« Pour bien se représenter le rôle immense de la religion, il faut envisager tout ce qu'elle entreprend de donner aux hommes ; elle les éclaire sur l'origine et la formation de l'univers, leur assure, au milieu des vicissitudes de l'existence, la protection divine et la béatitude finale, enfin elle règle leurs opinions et leurs actes en appuyant ses prescriptions de son autorité. Ainsi remplit-elle une triple fonction. En premier lieu tout comme la science mais par d'autres procédés, elle satisfait la curiosité humaine et c'est d'ailleurs par là qu'elle entre en conflit avec la science. C'est sans doute à sa seconde mission que la religion doit la plus grande partie de son influence. La science en effet ne peut rivaliser avec elle, quand il s'agit d'apaiser la crainte de l'homme devant les dangers et les hasards de la vie ou de lui apporter quelque consolation dans les épreuves. La science enseigne, il est vrai, à éviter certains périls, à lutter victorieusement contre certains maux : impossible de nier l'aide qu'elle apporte aux humains, mais dans bien des cas elle ne peut supprimer la souffrance, et doit se contenter de leur conseiller la résignation ».
Freud. Nouvelles conférences sur la psychanalyse. 1915.1917.
Objet du texte : « Bien se représenter » c'est se faire une idée claire et distincte de quelque chose. Freud invite d'abord à bien se représenter un fait : le phénomène religieux a un poids énorme dans le monde. Les religions sont des grands faits collectifs contribuant puissamment à donner au monde sa forme et sa couleur, sans doute à déterminer son destin. Au fond Freud demande de prendre acte d'un fait : politiquement, géopolitiquement le fait religieux a une importance majeure.
Pour se faire une idée très claire de cette réalité ; entendons pour en prendre la mesure exacte il convient d'articuler ce fait à un autre fait, peut-être moins donné à l'observation naïve : « il faut, dit le texte, envisager tout ce que la religion entreprend de donner aux hommes ». «Il faut » c'est-à-dire : il est absolument nécessaire de comprendre que la force de la religion tient à la force des intérêts humains qu'elle a pour mission de satisfaire. La religion est au service des besoins, des affects des hommes. Elle a une dimension utilitaire. L'immensité de son rôle sur le théâtre des affaires humaines est proportionnelle à l'immensité des services qu'elle rend.
Freud montre qu'ils sont de trois ordres :
-
Une religion propose une conception du monde. En ce sens elle remplit une fonction théorique par où elle entre en conflit avec la science.
-
Elle apaise les craintes et nourrit les espoirs d'un être confronté à l'angoisse de sa finitude et de sa misère existentielle. Freud précise que « c'est sans doute à (cette) seconde mission que la religion doit la plus grande partie de son influence ». Il souligne ainsi la souveraineté des affects dans la vie des hommes. Leur puissance est sans commune mesure avec les exigences pures de l'esprit telle que, par exemple l'exigence de vérité. Voilà pourquoi les hommes confondent d'ordinaire ce qui est vrai ou juste avec ce qu'il leur est utile ou agréable de croire tel. Là est le ressort de l'efficacité psychologique de toutes les idéologies et de toutes les religions. Elles sont infiniment plus influentes que la science car celle-ci n'est pas au service des affects (au contraire la science requiert pour être élaborée une ascèse, un effort pour s'arracher à ce que Platon définit métaphoriquement comme la prison du corps afin de faire triompher les requêtes de l'esprit) et elle est beaucoup moins capable de rendre aux hommes les services que leur rend la religion. Les hommes, en effet, sont majoritairement des êtres sensibles ne poursuivant pas de manière désintéressée la vérité et le bien. Les systèmes de représentation ordonnés à la satisfaction de leurs intérêts sensibles ont donc infiniment plus de prestige à leurs yeux que les savoirs élaborés de manière désintéressée.
-
Elle donne à ses adeptes un code de conduite et un système de pensée d'autant plus aptes à les cohérer qu'ils procèdent de l'autorité du sacré. Les religions ont en effet le pouvoir de cimenter idéologiquement les membres d'un groupe. Elles définissent une orthopraxie (ce qu'il convient de faire) adossée à une orthodoxie (ce qu'il convient de croire) dont le mérite est d'échapper à la délibération collective. Pas de conflits d'opinions, pas de débats dans les systèmes politiques fondés sur le théologique. Elles assurent ainsi une stabilité et une cohésion du corps politique qu'il est bien difficile d'obtenir là où les hommes sont reconnus comme les seuls instituteurs des savoirs et des lois.
La religion sert donc bien de multiples intérêts ; elle remplit une fonction théorique, une fonction psychologique et une fonction politique.
Remarquons que le texte proposé à notre analyse ne fait que signaler la fonction théorique et la fonction politique. Il n'approfondit pas ces aspects du phénomène religieux même s'il est suffisamment explicite pour interdire de faire l'impasse sur leur importance. L'analyse freudienne se concentre sur la dimension psychologique du fait religieux, ce qui ne saurait nous étonner. Freud n'est ni un épistémologue ni un penseur politique. C'est un spécialiste de la psychologie des profondeurs qui sait par expérience combien le déterminisme psychique conscient ou inconscient œuvre dans tout ce qui est humain.
L'enjeu de sa conférence et par là même de ce texte est donc de psychanalyser la religion et de mettre en perspective le discours religieux et le discours scientifique afin de montrer que dans le conflit qui les oppose de manière récurrente la science est vaincue d'avance ; elle ne peut pas rivaliser avec la religion parce que les requêtes de la psyché sont infiniment plus puissantes que celles de la raison.
Explication détaillée.
Pourquoi la religion (Thème) a-t-elle une place si importante dans la vie des hommes d'hier, d'aujourd'hui et sans doute de demain ? Et pourquoi dans sa concurrence avec le discours religieux, le discours scientifique ne peut-il pas rivaliser ? Telles sont les questions que Freud affronte dans ce texte où il analyse le statut de la religion dans l'économie de l'existence humaine. Il prend en considération le phénomène religieux en général, non telle ou telle religion et établit que toute religion remplit une triple fonction. (Thèse) Dans la première phrase du texte il énumère ces trois fonctions. La religion, apprend-on satisfait la curiosité humaine, elle apaise l'angoisse et entretient l'espoir ; elle normalise les rapports sociaux en consacrant de son autorité un code de conduite et un système de représentation. A partir de la troisième phrase, Freud explicite la nature des deux premières fonctions nommées en mettant en concurrence la religion et la science. Il s'agit pour lui de faire apparaître pourquoi la science ne peut pas rivaliser avec la religion. (Enjeu du texte) Constat amer pour un homme de science, mais constat d'une grande clairvoyance. On comprend clairement pourquoi le combat des Lumières n'est jamais achevé et même pourquoi il est perdu d'avance.
1) La rivalité science / religion du point de vue théorique.
L'une et l'autre satisfont la curiosité humaine.
La curiosité est l'expression de la nature spirituelle de l'être humain. Parce qu'il est esprit l'homme se pose des questions, il a besoin de s'expliquer le monde dans lequel il vit ou sa propre existence. D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Il veut savoir et soumet la totalité du réel à l'interrogation. Voilà pourquoi les hommes médiatisent leur rapport au réel par des paroles, des récits ayant pour fonction de réduire l'étrangeté des choses et de se les approprier symboliquement. Ils élaborent ainsi des systèmes de représentation du réel qui leur donnent une vue d'ensemble et expliquent par un principe unique un ensemble de phénomènes. C'est ce que Freud appelle dans sa conférence une conception de l'univers. Il faut entendre par là une construction intellectuelle ayant un caractère systématique et unifié.
La religion et la science proposent l'une et l'autre de tels systèmes mais comme l'écrit Freud elles ne procèdent pas du tout de la même manière. Leur point commun (elles produisent de l'intelligibilité) propice à des amalgames douteux (au fond prétend-on complaisamment elles procèdent l'une et l'autre d'un souci de savoir et l'une a autant autorité que l'autre dans leur domaine respectif) ne doit pas minimiser l'hétérogénéité radicale de ces discours et leur antinomie. Freud n'élucide pas, dans ce passage, cette hétérogénéité mais dans sa conférence il s'emploie à pointer les différences afin d'établir que la science et la religion n'ont pas des droits égaux à la vérité. Prétendre le contraire est de son aveu le propre d'une représentation anti-scientifique de la réalité. « La vérité, écrit-il, ne peut pas être tolérante, elle ne doit admettre ni compromis, ni restrictions. La science considère comme siens tous les domaines où peut s'exercer l'activité humaine et devient inexorablement critique dès qu'une puissance tente d'en aliéner une partie ».
PB : Qu'est-ce donc qui distingue le discours religieux et le discours scientifique en ce qui concerne le souci de rendre intelligible le réel ?
Pour l'analyse détaillée voir le corrigé: la science est-elle incompatible avec la religion?.
Conclusion :
Au terme de cette comparaison, il apparaît que la religion ne peut pas rivaliser avec la science sur le plan théorique.
Ses énoncés n'étant ni des "vérités de fait" ni des "vérités de raison", elle est extérieure au champ de la rationalité. Hume écrivait en ce sens: «Si nous prenons en main un volume quelconque de théologie ou de métaphysique scolastique, par exemple, demandons-nous : Contient-il des raisonnements abstraits sur la quantité et le nombre ? Non. Contient-il des raisonnements expérimentaux sur des questions de fait et d'existence ? Non. Alors, mettez-le au feu, car il ne contient que sophismes et illusions». Enquête sur l'entendement humain. 1748.
2) La rivalité science/religion sur le plan existentiel ou psychologique.
L'analyse freudienne établit que de ce point de vue la science ne peut pas concurrencer la religion. Son infériorité procède de son impuissance à rendre aux hommes les inestimables services que la religion leur rend.
-« Celle-ci leur assure la protection divine et la béatitude finale ».
-« Elle apaise leurs craintes devant les dangers et les hasards de la vie ...elle leur apporte quelques consolations dans les épreuves ».
« Protéger », « apaiser », « consoler ». Tous ces termes pointent le rapport du discours religieux à des affects. Ils dévoilent le sujet de ce discours ou son adepte, beaucoup moins comme un esprit curieux, soucieux de contempler la vérité que comme un être affectif dont les représentations sont ordonnées à la satisfaction de certains désirs.
-Besoin ou désir de protection. Il semble bien, en effet, que quelles que soient les religions, les hommes attendent des dieux auxquels ils vouent un culte une tutelle protectrice. Par des rites, par des prières, par des sacrifices ils cherchent à apaiser leurs courroux, à attirer sur eux leurs faveurs. Tout se passe comme si les religions s'adressaient en chacun de nous à celui qui, comme l'enfant a besoin d'un père pour veiller sur lui, lui apporter soins et attentions, éloigner les dangers menaçants lui donnant ainsi un salutaire sentiment de sécurité.
-Besoin d'être apaisé. Les dangers ne manquent pas dans une vie d'homme. Maladies, échec sentimental ou professionnel, solitude, misère, guerres, deuils, proximité de la mort. Notre condition est bien celle d'un être misérable. Vivre c'est être exposé aux aléas de la vie de telle sorte que le souci, l'inquiétude, l'angoisse sont notre lot commun. D'où l'intérêt d'un discours qui, à défaut de dissiper les craintes les tient en respect par la confiance en une puissance protectrice et bienveillante.
-Besoin d'être consolé et d'espérer un monde meilleur. L'homme désire être heureux or il a souvent rendez-vous avec le malheur. Il lui semble que le bonheur devrait être la récompense de la vertu or il observe parfois que le bon est accablé tandis que tout semble réussir au méchant. On comprend là encore l'avantage d'un discours aidant à supporter les épreuves en leur donnant un sens (ex : « Dieu éprouve ceux qu'il aime » « Dieu donne, Dieu reprend ») et qui invite à l'espérance d'un au-delà où la miséricorde divine effacera les souffrances présentes et donnera la béatitude paradisiaque.
Il va de soi que la connaissance scientifique ne peut donner de telles satisfactions. Le but de la science est la découverte de la vérité non l'assistance psychologique et morale des hommes.
Au contraire en étudiant rationnellement le réel elle le désenchante selon la belle formule de Max Weber. En soumettant le fait religieux à l'enquête scientifique, la science disqualifie la religion en en faisant à la manière freudienne le symptôme d'une névrose infantile ou à la manière de Marx un opium du peuple. Dans tous les cas la religion est dénoncée comme une aliénation et une illusion.
Etre dans l'illusion c'est prendre des fictions pour des réalités. « Une illusion, écrit Freud, est une représentation dans la motivation de laquelle la satisfaction d'un désir est prévalente »
En nommant les désirs trouvant à se satisfaire dans la religion le savant ne fait pas l'éloge de cette dernière, il en dénonce au contraire le caractère suspect.
Et s'il pointe l'infériorité de la science sur ce terrain c'est parce que l'analyse des faits l'exige. Par principe la science est muette sur les questions qui importent le plus aux hommes. Voilà pourquoi on peut à la fois être un savant et un homme de foi. Le savant ne déloge pas en lui l'existant infiniment intéressé à trouver des réponses à ses questions métaphysiques, le savant n'éradique pas en lui les attentes d'un sujet affectif ayant parfois besoin, pour se tenir debout de nourrir des espérances. Le savoir a des limites et ces limites mêmes ouvrent un espace pour la croyance. Que celle-ci procède de requêtes affectives et soit à ce titre suspecte à l'analyse rationnelle ne suffit pas à la disqualifier radicalement car il faudrait pour cela démontrer sa fausseté et cela est rigoureusement impossible. L'existence de Dieu, l'espérance d'une vie après la mort, la croyance en tel sens de l'existence, tous ces énoncés ne sont ni des vérités de raison ni des vérités de fait ; la science ne peut par principe rien en dire.
Il s'ensuit que la connaissance scientifique est compatible en fait avec la foi. La confiance en une parole délivrant un message sur les interrogations humaines les plus importantes, existentiellement parlant, n'est pas invalidée par le discours scientifique puisque celui-ci laisse les hommes totalement démunis en ce qui concerne ce genre de préoccupations. Tout au plus l'éthique scientifique peut-elle être une invitation à penser qu'il en est du sens de la vie, des valeurs à honorer, des espérances à entretenir, ce qu'il en est de la vérité objective. C'est à l'homme courageusement, en sujet majeur d'en décider de la même manière que c'est lui seul avec ses propres ressources qui bâtit les savoirs. Mais n'est-ce pas trop demander à la majorité des hommes ? N'ont-ils pas besoin du secours d'une transcendance qui, par son autorité, les dispense d'assumer la réponse aux questions essentielles et leur donne la certitude dont ils ont besoin pour ne pas succomber au désespoir et au sentiment de l'absurde ?
Ce soupçon est, certes légitime mais il ne doit pas conduire à méconnaître la spécificité de l'expérience de la foi. La même honnêteté intellectuelle que développe l'esprit scientifique et qui devrait conduire le croyant à un certain scepticisme (Les dogmes ne sont-ils pas trop utiles pour être vrais ?) devrait inviter le savant à l'étonnement et à la réserve. Car depuis que les religions ont lâché du lest dans leur fonction politique, la pratique religieuse cessant de relever d'un conformisme social s'est intériorisée. Elle est devenue une affaire de foi or la foi est, en toute rigueur, une expérience étonnante. On a la foi ou on ne l'a pas et on peut se demander si celui qui est étranger à cette expérience est habilité à en parler.
La foi est une « adhésion ferme de l'esprit, subjectivement aussi forte que celle qui constitue la certitude mais incommunicable par la démonstration » (Lalande) Quel est le sens de ce vécu ? Ce qui est étranger à la démonstration est extérieur à la science certes, mais n'est-ce pas une dimension de l'expérience humaine dont le savant doit prendre acte à défaut de pouvoir l'expliquer scientifiquement ? Pascal en tirait prétexte pour dire que « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » que c'est « Le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison » Pensées 277 et 279 B.
Au fond le théologien est tenté de disqualifier la raison comme voie d'accès au vrai et d'imposer la Révélation ou une lumière surnaturelle ; le savant qui ne reconnaît pas d'autre autorité dans la constitution des savoirs que la raison et l'expérience est tenté de disqualifier la croyance religieuse et c'est ainsi que le conflit est toujours ouvert. La rigueur rationnelle n'exige-t-elle pas, au contraire, de délimiter les places des uns et des autres et d'avouer modestement que :
-
le savoir ayant des limites, la croyance est irréductible ;
-
réciproquement que la croyance reposant sur des principes aussi peu solides que des sentiments ou des affects, sur une adhésion silencieuse hors d'atteinte de la discussion critique ; voire se revendiquant radicalement irrationnelle (« croire même si c'est absurde ») peut être un solide bâton de voyage mais doit s'interdire toute prétention à la vérité ?
Freud termine sa réflexion en précisant que la science aussi, rend des services aux hommes même s'ils sont incommensurables avec ceux que rend la religion. De fait, en dégageant les lois qui régissent les phénomènes la science permet de faire des prédictions et d'agir sur le réel pour produire ou pour éviter les faits prédictibles. « Science d'où prévoyance, prévoyance d'où action » écrit Auguste Comte. Ainsi est-il possible grâce à la connaissance « d'éviter certains périls » et de « lutter victorieusement contre certains dangers » L'efficacité technicienne témoigne bien de l'utilité du savoir scientifique mais enfin la science ne consolera jamais de la perte d'un être cher. Tout au plus enseigne-t-elle que c'est ainsi et que la seule attitude rationnelle est de prendre acte des faits. Ce que Freud appelle une attitude de résignation. La croyance en une Providence divine ou bien en un au-delà où nous nous retrouverons est en revanche nettement plus efficace en terme de soutien dans l'épreuve.
3) La fonction politique et morale de la religion
« Elle règle leurs opinions et leurs actes en appuyant ses prescriptions de toute son autorité ».
Freud souligne ici que toute religion définit une morale. Une morale est un ensemble de règles auxquelles on doit conformer sa conduite. Ces règles distinguent un bien et un mal ; un permis et un interdit. Elles ont pour fin de rendre l'homme bon et de normer ses relations avec les autres. C'est dire leur intérêt social ou politique. Les religions, selon l'étymologie, relient les hommes à une transcendance pour mieux les lier les uns avec les autres et l'avantage d'un tel fondement de la morale ou de la politique saute aux yeux. Les décrets de Dieu ne se discutant pas, il n'y a pas de conflits d'opinions dans les sociétés fondées sur la religion ; ces décrets étant sacrés, leur puissance coercitive est sans commune mesure avec celle des lois simplement humaines. On ne peut pas, en effet, échapper au législateur divin comme on le peut avec le législateur humain. Le premier voit tout, le secret des cœurs aussi bien que les conduites et si ce n'est pas dans cette vie il faudra rendre des comptes dans l'autre. Avouons qu'il y a de quoi rafraîchir les ardeurs sacrilèges ! Les religions assurent ainsi une stabilité et une cohésion du corps politique qui sont refusées aux systèmes ayant rompu avec la fondation religieuse.
En tout cas de tels systèmes ne peuvent pas attendre de la science un quelconque secours. La science étudie ce qui est ; elle n'a aucune compétence pour prescrire ce qui doit être. Tous les grands penseurs le répéteront : d'un indicatif on ne peut déduire un impératif. Le champ moral et le champ politique mettent en jeu des valeurs et le discours portant sur les valeurs est extérieur à la scientificité. Il n'y a ni science politique, ni science morale possibles. Tout au plus l'esprit scientifique peut-il développer chez ceux qui sont formés à ses exigences des vertus morales : l'honnêteté intellectuelle, le courage, la rigueur, la capacité de prendre acte des faits, la modestie etc. mais la détermination des fins, le choix des valeurs sont compétence morale ou politique, non compétence scientifique.
Conclusion
Quelle que soit la fonction envisagée, la science ne peut dans les faits rivaliser avec la religion. La nature affective de l'homme, sa complaisance dans l'état de minorité intellectuelle et politique, le besoin qu'il a d'une tutelle protectrice et d'une Parole le dispensant d'assumer l'angoisse de la liberté ou de l'autonomie rationnelle fondent la toute puissance de la religion. En droit pourtant la science est bien supérieure sur le plan théorique mais elle a des limites qui lui font obligation de laisser une place à la croyance et de reconnaître le mystère de la foi.
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Bonjour!
Cecii n’est pas à proprement parler une question de cours, bien qu’elle s’y rattache. Je vous la livre, mais si elle est trop dense pour être traitée par une simple réponse, une référence de livre sera suffisante.
: Quelles sont les grandes lignes de définition de la théologie du polotique et du libéralisme pour C.Schmitt? (grande lignes, domaines d’applications, les limites, les liens, les zones communes, les zones de divergence, points de conflit)
Si je ne vous ai pas donné mon adresse e mail habituelle, c’est que cela fait tellement longtemps que je ne l’ai pas utilisée que je ne m’en souviens plus.
Merci d’avance, j’espère que vos vacances se passent bien.
Vous avez raison Joanna, je vais me dispenser de vous faire un cours sur Carl Schmitt, d’autant plus que pour savoir s’il est légitime d’affirmer que « Tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l’Etat sont des concepts théologiques sécularisés » (« Théologie politique » 1922), il faut d’abord:
-avoir des idées claires sur cette théorie moderne de l’Etat. Il faut connaître Hobbes et aussi Rousseau par exemple. Ce que vous avez à travailler en terminale.
-avoir des idées claires sur ce que l’on entend par théologie politique. Cela passe par une connaissance de l’histoire médiévale et de ce que l’on a appelé l’augustinisme politique. Je vous conseille sur ce thème le livre de H-X Arquillière « L’augustinisme politique. Essai sur la formation des théories politiques au Moyen-Age ». Vrin.1955.
-Enfin, il faut entrer dans le débat: Schmitt-Peterson en lisant leurs ouvrages. Peterson montre qu’il y a une inadéquation entre la théologie trinitaire et le principe d’une théologie politique.
-Suggestion: le livre de Jan-Verner Muller sur Schmitt chez Calman-Lévy.
Merci!
C’est étrange que de « simples » mots aient tant de significations et de profondeur.Je suis à chaque fois fascinée par cette complexité infinie. Apprendre à « parler » n’est ce pas un tâche impossible? (et extrêmement réjouissante…)
Bonne sirée, ou bonne journée.
Bonsoir.
Je viens de lire avec satisfaction ce commentaire qui répond à la question « Quel estb du rôle de la religion? », question à laquelle vous avez répondu en exploitant les théories de Freud. Dans votre commentaire, quelque chose m’a tiqué: vous affirmez avec raison sûrement qu’il n’y a pas de conflit d’opinion dans les sociétés fondées sur la religion, donc dans les sociétés théocratiques. Mais vous pouvez me dire quelle est la place de la religion dans les sociétés européennes aujourd’hui? Je souligne surtout les Etats membres du Conseil de l’Europe. Je pose la question, car en ces jours je suis en train de faire une recherche sur « le choix et le rôle de la religion ». Je suis tombé sur un rapport ( http://assembly.coe.int/Documents/WorkingDocs/Doc05/FDOC10670.htm ) rapport dans lequel on montre les femmes qui revendiquent leurs droits fondamentaux bafoués au nom de la religion. Excusez-moi, je ne suis pas Européen, même si je n’ignore pas tant ceraines réalités qui se vivent aujourd’hui en Europe. Je vois en cette affirmation une sorte d’ambiguité, car dans le même rapport, on souligne que la religion, partant « Dieu », joue un rôle imoprtant dans la vie de plusieurs femmes en Europe. J’aimerais que vous puissiez m’aider à comprendre cela.
Merci
PS Je vous écris de Kinshasa.
Merci Costin d’avoir indiqué la référence qui fonde votre question. J’ai consulté ce rapport et il me semble qu’il convient de faire la distinction entre le statut politique de la religion et son statut social ou culturel. Les Etats européens, en particulier la France sont des Etats laïques. La liberté de croyance est protégée par la constitution mais la religion doit rester une affaire privée. Les autorités religieuses sont des autorités morales qui peuvent étre consultées mais la loi républicaine n’est pas la loi religieuse. Ainsi nous avons affirmé l’égalité en droit des hommes et des femmes. Celles-ci sont juridiquement libres de choisir leur époux, de demander le divorce, de pratiquer une IVG, de travailler etc. Mais le droit est une chose, les moeurs une autre. Une jeune fille élevée dans une famille catholique traditionaliste respectera le caractère sacré du mariage, pensera l’avortement comme un crime et ne revendiquera pas un droit à l’ordination.
Tant que cela ne concerne pas des atteintes flagrantes aux droits fondamentaux de la femme et repose sur leur consentement, il n’y a pas de problème.
En revanche certaines pratiques héritées de mentalités traditionnelles, religieuses, contraires au principe de laïcité et à la dignité de la femme ne peuvent être tolérées par les Etats européens et lorsqu’ils font preuve de cette coupable tolérance, au nom du « droit à la différence », de l’identité culturelle et du relativisme culturel, c’est au mépris de leurs principes fondateurs. Nous avons connu cette situation avec le port du voile par la femme musulmane. Certains, chez nous, militaient au nom de la tolérance, de la liberté de la femme musulmane, pour l’autorisation du port du voile à l’école. A cette époque j’ai été traitée d’intolérance par certains de mes élèves ou collègues parce que je rappelais que c’est pour sauver la tolérance et la liberté des femmes qu’il faut interdire le port du voile à l’école.
Heureusement la France a réaffirmé haut et fort le principe de laïcité. Personne n’empêche la femme musulmane de se voiler sur la scène privée et dans la rue mais personne ne peut s’autoriser d’une loi pour lui imposer de le faire si elle ne le veut pas. Et pour conquérir la liberté intellectuelle et morale, l’école de la république la met en situation de s’affranchir des conditionnements culturels et religieux.
Reste que la faillite de notre école en ce qui concerne cette mission de libéralisation des esprits, le recul du spirituel dans nos sociétés consuméristes ont tendance à faire le jeu d’une certaine revanche du religieux. Et il va de soi que ce n’est pas une bonne nouvelle pour les femmes.
En tout cas lorsqu’il y a un crime d’honneur, une mutilation génitale, un mariage forcé par exemple sur le territoire français, c’est en violation de la loi et si le Parquet se saisit de l’affaire les coupables seront sévèrement sanctionnés.
Néanmoins je dois vous avouer que je vois avec beaucoup d’inquiétude certains mouvements intégristes progresser dangereusement en France.
Bonsoir, Madame
Je viens de lire avec satisfaction votre réponse assez détaillée et claire. Pour nous, c’est plus vivace d’avoir des témoignages comme ceux-là sur l’environnement moral et religieux du monde occidental, autrement nous risquons de preter des intentions aux occidentaux dont du reste on raconte bien des choses quant à la morale et à la religion.
Si vous pouvez etre disponible, je pense pouvoir vous poser d’autres questions relatives à ces « valeurs ».
Merci et bonne soirée.
Je suis très intéressée par votre réponse Costin. Je vais vous expliquer pourquoi. Il n’y a pas besoin d’être un grand observateur de la scène mondiale pour être sensible aux fractures qui sont en train de se creuser entre les différentes aires culturelles. Occident(chrétienté) /Islam; Occident/ Chine par exemple. Or ces fractures, j’en suis convaincue, s’étayent en grande partie sur des constructions fantasmatiques de l’autre, entretenues par les esprits malfaisants de tous les côtés. Tout cela est lourd de menaces pour l’avenir et la paix des peuples.
« On raconte bien des choses quant à la morale et à la religion » des occidentaux, dîtes-vous. Si vous avez le temps, pourriez-vous être plus explicite sur ce point? Si ce blog contribuait modestement à déconstruire les fantasmes, il ne serait pas tout à fait inutile.
Merci d’avance et bonne journée.
Bonsoir, Madame Simone.
J’ai lu votre réaction. J’ai conscience que mon propos est provocant. Je dois vous répondre pour etre plus explicite, mais je vous demande de me donner du temps. En effet, je suis étudiant en théologie et j’ai des travaux académiques que je dois présenter ces jours-ci. Or je m’imagine que je vous dois une réponse assez bien conçue.
Merci
A bientôt.
Merci d’avance Costin. Prenez votre temps, il n’y a là aucune urgence mais un réel intérêt pour moi.
Bon courage et tous mes voeux de réussite pour les travaux en cours.
Merci de me comprendre. Mais veuillez me le permettre. Je voulais savoir, pour équilibrer nos échanges, si vous etes croyante et pratiquante, si oui, catholique, protestante, anglicane, orthodoxe, musulmane, boudhiste ou autre. Quant à moi, je suis catholique romain, pratiquant, d’ailleurs religieux et aspirant pretre, au moins jusqu’en ce jour. Si vous estimez que ce n’est pas important, laissez tomber.
merci.
Je considère que cela n’a pas d’importance. N’importe quelle information, même si elle est l’écho de préjugés doit pouvoir être entendue et discutée par un esprit soucieux de vérité. Néanmoins je satisferai à votre demande après avoir reçu votre message.
Bonsoir, Madame Simone.
Je vous avais promis une réponse qui serait bien conçue, mais je vous assure qu’il ne s’agit que d’une collecte de quelques témoignages de ce qui se raconte quant au vécu religieux et moral en Occident en général et en Europe en particulier. Ces témoignages sont rendus tant par mes compatriotes congolais ou africains que par des européens qui sont ici en Afrique pour la mission. Ce que je vais vous raconter concerne exclusivement les catholiques ; les fidèles croyants des autres religions pourront en parler autrement. Tout cela se résume dans le sentiment de relativisme religieux et moral ainsi qu’à l’indifférence vis-à-vis de la religion et de la morale comme on le dit. En voici quelques traits :
– Quand on va à la messe en Europe, dit-on, on constate que la religion serait réservée à quelques personnes âgées : on ne voit dans les enceintes de l’église que des vieilles personnes, une trentaine peut-être, si non au moins en plus grand nombre, et pour une messe qui ne dépasse pas ou légèrement trente minutes.
– Un confrère prêtre nous a raconté qu’à Nairobi où il fit ses études, il avait rencontré un britannique, père de famille, qui accompagnait chaque matin sa femme et ses enfants à la messe, mais qui n’entrait jamais dans l’église. Et pourquoi ? Ca ne m’intéresse pas, disait-il.
– Certaines familles religieuses ferment leurs maisons en Europe, car les jeunes ne s’intéressent plus à la vocation à la vie consacrée et sacerdotale. Ex. : les missionnaires oblats de Marie Immaculée en Belgique qui sont tous vieux ; les pères grands carmes de la province d’Allemagne inférieure où le plus jeune avait cinquante ans en 2004 ; leur noviciat de Rome qui n’avait aucun novice en 2005, alors qu’il en avait chaque année une dizaine. Selon le témoignage de l’Evêque de mon diocèse d’origine, un séminaire canadien, qui accueillait quatre et cinq cents séminaristes jusqu’en 1998 quand il (mon évêque) était au Québec pour ses études, n’en comptait qu’à peine une trentaine ou une quarantaine en 2003 quand il était rentré là pour une visite.
– Concernant la pratique des sacrements, on remarque un relâchement doctrinal quant au pardon des péchés postbaptismaux ainsi qu’au mariage et aux valeurs de la famille : tolérance des unions conjugales jadis intenables voire non naturelles : phénomène d’homoxexualité et de lesbianisme, mariage avec contrat à court d’années, des divorces ou des couples qui ont séparé le lit et qui ne partagent ni la chambre à coucher ni l’intimité sexuelle, les IVG et autres pratiques acceptées soit disant pour des raisons thérapeutiques. Les couples nouveaux ne veulent plus avoir des enfants, ou seulement un ou deux ou au maximum trois : on veut se faire davantage d’argent pour s’adonner plus au plaisir, aux jouissances et aux loisirs.
Ces phénomènes ne sont pas très étrangers en Afrique : ils sont déjà observés dans certains coins, surtout dans les grandes agglomérations urbaines.
A voir toutes ces choses, on a comme impression que la religion et la morale sont reléguées au deuxième ou troisième plan, car elles ne donnent plus de réponse aux questionnements des hommes. En plus, l’homme s’est rendu compte de ses capacités maîtriser l’univers dont Dieu n’est plus le maître. Cela est dû aux grandes avancées techniques et scientifiques des derniers siècles et dont les effets s’étendent à l’échelle planétaire ; d’où la mondialisation ou la globalisation.
Il paraît que ces choses affectent la vie des hommes, ou de certains hommes, de façon de plus en plus profonde et tenace, si bien qu’il se crée le mouvement de la fuga mundi déjà observé dans les temps les plus reculés. Au lieu des vocations sacerdotales et consacrées, des gens veulent plutôt aller loin du monde et s’enfermer dans les monastères de la plus stricte observance. D’autres s’adonnent à des drogues ou mettent carrément fin à leur vie en se suicidant. Très nombreux sont les cas de dépression.
Dès lors, l’Europe qui jadis était le foyer de la chrétienté, principalement la France, fille aînée de l’Eglise, est devenue aujourd’hui le pays de mission, une mission qui cherche à réveiller et à rendre vivantes les valeurs religieuses et morales tombées en désuétude.
Voilà, madame Simone, tout le témoignage de ce qui se vivrait en Europe aujourd’hui et que j’ai voulu vous partager. Il ne s’agit que de ce que j’apprends de ceux qui rentrent ou qui viennent de l’Europe, africains et européens. En étant sur terrains et vivant les faits de vous-même, vous pouvez contester ces témoignages tout en me donnant le vrai du vécu moral et religieux actuel en Occident en général et en Europe en particulier.
Merci Costin pour ces précisions.
On constate en effet un recul de la pratique religieuse en France, un assèchement des vocations et un retrait de la morale religieuse.
Mais cela ne signifie pas une disparition du sentiment religieux. L’idéologie individualiste (au sens noble: souci de la personne humaine et de ses droits) est passée par là et on observe une tendance des hommes à se concocter une religion « à la carte ». Certains parlent même d’un retour du religieux même si c’est sous des formes moins institutionnalisées.
Et surtout cela ne signifie pas une disparition de la morale ou du moins de l’éthique.
Ethique si l’on accepte le principe spinoziste du bon et mauvais en lieu et place du bien et du mal. La musique est bonne pour celui qui entend, mais pour le sourd elle n’est ni bonne ni mauvaise. Les personnes peuvent donc avoir des principes éthiques différents sans être condamnables pour autant. En ce sens il est vrai que le relativisme des valeurs a gagné du terrain. Ce n’est pas par principe une tare et cela n’exclut pas la nécessité de la délibération raisonnable pour discriminer les valeurs raisonnables de celles qui ne le sont pas. Parce que la laïcité de l’Etat et la démocratie offrent un espace pour ce débat, elles incarnent à mes yeux un niveau de civilisation supérieur aux espaces sociaux où une domination religieuse l’interdit.
Morale si l’on ne veut pas faire le deuil de l’universel et de l’absolu or la morale peut se passer d’un fondement divin. Kant disjoint, comme vous le savez la morale et la religion. Celle-ci ne fait que formuler comme commandements divins ce que la raison, en chacun de nous, nous fait connaître comme nos devoirs. La grandeur de Kant me semble être de souligner que la moralité ne se définit pas par une matière, un contenu mais par la nature de l’intention et l’universalisation possible des maximes de l’action.
La morale rationnellement fondée me semble préférable à une morale religieuse en tant qu’elle est synonyme d’autonomie mais la promotion en chaque homme de la raison est chose aussi difficile et rare que la véritable foi chrétienne. Dans les deux cas il y va d’une certaine forme de sublime et les grandes choses sont par définition rares. Mes concitoyens ne me semblent donc ni plus ni moins immoraux aujourd’hui qu’hier. Les moeurs sont seulement plus permissives et ce qui se faisait sous le manteau hier se pratique maintenant au grand jour. Moins d’hypocrisie donc mais les petitesses humaines sont toujours les mêmes et les grandeurs aussi.
Le salut n’est pas dans les religions. Celles-ci n’empêchent pas les gens de cesser de s’aimer, d’avoir des tendances suicidaires ou des préférences sexuelles différentes de celles de la majorité. Elles peuvent donner des raisons de vivre mais elles n’ont pas le monopole de cette fonction. Même si je n’ignore pas ce que je dois au message christique avec ce sommet qu’est « le Sermon sur la Montagne », je sais aussi que les religions divisent les hommes, qu’au nom de Dieu on peut leur faire faire des choses terribles. La place de Dieu dans le monde, c’est celle de l’exigence morale jointe à la bienveillance à l’égard de nos semblables. Efforçons-nous de les honorer dans toutes les occurrences de notre vie. C’est le chemin vers le Royaume des Cieux qu’il faut surtout se préoccuper de faire exister sur la terre. Il me semble que s’il y a une vérité de notre époque, elle consiste à considérer que l’horizon de la vie humaine est un horizon terrestre, rien que terrestre.
Avec mes meilleurs sentiments.
Bonsoir, Mme Simone.
Sincèrement merci pour ces lumières qui ont dissipé mes zones d’ombre.
J’espère que vous serez disponible de recevoir et de résoudre mes prochaines et éventuelles questions. Je ne crois pas pouvoir vous déranger tant.
Merci.
J’ai beaucoup apprécié notre échange Costin et à mon tour j’aimerais vous poser une question. Est-il vrai que l’image de l’Afrique diffusée en France: sous-developpement, corruption, manque de dynamisme etc., bref image négative, ne correspond pas à la réalité et qu’il y a une Afrique nouvelle prête à montrer au monde qu’il va falloir sérieusement rectifier les représentations? Evidemment je me doute bien que la notion d’Afrique est trop large pour une réponse précise. Qu’en est-il de votre pays?
La réponse peut attendre si vous avez du travail.
Avec mes meilleures pensées.
toutes mes excuses, madame Simone. C’est seulement cette nuit que je vois votre question. J’ai fait plus de 10 jours sans me connecter. Je promets de vous répondre un peu plus tard.
Vous serez patiente, j’espère.
Merci.
J’espère que mon retard ne vous a pas indignée, puisque je ne vois pas que vous ayés reçu mon excuse. Qu’à cela ne tienne. Depuis plus d’une dizaine de jours, j’ai de panne technique sur mon ordinateur domestique. Je me débrouille pour des urgences au cybercafé public. Vous comprenez pourquoi je n’ai pas pu faire attentioin à votre message.
Pour en revenir à la question, tout d’abord l’Afrique est un très vaste continent avec ses plus de cinquante pays. Il est bien difficile de donner une vue appréciative et critique conforme à la réalité, chaque sous-région africaine ayant des choses propres qui la caractérisent. En exemple, mon pays, le RD Congo, avec ses 2.345.410 km de superficie est au moins 76 fois plus avaste que la Belgique (30.528 km carrés) qui l’a colonisé jusqu’au 30 juin 1960. Quant aux images négatives de l’Afrique diffisée, je dis, devant le monde, tout dépend de l’intention de l’agent diffuseur et du message qu’il veut transmettre.
1. Sous-dévelopement: c’est devenu un concept difficile à expliquer a priori; s’il s’agit des avancées technoscientifiques, on aurait raison, car dans ce sens il n’y a d’exceptionnelles réalisations purement africaines. Tout est quasiment importé de l’extérieur.
2. Corruption: bien que l’on dise que l’on ne corrompt que le corruptible, la corruption n’est pas du tout une réalité proprement africaine. Nos chefs politiques voire sociaux et autres sont bien sûr corrompus.
3. Manque de dynamisme: ce n’est pas du tout faux, mais cela dépend de plusieurs facteurs surtout internationaux.
Vous savez, avant l’arrivée de l’homme blanc en Afrique vers les 14, 15 et 16èmes siècles voire 18 et 19ème siècles, ou plus avant ces dates, selon les vestiges découverts, les africains prospéraient en certaines choses sur le plan technique, social, organisationnel et autres. Mais tout ce que l’africain entreprenait a subi la fameuse tabula raza, toutes ses initiatives étant réduites au satanisme: ses cultures, ses arts, etc., bref ses civilisations et la civilisations occidentales et chrétiennes étant proposées sinon imposées comme étant « la vraie civilisation ». Je ne nie pas les valeurs morales, chrétiennes et autres qui sont d’un grand bénéfice pour nous africains, mais il n’est pas non plus faux que sans la colonisation européenne nous n’ayons pas davantage évolué. Vous savez, madame, l’Afrique a connu les plus atroces des événements historiques de son passé: les traites des noirs, les colonisations, les déportations des noirs dans les concessions du nouveaux monde (Amérique). Elle a vu beaucoup de ses géants fils et filles déportés, horriblement massacrés sous prétexte de résistance, ses terres spoliées et prises comme des consessions ou domaines privés de l’homme blanc qui devait l’exploiter à volonté. En exemple, tout mon pays est resté longtemps, depuis 1885 suite à l’accord de Berlin, une propriété privée du roi de la Belgique avant de devenir une colonie belge vers les années 1920. Ses richesses minières, ses faunes et ses flores, ses ressources humaines, ont appartenu à un individu qui a brûlé tous les documents d’archive avant de transférer sans propriété à sa nation. Vous comprenez que l’Afrique a été suffisamment pillée et continue de l’être jusqu’à nos jours, et jusques-en quand? Seul l’occident le sait. Excusez-moi, je n’accuse pas tant l’occident, mais c’est la réalité qui se vit actuellement.
Nos chefs sont corrompus, mais par qui? Ils sont mis dans des conditions impossibles où ils sont obligés à dépendre de l’occident et à quel prix? Ils reçoivent 1000 et sacrifient 10 fois plus voire davantage selon les soient dits accord de collaboration NOrd – Sud. Je pense que, et c’est ma conviction comme celle de nombreux personnes qui savent voir et comprendre, qu’ils soient africains ou pas, je pense donc que le sous-développement africain est tributaire des colonisations, du néocolonialisme et des spoliations dont elle souffre encore aujourd’hui et peut-être encore deamain et après demain. Le manque de dynamisme? Beaucoup de chefs africains ont eu la bonne volonté de prospérer, mais toujours des batons dans les roues: ils sont soit assassinés (Kasa – Vubu, Laurent Kabila, etc.), soit traités de dictateurs, soit ils ont subi des coups d’Etat entretenu par « les compatriotes » pillonnés de l’extérieur. bref, nous ne sommes pas libres de prendre nos initiatives et de faire notre histoire. En exemple, la coopération chine -afrique vient ajouter de la poudre au feu. Je ne suis pas contre la collaboration nord sud, mais il faut respecter les termes des closes contractuelles et les principes en fonctions des souverainetés respectives, c’est-à-dire l’afrique appartient aux africains, comme l’occident aux occidentaux, même si les uns et les autres peuvent se retrouver sur les territoires des autres. Je ne crois pas qu’un britanique puisse accepter qu’un zimbabwéen ait une concession en grande brétagne, et pourtant le contraire est vrai et se vit au Zimbabwe, comme dans de nombreux pays africains. Un journaliste africain ne peut jamais parler d’un président occidental comme il en est le cas entre journalistes européens à l’endroit des chefs d’Etat africains. Bref, nous ne sommes pas encore vus comme des « hommes » aux yeux de certains mondes, peut-être nous en sommes responsables, mais je crois que nous sommes surtout victimes de l’hiostoire séculaire.
J’ai peut-être été trop dur, mais c’est comme ça. Les images négatives de l’afrique diffusée sont pour la plupart réelles, mais elles dépendent de tous ces facteurs et autres que j’ai somairement décrits. L’évolution de mon cher et adorable continent en dépend. J’espère que je ne vous aurai pas choquée.
Merci, Madame Simone Manon.
Merci Costin de votre réponse. Elle ne me choque pas mais elle me fait prendre la mesure, si cela était nécessaire, du contentieux qui mine, non seulement le rapport des occidentaux et des autres mais aussi la capacité des anciens colonisés à comprendre que désormais c’est à eux qu’appartient la charge de faire leur histoire. On ne peut pas indéfiniment s’exonérer de la responsabilité d’assumer son présent et de construire son avenir. La facilité des discours victimaires me semble trop répandue aujourd’hui et j’ai parfois l’impression que vous cédez à cette tentation.
Peut-être serait-il sage de dénoncer un culte abusif de la mémoire et, sans rien oublier, se dire avec Valéry que :
» L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines ».
J’espère qu’il y a sur ce grand continent une nouvelle génération qui va cesser de solder les comptes du passé et va prendre son destin en main en se disant que le passé n’est plus et qu’il dépend d’elle que l’avenir soit autre chose que la répétition des tragédies passées.
C’est en tout cas mon voeu le plus cher.
Avec mes meilleurs sentiments.
Bonjour, Madama Simone.
Cela fait bien longtemps que je n’ai pas eu l’internet chez moi: voilà pourquoi je n’ai pas pu lire votre réaction dès sa réception. Au fait, je vous comprends très bien et je ne doute pas que vous ayiez écrit ces choses. Moi, je ne suis pas xénophobe et je ne nie pas non plus la responsabilité des africains par rapport à leur situation pas non plus celles de l’extérieure.
J’ai beaucoup apprécié votre façon très simple de vous exprimer, d’aborder les sujets et d’enrichir ces échanges que nous avons. Mais, permettez-le-moi: Comment l’Afrique est-elle vue de l’europe en général et de la france en particulier? Et vous personnellement comment la voyez-vous? Et quelles sont les voies d’issue que vous pourriez vous en tant qu’individu proposer pour sortir l’Afrique de sa « misère »?
« Baccalauréat oblige » Costin.
Je suis débordée. Je vous répondrai dès que possible.
Avec mes meilleurs sentiments.
Ne vous en faites pas. Pas urgent, mais utile et nécessaire. Faites d’abord ce que vous avez à faire, et vous pourrez me répondre.
Merci
Me voici en vacances depuis quelques jours et comme promis je me souviens de votre question Costin. Le problème c’est que je ne me sens pas de taille à lui répondre. Les jugements portés sur l’Afrique dépendent beaucoup des partis-pris idéologiques des uns et des autres. J’ai beaucoup lu sur cette question mais j’ai horreur de prononcer des jugements de seconde main. Ma connaissance n’étant que livresque, (quelques séjours touristiques ne permettent pas de saisir la réalité des choses) je suis en panne d’imagination pour satisfaire votre curiosité.
L’attitude de l’Union africaine sur ce qui vient de se passer au Zimbabwe, les troubles récents du Kenya, ce qui se profile en Afrique du Sud, ce qui s’est passé au Rwanda et tant d’autres exemples ne me donnent pas une haute idée de l’Afrique. Mais il y a sans doute tous les obscurs dont personne ne parle et qui pourtant tracent les chemins d’un avenir imprévisible. De toute façon les recettes du décollage de ce grand continent ne seront pas différentes de ce qu’elles ont été ailleurs: l’instruction bien sûr, ce qui suppose un minimum de richesse pour former avec rigueur et payer des professeurs, pour construire des écoles, une ardeur au travail, une plus juste distribution des richesses, la liberté politique et la libéralisation des esprits. Tout cela a à voir avec un processus d’européanisation parce que les valeurs de la culture européenne sont des valeurs universalisables. Ce n’est pas politiquement correct de s’exprimer ainsi. Mais pour bien comprendre ce que je veux faire entendre, il faut vous reporter aux articles sur l’Europe que je publie en ce moment.
J’ai bien conscience que ma réponse n’est guère satisfaisante et pourtant je crois dur comme fer que ce que ce qui s’est produit en terre européenne (je pense aux grandes oeuvres de la culture universelle que nous avons fait l’effort de nous approprier, à la liberté politique que nous avons conquise, à l’aisance matérielle dont nous jouissons, à l’égalisation des conditions avec la formation d’une grande classe moyenne, à l’esprit de tolérance etc. ) est à la portée de tout peuple. Mais cela ne se fait pas en un jour et sans la responsabilisation des masses et surtout celle des élites dans un premier temps. C’est cet aspect de la question qui me rend le plus pessimiste.
Bonjour, Madame Simone, j’étais sorti de Kinshasa pour plus de trente jours et je n’ai pas de contact avec l’Internet à la campagne où j’ai été. Je viens de rentrer il y a quelque jours; mais là encore il faut dire que j’étais tenu aux devoirs qui sont les miens. Ce sont des raisons pour lesquelles je réagis à votre messages presque deux mois plus tard. Merci de vous sacrifier pour de répondre à ma curiosité. Je m’excuse de vous déplacer de votre terroir philosophique, bien que je sache que la philosophie est un englobant.
Je rêve trop, et par moment, mes rêves peuvent s’avérer être chimériques. La situation de mon pays (et de toute l’Afrique) m’énerve beaucoup, et toues les temps je réfléchis à moi-même pour savoir comment il faut sortir ce grand continent de l’abîme où il s’engouffre chaque jour davantage. La nature a doté mon pays de beaucoup de potentialités mais dont nous ne profitons pas assez, ou presque aucunement: nous demeurons toujours pauvres.
De fois, je me représente que l’Europe s’est « développer » parce que les pays européens sont constitués des peuples appartenant à une seule tribu: les français sont français, les italiens, les espagnols, les portugais, les allemands, etc. alors que les Etats africains sont une bonne amalgame des peuples très différents, souvent rivaux et conflictuels, ayant des visions du monde très propres, mais formant une seule patrie. Mais je me dis aussi que cela n’est en rien une entrave à une avancée effective, car des Etats comme la Chine (56 ensembles tribaux) et l’Inde (plus de 1200 langues parlées supposées appartenir à autant de peuples différents) ont émergé et deviennent des puissances économiques et technologiques qui s’imposent à l’échelle mondiale grâce à leur savoir faire (cf. par exemple derniers jeux olympiques en Chine et les exportations au monde des produits pharmaceutiques et informatiques indiens…)
En mon sens, tout dépend de la prise de conscience et de reconnaissance des responsabilités propres à chacun et finalement de la volonté de changé, et cela tant de l’intérieur que de l’extérieur: nous n’avons pas la liberté politique, par exemple; en conséquence, il devient très difficile et très risquer de prendre une quelconque décision. Vous le savez par exemple que des entreprises et sociétés privées chinoises ont beaucoup investi en Afrique. Dans mon pays, parmi les contrats signés, il y avait le projet de construction d’une autoroute transnationale doublée d’un chemin de fer, le tout long d’environ 7000 km (3500 km d’autoroute et 3500 de chemin de fer). Mais le projet a été controversé par Washington, finalement il est tombé dans l’eau. Je ne voulais parler de cela, mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autre. C’est pour dire que nous pouvons bien vouloir et décider, mais il faut aussi savoir la chose plaît aux grandes puissances politiques et économiques, bref à la communauté internationale.
Dans mon pays, je sais que nous n’avons pas droit à la misère, à la famine, à la disette, aux aides humanitaires en nourriture, même la production agricole est rudimentaire. Imaginez-vous: ici à Kinshasa, nous mangeons du riz importé de la Chine, des deux Corées, de l’Inde ou du Japon, du riz conservé dans des conditions pas très certaines, alors qu’à l’Est de mon pays, à plis ou moins 2000 km d’ici, le riz local pourrit dans des dépôts, faute de moyen de déplacements, pas de route ni de chemin de fer, ni bateau pour acheminer les produits à Kinshasa où beaucoup de meurent de fin.
Je pense que malgré tout, nous avons besoin des chefs conscients et responsables, capables de dire non au pris de leurs sangs à tout ce qui pourrait être imposés d’un tiers pouvoir et d’accepter de travailler pour l’intérêt public. Ces chefs devront être capables de refuser la corruption, de supprimer l’impunité, de revoir sinon de réformer le système éducatif, de beaucoup financer dans l’éducation et l’instruction, mais davantage de savoir réunir toutes les volontés des peuples autour des mêmes préalables susceptibles de permettre une condition de vie heureuse et paisible de la population. Ne vous en faites pas, Madame, mon pays sincèrement parlant n’a pas besoin de beaucoup d’aide extérieure pour décoller. Mes compatriotes ont besoin d’un environnement politique sain et fiable; ils ont besoin des chefs bons gestionnaires du patrimoine public: entreprises publiques, les ressources humaines, naturelles et minières. Ils ont besoin des infrastructures pouvant leur faciliter leur propre déplacement avec leurs biens en toute sécurité. En ces conditions, deux suffisent pour que ce pays change de face.
J’ai beaucoup de confiance et d’espoir que ma vie ne finira pas avant de goûter des jours heureux dont je rêve.
Avec toutes excuses de vous déranger peut-être, je vous remercie sincèrement.
Costin
PS.: Costin est l’abrégé de mon prénom Constantin
C’est un plaisir de vous lire, Contantin. Je vois que nos jugements se rejoignent et vous souhaite d’être comblés dans vos désirs bien légitimes. Un ami qui rentre du Kenya vient de me donner des nouvelles inclinant à l’optimisme. Néanmoins je n’ignore pas que le développement d’un pays demande du temps et qu’une vie d’homme étant limitée, c’est toujours trop long lorsque l’on se place à l’échelle individuelle.
Vous ne me dérangez pas. Je trouve merveilleux de déjouer, par l’outil internet, l’obstacle de la distance et des clôtures ethnocentriques. Le souci de l’universel s’atteste ainsi plus concrètement, preuve par l’exemple que ceux qui voudraient nous faire croire que la couleur de la peau, les enracinements géographiques et culturels sont des obstacles insurmontables se trompent.
Bien à vous.
Bonjour, Madame Simone
Je tiens à vous remercier pour vos réflexions que vous avez gré de ma partager et du temps que vous disposez pour moi. Il est, le ballon est dans notre camp: c’est qui sommes responsables de ce qui nous arrivent, car nous sommes consommateurs dépendants, très peu productifs investissant le moins possible. L’outre mer n’a qu’à profiter de notre naïveté: en tout, qu’il y a des crises politiques, économiques, qu’il y ait des guerres dont les grandes puissances seraient des acteurs lointains, ce sont toujours des africains qui sont utilisés pour jouer ces jeux d’ordre politique ou guerrier. Et cela, tant que nous n’en aurons pris conscience, nous serons toujours esclaves de l’occident; tant que nous accepterons de tuer nos frères qui auront refuser de servir les intérêts étrangers, l’esclavage va faire son chemin en Afrique. Je sais qu’en occident il y a cette politique menée par des grands savants, mais cette politique n’a d’effet que parce qu’en Afrique elle trouve des gens naïfs qui s’y soumettent. Et vous ne me direz pas le contraire, l’Occident mène cette politique pour trouver des matières premières qui alimenteront ses usines: le pétrole, le cuivre, le diamant, le coltan, l’uranium, etc. Voilà tout ce qui justifie la guerre en Afrique et dans les pays du tiers monde.
Je pense que nous devons éduquer nos peuples africains a fortiori à se réveiller et no chefs à bien voir les contours des contrats qu’ils signent avec les grandes puissances économiques et politiques mondiales. Je ne refuse pas les coopérations internationales, mais nous devons bien analyser leurs termes.
J’espère que je ne vous choque pas en parlant ainsi; vous remarquerez que j’aime la révolution, mais ma révolution consisterait à apprendre à voler de ses propres ailes, sans faire du mal à personne et sans refuser de cheminer avec lui.
Voilà tout pour le moment.
Merci
Costin
PS.: j’ai désiré entrer en contact avec vous articles récemment publiés sur l’Europe, mais j’ai comme impression que vous ne les avez pas publiés en ligne. Une précision dans ce sens, svp.
Bonjour Constantin
Je retrouve dans votre message un rapport imaginaire à l’Occident et une tentation victimaire que je trouve fort dommageables. Il serait temps de tordre le cou à ces représentations trop commodes. On ne prend jamais vraiment en main sa destinée tant qu’on impute ses échecs aux autres.
Pour mes articles sur l’Europe, ils sont publiés dans le chapitre XXI. Il faut les lire dans l’ordre chronologique si cela vous intéresse.
Avec mes meilleures pensées.
Bonjour et bon dimanche
j’ai lu votre réaction, mais je n’ai pu y répondre; évidemment, je n’avais pratiquement plus rien à ajouter à ces échanges. J’airai voulu dans les temps à venir changer à un autre champs d’échange, pour ainsi revenir à ce que vous faites d’ordinaire. Pour la semaine écoulée, je n’ai pas été en contact avec l’Internet, car nous avions perdu un membre de notre communauté: nous étions occupés aux services relatifs à cette circonstance jusqu’hier quand il a été ensevelli avec tous les honneurs qu’il a mérité: c’était un homme brave sans complexe que j’aimais bien écouter. Puisse son âme reposer en paix!!
Par rapport à mon dernier courrier, j’ai senti que vous avez un tout petit peu vexée, mais je n’aivais aucune intention d’invectiver l’occident et l’Europe, mais c’est un fait réel dont l’issue ne pourra venir que de nous-mêmes sans négliger les quelques apports de la communauté internationale.
Je vous remercie de m’avoir permis d’avoir tous les éléments que cet échange m’a fourni.
Avec tout le désir d’échanger encore mais sur d’autres matières, celles qui entrent dans votre champs de recherche. Mais je vous previens que ma formation philosophique ne me permettra peut-être de pénétrer profondement vous pensées dans cette discipline, toutefois, je pense, ce sera une approche peut-être lente mais déterminante.
Costin
Non Contantin, il ne faut pas croire que j’ai été « vexée » comme vous dîtes. On pense toujours dans une époque et il est important de lutter contre ce qu’il est permis d’appeler les opinions du moment. Le discours victimaire, la tendance à pointer les fautes de l’autre sans voir les siennes (vous vous souvenez de la leçon de l’évangile: la poutre dans son oeil et la paille dans celui du voisin) sont si répandus que je crois nécessaire de les dénoncer.
Je serai toujours heureuse d’échanger avec vous et qu’importe les maladresses conceptuelles! L’important est de faire amitié par l’esprit. Je ne vois pas d’autres moyens proprement humains pour résoudre ensemble les problèmes de l’humanité.
Au plaisir de vous lire.
Salut, Madame. Fini mes vacances, j’ai de moins en moins de temps de venir au net, raison pour laquelle je n’ai pas pu vous écrire depuis quelques jours.
Une chose me convainc, c’est qu’il est difficile de reconnaître sa responsabilité quand une situation est « là ». Pour en finir peut-être avec ce dossier sur la crise politique sociale et politique ainsi les conséquences qui en découlent, je vous invite à lire l’article dont voici le lien et les autres connexes : http://httppasapas.centerblog.net/5425701-Grave-Nkunda-jouissait-du-soutien-d-un-officier-de-la-Monuc. Vous pourrez aussi taper « No Nkunda, no job » sur google par exemple et lire les articles s’y rapportant.
Voilà tout pour ce dimanche.
A la prochaine fois,
Vous avez raison Constantin, nul individu ne peut endosser une responsabilité qui le déborde et qui, si l’expression a un sens, est collective. Dès que je le pourrais, je lirai les articles que vous me conseillez. J’en profite pour vous dire que j’ai dans ma classe un jeune homme originaire de votre pays. Peut-être m’est-il particulièrement sympathique parce qu’il me fait penser à vous. Je compte bien discuter avec lui de l’échange que nous avons eu afin de savoir ce qu’il en pense.
A bientôt.
Avec toute ma sympathie.
Bonjour, Madame Simone.
j’ose croire que vos entreprises (académiques) vont bon train. Moi je suis de plus en plus pris au filet de mes études, étant donné que je dois prépare entre temps un bacc en théologie catholique. Auriez-vous eu le temps de vous entretenir avec ce jeune homme, mon compatriote?
Bon, voilà, juste un petit mot, et c’est tout
A la prochaine fois.
Constantin
PS.: merci de votre sympathie
Bonjour Constantin
J’ai lu les articles que vous m’avez indiqués et hélas toutes ces affaires de compromissions, de complicités existent partout et depuis toujours. Jean-Christophe Rufin dans son livre « Asmara et les causes perdues » ne nous laisse aucune illusion sur l’innocence des missions humanitaires. Kant disait en parlant de l’homme que « dans un bois aussi courbe, on ne peut rien tailler de bien droit ». Ce n’est pas le chrétien que vous êtes qui l’ignore. Je viens de me replonger dans des textes de St Paul pour une dissertation sur la question du mal, et sur ce point le christianisme en connaît un rayon.
J’ai demandé à votre compatriote de lire notre échange et de me dire ce qu’il en pense. Je vous tiendrai au courant.
Pour ce qui est de mon travail, tout va bien même si je déplore de devoir intervenir disciplinairement dans une classe par la faute d’un seul élève.
A bientôt. Bon courage pour vos études.
Avec mes meilleures pensées.
Bonsoir.
Je veux juste vous dire bonjour. Chez moi, la chose va pas bien, vous l’apprenez certes, mon pays est en flamme. Mais nous sommes quasiment habitués, bien que ça nous ronge profondement.
Avec tout le plaisir!
Je pense bien à vous Constantin. Je suis heureuse d’avoir de vos nouvelles car j’étais inquiète en entendant les informations. Si vous en avez le courage, j’aimerais savoir ce qui se passe exactement par une voix de l’intérieur. De notre havre de paix, il est difficile de comprendre l’acharnement de certains à détruire plutôt qu’à construire.
Qu’il me soit permis de vous faire sentir la chaleur de la fraternité. Il y a des moments où l’on se sent coupable d’être à l’abri des turbulences du monde et où l’on voudrait partager le désarroi de ceux qui souffrent. C’est ce que j’éprouve en vous écrivant ce mot impuissant.
Courage Constantin et ayez soin de vous et de vos proches.
Une sagesse populaire raconte que c’est à travers les moments difficiles qu’on reconnaît les vrais amis. C’est avec cette idée que je viens vous remercier pour votre sympathie, surtout pour votre compassion. Mon pays est en flamme, et cela à cause de nous-mêmes ou de quelques fils du pays qui n’aiment pas ce pays. Ils placent leurs intérêts égoïstes à l’avant-plan et sacrifient pour cela des milliers de vie innocentes, vouées à la misère imméritée.
Laurent Nkunda prétend protéger la minorité des Tusti du Rwanda venus au Congo pendant le génocide de 1994 et dont certains sont dits « Congolais d’expression rwandaise ». Mais en réalité, c’est une guerre qui protègent les exploitants des gisements miniers dans la région. Il en est de même de ce qui se passent dans la Province Orientale, ma province d’origine, avec les rébelles ougandais.
Permettez moi de vous poser cette question: pourquoi, à votre avis, n’y a-t-il des rébellions qu’en Afrique et dans les pays du tiers-monde? Est-ce que les dirigeants de ces pays sont incapables de la gestion des choses publiques? Pourquoi l’occident ne connaît-il plus ces problèmes? Je ne crois pas ces questions vous riquent, si tel est le cas, je m’en excuserai franchement, car cela n’est aucunement mon désir.
En outre, je sais pas si mes interventions ne mettent pas en péril votre Page Internet réservée aux débats relatifs à votre champ de recherche. Autrement j’aurais souhaiter que vous m’écriviez via mon courriel.
Merci.
PS mes proches sont en sécurité; après les guerres qu’a connues ma région (Ituri) jusqu’aux approches de la présidentielle de 2006, tout est remis sur les rails. Et maintenant on travaille beaucoup pour la réconciliation post-conflit.
Chère Madame et collègue
Je découvre votre site avec ravissement moi qui vit depuis bientôt trente ans dans un pays où la philosophie n’est pas enseignée dans le secondaire. J’y enseigne dans une école d’art l’esthétique et l’histoire des idées dans un esprit dont je me targue qu’il est proche du vôtre. Mais surtout la clarté d’esprit qui illumine votre blog me fait un devoir de vous remercier de la ressource pédagogique que vous mettez ainsi à la portée de tous. Je ne suis pas certain que cet hommage vous parviendra, mais dans l’espoir qu’il vous touche, je vous prie de croire en mes meilleurs sentiments.
Jacques Delaruelle
Head art History Theory Department
National Art School, Sydney
C’est un grand bonheur de recevoir l’hommage de ses pairs. Merci cher collègue pour ce sympathique message.
Bonsoir, Madame Simone Manon.
Vous vous souviendrez peut-être de moi, malgré cette longue absence. J’étais sorti des régions de mon pays couvertes du réseau Internet, si bien que j’ai oublié même l’adresse mail avec laquelle j’ai échangé avec vous, et même le mot de passe et bien davantage. pour tout cela, je ne sais plus à quel niveau c’était arrêtée notre corresponce. tout ce que j’ai retenu c’est votre nom et votre fonction qui m’ont permis de retrouver ce site.
Ma joie est grande ce soir à cet ette. En ce moment je veux juste vous faire signe de vie en espérant ne pas vous déranger et recevoir votre nouvelle très bientôt. Bonne fin de sémaine et de mois, heureux début de novembre.
Constantin de Kinshasa
Bonsoir Constantin
Bien sûr que je me souviens de vous. Je me suis souvent demandé ce que vous deveniez. J’espère que vous n’avez pas regretté la difficile décision que vous avez prise et que l’avenir s’est éclairci. C’est en tout cas mon vœu le plus cher pour vous.
J’ai essayé de vous répondre en privé mais votre adresse ne fonctionne pas.
Avec mes meilleurs sentiments.
Bonsoir, Madame.
J’ai l’impression que vous n’avez pas reçu mon dernier mail. Là-dedans, j’écrvis que je voulas vous atteindre en privé.
Si possible, c’est la voie que je voudrais utiliser.
Merci et bonne soirée.
Avec tout le plaisir,
J’ai bien reçu votre mail et j’ai répondu en privé mais il ne semble pas que votre adresse fonctionne.
je voulais vous demander les sectes et religions, impact sur le plan économique, socio-culturel et la politique? Merci
Je suis désolée. Votre question exige une information de grande ampleur et un travail de longue haleine excédant mes compétences.
Heureux tout homme qui craint l’Eternel ps.128-1
J’ai toujours désiré comprendre le but de notre existence sur terre: me débarrasser des dogmes religieux, de toute pensée qui se veut rattachée à quelque religion que ce soit,pour répondre de ma propre personne à un certain nombre de questions. Autant avouer toute suite que certaines difficultés minent mon chemin. D’abord, c’est qu’aucune chose n’est nouvelle sur terre et aussi parce que vivant encore chez des parents à caractère imposant en ce qui concerne la religion. Je précise que musulman je suis. Mes préocupations sont: si Dieu est omniscient, omnipotent et omniprésent, si nos louanges et adorations n’apportent rien à sa gloire tout comme notre entêtement ne Lui enlève rien, pourquoi alors une religion et pourquoi l’Homme sur terre alors que Dieu savait qu’il pécherait qu’il lui désobéirait? Personnellement après investigation je dois affirmer que je suis loin d’être sur un chemin fructueux quant à ces questions. Alors aidez-moi. Je suis OUATTARA Moriba en DEUG 1 à l’Université d’Abidjan. Merci d’avance.
Je suis désolée, je ne suis pas un devin, seulement un modeste professeur de philosophie qui essaie avec les ressources de la lumière naturelle (la raison) de mettre un peu de cohérence dans sa pensée et dans sa vie.
Aussi suis-je sensible au caractère contradictoire de votre propos. On ne peut pas à la fois dire qu’on veut se débarrasser de toute référence religieuse pour rendre intelligibles sa propre expérience et l’aventure de l’homme sur la terre et se présenter comme un musulman c’est-à-dire un disciple d’un message révélé.
Si l’on s’efforce, à la manière de Freud par exemple, de rendre raison de l’existence d’une religion de manière scientifique, si l’on admet avec l’athée que l’idée de Dieu est une construction imaginaire, votre question tombe d’elle-même.
Après tout il est possible qu’il n’y ait pas de Dieu, que notre existence n’ait pas de sens préétabli. Cela ne signifie pas que nous n’ayons pas courageusement à lui en donner un. Sur ce point l’existentialisme me semble précieux. Il nous renvoie à notre responsabilité de sujet libre ayant à assumer dans l’angoisse de la déréliction notre existence.
Voyez dans le répertoire les cours sur: essence et existence ou vivre et exister. Voyez aussi le cours: l’essence de l’homme c’est l’existence.
Bonjour Simone Manon serait-il possible d’avoir un commentaire de texte sur Sigmund Freud « L’avenir d’une religion » s’il vous plait je n’arrive pas sortir la problematique de ce texte et en tirer les differents concepts. Merci
Désolée. D’abord un tel titre n’appartient pas à la bibliographie freudienne, ensuite je ne travaille pas à la commande et surtout ce blog n’a pas pour vocation d’encourager la paresse et l’indécence.
Bon travail.
Merci pour cette fine insulte.
Je suis nouvelliste, philosophe et dramaturge. La paresse et l’indécence sont pour moi des termes inconnus. Bonne Continuation
Faut-il que vous n’ayez aucune idée du travail et du temps que requiert l’élaboration d’un commentaire digne de ce nom pour ne pas avoir conscience de l’indécence qu’il y a à demander à un autre de faire gratuitement le travail à votre place.
Bien à vous.