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L'école est finie!

  

  

  Sacré Charlemagne, Le contrat est rempli. J’ai patiemment tricoté les concepts pour construire la cohérence du programme. J’ai fait dialoguer les grands maîtres avec la conviction que rien n’est plus important qu’instituer la république des esprits libres. Comme tous les professeurs et tout un chacun j’ai fait ce que j’ai pu non ce que j’ai voulu.
 

  J’ai donné les cartes. A vous de jouer jeunes gens. Je vous souhaite de faire de votre mieux et au delà de l’examen de construire une vie aux couleurs de vos rêves.  

  Ressemblez un peu à ce petit personnage de Maryon : facétieux, enthousiaste et énergique. Ce sont les vertus qu’il faut avoir pour soulever les montagnes. Ni se prendre au sérieux, ni se laisser altérer par le brouillard, ni consentir à la mollesse et toujours regarder vers le haut.

 

 

 
 Il faut que vous sachiez qu’il y autant de bonheur dans le point final que dans l’attaque de la phrase. L’essentiel est d’accomplir, de conduire une tâche à son terme. Il doit en être ainsi de l’aventure qu’est la vie et j’aimerais l’achever avec le même sentiment de l’œuvre réalisée, aussi modeste soit-elle.
 
 Place aux lectures improvisées, à l’esprit détendu, aux amis retrouvés. La cuisine va revivre des arômes des savantes alchimies. Légèreté du jour. Un peu de chaleur et de soleil et la chanson de ma jeunesse résonnera avec ses accents d’insouciance et la plénitude de la détente méritée.
 
 Les vraies vacances ne sont pas encore là mais une semaine de rupture avant les corrections du baccalauréat c’est la mise en bouche parfaite, celle qui a l’intensité des choses brèves, l’excitation  des jouissances à venir.
 
 La saveur de la vie est dans la soif et la mienne est inaltérable. Puisse la vôtre aussi.
 
 Ce qui me navre c’est souvent le sentiment qu’elle fait défaut à de trop nombreux jeunes.
 
 J’ai parcouru le blog d’une de mes élèves consacré à des « gribouillis » dont chacun peut apprécier le talent puisqu’elle m’a autorisée à en importer sur cet article. Un jour je suis tombée sur un petit texte qui m’a donné la mesure de l’ennui régnant parfois dans nos lycées et nos salles de cours.
 
 «Déjà besoin de vacances, grasses mat’ et tout le bordel.
Plus de cours, plus de pétage d’heure parce que j’ai pas bossé, plus de gardien de merde, plus de car le matin, plus de Vaugelas, plus de cours de philosophie, plus de porte-monnaie vide, plus de solitude, plus de tout ça.
Encore du
soleil, encore une clope au Verney, encore dessiner sous l’arbre, encore rigoler, encore des bolas, encore Wild World, encore un stage bafa, encore du piano, encore des sorties, encore de l’avenir, encore,encore, encore.
 Vacillement d’humeur, le sourire dévoré, du rire plein la bouche, sérieuse à mes heures perdues, euphorique lunatique ».
 
 

  Dire c’est déjà une victoire, dire de manière poétique une rédemption. La dernière phrase est réussie comme certains gribouillis qui aident à supporter une argumentation décidément trop longue. Il faut du court…les patientes analyses des philosophes exposent à l’indigestion et disent trop peu souvent ce que l’on a envie d’entendre.

 

   Rien ne m’afflige davantage que de m’adresser à des jeunes donnant l’impression d’être désertés par le désir de comprendre et de savoir. J’en ai eu un certain nombre cette année. Maryon n’est pas de ceux-là, je crois, mais elle exprime bien ce que je lis trop souvent dans les regards fatigués, les démarches indolentes, dans l’absentéisme chronique et encore dans le renoncement à l’effort conduisant certains à ne plus rendre les devoirs.
 
  Ce que j’ai vu cette année a dépassé les bornes. Sans reprise en main notre école est condamnée à être une machine à produire de l’écart voire de l’abîme culturel.   Seuls les enfants des milieux où l’on a une concience aiguë de l’importance de la formation, de la rigueur et de l’effort dans une vie réussie, continueront à vivre le collège et le lycée comme un lieu d’épanouissement car papa et maman y veilleront dès le plus jeune âge. Cela n’a à voir ni avec la richesse économique, ni même avec le niveau intellectuel mais à coup sûr avec une éthique de l’existence car, quel que soit le métier exercé, il y aura toujours une grande différence entre ceux qui sont compétents et consciencieux et ceux qui ne le sont pas.
  Pour les autres, j’ai grand peur que l’institution ait démissionné parce qu’elle s’est crue généreuse de convaincre plutôt que de contraindre. Alors les mauvaises habitudes étant plus vite prises que les bonnes, les résultats s’ensuivent. On n’a pas les pré-requis des classes dans lesquelles on est admis, conséquence ; on ne peut plus suivre et comme on ne comprend pas on s’ennuie et comme il faut bien faire quelque chose on discute avec son voisin … Résultat : les cours sont perturbés.  
  Tout cela est naturel.
 
  Pourvu que le bon sens finisse par l’emporter et que la refondation de l’école s’opère sur le principe que parents et professeurs ont à former à la vertu non à la supposer  déjà en acte dans nos enfants et nos adolescents.
 
  Maryon sait si bien mettre en scène leur charme et leur insouciance. Donnons leur la culture, le goût de l’effort et de la rigueur sans lesquels les germes de la nature sont injustement sacrifiés.

 

 

 

 

 

BON COURAGE A TOUS ET TOUS MES VŒUX DE REUSSITE.