J'ai fermé ce blog pendant les épreuves du bac. Question de prudence. Lors de mon dernier bac blanc, j'ai découvert, horrifiée, qu'un de mes élèves avait utilisé son téléphone portable pour entrer sur des sites où le sujet était traité et pour recopier stupidement du prêt à « penser ». J'ai décidé de mettre à l'abri de cette imposture, au moins en ce qui me concerne, une épreuve nationale, même s'il lui reste fort peu de crédibilité.
Le souci de ne pas faire le jeu des fraudeurs n'a pas été seul en cause dans cette fermeture. J'avais même décidé de ne pas rouvrir ce site car j'ai été excédée cette année par tous ces élèves manifestant une nette tendance à considérer le professeur comme un larbin tout juste bon à les dispenser de penser par eux-mêmes et de travailler. Leur enseignant avait à peine donné le sujet qu'ils déposaient un message se réduisant à la question posée, attendant que ma réponse leur formule la problématique et les idées générales. Sauf exception, je n'ai pas approuvé ces messages mais ils m'ont mis trop souvent en colère et j'avais décidé d'arrêter là l'expérience.
Car ils m'ont donné la mesure des effets pervers d'Internet : le savoir comme une marchandise d'autant plus dévalorisée qu'elle circule gratuitement ; la culture comme somme d'informations, brèves si possible, juxtaposées au petit bonheur du zapping sur la toile. Si l'on ajoute le tapage médiatique autour de l'épreuve de philosophie, les corrigés à quatre sous que se permettent en direct les auteurs pourtant talentueux de certaines émissions de radio, on se dit que la méditation philosophique doit déserter certains canaux modernes pour ne pas se dénaturer...
Mais après un mois de fermeture, résonnent dans ma tête la remarque de ma jeune collègue, Irène, soulignant à juste titre que ma réaction consacre la victoire de la sottise et de l'indignité de certains au mépris de tous ceux qui font un usage plus fécond d'Internet. Résonnent aussi le message qu'Alexandre a envoyé à mon amie Mercotte, les attentes de Tabacco et d'autres usagers de mon blog me témoignant leur sympathie et leur intérêt pour mon initiative. J'ai l'impression de trahir ce désir de partage des connaissances qui avait été au principe de l'ouverture de ce blog.
Enfin j'ai à cœur de m'expliquer sur des motifs plus personnels.
J'ai fait l'expérience de ce que l'on appelle l'addiction. C'est fou ce que cet outil peut être dangereux. Si vous n'y prenez garde il devient une dimension de votre existence. Vous vous levez et au lieu de regarder le ciel, vous ouvrez votre ordinateur. La vie entière finit par s'ordonner autour de ce qui fonctionne comme un véritable implant. Vous lisez et vous pensez à l'article que vous allez mettre en ligne. Vous organisez votre emploi du temps en fonction des contraintes du blog et insensiblement vous devenez indisponible à la vertu la plus essentielle du penseur et de la vie. Pour les Grecs celle-ci était liée au loisir de l'esprit (scholè ou otium chez les latins), à l'activité proprement désintéressée allant de pair avec l'attention aux autres, la convivialité, l'art de butiner les offrandes du jour. Le choix d'une éthique et d'une esthétique de l'existence a des exigences peu compatibles avec le phénomène addictif.
J'ai essayé d'analyser les ressorts de ce piège dans lequel j'ai failli tomber et il n'est pas difficile de comprendre qu'ils ont à voir avec ce que Pascal appelle le divertissement. Au fond, un blog est un superbe miroir aux alouettes. Il sort le travail du professeur de l'anonymat et des limites des classes, il lui donne l'illusion d'être un passeur avec un large public.
La toile ou le rêve d'une république des lettres englobant le monde entier !
Vanité des vanités ! Le philosophe le plus lucide n'échappe pas à la misère ontologique qui est le lot de tout un chacun. Lui aussi cherche le moyen de se masquer son inconsistance et attend des autres une justification de son existence, même s'il n'ignore pas combien cette quête est dérisoire.
La perspicacité pascalienne toujours : « Nous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre, et même des gens qui viendront quand nous ne serons plus ; et nous sommes si vains, que l'estime de cinq ou six personnes qui nous environnent, nous amuse et nous contente » Pensées, B 148.
J'ai maintenant une conscience très claire de tout cela et une nouvelle liberté.
La réouverture de mon blog se fait donc sous des auspices moins angéliques que ceux que j'affichais lorsque je me suis lancée dans l'aventure et comme je n'ai pas l'intention de mettre en péril la liberté reconquise, je serai plus parcimonieuse dans mes publications.
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Marqueurs:addiction, divertissement, fraude, Internet
Bravo ! pour cette excellente mise au point et bienvenue de retour sur la toile 🙂
Bonjour, je viens de découvrir avec bonheur que vous avez ouvert votre blog à nouveau je vais donc pouvoir continuer la philo en ligne l’année prochaine depuis Berlin
Je tenais à vous remercier pour cette année riche et intense que vous nous avez offert, et je vous souhaite d’enseigner encore, même via internet, votre métier vous va bien et vous transmettez une énergie énorme à vos élèves. J’ai eu 18 en philo, ce qui m’a permis d’obtenir la mention bien (même si elle ne m’est d’aucune utilité, du moins pour l’instant). Merci.
Je vous souhaite un bel été
Noémie Pichon
Bonjour,
Je rentre de vacances et me voici fou de joie.
Je n’avais pas lu votre article avant fermeture temporaire. J’étais plongé dans la plus grande consternation. En effet je lis vos pages en fonction de mes humeurs et bien entendu, compte tenu de la richesse du contenu, il me reste encore de nombreuses visites à effectuer.
Bon pour faire court, louée soyez vous pour ce blog.
Il y a bien longtemps que j’ai fréquenté les bancs du lycée.
Je commence à comprendre Epicure lorsqu’il déclare qu’il n’y a pas d’âge pour se poser des questions d’ordre philosophique.
Félicitations Noémie pour votre brillante réussite et merci pour ce message qui me fait chaud au coeur. Je vous souhaite un séjour passionnant à Berlin et des études fécondes.
Merci aussi à Thierry pour votre enthousiasme philosophique. Je vais republier le contenu de ce blog sous forme d’un cours synthétisant les deux années d’ouverture mais vous aurez, durant cette période, toujours accès à l’ensemble. Bonne reprise de vos activités.
Tu es une sage,tu as tout compris et analysé. Venant de toi pas de surprise et surtout que du bonheur de te retrouver. Bien sûr je ne suis pas aussi assidue que je le voudrais…Pourquoi ? Mais parce que j’ai aussi un blog, certes beaucoup plus terre à terre. Nourritures journalières et non spirituelles, mais il mange aussi du temps !
c’est très vrai, cette addiction et de temps en temps prendre le large, ça fait du bien!
Très éclairante, la citation de Pascal. Depuis un demi-siècle, le premier divertissement de l’homme moderne, n’était-ce pas cette télévision, qui permet à chacun (moi le premier) de ne surtout pas se retrouver seul à seul avec ses pensées, le soir, en rentrant du boulot ?
Mais Internet offre un avantage supplémentaire : la possibilité de SE donner en représentation, autrement gratifiante.
J’en profite pour poser une question : à votre connaissance, Pascal a-t-il envisagé que la foi en Dieu puisse être, pour le croyant, le premier des divertissements ?
Vous avez raison, le divertissement est une planche de salut pour les hommes. Voyez le cours consacré à ce thème.
Mais l’effort de la pensée, les grandes oeuvres de la culture ont le pouvoir d’arracher l’homme à cette manière de se masquer sa condition. En l’invitant au recul, à la réflexion (philosophie), à la rencontre avec la vérité de l’être rendue visible par l’éclat de la beauté (oeuvres d’art), elles le rendent à lui-même, à la conscience de son inconsistance et de son aspiration au divin. Hélas, ce qui tient lieu de culture aujourd’hui participe du divertissement comme le montre le dernier livre de Fumaroli dont la présentation fait l’objet de mon prochain article.
Pascal souligne l’ambiguïté du divertissement. Il est ce qui nous permet d’échapper au désespoir et à l’ennui mais aussi ce qui nous empêche de promouvoir notre salut. Car seul Dieu peut combler l’attente humaine pour le chrétien Pascal. La foi en Dieu n’est donc pas conçue comme un divertissement mais comme un grâce salvatrice ou un pari conséquent. Voyez le commentaire des Trois discours sur la condition des grands sur ce blog.
J’arrive sur votre blog par hasard grâce à Mercotte et vos interrogations m’intéressent particulièrement, pourquoi un blog ?
J’ai mis des mois à me décider, la cuisine comme le blog sont, pour moi, des endroits de convivialité, de partage.
Et je suis déçue (un peu !)
Continuer, arrêter ?
Un vrai dilemne !
Rester authentique, ne pas céder à la pression, cet internet est fabuleux et destructeur en même temps
N’arrêtez pas, j’aurai toujours beaucoup de plaisir à vous lire
Vous faîtes écho à ma propre rumination. Internet a comme tout ce qui existe un endroit et un envers. Fabuleux média de diffusion des connaissances mais au fond peu propice au véritable partage. Il lui manque la chair qui incarne les esprits et leur donne le sentiment de la rencontre.
Mon blog a été très fréquenté et pourtant il a donné lieu à très peu de véritables échanges. C’est sans doute ce qui est le plus frustrant.
Au fond toutes ces pratiques sont absorbées dans le monde de l’équivalence généralisée, de la consommation utile, de l’affirmation narcissique qui est celui d’une société de masse.
Les blogs de cuisine me semblent beaucoup plus conviviaux qu’un blog de philosophie.
Mais peut-être est-ce une illusion.
En tout cas merci de me dire que je travaille pour mon plaisir et pour celui des autres.
Lecteur assidu depuis 1 an 1/2, je me réjouis de votre décision de réouvrir votre blog car bachelier de l’ex « Math Elem » en 1964, j’avais fait l’impasse à l’époque sur « la philo » et votre site me permettait de rattraper (en partie et sur le tard) le temps perdu …
Bien que l’on puisse lire votre blog en cheminant par hasard comme on feuillette un livre, y a-t-il dans les 272 archives un ordre, autre que chronologique, que vous préconisez ?
Un grand merci pour ce travail de passeur que vous faites avec dévouement.
Gérard
C’est un grand bonheur Gérard de recevoir votre message. Je vous en suis très reconnaissante.
Pour l’ordre de la lecture, il me semble qu’il faudrait lire chapitre par chapitre. Un article renvoie naturellement à un autre, mais il est vrai qu’une remise en ordre de la chronologie s’impose étant donné que les articles portent sur deux années de cours. C’est mon projet pendant ces vacances mais pour l’instant je lis en vue d’un nouvel article.
Bonne lecture. Avec mes meilleures pensées.
Quand on est confronté à une addiction, il peut être intéressant après en avoir recensé les inconvénients, de chercher les récompenses qui se cachent toujours derrière. Si possible honnêtement dans les deux cas, autrement dit de bonne foi tout en se méfiant de son propre ego parfois trompeur.
Or concernant les inconvénients, il me semble que certains de vos arguments ne sont pas sincères comme je vais tenter de le montrer avec celui-ci notamment :
Après le monologue intérieur lors d’une lecture (pour reprendre votre exemple) vient l’envie du partage, du dialogue avec autrui, qui est le propre de la philosophie d’ailleurs, donc sans votre blog, vous le feriez quand même car vous êtes philosophe, soit dans votre journal intime soit seulement pour vos élèves et vos proches (qui peuvent ne pas être très intéressés), mais grâce à Internet ce dialogue est amplifié de beaucoup et vos réflexions profitent à un plus grand nombre de personnes, ipso facto intéressées puisqu’elles ont fait la démarche de se connecter. CQFD
Et au sujet des récompenses, il en est une, peut-être moins connue, qui découle de la lecture et de l’écriture sur ordinateur c-à-d sur un écran rétro éclairé, lesquelles sont très différentes des mêmes activités avec une feuille de papier, en raison surtout de la lumière reçue en grande quantité à cette occasion.
Cela est dû à notre archaïque cerveau reptilien, toujours présent en chacun de nous, qui autrefois rythmait notre activité (et notre repos) sur le jour (et la nuit) simplement grâce à la lumière perçue (ou non) par les yeux, et qui aujourd’hui nous gratifie entre autres d’une vigilance accrue lors du travail sur écran.
Et génère en outre des endorphines et autres hormones du plaisir produites par le cerveau lui-même après un certain temps…
D’où une impression de satisfaction voire de dépassement de soi, une légère euphorie, un sentiment de créativité accrue, tandis que la sensation de fatigue est diminuée voire inexistante, etc…
Voilà quelques unes des récompenses que vous avez certainement obtenues vous-même lors de la rédaction des articles de votre blog en soirée ou lors de veilles prolongées. Ou alors c’est qu’il ne s’agit pas d’une réelle addiction, laquelle n’a pas d’horaire ni mesure par définition.
C’est un phénomène au plan intellectuel assez comparable à celui du second souffle au plan physique que connaissent bien les sportifs (en particulier les marathoniens) à partir d’un certain seuil de fatigue, et seulement à partir de ce seuil. Seuls ceux qui sont allés au-delà ont pu en faire l’expérience agréable et c’est d’ailleurs cela qui crée parfois l’addiction.
Pour terminer sur une boutade, un philosophe en herbe contemporain verrait (toutes choses égales par ailleurs) dans les ombres chinoises projetées sur les parois de la caverne de Platon une allusion au cinéma que les frères Lumière n’ont inventé que bien plus tard, et qui crée aussi chez certains une addiction à domicile par la télévision…
L’orifice de cette même caverne est comme une fenêtre (Windows en Anglais pour préciser à quoi je pense) ouverte sur l’extérieur et toujours éclairée par un soleil, certes artificiel, mais dont les effets sur notre cerveau sont comparables et ont les mêmes symboles.
Cette réalité virtuelle (pardon pour l’oxymore) n’en est pas moins propice au monde des idées ! Dernier cadeau qui réconcilie Aristote et Platon.
Je vous prie d’agréer, Madame, mes respectueuses salutations.
PS Merci de maintenir votre site PhiloLog ouvert et bravo pour son riche contenu.
Votre livre est d’ores et déjà très attendu et quand il sera en librairie, je serais heureux que vous me dédicaciez l’exemplaire que je vous enverrai. A moins que vous envisagiez une souscription et dans ce cas, merci de m’en faire connaître le montant que je vous adresserai par retour.
Merci pour la pertinence de vos remarques. Je n’avais pas pensé à l’effet euphorisant de la lumière de l’écran.
Pour ce qui est de la caverne platonicienne, on a effectivement dit depuis longtemps que Platon est l’inventeur du cinéma.
Quant à la publication écrite de mon cours, ce n’est pas à l’ordre du jour. Le blog en tient lieu. Cela a l’avantage d’être moins onéreux.
Bien à vous.
Dommage !
Mais alors que vouliez-vous dire par ces mots que je cite : « … et je profiterai de cette pause pour publier mon cours en manuel de philosophie plus ordonné. » ???
Respectueuses salutations.
Simplement qu’il faut que je réorganise l’ordre de mes publications afin de synthétiser deux années de cours.
Je suis désolée que mon propos ait prêté à confusion.
Bonsoir Madame,
C’est avec beaucoup de joie que je viens de découvrir la réouverture de votre blog. Je tenais à vous en remercier et à vous assurer que vous avez pris là une excellente décision, fidèle à l’image d’infatigable pédagogue que vous m’aviez laissée.
Je profite de ce message pour vous remercier de l’énergie que vous avez dépensée et pour la qualité de vos cours (malgré des conditions souvent inacceptables) qui m’ont tant apportés.
Contrairement à ce que je vous avais annoncé, j’intégrerai finalement une classe prépratoire littéraire l’an prochain (avec un 16 au bac à l’épreuve de philosophie), et je me réjouis de savoir que je pourrai travailler avec un outil aussi riche que votre blog.
Je vous souhaite de bonnes vacances et un très bon repos estival.
Mehdi
Votre message me va droit au coeur Medhi. Venant de vous, il a une saveur privilégiée. Vous savez combien j’ai apprécié votre attention et votre intelligence. Je vous félicite pour votre brillante réussite au bac et suis heureuse de votre décision d’intégrer une classe préparatoire.
Bonnes vacances et peut-être à bientôt pour des échanges féconds.
Je suis heureuse de voir que vous avez décidé de réouvrir votre blog! Je me réjouis déjà des futurs articles que je pourrai y lire. Cela me permettra de garder contact avec la philosophie qui me plaît toujours autant, mais que je ne pourrai pas continuer l’année prochaine à la fac, faute de temps. L’histoire demande beaucoup de travail à elle seule!! Mais comme la plupart des matières si l’on veut les étudier avec rigueur…
Vous avez raison Alice, on ne peut pas tout faire. Dans le champ des possibles, il faut choisir et il est toujours mélancolique de découvrir qu’on ne peut en réaliser un qu’en faisant le sacrifice des autres.
Avec mon bon souvenir.
Bonjour Madame!
J’ai été très surpris lorsque j’ai vu que votre blog était fermé, et ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai découvert sa réouverture!
Je tenais à vous remercier pour cette année, certes je n’ai pas été très assidu en classe, et le travail n’était pas forcément au rendez-vous, mais vous m’avez tout de même ouvert les yeux sur la philosophie. Je sais que je n’aurais pas l’occasion d’en refaire pendant mes études, mais j’aurais tout de même appris certaines choses cette année qui m’auront été utiles. Les mauvaises langues diront de ce commentaire qu’il est faux et que je suis un lèche-botte, mais peu importe, je tiens à vous dire que je suis sincère.
Votre blog m’a donc bien aidé, d’ailleurs vos cours aussi, car à ma grande surprise, j’ai eu 13 à l’épreuve de philosophie!
Je tenais donc à vous remercier, une fois de plus.
A bientôt j’espère,
Tristan.
Merci Tristan et félicitation pour votre réussite au bac. Moquez vous des mauvaises langues. Votre centre de gravité doit être en vous, dans la rectitude de votre jugement et l’autonomie de votre volonté. Laissez les médiocres à leur médiocrité et apprenez surtout d’eux à ne pas leur ressembler.
Je vous souhaite une bonne fin de vacances et des études à venir épanouissantes.
Bonjour Madame Manon, je tenais à vous remercier pour cette année d’éveil à la pensée et à la raison. Je vous prie d’excuser mes remerciements tardifs mais les vacances me portent à moults activités qui occupent la plupart de mon temps libre. En ce qui concerne mon bac, je vous précise que j’ai eu 15 en philosophie et que je vous remercie d’avoir particulièrement insisté durant l’année sur la méthode du commentaire car cela m’a grandement aidé. Parmi toutes vos leçons, je crois que celle que j’ai retenu et qui m’a le plus marqué est celle du rôle de passeur. Je crois que le plus important dans la philosophie est de l’enseigner aux gens qui sont prisonniers de cette société et de la doxa. Et je m’efforce à présent de le faire dans mon entourage et cela me surprend car c’est seulement maintenant que je me rends compte de tout ce que la philosophie apporte dans la réalité. La philosophie n’est pas tout mais je crois sincèrement qu’elle permet d’ouvrir une porte, une porte qui est vraiment utile. Enfin bref, merci pour votre enseignement et je peux vous dire que vous m’avez donné une belle leçon.
En espérant vous revoir et philosopher. A bientôt
Merci pour ce sympathique message Pierre et bravo pour votre réussite au bac. Moi aussi j’espère bien vous revoir et peut-être avoir des échanges féconds avec vous sur ce blog.
Bonne poursuite de vacances.
Bonjour Madame Manon, comme beaucoup, j’ai été surpris lorsque j’ai vu votre site fermé… J’étais devenue moi aussi addictif, dés que je me connectais sur internet, je venais lire un article sur votre blog.
Je suis heureux que votre site ouvre à nouveau ! Je crois que vous avez pris la bonne décision. J’adore cet article ! Grand coups de pieds à ceux qui ne veulent pas penser par eux-même !! En plus, on vous sentez si sincére dans cet article, ça m’a touché.
Je ne suis pas votre éleve, mais je vais vous donner ma note du bac, par respect pour vous, car votre site m’a apporté pleins de réflexions, et a alimenté mon gout pour la philo. J’ai eu 14 en ayant pris le sujet sur le désir et l’absurde. Drole de sensation que de faire une dissertation lors d’une épreuve de bac. Je vous avoue que je continue à me poser des questions à propos de cette dissertation.
Je vous remercie, pour tout.
Bravo pour votre réussite et tous mes voeux pour vos études à venir.
bonjour madame Manon,
je suis à l’age de la retraite , avec une furieuse et curieuse envie de philosopher…!!
La terminale est loin derrière moi ….mais le meilleur est peut-être à venir.
Ayant eu connaissance de votre blog , je me régale a sa lecture, même si tout est loin d’être évident pour moi dans la compréhension et l’analyse des textes !!
Est -il possible de prendre qques cours particuliers avec vous pour accélerer le processus et la mise en marche de ces mouvements..? 🙂
Merci à vous dans tous les cas , pour tout ce temps passé à nous donner à refléchir et à nous interroger intelligemment….
Sympathique message Madame.
Il est toujours émouvant de rencontrer des personnes capables d’enchanter leur vie par la puissance de désirs féconds en joies véritables. La peinture, la philosophie, ces activités là ne déçoivent jamais et n’exposent pas l’accomplissement personnel aux caprices de la fortune. Elles ne nous mettent aux prises qu’avec nous-mêmes, ce qui n’est déjà pas de tout repos mais elles ont le mérite de nous rendre libres.
Je ne suis pas sûre que votre idée de cours particuliers soit judicieuse. Il y a un temps pour tout et ce qui est important pour vous ce n’est pas de retrouver le chemin de l’école mais de mettre un peu d’ordre dans votre pensée sur certains thèmes qui vous tiennent à coeur.
Ce blog et d’autres sans doute proposent une initiation.
Si vous avez des difficultés de compréhension vous pouvez me demander des éclaircissements et rien n’empêche de nous rencontrer autour d’un verre puisque nous ne sommes pas géographiquement éloignées.
Bien à vous.
Un grand merci pour votre proposition , je suis très touchée…..et me mets dès maintenant au travail pour « l’ordre dans mes pensées » comme vous le dites si justement…
Je commence par l’allégorie de la caverne de Platon , et ne vais sûrement pas tarder à vous poser quelque questions….!!
Je mesure combien la tâche sera ardue pour moi , mais essaierai d’être toujours au plus juste et au plus vrai dans « ma « pensée..je me sens curieuse et enthousiaste…
Merci…
Les enseignants que nous sommes ont tendance à croire que la matière que nous enseignons est intéressante et qu’élèves ou étudiants devraient ipso facto s’y intéresser. Nous découvrons ensuite que bon nombre d’entre eux ont une vision purement utilitariste de notre enseignement : l’unique finalité est la note.
Lorsque j’ai commencé à enseigner dans le supérieur il y a une dizaine d’années, j’ai été surpris par l’attitude passive de la plupart de mes étudiants. ils ne cherchaient pas à comprendre, seulement à recopier des exercices-types, dont ils attendaient qu’ils se retrouvent à l’examen. Au dit examen, un étudiant est allé nous voir pour dire que l’examen était dur car il fallait réfléchir. Autrement dit, l’attente de l’étudiant en première année d’université est d’avoir des examens d’application directe du cours et de ne surtout pas devoir esquisser une réflexion personnelle. De fait, nous devions largement user des QCM, vu qu’une partie des étudiants sont incapables de rédiger une réponse claire et concise à une question simple d’algorithmique.
Des collègues enseignants en master 2 (bac+4 à bac+5) me mentionnent des étudiants qui « sèchent » des séances de cours ne donnant pas lieu à connaissances exigibles à l’examen. Ils me disent qu’aux examens, les étudiants sont très désarçonnés quand on leur demande une réflexion personnelle, du type « que pensez-vous de ces affirmations ? ».
Même si l’on réduit l’enseignement universitaire à une finalité industrielle, ces comportements sont inquiétants. Dans le monde de l’entreprise, à partir d’un certain niveau de responsabilité, on doit porter un jugement personnel, on doit évaluer des solutions.
Je me demande quelle est la cause de cette peur de la réflexion. Peut-être est-ce une habitude, contractée au collège et au lycée, de croire que ce qui est attendu est une stricte application niaise du cours ? Bien qu’agrégé, je n’ai aucune expérience du secondaire et me garderai de porter pareille affirmation.
Il est difficile d’assigner le constat que nous faisons tous à telle ou telle cause. En ce qui me concerne, je mets en cause l’enseignement dès le plus jeune âge. On ne s’est pas assez préoccupé de la qualité intellectuelle des enseignants et on a trop flatté les tendances à la paresse et à la facilité au mépris des apprentissages souvent austères sans lesquels on ne peut pas réellement former un esprit.
L’air du temps était et est toujours à l’enfant roi, à la supposée créativité personnelle et à l’hédonisme. Tout cela n’est guère propice à la sollicitation des efforts, des peines nécessaires à l ‘acquisition des connaissances. D’où cette politique criminelle consistant à demander aux professeurs de baisser continuellement les exigences et de donner les examens. Voyez ce qui se passe depuis des années pour le baccalauréat. Tout le monde le sait mais le dire est politiquement incorrect.
Voud êtes trop coule 🙂 Merci de tout ce que vous nous (m’) apportez.
Bonsoir
Je suis vraiment soulagée en vous lisant car, moi aussi, philosophe de formation, me voilà piégée, si tardivement mais si sûrement ! Evidemment ma vie personnelle n’y est pas étrangère… disons que j’ai du temps. Enfin, qu’une femme aussi raisonnable et si cultivée que vous ait pu vivre cette expérience, cela me rassure un peu… De mon côté je n’ai plus qu’à trouver la sortie de la caverne..
Bonjour
On ne peut jamais sortir absolument de la caverne mais on peut grandir en sagesse, la première des conditions étant la prise de conscience de son aliénation, la seconde « la ferme et constante résolution » dirait Descartes, de s’en libérer. Difficile mais pas impossible et tellement jouissif lorsqu’on s’est vaincu.
Bien à vous.