"L'Etat est une forme historique déterminée du Pouvoir, plus exactement la forme moderne du problème intemporel qu'est le Pouvoir politique" (Olivier Beaud). Elle apparaît vers le 14° siècle en Occident. C'est grossièrement défini: l'Etat-Nation, caractérisé par trois traits essentiels :
L'unité territoriale et démographiqueL'existence d'une puissance souveraine détentrice du monopole de l'usage de la force. L'Etat est l'instance qui « a le monopole de la violence physique légitime ». (Cf. texte de Max Weber. Manuel : § La justice et le droit. Réflexion 1)
La structure juridico-administrative.
- Pourquoi les hommes instituent-il l'Etat?
- Qu'entend-on par les expressions "état de nature" et "contrat social"?
- Qu'est-ce qui est au principe du lien social?
- L'Etat et la Nation sont-ils une seule et même réalité?
- N'y a-t-il de socialité que politiquement instituée ou peut-on penser une socialité prépolitique? Cette idée que l'homme fait société avec l'homme antérieurement à l'institution politique est en jeu dans la distinction que la pensée moderne opère entre la société civile et l'Etat. Que faut-il entendre par là?
- Comment penser les rapports du sociétal et de l'étatique?
- Qu'est-ce que l'Etat libéral; l'Etat Providence; l'Etat totalitaire?
NB: Il me faut avouer ici ma dette à l'égard de ce grand professeur qu'est Pierre Manent. La construction de ce cours doit beaucoup à la luminosité de ses analyses.
Même si je ne l'ai pas utilisé, j'invite à lire de toute urgence ce qui est, à mes yeux, un petit chef-d'oeuvre : Cours Familier de Philosophie Politique.(Fayard.2001). J'aimerais avoir le talent d'écrire un tel livre. La phrase est limpide, saturée d'une culture si bien assimilée qu'elle n'apparaît qu'à ceux qui la possèdent. L'analyse du politique, dans ses formes passées et présentes est d'une perspicacité exemplaire. Pierre Manent décrit "la grande illusion" de notre temps tenant à la confusion du droit, de la politique et de la morale mais si le propos est sans complaisance pour ce nouveau visage de nos fantasmes, il ne se contente pas d'être critique et a le mérite très discret de contenir une salutaire leçon de sagesse politique.
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Allez-vous mettre plus d’articles sur l’Etat ?
Merci de votre réponse.
Vous aurez le temps de le voir. Pour l’instant je traite d’autres thèmes.
Bonjour Madame,
Je suis à la recherche de lectures sur le thème de la société, à la fois originales mais également sur ceux que vous considériez comme inévitables. Auriez vous une idée sur différents ouvrages qui soit intéressants ?
Merci d’avance et merci pour ce blog très pédagogue.
Bonne journée.
Bonjour Antoine
A défaut de préciser l’angle sous lequel le thème de la société est étudié, (angle politique, économique, psychosocial, culturel, historique), il est bien difficile de vous indiquer des suggestions de lecture.
Les pères fondateurs de la sociologie (Comte, Durkheim, Mauss, Max Weber) sont incontournables. Plus près de nous, Bourdieu, Boudon, etc.
Rousseau me paraît essentiel pour l’intelligence du fait social et Tocqueville pour l’intelligence de la société démocratique. Mais la liste est immense….
Bien à vous.
Je vais explorer ces différentes pistes,
Merci madame, et encore félicitations pour ce blog.
Cordialement
Antoine Bordas
Sur la question de l’antériorité de la « cité » chez Aristote
si ce n’est pas abordé selon un ordre temporel, mais selon l’ordre logique des raisons
Est ce parce que la cité réalise le Bien suprême?
Si ce n’est pas le cas pour quelle raison la « cité » d’Aristote est elle antérieure?
D’abord, permettez-moi de vous rappeler une règle élémentaire de civilité. Quand on fait une demande on ne se dispense pas d’une formule de politesse à l’endroit de la personne dont on attend une réponse.
L’ordre génétique ou analytique (famille-village-cité) est inverse de l’ordre réel ou de l’ordre de la chose même. Cela tient au fait que l’histoire d’un être est l’actualisation de ce qu’il est en puissance: tout être tend à devenir ce qu’il est et sa nature est la réalisation de la fin qui est la sienne.
Ainsi les communautés qui génétiquement viennent avant ne trouvent leur achèvement que dans la cité qui est à elle-même sa propre fin.
La cité est antérieure aux éléments qui la constituent comme le corps est logiquement antérieur aux parties qui le composent.
Cf. « Le tout, en effet, est nécessairement antérieur à la partie, car le corps entier une fois détruit, il n’y a plus ni pied, ni main, sinon par homonymie » 1253, a, 20.
Les organes qui se sont formés dans l’embryon avant l’existence du corps, sont logiquement postérieurs à l’organisme entier, puisqu’une main ne peut accomplir sa fonction sans le corps dont elle fait partie. Un corps peut être sans main mais l’inverse n’est pas possible. Le tout est donc raison d’être des parties comme la fin est raison d’être du commencement.
Cf. https://www.philolog.fr/aristote-la-main-et-lintelligence/
Bien à vous.
Bonjour,
Merci pour votre réponse.
En effet, je vois que dans la précipitation j’ai oublié les formules toute mes excuses.
Cordialement.
Toujours beaucoup de bien.
Bonjour madama
je suis a la cherche de l’etat de nature et l’etat civil chez John Locke pour un exposé.
merci
Bonjour
Quand on veut faire un travail sérieux, on commence à lire l’auteur et on exploite des commentaires pour s’assurer d’avoir bien compris. Vous pouvez trouver sur ce blog des articles éclairant votre lecture.
Bon travail.
Bonsoir Madame
je voudrais savoir si je pourrais avoir une explication sur
L’ETAT et LA VIOLENCE
Merci beaucoup dans l’attente d’une suite favorable a ma requête
Bonjour
Désolée, ce site n’a pas vocation à encourager la paresse.
Bon travail.
Bonsoir Madame
C’est juste que je voulais mieux comprendre ceci .
Pendant les explications des profs, j’ai entendu que seule la violence peut arrêter la violence j’ai crues entendu par là qu’il faisait allusion au résistance pacifique comme le faisant Mahatma Gandhi pourrait arrêter la violence dans la politique
c’est pourquoi je voulais des explications pour mieux comprendre la violence dans l’Etat
MERCI
Bonjour
D’abord j’attire votre attention sur l’incorrection de votre expression.
Pour ce qui est de votre problématique, elle engage un développement excédant la réponse à une question.
Vous devez comprendre que tant que les hommes ne se dépossèdent pas du droit de faire usage de leur force, ils sont dans l’état de nature et celui-ci est un état de violence de tous contre tous. La liberté naturelle est une illusion car ce sont les plus forts qui imposent leur loi et « comme nul n’est assez fort pour être toujours le maître » (Rousseau)les désordres continuels sont incompatibles avec les conditions d’une vie civilisée.
Il faut donc nécessairement sortir de l’état de nature en instituant l’Etat, c’est-à-dire en aliénant le droit de faire usage de la force dans une institution habilitée à poser la loi commune et à la faire respecter en soumettant les volontés récalcitrantes. En ce sens, Max Weber définit l’Etat comme « l’instance qui a le monopole de la contrainte physique légitime »
Cette première analyse est essentielle pour établir que l’Etat procède de la nécessité de dépasser, sur le plan intérieur, la violence de l’état de nature afin de régler, au besoin en faisant usage de la force, les rapports sociaux (police), et sur le plan extérieur pour protéger la communauté politique du danger que peut représenter pour lui l’existence d’autres Etats (armée). Voyez le cours état de nature et contrat social.https://www.philolog.fr/etat-de-nature-et-contrat-social/
Mais…l’Etat peut incarner une violence non légitime dès lors que la loi ne sert plus le bien commun mais devient l’outil de domination de certains sur d’autres etc. Ici de nouveaux développements s’imposent.
Voilà quelques problèmes que votre sujet vous demande d’affronter.
La question de savoir si la non violence est une force politique peut être rencontrée mais elle n’est pas le premier enjeu de cette dissertation.
Bien à vous.
Bonjour Madame,
J’ai lu quelques unes de vos publications et je l’ai ai toutes trouvées très intéressantes et je trouve que l’idée de mettre votre savoir à notre disposition, nous élèves, est vraiment très sympathique de votre part. Alors, un grand merci pour l’aide que vous nous apportez.
Pour ma part, j’ai une dissertation (de philosophie bien sur) à faire et dont le sujet est: « L’Etat est-il légitime? ».
Seul problème, même après plusieurs recherches, que ce soit sur un dictionnaire ou sur internet, je n’arrive pas à définir le mot « légitimité », ce qui est du coup assez problématique… De plus je ne sais pas réellement par où commencer..
J’aurais alors aimé savoir s’il était possible que vous m’éclaircissiez dans mes recherches.
En attente de votre réponse, en espérant que vous puissiez m’aider.
Cordialement, une de vos nombreuse lectrice.
Bonjour
Si vous êtes familière de ce blog vous avez dû vous apercevoir que ce n’est pas un site d’aide aux devoirs. J’évite d’intervenir dans le travail des élèves.
Légitime signifie: qui est conforme à la loi (de lex, legis, loi).
Mais la loi peut être la loi instituée politiquement au sein d’un groupe (la loi juridique ou loi positive). On parle alors de légalité.
La loi à laquelle on se réfère lorsqu’on parle de légitimité est la loi de la raison. Est donc légitime, ce qui peut se justifier rationnellement ou moralement.
Bon travail.
Bonsoir Madame
Je suis très heureuse pour les explications que vous m’avez donnez sa ma permis de mieux comprendre « la violence dans l’Etat ».
J’adore ce site .
Merci
Bonjour Madame Manon!!!
Est-ce que vous pourriez m’a aider à faire une comparaison entre Marx et Rousseau à propos de la société. Quels sont les différences, les ressemblances et leur vision sur la société?
Merci beaucoup
Rafael
Bonjour
Désolée, ce site n’est pas un site d’aide aux devoirs.
Pour que ce travail soit fécond, il vous faut lire le discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité de Rousseau et pour Marx utiliser un texte de morceaux choisis.
Bien à vous.
Bonjour,
Je ne comprends pas très bien quand je lis (ici ou ailleurs) que l’Etat date du XIVe siècle (ou similairement la notion de nation qu’on situe souvent plutôt au XVIIIe). Je vois bien que, pour l’Europe occidentale tout du moins, la centralisation progresse et nous tire de la chrysalide féodale mais je ne vois pas (du haut de ma culture limitée) de changement qualitatif (plutôt que quantitatif), et au surplus, je ne vois pas bien ce qu’il manquait à la République ou l’Empire romain, par exemple, pour prétendre au titre d’Etat. Quant à la nation, faut-il interpréter la datation du XVIIIe siècle comme marquant son émancipation de critères traditionnels (religion, ethnie, langue…) au profit de la « volonté (générale) de vivre ensemble » plutôt qu’une véritable apparition, car il ne semble pas douteux que le sentiment patriotique existait auparavant si datées qu’en fussent les formes? En vous remerciant d’avance, cordialement,
Emmanuel
Bonjour
Votre perplexité à l’endroit des catégorisations historiques me paraît fondée. On peut en effet considérer l’Etat sous l’angle du seul pouvoir et il apparaît alors comme un phénomène universel. Mais il se trouve que la notion même d’Etat n’émerge que tardivement et que, pour les juristes et les philosophes qui en construisent le concept, il est un phénomène essentiellement moderne. Substantiellement lié à l’idée d’une souveraineté s’exerçant verticalement sur des administrés, il renvoie par exemple à une réalité qui n’est pas du tout celle de la cité grecque, communauté de citoyens libres et égaux, alternativement gouvernants et gouvernés. Les Romains disposent bien du concept de res publica pour désigner la continuité, la stabilité du pouvoir politique central malgré la variation de ses titulaires, mais, comme le remarque Jacques Ellul « ce qui reste remarquable, c’est qu’il n’y ait pas de mot particulier pour désigner cette fonction spécifique : le mot status n’est rien d’autre que la forme de gouvernement (chez Cicéron). On parlera du status optimatum pour désigner un gouvernement aristocratique, et d’un status reipublicae pour désigner une démocratie. Donc, on en reste ici à l’absence de désignation de cette abstraction qu’est l’Etat. »
Il semble que l’Etat comme forme historique du pouvoir corresponde à un procès de rationalisation (Cf. Bodin et le principe de l’Etat de Raison) et comme l’Etat n’est pas une simple idée, il est lié, selon Ellul, dans son effectivité à la puissance d’une administration. « Je pourrais soutenir, dit-il, que l’origine de l’Etat se trouve dans ce double phénomène conjoint : d’un côté un pouvoir dépersonnalisé, de l’autre une administration, cohérente, complexe, efficace et s’étendant à tous les domaines ».
Je vous renvoie au double numéro de la revue Droits intitulé l’Etat (n° 15 et 16. Puf, 1992) qui a été pour moi une source précieuse. Vous y trouverez l’article de Jacques Ellul que je cite.
Je vous renvoie aussi au n° 14 des Cahiers de philosophie politique et juridique de Caen intitulé Etat et Nation. Vous y trouverez un article de Michèle Ducos : Etat et Nation à Rome.
Cf. aussi https://www.philolog.fr/pierre-manent-la-religion-de-lhumanite/
Bien à vous.
Bonjour, mme.
Je suis a la recherche de savoir, si l’etat est-il intemporel?
Et si possible avoir un plan de dissertation pour une comparaison.
Merci.
Bonjour
Il faut donc vous dépêcher de vous mettre au travail en évitant d’exhiber votre paresse et votre indécence.
Bien à vous.
Bonsoir Madame
Je souhaiterais savoir si vous avez consacré un cours ou un chapitre à l’évolution de la condition féminine depuis l’Antiquité? Et si non, avez-vous l’intention de créer un lien qui renverrait par exemple à la condition des femmes au siècle des Lumières?
Je remarque qu’à travers les âges les hommes et les femmes n’ont pas joui de la même liberté mais que, d’une manière générale et sans doute injustement, la philosophie ne s’est pas tellement embarrassée de cette question.
Merci à vous
Bonjour
Non, je n’ai pas consacré un cours à la condition féminine à travers les âges.
Vous pouvez lire avec intérêt l’étude d’Olivia Gazalé: le mythe de la virilité. Un piège pour les deux sexes, Robert Laffont, 2017.
Quant à votre jugement sur les philosophes, il fait bon marché des Cornelius Agrippa (1529), Poullain de la Barre (1673), Helvétius, Diderot, Montesquieu, Condorcet, Fourier et d’autres auteurs moins célèbres.
Bien à vous.
Bonjour Madame
Je suis un étudiant en Sciences Juridiques( première année), très bientôt, j’aurai à passer un examen de philosophie du droit qui me sera très important. En fait, j’aimerais avoir quelques ouvrages sur le concept JUSTICE, je ne sais pas comment pouvez-vous m’orienter s’il vous plaît.
Bonjour
Il faut lire d’Aristote l’éthique à Nicomaque. Théorie de la justice de Rawls ainsi que Justice et démocratie. De Ricœur, le juste. De Christian Godin, La justice.
Vous avez tout un chapitre (XIX, Droit et justice) consacré à ce thème sur ce blog. Il vous aidera dans vos lectures.
Bien à vous.