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Rosemarie Trockel. hosting.zkm.dc   Centre Pompidou.

 

   Le cogito fait partie des monuments de la philosophie. Mais le correcteur du baccalauréat que je suis depuis de nombreuses années ne peut que constater un fait : en tombant dans l'opinion, la puissante analyse de Descartes s'est vidée de sa substance. Elle devient une formule passe-partout, sans doute destinée à laisser croire aux ignorants qu'ils ont un vernis culturel. Laissons tomber cette vanité et essayons de suivre la méditation cartésienne.

   D'abord, il s'agit bien d'une méditation. On entend par là un exercice spirituel, pratiqué dans la solitude, par un esprit faisant retour sur lui-même pour se pénétrer d'une vérité. Il s'agit donc d'une expérience philosophique qu'il faut sans doute faire, au moins une fois dans sa vie.

  Quel est l'objet de sa méditation ? Le projet de trouver une certitude susceptible de résister aux plus extravagantes objections des sceptiques. Au fond, Descartes veut savoir si le doute généralisé est notre destin ou s'il est possible de fonder certains énoncés dogmatiques. « Qu'est-ce que je peux tenir pour absolument certain ? » se demande-t-il.

  Certes, j'ai été instruit dans le plus grand collège d'Europe, j'ai appris tout ce qu'un honnête homme peut savoir. Comme tout le monde je fais confiance aux informations que me donnent mes sens. Ainsi je suis certain qu'il y a un monde et que j'ai une tête, des mains, des pieds. J'ai même une vénération toute particulière pour les mathématiques et je ne doute pas que la somme des angles du triangle vaut deux droits. Pourtant en toute rigueur, suis-je bien avisé d'être certain ?

  La méditation cartésienne commence par là. Il ne s'agit pas de nier que mes certitudes immédiates sont bien suffisantes pour la conduite de la vie mais puis-je considérer qu'il s'agit de certitudes absolues ? Rappelons qu'on appelle certitude, l'état d'un esprit qui adhère à un contenu de pensée qu'il croit ou qu'il sait être vrai.

Comme il va de soi que je ne peux pas passer en revue tous les contenus de mon esprit, je vais procéder méthodiquement.

  A bien y regarder, la plus grande partie de mes certitudes sont des certitudes sensibles. Elles portent sur des objets dont j'ai l'idée par le véhicule de mes sens. Or puis-je me fier absolument aux informations données par les sens ? Non, répond Descartes car « j'ai quelquefois éprouvé que ces sens étaient trompeurs, et il est de la prudence de ne se fier jamais entièrement à ceux qui nous ont une fois trompés ».

L'argument cartésien n'a ici aucune originalité. On n'a pas attendu Descartes pour douter de la fiabilité des impressions sensibles. Cependant il tire de cette observation une règle de prudence ou de sagesse. Puisque nos sens nous trompent parfois, il est sage de ne jamais leur faire totalement confiance.

 La certitude sensible est ainsi révoquée en doute. Je ne peux pas être absolument certain qu'il y a un monde, que j'ai un corps. Au fond je suis peut-être abusé par mes sens comme je le suis lorsque je rêve. Souvent pendant mon sommeil, alors que je suis tout nu dans mon lit, je m'imagine assis auprès de ma cheminée, en robe de chambre. Comment puis-je être certain que la réalité n'est pas un songe ? Certes les images diurnes semblent plus claires et plus distinctes, plus cohérentes que les images oniriques, mais au niveau sensible, il n'y a pas de critères absolument solides pour distinguer le rêve de la réalité.

  Il y a là un thème baroque dont Pascal se fera l'écho : « Si un artisan était sûr de rêver toutes les nuits, douze heures durant, qu'il est roi, je crois qu'il serait presque aussi heureux qu'un roi qui rêverait toutes les nuits, douze heures durant qu'il serait artisan » Pensée B 386.

  Avec l'argument du rêve, Descartes établit avec force que si l'on devait s'en tenir aux seules données sensibles, nous n'aurions aucune possibilité décisive de tracer la frontière entre l'imaginaire et le réel. Il s'ensuit qu'il faut rejeter comme douteux, tout ce que nous savons par le canal de nos sens.

  Reste un autre type de certitudes. Par exemple la certitude mathématique. Ici, l'objet n'est pas donné extérieurement à l'esprit et « que je veille ou que je dorme, deux et trois joints ensemble formeront toujours le nombre cinq ». Il s'agit d'une certitude purement rationnelle. Ne dois-je pas avouer que celle-ci résiste au doute méthodiquement conduit ?

  Descartes va aussi révoquer en doute les certitudes rationnelles à l'aide d'un argument pouvant paraître fantaisiste. Et si, se dit-il, un mauvais génie se plaisait à me tromper lorsque je raisonne ? Le doute cartésien devient, à cet instant, hyperbolique. En réalité, Descartes pose un vrai problème. Qu'est-ce qui peut nous assurer que la raison soit une faculté plus fiable que les sens pour fonder la certitude ? Il se peut qu'elle nous abuse tout autant qu'eux.

  Les certitudes rationnelles ne semblent donc pas plus solides que les certitudes sensibles. Elles aussi sont laminées par le doute. Il faut faire le vide et admettre que tout ce que je sens et ce que je conçois rationnellement est douteux.

  Or, c'est précisément au moment où Descartes a fait le vide le plus intégral qu'il découvre qu'il peut douter de tout sauf de lui-même en tant qu'il doute. Pour que le mauvais génie me trompe, il faut que je pense. Je peux douter de tout  mais je ne peux pas douter du fait que moi qui doute je suis. « Je suis, j'existe » dit la Seconde Méditation Métaphysique ; « je pense, donc je suis » dit le Discours de la méthode.

  Etienne Gilson commente : « Je voulais penser que tout était faux et il se pouvait en effet que tout fût faux (monde, Dieu, corps). Mais il ne se pouvait pas que moi, du moins, qui pensais cela ne fusse pas quelque chose. Donc, moi qui pense, j'existe ».

  Telle est la première certitude, modèle de toutes les autres, fondement de l'édifice du savoir que Descartes par la seule force de sa pensée a su établir.

  On ne rendra jamais assez hommage à cette clarification. Car que fait-on, quand la frontière entre le réel et le rêve se brouillant, on dit que l'on se pince ? En fait on s'assure de sa propre existence, on revient à soi comme point fixe sans lequel aucune expérience ne serait possible, pas même celle du vertige, du brouillage des ordres ou des illusions.

 

I)                   Le sens du cogito.

 

  Réponse à la question : « Qu'est-ce que je peux tenir pour certain ? » le cogito est à la fois l'affirmation d'une existence et d'une essence.

  L'existence c'est le fait d'être. L'existence s'éprouve, se constate, se rencontre, elle ne se prouve ni ne se déduit. Il y a bien une dimension existentielle du cogito. Au moment où je pense, je me sens exister. « Je suis, j'existe : cela est certain, mais combien de temps ? A savoir autant de temps que je pense ; car peut-être se pourrait-il faire, si je cessais de penser, que je cesserais d'être ou d'exister ». Méditation seconde.

  L'essence d'un être c'est sa nature, ce qui fait qu'il est ce qu'il est. C'est ce quelque chose que Descartes va nous demander d'examiner avec attention. Car dans l'état actuel de la méditation, je ne peux pas me définir par ce que je sais de moi-même par l'intermédiaire de mes sens, la certitude sensible ayant été suspendue. Je ne puis donc point prétendre être « cet assemblage de membres que l'on appelle le corps humain (...) puisque j'ai supposé que tout cela n'était rien, et que, sans changer cette supposition, je trouve que je ne laisse pas d'être quelque chose ». Méditation seconde.

  Que suis-je donc ? « Je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui, pour être, n'a besoin d'aucun lieu, ni ne dépend d'aucune chose matérielle. En sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu'elle est plus aisée à connaître que lui, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est ». Discours de la méthode IV.

  Je me découvre un être, une réalité ontologique. C'est ce que connote la notion de substance. Une substance c'est ce qui existe en soi, ce qui sert de substrat à des qualités accidentelles, ce qui ne dépend pas d'autre chose que de soi pour exister.

  Cette substance est une chose qui pense. Voilà l'attribut essentiel du sujet. « Je trouve que la pensée est un attribut qui m'appartient. Elle seule ne peut être détachée de moi ». Je peux me mettre à distance de mon corps, des contenus de ma pensée, je ne peux pas me séparer de ce qui rend possible cette opération. Ce qui m'appartient en propre réside dans ce pouvoir. Ce qui est absolument mien reflue avec Descartes dans la seule opération d'une chose pensante. Le philosophe donne ici au mot pensée une extension bien plus grande que ce que nous entendons d'ordinaire par là. « Une chose pensante est une chose qui doute, qui conçoit, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent ». Méditation seconde. La pensée, dans le vocabulaire cartésien est ce que nous appelons le psychisme. Les émotions, les sentiments, les désirs aussi bien que le jugement ou la méditation sont des opérations psychiques, c'est-à-dire ce qu'il faut rapporter à la substance pensante comme à leur condition de possibilité.

  Avec la substance pensante, Descartes établit le dualisme de l'âme et du corps, de l'esprit et de la matière. Il affirme l'existence de deux réalités ontologiquement différenciées, la séparation anthropologique, l'amputation du sujet de sa dimension corporelle n'étant qu'une manière pour lui de tirer les conséquences de ce que signifie se réfléchir comme un sujet. Néanmoins, les malentendus peuvent être tels sur ce point qu'il convient de bien préciser le sens de cette séparation anthropologique, de ce dualisme des substances ; la substance pensante et la substance étendue.

  On peut affirmer sans ambiguïté que son sens est purement spéculatif. Le dualisme de l'âme et du corps n'a aucune pertinence sur le plan existentiel car l'homme n'est pas la juxtaposition d'une intériorité spirituelle et d'une extériorité matérielle. Il est l'union d'une âme et d'un corps, union si inextricable que concevoir l'homme concret, « le vrai homme » dit Descartes, c'est concevoir les deux substances comme une seule. Mais cette unité est confuse, opaque à l'entendement, on ne peut que la vivre. A la princesse Elisabeth, lui demandant de s'expliquer sur la nature de cette union, Descartes répond que si elle veut quelque lumière sur cette question « il faut s'abstenir de méditer, il faut vivre ».

  « La nature m'enseigne aussi par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé en mon corps ainsi qu'un pilote en son navire, mais outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui. Car, si cela n'était, lorsque mon corps est blessé, je ne sentirais pas pour cela de la douleur, moi qui ne suis qu'une chose qui pense, mais j'apercevrais cette blessure par le seul entendement, comme un pilote aperçoit par la vue si quelque chose rompt dans son vaisseau ; et lorsque mon corps a besoin de boire ou de manger, je connaîtrais simplement cela même, sans en être averti par des sentiments confus de faim et de soif. Car en effet tous ces sentiments de faim, de soif, de douleur etc., ne sont autre chose que de certaines façons confuses de penser, qui proviennent et dépendent de l'union et comme du mélange de l'esprit avec le corps ». Méditation sixième.

  Toute la vie affective (plaisir, douleur, désir, aversion etc.) témoigne de l'unité psychosomatique. Cependant cette donne existentielle ne nous dispense pas de faire l'effort de séparer théoriquement ce qu'il faut rapporter à l'une ou à l'autre des dimensions nous constituant. Le dualisme cartésien est donc une distinction de méthode dont les enjeux sont à la fois épistémologiques et moraux.

 

II)                Les enjeux du cogito.

 

A)    Enjeux épistémologiques.

 

1)      Premier enjeu.

 

  Il s'agit pour Descartes de fonder les sciences de la matière et la connaissance de l'esprit, à partir des deux idées claires et distinctes de pensée et d'étendue dont notre entendement a l'intuition dès qu'il pense. Ainsi pourront être évitées les confusions qui, par le passé, ont fonctionné comme de véritables « obstacles épistémologiques ». Bachelard appelle ainsi ce qui empêche la science de se constituer ou de progresser. De fait, avant la clarification cartésienne, on a eu tendance à projeter sur la matière des opérations n'ayant de sens que pour une réalité psychique et à bâtir sous le nom de physique une psychologie de la matière. Pensons au finalisme aristotélicien, à l'idée d'une âme nutritive et d'une âme sensitive pour rendre compte des fonctions du vivant. La confusion symétrique consiste à penser le psychisme sur le modèle de la matière et à bâtir sous le nom de psychologie une physique de l'âme. Le dualisme méthodologique nous détourne de ces inconséquences. Par là, Descartes est le vrai fondateur de la science moderne. Il expurge la matière de toute profondeur psychique et impose le modèle mécanique comme modèle d'intelligibilité des phénomènes matériels.

 

2)      Deuxième enjeu.

  Il s'agit aussi de comprendre que « l'âme est plus aisée à connaître que le corps ». Véritable paradoxe, tant il nous semble que ce qui est étalé dans l'espace, ce qui a une visibilité (les corps) est plus facilement connaissable que ce qui n'en a pas (l'âme ou l'intériorité psychique). Or Descartes énonce ici une idée d'une grande profondeur. Que veut-il dire ? Que ce qu'il appelle l'âme ou le sujet pensant a l'intuition de lui-même. Je ne peux pas sentir sans savoir que je sens, vouloir sans savoir que je veux. La conscience est claire à elle-même par définition. «  Par le nom de pensée, j'entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immédiatement par nous-mêmes » Principes de la philosophie I, 9.

  On rencontre ici le thème de la transparence de la conscience à elle-même. Ce thème ne signifie pas que la conscience comprend toujours ce qui se passe en elle, comme s'il n'y avait pas d'obscurité psychique. Il signifie simplement que même lorsqu'elle est traversée par quelque chose qui l'étonne, qu'elle ne peut pas reconnaître comme procédant de sa spontanéité, elle en a conscience. Ma pensée et l'idée de ma pensée sont une seule et même chose. La conscience a l'intuition de ses états et de ses actes. Une telle intuition du corps est impossible. Ce qui a lieu dans le corps n'est pas forcément connu de la conscience. Il y a un rapport d'extériorité entre le corps et l'idée du corps. L'esprit ne saisit le corps que par la médiation d'images, de concepts dont on peut toujours se demander s'ils sont adéquats à l'objet auquel il renvoie. Voilà pourquoi la connaissance de la matière  est paradoxalement moins aisée que la connaissance de l'âme.

 

B)    Enjeu moral.

 

  Avec le dualisme de l'âme et du corps, Descartes délie ce qui en nous doit être rapporté à l'âme et ce qui doit l'être au corps. Il identifie le sujet à ce qui le rend possible, à savoir au sujet pensant. Par là, Descartes le purifie de son épaisseur charnelle et le convoque à une tâche éthique.

  De fait, dès lors que je suis une chose qui pense, j'ai le savoir de tout ce qui se passe en moi. Souvenons-nous que cela ne signifie pas que je peux toujours me l'expliquer. Mais je ne peux pas éprouver un désir, fùt-il obscène ou être traversé par un fantasme sans m'en apercevoir. Simplement je ne peux pas considérer que ces vécus s'originent dans l'activité de ma conscience. Alors comment les rendre intelligibles ?

  Là où Freud invitera à lire la manifestation d'un inconscient psychique, Descartes propose de lire l'effet dans l'âme d'un mécanisme qui est celui de la matière. « On doit attribuer au corps tout ce qui peut être remarqué en nous qui répugne à notre raison » Passions de l'âme. Art. 47.

  C'est que, ce sujet pensant que je suis est lié à un corps et à travers lui à l'extériorité. Tout ce qui est confus dans mon expérience psychique s'explique dans le cadre du dualisme comme l'expression de la passivité de l'âme subissant les effets des mécanismes corporels. Ceux-ci excitent en l'âme des pensées (Descartes les appellent des pensées confuses ou des pensées d'imagination) ou des mouvements (des volitions, des désirs) se produisant indépendamment de la spontanéité ou de l'activité du sujet pensant. Il distingue ainsi : les passions de l'âme et les actions de l'âme. Si une pensée d'imagination est une passion de l'âme, une pensée d'entendement est une action. De même si la volonté est une action, désirer n'est souvent qu'une passion.

  Là où Freud discernera une intentionnalité psychique inconsciente, un autre moi qui pense, parle, désire (ça parle, ça pense dit Freud), Descartes demande héroïquement de pointer la passivité de notre âme. (Passions, affections de l'âme dit Descartes).

  Il faut bien comprendre que toute anthropologie a des enjeux pratiques, que toute psychologie engage une morale.

  Si le dévoilement freudien de notre réalité psychique fait le fonds de commerce des psychanalystes et transforme en tâche thérapeutique ce que la philosophie a traditionnellement défini comme une tâche spirituelle et morale; le dévoilement cartésien s'inscrit dans le droit fil de cette tradition. Car il est clair qu'une analyse pointant une passivité de l'âme contient par là même une exhortation à rompre avec cette passivité et à nous réapproprier par l'action de penser, de juger et de vouloir la maîtrise de notre être.

  Descartes fonde ainsi une morale de la liberté et de la responsabilité s'accomplissant dans la vertu de générosité.

 

A méditer : « Descartes est dans les faits le vrai fondateur de la philosophie moderne en tant qu'elle prend la pensée pour principe. L'action de cet homme sur son siècle et sur les temps nouveaux ne sera jamais exagérée. C'est un héros. Il a repris les choses par le commencement et il a retrouvé le vrai sol de la philosophie auquel elle est revenue après un égarement de mille ans » Hegel. Leçons sur l'histoire de la philosophie.

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99 Réponses à “Le cogito ou la certitude de soi comme chose pensante.”

  1. Samuel dit :

    Depuis Descartes, les mathématiciens ont découverts que la somme des deux angles d’un triangle ne fait pas forcément deux angles droits…

  2. Simone MANON dit :

    Merci pour cette précision et je vous serais reconnaissante pour mes élèves et pour moi-même de préciser ce que cela signifie mathématiquement. Car cette remarque donne encore de l’eau au moulin de Descartes. La crise des principes mathématiques et en particulier de l’idée classique d’évidence, a conduit la raison à devenir plus modeste et à comprendre que, quel que soit le discours, les énoncés sont tributaires du système de propositions, posé à titre d’hypothèse. Descartes avait donc bien raison d’interroger la valeur de la certitude rationnelle et l’on sait que seul le thème de la véracité divine lui permettra ultérieurement de la fonder. Parti-pris métaphysique qu’il est possible de récuser mais ce refus ne remet rien en cause de la méditation cartésienne.
    Pourquoi? Parce que le « je pense, donc je suis » n’est pas la conclusion d’un raisonnement. Le « donc » peut induire en erreur. Il est tellement de trop que les Méditations sont explicites. Leur formule est: ‘je suis, j’existe ».
    Au moment où il sort du doute les certitudes rationnelles sont autant suspendues que les certitudes sensibles.
    La certitude de soi-même comme chose pensante ne se fonde donc pas sur un raisonnement, elle est, à l’occasion d’un raisonnement, une révélation existentielle.
    Que mes sens ne soient pas plus fiables que mes songes, que ma raison me fasse délirer, peu importe. Au moment où je pense, j’ai la révélation de moi-même comme existant et comme existence pensante.
    Descartes s’explique avec Mersenne en juillet 1641: »Il est impossible que nous puissions jamais penser à aucune chose, que nous n’ayons en même temps l’idée de notre âme comme d’une chose capable de penser à tout ce que nous pensons »

  3. Samuel dit :

    Voici quelques précisions concernant les géométries dites non euclidiennes, celles où la somme des angles d’un triangle ne fait pas forcément 180 degrés.

    Ces géométries reposent sur le remise en cause du cinquième postulat d’Euclide : « Par un point extérieur à une droite, il passe toujours une parallèle à cette droite, et une seule. »

    Elles ont été développées au 19° siècle.

    Je sais que vous vous méfiez (à raison sans doute) de wikipedia, mais les articles concernant les mathématiques sont en général de bonne facture :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9om%C3%A9trie_non_euclidienne

    Les géométries non euclidiennes sont de deux types :
    – sphérique (somme > 180°)

    Voici des visualisations interactives de ces fameux triangles :

    http://mathworld.wolfram.com/SphericalTriangle.html

    – hyerbolique (somme < 180°)

    Une universitaire américaine (Daina Taimina) a découvert un procédé original, le crochet, pour réaliser des morceaux d’espace hyperbolique, les équivalents de la sphère en géométrie sphérique.

    http://www.math.cornell.edu/~dtaimina/gallery-8.htm

    Voici une autre belle galerie de ses réalisations:

    http://theiff.org/gallery/crocheted_hyperbolic/index.html

    (Beaucoup de belles choses sur ce site)

    Et voici enfin un photo représentant un triangle dans cet espace, tiré du site d’un collègue de Daina Taimina :

    http://www.math.cornell.edu/~dwh/papers/crochet/tri-ideal-l.jpg

    NB : La géométrie hyperbolique se retrouve dans l’art de Escher qui a repris le modèle de Poincaré de cette géométrie dans de nombreuses gravures, par exemple un poisson hyperbolique : http://math.arizona.edu/~glickenstein/circlepack

  4. chamberien dit :

    Escusez moi; mais j’ai peur de ne pas bien saisir dans le II) A) 2) « Voilà pourquoi la connaissance de la matiére… ». Ici le mot matiére se rattache-t-il à la matiére physique? Parce que si c’est le cas, pourquoi cela est il plus difficle de connaitre la matiére physique de l’âme?
    A vrai dire je ne voie pas comment comparait c’est deux connaissances. Pour moi, la connaissance de l’âme n’est pas une connaissance a proprement dire mais plutôt un ressenti assez abstrait qui n’est pas réél, car l’âme; je ne pense pas que cela existe.

  5. Simone MANON dit :

    Oui, il n’y a pas d’autre matière que ce qu’étudient la physique, la chimie ou la biologie.
    La matière est assimilable à l’étendue. « La nature de la matière ou du corps pris en général, ne consiste point en ce qu’il est une chose dure ou pesante ou colorée, ou qui touche nos sens de quelque autre façon, mais seulement en ce qu’il est une substance étendue en longueur, largeur et profondeur ». Descartes.
    L’étendue ou l’extension se prête à la mesure et aux calculs. Les phénomènes matériels n’ont pas de profondeur psychique, pas d’intériorité. Ils sont étalés dans l’espace et leurs mouvements s’expliquent par les lois de la mécanique.
    L’âme est un autre nom de ce que nous appelons le psychisme. Les phénomènes psychiques (Ex: une émotion, un désir, une représentation etc.) sont aussi réels que les phénomènes matériels et tout aussi concrets. Ouvrez un dictionnaire philosophique pour vous approprier le sens de ces deux concepts.
    Pourquoi la connaissance de son psychisme est-elle plus aisée que la connaissance de la matière? Le cours l’explique clairement dans : deuxième enjeu épistémologique.

  6. chamberien dit :

    L’âme est définie selon Platon comme comportant trois niveaux: les appetits inferieurs, le Thumos et le Noûs. Je sors peut être du sujet; mais les passions, Thumos, de chacuns, on ne peut pas vraiement les expliquer; on ne peut pas fonder une théorie verifiable dessus. Je ne comprend pas comment on peut comprendre l’âme plus facilement que la matiére? Même en relisant votre cours, je suis perdu.
    « La conscience est claire a elle même ». Je suis bien d’accord; mais peut on dire que l’âme est claire? Je ne pense pas que l’on puisse concrêtement cerner l’âme… enfin, je dis ca, je dis rien moi. Seulement j’ai vraiement du mal à comprendre le passage de ce cours ( Enjeux epistemologique, Deuxiéme )?

    Aprés re-re-relecture du cours….
    Faut il en fait comprendre que la conceptualisation d’un corps; du notre, ou des objets qui nous entourent; peut fausser notre jugement, par rapport a notre âme qui a conscience de tous ce qui passe en elle sans pour autant comprendre?!

  7. Simone MANON dit :

    Votre obstination pour comprendre vous honore.
    Par le thème de la transparence de la conscience à elle-même, Descartes signifie simplement que j’ai connaissance de tout ce qui se passe en moi psychiquement, même si je ne le comprends pas. Par exemple, si je suis traversé par un fantasme, j’en ai conscience, si j’ai un désir obscène, j’en ai conscience. La conscience (ou le psychisme)a la connaissance immédiate d’elle-même. En revanche j’ai de la peine à m’expliquer mon fantasme ou mon désir obscène puisque je ne peux pas les rapporter à l’activité de ma pensée. Descartes propose d’appeler passions de l’âme, tout ce qui n’est pas action de l’âme. Les passions sont obscures par nature.
    Pour votre dernière question, vous faîtes erreur. Pour expliquer les corps, la pensée est contrainte de construire des concepts, des modèles explicatifs dont elle ne peut jamais être sûre qu’ils sont adéquats à ce sur quoi ils portent. Tout savant se pose la question de l’objectivité de son discours. (un discours est dit objectif s’il est adéquat à l’objet sur lequel il porte) Alors que pour se saisir, la conscience n’a pas besoin de médiation, elle a l’intuition d’elle-même.

  8. chamberien dit :

    Et c’est donc parce que la conscience a obligatoirement connaissance d’elle-même qu’il est plus aisé de la connaitre l’âme que de connaitre la matiére….

    Merci pour l’explication car je nageais vraiment dans le vide.

  9. Simone MANON dit :

    Oui, cette fois je crois que vous avez vraiment compris.

  10. Vaugelassien dit :

    Bonjour,

    Je ne comprend pas vraiment la méditation « je suis, j’existe » et je pense que la premiere (je pense donc je suis) est mieu adapté pour démontrer que nous sommes ( si vous voyez ce que je veux dire). Mais j’ai une question:Imaginons que je rêve. Dans ce rêve dont je suis le protagoniste (l’homme que je suis sans réver, biensur il faut admettre pour vrai que je sois réel quand je ne rêve pas) imaginons que je parvienne à penser à une fille par exemple que jaurais apercu precedemment dans ce même rêve: La théorie je pense donc je suis ne tomberait t elle pas a l’eau? Puisque dans ce rêve je ne suis pas réel donc je ne peut pas etre.

    Merci de répondre si vous en avez le temps. Sur ce a bientot^^

  11. Simone MANON dit :

    POur comprendre correctement la méditation cartésienne, il faut vous poser trois questions:
    1) La certitude rationnelle ayant été révoquée en doute, le cogito peut-il être la conclusion d’un raisonnement?
    2)Y a-t-il sens à prétendre démontrer une existence?
    3) Y a-t-il sens à dire que rêver c’est penser?
    Il faut recommencer par votre propre effort la méditation cartésienne pour en entrevoir la profondeur.

  12. Valérie dit :

    Dans la dernière partie de votre explication sur le Cogito (B/ enjeu moral) je ne comprends pas pourquoi vous dites que ces activités (vous prenez ici l’exemple des fantasmes ) ne peuvent prendre leur source dans l’activité de la conscience. Ne cherche t-on pas plutôt en donnant une origine extérieure à ces phénomènes à nous dédouaner de la cupabilité de ces pensées ?

  13. Simone MANON dit :

    Parce que ce que la pensée consciente ne peut pas, de facto, identifier comme relevant de son intentionnalité signifiante doit procéder d’autre chose. D’une intentionnalité inconsciente pour Freud ou d’une action sur le psychisme de stimuli corporels pour Descartes. Dans les deux cas, il s’agit d’abord de rendre intelligible une production qui s’opère en nous sans l’initiative de la conscience. Peut-on dire qu’on cherche à se dédouaner d’une culpabilité comme vous le dîtes? Difficile de le prétendre pour l’interprétation cartésienne car qualifier un vécu de passion de l’âme ne revient en aucun cas à le justifier. Au contraire il y a là une exhortation à rompre avec la passivité pour exercer le pouvoir qui est celui du sujet pensant à l’égard de ce qu’il commence par subir. (de juger, consentir ou non à ce à quoi il incline)
    Pour Freud c’est moins clair et Sartre dénoncera le recours à l’idée d’inconscient comme une stratégie de mauvaise foi. CF. le cours sur Freud et l’hypothèse d’un inconscient psychique.

  14. ladeb dit :

    bonjour Madame.Je voudrais connaitre les arguments avancés par les philosophes qui critiquent le pensée de Descartes(ceux qui trouvent que la conscience ne peut avoir acces à elle meme(la transparence de la conscience à elle meme)-ou encore ceux qui trouvent que le sujet n’est pas une substance pensante). Merci

  15. Simone MANON dit :

    Vous trouverez les réponses à vos questions dans les cours portant sur la critique du cogito et l’ambiguïté de la condition humaine.

  16. JP Castel dit :

    Bonjour Madame,
    Je trouve avec surprise plusieurs textes affirmant que la conscience de soi ne serait apparue qu’avec Locke, et qu’en particulier les Grecs n’avaient pas dégagé cette notion. Il me semblait que le connais-toi toi-même de Socrate était une invitation à la conscience de soi. Pourriez-vous m’éclairer sur cette question? De même d’ailleurs que l’exhortation à l’intériorité du Christ ? Merci de votre aide

  17. Simone MANON dit :

    Les Grecs ne sont pas plus les inventeurs de l’Etat de droit, comme vous l’affirmiez inconsidérément dans votre critique de Paul Ricoeur, qu’ils n’ont pensé l’homme comme subjectivité, intériorité personnelle ou conscience de soi.
    Ce qu’un Socrate entend par « conscience de soi » ne renvoie pas à la subjectivité dans sa dimension psychologique ou personnelle. Il s’agit de définir le propre de l’homme, son « essence », c’est-à-dire de prendre conscience que nous sommes avant tout un esprit, une âme raisonnable. « Connais toi-même » signifie: découvre que tu es une âme raisonnable. Voyez le texte de Platon extrait de l’Alcibiade sur ce blog. Il se trouve dans le chapitre sur autrui sous le titre: « Connais-toi toi-même: l’âme raisonnable d’autrui, miroir de sa propre raison.
    C’est le christianisme qui fait émerger le principe de la subjectivité, de l’intériorité personnelle (Même s’il est vrai qu’il y en a déjà des germes dans la pensée hellénistique. Cf. La figure du sage: Pierre Hadot dans le chapitre sur la philosophie) et l’idée de la valeur absolue de la personne. Sur ce point voyez l’article sur les deux matrices de l’Europe.

  18. JP Castel dit :

    Merci chère Madame,
    Une fois de plus  la dernière fois c’était Paul Ricoeur, Tolérance, intolérance, intolérable  vous me faites découvrir un très bel article, dont vous êtes cette fois-ci l’auteur je suppose?

    Personnellement, je suis plus en ligne avec Castoriadis. Le tableau du christianisme que vous dressez, comme d’ailleurs Paul Ricoeur, ne fait-il pas l’impasse sur l’Ancien Testament et l’Apocalypse, c’est-à-dire sur la prétention à détenir la vérité unique et sur la violence. Dire que la Bible refuse de se reposer dans une certitude, n’est-ce pas contradictoire ?

    Quant à Jésus, je suis bien d’accord qu’il invente l’intériorité individuelle, par rapport au judaïsme biblique où cette dimension est essentiellement absente. Mais je me demande: est-ce une création ex nihilo, ou Jésus lui-même n’a-t-il pas puisé à des sources autres, vraisemblablement hellénistiques ? Connaissez-vous des travaux sur la question ?

    D’ailleurs l’inventeur de dualisme corps/âme n’est-il pas Platon plutôt que Jésus ? Sans doute la subjectivité est-elle moins développée chez Platon que dans le Nouveau Testament ?

    J’avoue que je suis étonné à chaque fois que je lis que ce serait la tradition judéo-chrétienne qui serait à l’origine de l’émergence de la science moderne. Comme si ce n’étaient pas les Grecs qui avaient fondé la science et comme si l’Eglise n’avait pas eu une attitude pour le mojns négative à son égard! Que Descartes ait officialisé le divorce entre physique et métaphysique tient -il plus au christianisme ou au dualisme de Platon?

    Enfin sur les Grecs et l’état de droit, il me semble que j’avais lu cela dans Philippe Némo, qu’est-ce que l’Occident : la notion de loi s’opposant à l’arbitraire des gouvernants, n’est-ce pas l’invention des grecs (et d’une autre façon les hébreux, mais les premiers par la recherche, les seconds par la révélation) ?

    Merci en tout cas infiniment.
    Bien cordialement

    PS: je devrais sortir en septembre un texte sur le déni de la violence du monothéisme. M’autorisez-vous à vous citer dans mes remerciements?

  19. Simone MANON dit :

    La bibliographie sur l’importance de la matrice biblique (judaïque aussi bien que chrétienne) de l’Europe est explicite dans mon article sur les deux matrices de l’Europe. Il y aurait bien d’autre ouvrages à citer mais ceux-là me semblent essentiels. Chaque auteur montre combien il ne faut pas être piégé par les apparences, en particulier celles du conflit de la science et de la religion.
    Pour la notion d’Etat de droit, il faut bien voir qu’on appelle ainsi un Etat fondé sur le souci de garantir les droits de la personne humaine, or pour qu’un tel Etat puisse apparaître il faut que l’idée juridique de personne soit constituée. Ce qui suppose que les individus soient déliés des distinctions statutaires et conçus comme des personnes à part entière (Cf. La distinction que Tonnies fait entre communauté et société ou les analyses de Hegel et de Marx selon lesquelles c’est le bourgeois de la société marchande qui est, historiquement, la condition de la personne de la pensée juridique). Dans le long processus historique ayant permis cette émergence le christianisme a joué un rôle important.
    Pour ce qui est de votre demande, il faut avoir bien conscience que je suis un modeste professeur de philosophie et que je n’ai guère pu vous être utile dans votre recherche.
    Bien à vous.

  20. akpadja komlatsé dit :

    Je suis vraiment heureux de retrouver ceci. C’est formidable de votre part.

  21. Homayoun dit :

    Bonjour,
    J’aimerais avoir une petite précision sur le cogito qui selon Sartre permettrait non seulement de prendre conscience de soi, de « s’atteindre ». Mais aussi de découvrir les autres et le fait qu’ils soient la condition de notre existence. En quoi le cogito mènerait à cela ?

    Ps : Merci pour votre travail.

  22. Simone MANON dit :

    Il me semble Homayoun que le texte de Sartre est clair. La thèse est énoncée dogmatiquement.
    « Par le je pense, contrairement à la philosophie de Descartes, contrairement à la philosophie de Kant, nous nous atteignons nous-mêmes en face de l’autre, et l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes. Ainsi l’homme qui s’atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres et il les découvre comme la condition de son existence […] Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l’intersubjectivité et c’est dans ce monde que l’homme décide ce qu’il est et ce que sont les autres. »
    Le caractère intersubjectif et non solipsiste du cogito y est affirmé. Voyez sur ce blog l’article: intersubjectivité. Se découvrir comme sujet ou conscience, c’est découvrir la liberté humaine, une liberté qui est aussi bien la prérogative des autres que la mienne.
    Bien à vous.

  23. Homayoun dit :

    Parfait, merci beaucoup.

  24. Sartres dit :

    Bonjour!
    je vous remercie déjà pour ces articles très clairs ! j’aurais une petite question par rapport au cogito cartésien ! j’ai lu cela fait déjà un petit moment (il me semble dans les concepts fondamentaux de la psychanalyse) que Lacan faisait un rapprochement entre la conception cartésienne et freudienne mais j’ai toujours du mal à saisir ce parallélisme ! il vient du rapport au doute et à la certitude ( Lacan parle de la position du doute dans le rêve). Mais je n’arrive toujours pas à saisir le rapport entre le cogito et le sujet de l’inconscient ! pourriez vous me l’expliciter s’il vous plait ?
    Bien à vous

  25. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Désolée, ma connaissance de Lacan est trop lacunaire pour répondre de manière autorisée à votre question.
    Bien à vous.

  26. Sartres dit :

    c’est bien dommage ! mais c’est un mal (un grand mot) pour un bien : cela m’incite à replonger dans mes vieux ouvrages 🙂 merci

  27. Vincent Robert dit :

    Félicitations pour votre travail toujours remarquable et d’une grande clarté. A propos du doute hyperbolique chez Descartes: vous ne semblez le reconnaître qu’à partir de l’hypothèse du Malin génie. La décision d’assimiler d’emblée le douteux au faux pour « détruire » la persistance des « anciennes opinions » relève pourtant bien de ce qualificatif. Amicalement.

  28. Simone MANON dit :

    Oui, vous avez raison, Descartes qualifie d’hyperbolique ou métaphysique, le doute général et universel dont l’usage doit être limité aux choses spéculatives.
    Dans sa réponse à Bourdin (septièmes objections) Descartes est sensible au caractère excessif de la formule si souvent présente sous sa plume: « tenir pour faux ce qui est douteux » et déclare avoir seulement signifié qu’il ne faut pas tenir plus de compte du douteux que du faux.
    Bien à vous.

  29. Choupi19 dit :

    Bonsoir, j’ai une dissertation à faire qui porte sur le sujet : » nos pensées sont elles en notre pouvoir ». J’ai assez de mal à élaborer un plan qui tiennent la route. Pourriez vous maider un construire un plan convenable s’il vous plaît?

  30. Simone MANON dit :

    Désolée, je n’interviens pas dans le travail des élèves.
    Bonne réflexion.

  31. Eckhartus dit :

    Bonjour, je me demande s’il y a une connaissance « ontologique » du monde et des corps en général ou si la certitude est « gnoséologique » uniquement. Nos idées claires et distinctes sont vraies assurément mais il me semble que la garantie divine ne porte que sur les essences, pas sur les existences. Le fait d’avoir une idée claire et distincte ne fait pas exister le contenu de l’idée. Finalement, la preuve ontologique ne s’applique qu’à Dieu. en ce qui concerne notre « connaissance » de Dieu, notre connaissance est celle d’une existence mais en ce qui concerne notre connaissance du monde, notre connaissance ne porte pas sur les existences. Peut-être que je délire complétement mais je me pose 3 questions:
    -Est-ce que notre connaissance de la matière ou de nos idées claires et distinctes sont les mêmes en Dieu ou y a t-il une différence de nature?
    -Notre connaissance claire et distincte est elle une connaissance de la chose en soi?
    -La 6e méditation prouve t-elle simplement l’existence du monde ou la conformité entre note connaissance du monde et son existence? (la différence n’est pas moindre!)
    Amicalement

  32. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Pour vous répondre en évitant le risque de l’erreur, il me faudrait rafraîchir ma mémoire en relisant un grand nombre de lettres et les réponses aux objections des Méditations car mes lectures sont trop lointaines. Je n’en ai pas actuellement le temps. Veuillez donc m’excuser de ne pas satisfaire votre curiosité.
    Je peux simplement rappeler la portée ontologique du rationalisme cartésien. Les vérités éternelles que je découvre dans mon esprit sont celles que Dieu a voulues et créées. Dans la mesure où il est la source commune de tout être et de toute pensée et qu’il est vérace, il garantit l’accord de la pensée et de l’être. Il garantit aussi ma croyance en l’existence des choses. Reste que si la raison atteint l’être, l’être déborde la raison et il me semble que votre perplexité est fondée quant à la distinction entre le plan des essences et celui des existences.
    Bien à vous.

  33. Manon. A dit :

    Je suis actuellement en train de faire de grandes (très grandes révisions pour mon BAC).
    Je suis un peu perdue dans mes notions. Je crois que je prends la philosophie comme réponse concrète aux questions existentiels. J’ai donc du mal à la réfléchir rationnellement et avec détachement des questions posées et des « brides » de réponses (qui sont plutôt des pistes de réflexions, j’en ai conscience) données par les philosophes.
    J’aurais voulu savoir si vous aviez 1 conseil, un seul qui puisse être le conseil garant (peut être) d’une réussite, ou en tout cas une aide précieuse pour réussir?
    (Je sais à priori réfléchir, ce n’est pas glorieux à dire, mais tout mes devoirs ce sont tenu à 11 sans révisions… je suis vraiment perdue)
    Cordialement Manon. A
    Avec de Grands remerciements d’avoir mit vos cours en ligne.

  34. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Le premier conseil que je dois vous donner est de veiller à la correction de l’expression.
    Ensuite d’affronter la question qui sera posée, ou d’expliquer le texte en respectant les règles de chacun des exercices, règles avec lesquelles vous devez être familiarisée en fin d’année.
    Tous mes voeux de réussite au bac.
    Bien à vous.

  35. Manon. A dit :

    Merci beaucoup de vos conseils, j’en ferrais bonne usage. Et je vous remercie aussi pour la rapidité de votre réponse.
    Cordialement

  36. Julien dit :

    Et donc qu’est ce qui est reel pour descartes ?

  37. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne prends la peine de répondre qu’aux personnes témoignant de la plus élémentaire des politesses. C’est sans doute la première chose qu’il vous faut apprendre.
    Bien à vous.

  38. Lucas dit :

    Bonjours, je suis en Terminale et nous travaillons sur la conscience en ce moment. Je me posais une question sur la remise en cause du « Cogito » par Nietzsche. Quant il se demande si il n’est pas l’auteur de sa pensée (car il n’est pas sûr que ce soit bien »Je » qui pense) et qu’il se demande si cela ne vient pas de l’extérieur, à quoi fait t’il allusion ?
    Merci bien.

  39. Simone MANON dit :

    Bonjour Lucas
    Vous trouverez des explications dans le cours: la critique du cogito qui est en lien sur cet article. https://www.philolog.fr/la-critique-de-lanalyse-cartesienne/
    Bonne compréhension.

  40. Lucas dit :

    Merci beaucoup

  41. sylla malamine dit :

    je remercie beaucoup Mme Simone MANON pour ses nombreuses contributions. j’ai une préoccupation; c’est le rapport que Descartes établit entre la métaphysique et le cogito; Dieu et le cogito. Qu’en est-il exactement?

  42. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La métaphysique est synonyme chez Descartes de « philosophie première » ou connaissance des premiers principes, des réalités immatérielles ( l’âme, Dieu, les idées éternelles). Cette connaissance ne procède pas d’une révélation mais de l’attention que l’esprit se porte à lui-même. Ainsi trouve-t-elle son fondement dans le cogito. Car qu’est-ce que le cogito? La découverte qu’un esprit, parti à la recherche d’une certitude absolue, fait de sa propre existence comme substance pensante. Or poursuivant l’examen, il découvre qu’il y a dans son esprit un certain nombre d’idées dont il interroge l’origine. Ainsi en est-il de l’idée de Dieu. Je trouve en moi l’idée de dieu c’est-à-dire l’idée d’un être souverainement parfait. Approfondissant cette idée, Descartes formule dans la 5ème Méditation la preuve ontologique de l’existence de Dieu, déjà énoncée par St Anselme, selon laquelle l’existence de Dieu est déduite de l’analyse de son essence. Dans la 3ème il montre que l’idée de Dieu qui est en moi ne peut pas avoir son origine en moi car il doit y avoir autant de perfection dans la cause que dans l’effet. Or il n’appartient pas à un être fini d’être au principe de l’idée d’infini.
     » Par conséquent il faut nécessairement conclure de tout ce que j’ai dit auparavant, que Dieu existe; car, encore que l’idée de la substance soit en moi, de cela seul que je suis une substance, je n’aurais pas néanmoins l’idée d’une substance infinie, moi qui suis un être fini, si elle n’avait été mise en moi par quelque substance qui fut elle-même infinie »
    Il faut donc bien avoir à l’esprit que pour Descartes le principe premier de la connaissance de la vérité est le « je pense » et le modèle de l’idée vraie la clarté et la distinction du cogito.
    Il ne s’ensuit pas que ses conclusions ne soient pas discutables mais c’est encore Descartes qui nous a appris qu’il n’y a pas d’autre boussole pour un homme que l’exercice de son esprit avec rigueur et méthode.
    Bien à vous.

  43. Guillaume dit :

    Bonjour Madame,

    Quand vous dites que l’existence « ne se prouve ni ne se déduit », voulez-vous dire que le « donc » de la formule « Je pense, donc je suis » n’est pas le signe qu’il s’agit d’un raisonnement apodictique ou scientifique ? Descartes ne déduit-il pas l’existence du fait qu’il pense ? Je comprends l’idée suivant laquelle l’existence ne peut que s’éprouver, mais par le fait même qu’il est possible d’en faire l’épreuve, cela ne constitue-t-il pas une preuve ? En éprouvant l’existence, n’ai-je pas, si j’ose dire, la preuve que l’existence existe ?

    Sinon, pouvez-vous me donner une bonne définition du mot « preuve » ? Dans le TLFi le mot est défini ainsi : « Fait, témoignage, raisonnement susceptible d’établir de manière irréfutable la vérité ou la réalité de (quelque chose). », est-ce, selon vous, une bonne définition ?

    Merci beaucoup.

  44. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Pour votre première question, voyez: https://www.philolog.fr/essence-et-existence/
    Pour ce qui est de Descartes: Les Méditations qui, à l’inverse du Discours de la méthode, ne sont pas adressées au grand public mais aux doctes, évitent en effet l’emploi de la conjonction: donc. Car la certitude de sa propre existence n’est pas chez l’auteur la conclusion d’un raisonnement, ne serait-ce que parce qu’à ce moment de la méditation cartésienne les certitudes rationnelles sont révoquées en doute (grâce à l’hypothèse du malin génie).
    Descartes fait l’expérience dans l’acte de pensée de sa propre existence. Le cogito a une dimension existentielle.
    Pour ce qui est de la définition de la notion de preuve: On appelle ainsi ce qui amène l’esprit à admettre la vérité d’une proposition ou la réalité d’un fait.
    Une preuve peut être rationnelle (il s’agit soit de la preuve démonstrative, soit de la preuve argumentative) ou empirique.
    Dans les deux cas, il n’y a pas de sens à dire que la vérité est établie de manière irréfutable pour des raisons épistémologiques qui seraient trop longues à développer ici.
    Bien à vous.

  45. svp je ne comprends pas bien votre manière d’expliquer le cogito.

  46. Simone MANON dit :

    Désolée, personne ne peut faire l’effort de comprendre à votre place.
    Voyez d’autres commentaires s’ils sont plus éclairants pour vous.
    Bon travail.

  47. Ounsî dit :

    Bonsoir Madame,
    J’ai découvert votre site depuis peu de jours. Au même moment que celui où j’ai vraiment décidé de me plonger dans la philosophie. Je n’ai pas de questions dans l’immédiat car j’ai bien conscience que maintes réponses sont notées sur votre site et que je dois les faire miennes. Les forums sont aussi très enrichissants. Je suis très heureuse de l’avoir trouvé car je suis bien certaine qu’en l’étudiant le mieux possible (et en appliquant la méthode de Descartes!) je vais jalonner mon cheminement de très grandes choses, avec beaucoup de plaisir.
    Tout cela pour vous remercier pour votre travail considérable qui me donne le goût et le courage (il y en a tellement!) d’en comprendre chaque jour un peu plus.
    Meilleures salutations.

  48. Simone MANON dit :

    Merci pour ce sympathique message et tous mes vœux d’épanouissement dans vos projets.
    Bien à vous.

  49. BOMOUAN dit :

    je suis Etudiant en philosophie a l université de cocody. je ne comprend pas pourquoi Descartes en disant je pense donc je suis identifie l homme a la pensée. pourquoi il dit je pense donc je suis et non je pense donc je me lave ou autre chose.

  50. BOMOUAN dit :

    j ai un problème madame j aime bien la philosophie car c est ma raison de vivre mais comme j ai faire une série scientifique et que j ai choisir philo après mon bac mes parents ;amis ;proches et mon entourage me décourage en disant que la philosophie ne débouche que sur l enseignement ce qui me décourage énormément dans mon parcours universitaire. je souhaiterai avoir des conseils .

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