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    Pour ceux qui sont à la recherche de livres enthousiasmants qu’il ne faut absolument pas manquer, en voilà un qui ne décevra pas leurs attentes. Il se lit comme un polar et pourtant il nous emporte dans une intrigue autrement plus fondamentale qu’une intrigue policière.

   Il ne s’agit rien de moins que du roman de l’intelligence aux prises avec l’énigme du réel à une époque où se joue la grande aventure intellectuelle du XX° siècle. Rutherford, Mach, Bohr, Einstein, Hevesy, Sommerfeld, Breuer, Freud, Ferenczi, Jung, Pauli, Von Neumann, Heisenberg, Gödel, etc. sont les personnages de ce roman que l’auteur fait dialoguer à bâtons rompus et situe dans une histoire longue dans laquelle la modernité scientifique est référée à une tradition kabbalistique qu’elle porte en elle à la fois comme sa mauvaise conscience et ce qui la féconde souterrainement.

   Trois grandes explications du monde, science de la psyché, science de la nature et sagesse qui les unifie dans une langue qui n’est plus la nôtre mais qui dessine l’horizon à retrouver pour unifier ce que l’on a stérilement séparé.

  Ce qu’il  y a de remarquablement réussi dans ce livre, c’est la manière dont l’auteur synthétise dans un récit, ayant une unité, des registres qu’il ne va pas de soi d’articuler avec bonheur. Ainsi des dimensions, existentielle, historique, scientifique, épistémologique, qui sont constamment imbriquées. Tom Keve donne si bien une chair à ces grands phares de la connaissance qu’on est presque rassuré de les sentir vivre de la vie de tout un chacun, avec les angoisses, les jalousies, la vanité, les émotions qui sont le lot commun. Le questionnement, l’acharnement à résoudre les problèmes qui les obsèdent est la respiration de tous ces génies ici rassemblés et l’on s’aperçoit que sauf exception, ils viennent de la Mitteleuropa et sont des descendants des grands rabbins des ghettos que leurs aînés ont essayé de fuir. D’où le détour par la yeshiva de Presbourg et l’émouvante évocation du Chatam Sofer dans la deuxième partie. On se dit que l’auteur a dû passer des années à reconstituer les généalogies et à réunir l’information nécessaire à l’écriture de ce roman érudit.

   On se dit aussi que les débats passionnés sur les rapport de l’esprit, des mathématiques et de la nature, sur ce qu’il en est de la réalité, sur les liens de la psychanalyse et de la judaïté ne sont pas pour notre auteur de simples débats académiques. S’il sait si bien les rendre vivants, c’est, qu’à l’évidence, les préoccupations des protagonistes de son livre sont aussi  celles de ce physicien anglais d’origine hongroise.

   Grâce à lui la figure de Niels Bohr nous devient familière, sa dispute avec Einstein aussi. Et s’il peut presque faire l’économie des formules poncifs (Einstein (« Dieu ne joue pas aux dés »)-Bohr (« Qui êtes-vous Einstein pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? »), c’est qu’il donne sa substance à la dispute en la personne de Pauli et des déchirements qui le travaillent.

   Un livre passionnant donc, qui intéressera aussi bien les physiciens que les psychanalystes ou les esprits soucieux de quête spirituelle. A lire de toute urgence.

 

Pour susciter le désir de lire:

   «  Il réussissait le plus clair de la journée à être le professeur Pauli – distant, mais courtois avec ses collègues plus jeunes, d’un abord difficile voire menaçant du point de vue des étudiants, obligeant envers ses amis et collègues, en un mot disponible pourvu que cela fût par lettre. Il mena à bien quelques travaux, mais rien qui le satisfît, rien qui eût la qualité que ses précédents travaux laissaient attendre de lui. La vérité était qu’il ne s’y intéressait pas vraiment. Personne n’y comprenait rien, à commencer par lui. Surtout pas lui. Il quitta l’Eglise : ce fut un des signes avant-coureurs. Bien sûr qu’il la quitta, de toute façon qu’est-ce qu’un juif fabriquait dans l’Eglise catholique? Ce fut à peu près à cette époque qu’il rencontra une fille très séduisante dans un dancing. Ils se marièrent et divorcèrent dans l’année. Bien sûr, la plupart ses proches affirmèrent que le divorce était à l’origine de tous ses problèmes, ou, sinon le divorce, le surmenage. Absurde. S’ils avaient été informés du suicide de sa mère, ils en auraient fait la cause des changements qui s’étaient produits en lui, mais ils n’en surent rien. Il s’était senti tenu de garder pour lui comme son secret le fait que sa mère se soit donné la mort. Comme son secret honteux. Comme s’il en était coupable. Peut-être. On en revenait toujours à la culpabilité. Il ne pouvait tout simplement pas accepter cette mort. Qui le pourrait? Qu’une mère choisisse de laisser son fils seul au monde était impossible à accepter. Et pourtant...  Et pourtant... ce n’était pas cela. Peut-être cela jouait-il un rôle, mais la véritable cause était ailleurs. II en était convaincu. Quelque chose de plus profond encore.

   Tous disaient qu’il avait changé, mais il ne s’en rendait pas compte. Ce n’est pas lui qui avait changé, il lui était arrivé quelque chose. Il comprit soudain que son existence était fondée sur le malentendu et l’autotromperie. Cela au moins était clair. Ce qui rendait la situation insupportable était moins cette découverte que le fait qu’il n’y avait rien qui prît la place des idées  fausses et des valeurs précédentes dont il s’était défait. Il y avait un vide là où auparavant il paraissait y avoir de la substance. Que cette substance n’ait jamais été qu’une illusion, il le savait, mais le savoir ne faisait qu’exaspérer davantage son angoisse quotidienne, et sa douleur n’en était que plus intense. Son intellect puissant, qui lui avait jusque-là continûment servi dans son existence de guide et de fanal, avait montré ses limites: il était en la circonstance présente, inapproprié, insuffisant, incomplet. Et pourtant il n’y avait rien d’autre.

   Il ne doutait pas que ses pouvoirs cognitifs fussent inégalés. Il n’avait rencontré qu’une poignée d’hommes de sa catégorie, et tous étaient des amis et des collègues. A quoi bon faire le modeste ? Le fait était bien établi, et son évidence s’imposait à tous: ils constituaient l’élite, la meilleure que leur génération ait pu produire, peut-être la meilleure depuis des générations. C’était précisément parce qu’il était si proche du plein accomplissement intellectuel — sa pléiade de collègues l’avaient atteint — que tout était sans espoir. La crème de l’humanité. Bohr, Einstein, von Neumann, Pauli. Les grands prêtres de la physique, les  maîtres incontestés dans l’art de manipuler les symboles, les visionnaires les plus dépourvus de scrupules qui aient jamais existé. Rien de mieux. Personne au-dessus. Et pour arriver à quoi ? Des jeux. Des jeux et c’est tout, et, pis encore, ces intellectuels, inventés par une partie cruelle de la nature, de l’extérieur ou de l’intérieur, les entretenaient dans l’illusion qu’ils pénétraient dans sa connaissance intime et constituaient sur elle un savoir de valeur. Mais ses véritables secrets, elle les tenait bien cachés. C’était une conspiration. La nature, cachottière, ja1ouse, vindicative, s’amusait à promener les individus qui avaient la puissance intellectuelle pour gratter l’écorce des choses sur des chemins de traverse, qui, s’ils exerçaient sur leur esprit vif et curieux une fascination infinie, les conduisaient toujours plus loin de son noyau le plus intime. Aussi gaspillaient-ils leurs talents à chercher des arcs-en-ciel en pleine nuit. Et qui était le plus à blâmer? Lui-même bien sûr, car tout en sachant parfaitement ce qu’il en était, il n’en poursuivait pas moins son petit bonhomme de chemin de prétendu découvreur des mystères de la nature, et, par vaine gloriole, concentrait même toutes ses forces pour laisser ses pairs au tapis. Et c’était ça, l’entourloupe — faire de la physique était une façon d’anesthésier l’esprit. Se concentrer sur le monde de l’infiniment petit était pour lui le moyen le plus économique de soulager les affres dont il était la proie devant les réalités du monde de l’émotion, de sorte que plus il était convaincu de l’inutilité et de la vacuité de ce qu’il faisait, plus il avait besoin de le faire. Pourquoi? Simplement pour être capable de se dérober à son propre jugement, à son propre verdict. A lui-même. Comme Jekyll et Hyde » p. 396. 397. 398.

 

   «  Einstein est la personne que j’admire le plus au monde. Comme physicien il constitue une catégorie à lui tout seul. Et il a un courage formidable. Il est unique » Pauli se tut.

_ Après une minute ou deux, tirant une bouffée de pipe avec une grande satisfaction, Jung rompit le silence : « Je l’ai rencontré une fois, savez-vous. Einstein. Ici, dans cette maison. Quand il vivait  à Zurich… Cela remonte à 1910 ou 1911. Vous étiez encore probablement dans les jupons de votre mère.

_ Il n’est toute de même pas venu vous voir comme patient ? demanda Pauli, surpris.

_ C’était une rencontre purement mondaine. Cela vaut mieux sans doute. A cette époque j’étais trop fruste. Je n’avais pas encore tiré ma propre leçon.

_Quelle leçon ? demanda Pauli.

_ La même que celle que vous êtes en train de recevoir.

_ Je ne vois pas que je sois en train d’apprendre quoi que ce soit.

_ Non. Il a parlé de ses théories. Non pas de la relativité, mais de la double nature de la lumière, parfois corpusculaire, parfois ondulatoire. C’était fascinant. De l’alchimie au XX° siècle.

_ Votre question … pourquoi pas Einstein…

_Oui ?

_ C’était une question intéressante.

_ Merci.

_ Il n’est pas facile de lui donner une réponse.

_ Non Je crois que vous avez déjà dû  y réfléchir.

_ Il est isolé par rapport à nous. Il s’isole lui-même. Une grimace assombrit le visage de Pauli, soudain conscient qu’il lui serait difficile d’exprimer fidèlement ses pensées. » Je ne veux pas dire qu’il serait d’un abord difficile. Ce n’est pas le cas. Il émane de lui, comme d’un maître de religion, une certitude absolue, à savoir que sa vision de l’univers est la bonne. Je ne parle pas seulement de physique, mais cela s’y applique aussi bien. Il vous donne l’impression qu’il y a entre Dieu et lui une ligne téléphonique privée dont Dieu se sert pour communiquer avec lui et vice versa, mais à laquelle nul autre n’a accès. Savez-vous qu’il parle tout le temps de Dieu? Il l’appelle “der Alte” comme s’il parlait du directeur du labo – un  patron clairement supérieur à nous autres, un peu excentrique, mais jamais au-delà de ce qui paraîtrait raisonnable à Einstein, son élève favori.» Pauli s’interrompit quelques instants. « Quand il n’aime pas quelque chose en physique, mais qu’il n’est pas à  même de démontrer que c’est incorrect ou incomplet, il appelle invariablement Dieu à la rescousse. Dieu fait ceci. Dieu n’aurait pas fait cela. Dieu ainsi. Dieu par conséquent. Comment obtient-il ces informations privilégiées, il ne le dit pas.

_Vous désapprouvez ses convictions?

_Comprenez-moi bien. Il ne croit en aucune forme de Dieu  personnel, j’en suis quasiment certain. Pour lui, Dieu se manifeste dans les lois de la nature, les lois fondamentales, immuables, de la physique.

_Voulez-vous dire que Dieu est les lois de la physique? … Excusez la faute de grammaire, ajouta-il.

_Trop simple. Disons que l’harmonie céleste qui est à trouver dans les lois fondamentales réfléchit la nature de Dieu. En d’autres termes, ce qui dans la nature se reflète dans l’harmonie des lois fondamentales, c’est cela, le Dieu d’Einstein.

_Je vois. Mais cela ne serait-il pas une bonne base pour vous de partager vos idées, ou vos incertitudes, avec Einstein demanda Jung d’un ton raisonnable. Vos vues sont-elles si différentes? Si incompatibles que cela?»

   Pauli devint songeur. «Nous serions d’accord sur de nombreux points, je pense. Par exemple, que la séparation entre science et religion est artificielle, Le grand ordre, le grand dessein de la nature, doit inclure à la fois le matériel et le spirituel, le subjectif aussi bien que l’objectif dans un même tout, sans failles. Cela a toujours été la vision de l’homme. Depuis le passé le plus ancien jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Mais le développement de la science au cours des deux derniers siècles a oublié l’esprit en route. Dans un monde objectif qui tourne comme une horloge, le spirituel n’est pas obligatoire. D’où le choc entre science et religion. Mais avec la théorie de la relativité, et tout particulièrement avec la théorie quantique, il est devenu clair que l’univers n'est pas une horloge, et que le scientifique n’est pas une entité extérieure, séparée, qui observe cette horloge. » Jung se taisait. Comme il s’y attendait, Pauli continua à parler. « Il me semble nous nous sommes tous trompés. Mais les choses n’en resteront pas là. Je crois que la vision du monde telle qu’elle est aujourd’hui acceptée, même parmi les scientifiques, changera jusqu’à revenir à quelque chose qui sera plus près de la vieille religion, et des idées philosophiques. L’unité du Tout. Temps, matière, esprit, énergie, psyché... Cela prendra du temps mais c’est inévitable.» Ses yeux se portèrent à nouveau Jung. «J’ai bien peur de m’éloigner de ce qu’Einstein pourrait pleinement accepter et d’aller vers ce avec quoi il pourrait ne pas être d’accord. Je ne lui ai pas demandé.

_ Pourquoi pas? insista Jung.

_ A cause de la certitude dont il rayonne. Il est d’une étrangeté inquiétante. Je trouve cela perturbant. Il sourit, parce qu’il croit qu’il sait. Ce n’est pas sa conviction qui me déplaît, c’est le fait qu’il soit tellement convaincu. »  p. 409.410

 

  « _ Sérieusement, comment se fait-il que vous autres Hongrois soyez si nombreux en physique et en mathématiques ? demanda Pauli.

_ Yiddischer Kopf, répondit Wigner.

_ Il y a des Juifs partout. Pas seulement à Budapest, objecta Pauli.

_ Pourquoi les Juifs devrait-il avoir le monopole ? demanda Wigner à son tour.

_D’abord et avant tout ce n’est pas un monopole, mais une prépondérance statistique, probablement provisoire. Qui sait si ce sera encore le cas dans les années à venir ? Quant à donner une explication, tu la connais aussi bien que moi: la tradition, l’amour du savoir, le respect pour la connaissance et un besoin inné de poser des questions, surtout les plus essentielles.

_ Et pourquoi maintenant? demanda Wigner.

_ C’est  avec notre génération, peut-être celle de nos pères, que les Juifs ont eu le droit d’aller à l’Université. D’où la coïncidence entre  l’émancipation intellectuelle et l’émancipation physique – peut- être  n’était-ce qu’une seule et même chose, après tout. Pour la première fois, les Juifs se sont dégagés des entraves de la pensée traditionnelle. Au lieu de consacrer entièrement leur enseignement et leurs études aux Textes sacrés, ils se sont tournés vers d’autres champs. Pourtant, à quelques rares exceptions près — toi, moi —, ils ont choisi les savoirs qui ne sont pas si loin des vieilles études rabbiniques.

_ Lesquels ?

_ La physique théorique, la logique mathématique et même la psychanalyse.

_ Eh bien, Je n’irai pas prétendre que je sache quoi que ce soit sur cette dernière. Mais j’ai ma petite idée sur l’autre question, je veux dire sur l’ampleur du sous-ensemble hongrois. Je crois que ce n’est pas une coïncidence.

_ Une coïncidence? Encore un nouveau champ de discussion. La nuit n’est pas assez longue pour l’explorer, celui-là.

_ Coïncidence, que nenni! dit Wigner.

_ Mais enfin, il y a de bonnes universités partout, et les meilleures ne sont pas sous les latitudes magyares.

_ Je voulais  parler de l’école. De l’éducation à l’âge où le matériel est encore malléable. Nous avions des lycées de tout premier ordre à Budapest. Il n’y en avait que deux ou trois, mais de mon temps nous fréquentions tous les mêmes.

_ Qu’avaient-ils de si particulier? demanda Pauli.

_ Eh bien, ils étaient la concrétisation de la vision d’un grand père de notre ami Todor: Mor Kàrmàn. Il a fondé le Lycée modèle qui, comme son nom l’indique, était censé servir de modèle à tous les autres. Teller et Szilàrd l’ont fréquenté. Todor lui-même fut inscrit dans le lycée de son père alors qu’il n’avait que huit ans. Il n’a pas eu d’enfance, en fait.

_ Ceci explique cela, dit Pauli d’un ton plein de sous-entendus.

_ Mon école était la copie conforme de l’original. Jancsi, c’est-à-dire Johnny, est allé dans le même lycée, une classe après moi. Je vais vous confier un secret que très peu de gens connaissent. Bien sûr Johnny a eu son bac du premier coup, avec des A dans toutes les matières. Sauf en maths !

_ Je suis impressionné, s’exclama Pauli en riant. Cela devait être quelque chose, un lycée capable de ne pas donner un A en maths à Von Neumann.

_ Oui, c’était quelque chose. Croyez-moi. » p. 453.454.

 

 

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18 Réponses à “Trois explications du monde. Tom Keve.”

  1. Alain komorowski dit :

    Bonjour,

    Je suis enseignant en Sciences (Physique), attiré par d’autres disciplines dont la Philosophie.
    Je trouve votre blog excellent.
    Je profite notamment de vos conseils de lecture et vais donc m’empresser d’acheter ce livre.
    A ce sujet, quels livres (incontournables) de Philosophie(et autres…) conseilleriez-vous de lire à un enseignant en Sciences(hors Bachelard, Poincaré et d’Espagnat que je possède)?

    merci

    à vous lire

    Alain

  2. Simone MANON dit :

    A mon tour de vous remercier pour cette appréciation. Je vais réfléchir à la bibliographie que je peux vous conseiller.

  3. Alain komorowski dit :

    Je vous remercie.

  4. Simone MANON dit :

    L’épistémologie est un vaste champ et mes lacunes dans ce domaine sont immenses. Voici quelques suggestions :
    Alexandre Koyré : Du monde clos à l’univers infini. Idées, Gallimard.
    Etudes d’histoire de la pensée scientifique. Tel, Gallimard.
    Jean Ullmo : La pensée scientifique moderne. Flammarion.
    P. Duhem : Sauver les phénomènes. Vrin, Mathesis.
    Jean Cavaillès : Sur la logique et la théorie de la science. Vrin.
    R. Carnap : Les fondements philosophiques de la physique. Armand Colin.
    E. Klein : L’unité de la physique. Puf.
    P. Feyerabend : Contre la méthode. Seuil, Points.
    Académie des sciences, sous la direction de J. Hamburger : La philosophie des sciences aujourd’hui. Gaultier-villars.
    Niels Bohr : Physique atomique et connaissance humaine. Gonthier, Médiations.
    Le Débat : La querelle du déterminisme. Gallimard.
    M. Bunge : Le matérialisme scientifique. Syllepse.
    J.C. Ameisen : Dans la lumière et les ombres. Darwin et le bouleversement du monde.
    Fayard.
    Bonnes lectures.

  5. Alain komorowski dit :

    Merci pour votre bibliographie.
    Je me réjouis d’y voir figurer Etienne Klein que j’adore.
    Bonne continuation à vous et votre (indispensable) blog.

  6. jean tyzo dit :

    C’est un livre dont je recommande aussi la lecture. sans doute serait-il accompagné avec profit d’une réflexion de W heisenberg : la nature dans la physique contemporaine chez Gallimard idées nrf. Clin d’oeil avec pensée affectueuse pour notre regreté W Pauli: j’habite un 137 Bis, je suis né à un 317 …quelle ‘khabale’!

  7. Simone MANON dit :

    Vous avez raison. Tout l’intérêt de ce livre, outre le plaisir que donne sa lecture, est d’appeler de nouvelles lectures. Concernant la Kabbale, l’historique des représentations de l’atome, la querelle Einstein-Bohr, le statut des mathématiques, pour ne rien dire du versant psychanalytique…
    Merci pour votre suggestion de lecture.

  8. Je viens de lire, trop rapidement, cet « essai » (Trial) de Tom Keve et suis enchanté par ce travail qui ouvre de multiples questions. Psychanalyste,(freudien et lacanien) je suis d’abord conscient de mes limites (ou lacunes) dans deux des trois champs ici croisés. Mais très interpellé par ou devant cette aspiration vers le UN qui, en soi, reste problèmatique; car en chacun de nous, elle cherche à satisfaire, en effet, pas seulement une illusion mais une ou la tendance majeure à la résolution des conflits au prix de la mort du sujet; tout simplement : le conflit, c’est le vivant; « faîtes votre choix, messieurs-dames » ! Une telle visée, le UNUS MUNDI, n’est pas problèmatique pour Jung, bien sur, mais manifestement pour Freud qui, me semble t-il, reste profondément attaché à un dualisme fondamental, ne serait-ce que dans sa théorisation de son concept limite de Pulsion. Faut-il reprendre ou poursuivre la querelle, – l’opposition, plutôt – Freud/ Jung ? Elle reste capitale pour le freudien (je préfère évidemment freudien à freudisme) car l’hypothèse de l’inconscient freudien c’est qu’il ne peut être mis en évidence que dans l’expérience même d’une psychanalyse – dont on sait qu’elle ne peut pas être une science quand bien même elle aurait sa logique – (soit de l’analyse d’un transfert et de l’interprétation d’un désir du sujet de l’inconscient, justement) à la suite de quoi un psychanalyste, (s’il l’est !) peut essayer d’en rendre compte, difficilement, cela va de soi. Tout autre chose, de fait, que le fameux « inconscient collectif » de Jung qui répond à d’autres réalités … d’inspiration gnosique ou métaphysico-théologiques qui mettent Keve, forcément, plus à l’aise !
    Marc delplanque

  9. Simone MANON dit :

    ll me semble que Keve est très à l’aise avec Freud dans la mesure où il pointe une dimension essentielle du freudisme, à savoir son ancrage « refoulé-assumé » dans la judéité. Il voit bien ce que Léo Strauss soulignera lui aussi avec force: « C’est un homme qui sait qu’il est juif, qu’il appartient au peuple juif, et que la racine de son problème est le fait qu’il ne peut croire en ce que ses ancêtres ont cru. Cela mène à un intérêt dévoué pour la vérité de la tradition juive » (Strauss. Freud sur Moïse et le monothéisme)
    Manière de donner à l’idée de conflit une autre envergure et de souligner sa fécondité…

  10. J’ai simplement dit : « plus à l’aise avec Jung ». j’apprends maintenant que Keve a fait une analyse dans le champ ouvert par Jung ! Why not ? Mais le dualisme chez Freud se retrouve encore à travers la notion de « clivage du moi » qui, à la fin de sa vie, ne réponds plus seulement aux perversions mais à la structure (!) humaine, disons du parlant (parlêtre, chez Lacan chez qui le sujet du discours et de désir -par le jeu des refoulements – est foncièrement divisé. Par ailleurs, il reste évident qu’il n’y a d’analyse que des résistances à la psychanalyse (la freudienne), laquelle dérange aussi les analystes car elle révolte le sens commun à l’aspiration commune au grand Tout. L’Occident, pour sa chance (la recherche en particulier) et pour sa perte (la croyance en la toute puissance des techniques dérivées des sciences), s’est forgé sur un dualisme qui ne saurait répondre de tout. La mystique devrait-elle tout subsumer ? Qui a dit : le XXI° siècle sera religieux ou ne sera pas ? Un freudien, s’il est sans idole, n’y sera pas à l’aise.

  11. Autre chose : avant de déchanter, fortement, Freud a voulu faire de Jung son « fils-héritier » pour la raison claire qu’il voulait, à tout prix, qu’on ne dise pas que la psychanalyse soit une « science juive ». Science, il est maintenant établi qu’elle ne saurait l’être : non réfutable. Juive est une question beaucoup plus complexe : elle trouve manifestement des racines dans ce qu’on nomme « judéité » pour la disgtinguer de « judaïsme ». Il est certain que Lacan, issu de milieu catholique, peut être considéré comme un héritier mais qui a réinventé (cf. Colette Soler) le concept freudien « inconscient » jusqu’à sa thèse, inouïe, de l' »inconscient réel ». Lacan n’est peut-être pas le seul mais surement un des rares clinicien/théoricien qui aura réussi à réinventer le frayage freudien; et le fait que ce soit possible – et réalisé – est très important pour laïciser l’invention freudienne.

  12. Simone MANON dit :

     » Le 21° siècle sera spirituel ou ne sera pas »est un propos de Malraux.

  13. Merci pour la référence et, surtout, la précision : « spirituel » étant un champ opérant ou opératoire très délicat en ce qu’il échappe à une pure conceptualisation rationnelle alors qu’il répond à un certain nombre de faits qu’il serait absurde de rayer de la carte. Freud s’en méfiait beaucoup; Lacan a osé aborder la question de la position mystique en la situant du coté de la jouissance de l’Autre, proche de la disposition féminine, non phallique de toute façon et bouleversant les catégories du discours !
    Ceci étant dit, je n’ai sans doute pas suffisamment indiqué que, en ce qui me concerne, je trouve le bouquin de Tom Kève tout à fait passionnant : un véritable tout de force, même si j’ai pensé devoir contribuer à une analyse critique qui se veut, sur le fonds, positive.

  14. MANSET Marie-Chantal dit :

    Bonjour,

    Ce petit mot pour vous signaler qu’hier soir, 17 février, Tom KEVE était l’invité de l’émission « Hors champ » de Laure ADLER sur France Culture. L’émission est réécoutable et podcastable en allant sur le site de l’émission.

  15. THIOLY François dit :

    Si ce livre mérite l’éloge qui y est fait ici, c’est aussi grâce au remarquable travail de la traductrice (S. Taussig), à qui Tom Keve est redevable de l’accueil particulièrement enthousiaste qu’on a réservé en France à un livre qui n’a pas eu le même écho dans le monde anglo-saxon

  16. Simone MANON dit :

    Merci pour l’information.
    J’en profite pour reconnaître l’ingratitude dont sont l’objet les traducteurs. On ne pense souvent même pas à les nommer pourtant, pour ne citer qu’un exemple, la gloire de E A Poe aurait-elle été la sienne en France sans Baudelaire?
    Bien à vous.

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