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Cimetière à Toussaint.

 

 

   « Ni le soleil, ni la mort ne se peuvent regarder fixement » disait La Rochefoucauld, Maximes, 26, Edition de 1678. Bordas, Classique Garnier, p. 13.

   De fait, penser la mort consisterait pour la conscience de soi que chacun est, à se placer dans un rapport de transparence avec le non-être de cette conscience de soi. Or, il m'est impossible de comprendre, au sein de ma certitude de vivre, ce que signifie ne plus vivre, ne plus être. Dès que je veux penser la mort, je mets quelque chose à la place du néant, ne serait-ce qu'un mot ; je m'éloigne d'elle au moment où je veux m'en approcher. La mort ne peut donc pas être un objet de pensée parce qu'elle est la négation de tout objet, l'absence, l'autre absolu. Elle incarne l'altérité radicale, l'expérience qu'il n'est pas possible de faire à la première personne puisqu'elle est la destruction de ce par quoi il peut y avoir expérience.

   Et pourtant, que la mort ne puisse pas positivement se penser ne signifie pas que l'homme soit dans l'ignorance de la mort. Au contraire, « la mort est l'honneur ontologique de l'homme » (Romano Guardini), sa marque distinctive. L'homme est le seul animal qui sait qu'il va mourir. Il existe et exister c'est expérimenter le mourir au cœur de son existence, un mourir  irréductiblement sien. « Son mourir, tout Dasein doit nécessairement, à chaque fois le prendre lui-même sur soi. La mort, pour autant qu'elle « soit », est à chaque fois essentiellement la mienne » Heidegger, Etre et Temps, p. 240.

   Il y a là, le principe d'un solipsisme existential. Dire que l'existant est en situation par rapport à la mort revient toujours à parler de sa propre mort. Le mourir n'est pas le « on meurt », cette banalité du on, dans laquelle Heidegger voit la forme la plus avérée de l'inauthenticité. La mort à la troisième personne, la mort des avis de décès, bref la banalité de l'événement anonyme affectant les autres est ce qui masque le mourir, non ce qui le révèle. Il n'y a pas d'essence générale de la mort, pas plus qu'il n'y a d'essence générale de l'existence. Il y a une singularité et une unicité de l'expérience humaine absolument irréductibles.

   Ainsi l'homme ne sait pas ce qu'est la mort mais il sait qu'il va mourir et c'est ce savoir qui le constitue comme un être de pensée et de langage. L'être qui sait qu'il va mourir est l'être qui pense. Il s'ensuit que la mort et la pensée sont liées par un rapport interne. La « non-pensée » de la mort est la loi d'être de la pensée tout court, ce qui la fait surgir comme une interrogation toujours à recommencer et toujours mise en échec. L'anticipation du « jamais plus », du « nulle part » fonde la conscience du « maintenant » et de « l'ici ». Mais impossible de dire ce que l'on sait lorsque l'on sait cela. C'est une sorte de « je ne sais quoi » habitant l'homme sous la forme d'une angoisse fondamentale, une angoisse lui collant à la peau et définissant sa manière d'exister. «  Ce qui demeure pour la pensée une manière convenable de réfléchir à la mort semble n'être rien d'autre que de penser l'angoisse elle-même pour une pensée » écrit Gadamer. Langage et vérité, Gallimard, 1995, p. 125.

   L'angoisse est notre vécu le plus intime parce qu'il y a quelque chose d'inexplicable où s'enracine la vie. Impossible de constituer la mort comme un problème à résoudre. C'est un mystère à reconnaître. En toute rigueur, nul discours sur la mort n'est donc possible. « La mort est inexplicable doit être le dernier mot à son sujet » (Kierkegaard )

   Ce qui seul peut être objet de discours est le rapport que l'être humain entretient avec sa mortalité. La seule manière conséquente de penser la mort revient ainsi à penser l'existence et à examiner les différentes manières dont l'homme vit son être pour la mort.

   A l'impossibilité d'une ontologie de la mort doit se substituer une phénoménologie de notre être-mortel.

 Cette phénoménologie ne doit pas se contenter de répertorier les attitudes de l'être en situation par rapport à la mort, il convient aussi de se demander si elles incarnent une manière authentique « d'exister la mort » :

 

  • Le culte des morts. « Au frontière du no man's land anthropologique, la donnée première fondamentale, universelle de la mort humaine est la sépulture » Edgar Morin. L'homme et la mort, Seuil, 1970, p. 20. Il y a là une marque spécifiquement humaine, qui, au même titre que l'outil ou le langage, définit l'humanité, la distingue de l'animalité, l'arrache à la pure naturalité et la constitue comme politique ou culturelle. Une communauté n'est pas seulement la vie avec ses contemporains, c'est aussi la vie avec ses morts.

 

  • L'espérance religieuse ou l'espérance d'une mort qui ne soit pas la mort mais le passage à une autre forme de vie.
     
  • La culture comme antidestin. Malraux définit  les grandes œuvres de la culture comme les monuments que les hommes élèvent pour défier et échapper à la mort. On trouve chez Proust des pages d'une grande densité où il dit la possibilité d'échapper par la pensée et l'œuvre d'art au devenir. Cf. Le temps retrouvé. « Mais qu'un bruit, qu'une odeur, déjà entendue ou respirée jadis, le soient de nouveau, à la fois dans le présent et dans le passé réels sans être actuels, idéaux sans être abstraits, aussitôt l'essence permanente et habituellement cachée des choses se trouvent libérée, et notre vrai moi qui, parfois depuis longtemps, semblait mort, mais ne l'était pas entièrement, s'éveille, s'anime en recevant la céleste nourriture qui lui est apportée. Une minute affranchie de l'ordre du temps a récrée en nous, pour la sentir, l'homme affranchi de l'ordre du temps. Et celui-là, on comprend qu'il soit confiant dans sa joie, même si le simple goût d'une madeleine ne semble pas contenir logiquement les raisons de cette joie, on comprend que le mot de « mort » n'ait pas de sens pour lui ; situé hors du temps, que pourrait-il craindre de l'avenir ? » Pléiade, t.3, p. 872.873.
 
  • Platon. Dans le même registre, Platon établit que « philosopher c'est apprendre à mourir » à la vie selon l'ordre du temps pour vivre d'une vie spirituelle qui se sent hors du temps, extérieure à la dimension du périssable.
 
  • Spinoza. «  L'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et la sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie » Ethique IV, Prop. LXVII. « L'homme libre, c'est-à-dire celui qui vit selon le seul commandement de la Raison, n'est pas conduit par la crainte de la mort, mais désire le bien directement, c'est-à-dire qu'il désire agir, vivre, conserver son être selon le principe qu'il faut chercher l'utile qui nous est propre. Et par conséquent il ne pense à rien moins qu'à la mort ; mais sa sagesse est une méditation de la vie » Démonstration.
 
  • Epicure. La sagesse comme affranchissement de la crainte de la mort et ataraxie.
 
  • Kierkegaard et Cioran établissent dans les textes suivants que la mort n'est pas une invitation à deviner des énigmes mais doit être une exhortation au vivant afin qu'il mette à profit sa part d'irréalité, non pour succomber au sentiment de l'absurde et au désespoir mais pour stimuler la vie et monter jusqu'au soir en homme libre et responsable.

 

Textes :

 

   « Qu'on s'imagine un nombre d'hommes dans les chaînes, et tous condamnés à la mort, dont les uns étant chaque jour égorgés à la vue des autres, ceux qui restent voient leur propre condition dans celle de leurs semblables, et, se regardant les uns et les autres avec douleur et sans espérance, attendent à leur tour. C'est l'image de la condition des hommes. » Pascal, Pensée, B 199.

   «  Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste, on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais. » Pascal, Pensée, B 210.

 

 

   « La séduction de certains problèmes vient de leur défaut de rigueur, comme des opinions discordantes qu'ils suscitent : autant de difficultés dont s'entiche l'amateur d'Insoluble.

   Pour me « documenter » sur la mort, je n'ai pas plus de profit à consulter un traité de biologie que le catéchisme : pour autant qu'elle me concerne, il m'est indifférent que j'y sois voué par suite du péché originel ou de la déshydratation de mes cellules. Aucunement liée à notre niveau intellectuel, elle est réservée, comme tout problème privé, à un savoir sans connaissances, J'ai approché nombre d'illettrés qui en parlaient plus pertinemment que tel métaphysicien ; ayant décelé par expérience l'agent de leur destruction, ils y consacraient toutes leurs pensées, de sorte que la mort, au lieu d'être pour eux un problème impersonnel, était leur réalité, leur mort. Mais parmi ceux-là mêmes qui, illettrés ou non, y songent constamment, la plupart ne le font qu'atterrés par la perspective de leur agonie, sans s'apercevoir un moment que, dussent-Ils vivre des siècles, des millénaires, les raisons de leur terreur ne changeraient en rien, l'agonie n'étant qu'un accident dans le processus de notre anéantissement, processus coextensif à notre durée. La vie, loin d'être, comme pensait Bichat, l'ensemble des fonctions qui résistent .à la mort, est plutôt l'ensemble des fonctions qui nous y entraînent, Notre substance diminue à chaque pas; cette diminution pourtant, tous nos efforts devraient tendre à en faire un excitant, un principe d'efficacité, Ceux qui ne savent tirer bénéfice de leurs possibilités de non-être demeurent étrangers à eux- mêmes : des fantoches, des objets pourvus d'un moi, endormis dans un temps neutre, ni durée ni éternité. Exister, c'est mettre à profit notre part d'irréalité, c'est vibrer au contact du vide qui est en nous. Le fantoche, lui, reste insensible au sien, l'abandonne, le laisse dépérir... »

     Cioran. La tentation d'exister. Tel Gallimard, 1956, p. 230.231.232.

 

  « [La mort] est inexplicable, doit être le dernier mot à son sujet. Son caractère inexplicable est la limite, et l'importance du mot consiste uniquement à donner à la pensée de la mort force rétroactive, à en faire le stimulant de la vie, parce qu'avec la décision de la mort, c'est fini et que l'incertitude de la mort vérifie à chaque instant. Ce caractère inexplicable n'est donc pas une invitation à deviner des énigmes, à faire preuve d'ingéniosité, mais la grave exhortation de la mort au vivant : je n'ai besoin d'aucune explication; songes-tu qu'avec cette décision, c'est fini, et qu'elle peut à tout moment être là voilà ce qu'il vaut pont toi la  peine de méditer.

   Peut-être mon cher auditeur, trouves-tu que ce discours t'apprend fort peu de chose ; tu en sais peut-être beaucoup plus toi-même; cependant il n'aura pas été vain si, touchant l'idée de la décision de la mort, il a été pour toi l'occasion de te rappeler qu'un grand savoir n'est pas un bien absolu. »

     Kierkegaard. Sur une tombe, p, 32 dans L'existence, textes choisis. PUF, 1967.p.214.

 

 

 

 

 

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14 Réponses à “La mort est impensable.”

  1. Alexandre dit :

    Je lis votre site avec plaisir depuis des mois, et, pour hors de propos que soit ce message, je tenais à vous remercier d’offrir ainsi de la culture.

    Cordialement,
    Alexandre Epimèthe.

  2. Bertolozzi Floriane dit :

    J’aime tellement cette phrase !
    C’est absolument génial que vous ayez fait un blog de philosophie ! Je trouve ceci (la philosophie) très utile à qui veut bien penser =D
    Donc à moi, aussi !
    Merci beaucoup !

  3. AUROUISSEAU DE cHAMPMARTIN dit :

    Madame
    Merci pour cet exposé de qualité ;y a-t-il une espérance et si elle existe comment la considérer,la nommer?qu’est ce qu’une mort spirituelle;certains le sont ils avant leur mort »biologique »
    Cordialement

  4. Simone MANON dit :

    Dans la mesure où la mort est un mystère, la voie est libre pour l’imagination.
    Les religions ne se privent pas d’entretenir certaines espérances mais je suppose que vous m’interrogez sur une espérance qu’on pourrait raisonnablement fonder.
    Platon s’y emploie dans le Phédon. La mort autorise, chez celui qui a passé sa vie à philosopher, une belle espérance. Pourquoi? Parce que l’exercice de la pensée est déjà une forme de mort relativement à ce qui constitue la vraie vie pour l’homme commun. Pour celui-ci la consistance du monde visible, l’accapararement par les intérêts mondains, la poursuite des plaisirs sensibles, l’importance du corps définissent l’horizon de sa vie. La vie philosophique implique un détachement par rapport à tout cela, ce qu’il faut entendre par le célèbre: philosopher c’est apprendre à mourir. Comme l’écrit Hannah Arendt:  » C’est Platon qui fait remarquer le premier que le philosophe semble, à ceux qui ne font pas de philosophie, avoir pour unique occupation de mourir et d’être mort, et c’est Zénon, fondateur du stoïcisme qui, dans le courant du même siècle, raconte que l’oracle de Delphes, quand il lui demande ce qu’il faut faire pour parvenir à la vie la meilleure lui donne « le conseil de devenir couleur des morts ».
    L’expérience philosophique conduit donc à redistribuer autrement la mort et la vie. La vie est souvent une forme de mort (spirituelle) pour le philosophe (Cf. la thématique platonicienne du corps tombeau de l’âme), inversement qu’en est-il de la mort? Concerne-t-elle la faculté nous permettant de penser les idées éternelles (Platon l’appelle l’âme) autant qu’elle concerne le corps? L’âme n’est-elle pas immortelle comme le vrai et le bien qu’elle aime? La voie ne sera-t-elle pas libre pour contempler ce que l’on a cherché toute sa vie et dont on était séparé par l’ombre portée du corps? On ne le sait pas mais….
    L’espérance que nourrit Socrate est de cette nature. Elle est indexée sur l’expérience philosophique elle-même, et n’a rien à voir avec des croyances personnelles.
    Bien à vous.

  5. Eliseo dit :

    bonjour madame ,
    comment comprendre cette conception qu’a Vladimir Jankélévitch de la mort comme « un vide qui se creuse en pleine continuation d’être  » ? Peut-on l’assimiler à la fin de l’existence ?

  6. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Jankélévitch est un penseur des paradoxes. Il s’efforce de décrire ce qu’il appelle « l’ordre extra-ordinaire de la mort ». Cette expérience ne peut être faite que par ceux qui restent. Avec la mort d’une personne, ils sont confrontés à ce miracle d’un effondrement, d’une évaporation de l’être au cœur même de l’être puisque le mort est un existant qui, en un clin d’œil « s’abîme dans la trappe du non-être ».
    Bien à vous.

  7. Thierry dit :

    Bonjour Professeure,

    Woody Allen a dit : « Depuis l’homme sait qu’il est mortel, il a du mal à être totalement décontracté.  »

    Et pour ma part, je subodore que de la peur de la mort fait le lit d’une foule d’autres peurs comme la peur de la solitude, de l’abandon, la peur de manquer….
    mais Woody Allen ne dit pas que c’est impossible d’être totalement décontracté, il dit juste que nous avons du mal à y parvenir. Je pense qu’il peut arriver à certains de connaitre cet abandon à la vie et à la mort, cette expérience radicale d’acceptation, de « lâcher-prise » sans qu’il y ait besoin de recourir à une quelconque croyance en un arrière-monde. Je parle de la capacité de se dire et d’accepter viscéralement que les choses soient ainsi. Peut-être que cela évoque-t-il quelque chose pour vous et que vous pourriez m’orienter vers quelques lectures philosophiques ou autres ?

    En vous remerciant.

  8. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Voyez la belle leçon d’Epicure sur ce thème.https://www.philolog.fr/la-lettre-a-menecee-commentaire/
    Bien à vous.

  9. Thierry dit :

    Merci pour votre réponse.
    J’ai suivi votre conseil, j’ai lu les propos d’Épicure et voici ou cela m’amène :

    Se satisfaire de peu, se réjouir de ce que l’on a, le plaisir en repos, tout semble s’accorder pour une sorte de rabaissement du niveau de nos attentes sur la vie. Au fond, on en attend beaucoup de cette vie. Or elle ne nous doit rien. Mais, après tout, c’est l’hypothèse qui m’est venue à la lecture de ce texte, peut-être qu’elle nous a déjà tout donné ? Mais il ne serait pas si facile de s’en convaincre, de le voir et surtout de le ressentir. Et le rapprochement que fait Pierre Hadot avec le texte de Rousseau et de sa sensibilité toute particulière qui l’amène à jouir de sa propre existence m’a semblé tout à fait pertinent. Mais ce que j’en déduis va à l’encontre de ce que semble suggérer la suite. La philosophie toucherait là à sa limite car il ne s’agirait pas tant de réflexion que de faire une expérience sensible. Il s’agirait plutôt d’être clairement vivant, présent et non plus dans ses pensées. Etre dans sorte d’émerveillement de la vie, je pense.

  10. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous vous trompez d’une part sur l’expérience philosophique si vous croyez qu’elle n’est qu’une affaire de pensée, d’autre part sur ce que vous appelez une attitude d’émerveillement à l’endroit de la vie si vous croyez qu’on peut le désolidariser d’une certaine intentionnalité de la conscience, laquelle doit beaucoup à la sagesse philosophique.
    Bien à vous.

  11. Thierry dit :

    Bonjour,
    Vous m’intriguez à plus d’un titre.
    Et pardonnez-moi mon ignorance mais, oui, je considère, en effet, la philosophie comme l’exercice de notre raison afin d’accéder à plus de lucidité. Aussi qu’est-ce vous entendez par une « expérience philosophique » qui serait en rapport avec la sensibilité telle que je l’évoquais à propos d’Epicure ou de Rousseau ?
    Pour ce qui est de l’émerveillement et de la curiosité à l’égard du monde, la première chose qui me vient à l’esprit, ce sont les jeunes enfants. Il suffit de les regarder pour voir qu’ils sont curieux, fascinés par tout qu’ils découvrent. Aussi, pour le coup, ce que vous appelez une « intentionnalité de la conscience » qui aurait beaucoup à voir avec la sagesse philosophique, je ne vois pas. De mon côté, j’aurais plutôt tendance à considérer cela comme un élan spontané, quelque chose de primitif.

  12. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Votre perplexité procède sans doute d’un certain nombre de préjugés.
    On croit volontiers que la philosophie est pure cérébralité, que la pensée et la vie sont séparables, bref que penser est une chose, vivre une autre. Or l’expérience philosophique mêle intimement ce que le préjugé sépare. Philosopher c’est vivre en conscience, donc conférer à la sensibilité une acuité faisant défaut à une pensée somnolente, c’est incarner les possibilités de la pensée dans la chair de l’existence.
    On croit aussi volontiers qu’il y a une spontanéité du sentir, méconnaissant ainsi ce que notre expérience sensible du réel doit au langage, à la culture à laquelle on appartient, à l’intentionnalité de la conscience. Car il n’y a pas d’œil innocent, et « sentir n’est pas sentir. Sentir, c’est savoir qu’on sent et savoir qu’on sent, c’est percevoir » (Alain). https://www.philolog.fr/la-perception-peut-elle-seduquer/
    Quant à l’enfance, elle incarne des promesses qu’il faut tenir adulte mais cet idéal n’est pas de l’ordre de l’immédiat. https://www.philolog.fr/lenfance-est-elle-ce-qui-doit-etre-surmonte/
    Bien à vous

  13. Maitre dit :

    Bonjour,
    Puisque la mort ne nous est connue que dans la mort des autres; notre propre mort ne deviendra évènement que pour les autres.
    Il nous est donc heureusement impossible de nous représenter notre propre mort.
    La mort nous demeure toujours extérieure, et seule l’expérience du Vivre;, nous permet d’échapper à l’angoisse qu’elle suscite; soyons Epicuriens.

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