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René Girard 

 

Le désir mimétique peut être une bonne illustration de ce que nous avons analysé avec Spinoza sous l'expression de nécessité passionnelle.

 

  L'auteur part du constat que la nature n'a pas fixé les objets de nos désirs, cette indétermination conduisant souvent les hommes à s'en remettre aux autres pour élire tel ou tel objet. Il est ainsi amené à dénoncer une double illusion :

  • L'illusion subjectiviste consistant à penser que nos désirs se fondent dans notre spontanéité.
  • L'illusion objectiviste consistant à croire que ce sont les qualités intrinsèques de l'objet qui font sa séduction.

   Il montre qu'il y a un triangle du désir. Le sujet ne désire pas de manière autonome, il ne va pas en ligne droite à l'objet de son désir car entre lui et l'objet, il y a autrui ; de telle sorte que ce qu'il désire c'est ce que désire l'autre. Le désir est mimétique. Il est l'imitation du désir de l'autre.

   Ex: Dans Le Rouge et le Noir Stendhal décrit un Mr de Rénal désireux de faire de Julien Sorel le précepteur de ses enfants, non point parce qu'il apprécie la culture de Julien mais parce qu'il imagine que son grand rival, Valenod le désire aussi.

  Ex: La publicité met en scène des objets susceptibles de flatter le désir du consommateur. Or ce ne sont pas les propriétés intrinsèques de l'objet qu'elle montre, c'est le désir de ceux qui suscitent le mimétisme, Zidane pour telle marque de chaussures ; Estelle Hallyday pour tel parfum.

   René Girard distingue la médiation externe et la médiation interne.

 Dans la médiation externe, l'imitateur et son modèle ne sont pas de même niveau, tant social que moral. C'est soit, un être imaginaire comme Amadis de Gaule, le modèle héroïque de Don Quichotte, soit un Dieu pour ceux qui imitent le Christ, soit le roi, ou l'aristocrate pour le manant. Le modèle est alors un objet d'admiration avec lequel l'imitateur ne peut jamais entrer en concurrence.

   Dans la médiation interne, en revanche, le modèle et l'imitateur sont de condition équivalente. Cette situation est celle des sociétés démocratiques. Or, si ce qui fait la séduction de telle femme à mes yeux, c'est d'être désirée par un homme que j'imite parce qu'il revêt pour moi un certain prestige, il n'est pas exclu que mon modèle puisse m'empêcher de posséder l'objet de mon désir en se l'appropriant. On a alors la rivalité mimétique dont les effets pervers sont la haine, la jalousie ou l'envie. En effet, remarque finement René Girard : « Seul l'être qui nous empêche de satisfaire un désir qu'il nous a lui-même suggéré est vraiment objet de haine. Celui qui hait se hait d'abord lui-même en raison de l'admiration secrète que recèle sa haine ».

   Comprendre que les hommes sont dans des rapports de rivalité mimétique revient ainsi à prendre conscience que plus une société devient égalitaire plus elle suscite l'envie entre ses membres car la moindre différence inégalement valorisée peut la susciter. Tocqueville a bien décrit dans son livre De la Démocratie en Amérique (1835 et 1840) ce poison de l'âge démocratique. Quand il n'y a plus de monarque ou de Dieu à imiter, les hommes deviennent les uns pour les autres des dieux et l'envie devient la vérité de leurs relations.

   Si la rivalité mimétique peut parfois être bénéfique en ce qu'elle suscite l'émulation, on découvre qu'elle peut être au principe de passions négatives (la haine, l'envie, nous diminuent, elles ne nous augmentent pas, elles nous rendent tristes, non joyeux) et surtout elle conduit les hommes à désirer des objets qui peuvent ne pas correspondre à la nécessité de leur nature. Pensons à toutes ces personnes dont les choix scolaires, sportifs, professionnels, amoureux, vestimentaires etc. procèdent non de la nécessité de leur nature mais de ce que la mode ou des êtres prestigieux valorisent.

   C'est ce que Rousseau appelait la plus intime des aliénations. Il la décrivait comme le propre de l'homme civil dont le centre de gravité n'est plus, comme ce serait le cas d'un sauvage, en lui mais hors de lui dans le regard des autres. Cette servitude universelle est le propre du social car dès lors qu'il vit avec d'autres hommes, l'homme se compare aux autres, envie ce qui incarne du prestige (la richesse, le savoir, la beauté, le talent etc.) et l'amour propre qui est l'amour de soi dans le regard des autres se substitue à l'innocence de l'amour de soi. (L'amour de soi est la tendance à persévérer dans l'être et à rechercher ce qui nous satisfait).

NB : C'est là le thème de la corruption de la nature humaine par le social, thème ayant rendu Rousseau célèbre au prix de regrettables malentendus.

 

 

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51 Réponses à “Le désir mimétique. René Girard.”

  1. GG dit :

    Ce petit commentaire pour vous remercier de mettre en ligne ces cours de philosophie (clairs, concis, pédagogiques). Cet article en particulier m’a vraiment aidé ! Bref, merci.

  2. MANON priscillia dit :

    ce commentaire était très instructif et très complet ,merci.

  3. En effet, le vaniteux romantique que je suis voudrais se persuader que mon désir de Clémentine est inscrit dans la nature de Clémentine ou au contraire, et cela revient au même, qu’il émane de ma personne, comme d’une source divine. Et on remarquera que désirer à partir de soi ou de l’autre, c’est parail comme le rappelle Simone Manon, ou plutôt, c’est équivalent. C’est l’illusion d’autonomie qui dissimule l’obsession de l’autre, qui serait une attitude moderne par excellence.

  4. Jean-Pierre Castel dit :

    Rebonjour,
    Bonjour,
    J’admire René Girard et ai beaucoup lu à son sujet, mais je ne comprends toujours pas à quoi sa théorie du désir s’applique et à quoi elle ne s’applique pas. Autrement dit René Girard refuse-t-il toute autonomie du désir, ou veut-il simplement dire que, dans nos sociétés démocratiques, le désir est de plus en plus mimétique, que la pathologie du désir mimétique s’étend ? La réponse se limite-t-elle à distinguer les désirs qui s’éteignent une fois satisfaits, comme la faim, de ceux qui sont inextinguibles, comme l’envie ? Ou qu’il n’y a pas d’amour désintéressé, au sens où quand j’aime quelqu’un je désire en fait qu’il m’aime: c’est alors bien une relation triangulaire, mais où j’occupe deux sommets du triangle?
    Merci à vous

  5. Simone MANON dit :

    L’analyse de René Girard s’applique au désir en tant que tel. L’être humain est un être social et l’intersubjectivité est plus originaire que la subjectivité. Il s’ensuit que le sujet se construit dans des relations aux autres qu’il imite. D’où le mimétisme du désir. Il n’y a pas d’autonomie du désir car entre le sujet du désir et son objet il y a l’autre, le médiateur, interne ou externe selon la structure sociale dans laquelle un homme vit.
    La distinction désir/besoin n’a pas de pertinence car les besoins aussi sont sociaux. Dans ce que je vis comme besoin, le mimétisme joue aussi.
    Par ailleurs que l’amour aspire à la réciprocité ne l’empêche pas d’être mimétique mais c’est une autre signification.

  6. Manon dit :

    Bonjour,
    Je ne suis pas sure d’avoir saisi tout ce qui se passe sur ce site: le titre de cette page est « Le désir mimétique. René Girard » Cela signifie-t-il que ce qui est écrit dans cette page a été écrit par René Girard?

  7. Simone MANON dit :

    Ce qui est écrit est un cours présentant la thèse de René Girard, le grand analyste du désir mimétique.

  8. Catherine Vanderslyen dit :

    Je vous remercie pour ce commentaire. Je rédige un mémoire au sujet de la jalousie dans Othello en ce moment et ce que vous avez écrit pour commenter la pensée de R. Girard m’a permis d’y voir plus clair.

  9. Simone MANON dit :

    Je suppose que vous connaissez le très beau livre de René Girard sur Shakespeare: les feux de l’envie. Il y a une beau chapitre sur Othello.

  10. Thomas dit :

    Bonjour,
    Je me présente, je suis éducateur spécialisé et j’accompagne des enfants ainsi que des ados qui sont atteints de troubles du comportement et/ou de déficiences mentales légères. Ces jeunes ont pour la plupart vécu des situations familiales extrêmes. Au sein de mon institution, j’effectue un travail qui prône l’importance de prendre en considération le désir de ces jeunes. J’ai été chercher les réponses à mes interrogations sur ce sujet dans L’Ethique de Spinoza, chez Misrahi ainsi que du côté d’auteurs liés au secteur de l’éducation spécialisé. Je viens maintenant de découvrir le désir triangulaire chez Girard en lisant Mensonge romantique et vérité romanesque. Ce dernier introduit une dimension complémentaire à mon travail car il remet en question la nature spontanée et autonome du désir.
    Ma question porte sur les différents types de médiations. En tant qu’éducateur (travaillant avec le public dont il est question ici) je fais la supposition que les relations que nous entretenons avec les bénéficiaires peuvent susciter des médiations et je m’interroge sur la nature de celles-ci : sont-elles externes, internes ou peuvent-elles être l’une ou l’autre selon la relation. Exemple : un éducateur aime la mythologie et il transmet ce désir de savoir à un jeune. Admettons que le jeune entreprenne une série de lectures et arrive peu à peu à rattraper les connaissances de son modèle. L’éducateur (médiateur) peut alors réagir de différentes manières : il peut se sentir menacé par ce jeune qui commence à l’égaler sur son terrain. Dans ce cas, il y aurait rivalité mimétique ; ou il peut au contraire être heureux de constater l’engouement ainsi que les progrès du jeune. Cette réaction de la part de l’éducateur n’engendrerait pas de rivalité (les choses sont plus compliquées encore car il faudrait également analyser la manière dont le jeune perçoit les événements). Nomme-t-on le type de médiation en fonction de ce que l’on constate dans le réel ? ou la médiation est-elle externe ou interne en fonction de la possibilité ou de l’impossibilité qu’il y ait rivalité ? Les médiations entre éducateurs et jeunes sont bien entendu d’un autre ordre que celle de Don Quichotte envers Amadis car la distance (dans la relation éducative) qui nous sépare est moindre. De plus, ces éventuelles médiations ne sont pas figées dans le temps. La temporalité joue t’elle un rôle essentiel dans les médiations ? Une médiation externe peut-elle devenir interne avec le temps ?
    Entre les bénéficiaires, je fais l’hypothèse qu’en introduisant des statuts symboliques au sein de l’institution (exemple : les ceintures de comportement développées par F. Oury), nous pourrions réduire les risques de rivalités mimétiques. Il s’agit dès lors d’introduire une différentiation à la fois symbolique et effective entre les bénéficiaires ainsi qu’un rite de passage pour accéder à un autre statut (tout cela sous le regard de la loi qui fait tiers). A votre avis, dans ce cas de figure, est-il possible que certaines des médiations qui ont lieu entre les bénéficiaires soient également de type externe ? Je ne suis pas au clair avec la pensée de Girard et je me permets de solliciter votre opinion par rapport à ce que je viens d’exposer. Je vous remercie d’avance.
    Thomas.

  11. Simone MANON dit :

    Ce qui distingue la médiation externe de la médiation interne est clairement précisé par René Girard. « Nous parlerons de médiation externe lorsque la distance est suffisante pour que les deux sphères de possibles dont le médiateur et le sujet occupent chacun le centre ne soient pas en contact. Nous parlerons de médiation interne lorsque cette même distance est assez réduite pour que les deux sphères pénètrent plus ou moins l’une dans l’autre »
    Je ne me sens guère autorisée à apporter une réponse pertinente à vos questions. Néanmoins l’exemple que vous proposez me suggère les réflexions suivantes.
    Le savoir (ici la connaissance mythologique) est un bien qui s’augmente de se partager, surtout du côté de l’éducateur. Je ne peux pas imaginer un véritable éducateur entrant dans une rivalité mimétique avec celui qu’il instruit.
    Si tel était le cas il faudrait s’interroger sur le profil moral de l’éducateur et lui retirer toute forme de légitimité. Pour celui qui est éduqué, c’est une autre histoire.
    Il me semble que vous pourriez consulter avec intérêt l’article suivant: http://www.arm.asso.fr/offres/file_inline_src/57/57_P_161_2.pdf

  12. Thomas dit :

    Je vous remercie pour l’intérêt que vous avez porté à ma question et je lirai avec attention l’article que vous m’avez conseillé.
    La question du désir me semble essentielle et trop souvent négligée au sein d’institutions comme la mienne au profit d’une politique centrée davantage sur les besoins.

    Pour info. : Si la question de la violence dans les institutions (scolaires et autres) vous intéresse, j’ai trouvé très instructif le livre de F. Dubet : « Le déclin de l’instituion » aux éditions du Seuil (2002).

  13. Simone MANON dit :

    Merci pour votre suggestion.

  14. jean-pierre castel dit :

    En réaction à la question de Thomas,
    La relation normale (idéale) du maître à l’élève relève typiquement de la médiation externe selon René Girard. Mais bien sûr elle peut évoluer avec le temps et se transformer en rivalité mimétique. Une lecture très intéressante à ce sujet est le livre « La genèse du désir », de JM Oughourlian, un neuropsychiâtre qui a développé, avec René Girard, une traduction psychiâtrique de la théorie du désir mimétique, confirmée d’après lui par la théorie des neurones miroirs.

  15. isabelle dit :

    Bonjour,
    la théorie du désir mimétique me semble toucher très juste. Cependant je constate qu’il nous arrive d’éprouver du désir pour un objet qui n’est pas un objet de désir pour les autres. Par exemple nous pouvons éprouver du désir pour une personne qui n’est nullement désirée par les autres et dont nous seul semblons déceler des qualités attrayantes. Il peut même nous arriver d’éprouver de la honte vis-à-vis des autres pour cette raison et par exemple de ne pas entamer une relation avec la personne car nous ne nous sentirions pas capable d’assumer notre choix face aux autres. Qu’en est-il de ce désir?

  16. Simone MANON dit :

    Je serais bien en peine de répondre à votre question Isabelle.
    Mais je ne prends pas de risque en précisant que le mystère du désir n’est pas épuisé par l’analyse de René Girard. Qu’est-ce qui fait la séduction d’une personne aux yeux d’une autre? Sans doute de multiples facteurs parmi lesquels il faut compter sa capacité de susciter la réminiscence d’attachements enfantins, de figurer l’ailleurs rêvé, (Souvenons-nous du « Tu es la ressemblance » d’Eluard à la femme aimée), d’incarner des qualités réelles etc.
    Néanmoins, dans l’expérience que vous décrivez le sentiment de honte semble attester la souveraineté de la présence d’autrui dans le rapport du sujet à l’objet de son désir.

  17. Ben van BAARS dit :

    La théorie de René Girard m’accompagne depuis 1978, rencontrant dans le foyer éducatif que je dirigeais, de multiples situations qui mettaient en scène le phénomène du Bouc émissaire et les résultats de la violence mimétique des jeunes et des adultes.
    La théorie de l’attachement m’est apparue progressivement comme une autre dominante dans la vie des jeunes filles reçues dans le foyer, ayant un comportement anti-social, selon le terme de Winnicot, et souffrant de pertes douloureuses dès leur prime enfance.
    Rapprocher les deux me semble une piste féconde dont il doit être possible de faire la synthèse. Ma question : avez-vous connaissance de recherches dans ce sens?

  18. Simone MANON dit :

    Je suis désolée, je suis totalement ignorante sur ce que vous me demandez.
    Mais en tapant Winnicott et René Girard sur google, vous devriez trouver quelque chose si une telle recherche a été entreprise.
    Bien à vous.

  19. Basbous dit :

    La théorie de Girard concernant le désir mimétique a supprimé chez moi la croyance en l’autonomie du désir même chez les bébés. Je suis bel et bien persuadée que mes désires (et les nôtres) ne sont jamais spontanés et linéaires; je cherche à chaque fois, désirant être comment ou avoir quelque chose, qui suscite mon désire triangulaire et je trouve souvent la réponse et mon médiateur. Un médiateur qui peut être externe ou interne, physique ou métaphysique. Il est en grande partie un rival.

  20. ulysse dit :

    Le désir est mimétique. Il est imitation du désir d’un autre. Or il me semble que dans bien des cas le désir de l’autre est épuisé par la possession. Celui qui possède une belle maison, qui a une carrière professionnelle brillante ou qui est en couple avec une séduisante femme a épuisé son désir par le simple fait qu’il possède tout cela. De quoi mon désir est-il alors l’imitation? Comment je peux désirer ce que l’autre ne désire plus?

  21. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Dans la rivalité mimétique, ce qui est déterminant ce n’est pas l’intériorité des consciences (par exemple l’exténuation secrète d’un désir pour celui qui l’a réalisé), c’est la position de prestige qu’un modèle revêt aux yeux de celui qui l’imite.
    Bien à vous.

  22. Stylistiquement vôtre dit :

    Bonjour,
    La découverte de Mensonge romantique vérité romanesque m’a poussé à lire Le Rouge et le noir. Mais sa lecture a surtout été jubilatoire, et aujourd’hui je me rend compte que le désir mimétique est partout. Je travaille dans le monde du luxe et de la mode, et sa théorie est plus qu’ailleurs présente : faire porter à telle personnalité tel sac est l’ultime moyen de susciter le désir, ça en devient effrayant même.
    Bien à vous

  23. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Oui, le désir mimétique est souverain dans les rapports humains.
    Un des grands enjeux de l’éveil philosophique est de nous libérer de son empire, d’abord en en prenant une claire conscience, ensuite en découvrant lucidement en quoi consiste notre utile propre.
    Bien à vous.

  24. […] parti neutre. René Girard : “Si l'Histoire a vraiment un sens, alors ce sens est redoutable” » Le désir mimétique. René Girard. Le désir mimétique peut être une bonne illustration de ce que nous avons analysé avec Spinoza […]

  25. […] Manon, « Le désir mimétique »,‎ […]

  26. […] Il ne s'agit pas tant de contester la légitimité de la science que d'en relativiser le sens et la portée. La sexualité. Il importe ainsi de distinguer la science comme domaine de production d'un savoir abstrait et partiel de la réalité, et le scientisme comme valorisation irréfléchie et naïve de la science au détriment des autres formes de savoir. Esther Perel: The secret to desire in a long-term relationship. Philosophie. » Le désir mimétique. René Girard. […]

  27. […] philosophiques ; ce ne sont pas non plus des concepts sociologiques ou anthropologiques reconnus. » Le désir mimétique. René Girard. Le désir mimétique peut être une bonne illustration de ce que nous avons analysé avec Spinoza […]

  28. sidali dit :

    Peut il exister un etre vivant et vivant dans une société bombarder et le terme n’est pas fort de toute part et du matin au soir par la puissance et redoutable de la stratigie publicitaire de se soustraire a l’envie mimétique?

  29. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne prends la peine de répondre qu’aux internautes témoignant de la plus élémentaire des politesses. C’est ce que vous devez vous empresser d’apprendre.
    Bien à vous.

  30. salfi dit :

    Bonjour,

    Si je m’appuie sur votre cours (excellent!) sur Spinoza il me semble que si le conatus exprime le désir de persévérer dans son être, il existerait donc un désir original, propre à chacun?
    Bien à vous

  31. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Oui, chaque mode de la substance étant une essence singulière, le désir des uns n’est pas celui des autres. L’important est que chacun ait l’intelligence de la singularité de son désir afin de déployer positivement son existence, ce qui ne va pas de soi tant, sous l’effet des affects, nous avons tendance à imaginer bon pour nous ce qui, en réalité, est mauvais.
    Bien à vous.

  32. Nicolas BB dit :

    Bonjour

    j’ai découvert récemment et accidentellement René Girard et ses théories et j’ ai depuis lu la violence et le sacré, et visionné sur internet quelques interviews/conférences données par René Girard.

    Si j’ai bien compris ses positions le désir mimétique vient plus ou moins rapidement en remplacement du désir ‘original’ . Pour schématiser l’amour que je porte à une femme est progressivement renforcé /remplacé par l’imitation du désir que cette femme génère chez un tiers référent (désir du tiers qui peut lui meme etre issu de mon désir originel amoureux) .

    Nos sociétés démocratiques ne sont plus régies par des rapports de classe, mais par des ‘monarques temporaires’ que l’on porte en exemple a en faire des leaders. Ces leaders éphémères sont souvent décrits comme charismatique mais sans savoir réellement ce que le charisme renferme. Ne pourrait on envisager que le charisme justement soit le fait que justement le remplacement du désir originel par le désir mimétique est controlé ou tout au moins ralenti? Ces leaders étant finalement les derniers dépositaires des désirs originels aux sources des désirs mimétiques des groupes sociaux qui les mettent en avant, les ‘royalisent’ avant de les bruler….et de les déifier.

    en tout cas merci pour votre site et vos explications.

  33. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous ne semblez pas comprendre correctement la thèse de Girard dans la mesure où vous présupposez le principe d’un « désir originel ». Il n’y a pas de désir originel. L’homme est un être social se construisant dans des rapports sociaux de telle sorte que l’intersubjectivité est fondatrice de la subjectivité. https://www.philolog.fr/intersubjectivite/
    Girard dénonce l’illusion subjectiviste et l’illusion objectiviste. Revoyez les quelques propositions explicatives de l’article.
    Bien à vous.

  34. Chloé dit :

    Bonjour Madame,

    Je dois faire une fiche de lecture sur la violence et le sacré mais je ne suis pas certaine d’avoir bien compris le mécanisme de base . J’ai donc essayé de l’expliquer.
    Pourriez vous me dire si mon explication n’est pas claire et quoi modifier?
    Merci beaucoup d’avance.

    Pour Réné Girard, le désir spontanée n’existe pas. Un homme, le modèle désire obtenir un objet . Or un autre homme admire le premier et souhaite donc l’imiter. Sans être conscient de ses réelles motivations (il ne désire pas spontanément l’objet), il croit désirer l’objet pour ce qu’il est. Si cet objet est à sa portée ,cet homme tente donc de s’emparer. Etant donné que l’homme et son modèle tentent tout deux de s’emparer du même objet, ils deviennent rivaux.Du fait de cette rivalité, les deux rivaux s’adressent réciproquement des actes de violence.La place occupée par ces individus dans la société ne les freine pas, puisqu’ils sont entièrement focalisés sur l’objet convoité. On parle ainsi d’effacement de l’ordre culturel au sein de la société.D’ autres membres de la communauté, admirateurs du premier sont contaminés par le désir mimétique de celui-ci et se mèlent au premier conflit. Comme un virus, le désir mimétique se transmet et la violence s’en suit.Ceci à telle point que la violence se difffuse à l’ensemble des membres de la communauté.Au paroxysme de cette crise de violence, toutes les différences semblent abolies entre les membres de la communauté. Pour éviter la destruction de celle-ci , les membres de la communauté , participant pourtant tous de cette violence, tentent de trouver un responsable.Ce responsable est la victime émissaire, émissaire, parce qu’elle va porter sur ses épaules la responsabilité des actes violents commis par toute sa communauté. Le choix de l’individu n’est pas dû au hasard. Les membres des la communauté choisissent un individu dépourvu d’allié pour éviter toutes représailles.L’ensemble de la commuanuté sera donc unanime quant à sa responsabilité.Elle va par conséquent se réunir toute entière pour frapper de sa violence le prétendu responsable et l’expulser de la communauté.En perpétrant le meurtre de ce dernier, la communauté sera convaincu d’avoir évacué la source de la violence.Cette conviction erronée et le sentiment d’unité face à un allié commun apaiseront les tensions de la communauté toute entière.Par conséquent l’ordre sera rétabli.

  35. Simone MANON dit :

    Bonjour
    C’est globalement compris.
    Evitez de dire que « le désir spontané n’existe pas ». L’idée consiste à comprendre que l’homme n’a pas de désir propre, autonome, qu’il y a un triangle mimétique à son principe, autrement dit que l’intersubjectivité est fondatrice de la subjectivité.
    Bien à vous.

  36. […] Devant l'accroissement du nombre de ménages ne pouvant plus faire face à leurs dettes, des mesures permettant d'accélérer le traitement des dossiers par la commission de surendettement sont intervenues en février 2014. Nous les détaillons dans un autre article. Vos revenus ont fortement baissé ces derniers temps. » Le désir mimétique. René Girard. […]

  37. jc dit :

    Bonjour,

    Je rencontre régulièrement ce problème avec des personnes que je croise et je le remarque ! Comment puis-je gérer ce type de comportement mimétique des autres envers ma personne.
    Cela conduit souvent a un conflit a des tensions et de la haine, cela me pourri l’existence et j’en viens à ne plus pouvoir exister. Des solutions svp ! merci je vis un enfer !

  38. jc dit :

    Je ne comprends pas non plus ce besoin de vouloir a tout prix ce que le modèle possède pour ma part lorsque j’ai quelqu’un en face de moi que j’admire, que je trouve honorable j’apprends de cette personne, je ne cherche pas à la détruire je me pose dans une posture d’élève, puis j’applique ce que j’ai appris en l’adaptant à ma situation.

  39. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne comprends pas précisément la nature des problèmes que vous rencontrez.
    L’envie, la jalousie, la rivalité mimétique sont des données de la vie en société. La seule façon de s’affranchir de cette aliénation est de mettre en œuvre les principes de sagesse que nous ont appris les grands philosophes. Il s’agit de comprendre que le salut est en soi, dans l’effort de redevenir son propre centre de gravité. Ce qui signifie, en termes rousseauistes, de cesser d’exister dans le regard des autres, de se libérer de l’opinion des uns et des autres en faisant de sa propre raison la norme de son jugement et de sa conduite. Retrouver l’innocence de l’amour de soi en lieu et place de l’amour propre, voilà ce que préconise Rousseau.
    En termes stoïciens, il faut se dire qu’il y a ce qui dépend de soi et ce qui n’en dépend pas. Ce qui dépend entièrement de nous c’est notre jugement sur les choses (plan de la représentation) or comme l’importance des choses dépend du jugement porté sur elles, si je suis maître de mes jugements, je suis maître des choses. Il n’y a donc pas d’autre mal que le mauvais usage de nos représentations. Malheur à celui qui ne sait pas distinguer les ordres, qui ne comprend pas la nécessité du réel et qui voudrait que les choses soient comme il les désire. C’est là, la formule de la déraison et le prix de la déraison c’est toujours la souffrance et l’aliénation. La vertu consiste, au contraire, à se libérer de cette folie et d’abord à comprendre qu’« il ne faut pas demander que les événements soient comme tu le veux, mais il faut les vouloir comme ils arrivent ; ainsi ta vie sera heureuse » Epictète. Manuel.

    Bien à vous.

  40. jc dit :

    Je comprends tout a fait ce que vous dites en « gros » se recentrer sur soi .. mais c’est moins facile que cela en a l’air quand on en perd tous ses repères et que justement on en vire pas à de la folie mais presque. Aujourd’hui je sais comment cela fonctionne j’arrive un « peu à le gerer mais je me passerais de tous les conflits stériles que cela engendre

  41. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Personne n’a jamais prétendu que la conquête des biens supérieurs de l’existence (la liberté, la sérénité par exemple) soit chose facile. C’est l’enjeu de la sagesse définie comme méthode du bonheur ou discipline du désir.
    Les autres ont pouvoir sur vous à raison du désir vous liant à eux. Agissez sur votre désir et vous vous libérerez de ce qui vous aliène.
    Bien à vous.

  42. Vertuchoux dit :

    Bonjour et merci pour ce site instructif.
    Dans l’impossibilité de répondre par l’affirmative à la question de l’existence possible d’un désir autonome, mon questionnement porte sur le type de médiation auquel je préfère être soumis, si tant est que nous y soyons soumis et que nous ayons le choix.
    J’aurais tendance à rejeter la médiation interne, et ne me sens pas pris dans ses filets. L’inconfort qui découle de mon attitude est la quasi impossibilité d’avoir une vie quotidienne relationnelle riche, euh, plutôt abondante…
    Non croyant, ni en Dieu ni en système politique salvateur, ni en je ne sais quoi encore, la médiation externe qui risque d’être mon seul moteur ne trouve pas … de médiateur apparemment.
    Puis-je conclure que je suis hors médiation ? J’avoue n’avoir jamais suivi la moindre mode, n’avoir élu aucun modèle proche ou quasi divin, avoir souvent condamné les mouvements populaires autour de centres d’intérêts que je partageais sans me sentir passionné, et mon impossibilité à revendiquer mon adhésion pour l’une des écoles philosophiques (j’avoue en rejeter certaines) afin de faire feu de tout bois me fait me poser la question de ma propre nature mimétique.
    Bref si je constate tous les jours le bien fondé de la théorie de René Girard, je pense qu’elle ne rend compte que d’une généralisation, même si je conserve en moi un doute qui fait de mon autoappréciation autre chose qu’une conclusion ou une certitude.
    Oserais-je vous demander ce que vous en pensez ?
    Merci

  43. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Imaginer être « hors médiation » consiste à penser que son existence échappe à la condition intersubjective. Y a-t-il là autre chose qu’une illusion? Car la condition humaine est fondamentalement celle d’un être en relation avec les autres de telle sorte que l’intersubjectivité est au principe de la subjectivité. Cependant nous n’avons pas un rapport transparent à nous-même. Votre tort est peut-être de méconnaître l’opacité qui est le propre de chacun de nous, même si vous avouez votre perplexité sur ce point.
    J’ajoute que le phénomène mimétique n’a rien de volontaire et de très conscient.
    Vous avez seulement le pouvoir de vous libérer de ce qui vous affecte négativement en en formant une idée claire et distincte, (cf. Spinoza: « une passion cesse d’être une passion dès que nous en formons une idée claire et distincte »), non celui de choisir vos passions.
    Bien à vous.

  44. Vertuchoux dit :

    Bonjour et merci pour cette réponse, et les idées censées qu’elle véhicule.
    Ce qui me semble caractéristique de mon expérience repose sur le fait que les illustrations utilisées par René Girard, pour le peu que j’ai lu, semblent ne pas me concerner.
    Ce n’est pas conclure que je suis hors médiation, et mes propos n’ont aucune intention d’invalider sa théorie, simplement de mieux cerner en quoi j’y colle.
    Je ne conteste pas du tout la notion d’intersubjectivité, ni de médiation, et soucieux d’éviter de vivre en fonction d’illusions, faute de davantage d’hypothèses, je veux bien considérer que mon médiateur, de nature non humaine, se nomme Réflexion. Il me revient ici une phrase de Marcel Conche qui déclare en gros qu’élire un philosophe de référence est sortir de la philosophie.
    Ceci pour mon acceptation de la notion de médiation externe. Je me vois moins inséré dans le type médiation interne, mais je cherche…je cherche…en essayant d’utiliser au maximum ce pouvoir que vous évoquez dans votre dernière phrase.
    C’est sans aucune humilité ni regret que j’accepte l’idée qu’il existe toujours en moi des zones d’opacité. Je savoure d’ailleurs depuis très longtemps les petites victoires de la lumière et la dilution de l’opacité, que je reconnais de plus en plus grande lors même qu’elle diminue, et dont je traque quotidiennement les plus imperceptibles manifestations, et je compte sur René Girard pour m’apporter un peu plus de conscience.
    Je me permets d’exprimer ici ma reconnaissance et admiration pour des gens qui prennent sur leur temps pour apporter une part de lumière à des personnes intéressées : merci.

  45. Lamoureux dit :

    Quelle sagesse dans les propos de Simone Manon. Elle a tout compris et l’exprime bien.René Girard est mon modèle absolu depuis 50 ans. Il a tout compris même les neurosciences qui valident toutes ses géniales intuitions.
    Il y a deux et deux seules façons d’être heureux : la recherche de l’utilité sociale et la recherche de la beauté .

  46. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Vous m’attribuez une trop grande vertu. Plus les années passent, moins j’ai l’impression de comprendre à l’exception de quelques vérités élémentaires sans lesquelles on manque d’un solide bâton de voyage.
    Vous avez raison de souligner l’importance de l’amour de beau et du sens de la responsabilité sociale dans une existence accomplie mais chaque être étant singulier, il y a sans doute d’autres façons d’être heureux. En la matière il faut se méfier de tout dogmatisme.
    Bien à vous.

  47. Jade dit :

    Bonjour Simone, merci pour votre partage !!!
    Vous avez parler de Rousseau, quel livre me conseiller vous de lire pour mettre en lien le désir mimétique ?
    Pourriez vous me conseiller d autre auteur livre afin d agir comme vous le dite plus haut sur nos desirs pour nous libérer ?

  48. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Pour Rousseau: le discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité décrit bien la transformation de l’amour de soi en amour propre avec l’aliénation qui en résulte. Dès lors que l’opinion des autres est souveraine dans le rapport à soi et au monde, il n’y a plus de liberté et de paix possibles. Voyez aussi les rêveries du promeneur solitaire.
    Pour les stratégies de libération, vous pouvez ouvrir de nombreux articles dans le chapitre sur le désir. https://www.philolog.fr/categorie/cours/chapitre-iv/
    En particulier ceux qui sont consacrés aux sagesses socratique, stoïcienne, épicurienne.
    https://www.philolog.fr/descartes-changer-ses-desirs-plutot-que-lordre-du-monde/ Pour Descartes vous pouvez lire les lettres à Elisabeth.
    https://www.philolog.fr/ni-rire-ni-pleurer-mais-comprendre-spinoza/ https://www.philolog.fr/eloge-du-plaisir-spinoza/
    https://www.philolog.fr/rousseau-desir-et-sagesse-la-route-du-bonheur/
    Bien à vous.

  49. concorde112 dit :

    peut ton appliquer cette théorie de René Girard en marketing notamment en voulant montrer la valeur d’un bien ou d’un service aux yeux du consommateur. plus précisément face à une innovation dans la consommation

  50. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Bien sûr. Tout ce qui peut être l’objet d’un désir met en jeu le mimétisme au sens où René Girard l’analyse.
    Bien à vous.

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