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Faut-il se méfier de l'idée de nature humaine?

l' enfant loup

 

 

On se méfie de ce qui présente un danger et les idées aussi peuvent être dangereuses. L’énoncé suggère que c’est le cas de l’idée de nature humaine. Il présuppose qu’on est en présence d’une idée si peu innocente et inoffensive qu’il convient de la soumettre à l’examen.

 

  La question est de savoir si l’on peut fonder ce soupçon. En quoi l’idée de nature humaine fait-elle problème et quels sont ses dangers potentiels ? La prudence à son égard est-elle indispensable et même exigible et est-ce là la seule réception légitime de cette idée ?

   Car que cette idée soit problématique ne signifie pas que l’on puisse en faire l’économie. Voyons ce qui étaie cette perplexité.

 

 

1)      La confusion théorique et le danger pratique de l’idée de nature humaine.

 

  L’idée de nature humaine fait problème car la notion de nature signifie étymologiquement ce qui est donné à la naissance, le donné, l’inné. Le naturel s’oppose à l’acquis or l’homme dans son visage humain (la bipédie, l’usage approprié des mains, la parole, la pensée, la sensibilité, la conduite réglée par des normes etc.,) n’est pas une donnée naturelle, c’est une production culturelle. On ne naît pas homme, on le devient dans le cadre d’un milieu social et d’une histoire. La nature de l’homme semble moins être une nature donnée qu’une nature acquise. Ainsi l’exemple des enfants sauvages montre que « ce sont nos acquisitions, nos imitations qui font de nous des hommes au point de vue psychique » (K. Jaspers) L’hérédité biologique ne suffit pas à faire un homme. Celui-ci est ce qu’il est par son héritage culturel, par ses apprentissages.

  Si ce qui appartient à l’ordre de la nature se reconnaît aux deux critères infaillibles de la constance et de l’universalité, la réalité culturelle est au contraire marquée par le changement et la particularité. Un Massaï n’est pas un Hindou, un Grec du V° siècle avant Jésus-Christ n’est pas un Américain du XXI° siècle.

  D’où l’idée qu’il est peut-être nécessaire de renoncer à l’idée d’une nature humaine et d’admettre que l’homme n’a pas de nature, qu’il est un être de culture. Telle est par exemple la position d’un Lucien Malson dans son livre Les enfants sauvages. « C’est une idée désormais conquise, que l’homme n’a point de nature mais qu’il a ou plutôt qu’il est une histoire ».

  On dissipe ainsi l’illusion naturaliste dont on ne soulignera jamais assez les dangers.

 

a)      La confusion coupable de l’illusion naturaliste.

 

  Les hommes, en effet, ne sont pas avares de la référence à la nature. En témoignent les nombreuses expressions : « C’est naturel » ; « c’est contre-nature » ; « chassez le naturel, il revient au galop ». Si l’on en croit l’usage naïf, on serait dans ce domaine en pleine évidence et on ne remarque pas assez que ce qui est naturel pour les uns est contre-nature pour les autres.

  Car tel est le paradoxe : il n’y a rien de plus surdéterminé culturellement que l’idée de nature. C’est déjà le cas pour la nature au sens large. Les Anciens se la représente comme un ensemble harmonieux, une totalité finie, hiérarchiquement ordonnée, un cosmos alors que la science moderne la conçoit comme un ensemble ouvert unifié par des lois. Dans un cas la nature est pensée sur le modèle d’un espace concret, hétérogène, dans l’autre sur le modèle d’un espace abstrait et homogène. Cet exemple montre que la nature comme réel donné, (dans l’idiotie de sa présence dirait Clément Rosset) est l’otage d’un contexte culturel. Elle est une signification et comme telle s’inscrit dans un système symbolique variant d’une culture à une autre.

  Ce qui est vrai de la nature matérielle l’est a fortiori de la nature humaine.

  Nous avons une fâcheuse tendance à tenir pour naturel ce que notre coutume nous a appris à définir comme telle, soit explicitement dans le discours dominant, soit insidieusement par l’effet des habitudes. Car les usages sociaux, les manières de penser propres à un groupe sont reçus avec le lait maternel et sont si bien intériorisés qu’ils se sédimentent en « habitus » selon la formule de Bourdieu. Le sociologue entend par là une disposition acquise par imitation, éducation, appartenance à un milieu social. « L’hexis corporel est la mythologie politique réalisée, incorporée, devenue disposition permanente, manière durable de se tenir, de parler, de marcher, et, par là,de sentir et de penser » (Le Sens Pratique. Pierre Bourdieu).

    Ex : La nature de l’homme est d’être agressif, orgueilleux, nomade, celle de la femme sensible, douce, sédentaire entend-on parfois.

       La nature de l’homme est d’être hétérosexuel affirme l’hétérosexuel en présence de l’homosexuel qui, à la manière de Gide dans Corydon, convoque lui aussi la nature pour fonder en nature ce que l’autre tient pour contre-nature.

   Or «  J’ai grand peur, disait Pascal, que cette nature ne soit qu’une première coutume comme la coutume est une seconde nature ».Pensée. B 93.

   En effet comment démêler ce qu’il y a de naturel, d’originaire et de culturel dans la réalité humaine ? En l’absence d’un tel travail de discernement ne risquons-nous pas de tenir pour naturel et donc en droit universel ce qui ne constitue qu’un particularisme culturel avec les conséquences redoutables d’une telle méprise ? Car si la nature de l’homme se définit par les caractéristiques de telle culture, tous ceux qui ont d’autres traits culturels vont se trouver exclus de l’humanité.

  Il s’ensuit que l’idée naïve de nature humaine par laquelle les hommes essaient de saisir leur identité humaine n’est pas innocente. Elle n’est souvent, inconsciente de son propre déterminisme, que l’expression d’un contexte culturel et sa justification. Ce qui est très exactement ce que depuis Marx, on appelle une représentation idéologique.

   Les enjeux pratiques d’une telle confusion sont immenses car en prétendant dire ce qui fait qu’un homme est un homme de manière universelle et éternelle alors même qu’elle entérine une norme culturelle, la représentation idéologique fonctionne comme une référence normative et comme l’alibi des entreprises de normalisation. On s’autorise d’elle pour exclure comme anormales, toutes les conduites non conformes, autrement dit pour réprimer, discipliner, rééduquer, stigmatiser, emprisonner voire pour justifier un nettoyage ethnique.

 

  Au terme de cette première analyse on peut donc conclure qu’il faut se méfier de la fausse évidence de l’idée de nature humaine. C’est absolument nécessaire si l’on ne veut pas faire preuve de confusion, absolument exigible si l’on ne veut pas se compromettre avec la violence.

 

b)      La faute de l’illusion naturaliste.

 

  L’idée de nature humaine est aussi problématique en ce qu’elle prétend définir l’homme c’est-à-dire l’enfermer dans des limites assignables d’avance. La notion de nature connote en effet celle d’une certaine fixité. Une nature est un ensemble stable de propriétés essentielles. La nature d’un être limite et circonscrit à l’avance la sphère de ses possibles variations.

   Or le propre de l’homme n’est-il pas d’échapper à toute détermination en se constituant comme un pour soi ? Si l’en soi a la consistance, la permanence d’un être qui est ce qu’il est, le propre de l’être doué de conscience est d’être impuissant à être sous cette modalité. Il n’est pas, il existe. Il  néantise ce qui est, il choisit d’être ceci ou cela par son projet. Il est libre et la liberté exige de refuser l’idée d’une nature humaine. Chez l’homme « l’existence précède l’essence. Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après. L’homme, tel que le conçoit l’existentialiste, s’il n’est pas définissable, c’est qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait » (Sartre).

  Il ne s’ensuit pas qu’il n’y a pas « une condition humaine ». « S’il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine de condition. Ce n’est pas par hasard que les penseurs d’aujourd’hui parlent plus volontiers de la condition de l’homme que de sa nature. Par condition ils entendent avec plus ou moins de clarté l’ensemble des limites a priori qui esquissent sa situation fondamentale dans l’univers. Les situations historiques varient : l’homme peut naître esclave dans une société païenne ou seigneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c’est la nécessité pour lui d’être dans le monde, d’y être au travail, d’y être au milieu d’autres et d’y être mortel […] Et bien que les projets puissent être divers, au moins aucun ne me reste-t-il tout à fait étranger parce qu’ils se présentent tous comme un essai pour franchir ses limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s’en accommoder. L’existentialisme est un humanisme.1946

    Pas plus que pour Sartre, l’idée de nature humaine n’est recevable pour Marx. Ce « totem de la pensée bourgeoise », symétrique  de l’idée d’éternité est disqualifiée par ce qui définit l’homme, à savoir le travail. Car par le travail l’homme transforme le monde et se transforme lui-même. La production est au principe des rapports sociaux et il faut dire : « Il n’y a pas de nature humaine, il n’y a que des rapports sociaux ». L’intelligence, la santé mentale par exemple ne sont pas déterminées par des facteurs naturels, ce sont des productions sociales. C’est le milieu qui est déterminant dans ce qu’un homme est, non une supposée nature.

  Le marxisme dénonce ce que François Jacob appelle « le mythe de la fatalité génétique ». Est-ce au nom d’un autre mythe, celui que le biologiste appelle « le mythe de la cire vierge » ?  En tout cas, lui aussi considère que l’idée d’une nature est antinomique avec celle d’un être qui, par le travail, s’invente lui-même en même temps que ses conditions d’existence.

 

  Au terme de cette seconde analyse on comprend qu’il faut se méfier de tout discours prétendant circonscrire l’homme dans la rigidité d’une nature.

  D’une part parce que la légitimation par la nature permet à des sociétés de se dédouaner à bon compte de leur propre manquement à l’égard de certains de leurs membres. Si l’échec scolaire par exemple, procède de seuls facteurs naturels, nul besoin de réformer l’école.

  D’autre part parce qu’on risque de porter atteinte à la dignité de l’homme. Dans la mesure où il est une conscience, l’homme a toujours la possibilité de nier ce qu’il est sur le mode du donné. L’homme n’a pas de nature, il est une liberté.

 

  Transition : Qu’il faille être prudent avec l’idée de nature humaine signifie-t-il qu’on puisse la récuser en bonne et due forme ? La liquidation de l’idée de nature humaine ne pose-t-elle pas de nouveaux problèmes ?

  Car si le renoncement à ce paradigme permet de penser la diversité et la multiplicité culturelles, il interdit en retour de penser l’universalité humaine. Or pour des raisons de fait et des raisons de droit ne faut-il pas maintenir le principe d’une unité du genre humain ?

 

2)      La nécessité théorique et morale de l’idée de nature humaine.

 

a)      Les raisons de fait.

 

  Certes à défaut de pouvoir observer « l’homme tel qu’il a dû sortir des mains de la nature » (Rousseau), on peut être hypnotisé par ce que l’homme est devenu dans les mains de l’homme. La différence culturelle sautant aux yeux, la tentation est grande de décliner l’humanité au pluriel à la manière de Joseph de Maistre : «  Il n’y a pas point d’hommes dans le monde. J’ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes etc. Je sais même grâce à Montesquieu qu’on peut être Persan. Mais quant à l’homme, je ne l’ai jamais rencontré de ma vie. S’il existe c’est bien à mon insu ».Considérations sur la France.

  Pourtant n’y a-t-il pas une universalité humaine et comment la fonder ?

  Car que l’homme concret soit le produit d’une histoire et d’une culture est indiscutable mais  comment rendre compte de la production des cultures et de l’histoire si on ne peut  voir en elles l’expression d’une nature ?

  Le génie de Rousseau est d’affronter la question à ce niveau d’exigence et de montrer qu’il est possible par la spéculation de construire correctement l’idée de nature humaine. L’homme appartient au genre animal et au degré zéro de l’histoire, il est « un animal stupide et borné », pourtant il n’est pas un simple animal car l’historicité qui est étrangère à la condition animale est le signe distinctif de l’ordre anthropologique.  « Il y a une qualité très spécifique qui les distingue et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation ; c’est la faculté de se perfectionner, faculté qui à l’aide des circonstances développe successivement toutes les autres et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu ; au lieu qu’un animal est au bout de quelques mois ce qu’il sera toute sa vie et son espèce au bout de mille ans ce qu’elle était la première année de ces mille ans ». Discours sur l’origine de l’inégalité. Cf. Cours. [1]

   Au fond apprend-on, l’espèce humaine ne se définit pas par des caractéristiques concrètes mais par une propriété universelle : celle de changer. Ce qui revient à dire que la nature de l’homme est foncièrement indéterminée ; elle n’est pas plus circonscrite dans les limites d’une culture que dans celles d’une nature.

  Ainsi se trouve évité le double écueil des conceptions idéologiques de la nature humaine et de sa liquidation pure et simple. Il y a bien une nature humaine fondant l’unité du genre humain mais il est impossible de lui assigner des déterminations concrètes. L’homme n’est définissable ni par un code naturel ni par un code culturel parce qu’il a la possibilité de refuser l’un et l’autre et de se faire être tel qu’il se projette.

  Indéterminée, ouverte sur une infinité de possibles, la nature humaine porte le beau nom de liberté.

   Comme Rousseau, Lévi-Strauss sauve le principe d’une nature humaine. Comme lui il souligne que seule une démarche spéculative (# observation, constatation empirique)  permet de distinguer dans la réalité humaine empirique l’originaire de l’acquis. La première tâche du penseur et du savant consiste à formuler les critères de discrimination des ordres. L’ordre de la nature se reconnaît à sa spontanéité et à son universalité, celui de la culture à sa relativité, à sa particularité et à ses variations.

  Or la réalité humaine participe des deux ordres.

  Ainsi les hommes parlent des langues différentes mais tous parlent, ils produisent des arts différents mais la tendance artistique est présente toujours et partout, ils obéissent à des règles différentes mais tous norment leur conduite etc.

  Il y a bien présence de tendances fondamentales communes à tous les membres de l’espèce humaine. Ce qui autorise une définition purement formelle de la nature humaine dont l’universalité se particularise dans telle ou telle culture.

  « L’homme naturel n’est ni antérieur, ni extérieur à la société. Il nous appartient de retrouver sa forme immanente à l’état hors duquel la condition humaine est inconcevable ». Lévi-Strauss.

  On observe même avec la prohibition de l’inceste un fait étonnant car cet interdit semble tenir à la fois de la nature et de la culture. De la nature en tant qu’on le trouve toujours et partout. Il n’y a pas une seule société où la sexualité ne soit pas normée. La prohibition de l’inceste est universelle et pourtant la règle est variable dans ses contenus selon les groupes. Par là elle est culturelle. Lévi-Strauss voit en elle le principe d’articulation de la nature et de la culture. « Elle exprime le passage du fait naturel de la consanguinité au fait culturel de l’alliance ». Sa fonction est « d’établir entre les hommes un lien sans lequel ils ne pourraient s’élever au-dessus d’une organisation biologique pour atteindre une organisation sociale » car la prohibition est moins « une règle qui interdit d’épouser mère, sœur ou fille qu’une règle qui oblige à donner mère, sœur ou fille à autrui. C’est la règle du don par excellence ».

  Et le don est ce qui fonde les relations sociales dans la mesure où toute société est un système d’échange.

 

b)      Les raisons de droit.

 

  Une raison de droit est une raison morale ou juridique. L’idéal moral et juridique exige de recourir à l’idée d’une nature humaine pour normer les rapports humains. La reconnaissance de la souveraineté de la liberté humaine pourrait en effet  être reçue comme une invitation à exercer une volonté de puissance sans limite. Le XX° siècle a, hélas, donné la mesure de cette prétention. Dostoïevski l’avait annoncé : « Si Dieu n’existe pas tout est permis » et il est bien vrai que le présupposé de liberté confère à  l’homme la responsabilité de poser les valeurs et les lois. Il n’y a pas de transcendance le dispensant d’assumer sa liberté. En ce sens « tout est permis » sauf qu’il n’y a plus de sens à dire qu’on affirme  la liberté lorsqu’elle s’exerce au mépris des égards dus à l’être dont la dignité consiste précisément dans la liberté.

  Voilà pourquoi il est nécessaire de protéger les hommes des risques liés à un usage non réglé de la liberté.

  Ce qui est la vocation de la construction juridique et morale de l’idée de nature humaine. Elle établit que la nature de l’homme se définit par la conscience ou la raison. Par là l’homme est une dignité, il est une personne exigeant le respect. Il ne doit jamais être traité comme une simple chose, il est un sujet de droit, une liberté qu’on ne peut bafouer sans s’exposer à une légitime condamnation morale.

 

3)      Etrange réalité humaine.

 

  La réflexion précédente conduit à comprendre que l’homme est entièrement naturel et entièrement culturel. En deçà de toute convention culturelle, il y a une disposition naturelle, éminemment plastique, non déterminée à devenir ceci ou cela mais que le milieu ne saurait produire artificiellement.

  Réciproquement toute disposition naturelle est un possible, une virtualité qui ne pourrait s’actualiser et prendre forme humaine sans un milieu qui la particularise de telle manière.

 

  Cf. « L’usage qu’un homme fera de son corps est transcendant à l’égard de ce corps comme être simplement biologique. Il n’est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d’embrasser dans l’amour que d’appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme, comme on voudra dire, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d’échappement et par un génie de l’équivoque qui pourraient servir à définir l’homme »

                           Maurice Merleau- Ponty. Phénoménologie de la perception.

 

  Conclusion :

 

  L’idée de nature humaine fonde la possibilité d’une unité du genre humain par delà l’éclatement de l’humanité en multiples cultures et offre la garantie d’une limite à l’arbitraire humain dans la mesure où elle est l’objet d’une rigoureuse construction théorique. En ce sens il n’y a aucune raison de s’en méfier.

  Mais elle n’est souvent qu’une simple représentation idéologique fonctionnant comme l’instrument de cet arbitraire. Ce qui est inévitable dès lors que ce qui se prétend universaliste dans son extension s’avère particulariste dans sa compréhension. En ce sens la méfiance est une saine précaution.