Flux pour
Articles
Commentaires

 Goya. Scène d'Inquisition. Fondation de Zaragosse.

*

  L'incompatibilité  est le propre de ce qui ne peut coexister. Si la science et la religion sont incompatibles, cela signifie qu'elles ne peuvent s'accorder sur une question donnée et que si l'on adopte l'une, l'autre est nécessairement exclue. De fait les religions proposent des croyances, des dogmes alors que la science se définit comme une connaissance rationnelle, méthodique et objective d'un domaine d'objets. L'une requiert la foi, l'autre ne reconnaît que la validité de la preuve mathématique ou empirique. L'une se distingue par le caractère foisonnant des croyances, chaque religion ayant son corps de dogmes et souvent des plus contradictoires, l'autre élabore des propositions susceptibles de faire l'accord de « tous les travailleurs de la preuve » c'est-à-dire de tous les membres de la cité scientifique, quelles que soient leurs appartenances nationales ou religieuses.

  A première vue, il semble donc bien que les discours religieux et scientifique ne fassent pas bon ménage mais peut-on parler d'incompatibilité ? La science peut-elle dénier toute légitimité à la religion et réciproquement la religion peut-elle disqualifier la validité scientifique ? Freud s'est efforcé d'instruire le procès de la religion et il a nourri sans trop d'illusions le rêve d'un monde à venir où l'éducation rationnelle supplanterait l'éducation religieuse et affranchirait l'homme de sa séculaire névrose infantile en le faisant accéder à sa majorité spirituelle et morale. Pour Freud et de nombreux savants, il y a une incompatibilité de droit entre la science et la religion.

  Or n'y a-t-il pas de grands savants qui sont en même temps des hommes de foi ? Comment comprendre que cette incompatibilité soit démentie par les faits ? S'agit-il de dénoncer l'incohérence de ceux en qui la religion et la science cohabitent ou bien portent-elles sur des réalités si différentes et ont-elles des enjeux si hétérogènes qu'à défaut de pouvoir en concilier les réquisits, il convient d'admettre qu'elles ont chacune leur place dans l'humaine condition ?

 

I)                   Incompatibilité de la science et de la religion.

 

  Les conflits opposant dans l'histoire, la science à l'institution religieuse ne laissent guère de doute sur la réponse à apporter à notre question. Lorsque l'Eglise fait brûler Giordano Bruno en 1600 pour avoir affirmé l'infinité de l'univers, lorsqu'elle condamne Galilée à renoncer à soutenir l'option copernicienne en matière de système planétaire, il est clair que les énoncés des deux domaines sont incompatibles car à l'opposé de la science naissante, les autorités religieuses s'en tiennent au principe d'un monde fini et à l'option ptolémaïque. De deux affirmations contradictoires, il est impossible qu'elles soient vraies toutes les deux. Elles peuvent être fausses l'une et l'autre, mais s'il y en a une de vraie, l'autre est fausse.

   Ces faits historiques montrent qu'il y a bien une rivalité de la science et de la religion en ce qui concerne le système de représentations que l'une et l'autre élaborent du réel en général. Aujourd'hui encore les partisans du créationnisme, option religieuse, dénient le droit de la science à soutenir l'hypothèse évolutionniste.

   Or, qui de l'une ou de l'autre a raison ? Impossible de ne pas se le demander car on attend d'un discours qu'il obéisse à une norme de vérité. Parce qu'il est esprit l'homme se pose des questions, il a besoin de s'expliquer le monde dans lequel il vit ou sa propre existence. D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Il veut savoir et soumet la totalité du réel à l'interrogation. D'où les paroles, les grands récits par lesquels il médiatise son rapport au réel afin de rendre intelligible son expérience. Ces récits proposent des « conceptions de l'univers » c'est-à-dire des constructions intellectuelles ayant un caractère systématique et unifié. Mais parce qu'il est esprit encore, l'homme se soucie de la validité théorique de ces systèmes apportant des réponses à ses questions.

    La religion et la science proposant de tels systèmes, il s'agit de savoir si l'une et l'autre ont des droits égaux à la vérité ou au contraire s'il faut dire avec Freud qu'une telle prétention est « le propre d'une représentation antiscientifique de la réalité ».

  «  La vérité, écrit-il, ne peut pas être tolérante, elle ne doit admettre ni compromis, ni restrictions. La science considère comme siens tous les domaines où peut s'exercer l'activité humaine et devient inexorablement critique dès qu'une puissance tente d'en aliéner une partie ». Nouvelles conférences sur la psychanalyse. 

  Qu'est-ce donc qui distingue le discours religieux et le discours scientifique, étant entendu que leur point commun est de produire de l'intelligibilité ?

  Dans les religions, le discours remplissant cette fonction est un mythe. Toute religion est pourvoyeuse de récits mythiques. Un mythe est toujours un récit des origines. Il raconte comment, grâce à l'exploit d'être surnaturels une réalité a vu le jour. «  La Genèse » dans la Bible raconte le processus de la Création de l'univers ; Le Coran ne propose pas un récit suivi de la Création du monde mais on retrouve les mêmes affirmations que dans la Bible. Allah crée par sa Parole comme le Dieu de Moïse (XVI, 40) il crée le ciel et la terre en six jours (VII, 54) il crée Adam le premier homme et Jésus (III, 59) etc. De même les mythes grecs décrivent le processus de la mise en forme du cosmos à partir du chaos.

  Le judéo-christianisme, l'islam, la religion grecque prétendent bien rendre raison du réel. Mais il faut avouer que depuis que la science s'est emparée de ces questions, elle est invariablement sortie victorieuse sur le plan strictement théorique du conflit l'ayant opposée historiquement à la religion.

  Alors d'où vient la supériorité théorique de la science ?

  On peut répondre sans prendre le risque de se tromper que sa supériorité découle de la fécondité et de la fiabilité de sa méthode dans la conquête des savoirs.

  La science est une connaissance s'élaborant à partir de deux fondements :

  -la raison c'est-à-dire la faculté permettant d'établir des rapports, d'inventer des concepts, de développer des raisonnements.

  -l'expérience c'est-à-dire l'observation des faits et l'expérimentation.

  Connaître scientifiquement consiste à  construire un savoir positif d'un objet donné dans l'expérience.

  Il s'agit  au moyen de l'observation et du raisonnement basé sur celle-ci de découvrir les faits, de les relier les uns aux autres par des lois, puis à un second niveau d'abstraction de systématiser les lois dans des théories.

  Les lois et les théories sont d'abord posées comme des hypothèses de travail, non comme des vérités. Elles ne seront validées scientifiquement que si elles résistent aux tests destinés à en contrôler la vérité. Mais comme une loi ou une théorie sont des énoncés généraux et qu'on ne peut les tester que sur des cas particuliers, il est impossible de conclure à la vérité absolue d'une hypothèse. Il n'y a pas en science de vérité éternelle et absolue. Les vérités scientifiques sont des vérités approchées ; elles gardent un caractère provisoire s'attestant dans la formule consacrée « dans l'état actuel de nos connaissances, nous pensons que... »

  De nouvelles découvertes amènent ainsi à remanier les théories scientifiques et révèle que le savoir scientifique se conquiert progressivement dans un effort mobilisant des générations et autorisant à parler de progrès. On a plus de science en physique en 2008 qu'en 1700 et si les hommes ne relâchent pas leurs efforts, moins qu'en 3000.

   La description de la méthode scientifique met en évidence la supériorité intellectuelle du discours scientifique sur le récit mythique.

   La vérité du discours mythique n'est vérifiable ni par une procédure expérimentale ni par une démonstration. Elle s'impose par voie d'autorité. Ce qui la fonde est une révélation ou le prestige de ceux qui dans la cité sont vécus comme ayant la compréhension des choses sacrées. Prophètes, chamanes, sorciers, prêtres, imams etc. ces hommes sont considérés comme supérieurs à ceux qui ne sont pas dans le secret des dieux. Leur parole ne se discute donc pas. La vérité mythique a un caractère dogmatique exigeant la foi. « Tout peut être changé sauf le Coran » dit un proverbe somali.

  Elle a l'arbitraire de ce qui prétend échapper à l'épreuve de la preuve empirique ou rationnelle.

   On comprend dans ces conditions sa faiblesse. Que les hommes osent se servir de leur entendement, que les données de l'observation démentent les dogmes et ceux-ci doivent nécessairement apparaître pour ce qu'ils sont : des énoncés sans valeur théorique.

  Bertrand Russell souligne que « le conflit entre la théologie et la science a été en même temps un conflit entre l'autorité et l'observation ».

  Le géocentrisme ne résiste pas longtemps aux observations de Galilée ; la Création du monde aux alentours de 4004 av. J-C. selon des estimations tirées de l'âge des Patriarches ou le fixisme ne résistent pas longtemps aux observations géologiques ou biologiques.

  «La nouvelle méthode obtint de tels succès, écrit Russell, tant pratiques que théoriques que la théologie fut peu à peu forcée de s'adapter à la science. Les textes bibliques gênants furent interprétés d'une manière allégorique ou figurative ...On en vint peu à peu à reconnaître que la vie religieuse ne dépend pas de prises de position sur des questions de fait, comme par exemple l'existence historique d'Adam et d'Eve » Science et Religion 1962.

   Au terme de cette comparaison on peut donc conclure que la religion ne peut pas rivaliser avec la science sur le plan théorique. Elle maintient l'homme dans une minorité intellectuelle indigne de sa vocation de sujet rationnel ; elle propose une conception du monde qui est, dans le meilleur des cas, une poétique. Mais un poème, aussi émouvant soit-il n'a aucune pertinence théorique. Seule la science est savoir et nul autre discours ne peut revendiquer cette dignité. Là où le savoir est impossible il faut se contenter de croire et, quelle que soit la force de la conviction intime, une croyance n'a aucun titre à la vérité. Seule la science peut se prévaloir de l'idée de vérité, non point parce qu'elle l'aurait trouvée mais parce qu'elle fait de sa découverte un programme et parce qu'elle témoigne par ses succès que les deux seules voies d'accès à la vérité sont la raison et l'expérience.

  Faut-il alors conclure à l'incompatibilité de la science et de la religion tant du côté de la représentation du monde que du côté du sujet qui construit ou adhère à cette représentation ?

  - Du côté de la représentation : La science se représente le réel comme une réalité matérielle unifiée par la nécessité et l'universalité de ses lois. Les lois sont des rapports nécessaires et constants entre les phénomènes de telle sorte que les uns étant donnés, l'apparition des autres peut être prévue. La causalité immanente à l'univers est conçue comme une causalité aveugle. Exit l'idée d'une volonté conduisant les événements à des fins. La science sonne le glas de la croyance à un ordre providentiel.

  La religion, à l'opposé, dévoile le réel comme la Parole de Dieu. Tout est signe de sa puissance et de sa souveraineté. Il peut intervenir dans le monde par des miracles, il en est le Créateur dans les religions révélées ou l'ordonnateur dans la mythologie grecque. Il enchante le réel d'une présence invitant à la louange mais parfois aussi à la crainte. La majesté divine se décline selon les textes comme bienveillance ou colère. Il dévaste la terre dans le déluge, mais il fait briller aussi le soleil.

  -Du côté du sujet de la représentation : Le savant construit le savoir en qualité de sujet rationnel ne reconnaissant pas d'autre autorité que la raison en matière de vérité. La conquête de l'objectivité scientifique requiert la difficile ascèse de l'imaginaire tenace d'un sujet sensible enclin à projeter sur le monde ses espérances et ses rêveries. L'émotion  poétique est impitoyablement laissée à la porte du laboratoire car « Les axes de la science et de la poésie sont inverses » (Bachelard).

  Le croyant, à l'inverse,  va au réel à travers ses affects. La crainte et l'espoir sont au principe de l'imaginaire religieux et celui-ci exige du croyant le renoncement à l'autonomie rationnelle afin de s'en remettre à une parole à laquelle il fait confiance.

  D'un côté comme de l'autre, l'antinomie semble radicale.

  Pourtant l'expérience montre qu'on peut être un savant et un homme de foi.   Comment donc cela est-il possible ?

 

II)                Tentative de conciliation de la science et de la religion.

 

1)      Premier argument.

 

  On peut souligner qu'elles témoignent l'une et l'autre d'un souci d'intelligibilité et que la religion achève une quête que le savant est contraint de limiter. Il décrit l'enchaînement des causes et des effets mais il est impuissant à dire la cause première. La religion la formule sous le nom de Dieu. Elle traduit ainsi l'exigence de la raison à interroger en vue de l'inconditionné, du principe qui explique tout et s'explique lui-même. Platon l'appelle dans l'allégorie de la caverne le principe anhypothétique, « ce qui est au-delà de l'être en dignité et en puissance ».

  Loin d'être incompatible avec la science, la religion lui serait paradoxalement nécessaire pour fonder la possibilité de son objet (pour qu'il y ait une machine, il faut un mécanicien. Cf. Descartes. Voltaire) et de la vérité de ses énoncés (thème cartésien du Dieu vérace).

  Argument séduisant dont il est possible de donner de multiples variantes, par exemple celle qui autrefois se déclinait sous le nom de preuve cosmo-théologique de l'existence de Dieu. L'univers est trop bien ordonné, allègue-t-on encore, pour ne pas avoir une prodigieuse intelligence à son principe. La splendeur de l'ordre cosmique, sa complexité, son harmonie ne peuvent pas être l'effet du hasard.

   Sous les apparences de la rationalité ce raisonnement est néanmoins problématique à plus d'un titre. D'abord parce que « le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob » n'est pas « le Dieu des philosophes et des savants » (Pascal). Celui-ci n'est pas un simple principe explicatif, c'est une Personne avec laquelle le croyant noue une relation d'amour.

  Ensuite parce qu'en prétendant remonter à une cause première, l'esprit est victime de ce que Kant appelle « une illusion transcendantale ». Il prend un principe subjectif de l'esprit (l'idée de cause) pour une réalité objective (une cause première : Dieu). Or la causalité est une catégorie de l'esprit destinée, dans son usage légitime, à s'appliquer aux données de l'expérience afin de les lier dans un ordre intelligible. Dés que l'esprit s'émancipe de ce cadre il fonctionne à vide. Kant estime par son analyse « avoir ruiné tous les desseins ambitieux d'une raison qui s'égare au-delà des limites de l'expérience » Critique de la Raison Pure.

  Cette première tentative de conciliation n'est donc pas convaincante.

 

2)      Deuxième argument

 

  Les arguments les plus sérieux viennent plutôt du côté de ceux qui demandent de distinguer des ordres de préoccupations hétérogènes.

  Par exemple dans sa Lettre à Castelli de 1613, Galilée affirme que « L'autorité des lettres sacrées n'eut pas d'autre intention que d'enseigner aux hommes les articles et les propositions nécessaires à leur salut et dépassant la raison humaine ». Et il poursuit en précisant que la raison a pour tâche légitime la connaissance scientifique de la Nature : elle s'efforce de déceler sous les apparences sensibles les lois qui règlent les mouvements de la matière.

  Galilée souligne ici que les enjeux des deux discours sont de nature différente. La science veut dévoiler les lois de la matière, la religion assurer le salut de l'homme.

  La notion de salut indique que le discours religieux obéit à une autre requête que celle du savoir rationnel. Il engage l'homme comme existant c'est-à-dire comme être pour la mort, infiniment intéressé à trouver un sens à son existence, à répondre à ses interrogations têtues sur sa destinée et à combler l'exigence d'une justification lui permettant de tenir en respect le sentiment de l'absurde si dévastateur souvent. Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? La mort comme simple événement biologique est-elle la vérité dernière de la vie et celle-ci est-elle pure contingence, simple hasard biologique ? L'espérance d'un monde sensé et moralement justifié, celle d'un au-delà où la vertu et le bonheur seront réconciliés sont-elles condamnées à ne rencontrer que le silence d'un réel étranger aux aspirations humaines ? Avoir besoin d'être sauvé signifie que sans un message propre à susciter la confiance l'homme se sent déchu, misérable, condamné à une existence dénuée de sens.

   Ces préoccupations sont si essentielles dans une vie d'homme qu'on peut comprendre le succès d'une Parole les prenant au sérieux. La croyance religieuse tire sa force de ce qui constitue la faiblesse de la science. Elle a le mérite d'assumer la question du sens et de la valeur que l'autre s'interdit de poser par parti pris méthodologique. Or aussi grande soit la science du savant, elle demeure trop désespérément muette sur ses interrogations métaphysiques et morales. C'est une chose de dévoiler les mécanismes de production des phénomènes, c'en est une autre de donner un sens à sa vie, autrement plus importante.

  Il s'ensuit qu'il est possible pour un même homme de participer à l'élaboration d'un savoir objectif des phénomènes empiriques en dehors de toute allégeance aux dogmes religieux et de faire confiance, par ailleurs, à une Parole permettant de se tenir debout dans l'espérance d'une signification ultime et d'une finalité morale de sa condition.

   Certes objectera-t-on, la science et la religion n'ont pas même vocation, elles satisfont des exigences hétérogènes et au fond ne sont pas en concurrence puisqu'elles portent sur des réalités différentes et mettent en jeu des aspirations différentes de l'esprit humain. L'une poursuit un idéal de connaissance de l'ordre empirique, l'autre un idéal moral renvoyant  à un ordre métaphysique.

   Cette nouvelle tentative de conciliation n'est pourtant pas entièrement convaincante car les discours en jeu proposent bien des représentations du réel et on ne voit pas comment peuvent être compatibles l'idée d'un monde obéissant à une causalité aveugle et celle d'un monde finalisé, créé par Dieu. On ne voit pas non plus comment, en dehors d'une certaine forme de schizophrénie, peuvent cohabiter dans un même homme la rigoureuse exigence rationnelle d'un logos libéré des requêtes affectives et prompt à dénoncer le caractère illusoire de tout discours ordonné à la satisfaction de désirs (comme le fait Freud, par exemple, à propos du discours religieux) et la confiance dans une Parole dont la mission est précisément de satisfaire des désirs.

  L'hétérogénéité devient ici antinomie et de nouveau on ne peut éluder la question de l'incompatibilité des deux ordres.

 

3)      Troisième argument.

 

  D'où la tentation pour donner ses droits à la religion de pointer les insuffisances de la science dans sa prétention à la vérité. Car s'interdire de poser la question du sens pour élaborer des savoirs objectifs est une chose, prétendre qu'il n'y a pas de sens en est une autre. Il faudrait montrer que cette proposition est une proposition objective or une telle démonstration est impossible. Elle suppose ce qui est à démontrer, à savoir qu'il n'y a de connaissance objective qu'à cette condition. L'objectivité scientifique exige de refuser une pertinence scientifique à la question du sens et de la valeur, mais il s'agit déjà d'une signification et d'une valeur auxquelles il est possible sans contradiction d'en opposer une autre. « L'éthique de la connaissance » comme l'appelle Jacques Monod, ne peut pas se fonder, elle n'est qu'un postulat. Dès lors, il est permis d'en avoir d'autres.

   Voilà pourquoi, il n'y a jamais eu de meilleure justification du discours religieux que celle qui consiste à disqualifier la science, en soulignant l'impuissance de la raison humaine à parvenir par ses seules forces à la vérité. L'auteur de référence est ici Pascal.

  Grand mathématicien, grand physicien, Pascal s'est employé à humilier la raison humaine dans sa prétention au savoir. A « l'ordre de l'esprit » il oppose « l'ordre de la charité». A la sagesse « qui n'est nulle sinon de Dieu », il oppose la misérable science humaine en pointant l'incommensurabilité des ordres et la distance infinie qui les sépare.

  De fait qu'importe de savoir comment se produisent les phénomènes, si on est incapable de comprendre pourquoi. Qu'importe de savoir enchaîner correctement les propositions si on est incapable de poser les premiers principes et les fins. Qu'importe de connaître les lois physiques si on est incompétent dans les questions métaphysiques et morales.

  La raison est disqualifiée dans sa prétention à revendiquer un magistère en matière de vérité. Au contraire, elle devrait faire preuve de modestie car sans le secours du « cœur » qui lui donne ses premiers principes, elle ne pourrait même pas produire le moindre raisonnement.

  Le constat pascalien est ici d'une grande pertinence. Il est bien vrai que la raison humaine est impuissante à démontrer toutes ses propositions. Elle a besoin d'axiomes ou de postulats pour s'exercer. Et puisque ses majestueux édifices sont des géants aux pieds d'argile, la vérité dont elle se prévaut n'est qu'hypothétique et provisoire. La science n'a aucune certitude. Alors au nom de quoi  peut-elle disqualifier une autre voie d'accès à la vérité ? « La superbe » dont elle se prévaut doit être rabattue. Ce qui est absurde aux yeux de la raison n'est pas absurde en soi, car la raison n'est pas autorisée, en raison, à faire de la raison le seul critère de vérité. Elle le croit, mais croire n'est pas savoir. Croire consiste à adhérer à un contenu de pensée sans raison suffisante. Une croyance a ceci de caractéristique que suffisante subjectivement, elle est insuffisante objectivement.

  Il s'ensuit que ce que la raison reproche à la croyance religieuse vaut aussi pour les savoirs qu'elle construit. En dernière analyse, il s'agit toujours d'avoir foi, de croire. Or, affirme Pascal, si la raison a besoin de la foi pour s'exercer, la foi, elle, se passe bien de la raison car avec le secours de la grâce, l'homme a une voie d'accès à la vérité autrement plus sûre que celle de la raison.

  « La foi est différente de la preuve : l'une est humaine, l'autre est un don de Dieu » Pensées. B.248.

  « C'est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi : Dieu sensible au cœur non à la raison ». B. 278.

  Les vérités théologiques sont inaccessibles à la raison humaine, c'est certain,  mais ce n'est pas un argument contre les vérités théologiques, c'en est seulement un contre l'autorité de la raison en matière de vérité. On connaît la formule consacrée : « Il n'est pas venu pour les philosophes et les savants ». La lumière vient de plus haut que la raison mais il faut être humble pour la recevoir. Car Dieu vient au secours de l'homme. Par la Révélation et l'Incarnation du Christ, il éclaire son cœur. Le cœur comme simple faculté naturelle ne peut saisir Dieu mais Dieu peut se rendre sensible au cœur. Il n'y a donc que les Ecritures et le Christ qui puissent faire autorité en matière religieuse.

  D'où l'outrecuidance d'une raison revendiquant le droit d'en juger. Vouloir soumettre la Parole biblique, Parole sacrée, ou la personne du Christ à l'examen de la raison est une perversion, une superbe diabolique. Il n'appartient pas à la raison et à la créature marquée par la finitude et le péché originel de comprendre ce qui la dépasse infiniment. Et c'est précisément parce qu'il y a de l'incompréhensible pour la raison qu'il n'y a de salut que dans la foi.

  Avoir foi consiste, avec humilité, à se fier à, à avoir confiance en, à adhérer sans preuve. « Credo quia absurdum est » proclame Tertullien à propos de la Résurrection du Christ. J'y crois parce que ce qui est absurde selon la raison est vrai selon la confiance en la prédication christique. N'avait-il pas dit : « Si vous croyez en moi, vous ne mourrez jamais » ?

  Cf. St Paul. Première Epître aux Corinthiens.18.25. « Le langage que parle la croix est une folie pour ceux qui vont à leur perte, tandis que pour ceux qui sont sauvés, pour nous c'est une puissance de Dieu. Il est écrit : « Je détruirai la sagesse des sages et j'anéantirai l'intelligence des intelligents » (Isaïe. 29,14). Où est le sage ? Où est l'érudit ? Où est le chercheur des réalités de ce monde ? Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? (...) C'est bien d'une sagesse que nous parlons (...) mais non d'une sagesse du monde (...) Ce dont nous parlons, c'est d'une sagesse qui vient de Dieu, mystérieuse, demeurée cachée, celle que dès avant les siècles, Dieu a prédestinée pour notre gloire, celle qu'aucun des princes de ce monde n'a connue. S'ils l'avaient connue en effet, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de gloire ».

 

III)             Le désaccord de fond de la science et de la religion.

 

   Au fond quel que soit le domaine considéré, toute la difficulté vient de l'impuissance à prouver d'une manière convaincante. « Nous avons une impuissance de prouver invincible à tout le dogmatisme » écrit avec justesse Pascal, et cela vaut aussi bien pour la science que pour la religion.

   Les religions révélées prétendent que la foi en Dieu se fonde sur la révélation de Dieu aux hommes mais il s'agit d'une pétition de principe car la justification de la foi s'effectue à l'aide de ce qui est précisément à prouver, à savoir l'existence de Dieu. La science échappe à la pétition de principe en reconnaissant qu'elle est fondée sur un postulat. Elle est plus rigoureuse logiquement, elle n'en est pas plus certaine pour autant.

  Il s'ensuit que le dogmatisme doit être exclu de part et d'autre.

   Mais il est vain de faire croire que du point de vue de l'une et de l'autre la compatibilité soit possible en toute cohérence.

  Ce n'est pas parce que la science reconnaît son incompétence sur certaines questions qu'elle ne soupçonne pas les discours religieux les prenant en charge, d'être trop ordonnés à la satisfaction des désirs pour être autre chose que des illusions.

  Ce n'est pas parce que la religion reconnaît la compétence de la science en matière de connaissance empirique, qu'elle accepte le principe des sciences, à savoir qu'il n'y a d'autorité que de la raison. La lumière surnaturelle lui paraît supérieure à la lumière naturelle et elle substitue au principe de l'autonomie rationnelle, celui de la nécessaire subordination de l'esprit humain à la transcendance divine.

  En dernière analyse il faut avouer qu'il  y a un désaccord de fond entre l'une et l'autre.

   Léo Strauss (1899.1973)  me semble  formuler les termes de ce désaccord avec fermeté. Il suffit de remplacer le mot philosophie par le mot science et l'essentiel est dit :

  « On ne peut esquiver le dilemme par un essai de conciliation ou de synthèse. Car toutes deux, la philosophie et les Ecritures, proclament qu'une seule chose est nécessaire : une vie de libre recherche pour l'une, une vie d'obéissance et d'amour pour l'autre ; or l'une est à l'opposé de l'autre. Dans tout essai de conciliation, dans toute synthèse, si remarquable soit-elle, l'un des deux éléments est sacrifié, subtilement peut-être mais à coup sûr (...) Si nous regardons de haut la lutte séculaire entre philosophie et théologie, nous ne pouvons guère manquer de penser qu'aucune n'a jamais totalement réussi à réfuter l'autre. Tous les arguments en faveur de la révélation n'ont de poids, semble-t-il, que si l'on présuppose la croyance en la révélation ; tous les arguments contre que si l'on admet l'incroyance au départ. Cet état de choses n'est que tout naturel. La révélation est si incertaine aux yeux de la seule raison qu'elle est toujours incapable de forcer son adhésion, et d'ailleurs l'homme est construit de telle façon qu'il peut trouver son bonheur, son accomplissement dans la libre investigation et dans la discussion de l'énigme de l'existence. Mais, d'un autre côté, il s'évertue si vivement à en chercher la clé et la connaissance humaine est toujours si limitée qu'il ne peut s'empêcher de ressentir le besoin d'une illumination divine, ni réfuter la possibilité de la révélation ». Droit naturel et Histoire.

 

 Conclusion :

  Il y a manifestement une compatibilité de fait entre la science et la religion puisqu'on peut à la fois être un savant et un croyant. Preuve empirique que les requêtes humaines sont multiples et que la science et la religion remplissent des fonctions, certes différentes, mais aussi essentielles l'une que l'autre dans l'humaine condition.

  Reste qu'il n'est pas sûr que la conciliation que certains préconisent avec une certaine complaisance soit absolument cohérente. Car lorsqu'on cherche les arguments l'autorisant, on s'aperçoit que de part et d'autre les concessions requises seraient des désaveux s'il fallait les assumer jusqu'au bout.

  Aussi, me semble-t-il, que la rigueur est du côté de ceux qui, partisans du primat de l'une ou de l'autre, ne prétendent jamais les réconcilier. Freud et Pascal sont de ceux-là.

   Dans L'Avenir d'une illusion  Freud recense les entorses au principe de rationalité impliquées dans la croyance religieuse, du subterfuge du « comme si » (Kant fait en effet de la métaphysique, la discipline du « comme si », seule condition, permettant à ses yeux, de limiter le savoir pour laisser une place à la croyance) à la justification de l'absurde, manière Tertullien.

  Réciproquement un Pascal proclame l'incommensurabilté des ordres et au nom de la supériorité de l'ordre de la foi affirme de la science (ou de la philosophie) qu'elle "ne vaut pas une heure de peine".

  Il est donc permis de conclure à l'incompatibilité de droit de la science et de la religion.

 

Partager :

Pin It! Share on LinkedIn

76 Réponses à “La science est-elle incompatible avec la religion?”

  1. Vinatier dit :

    Bonjour, je viens de lire cet article que j’ai trouvé intéressant.
    Je dois faire une dissertation sur le problème suivant : Peut-on considérer les religions comme source de vérités?
    J’ai trouvé des idées pour y répondre mais je n’arrive pas à construire un plan qui soit vraiment explicite. J’ai peur de tomber dans un plan classique qui opposerait deux parties : la première avec les religions sont source de vérités et la deuxième avec la science qui montre que les vérités religieuses sont fausses car non rationnelles.
    Pourriez vous me donner votre avis sur ce sujet et me proposer un plan avec les grandes idées pour que je m’y retrouve.
    Merci beaucoup.

  2. Simone MANON dit :

    Je suis désolée Julie, le rôle d’un professeur n’est pas de dispenser les élèves de réfléchir par eux-mêmes.

  3. Gibanel dit :

    Bonjour, j’ai du mal à voir la difference entre le premier et le troisième argument de la partie 2. Le premier concilie science et religion dans l’explication alors que le troisième les concilie dans le postulat, dans leur principe fondateur ?
    Si c’est cela je reproche à ce troisième argument qui vous fait dire « elle est plus rigoureuse logiquement, elle n’en est pas plus certaine pour autant » (je pense en espérant ne pas me tromper que c’est bien le troisième argument qui vous fait dire cela) qu’il ne prend pas en compte ce que nous donne la science à posteriori. Ce qu’elle nous donne à posteriori ce sont des vérités approchées comme vous l’avez bien dit mais aussi dés fois des vérités absolues ce que vous n’avez pas dit. Par exemple l’évolution biologique, la tectonique des plaques… sont passés de l’état d’hypothèse à celui de fait. De meme quand je dit que les plantes sont autotrophes au carbone grace à la photosynthèse me parait être une vérité absolue; Et des vérités comme celle ci il y en a enormement.La science nous montre donc des parts de vérité dés fois seulement approchées mais aussi dés fois absolues.
    Ainsi si science et religion reposent toutes deux sur un ou des postulats, ce fait n’est pas suffisant pour mettre sur un pied d’égalité leur production respective.

    Sur la conciliation entre science et religion; peut être faudrait il avoir une autre vision de Dieu: un Dieu immanant, qui serait l’univers et les lois permettant sa creation et son fonctionnement,donc les lois de la physique et de la chimie; Elles mêmes sont suffisantes pour concevoir l’origine de la vie. Une fois la vie en marche il en est de même de l’évolution.
    Celle ci commence par un mode d’organisation simple et a la caractéristique d’innover. Ainsi bien que soumise au hasard des mutations et à la contingences des évènements l’évolution créera forcement, parmis l’ensemble, des êtres complexes et par voie de conséquence des êtres avec des capacités mentales comme les notres ( c’est à dire le raisonnement , le questionnement sur le monde, l’univers, les sensations d’emerveillements par rapport a l’univers, la compassion, l’amour…) et la capacité de faire des choix dans nos actes, paroles et pensées. Ainsi cette causalité aveugle dont vous parler peut trés bien aboutir forcement à quelque chose de précis. Ainsi le principe fondateur de la science, ce postulat qui ne veut pas entendre parler de métaphysique peut se concilier avec la religion dans le sens où les lois physiques suffisent à expliquer le monde et elle ne contredise pas le fait que quelque soit la manière l’évolution de l’univers donnerait forcement des êtres avec des capacités mentales comme les notres (conscience de soi , du monde, de nos action, et désirs de bien être, d’amour et de compassion).

    Je ne sais si c’est completement bidon ce que j’ai écrit, et si je ne suis pas à coté de la plaque comme lors de mon commentaire precedent. N’hesitez pas à me descendre…
    Cordialement.

  4. Simone MANON dit :

    Vous avez manifestement une conception naïve de la science dans la mesure où vous semblez ignorer qu’elle propose un discours hypothético-déductif. Il n’y a donc pas de vérités absolues en sciences. Elle peut établir des faits, relatifs aux instruments de mesure et aux hypothèses du moment, elle ne peut pas apporter des explications définitives et ce qui est sûr, c’est que la question de l’origine lui demeure interdite par présupposé méthodologique. Ce qui laisse la voie ouverte aux discours qui s’en préoccupent.
    En quoi une autre conception de Dieu est-elle autre chose qu’une conception religieuse de l’univers, autrement dit autre chose qu’une conception scientifique?
    Il faut par ailleurs s’efforcer d’éviter les contradictions: Il est contradictoire de parler d’une causalité aveugle et néanmoins d’une causalité qui devait nécessairement produire l’émergence d’un être humain.

  5. Cormier dit :

    Bonjour,

    Je voudrais vous faire part d’une réflexion qui m’est venue à l’esprit aujourd’hui. Il s’agit d’un raisonnement apparemment logique tentant de prouver l’existence de Dieu de manière purement déductive. Je voudrais avoir votre avis sur cette « chaine de raison ». Veuillez m’excuser par avance si la démonstration a déjà été donnée et est l’oeuvre d’un auteur qui m’est encore inconnu.

    La voici:

    Dans ce qui suit on appelle « Dieu » le créateur de l’univers.

    On suppose par hypothèse que je détiens un libre arbitre, c’est-à-dire la liberté de penser.

    Montrons que Dieu existe par l’absurde:

    Supposons que Dieu n’existe pas; Alors l’univers n’est que le fruit du hasard. Car s’il n’était pas le fruit du hasard, il serait le fruit de quelque chose, et cette chose serait Dieu par définition.

    Nous en concluons donc encore une fois par l’absurde que l’univers est le fruit du hasard.

    Si l’univers est le fruit du hasard, tout ce qu’il contient l’est de même. Y compris moi-même. Ma propre pensée est donc aussi le fruit du hasard. Or ceci est impossible car par hypothèse je détiens le libre arbitre et donc une liberté de pensée, incompatible avec le hasard.

    On aboutit alors à une contradiction ce qui prouve que :

    Si le libre arbitre existe, alors nécessairement Dieu existe.

  6. Simone MANON dit :

    Il y a de nombreuses fautes logiques dans votre propos.
    1) Il n’y a pas de passage possible de la logique à l’ontologie car l’existence n’est pas un prédicat comme un autre. Elle est extérieure au concept. Elle ne se déduit pas, elle se constate, s’éprouve ou s’observe.
    2) Vous faîtes un usage illégitime de la catégorie de causalité en prenant une catégorie subjective pour une réalité objective. Vous être victime de ce Kant appelle une illusion transcendantale.
    3) La réalité du libre arbitre est discutable. On ne peut donc rien fonder de certain sur un tel présupposé.
    4) Je ne vois pas en quoi il y a contradiction entre l’idée de hasard et celle de libre arbitre.
    Enfin, il me semble que la philosophie n’a d’intérêt qu’autant qu’elle s’interdit toute forme de spéculation oiseuse.
    Bien à vous.

  7. Cormier dit :

    Je vous remercie de m’avoir éclairé grace à votre réponse détaillée. Cependant le dernier point « spéculation oiseuse » n’est pas clair à mon sens; pouvez-vous l’expliciter ?

    Cordialement.

  8. Simone MANON dit :

    Une spéculation oiseuse est un raisonnement vain, inutile. La philosophie n’a-t-elle pas mieux à faire?

  9. Rodriguez dit :

    Madame,

    Je suis avec intérêt votre site et je me suis arrêté un moment sur cette dissertation. Une seule question me vient vraiment à l’esprit : en quel sens peut-on parler alors des vérités de la foi?

    En vous remerciant.

  10. Simone MANON dit :

    Il me semble que la dissertation est claire sur cette question. On peut parler des vérités de la foi à partir du moment où l’on disqualifie les prétentions de la raison à se poser comme le seul arbitre en matière de vérité. Cela invite à reconnaître que pour les hommes, il y a plusieurs voies d’accès à ce qu’ils appellent « vérité ». Ce qui n’exclut pas de se demander s’il est toujours légitime de parler de vérités.

  11. Rodriguez dit :

     » Ce qui n’exclut pas de se demander s’il est toujours légitime de parler de vérités » .

    C’est justement là où j’espérais en venir.

    Nous devons avouer, comme vous l’avez précedemment montré, que l’annonce du troisème ordre pascalien a comme but d’humilier la raison et de lui montrer ses limites. Et surtout, de bien pointer du doigt que le 3ème ordre est invisible au second.

    Ce que Pascal introduit ici est clairement un dépassement de la philosophie et de la science, une sortie vers.

    Pour rappel, cette analyse de Vincent Carraud :  » La pensée pascalienne relève-t-elle de la philosophie comme on (se) relève d’une maladie ou d’une épreuve, c’est-à-dire comme on en sort ? « Relever » équivaut à la fois à « sortir de » et à « provenir de ». Mais surtout, « relever » signifie se lever, par une assomption propre, jusqu’à son propre relief ; Pascal est sans doute le premier à employer en français « relever » non transitivement : « Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il nous faut relever […] » « . Pascal et la Philosophie.

  12. Simone MANON dit :

    Merci pour la pertinence de ce propos. La question est donc de savoir s’il est possible de « dépasser la philosophie et la science ». En terme rationaliste non. La force de cette position procède de la conscience de sa faiblesse. Exit le dogmatisme et ouverture d’un véritable esprit de recherche et de tolérance.

  13. Rodriguez matthieu dit :

    Merci à vous de faire vivre un site aussi riche et de prendre la peine de répondre aux commentaires.

    Ce sujet m’intéresse beaucoup car mon sujet de maîtrise de philosophie avait pour sujet : « La fin de la philosophie chez Blaise Pascal ». Mon travail s’attaquait principalement à la destruction de l’égologie cartésienne et à l’édification des trois ordres pascaliens à partir de la lecture de l’Entretien avec M. de Sacy et des Pensées.

    J’ai trouvé votre analyse du sujet très pertinante et agréable à lire et suivre.

    Pour ma part, une chose est sûre en ce qui concerne la pensée de Pascal : conférer aux Ecritures le crédit de la validation scientifique ( comme le pensait Mersenne ), c’est les priver de toute autorité propre.

    De plus, dans la Préface, les rapports de la raison et de la Révélation, même sous la forme de la question de la rationalité de la Révélation, n’intéressent pas Pascal. Rapports que Pascal ne pense jamais en termes d’accord :  » […] pour donner la certitude entière des matières les plus incompréhensibles à la raison, il suffit de les faire voir dans les livres sacrés; parce que ses principes sont au-dessus de la nature et de la raison, et que, l’esprit de l’homme étant trop faible pour y arriver par ses propres efforts, il ne peut parvenir à ces hautes intelligences s’il n’y est porté par une force toute-puissante et surnaturelle ».

    En effet, la science n’a point besoin de la Grâce pour lier les faits entre eux et édifier des lois et des théories scientifiques 🙂

  14. Thierry F dit :

    Cette page (http://www.lacosmo.com/reglage_fin.html) apporte, me semble-t-il, des éléments de réflexion.

    Au delà de ce texte, l’astrophysicien nous donne des repères pour que nous puissions mettre en perspective les discours et le réel.

  15. Simone MANON dit :

    Merci infiniment pour cette riche source de réflexion. Je ne suis pas compétente en astrophysique mais je souscris entièrement aux propos concernant la théorie de la connaissance et la conclusion.

  16. jean louis dit :

    La science, comme la religion, sont faites par des hommes. C’est pourquoi on trouvera toujours des passerelles et des rapports entre science et religion. Ce qui les distingue, c’est l’objectif, la démarche (on sait d’ailleurs, qu’en Occident, la science est née d’un affranchissement des hommes par rapport à la religon, voire d’un certain rejet)
    Difficile donc, souvent, de faire la part des choses quand on considère leurs domaines respectifs, leur apports, leurs champs d’exploration.

    Mais il me semble que ce qui rend ces deux activités humaines incompatibles, c’est le fait que la science se donne pour unique objet d’étude, un objet indépendamment de l’homme, et qu’elle n’a pas d’autre but que la connaissance de cet objet qui n’est pas l’homme. Alors que la religion ramène toujours tout à l’homme. Son but, finalement, est l’homme.
    La science ne nourrit aucun projet, aucune vision, aucune ambition à propos de l’homme, à propos de chacun très concrètement.
    La religion nourrit un projet, une vision, une ambition à propos de l’homme.

    Les sciences humaines posent un problème très interessant. Psychologie, sociologie, ont quelques prétentions scientifiques, mais ce ne sont pas des sciences. Bien évidemment.
    Elles prennent parfois des allures de religion laïque, mais ce ne sont pas des religions.
    La neuropsychiatrie est une discipline qui, c’est certain, est appelé à évoluer beaucoup au niveau de ses ambitions, sa définition, son champ d’application.

  17. Thomas dit :

    Merci encore pour votre blog excellent et pour cette page. Je serais intéressé par vos commentaires et références sur les quelques réflexions puis questions suivantes que je me sens obliger de développer un peu…quitte à paraphraser parfois votre exposé.

    La notion de dogmatisme est centrale dans votre propos. On connaît le dogmatisme en religion comme en science. Pour l’une il est la règle et pour l’autre une dérive contre-nature. La notion de vérité est, comme vous le dite, relative en science et absolue en religion. A tel point que la religion tourne souvent en farce dangereuse et sanglante de peuples se prétendant tous « élus » se faisant la guerre en permanence… La discipline religieuse, sensée transcender l’homme, l’oppose alors artificiellement à lui-même. Un dogme prétendument révélé évolue en réalité au rythme des fatwas où des bulles papales, autrement dit d’objectifs politiques et/ou d’interprétations subjectives. Il y a là un paradoxe pour moi dans la démarche religieuse : la part très subjective dans l’interprétation de textes prétendus révélés. Vous n’avez pas beaucoup développé ce point, qu ‘en pensez-vous ?
    On peut rapprocher cette utilisation politique de textes sensés « libérer » l’homme (que certains religieux appelleront une dérive contre nature) au socialisme stalinien (détournement de Marx) ou au nazisme (détournement de Nietzsche)… d’autres iront chercher des rapprochements encore plus proches de nous dans la manipulation quotidienne de l’opinion.
    On en revient finalement très vite à un objectif de départ différent chez les scientifiques où dans « l’autorité » (mot « consacré » loin d’être anodin) religieuse. L’un est la libération de l’homme et l’autre sa soumission. Dans ce dernier cas, on observe dans l’histoire des religions méditerranéennes une soumission aux dieux puis à Dieu ayant servi le plus souvent de prétexte à la soumission de l’homme à lui-même. Le pouvoir de l’autorité religieuse sur les peuples est en effet beaucoup plus puissant que celui de l’autorité politique laïque car il fait appel à des leviers et à des angoisses profondes en chacun de nous, à commencer par celle de la mort.

    Toutefois, bien que scientifique de formation et de métier, je me questionne toujours sur la possibilité d’une démarche complémentaire non philosophique et non scientifique pour approcher certaines réalités de notre état. Pour résumer, une réalité du cœur qui dépasse celle de la raison et des passions animales. En ce sens, les textes sacrés peuvent être source d’inspiration. La poésie et l’art aussi. Tout comme un rapport direct non pensé avec la nature. Le langage déductif, qu’il soit mathématique ou littéraire, appliqué à des éléments observés, ne peut décrire l’ensemble de notre état. Mais comme le disais Parménide (en abordant une sujet plus vaste…), « cette voie est un étroit sentier sur lequelle on ne peut rien apprendre ». Faut-il donc opposer Parménide (et ses successeurs dont vous-même) à St Exupéry « on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux » ? Au-delà de cette opposition, le Socrate du Phédon ne finit-il pas par parler avec son cœur devant la mort ? N’est-il pas « inspiré » par le mythe ?

  18. Simone MANON dit :

    Merci pour cet intéressant commentaire.
    il me semble qu’il faut éviter de faire preuve de dogmatisme et c’est peut-être en faire preuve que de dire:
    1)le dogmatisme est la règle en matière religieuse. Il me semble que Ricoeur a raison lorsqu’il rappelle que « la proclamation de l’Evangile de Jésus-Christ a ouvert un espace d’interprétation qui dès le début est multiple » Lectures I, Seuil, p. 308. On peut ainsi étayer « une justification théologique de la tolérance ». Dans son discours au collège des Bernardins, le Pape, l’année dernière, évoquait lui aussi cette dimension plurielle de la parole. Cf. Sur ce blog le cours: la guerre des dieux ou l’unité par le logos dans le chapitre sur la philosophie.
    2) C’est aller un peu vite en besogne que de lier religion et soumission. Cela revient à méconnaître la fonction émancipatrice de la religion judéo-chrétienne comme religion de la sortie de la religion (thèse de Gauchet) ou comme religion ayant fait émerger l’individu comme sujet autonome (thèse de Dumont). Cf. sur ce blog la réflexion sur les deux matrices de l’Europe.
    3) L’issue que vous proposez me paraît une voie stérile dans la mesure où ce ne pourrait être que la voie du silence. En tout cas c’est celle de l’irrationalisme et rien ne me semble plus dangereux.
    4) Chez Socrate la raison est comme chez tous les grands philosophes l’objet d’une révélation. Songez au thème de la mission divine, à la dernière parole du Phédon. En ce sens même le rationalisme implique un irrationnel de fondement.
    Bien à vous.

  19. Thomas dit :

    Merci pour votre si rapide réponse et votre nécessaire recadrage de mes paroles un peu emportées. Mon propos se voulait restreint à dénoncer l’utilisation politique très dangereuse passée et présente d’un dogme religieux réinventé selon les fantasmes des dirigeants. Ceci au même titre que tout texte, certes révolutionnant la pensée, mais instrumentalisé par un régime politique dictatoriale (Marx, Nietzsche (je m’excuse de les mettre ensemble ici), Coran dans certains pays, bible au moyen age, …).
    Je vous l’accorde, le dogmatisme n’est pas forcément la règle en religion. Ce devrait être le contraire car le dogmatisme divise et oppose alors que la religion est sensée réunir et transcender (on voit un lien avec la démarche philosophique). La religion musulmane fut elle-même la plus tolérante et avancée du monde occidental sous les califats de Bagdad du Xeme siècle et n’hésitait pas à promouvoir les débats philosophiques et inter-religieux ainsi que l’évolution de la pensée scientifique. Le pape lui-même, s’il ne communiquait pas de manière catastrophique sur certains sujets dit des choses intéressantes et libératrices sur d’autres. Idem pour certains Rabbins et Imam. Quant aux trois doctrines chinoises, elle sont imprégnées de philosophie (au sens asiatique de la sagesse) et très tolérantes.
    A ce propos, le rôle fondamental et positif des religions dans la maturation et la libération de la pensée humaine est décrit de manière passionnante à mon goût par Frédéric Lenoir dans son « petit traité d’histoire des religions ». Il décrit bien dans ce livre cette dualité des religions qui « continuent d’être pour les uns instruments de replis et de violence et pour les autres sources d’ouverture et de paix ». Il donne également une vision dynamique (dans le temps) et humaniste du fait religieux depuis la préhistoire, qui dépasse très largement cette simple opposition politique entre dogmes concurrents et instrumentalisés que je souhaitais dénoncer. Il n’oppose pas religion et philosophie mais montre leurs inter-dépendances…
    Quant à mon ouverture, je dirais qu’un chercheur ne peut nier la part intuitive précédent toute nouvelle connaissance (aussi minime soit cette dernière)…Je ne dis pas que cette intuition est la connaissance, mais peut-être la contient-elle…En tous cas, on peut en effet dire qu’elle est au mieux stérile en l’état et même dangereuse sans le travail nécessaire de la raison.

  20. Simone MANON dit :

    Je suis entièrement d’accord avec vous. j’ai beaucoup aimé le livre de Lenoir sur Le Christ philosophe.

  21. Mathieu dit :

    Bonjour
    Je reviens sur une discussion antérieure qui m’interroge. le fait que la science opère par un discours hypothético déductif veut-il dire que ce qui est vrai un jour, selon les hypothèses de Newton, par exemple, serait faux un autre jour suivant les hypothèses de Einstein ? Je comprends qu’il n’y a pas de vérité absolue dans la mesure où le filet des hypothèses laisse toujours passer une part de la réalité, mais peut on dire que la loi de la gravitation est invalidée ?
    Est-ce que la falsifiabilité d’une théorie n’est pas aussi la mise en perspective de son domaine de validité ? En ce sens la vérité scientifique ne serait pas absolue, mais relative a un reférentiel, une échelle, une région du savoir; mais la chute des corps serait toujours « vraie »…

    je suis un jeune remplaçant qui prépare mon cours sur la science et la religion et cette idée de la vérité scientifique me pose problème.
    Merci de m’aider

  22. Simone MANON dit :

    Pour ces questions d’épistémologie voyez les cours qui les affrontent: comment d’élabore le savoir scientifique – A quoi reconnaît-on qu’une théorie est scientifique – Les cours sur la vérité.
    Il me semble qu’ils vous aideront à répondre à vos questions.

  23. bouras dit :

    La philosophie matérialiste a tout galvauder sans pour autant donner une réponse claire
    aux préoccupations qui nous concerne. le matérialisme scientifique n’est il pas un dogme
    du fait qu’il préviligie et idolatre la matière et omet de nous dire que cette meme matière contient en son sein des éléments qui ne peuvent etre vue que grace a des instruments
    (atomes )peut on dire que l’atome n’éxiste pas , avant de l’avoir cerner .donc le hasard ne peut rien créer, et la science ne s’appuit que sur des postulats.Au dela de la connaissance le sage peut dire Dieu sait du fait que le verbe est créateur.Nous sommes le produit d’une intelligence hors norme qui a concilié est le spirituel et le matériel pour qu’il soit a l’unisson.observez vous , voyez la perfection de votre etre , votre cerveau , et vous constaterai qu’a travers tout cela il y a une main invisible qui a permis a votre cerveau d’effectuer les prouesses dont vous etes temoin.
    bien sur la bible ne vous apprendra rien du fait que c’est une oeuvre humaine et n’a rien de divin.Par contre le Coran ou rien n’est omis , nous donne réponse a toutes les interrogations et dépasse toute sciences (astronomie, embryologie, botanique, ethologie.
    océanographie , histoire etc….

  24. Simone MANON dit :

    Le dogmatisme et l’aliénation spirituelle ont toujours quelque chose de pathétique.
    D’autant plus lorsqu’ils s’exhibent dans une expression incorrecte.

  25. FLAVIEN dit :

    je vopus remercie pour les grandes idées développées qui est par ailleurs très pertinent. oui la religion et la science sont incompatible? mais il faut reconnaitre que la science a des limites. et dès qu’elle se limite elle doit appelée ce qu’on appelle la religion c’est à dire la foi. et au même moment la foi a ses limites et laisse place à la sience qui a son tour réfléchie sur le problème. en revanche la religion ne peut pas exister sans la science car comme le dit jean Paul II CE SONT DES deux ailes qui permettent à l’esprit de comtepler la vérité. je vous donne un sujet: le discours philosophique est-il de l’ordre du discours religieux? APPORTER moi votre contribution. merci . et je demande excuse pour les fautes. j’ai problème du clavier.

  26. Simone MANON dit :

    C’est un beau sujet qui est proposé à votre réflexion. Il faut vous dépêcher de vous mettre au travail pour éclaircir la question car je ne reçois pas commande de mes intérêts du moment.
    Bon courage.

  27. Freud dit :

    Vous ne parlez que très peu de la nature dans cet article, n’y a-t-il pas pourtant un rapport direct entre la science et la religion et la nature ??

  28. Simone MANON dit :

    Je ne vois guère la pertinence de votre remarque.
    Que le discours religieux aussi bien que le discours scientifique portent, entre autres choses, sur la nature, c’est un fait. C’est même ce qui autorise l’analyse comparative de ces deux manières de s’emparer d’un même objet. Mais le sujet de notre réflexion n’est pas d’examiner ce qu’il en est de la nature, c’est de savoir s’il y a oui ou non compatibilité entre ces deux discours. Il ne faut pas se tromper de problème.
    Bien à vous.

  29. oyane darlene dit :

    Bjr j’ai d difficultés à comprendre le sujet qui est le suivant:que reproche la science à la religion?

  30. Simone MANON dit :

    Il vous suffit d’exploiter les deux articles portant sur ce thème sur ce blog pour comprendre.
    Personne ne peut faire cet effort à votre place.
    Bon travail.

  31. ARMEL dit :

    salut professeur. j’avoue que je suis entierement boulverse par votre maniement philosophique. je ne suis qu’un eleve du secondaire et je voudrais par votre bienveillence, des conseils pour etre plustard comme vous.

  32. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La compétence en quelque domaine que ce soit s’acquiert par le travail et le désir de progresser. Il n’y a pas d’autres recettes.
    Joyeuses fêtes de Noël.

  33. ouaro patrice dit :

    Bonjour madame
    Votre site est un milieu de connaissance et de motivation pour moi. En effet la connaissance comme vous l’avez bien dit s’acquiert par le travail. Mais ce travail lui même demande des héros. Il fallait que vous le sachiez: vous représentez par votre métier une lueur d’espoir pour les jeunes qu’ils soient garçons ou femmes de mon pays.
    Mon rôle a été de vous transmettre leurs salutations.

  34. Simone MANON dit :

    Merci pour ce sympathique message.

  35. Philippe FAUCHER dit :

    Votre article est fort bien fait et les commentaires qui l’accompagnent sont intéressant à lire

    Cependant, je trouve que vous assimilez Dieu et Religion…s

    On peux considérer que l’univers entier est régit par une entité d’ordre supérieur, architecte suprême que certains appellent Dieu sans considérer que telle ou telle religion a trouvé le moyen d’entrer en communication avec cet être suprême.

    Donc il n’y a pas d’incompatibilité de fait entre Science et acceptation d’un Etre suprême, mais il y a incompatibilité entre Science et allégeance à une Religion précise.

    Merci de votre commentaire

  36. Simone MANON dit :

    Bonjour
    On peut toujours vider une réalité de sa substance ou proposer des distinctions creuses mais cela est proprement fantaisiste.
    Admettre l’existence d’un être suprême, architecte ou grand horloger de l’univers est, par définition, une croyance religieuse, quelle que soit la manière dont chacune des religions la décline.
    Et c’est cette croyance dont il faut se demander si elle est compatible avec le discours scientifique.
    Il s’ensuit que votre propos ne remet pas en cause l’analyse que je présente et que votre conclusion n’a aucune pertinence théorique.
    Bien à vous.

  37. Enfant.2.la.lune dit :

    Bonjour, la science n’est elle pas une croyance,une nouvelle religion du XXI e siècle comme prétend Nietzsche dans « le gai savoir »?
    «On voit que la science elle-même repose sur une croyance, il n’est pas de science sans postulat». Nietzsche

  38. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Toute la rationalité repose sur un irrationnel de fondement. Cela est vrai de la philosophie et de la science pour des raisons bien précises. Il ne s’ensuit pas que la philosophie ou la science sont des croyances au sens où la religion en est une.
    C’est ce qu’il faut établir avec soin. A défaut, on ne comprend la spécificité ni des unes, ni de l’autre, la confusion étant toujours le suicide de la pensée.
    Bien à vous.

  39. Enfant.2.la.lune dit :

    Merci, pour votre réponse, je suis tout à fait d’accord avec vous, mais cependant je reviendrai vers vous pour une analyse approfondie de votre texte.

  40. Rachoco dit :

    Bonsoir,
    Merci beaucoup pour cet article qui m’a beaucoup éclairé. Cependant un point me reste quelque peu obscur. Pascal, si j’ai bien compris, dénonce la prétention de la raison humaine à vouloir fonder une vérité absolue, or la raison n’en est pas capable. Cependant, Pascal nie t-il pour autant la capacité de l’homme à établir une vérité absolue non pas grâce à la raison mais grâce au coeur capable d’énoncer les premiers principes ?
    Merci d’avance

  41. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Non, Pascal n’est pas un sceptique. L’homme dispose d’une autre faculté que la raison pour saisir les vérités premières. Cette faculté est le cœur qui supplée la raison au défaut du discours.
    Voyez: https://www.philolog.fr/la-demonstration/
    Bien à vous.

  42. Embora dit :

    J’entends souvent dire que la science est devenue une religion, en ce sens, probablement, que l’on adhère aux thèses scientifiques sans pour autant les comprendre toutes, que l’on accorde une confiance aveugle à l’argument d’autorité de la blouse blanche. Mais ne peut-on pas dire tout autant que les religions sont des sciences (en l’occurrence, des sciences qui auraient échoué) en ce sens qu’elles proposent des explications de la nature et que les textes sacrés sont les encyclopédies de l’antiquité, traitant d’astrophysique, d’histoire et de biologie, en y mêlant confusément codes de lois et philosophie morale ?

    Cela expliquerait comment certains scientifiques, se raréfiant avec le temps et leur degré d’expertise, peuvent continuer à imaginer des créatures surnaturelles, locales et héréditaires, tapies dans les lacunes de la connaissance empirique, là où la méthode scientifique admet humblement ne pas se prononcer pour l’instant, faute de preuves. Ils ne font pas coexister science et religions ; ils laissent les religions exister là où la science n’est pas encore.

    Dans les zones d’ombres de la connaissance, science et religions se rejoignent en admettant leur ignorance, mais se distinguent quand l’une dit « inexpliqué » et les autres « inexplicable ». Répondant aux fameuses questions « pourquoi ? » par « Les voies du Seigneur sont impénétrables », les religions échouent à donner du sens mais s’en défendent en enseignant que croire sans preuve est vertueux, ce qui les rend intrinsèquement antagonistes à toute recherche rationnelle efficace. On peut s’amuser à remplacer, dans tout discours philosophique (Pascal, Descartes, etc.) le mot « Dieu » par la locution « Je ne sais pas » sans rien perdre en pertinence ni potentiel explicatif.

  43. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Non, dès lors qu’on a le souci de la précision conceptuelle, la science n’est pas une religion, la religion n’est pas une science.
    Que les frontières entre l’une et l’autre puissent être brouillées pour les ignorants ne change rien à l’affaire.
    Bien à vous.

    PS: Quand on s’adresse à quelqu’un on ne se dispense pas de quelques règles élémentaires de politesse.

  44. Embora dit :

    En les traitant d’ignorants, par exemple.
    Toutes mes excuses, Madame. J’irai « m’instruire » ailleurs.
    Bien le bonjour.

  45. zaowouki dit :

    Bonjour,
    Votre exposé formel remarquable de clarté à le mérite de susciter d’autres interrogations en cascade(comme toute bonne réflexion).Certe,parallèles et humaines,science et religion ne devraient pas ,je pense,devenir ennemies et exclusives,chacune se repliant dans leur dogme respectif(scientisme et fanatisme) mais avoir,au moins,un œil l’une sur l’autre en acceptant l’existence partagée de mystères et doutes.Je resterai pascalien en disant que,la science ne peut pas prouver rationnellement que dieu existe,mais,elle ne peut pas prouver,non plus, que dieu n’existe pas.
    Bien à vous.

  46. letaief dit :

    salut
    sans avoir lu votre communication sur la science et la religion et que je compte lire attentivement ,je vous ai informé que je suis un tunisien passionné de philosophie et que j’ai écrit un livre sur la religion et la science .. je voudrais qu’un philosophe ou écrivain le liseafin d’enrichir sa pensée et qu’il puisse donner son avis sur mon manuscrit .
    la manière de faire communiquer mon travail me hante nuit et jour , sans succès jusqu’à présent alors que je l’ai écrit en 1972

    dans l’attente d’une réponse veillez agréer mes plus profonds respects

  47. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Oui, j’ai bien reçu votre message mais je n’ai ni le temps,ni la vocation de lire tout ce que l’on me propose de lire.
    Avec mes regrets.
    Bien à vous.

  48. Dominique dit :

    Bonjour,
    J’aurais une question qui, me semble-t-il , pourrait se poser après avoir démontré l’irréfutable contradiction entre science et religion :
    Pensez-vous que la science est par nature immorale ?
    Est-ce immoral par exemple de s’évertuer à promouvoir le progrès au prix d’aberrations sans nom ? Est-ce un prix à payer ?
    Merci à vous

  49. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je dois d’abord attirer votre attention sur l’irréflexion de vos propos.
    Pour se contredire, il faut dire et donc examiner les propos de chaque discours afin de voir s’ils sont compatibles ou non. Ce n’est pas ce je fais dans cet article. La science et la religion sont distinguées du point de vue de leurs méthodes et du rapport des esprits aux énoncés.
    Je montre simplement leur hétérogénéité et je constate leur compatibilité de fait. Montrer n’est pas démontrer. Veillez donc à éviter les impropriétés.
    Pour ce qui est de votre question, elle n’est pas plus rigoureuse.
    La science est une pratique ayant pour fin de satisfaire un besoin fondamental de l’esprit, celui de comprendre. Elle peut aussi être poursuivie à des fins utilitaires car la connaissance des lois de la nature permet à l’homme d’exercer un pouvoir sur elle. Ce pouvoir est la technique et on appelle technoscience la forme moderne de la science.
    Est-il moral de se complaire dans l’ignorance? Non. En tant qu’elle est ordonnée au souci de la vérité, la science a donc une dimension morale.
    Est-il moral de consentir à l’impuissance humaine et donc à la servitude? Non. En tant qu’elle permet à l’homme d’inscrire dans le réel les exigences de sa liberté, la technoscience a donc une dimension morale.
    Par ailleurs, ce sont les sociétés et donc les citoyens qui financent les recherches scientifiques et leur assignent certains buts. Il s’ensuit qu’il ne faut pas confondre la science qui est en soi une entreprise de connaissance et les usages que les hommes décident d’en faire. Cette responsabilité n’est pas celle des savants, elle est celle des citoyens.
    Je ne sais pas de quelles aberrations vous parlez et il faudra vous demander si c’est moins de science ou plus de science qui permettra à l’homme d’y faire face.
    Bien à vous.

Laisser un commentaire