Flux pour
Articles
Commentaires

La culture.

<!--Imprimer--> 

GM2036~Unesco-Human-Rights-1974-Posters

 

 A)    La culture humaine en général.

 Humaine parce qu'elle est œuvre humaine et parce qu'elle est le moyen de rendre l'homme plus humain. On désigne par cette expression, l'ensemble des manifestations de la pensée et de l'action humaines. Ainsi, l'art, la technique, la science, la religion et le culte des morts mais aussi la langue, les institutions politiques, les mœurs sont des éléments constitutifs de la culture. Ils sont propres à l'espèce humaine et portent la marque de l'esprit. La philosophie, qui est réflexion, correspond à l'épanouissement supérieur de la culture. C'est l'esprit qui s'interroge sur lui-même.

 

B) La culture au sens sociologique ou ethnique.

 

  C'est l'ensemble des manières de penser, d'agir et de sentir propres à une collectivité donnée.

  « La culture d'une société consiste en la totalité des façons de penser et de réagir et des modes de conduites accoutumés que les membres de cette société ont acquis par voie d'éducation, d'imitation et qui leur sont plus ou moins communes »  Michel Leiris.

  Parce qu'ils sont tous membres d'une collectivité, les hommes sont des êtres culturels. Ils sont ce que leur groupe social les fait être. Ils ont si bien intériorisé les manières d'être et de penser, héritées de leurs groupes, que celles-ci sont vécues comme naturelles. Elles se sont solidifiées en eux, sous forme de « dispositions permanentes » que Bourdieu appelle des habitus. D'où le risque de confusion entre le naturel et le culturel.

 

 

PB : Pourquoi la confusion du culturel et du naturel est-elle redoutable ?

 

   Parce que le naturel c'est l'inné, le culturel l'acquis. L'inné est ce qui est commun à tous les membres d'une même espèce. Les critères du naturel sont, comme le souligne Lévi-Strauss, l'universalité et la constance. Les critères du culturel sont la particularité et le caractère changeant.

  En prenant pour naturel, ce qui est culturel on est coupable d'universaliser indûment une particularité culturelle, d'absolutiser du relatif avec les effets désastreux d'une telle confusion :

  -Ceux qui relèvent d'une autre particularité culturelle ne sont pas identifiés comme des hommes à part entière. De fait si ma culture incarne à mes yeux l'universalité humaine, ceux qui n'ont pas la même culture que moi ne sont pas des hommes. Ex : Pour les Grecs du monde antique, ceux qui ne parlent pas grec sont des barbares. Pour les Chinois, ceux qui ne parlent pas chinois ont des cervelles d'oiseau (ils gazouillent). Ceux qui ne sont pas des Locandons ne sont pas des hommes puisque dans la langue de cette ethnie, il n'y a qu'un seul mot pour signifier indifféremment homme ou Locandon. Pour l'Occidental de l'époque des grandes découvertes ceux qui ne sont pas des Européens sont des sauvages De même, lorsque Jules Ferry fait voter les lois sur la colonisation, il s'agit d'arracher les peuples colonisés à l'arriération afin de les faire entrer dans la catholicité (katholicos :universel) occidentale. Il s'ensuit que cette confusion est pourvoyeuse d'une violence terrible : ethnocide, génocide, colonisation, exclusion de tout ce qui n'est pas conforme au système de valeurs d'une culture particulière, xénophobie.

   -L'ethnocentrisme est le vice constitutif d'une telle méprise. On appelle ethnocentrisme la tendance consistant à porter des jugements de valeur sur des pratiques culturelles différentes des nôtres en fonction de notre propre système de valeurs implicitement considéré comme le meilleur.

 

  Sociologiquement parlant, il faut avoir bien présent à l'esprit, qu'il n'y a pas la culture mais des cultures. Dans le temps et dans l'espace il y a une multiplicité (opposable à unité)et une diversité (opposable à identité) de cultures. Chacune a son propre système de valeurs, ses propres habitus. Ce qui évidemment est une source inépuisable de problèmes du point de vue des conditions de possibilité de la communication des hommes et de leur coexistence pacifique.

 

  

  PB : Faut-il décliner l'humanité au pluriel et admettre qu'il n'y a pas d'universalité humaine ou bien malgré l'évidente diversité humaine, faut-il penser que les particularismes culturels ne sont que des manières de singulariser une nature humaine une et universelle  ?

 

   D'un côté il y a ceux qui, à la manière de Joseph de Maistre hier, ou du communautarisme aujourd'hui, identifient l'humanité à l'ethnicité ; de l'autre l'humanisme rationaliste des Lumières qui refuse cette position attentatoire  à la définition abstraite de la nature humaine par la conscience, la raison ou la liberté. (Cf. Cours sur la conscience). Certes les hommes sont tous différents par leurs cultures mais celles-ci ne sont qu'une manière de donner forme concrète à une caractéristique universelle que Rousseau propose de déchiffrer comme  perfectibilité. La perfectibilité est la capacité de changer, autrement dit de ne pas plus être enfermé dans les limites d'une nature que dans celles d'une culture.  

  Dans cette perspective, il y a antinomie entre une doctrine déniant à l'homme  le droit de changer de nation, de religion ou autre donnée factuelle et les présupposés des Lumières. La manière rationaliste de définir la nature humaine fonde l'unité du genre humain et présuppose que tout homme, quel que soit son conditionnement ethnique, a la possibilité  de prendre du recul par rapport aux valeurs de son groupe pour les juger en fonction de valeurs universalisables en droit (car si le jugement se fonde sur des valeurs relatives à un particularisme culturel il est coupable d'ethnocentrisme). On appelle cette possibilité inhérente, affirme-t-on, à un être doué de raison, la liberté intellectuelle et morale.

 

 

  PB : Qu'est-ce que la raison ? Est-elle bien une faculté universelle ou cette prétention n'est-elle que l'alibi derrière lequel officie l'impérialisme occidental ?

 

   C'est là l'argument des communautaristes. Les valeurs de la raison (la vérité objective, la science, la liberté, l'égalité en droit de tous les hommes etc.) seraient des valeurs occidentales, non des valeurs universalisables en droit (à défaut de l'être en fait). Ce débat travaille le monde dans lequel nous vivons. Il est clair que si l'on refuse d'admettre l'universalité de la raison, il faut renoncer à l'idée d'une nature humaine universelle et conclure que les membres des diverses cultures ne peuvent pas se comprendre vraiment et sont condamnés, au mieux à se tolérer, au pire à se combattre. En tout cas il devient difficile d'envisager la possibilité d'un état multiethnique apaisé. La ghettoïsation est notre destin.  

 

 

  PB : Cette position n'est-elle pas un sophisme ?

 

  La connaissance objective, la séparation du politique et du religieux, l'égalité en droit des hommes et des femmes, la démocratie ne sont pas des données. Partout où ces valeurs ont triomphé, elles ont été conquises contre une culture théologico-politique qui, comme aujourd'hui dans certains espaces culturels, faisait de la résistance. Or cette liberté que nous devons au combat des Lumières n'est-elle pas ce qui est à conquérir par tous les hommes ? Kant a eu la faiblesse de penser que cette tâche était le devoir de l'humanité en tant qu'elle est porteuse de raison. Exclure des membres de l'espèce humaine de cette noble vocation est une injure faite à l'humanité considérée comme fin en soi. C'est une faute morale. 

 

 C)    La culture au sens philosophique ou humaniste.

 

  Se cultiver consiste, en ce sens, à développer son humanité. L'humanité ne se réduisant pas à l'ethnicité, se cultiver ne se limite pas à intérioriser les valeurs de son groupe.

  La culture est le perfectionnement d'une personne qui a développé tout en s'instruisant et en s'éduquant, sa sensibilité, son jugement, ses aptitudes physiques et morales. Se cultiver revient à rompre les frontières de l'ethnique, à élargir son horizon en voyageant dans l'étrangeté. En parcourant d'autres univers que le sien (par le voyage, l'échange, l'étude) on ouvre son esprit, on découvre ce qu'il y a de relatif dans sa propre culture, on fait comme disaient les Anciens « ses humanités » c'est-à-dire l'apprentissage de l'universel. 

 

 

 

 

Partager :

Pin It! Share on LinkedIn

59 Réponses à “La culture.”

  1. Muller dit :

    Bonjour, je suis une élève de Terminale Es et j’avoue que votre site est très instructif, les récapitulatfis de cours sont clairs et concis.
    Merci pour cet enrichissement intellectuel =)
    Bonne continuation, je reviendrai consulter votre site pour approfondir mes cours..
    Cécile.

  2. Julien dit :

    Tout à fait d’accord avec la demoiselle (Terminale Es aussi).

  3. Jean dit :

    Bonjour Madame. Je viens de le lire votre article et je le trouve très intéressant. Mais J’ai une question à laquelle je ne trouve pas de réponse: Comment les civilisations peuvent parvenir à créer des liens malgré les différences culturelles (coutumes, croyances, pensées) et sans que l une d’elles ne perde sa spécificité et son authenticité?

  4. Simone MANON dit :

    Le dialogue des cultures est possible parce qu’il y a un socle commun à chacune d’elles qui est notre commune humanité. Sans ce fond commun nous ne pourrions pas communiquer. Je ne sais pas ce que vous appelez spécificité ou authenticité sauf à considérer que les clôtures ethniques sont une vertu. Ce qui me paraît au contraire un vice. Dans l’échange chaque culture s’élargit et s’enrichit de la différence de l’autre. Mais cela suppose la capacité de prendre du recul par rapport à sa propre culture et de la critiquer si cela s’impose du point de vue d’exigences universalisables. Cette attitude est précisément le propre de la culture européenne si l’on veut bien prendre acte que la caractéristique de l’Europe est dans la remise en question de ses traditions et dans la rupture de la clôture ethnocentrique. Toute culture ayant peur d’une autre culture, élevant des remparts pour se protéger est une culture pauvre et faible. Voyez sur ce thème le chapitre Réflexion sur la culture européenne et comprenez qu’il n’est pas nécessaire de s’attribuer un prénom européen pour obtenir une réponse dès lors qu’on se donne la peine de poser une vraie question.

  5. Jean dit :

    Bonjour. Je crois que vous avez mal interprété ce que j’ai dit. Pour ce qui est du prénom, ce n’est qu’un simple pseudonyme (je ne suis pas dupe pour ignorer que mon adresse email vous serait communiquée).De plus, je suis tout à fait contre l’éthnocentrisme et dans ma question, il n y a rien qui laisse penser que je suis pour (sauf si mon adresse email change votre manière de comprendre ma question).Je ne suis qu’un simple élève qui veut comprendre ‘Comment pouvoir créer des liens solides avec l’autre sans perdre sa propre identité (qui je suppose n’a rien à voir avec clotures éthniques, et l’identité nationale est au coeur des débats en France si je ne m’abuse)?’

  6. Simone MANON dit :

    Bien sûr que la question de l’identité a à voir avec la clôture ethnocentrique. C’est le cas chaque fois qu’on rabat son identité humaine sur son identité ethnique (ou culturelle pour ceux qui réduisent le mot de culture à sa signification ethnique). Voilà pourquoi il est légitime de dénoncer les communautarismes et de rappeler que l’identité de la France laïque et républicaine n’est pas compatible avec les revendications communautaristes.

  7. dafdesade dit :

    Qu’en est-il pour ces cultures, très nombreuses, pour lesquelles cette prise de distance critique, cette relativisation de leurs propres références, entrainent un véritablement effondrement, pensons par exemple à ces cultures inouits, aborigènes, qui ont fait l’expérience de la rencontre avec l’occident, ces savoirs, son universalisme et qui ne s’en sont toujours pas relevées. « Le temps des reves » n’est plus qu’un folklore désuet comme le reste. Ces populations connaissent souvent un taux d’alcoolisme et une violence très élevés. Leur univers symbolique a été détruit, tout ce à partir de quoi toutes les dimensions de leur existence prenaient sens a été anéanti, la relativisation de leurs références a entrainé leur perte. Qu’en est-il de ces cultures pour lesquelles la rupture de la clôture ethnocentrique a été une tragédie ?

  8. Simone MANON dit :

    D’abord je rappellerai le propos de Valéry : « Nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles ».
    Ensuite je vous renverrai à l’analyse de Claude Lévi-Strauss, dans le chapitre 7 de Race et histoire.
    « Mais regardez autour de vous ; soyez attentif à ce qui se passe dans le monde depuis un siècle, et toutes vos spéculations s’effondreront. Loin de rester enfermées en elles-mêmes, toutes les civilisations reconnaissent, l’une après l’autre, la supériorité de l’une d’entre elles, qui est la civilisation occidentale. Ne voyons-nous pas le monde entier lui emprunter progressivement ses techniques, son genre de vie, ses distractions et jusqu’à ses vêtements? Comme Diogène prouvait le mouvement en marchant, c’est la marche même des cultures humaines qui, depuis les vastes masses de l’Asie jusqu’aux tribus perdues dans la jungle brésilienne ou africaine, prouve, par une adhésion unanime sans précédent dans l’histoire, qu’une des formes de la civilisation humaine est supérieure à toutes les autres : ce que les pays « insuffisamment développés » reprochent aux autres dans les assemblées internationales n’est pas de les occidentaliser, mais de ne pas leur donner assez vite les moyens de s’occidentaliser. Nous touchons là au point le plus sensible de notre débat; il ne servirait à rien de vouloir défendre l’originalité des cultures humaines contre elles- mêmes. De plus, il est extrêmement difficile à l’ethnologue d’apporter une juste estimation d’un phénomène comme l’universalisation de la civilisation occidentale, et cela pour plusieurs raisons, D’abord l’existence d’une civilisation mondiale est un fait probablement unique dans l’histoire ou dont les précédents seraient à chercher clans une préhistoire lointaine, sur laquelle nous ne savons à peu près rien. Ensuite, une grande incertitude règne sur la consistance du phénomène en question. Il est de fait que, depuis un siècle et demi, la civilisation occidentale tend, soit en totalité, soit par certains de ses éléments clefs comme l’industrialisation, à se répandre dans le monde; et que, dans la mesure où les autres cultures cherchent à préserver quelque chose de leur héritage traditionnel, cette tentative se réduit généralement aux superstructures, c’est-à-dire aux aspects les plus fragiles et dont on peut supposer qu’ils seront balayés par les transformations profondes qui s’accomplissent. Mais le phénomène est en cours, nous n’en connaissons pas encore le résultat. S’achèvera-t-il par une occidentalisation intégrale de la planète avec des variantes, russe ou américaine? Des formes syncrétiques apparaîtront-elles comme on en aperçoit la possibilité pour le monde islamique, l’Inde et la Chine? Ou bien le mouvement de flux touche-t-il déjà à son terme et va-t-il se résorber, le monde occidental étant près de succomber, comme ces monstres préhistoriques à une expansion physique incompatible avec les mécanismes internes qui assurent son existence? C’est en tenant compte de toutes ces réserves que nous tâcherons d’évaluer le processus qui se déroule sous nos yeux et dont nous sommes consciemment ou inconsciemment, les agents, les auxiliaires ou les victimes. »

    Lévi-Strauss écrit ce texte en 1952. Depuis nous voyons certaines évolutions se dessiner qui vont dans le sens, me semble-t-il, du goût du métissage (G. Empoli parle de brésilianisation du monde), de la montée en puissance de la Chine et du déclin de la civilisation occidentale, la fascination qu’elle exerce pour les autres portant surtout sur sa puissance, ses armes, son niveau de vie, bref sur ses aspects matériels beaucoup plus que sur ses grandes valeurs spirituelles (parmi lesquelles l’inestimable capacité critique), valeurs ayant cessé d’être vivantes, hélas, même pour les Occidentaux. Le chapitre : Réflexion sur l’Europe développe ces thèmes.

  9. grégoris dit :

    bjr.Mon problème :peut-on dire si le culte des morts est-il naturel ou culturel?(je suis un terminaliste amoureux de la philosophie donc je veux mieux la comprendre)

  10. Simone MANON dit :

    Il faut vous dépêcher de vous mettre au travail pour élucider cette question.
    Bon courage.

  11. lili dit :

    je trouve ces explications très claires pour des élèves de terminal (dans mon cas, filière ES)! C’est super !!! 🙂

  12. Eva dit :

    Bonjour, je viens seulement de découvrir votre site que je trouve ça vraiment super, c’est très clair, j’aime beaucoup les cours qui sont présentés; d’ailleurs je vous en remercie.
    Toutefois j’ai une interrogation, ces cours étant présentés comme des récapitulatifs, sont-ils suffisants pour « maîtriser » une notion? celle sur la culture par exemple.
    Je vous demande cela car je n’arrive pas à suivre les cours de mon prof, je n’aime pas sa façon d’enseigner, au départ je faisais des efforts pour suivre, mais durant les derniers cours désintérêt complet, je ne prends même plus de notes; non pas pour la matière, que je trouve très intéressante mais plutôt pour le prof. Je sais qu’en tant que prof vous risquez de ne pas apprécié ce commentaire mais je tiens beaucoup au coef 3 que représentante la philo je n’ai pas envie de rater une épreuve pour un motif aussi puéril…

  13. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous avez raison de penser que je ne vais pas justifier votre conduite, d’autant plus que vous reconnaissez l’intérêt de la réflexion philosophique.
    Pour ce qui est de votre question: un cours est intégré dans un chapitre. C’est évidemment l’ensemble des cours du chapitre qui doivent être maîtrisés pour pouvoir traiter un sujet au bac.
    Par exemple ici: en cliquant dans la colonne de droite sur chapitre VI, nature-culture, vous verrez défiler les cours à assimiler.
    Bien à vous.

  14. elodie dit :

    Bonjour,

    Je fais un devoir sur l’égalité des cultures .

    Pourriez vous m’indiquer des noms de philosophes qui sont contre l’égalité des cultures ?
    J’ai déja des idées mais je manque de références .

    Cordialement

  15. Simone MANON dit :

    Bonjour
    L’expression: « être contre l’égalité des cultures » n’a aucun sens philosophique. La philosophie n’est pas une affaire d’opinion mais d’analyse rationnellement fondée.
    Voyez le chapitre: réflexions sur l’Europe et en particulier: https://www.philolog.fr/plaidoyer-pour-leurope-ou-loccident-lexception-europeenne-jacques-dewitte/
    Bien à vous.

  16. Auffray De L'Etang dit :

    Madame,
    Bonsoir,
    C’est en faisant « connaissance » avec Prométhée que je vous ai lu !
    Je suis Bretonne et je réalise encore aujourd’hui, la « mort » de notre culture si valorisante. Elle me manque dans son humanité… L’amour de l’art était présent, ancien.

    Cordialement. Amelle De L’ESTANG

  17. Simone MANON dit :

    Bonjour
    J’avoue ne pas voir précisément ce que vous entendez par mort de la culture.
    Avez-vous à l’esprit la culture bretonne ou bien la culture classique?
    Cette dernière est en effet mal en point dans une époque où sévit le philistinisme cultivé (https://www.philolog.fr/le-philistinisme-cultive/ ) mais les cultures ne sont pas imperméables à la vie des sociétés, elles en sont plutôt l’expression et il ne dépendait que des aînés de transmettre notre merveilleux héritage.
    Bien à vous.

  18. nina dit :

    Bonjour j’aimerais vous poser une question. Je suis en terminale ES, je viens de terminer un chapitre sur le conscient et l’inconscient se qui aurait été logique était d’avoir une dissertation sur ce sujet mais mon professeur nous à donner une dissertation avec pour problématique: PEUT-ON CRAINDRE SA CULTURE ? sachant que nous n’avons aucun cour sur la culture j’aimerais savoir lequel de vos articles pourrait m’aider à faire cette dissertation merci

  19. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Permettez-moi d’abord d’attirer votre attention sur la nécessité de corriger votre expression: ex: Ce qui aurait été logique – mon professeur nous a donné- aucun cours.
    L’énoncé: peut-on craindre sa culture? est une question non une problématique.
    J’avoue que ce sujet m’étonne; surtout si vous ne pouvez pas vous appuyer sur des cours.
    Il faudra utiliser les définitions qui sont formulées dans cet article. Voyez l’article: faut-il se méfier de l’idée de nature humaine, vous trouverez peut-être quelques éléments de réflexion. Dans le chapitre: réflexion sur l’Europe, les deux premiers articles peuvent aussi vous éclairer.
    Bon travail.

  20. Marie dit :

    Bonjour,
    Je suis élève de Terminale S, et je dois, pendant ces vacances, rédiger ma première dissertation. Parmi les quatre sujets proposés, j’ai choisi « Faut-il préserver la diversité culturelle ? ». J’ai rédigé mon introduction, j’ai également trouvé les arguments pour chacune des parties, mais je ne parviens pas à trouver de références adéquates, celles étant dans mon cours sur la culture ne me satisfaisant pas et étant peu nombreuses. Comment puis-je trouver des thèses de philosophes correspondant à mes idées pour ainsi les illustrer et est-ce indispensable pour chacune d’elles ?
    Merci d’avance.

  21. nina dit :

    merci beaucoup pour votre réponse.

  22. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Des thèses philosophiques n’ont aucunement fonction d’illustrer des opinions, leur vocation est au contraire d’arracher les élèves à la prison de leurs opinions pour leur permettre de mieux comprendre et d’élargir leur pensée.
    Sur ce thème vous pouvez lire:
    -Lévi-Strauss: race et histoire. La conférence: race et culture
    – Jean-Loup Amselle: vers un multiculturalisme français
    – Philippe d’Iribarne: penser la diversité du monde par exemple.

    La fonction illustrative d’une thèse est assumée par les exemples.
    Bon travail.

  23. jannne dit :

    j’ai une question a laquelle je n’arrive pas a répondre: comment ne pas rester enfermé dans sa culture?

  24. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne prends la peine de répondre qu’aux internautes respectant les règles les plus élémentaires de la politesse.
    Bien à vous.

  25. Voltairine dit :

    Bonjour,

    Je suis actuellement élève en terminale L,et votre article m’as beaucoup éclairé sur le thème de la culture,me donnant une nouvelle définition de cette notion. Mais il n’en reste pas moins que beaucoup de questions se bousculent dans ma tête. Depuis mon plus jeune âge j’ai l’intime conviction que la culture est un genre de puits sans fond,et en lisant votre article j’ai eu l’impression qu’il était possible d’être trop cultivé dans le sens ou au fur et à mesure d’engranger de nouvelles choses,on fini par oublier les notions acquises précédemment. Je lis beaucoup,je vais très régulièrement au théâtre et je me rends compte que je me souviens de certaines oeuvres même 5 ans après. Je suis encore trop jeune je crois pour pouvoir évalué le temps que prennent les choses pour s’envoler de notre mémoire,alors je me demandais ce que vous vous en pensez. Je n’ai pas encore traité le sujet de la culture avec mon professeur mais j’aime prendre un peu d’avance..

    Je vous remercie d’avoir lu mes divagations,et j’espère pouvoir lire votre avis.

    Bien à vous,Voltairine.

  26. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il convient de faire la différence entre « avoir de la culture » et « être cultivé ». On a dit que « la culture, c’est ce qui reste lorsqu’on a tout oublié ». En effet, ce n’est pas parce qu’on a des connaissances engrangées dans sa mémoire que celles-ci ont un impact sur la personne. L’essentiel consiste dans la qualité d’un jugement, la délicatesse d’une sensibilité, l’ouverture d’un esprit etc. Or on peut aller au cinéma, au théâtre, lire et être un sectaire invétéré. La scène politique exhibe chaque jour ce genre d’étrangeté.
    La vraie culture implique une transformation de l’être par les acquis. Elle est de l’ordre de l’être non de l’avoir. Son enjeu est le développement des facultés supérieures de la personne, autrement dit son humanisation.
    Bien à vous.

  27. Amaury dit :

    Bonjour,
    je viens de lire le très intéressant livre d’Alain Finkielkraut, la défaite de la pensée, et je suis ensuite tombé sur votre article.
    J’ai cru comprendre, en le lisant, qu’Alain Finkielkraut constate une certaine destruction de la culture dans notre monde post-moderne, car on donne le nom de culturel à des choses qui n’ont rien à voir avec la pensée, alors que la culture, c’est la vie avec la pensée. A force de vouloir légitimer n’importe quelle forme de culture particulière pour combattre le vilain ethnocentrisme occidental, à force de vouloir émanciper l’homme de sa culture pour qu’il puisse considérer chaque culture comme équivalente à chacune des autres, comme on en est venu à refuser de penser que Mozart soit plus légitimement beau qu’un quelconque autre artiste, nous vivons aujourd’hui dans une société qui se veut multi-culturelle, où chacun choisit à la carte la culture de son choix, à la manière d’un téléspectateur choisissant son programme TV. J’ai cru donc comprendre dans ce livre que la culture a été dissoute dans la société de consommation et de plaisir. Si le despotisme culturel a été vaincu, l’obscurantisme semble donc invincible. Si l’école connaît tant de difficultés aujourd’hui, c’est parce qu’elle a été pensée, par Jules Ferry par exemple, comme un moyen de former son esprit de manière dynamique. L’élève, lui, regarde l’école comme un moyen de divertissement et lui oppose l’attention flottante du téléspectateur. L’école est moderne, l’élève post-moderne. Les réformes scolaires tant critiquées visent à post-moderniser l’école, à rapprocher la formation de la consommation, afin qu’elle soit douce comme un concert de rock.
    Ma question est donc : est-ce pessimiste de penser la société de consommation comme incapable de produire des oeuvres artistiques aussi magnifiques que lors des siècles derniers ? La culture post-moderne, le monde des Jeunes comme l’appelle Finkielkraut est-il dégénéré ?

  28. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La culture, les grandes œuvres de l’esprit ont toujours été une affaire d’élite. L’utopie des Lumières consistait à vouloir démocratiser la culture et à ce titre ne sous-estimait pas l’importance capitale de la formation intellectuelle dans son accès. Le drame du monde démocratique est d’y avoir renoncé et de laisser croire que tout se vaut, qu’il n’y a pas de hiérarchies à établir. Tout cela au nom de l’idéal d’égalité.
    Cela dit, il n’y a aucun sens à dire que le monde des jeunes est dégénéré et qu’il n’y a pas aujourd’hui, comme il y en aura demain, des vrais créateurs.
    Simplement, il n’est pas sûr qu’ils aient une visibilité médiatique et leur public ne dépassera pas le nombre très limité de quelques aristocrates de l’esprit, (ce qui n’a rien à voir avec une classe sociale).
    Hannah Arendt avait déjà bien posé les problèmes dans « la crise de la culture ».
    Voyez sur ce blog l’article suivant: https://www.philolog.fr/le-philistinisme-cultive/
    Bien à vous.

  29. kiim dit :

    Bonsoir, Madame,
    Je viens de vous lire sur la culture, je vous avoue qu’elle est très intéressante surtout pour moi qui suis en terminale. Je cherche à me préparer pour l’épreuve à la fin de l’année, mais pour cela j’ai une question à vous poser: Le fait de ne pas écrire beaucoup a-t-il un rapport avec la note ? Je vous remercie d’avance.

  30. Cherad dit :

    Bonjour Madam Manon
    Je vous remercie pour votre Blog que je trouve très intéressant mais surtout stimulant vers le sérieux.
    J’aimerais bien vous citer, si vous le permettez, dans mes écritures mais à cause du manque des références particulières partout dans vos textes, le lecteur se demande régulièrement si on serait en train de citer les idées propres à Mme Menon ou bien les idées de quelqu’un d’autre que Mme Menon aurait paraphrasées.
    Votre confirmation aura défait cette difficulté.
    Merci encore, avec respectueux sentiments
    Cherad

  31. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne vois guère l’intérêt de citer le cours d’un professeur. Celui-ci est simplement le médiateur entre les grands penseurs et les élèves. Sa vocation est d’expliquer non de paraphraser!
    Bien à vous.

  32. Simone MANON dit :

    Réponse à Kim
    Bonjour
    Ce n’est pas la fréquence de l’exercice qui compte, c’est la correction de l’expression et la capacité de formuler avec précision et rigueur les idées. Mais en général, on s’exprime d’autant mieux qu’on s’exerce fréquemment à le faire.
    Bien à vous.

  33. Cherad dit :

    Bonjour
    Merci pour votre réponse.
    Je tiens à rappeler, si vous le permettez, que par définition ‘paraphraser’ serait selon Larousse a « Exprimer quelque chose sous une autre forme, en général plus longue, plus explicative». Mais le vrai but de la citation revient à évoquer l’idée originale et par conséquent il serait utile de savoir à qui revient idée.
    Vous dites par exemple que « Parce qu’elle [la culture] est le moyen de rendre l’homme plus humain» cela succombe à une circularité du raisonnement car il serait nécessaire à définir ce qui est ‘humain’. Vous dites notamment que « la philosophie…correspond à l’épanouissement supérieur de la culture » ; on s’interrogerait si ce sens de supériorité serait le résultat d’ ‘un jugement de valeurs’ ? cela induirait le prospect qu’une culture soit supérieure à une autre ; fallait-il établir ce ‘fait’ ; car on se rappellerait de « ceux qui n’ont pas la même culture que moi ne sont pas des hommes »
    Si j’ai bien compris aussi vous dites que (je paraphrase) l’évolution de la culture serait un procédé par le quel « l’esprit s’interroge sur lui-même ». Mais si vous dites en même temps que les hommes « sont-ce que leur groupe social les fait être » alors on se demanderait que serait justement d’abord un ‘esprit’ (es-ce conscience subjective individuelle ?) ; puis un esprit du groupe ? à moins que vous diriez que ‘La culture humaine’ n’est point compatible avec ‘ la culture au sens sociologique ou ethnique’
    Les éclaircissements pareils nécessiteraient la source originale de declarations des ‘grands penseurs’.
    Bien à vous.

  34. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Un cours introductif (avec son schématisme) suppose en effet des développements substantiels et la maîtrise d’une culture qui commence avec les Grecs et se déploie sur des siècles.
    De nombreux articles approfondissent ces questions sur ce blog. Voyez la table des matières pour en avoir une idée. Tout un chapitre est même consacré à la culture européenne.
    Par exemple: https://www.philolog.fr/paideia-encore-et-toujours-werner-jaeger/
    Bon travail.

  35. Lisa dit :

    Bonjour,
    Notre professeur nous a demandé de faire un dissertation :  » l’inconscient est-il nature ou culture ? « . A l’aide de mon cours et diverses recherches j’ai noté dans une première partie que l’instinct et les rêves relèvent de l’inconscient naturel mais pour ce que concerne les actes ( manqués, impulsifs, compulsifs ) je ne parviens pas à savoir s’ils relèvent de l’inconscient naturel ou culturel .. Je bloque plus ou moins sur la partie qui concerne l’inconscient culturel je sais pas quoi mettre dedans mis à part la prohibition de l’inceste. De plus, est ce que parler de l’organisation du psychisme avec le  » ça  » et le sur moi serait du hors sujet dans cette dissertation ?

    Cordialement, Lisa.

  36. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je n’interviens pas dans le travail des élèves mais j’attire votre attention sur un point:
    Voyez le (2) de ce cours pour comprendre que vous vous égarez à chercher le naturel au niveau des contenus de l’inconscient.
    https://www.philolog.fr/faut-il-se-mefier-de-lidee-de-nature-humaine/
    Bon travail.

  37. Lisa dit :

    Bonjour,

    Je vous remercie pour votre réponse et la qualité de ce cours. Cependant je ne parviens toujours pas à comprendre si les actes (manqués, compulsifs et impulsifs) relèvent de la nature donc s’ils sont innés ou bien s’ils sont au contraire culturels ?

  38. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Si d’aventure Freud décrit un fonctionnement psychique observable universellement, il y a sens à parler d’un fonctionnement relevant de la nature. Mais dans ses expressions concrètes, il porte nécessairement la marque d’une culture.
    Ex: Un homme d’une société primitive n’est pas en situation d’oublier le numéro de téléphone de son dentiste!
    Bien à vous.

  39. Mainguy dit :

    Chère professeur,

    Je vous présente tout d’abord mes excuses dans la manière dont je me permets de vous contacter mais je n’ai pas réussi à trouver une adresse électronique particulière à laquelle j’aurais pu vous écrire.

    Sans vouloir abuser de votre temps, je vous explique rapidement ma situation : élève en quatrième année de droit, je me sens de plus en plus.. mal à l’aise. En effet, je me sens ( excusez la simplicité de ma prose, preuve de mon état affligeant ) « nul ». Lorsque je navigue parmi les divers sites « branchés » actuels qui abordent des thèmes de sociétés intéressants ou les multiples tendances jeunes qui apparaissent ou s’évanouissent, je ressens un grand manque de « culture ». Les références, tant littéraires que cinématiques, me font cruellement défaut, d’où le souhait que je vous exprime : pourriez-vous me fournir une liste de livre ( bien évidemment non exhaustive ) qui vous ont permis de vous épanouir ? Je ne veux, bien évidemment, pas me limiter à la philosophie et tous les genres, de la Science Fiction au roman historique et/ou fantastiques, m’intéressent.

    Bref, pour être plus clair, je souhaiterais obtenir de vous, si vous aviez quelques minutes à m’accorder, une liste de livres qui vont ont fait réfléchir, rire ou vibrer. Je veux ressortir grandi lorsque je tourne la dernière page, avoir appris quelque chose sur notre monde ou étendu mon imagination, découvrir la géopolitique sous une nouvelle perspective ou tout simplement connaître le passé mythologique d’un dieu oublié.

    Aidez-moi, je vous en prie. Je ne veux pas être une personne dont on détourne les talons lorsque des discussions poussées naissent.

    Je vous prie d’agréer, madame, mes salutations distinguées.

    Baptiste Mainguy

  40. Simone MANON dit :

    Bonjour Baptiste
    Il n’est jamais trop tard pour se cultiver et ce n’est pas parce qu’on n’a pas de grands acquis intellectuels qu’on est privé de certaines qualités de jugement. De nombreux intellectuels ont fait preuve de ce que l’on a appelé « la bêtise de l’intelligence ». Je pense à Sartre disant: « il vaut mieux une dictature communiste qu’une dictature bourgeoise », ou à Simone de Beauvoir disant:  » la vérité est une, l’erreur multiple, c’est pourquoi la droite est favorable au pluralisme »!
    Tout cela pour vous dissuader de nourrir des complexes vains.
    Pour ce que vous me demandez, c’est mission impossible. Il convient modestement de choisir des ouvrages relatifs à vos intérêts du moment.
    Vous avez sur ce blog une rubrique: bibliographie et une autre récréation dans lesquelles vous pouvez puiser des suggestions de lecture. Je présente dans récréation certains livres que j’ai jugé dignes d’inviter à lire. En lisant la présentation, vous saurez s’ils sont susceptibles ou non de vous intéresser.
    Pour la culture de base, les articles composant les 26 chapitres du cours de philosophie (en particulier les 4 ou 5 premiers articles de chaque chapitre) donnent les définitions et les problématiques qu’il convient, sur chaque thème, de maîtriser.
    Bien à vous.

  41. Jean-Pierre dit :

    Bonjour Madame,
    Je suis étudiant en Master 2 « Langues, cultures et communication ». J’ai lu votre cours sur la culture et je l’ai trouvé très intéressant. Mais j’ai encore été beaucoup attiré par les commentaires et les questions posées. A ce propos, j’ai aussi trouvé vos réponses enrichissantes et votre intérêt pour la précision m’a énormément plu, ça me donne envie d’apprendre plus pour bien réussir une future carrière de professeur.
    Je suis tombé sur votre cours dans la cadre de mon mémoire de fin d’étude (sur la démocratisation culturelle par Internet) dans lequel je compte définir le concept de culture.
    Ce qui a attiré mon attention dans vos réponses, c’est d’abord votre phrase : « La vraie culture implique une transformation de l’être par les acquis. Elle est de l’ordre de l’être non de l’avoir. ». Quel sens donnez-vous au mot « vraie »? Et ensuite cette deuxième phrase : « L’utopie des Lumières consistait à vouloir démocratiser la culture et à ce titre ne sous-estimait pas l’importance capitale de la formation intellectuelle dans son accès. ». Je n’avais pas pensé à l’ « utopie ». J’aimerais que vous m’orientiez vers des textes afin de mieux comprendre la « démocratisation de la culture » et notamment cette dimension utopique.

  42. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Pour votre première question: Une vraie culture = une culture véritable ou une culture fidèle à ce que le mot implique. Ainsi cultiver un champ suppose que celui-ci ne reste pas inchangé par l’action exercée sur lui. Il produit ses meilleurs fruits, il renvoie une image dans laquelle l’homme peut contempler son propre visage. Ainsi en est-il du processus de la culture de l’humanité en soi. La culture, en ce sens, se distingue de l’instruction, de la spécialisation, du conditionnement culturel. Par la fréquentation des grands esprits, des belles œuvres qui forment le patrimoine de l’humanité, l’homme déploie ses propres ressources en humanité: ouverture d’esprit, délicatesse de la sensibilité, sûreté du jugement, fermeté de la volonté.
    Bref l’idée d’une vraie culture suggère que ce qui se donne parfois aujourd’hui sous ce nom n’en est qu’une caricature car notre époque a perdu le sens des hiérarchies de telle sorte que pour elle tout se vaut. Les productions (musique, livres, spectacles, conduites) les plus vulgaires, les plus médiocres sont mises sur le même plan que celles qui nous affranchissent de la vulgarité et de la médiocrité.

    Pour votre deuxième question: Mes premières remarques éclairent le sens de la deuxième formule qui vous interroge. Les Lumières sont un mouvement culturel qui, dans une de ses dimensions essentielles, croyaient au progrès possible de l’humanité. Leur objectif était de développer le potentiel de l’humanité tant en capacités de rationalité, de sensibilité que de volonté de promouvoir les idéaux de la raison dans le champ éthique et politique. Mais nul n’ignorait que ce projet passe par la nécessité d’instituer une école exigeante, soucieuse de permettre à tous d’accéder à la liberté intellectuelle et morale. L’utopie des Lumières est, en ce sens, d’avoir rêvé d’étendre à tous ce qui était le privilège des aristocrates et en particulier des aristocrates de l’esprit. Comme la faillite de l’école le montre aujourd’hui, les Lumières péchaient par excès d’optimisme et de générosité. Il y a finalement peu d’hommes qui aspirent à une authentique liberté, celle que visait une éducation libérale. La massification de l’enseignement s’est faite au détriment de sa qualité et de son authentique finalité. La distinction gréco-romaine entre le libéral et l’utilitaire a cessé d’avoir du sens pour nos contemporains. La scène médiatique exhibe le pire avec beaucoup plus d’audience que le meilleur, la littérature de caniveau connaît les succès que l’on sait, les mouvements extrémistes politiques ou religieux n’ont pas de peine à recruter. Signes éloquents de l’échec d’une espérance.

    Pour approfondir:https://www.philolog.fr/travail-conceptuelliberal/
    https://www.philolog.fr/liberal-repertoire/
    https://www.philolog.fr/le-philistinisme-cultive/
    https://www.philolog.fr/est-ce-un-devoir-pour-lhomme-detre-cultive/

    Bien à vous.

  43. Michel dit :

    Bonjour,

    Je commente seulement que ce blog c’est avéré très utile dans ma compréhnsion des thêmes y étants abordés.

    Bien à vous.

  44. margot dit :

    Bonjour,
    Ayant une dissertation portant sur le sujet  » la culture nous rend-elle plus libre ?  » , j’ai quelques soucis à propos de la problématique. J’avais pour idée celle-ci :  » dans quelle mesure la culture nous aliène t-elle ?  » j’aimerais très sincèrement avoir votre avis concernant celle-ci.
    Bonne journée à vous,
    Margot.

  45. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous ne pouvez pas vous demander si la culture nous rend plus libres sans découvrir en même temps les risques d’aliénation qu’elle comporte. Mais il ne faut pas confondre question, problème, problématique.
    Le sujet est énoncé sous la forme d’une question.
    Vous avez à dégager les problèmes que cette question implique.
    Comme on le voit en mathématique, un problème a des données qui sont à formuler(toute la difficulté consiste à bien énoncer les données d’un problème) et il appelle un traitement conduisant à une conclusion.
    Une problématique est un ensemble de problèmes articulés avec rigueur dont la fonction est de préciser le sens de la question.
    On élucide une problématique, on résout un problème.
    Vous avez donc formulé une question, ce qui évidemment est loin de ce qui est attendu de vous. Mais cette question est pertinente.
    Bon travail.

  46. Léonie dit :

    Bonsoir,
    Ayant besoin d’idées, j’ai fais quelques recherches et c’est par hasard que je suis tombée sur ce site.
    Voyant que vous éclairez pas mal de personnes, j’aurais voulu savoir s’il était possible que vous m’aidiez avec mon sujet de dissertation qui est le suivant : puis-je sortir de ma culture?
    En attendant une réponse de votre part,
    Cordialement

  47. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Désolée, ce site n’est pas un site d’aide aux devoirs.
    Il faudra interroger les différentes manières d’entendre le mot « sortir ».
    Car si l’on entend pas là: devenir extérieur à, s’affranchir totalement de son appartenance à une culture, vous découvrirez vite qu’il y a là une impossibilité. Ce que vous aurez à établir par des analyses précises.
    Mais on peut déchiffrer le processus comme: prendre du recul par rapport à, nouer un rapport critique à. Sur ce point voyez l’ensemble des articles répertoriés dans le chapitre XXII: réflexions sur l’Europe.
    Bien à vous.

  48. Yasmine dit :

    Bonjour madame, je dois répondre a cette question de dissertation, la culture rend elle l’homme libre?
    En disant que le travail rend l’homme libre dans le sens ou il lui permet d’etre indépendant, suis je toujours dans le sujet? Comment ramener la culture d;un homme son appartenance a un groupe avec des coutumes à une liberté?
    merci à vous

  49. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous devez commencer par élaborer la problématique engagée par la question. Assimilez bien la différence entre une question; un problème; une problématique. Voyez plus haut ma réponse du 13 octobre 2014 et la méthode. https://www.philolog.fr/methodologie-de-la-dissertation-philosophique/
    Vous découvrirez qu’il faut pour comprendre les problèmes exploiter les deux sens du mot culture. Culture au sens ethnique ou sociologique; culture au sens humaniste. Voyez la troisième partie de cet article: https://www.philolog.fr/est-ce-un-devoir-pour-lhomme-detre-cultive/
    Vous découvrirez aussi qu’à substituer l’idée de travail à celle du culture, vous vous engagez dans un hors-sujet.
    Bien à vous.

  50. Chere Madame,
    Bravo pour ce beau travail éducatif.
    De nombreux auteurs à pretention philosophique, en majorité d’obédience chrétienne, persistent à définir la nature humaine comme une nouvelle espèce que Dieu aurait créée, comme les autres espèces, mais douée du libre arbitre. Ce qui me chagrine dans cette formulation ce sont trois affirmations: l’homme est « créé »; il est une « nouvelle » espèce; celle-ci est douée du « libre arbitre. ».
    Cet assemblage ne trahit-il pas une négation subtile des enseignements de Darwin et de ses successeurs et des neurosciences, notamment en ce qu’elle sous entend une discontinuité dans l’évolution et en reduisant la notion de libre arbitre à une faculté acquise une fois pour toutes.
    J’aimerais que vous m’éclairiez sur ces points.
    Bien cordialement.
    Jacques B.

Laisser un commentaire