Maintenant représente toi de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'instruction et à l'ignorance.
Figure toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu'ils ne peuvent ni bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête; la lumière leur vient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux et au dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. Figure toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui dépassent le mur, et des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre en bois et en toute espèce de matière; naturellement parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent.
Voilà, s'écria Glaucon, un étrange tableau et d'étranges prisonniers.
Ils nous ressemblent; et d'abord, penses-tu que dans une telle situation ils n'aient jamais vu autre chose d'eux mêmes et de leurs voisins que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ?
Et comment, observa Glaucon, s'ils sont forcés de rester la tête immobile durant toute leur vie
Et pour les objets qui défilent, n'en est-il pas de même ?
Sans contredit.
Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble ne penses-tu pas qu'ils prendraient pour des objets réels les ombres qu'ils verraient ?
Il y a nécessité.
Et si la paroi du fond de la prison avait un écho, chaque fois que l'un des porteurs parlerait, croiraient-ils entendre autre chose que l'ombre qui passerait devant eux ?
Non, par Zeus !
Assurément de tels hommes n'attribueront de réalité qu'aux ombres des objets fabriqués. Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes et qu'on les guérisse de leur ignorance. Qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière : en faisant tous ces mouvements, il souffrira et l'éblouissement l'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l'heure il voyait les ombres. Que crois-tu donc qu'il répondra si quelqu'un lui vient dire qu'il n'a vu jusqu'alors que de vains fantômes, mais qu'à présent, plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ? Si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l'oblige à force de questions, à dire ce que c'est ? Ne penses-tu pas qu'il sera embarrassé, et que les ombres qu'il voyait tout à l'heure lui paraîtront plus vraies que les objets qu'on lui montre maintenant ? Et si on le force à regarder la lumière elle même, ses yeux n'en seront-ils pas blessés? N'en fuira-t-il pas la vue pour retourner aux choses qu'il peut regarder, et ne croira-t-il pas que ces dernières sont réellement plus distinctes que celles qu'on lui montre?
Assurément !
Et si on l'arrache de sa caverne par force, qu'on lui fasse gravir la montée rude et escarpée, et qu'on ne le lâche pas avant de l'avoir traîné jusqu'à la lumière du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra-t-il pas de ces violences? Et lorsqu'il sera parvenu à la lumière, pourra-t-il, les yeux tout éblouis par son éclat, distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ?
Il ne le pourra pas, du moins dès l'abord.
Il aura je pense besoin d'habitude pour voir les objets de la région supérieure. D'abord, ce seront les ombres qu'il distinguera le plus facilement, puis les images des hommes et des autres objets qui se reflètent dans les eaux, ensuite les objets eux-mêmes. Après cela, il pourra, affrontant la clarté des astres et de la lune, contempler plus facilement pendant la nuit les corps célestes et le ciel lui même, que pendant le jour le soleil et sa lumière. A la fin j'imagine, ce sera le soleil - non ses vaines images réfléchies dans les eaux ou en quelque autre endroit - mais le soleil lui-même à sa vraie place, qu'il pourra voir et contempler tel qu'il est.
Nécessairement !
Après cela, il en viendra à conclure au sujet du soleil, que c'est lui qui fait les saisons et les années, qui gouverne tout dans le monde visible, et qui, d'une certaine manière est la cause de tout ce qu'il voyait avec ses compagnons dans la caverne. Or donc, se souvenant de sa première demeure, de la sagesse que l'on y professe, et de ceux qui furent ses compagnons de captivité, ne crois-tu pas qu'il se réjouira du changement et plaindra ces derniers?
Si, certes.
Et s'ils se décernaient entre eux louanges et honneurs, s'ils avaient des récompenses pour celui qui saisissait de l'oeil le plus vif le passage des ombres, qui se rappelait le mieux celles qui avaient coutume de venir les premières ou les dernières, ou de marcher ensemble, et qui par là était le plus habile à deviner leur apparition, penses-tu que notre homme fût jaloux de ces distinctions, et qu'il portât envie à ceux qui, parmi les prisonniers, sont honorés et puissants? Ou bien comme ce héros d'Homère, ne préférera-t-il pas mille fois n'être qu'un valet de charrue, au service d'un pauvre laboureur, et souffrir tout au monde plutôt que de revenir à ses anciennes illusions de vivre comme il vivait ?
Je suis de ton avis, dit Glaucon, il préfèrera tout souffrir plutôt que de vivre de cette façon là.
Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et aille s'asseoir à son ancienne place : n'aura-t-il pas les yeux aveuglés par les ténèbres en venant brusquement du plein soleil? Et s'il lui faut entrer de nouveau en compétition, pour juger ces ombres, avec les prisonniers qui n'ont point quitté leurs chaînes, dans le moment où sa vue est encore confuse et avant que ses yeux ne se soient remis (or l'accoutumance à l'obscurité demandera un temps assez long), n'apprêtera-t-il pas à rire à ses dépens, et ne diront-ils pas qu'étant allé là-haut, il en est revenu avec la vue ruinée, de sorte que ce n'est même pas la peine d'essayer d'y monter? Et si quelqu'un tente de les délier et de les conduire en haut, et qu'ils le puissent tenir en leurs mains et tuer, ne le tueront-ils pas ?
Platon. La République, Livre VII.
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J’ai lu et entendu plusieurs fois l’allégorie de la caverne de Platon, j’avoue que j’arrive pas à saisir les tenants et les aboutissants. levrai sens de l’allégorie. Je suis professeur en médecine. j’enseigne l’anatomie humaine et je pense que sans la philosophie, il n’est pas évident de comprendre la merveilleuse structuration logique et rationnelle de notre corps.
Merci
Le cours suivant explicite le sens de cette allégorie. Certes les idées seraient encore plus explicites si chacune des images mobilisées par Platon était rigoureusement interprétée comme je le fais en cours. Mais il me semble que la signification d’ensemble est clairement dégagée. En gros, la caverne est la métaphore de l’ignorance et de l’aliénation. Nous ne voyons pas les choses elle-mêmes, nous sommes victimes d’une illusion nous faisant prendre l’apparence des choses pour les choses elle-mêmes. Le médecin que vous êtes connait bien les représentations erronées que l’humanité a commencé par se faire de l’être vivant. Pour accéder à la science, il faut une transformation de notre manière d’aller au réel car celle-ci commence par être le produit de tout ce qui nous détermine à notre insu ( les conditionnements culturels, la langue que nous parlons, les représentations usuelles, les préjugés, les intuitions premières, etc.)
Je ne vous suis pas tout à fait lorsque vous conférez à la philosophie un honneur qui est plutôt celui de la science expérimentale. C’est le biologiste, non le philosophe, qui est au principe de la connaissance rationnelle de l’organisme. En revanche la biologie doit être prolongée par la réflexion philosophique, ne serait-ce que pour avoir l’intelligence d’elle-même. Elle doit s’interroger sur la nature du discours qu’elle élabore, ses principes, ses limites. Et cette interrogation est, par définition, de nature philosophique. Vous savez peut-être qu’un des sujets du bac cette année était ainsi libellé: » Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible? »
Bonjour,
Je découvre votre site et vous félicite pour son contenu et sa clarté.
N’ayant jamais été très attiré par la philosophie au cours de mon cursus scolaire, voici que celle-ci me rattrape, à 44 ans !
Je suis tout simplement plus mûr ou prêt à écouter le message, l’expérience, les questions et les idées venant de nos Sages.
D’un autre temps ou d’aujourd’hui, d’ici ou d’ailleurs, j’ai aujourd’hui un besoin immense de Connaissance, non plus uniquement scientifique, mais bien les bases du questionnement humain, entre réalité et mystère !
J’ai déjà eu le plaisir de lire le texte de « l’allégorie de la caverne », à chaque lecture il me surprend.
Je vais prendre le temps de lire votre site et ses différents chapitres qui sont tous plus intéressants les uns que les autres.
Pouvez-vous me donner une liste de livres / auteurs / éditions qui me permettrait de repartir à zéro dans la littérarure « philosophique ».
Merci
Bien cordialement
Gilles PIFFARETTI
Dijon
Merci Gilles pour votre appréciation des vertus de mon site.
La bibliographie que je pourrais vous conseiller est immense. Mais il faut commencer modeste pour ne pas rapidement s’essouffler et aller loin. Dans la mesure où vous allez lire ce cours, vous aurez les clés dont tout élève de classe terminale est censé disposer. A partir de là, il me semble qu’il faut fréquenter directement les grands auteurs. D’autant plus que de nombreuses collections pédagogiques offrent des introductions et des notes permettant de se repérer dans les oeuvres. Et l’outil internet met à disposition des sites de grande qualité pour résoudre les difficultés rencontrées.
Puisque vous commencez par Platon, vous pouvez lire d’abord: « l’apologie de Socrate », « le Gorgias », « la République ». Puis, pour le premier thème: « la philosophie »: « Qu’est-ce que la philosophie antique? » de Pierre Hadot, « le Discours de la méthode » de Descartes, et « Qu’est-ce que les Lumières? » de Kant.
Sur chaque thème, les références que je mobilise dans le cours sont des fondamentaux. Par exemple pour le cours sur le désir: Platon dans « le Banquet » et Spinoza: « l’Ethique ».
Si vous souhaitez vraiment une liste beaucoup plus précise, dîtes le moi. Je vous la communiquerai. J’évite de la donner à mes élèves parce qu’il me semble qu’elle est moins stimulante que décourageante. On se dit qu’il faudra tant de temps pour lire tout cela!
Il faut aussi avoir présent à l’esprit qu’il vaut mieux avoir des connaissances précises sur peu, que des connaissances vagues sur beaucoup. L’approfondissement d’un seul auteur permet souvent de rencontrer tous les autres.
Pour une approche générale, je sais que la collection »pour les nuls » est de qualité. Je n’ai pas lu le livre concernant la philosophie mais la compétence philosophique de son auteur; Christian Godin autorise toutes les espérances.
Bon courage et que votre parcours philosophique vous donne toutes les joies que la pratique des grands auteurs me procure.
Bonjour,
en tant que collègue de philo je tiens à vous dire que votre entreprise est très généreuse. Je consulte régulièrement votre site, non pas pour en télécharger les cours, mais parce que c’est là une belle occasion de cogitation lorsque je prépare mes cours. En somme, j’ai l’impression de discuter avec une collègue stimulante. Je commence à taper certains de mes cours, notamment sur Morale et liberté et sur la vérité. J’espère pouvoir vous les envoyer une fois que j’en serai venu à bout afin d’établir une certaine réciprocité. Jusqu’à présent, l’organisation de mon cours était proche de celle d’une grande dissertation : j’y trouvais mon compte mais j’ai remarqué que les élèves tendaient – pas tous heureusement – à s’y perdre. Il me semble que votre démarche est plus efficace, à savoir aborder la notion traitée par petites séquences sans chercher à tout prix à les lier dans le traitement d’un seul problème.
Bonne continuation et bonne rentrée.
Ne peut-on penser la Caverne comme le lieu de l’immanence, opposé à celui de la transcendance? Le texte fondateur du dualisme corps-esprit?
Merci pour vos amitiés spinozistes. Elles me touchent et me permettent d’espérer des échanges fructueux. Pour l’allégorie de la caverne, bien sûr que la caverne est la métaphore de l’immanence et le platonisme une pensée du dualisme honni par Nietzsche. J’ai déchiffré dans deux cours l’image de le caverne et l’image des chaînes et cela apparaît clairement.
Bien à vous.
Ayant la connaissance scientifique et pilosophique, nous sommes aptes à trouver le chemin de la lumière (passage hors de la caverne: lieu d’ignorance et d’allienation selon Platon), nous avons la conscience et le courage de nous servir de notre propre pensée non influencée par les tuteurs (selon Kant). Nous savons nous détacher des illusions que forment nos désirs. Mais hors de la caverne, sommes nous pas toujours influencés? Nous apprenons sans cesse par les autres, nous avons donc toujours dans nos pensées une part d’ombre. Qu’est ce que la liberté de penser dans ce cas?
De plus, si le désir forme les illusions, alors le désir de sortir de la caverne ne forme t’il pas qu’une illusion? Une fois sortie de l’obscurité, sommes nous enfermés et reliés par d’autres chaines? Et si on arrivait à sortir de ce « système », si on était transcendant au dessus de toutes choses: serions nous pris par la folie? Ou exclus et plongés dans une solitude, incompris par le monde (les autres) qui nous entoure?
Peut être existe t’il une limite à nos désirs, à nos espérances qui nous éviterait de nous transcender et donc de comprendre la finalité de l’existence humaine? Sommes nous donc prisonniés à comprendre qu’une simple parcelle du monde, un seul fragment de la vie?
La liberté de penser consiste à affranchir l’exercice de l’entendement de ce qui l’aliène. Cet effort ne peut pas être un effort solitaire. L’oeuvre des lumières est oeuvre collective. Elle requiert une formation intellectuelle exigeante, la transmission des savoirs et l’échange avec des personnes éclairées. Penser par soi-même ne signifie pas penser par soi seul. La pensée est dialogique dans son essence. S’il y a toujours une part d’ombre dans notre pensée, cela ne tient pas à la nécessité de passer par l’autre pour conquérir l’autonomie intellectuelle, cela tient au fait que nous ne sommes pas un esprit pur et que notre particularité empirique, les déterminations qui inconsciemment pèsent sur nous, font obstacle à un rapport de transparence avec le vrai.
Il n’y a pas de sens à dire que l’homme peut être transcendant. L’homme n’est pas Dieu. En revanche on peut dépasser, surmonter certaines limites.
Votre question concernant le désir est très intéressante. Le désir de sortir de la caverne peut en effet nourrir l’illusion que cela soit absolument possible. La dernière partie du cours établira qu’une telle espérance n’est vraiment qu’une illusion.
Bonjour Madame,
J’aurao souhaité savoir s’il y avait une pertinence à considérer les prisonniers comme victimes de l’illusion plutôt que de l’erreur?
Merci pour votre réponse et pour votre blog qui est d’une très grande clarté.
Oui, c’est totalement pertinent. Toutes les erreurs des prisonniers de la caverne sont des illusions au sens précis du terme que vous semblez maîtriser par le fait même que vous vous posiez cette question.
Je vous félicite pour ce très beau site.
Pour ceux qui ont des difficultés à comprendre l’alégorie de la caverne ou le film Matrix qui est plus contemporain, je ne peux que vous inviter vers d’autres pistes ou point de vue comme le processus d’individuation de Carl Jung.
C’est le combat contre l’incrédulité.
Bonjour Madame, Je suis tombé par hasard sur votre site en cherchant des informations sur l’origine du texte de la caverne (de Platon). J’ai trouvé votre site très intéressant, très bien fait et j’ai surtout apprécié votre démarche que je trouve très généreuse. Les différents entretiens que vous avez pu avoir avec vos correspondant m’ont motivé pour vous exposer mes réflexions sur l’homme et la philosophie.
Je n’ai pas étudié la philosophie, mais cela m’a toujours intéressé. J’ai eu une approche plutôt « socratique » de la philosophie (connais toi toi-même). Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours passé de long moment à observer les autres. Comme nous sommes tous identiques, la connaissance des autres nous apprend beaucoup sur nous même.
J’ai lu votre explication sur l’allégorie de la caverne et j’ai une interprétation différente (oui, une de plus). Je vous invite à lire une version différente du texte de la caverne, que l’on peux trouver dans l’introduction du livre de Jean François Mattei sur Platon, dans la collection Que sais je. Ce texte est pour moi le plus beau texte que je n’ai jamais lu (peut être le plus beau texte de toute l’histoire de l’humanité).
Je me lance dans l’exposé de mes réflexions au risque de trébucher, car il est difficile de se mouvoir dés qu’on s’éloigne du feu de la caverne.
La connaissance suprème dont parlait Socrate est la connaissance de soi, la connaissance du fonctionnement de notre esprit.
Je vais essayer de schématiser un individu (dans la réalité c’est un peu plus complexe j’en conviens). Je reprendrai l’image de Nietzsche qui disait que l’homme est un amas de cellules. Cet amas de matière est mu par une « énergie intelligente » que je nommerais intellect. Cet intellect dispose de cinq capteurs pour appréhender son environnement, qui sont nos cinq sens : La vue, l’ouie, l’odorat, le goût et le toucher. Comme nous sommes de la matière, nos sens ne peuvent percevoir que de la matière ou les effets sur notre matière.
Au cour de son évolution l’homme c’est rajouté le langage. (c’est, je crois, à partir de là que tout est parti en vrille).
Le langage (parlé) : c’est attribuer une signification, un sens, un concept à des sons, des bruits qui sortent de notre bouche : les mot. Pour notre intellect, le sens, les concepts, ça n’existe pas puisqu’il ne peut appréhender les choses qu’au travers de ces capteurs. Notre intellect ne comprend pas les sens des mots, puisqu’il ne peut les percevoir. Pour comprendre les significations des mots notre esprit va devoir les traduire en éléments qu’il pourra appréhender par l’un de ces capteurs, en l’occurrence : la vue.
Notre esprit va donc former des images pour comprendre les mots et leurs significations. Ces images seront formées par l’intermédiaire de la mémoire, qui stocke des tas d’informations :
– le vocabulaire (série d’images attribuées à des sons ; les mots),
– toutes nos expériences vécues, nos souvenir (stockés sous forme d’images, d’odeur, de mélodies….nos cinq sens interviennent dans ce travail de stockage),
– notre éducation, notre culture …
– Tous ce que nous pouvons enregistrer durant le déroulement de notre existence participe à cette traduction (traductions forcément conditionnées (donc fausses)).
Dans ses discutions l’homme va enregistrer les bruits, les sons, les mots, et dans un deuxième temps il va traduire en images. Voila le piège où l’homme s’est emmuré. L’homme s’est condamné à former des images, et à se soustraire au temps présent pour interpréter ces images (temps nécessaire à la traduction). L’homme ne vit plus dans l’instant, il est prisonnier du passé, prisonnier du temps, prisonnier de ces pensées. Les voici les prisonniers de la caverne (que nous sommes). De plus, comme l’homme est un gros craintif il va essayer de tous expliquer, tout interpréter, par les connaissances, la culture, la science, les religions, la philosophie (oups !!). L’homme va vouloir tous expliquer et s’emmurer de plus bel.
« Ma force est de ne rien savoir » disait Socrate.
L’allégorie de la caverne (lire version de l’intro de JF. Mattei) nous indique le cheminement que doit parcourir l’homme pour accéder à cette connaissance, c’est-à-dire ce rendre compte de ce subterfuge de sa pensée, et cette prise de conscience va déclencher l’avènement d’une troisième entité (composant son esprit) nécessaire à la sagesse. Ce troisième élément (le cœur) pourra alors faire la distinction entre ce qui émane de l’intellect (la tête) et ce qui provient du traducteur (le ventre).
L’homme pourra alors entrevoir ce qu’est la vérité. Cet état où le temps n’est plus, c’est-à-dire où il n’y a plus de traducteur. L’homme se retrouve dans l’instant présent, mais il ne peut en ramener que des sensations (événements enregistré par l’intellect, transmis par les sens, donc sans interprétation, sans signification), mais dans cet instant magique, intemporel, l’homme vit pleinement et intensément, et c’est pendant ces moment qu’il fabrique des souvenirs qu’il stocke dans sa mémoire. Ce sont ces moments où l’homme apprécie la beauté, l’amour, et toute ces vertus que les dialogues de Platon ne peuvent décrire, puisque l’homme ne peut pas ramener de mots de cette plaine de vérité.
A la fin de l’allégorie, Platon enchaîne sur l’éducation et la connaissance nécessaire pour atteindre au mieux cette sagesse. ( ?????????)
La vérité et la sagesse n’ont rien à voir avec la connaissance. Pour s’en convaincre il suffit d’écouter un discours d’un indien d’Amérique du sud lorsqu’il nous demande (à nous peuples civilisés possédant de grandes connaissances) des comptes sur la gestion calamiteuse des ressources de la planète et de le comparer à ces chefs nazi, qui étaient pour la plupart des hommes très cultivés, possédant de grandes connaissances en art et en philosophie.
Non la connaissance n’intervient pas dans la sagesse, Schiller disait d’ailleurs « Pour rendre l’homme meilleur il ne faut rien lui ajouter, il faut lui enlever quelque chose ».
La connaissance est par contre un élément amplificateur, mis au service de la sagesse peut engendrer des choses fabuleuses, mis au service du mal peut détruire l’humanité.
Seule la philosophie peut rendre accessible la sagesse a l’hommes, non pas en lui enseignant une connaissance supplémentaire, mais en lui montrant ce qu’il est.
Je vous répondrai après avoir lu le livre de Jean-François Mattéi.
Bien à vous.
Après lecture du livre de Mattéi, il me faut vous dire que l’interprétation qu’il donne de l’allégorie n’est pas « une autre interprétation » ou comme vous dîtes « une de plus ». Il explicite les significations platoniciennes et celles-ci ne sont pas relatives entièrement à l’interprète. Celui-ci doit au contraire s’efforcer d’être fidèle à la leçon du maître. C’est là la mission des professeurs. Avec d’autres mots et en plus développée, l’analyse de Mattéi et la mienne se rejoignent pour faire comprendre ce que Platon enseigne.
slt madame
mes commentaires ne sont que des appreciations a l’egard de votre site interessant . je vous demande de nous presenter plus de documents philosophiques possibles qui entrent en contact avec notre generation actuelle<<JEUNESSE<<
Les vérités philosophiques n’ont pas d’âge. Elles sont universelles et éternelles. Tout au plus vous est-il possible de souhaiter qu’elles soient illustrées par des références à votre expérience actuelle.
Bonjour Madame
Je suis tombé par hasard sur votre site en recherchant des informations sur la mythologie (que je découvre au travers du livre de Luc Ferry, « la sagesse des mythes »)
L’allégorie de la caverne me fait penser à la sagesse bouddhiste, que j’étudie depuis quelques temps et qui m’a d’ailleurs permis de re- découvrir, à 50 ans la philosophie.
Dans le bouddhisme, en effet, il est dit que touss les phénomènes sont illusions.
Ce qui est surprenant c’est que Bouddha et Platon ont vécu pratiquement à la même époque!
En quoi la sagesse de Bouddha et celle de Platon peuvent-elles être rapprochées?
Merci pour votre excellent site que je met de suite en favori. Peut-on s’inscrire à une newsletter?
Je répondrai à votre question dès que j’aurai un peu de temps. Bien à vous.
J’ai un peu rafraîchi ma mémoire sur les grands principes du bouddhisme mais je sais trop ce que demande une connaissance approfondie d’une pensée pour me sentir autorisée à vous répondre de façon compétente. Je crois qu’il est toujours dangereux d’opérer des rapprochements hâtifs entre des spiritualités appartenant à des contextes culturels différents.
Ainsi tant qu’il s’agit de dénoncer la confusion du monde des apparences et de la réalité rien ne sépare vraiment le bouddhisme et le platonisme. Tous deux ont pour enjeu de lever le voile de l’ignorance.
Cela dit, les présupposés de l’un et de l’autre sont très différents. Chez Platon l’Etre n’est pas rien. La seule réalité qui soit n’est pas le vide. Les notions d’ordre cosmique, de réalité intelligible ont un sens dans le platonisme, elles n’en ont pas dans le bouddhisme. L’interrogation métaphysique, la voie théorétique sont des voies de salut pour Platon, ce qui est très différent de ce que les bouddhistes appellent l’Eveil.
Le « connais-toi toi-même’ renvoie à des significations très différentes. Socrate nous invite à découvrir notre dimension essentielle qui est la raison universelle. C’est tout autre chose que de découvrir l’inexistence du moi, son caractère purement illusoire. La discursivité, le travail du concept sont donc pris au sérieux dans la philosophie platonicienne; ils me semblent au contraire totalement disqualifiés dans la tradition bouddhiste.
On pourrait de même montrer que les fondements de l’éthique sont très différents. Les grandes vertus cardinales: la sagesse, le courage, la tempérance et la justice n’ont pas comme vocation de promouvoir la cessation de la douleur comme le dit la Quatrième Vérité mais de réaliser l’excellence humaine. Ce n’est donc pas la compassion qui doit présider aux rapports avec les autres etc.
Ces quelques remarques sont bien superficielles. J’espère simplement qu’elles vous donneront envie de creuser la question.
En espérant ne pas trop décevoir votre attente.
bonjour Simone manon
question,pensez-vous etre sortie de la caverne dont il est question?
avez vous contempler le soleil directement ?
si non:
comment ne pas pensé que l’interpretation de ce texte n’est pas lui meme une de ses ombres ?
excusez ma curiosité !
cordialement
michael
Platon a lui-même répondu à votre question en liant quête philosophique et échec existentiel. Le soleil symbolise le terme idéal de la connaissance que l’inscription de l’esprit dans un corps, un espace culturel bref une particularité empirique interdit de contempler. Ce qui n’est pas un argument pour étayer une option relativiste. L’interprétation du texte d’un auteur ne se fait pas dans la lumière du principe anhypothétique de la connaissance mais dans celle d’une connaissance approfondie de la pensée de l’auteur.
Bien à vous.
Bonjour j’aurais une question à propos de ce texte celon vous Comment Socrate prépare-t-il l’adhesion de son interlocuteur à la leçon de l’allégorie ?
L’exposé de l’allégorie de la caverne est précédé du livre VI où est explicitée de manière spéculative la théorie platonicienne de la connaissance. Ce n’est qu’une reprise sous forme allégorique d’idées préalablement approfondies.
La méthode de Socrate est la maïeutique, forme d’échange où l’interlocuteur est amené par des questions bien posées à découvrir par lui-même les significations.
Bonjour Madame,
Cela n’a peut-être pas de rapport avec l’Allégorie de la Caverne, mais je voulais savoir si l’on peut qualifier la sagesse platonicienne de « nouménale » puisqu’elle désigne un état transcendant et divin.
Merci d’avance pour votre réponse.
Je vous conseille de manière générale d’éviter d’employer des notions dont le sens demanderait de nombreuses élaborations théoriques pour être employées de manière pertinente..
Quant à la sagesse, contentez-vous de dire que, dans sa perfection, elle est l’apanage des dieux et efforcez-vous de définir avec précision ce que l’on entend par là. Votre définition: « un état transcendant et divin » n’est guère éclairante.
bj madame.je suis tombé par hasard sur votre blog et j’en suis fort ravi.stagiaire en enseignement de la philosophie au lycée, je vous demande conseil sur ce que peut çetre la didactique de cet enseignement.Merci
L’enseignement de la philosophie vise à faire comprendre ce que penser veut dire. Quel que soit le thème abordé, il s’agit toujours de mettre en oeuvre l’opération de la réflexion et il me semble que seul l’exemple d’un sujet qui réfléchit par lui-même peut avoir une vertu pédagogique. Bien évidemment la réflexion doit être étayée sur une solide culture philosophique que vous avez dû acquérir pendant vos années d’étude et que vous continuerez à acquérir tout au long de votre vie. Mais la didactique de la philosophie, plus sans doute que pour toute autre matière, met en jeu la personnalité du professeur, son engagement dans l’activité pensante, sa curiosité et sa rigueur. A défaut de ces vertus, le cours de philosophie tend rapidement au bavardage insipide et au « n’importe quoi ».
Alain disait que la philosophie ne résiste pas à la médiocrité. J’espère que vous avez bien conscience de ces exigences. Cela suffit pour fournir les efforts sans lesquels on n’évite pas les écueils propres à un enseignement aussi difficile.
Tous mes voeux de réussite dans votre carrière.
Internet regorge de trésor d’idées. Votre blog en fait partie.
Merci de tout ce que vous mettez à la disposition du grand public.
Bonjour Mme MANON,
On sait que Platon s’est rendu en Crète, source de la mythologie grecque… puisque nous avons même un archéologue grec, Spiridon Marinatos, qui affirme que Platon se serait servi des décors de la plaine de Messara pour bâtir le mythe de l’Atlantide… alors que le Livre I des Lois est écrit à partir d’un échange survenu en Crète, avec un crétois, à propos des Lois de Lycurgue, Lois dites aussi de Gortyne… http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/cousin/lois1.htm
Le site qui a servi à concevoir le mythe du Labyrinthe mythologique, situé depuis Sir Evans à Knossos, semble bien, en fait, être près de Gortyne, comme je le suggère dans mon blog http://mixalis.unblog.fr et que l’actualité présente semble le confirmer.
Ce site est souterrain, couvre près de 3 kilomètres et, dès qu’on en a franchi les premiers 50 mètres, on se retrouve réellement dans une caverne… où ce que dit Platon dans son allégorie, au bout d’un certain temps, prend corps.
Avec le recul que procure ce site par rapport à la « réalité », le prisonnier « libéré » qui accomplit le chemin « à l’envers » ( il vient de la prétendue « lumière » de la réalité… pour se plonger dans les ténèbres générées par le détachement de cette « réalité ») en pénétarnt dans le labyrinthe, finit par tuer la monstruosité qui était en lui, celle qui consiste à prendre les « illusions » pour des « vérités », tue son Minotaure, et ressort LIBERE, doté d’une Force Supérieure dont il était porteur mais qui ne pouvait s’extérioriser, et qui fait de lui un héros…
Que pensez-vous de cette « vision » ?
Cordialement
Michel FOURNIER
Vos recherches sur l’emplacement du labyrinthe mythologique sont fort intéressantes mais pour le rapport entre l’allégorie de la caverne et le labyrinthe je me permets d’exprimer ma perplexité. Un grand auteur fait son miel de tout bois et il est possible que certains lieux aient alimenté son imagination. On évoque d’ordinaire le voyage en Sicile et les sources pythagoriciennes. Mais c’est avant tout l’imagination créatrice de Platon qui me paraît être au principe des métaphores par lesquelles il essaie de figurer son idée de l’aventure philosophique.
Bien à vous.
Tout d’abord je tiens à vous féliciter pour votre travail que je qualifirais de remarquable et d’une extreme clairté vu qu’il est plutot facil à comprendre.
Lire ce texte est passionant car a chaque lecture j’ai l’impression de découvrir des choses nouvelles et ca me permet de me poser beaucoup de questions. Mais le comprendre est encore plus captivant. En lisant votre commentaire sur cette oeuvre je me suis posé deux questions. Mais dans votre commentaire vous n’en parlez pas c’est pour ca que je vous les posent.
Ces questions sont: Pourquoi Platon a t’il fait ca?
Quel sens pourrait avoir pour nous aujourd’hui l’allégorie de la caverne?
Merci. Veuillez agréer mes plus sinceres salutations.
C’est à vous de répondre par votre propre effort aux questions que votre professeur a dû poser.
Et bien japprecie beaucoup ce site madame Manon. Jai une question pour vous: celui qui a vu la lumière doit-t-il convaincre les autres de sortir de la caverne et pourquoi.
D’abord il convient de comprendre que nul ne peut se prévaloir d’avoir vu la lumière. L’amour de la sagesse ou philosophie n’est pas la sagesse positive. Le père de la philosophie :Socrate ne cesse de revendiquer son inscience. Mes élèves ont composé ce matin et j’ai placé leur bac blanc sous l’autorité d’une parole de poète: « Savoir vraiment quelque chose c’est savoir, comme les nouveau-nés et les vieillards, que nous baignons dans une lumière d’ignorance » Christian Bobin. (Les ruines du ciel. Gallimard. 2009.)
Pourquoi le philosophe est-il un pédagogue? Parce qu’il y a une nécessité morale, pour la personne ayant eu la chance d’être éveillée au souci de la vérité, de partager cette inestimable chance avec les autres.
bonjour
l allegorie de la caverne et la sourate 36 du saint Coran
MOI je trouve une resemblance et j aimerai que quelqu un plus averti
m aide dans ma demarche a comprendre.
surtout a partir des versets 36.6 jusqu a 36.9
merci
sublime7@live.fr
36.1. Yâ – Sîn.
36.2. Par le Coran plein de sagesse !
36.3. En vérité, tu es du nombre des messagers,
36.4. bien engagé dans la voie de la droiture !
36.5. C’est une révélation du Tout-Puissant, du Tout-Miséricordieux,
36.6. afin que tu avertisses un peuple dont les ancêtres n’ont pas été avertis et qui, de ce fait, vivent dans l’insouciance.
36.7. La sentence prononcée contre la plupart d’entre eux s’est déjà réalisée : ils ne croiront pas.
36.8. Nous avons mis à leurs cous des carcans qui leur arrivent jusqu’aux mentons, les rendant incapables de mouvoir leurs têtes ,
36.9. Nous leur avons barré les voies par-devant et par-derrière et Nous leur avons bandé les yeux, au point qu’ils ne peuvent plus rien voir.
36.10. Il leur est donc égal que tu les avertisses ou que tu ne les avertisses pas. Ils sont réfractaires à toute croyance.
Je n’ai aucune compétence en théologie musulmane pour répondre de manière autorisée à votre question. Je peux seulement remarquer que pour Platon le principe de la sagesse n’est pas dans un Livre, mais dans la raison humaine et que l’allégorie de la caverne ne nous invite pas à embrasser une croyance. Il s’agit au contraire de nous défaire des croyances qui sont précisément ce qui aveugle l’esprit et le rend indisponible pour conquérir la connaissance rationnelle. Là où l’on croit que la vérité a été révélée, il ne me semble pas qu’on soit enclin à la chercher. Or la philosophie se caractérise précisément par cette quête jamais achevée et jamais vectrice de certitude.
Bonjour
Tout d’abord, félicitations pour ce blog et vos explications aussi claires que réactives.
Pour ma part j’avais été très marqué sur le rôle de l’image dans l’allégorie de la caverne (déformation professionnelle, j’imagine, étant architecte)…
A mon sens, ce texte est d’une grande « contemporanéité » sur le rôle de l’image dans notre société. Nous pourrions très bien être ces prisonniers enchainés, non pas aliénés et dupés par des ombres qui parlent ou se taisent, mais par toutes ces images aveuglantes et vociférantes qui nous entourent. Il me semble que Platon nous invite à nous détourner de l’image comme vecteur de connaissance (l’image s’invite dans le réel ou elle n’est pas..). En cela, des problématiques philosophiques, sociales et politiques, en relation avec notre société sont ouvertes (mais n’étais ce pas l’objectif !)
Peut-être est il nécessaire de redécouvrir la part d’ombre inhérente à notre nature-culture, et de ressaisir les enjeux de ce passage lumière-obscurité…
Pour faire échos à mes propos, connaissez vous l' »Envers du visible », de Max Milner ed.Seuil ? Cet ouvrage ouvre des perspectives intéressantes entre l’allégorie, l’ombre et le rôle de l’image dans notre société.
Très bonne continuation
Merci pour la suggestion de lecture. Je n’ai pas lu ce livre et je m’y emploierai dès que j’aurai un peu de temps. Vous avez raison, la caverne désigne le monde sensible et le danger du prestige des images. Celles-ci peuvent être des images-portraits ou des images-simulacres. Seule la réflexion critique permet de les distinguer et c’est la tâche du penseur, aujourd’hui comme hier.
Bien à vous.
premierement japprecie vraiment votre travail puis de votre generosite afin de repondre a tout ce quon ecrit.et bien moi jai une question: doit-on obeir a une loi injuste et pourquoi
Je n’interviens pas dans le travail des élèves. Pour affronter cette question académique, vous devez vous demander quelle est la fonction de la loi dans un corps social, pourquoi les hommes se donnent des lois, ce qu’il en est de l’appréciation :juste ou injuste et des présupposés de l’idée de devoir.
Bonne réflexion.
Bonjour mme Manon,
Aujourd’hui, on parle beaucoup de Facebook et je me demandais si on pouvait faire un lien entre les deux. Et est-ce que facebook est une nouvelle liberté ou une prison virtuelle?
D’abord s’il s’agit d’une prison, elle n’a rien de virtuelle. Elle est bien réelle pour toutes ces personnes dont on nous dit qu’elles passent un nombre d’heures considérable à perdre leur temps en propos insignifiants avec des « amis » virtuels pour le coup.
Si facebook signifie addiction, stérile divertissement, temps perdu pour les activités nécessaires au développement des aptitudes d’une personne, rapport illusoire à soi-même et aux autres, alors oui ce nouveau média s’apparente à une monumentale prison. Je pense à tous ces élèves qui arrivent en cours le matin, fatigués, curieux surtout de consulter leur portable, indisponibles pour les intérêts spirituels, moraux, théoriques, en l’absence desquels le temps de l’étude ne peut être que celui de l’ennui. Ils incarnent bien une figure de l’aliénation.
Mais il en est de facebook ce qu’il en est de tous les outils. Leur fonction dans une vie dépend surtout de l’usage qu’on en fait et je suppose qu’il est possible de l’instrumentaliser à des fins de liberté. Mais comme je n’ai pas la pratique de facebook, je ne peux guère parler de cet aspect.
« Internet contribue-t-il a nous liberer de la caverne ou a nous y enchainer davantage?
C’est mon sujet de dissertation de philosophie.
A ce que je peux remarquer, Internet m’a permis de decouvrir ce site qui m’eclaircit sur certaines choses sur ce sujet. Sauf que si nous regardons ce que Platon dit, tout ce que nous voyons ne sont que des representations imparfaites. Donc, ce que nous lisons a propos de certains sujets ou choses ne sont pas veridiques ou 100% vrai.
Il est cependant vrai de dire que certains sites, malgre que ce sont des sources fiables, peuvent etre assujettis de faussetes dans le but de nous induire en erreur (ex: complots gouvernementaux). Mais il y aura cependant d’autres forums qui peuvent nous dementir sur des menteries.
C’est a nous d’utiliser la raison.
Veillez à ne pas confondre: voir (>connaissance sensible) et concevoir, comprendre, conquérir l’intelligence de (>connaissance intelligible).
Il faut distinguer dans ce que fait circuler ce média:
-les informations qui, comme toute information, requiert une réception prudente. Quelles sont ses sources? Sont-elles autorisées ou non ?etc. Pour un sujet passif, crédule et ignorant, internet peut être un puissant moyen d’aliénation.
-les éléments de connaissance que des savants, des penseurs, des professeurs mettent en ligne pour que d’autres se les approprient et, en éclairant leur esprit, conquièrent l’autonomie intellectuelle et morale.
Vous pouvez avec intérêt exploiter le texte de Kant: qu’est-ce que les Lumières?
Vous devez insister sur la nécessité d’une école exigeante pour armer les esprits afin qu’ils puissent faire un usage libérateur de cet extraordinaire moyen de diffusion de la connaissance, de mise en scène de la pluralité humaine, de sensibilisation à la diversité culturelle et de traversée des frontières. Sur ce point, il y a du souci à se faire car il semble bien que l’école n’ait plus beaucoup de rigueur intellectuelle.
Merci, mais j’aimerai savoir en quelle maniere l’ecole manque de rigueur. Je suis quand meme d’accord sur le fait que parfois, ce qui nous est enseigne ne sera pas toujours utile dans la vie. On nous bourre la crane. C’est quand meme interessant au point de vue de culture generale, sauf que de la maniere que ca nous est presente, il manque un certain quelque chose.
Peut-etre que je me trompe. Mais j’espere que c’est pas le cas un peu partout. D’ailleurs, j’ai l’impression que dans les cours de philosophie au niveau secondaire (premiere session en tout cas), nous sommes enseigne a repeter ce qui est ecrit dans les bouquins ainsi que ce qui a ete dit par les philosophes. Bon, c’est dans le but d’apporter une rigueur au niveau de l’argumentation et ainsi de suite, sauf que ca arrive beaucoup plus durant les dissertation et les dissertations ne sont pas trop motivants. Les debats, les discutions de gorupes seraient davantages un moyen peut-etre plus efficace. Des situations ou il serait plus courant de rencontrer dans la vie. Du plus, meme si le professeur pose des questions, ce n’est pas tout le monde qui ose lever le ton.
Maintenant, j’aimerai savoir comment vous voyez les cours de philosophies et ou est-ce qui manque dans le systeme scolaire. Il est possible que je ne fais que prendre un cas particulier pour en faire une qui represente la majorite, ce qui est d’au moins 51% des cas.
La fonction de l’école n’est pas d’enseigner « ce qui est utile dans la vie » comme vous le dîtes, ni de faire parler les élèves dans des débats stériles et caisses de résonnance de l’opinion médiatique. Elle est de former les esprits en les soumettant à de rigoureux apprentissages dès les petites classes. Ce que nous avons cessé de faire depuis de nombreuses années sous l’impact de la massification de l’enseignement et de la démagogie politique de droite ou de gauche.
Pour ce qui est des cours de philosophie, les professeurs font ce qu’ils peuvent, lorsqu’ils n’ont pas renoncé aux exigences de le discipline, avec des élèves n’ayant, pour la plupart, pas les prérequis pour suivre une telle formation.
Il y a bien sûr les exceptions à la règle. Le dernier rapport sur le classement mondial de la France en matière d’enseignement confirme hélas mes propos.
Bonjour mme MANON, je suis toujours ce papa qui a emmené sa fille au ski avec philo obligatoire le soir. Je suis rentré.Alors je lis l allegorie de la caverne ce jour,et voila mes questions:qui est le « on » du texte?(suppose qu' »on » détache…….etc)et de quel droit doit on arracher les gens à leur ignorance?Est ce mal de ne pas savoir?ou mieux , de ne pas connaître?n y a t il pas une certaine perversité de savoir avoir raison contre tout le monde?et surtout, pourquoi redescendre dans la caverne??pour voir d où l’ on vient?pour conforter notre choix de se liberer?Je pense qu ily a dans la societe des hommes des multitudes de cavernes(Celle du CAC 40 n est probablement pas celle des acteurs de theatre..),dans lesquelles les gens sont sinon heureux, mais sans souffrance.Donc vous avez compris que je ne suis pas pour le dictact de l intelligence. En revanche c est je pense un don, (un apprentissage? une chance?) de pouvoir se regarder, de sortir de soi,bref de penser,et quand on vous lit , l on sent un tel enthousiasme pour votre discipline et une telle envie d ‘eveiller les esprits que l on vous pardonne bien volontiers tous ces aller retours dans la caverne.Merci encore pour votre blog .Bien à vous;
Bonsoir Monsieur
Vous posez des questions très pertinentes.
D’abord qui est ce « on »? Je passe beaucoup de temps en cours à interroger ce que désigne ce petit mot. Il renvoie à tout ce qui dans une vie peut avoir une fonction d’éveil. Autrement dit à tout ce qui peut sortir un esprit de sa somnolence ou le réveiller de son sommeil dogmatique:
1) la tendance naturelle de l’esprit : la curiosité, le besoin de comprendre et de savoir. Les Grecs considéraient que la capacité de s’étonner est l’origine de la philosophie. Le symbole de la philosophie est Iris (l’arc-en-ciel) et Iris est fille de Thaumas (Merveille)
2) l’expérience de la contradiction. Tout esprit qui se respecte ne peut accepter qu’on dise d’une chose, considérée sous le même rapport, une chose et son contraire. Il veut surmonter la contradiction et cela l’incite à examiner les opinions, à chercher le vrai ou le raisonnable.
3) la rencontre d’un éveilleur d’esprit, ce que l’on appelle un maître. Socrate a été dans la cité grecque ce taon ou cette torpille, selon les formules de Platon, cet empêcheur de dormir en rond que célèbrent ses disciples.
4) ce que Karl Jaspers appelait des situations-limite comme la maladie, la guerre, le deuil, l’amour, la naissance. Penser c’est s’arrêter, or la vie vous confronte parfois à des obstacles ou à un merveilleux vous mettant en situation de vous étonner et d’initier le mouvement de la pensée.
Pour vos autres questions, il me faut dissiper un malentendu. La philosophie ne substitue pas au dogmatisme de l’opinion un autre dogmatisme. Elle s’accomplit comme réflexion critique et celui que nous considérons comme notre maître, Socrate, revendiquait son ignorance ou inscience. » tout ce que je sais, c’est que je ne sais pas », disait-il. Il y a beaucoup d’articles sur Socrate sur mon blog. Voyez le dernier artcicle publié: pensée et nihilisme. Il vous permettra de comprendre votre erreur lorsque vous parlez de dictat de l’intelligence.
Enfin, pourquoi le philosophe redescend-t-il dans la caverne? Parce que sa vocation est pédagogique et par conséquence éthique et politique. Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue disait encore Socrate. Un être qui ne pense pas n’est pas tout-à-fait vivant. il est comme un somnambule renchérissait Hannah Arendt. Si vous rajoutez que l’ignorance est synonyme de servitude et que cette servitude fait souvent le lit du pire (moralement et politiquement) vous comprendrez pourquoi, Socrate encore disait que sa mission pédagogique était une mission divine.
Je vous invite à lire l’explication de l’allégorie que je déploie sur plusieurs articles.
Bien à vous.
Mdme Manon
J’ai tiens a vous remercier pour les analyses combien significatives. Ma question est la suivante: vue avec l’évolution de ce monde, l’allegorie de la caverne de Platon, n’est-ce pas l’image de différentes sociétés?