n’est pas donné empiriquement. Le donné, ce sont les hommes avec leurs aventures singulières, non totalisables, discontinues et comme telles résistantes à la tendance de la raison à unifier, totaliser et ordonner. L’analyse du donné exige en effet une perspective pluraliste et discontinue.
    Il est donc légitime d’un point de vue épistémologique de dénoncer le coup de force sur le réel qu’opèrent les philosophies de l’histoire en construisant l’Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique mais cet effort se justifie chez les auteurs par des présupposés théoriques autrement plus sérieux que ce que vous semblez soupçonner.
    Il n’est pas question de « masquer les responsabilités personnelles » ou de représentation à des fins politiciennes.
    Voyez le soin avec lequel Kant présente ce qui n’est qu’une Idée, c’est-à-dire, selon la définition kantienne de l’Idée, une représentation de la raison à laquelle ne correspond aucun objet donné dans l’expérience. Cette Idée est fondée sur une espérance, celle que l’aventure de l’humanité a un sens et que celui-ci est digne d’un être participant de la nature raisonnable. https://www.philolog.fr/kant-et-la-philosophie-de-lhistoire/
    https://www.philolog.fr/le-millenarisme-de-la-philosophie-kant/
    On ne peut donc pas expédier ces tentatives en affirmant qu’elles procèdent de la volonté « d’enfermer la diversité de l’agir humain sous des catégories commodes, mais finalement peu pertinentes du point de vue humain , c’est-à-dire du point de vue de la pensée ». Elles relèvent au contraire d’un parti pris métaphysique et moral témoignant d’un âge où la raison n’a pas encore subi le travail de sape du nihilisme.
    Si l’Idée d’une histoire universelle est un mythe, ce mythe est donc, à mes yeux, l’honneur d’une culture conférant à l’humanité une dignité, des droits et des devoirs, indiquant sa supériorité ontologique.
    Voyez: l’archéologie du savoir de Michel Foucault pour la critique du modèle de la continuité, de l’unité au profit de celui de la discontinuité.
    Cf. https://www.philolog.fr/la-naissance-de-lhistoire/
    Bien à vous.

  16. Mallory dit :

    Je dois entreprendre d’analyser la 9 ème proposition de l’ Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique ». Puis je vous faire part de ce que je pense être essentielle pour que vous puissiez m’éclairer,s’il le faut.

    Merci beaucoup d’avance.

  17. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Oui, vous pouvez recourir à « mes lumières » pour assurer votre propre compréhension.
    Bien à vous.

  18. Mallory dit :

    Bonjour,
    Voila j’ai commencé à travailler sur le début de mon texte et j’aimerais savoir, s’il vous plaît ,comment cela vous semble. Je dois donc faire une explication linéaire. Je vous remercie d’avance.

    La première phrase en italique met en évidence le fait que Kant affirme que l’on peut envisager l’histoire de façon universelle et lui attribuer un but. Il parle de « tentative philosophique » puisqu’il ne prétends pas écrire cette histoire universelle, il n’en conçoit que l’idée. Il est philosophe et non historien. Ainsi, il évoque ce but en insistant sur le fait « qui vise » , ce qui nous révèle l’idée de progrès (évolution globale vers un mieux) , c’est à dire qui n’est pas atteignable mais dont on doit toujours se rapprocher. D’après lui, ce dessein est celui de l’unification politique totale. L’histoire humaine serait orientée alors vers la réalisation d’un idéal moral sur terre. Il s’avère même que cette idée soit avantageuse pour celui-ci. En effet, Kant ne se contente pas de produire cette théorie mais également par son biais de contribuer au progrès puisqu’elle permet de cultiver/ rationaliser les hommes.

    Ensuite, il affirme qu’il est étonnant ( vision novatrice) et « apparemment absurde » d’adhérer à ce projet. Toutefois, cette fausse « autocritique » est un simple procédé rhétorique qui permet de donner force à ses propos. En effet, il affirme qu’il est « apparemment déraisonnable », soit qu’il faut faire preuve d’intelligence et dépasser les apparences, pour comprendre la chose. Ainsi ce projet permettrait donc bien de se « conformer à des fins raisonnables certaines ». Il s’ensuit qu’il prétend toujours de manière incertaine qu’il « semble qu’une telle intention ne puisse donner lieu qu’a un roman » c’est à dire à un récit imaginaire. Toutefois, il admet cette fois-ci que s’il est possible que la nature possède bel et bien un plan caché, alors « cette idée pourrait devenir utile », c’est à dire pratique dans le sens ou les personnes se donnerait les moyens pour atteindre ce but. De plus, selon Kant nous ne pouvons pas savoir ce que veut la nature « mécanisme secret », ( il présuppose et ne constate pas) mais nous pouvons admettre que nous devons croire à la vie comme n’étant pas insensé pour nous permettre d’agir en vue d’un progrès futur. Tout cela nous permettra ,selon lui, de construire un système de l’histoire humaine et d’éviter qu’elle ne soit qu’un bloc d’événements. Il faut penser l’histoire humaine dans une perspective d’ensemble, et ne pas s’attarder sur des détails. Ce n’est l’ humain qui nous intéresse ici mais l’Homme avec une majuscule, celui qui désigne le genre humain en tant qu’espèce.

    Merci encore.

  19. Simone MANON dit :

    Bonsoir
    Je crois que vous ne comprenez pas vraiment ce que dit Kant.
    Ex: la phrase en italique est l’énoncé de la thèse. La suite du texte n’est que le développement de sa substance.
    Ex: Vous opposez une « tentative philosophique » pour traiter de l’histoire universelle à la rédaction d’une telle histoire. Or c’est une seule et même chose sauf que Kant laisse à d’autres le soin de l’écrire.
    Ex: Vous prenez pour un procédé rhétorique ce qui est le rappel de ce qu’il y a d’infiniment problématique dans le projet d’une histoire universelle. Voir la distinction entre penser et connaître; la critique de l’idée de finalité, l’affirmation que l’idée kantienne d’une histoire universelle est fondée sur une espérance etc.
    On a l’impression que vous n’avez pas lu les huit premières propositions.
    https://www.philolog.fr/kant-et-la-philosophie-de-lhistoire/
    https://www.philolog.fr/kant-la-destination-de-letre-dote-dune-raison-et-dune-main/
    https://www.philolog.fr/le-millenarisme-de-la-philosophie-kant/
    https://www.philolog.fr/linsociable-sociabilite-humaine-kant/
    Bien à vous.

  20. Mallory dit :

    Bonjour,
    Vous avez entièrement raison, je n’ai pas encore lu les 8 propositions. Je me suis focalisée sur la neuvième puisque je doit faire son explication. Je reconnais que c’est une erreur, c’est pour cela que je vais les lire et à ce moment, je reviendrais vers vous
    Merci

  21. Philo12 dit :

    J’ai étudié la cinquième proposition l’année dernière et il se trouve que dans ma classe , personnes n’avait réussi à comprendre la proposition 4 et 9. Je pourrai toujours demander à mon ami qui avait la neuvième proposition de me donner son explication. Mais par simple curiosité, je ne comprends pas l’idée de « roman » . D’après moi, Kant apporte une solution positive à sa question posée en introduction. Il est donc possible d’ envisager l’histoire de façon universelle et de lui attribuer un but . C’est un projet étrange et apparemment absurde de vouloir rédiger l’histoire d’après l’idée du cours qu’il faudrait que le monde suive s’il devait se conformer à des fins raisonnables certaines. Il semble qu’un tel point de vue ne puisse donner lieu qu’à un roman. Cela veut-il dire que ce projet est simplement supposer et qu’il est impossible de connaître s’il s’avère être vrai. Par contre , lorsque l’auteur évoque le « jeu de la liberté et la liberté humaine… » , je suis perdue.
    Toute ma gratitude.

  22. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Si vous ne comprenez pas pourquoi l’Idée d’une histoire universelle finalisée est problématique et pourquoi sa rédaction peut être qualifiée de roman, c’est que vous n’avez pas compris du tout l’analyse kantienne.
    Voyez les articles suivants pour saisir la perspective et prendre la mesure des problèmes:
    https://www.philolog.fr/kant-et-la-philosophie-de-lhistoire/
    https://www.philolog.fr/kant-la-destination-de-letre-dote-dune-raison-et-dune-main/
    https://www.philolog.fr/linsociable-sociabilite-humaine-kant/
    https://www.philolog.fr/le-millenarisme-de-la-philosophie-kant/

    Quant à votre dernière question:
    L’anthropologie et la métaphysique kantiennes opposent le plan de la nature (le déterminisme, la dimension sensible de l’homme) à celui de la liberté (la raison, la dimension intelligible de l’homme). Alors oui, SUPPOSER que le jeu de la liberté humaine (avec ce qu’il a d’imprévisible et sa capacité à mettre en échec le déterminisme naturel)puisse obéir à un plan caché de la nature est véritablement un défi pour la raison.
    https://www.philolog.fr/determinisme-et-liberte-kant/
    https://www.philolog.fr/est-ce-un-devoir-pour-lhomme-detre-cultive/

    Bien à vous

  23. Pierre dit :

    Bonjour Madame,

    Préparant actuellement un concours au sein de la fonction publique, je me penche actuellement sur le thème de l’histoire.
    Le texte proposé ci-dessus m’éclaire beaucoup.
    En revanche, je m’interroge sur la différence entre la Nature au sens où l’entend Kant et la Raison chez Hegel. J’ai du mal à saisir la différence profonde entre leurs deux conceptions de l’histoire.
    Cette différence ne repose-t-elle pas sur l’appréciation morale présente chez Kant et absente chez Hegel?
    Ce que je comprends c’est que chez Kant le progrès s’accomplit à travers l’histoire et ce malgré les conflits entre les hommes, alors que chez Hegel les passions sont pleinement intégrées comme manifestation déguisée de la Raison dans l’accomplissement du processus historique.

  24. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Kant oppose le plan de la Nature (qui renvoie à l’ordre des inclinations naturelles: les besoins, les désirs, les passions- le déterminisme) à celui de la Raison (qui renvoie à l’ordre de l’esprit en tant qu’il est capable d’élaborer la connaissance et de donner ses lois à l’action. Ce qui implique de postuler la liberté comme capacité de se rendre indépendant des inclinations sensibles= du déterminisme de la nature).
    Si l’on s’en tient à l’observation du réel, on remarque que les hommes n’agissent pas comme des sujets moraux (selon la loi que se représente la raison), ils agissent sous l’impulsion de désirs, de besoins, d’ intérêts qui souvent les dressent les uns contre les autres. D’où la violence historique et pourtant on discerne un progrès dans l’histoire comme si elle accouchait d’institutions, de mœurs etc. dans lesquelles la raison peut reconnaître ses exigences. Voilà pourquoi, Kant est conduit à parler d’une ruse de la nature.
    A la différence de Hegel, il refuse de voir la raison à l’œuvre dans ce qui lui est antinomique, à savoir dans les passions humaines ou les impulsions naturelles.
    Tous les deux soulignent que le mouvement historique met en jeu la part sensible de l’être humain mais alors que Kant considère celle-ci pour ce qu’elle est: une dimension irrationnelle, l’autre voit de la rationalité à l’œuvre dans cette irrationalité. D’où l’idée d’une ruse de la raison. Pour Hegel en effet le réel est rationnel.
    Il ne faut donc pas dire que pour Kant, le progrès s’accomplit malgré les conflits mais par les conflits. C’est leur violence qui finit par nous « extorquer pathologiquement » les conduites, les règles de droit permettant de dépasser la violence.
    En revanche vous comprenez correctement l’idée hégélienne.
    https://www.philolog.fr/kant-et-la-philosophie-de-lhistoire/
    https://www.philolog.fr/linsociable-sociabilite-humaine-kant/
    Pour Hegel voyez la citation de la préface de la philosophie du droit dans cet article: https://www.philolog.fr/hegel-la-guerre-est-necessaire-a-la-sante-morale-des-peuples/
    Bien à vous.

  25. isabelle siakbe dit :

    merci

  26. Boukar Woilere dit :

    Utiliser votre cours sans toutefois vous remercier serait synonyme d’ingratitude pour il m’a aider à comprendre une certaine chose une fois de plus merci

  27. Christophe dit :

    Bonjour,
    la philosophie de l’histoire a-t-elle pour finalité d’essayer de produire ce que Luc Ferry (dans « Apprendre à vivre, traité de philosophie à l’usage des jeunes générations », éditions Plon, 2006) appelle une « doctrine du salut », aboutissement et 3ème temps d’après l’auteur (avec la théorie puis l’éthique) de toute philosophie?

  28. Simone MANON dit :

    Bonjour
    On peut en effet considérer avec Karl Löwith que les philosophies de l’histoire recyclent l’eschatologie chrétienne en proposant une doctrine d’un salut sécularisé. L’humanité accomplirait dans le temps sa destination. La « fin » de l’histoire serait la rédemption dans le temps des drames ayant jalonné le temps. Mais voyez bien qu’il s’agit là d’un salut collectif, non d’un salut personnel.
    Bien à vous.

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