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reine_d_abeilles 

 

 « Instinct et raison, marque de deux natures » écrit Pascal dans la Pensée 344B et il note dans la Pensée 343B : «  Le bec du perroquet qu'il essuie, quoiqu'il soit net ».

  Il pointe par là la différence entre l'homme et l'animal, différence qu'on peut approfondir comme distinction de l'intelligence et de l'instinct.

 

   Analyse dont il faut bien comprendre les enjeux. Car, invariablement, le souci analytique sur cette question suscite une réaction d'hostilité de la part de certains. Il est scandaleux de douter que les animaux pensent, qu'ils parlent, qu'ils agissent intelligemment! Un tel discours est bien la preuve que le prof n'aime pas les animaux !

  Au diable cette puérilité. Si l'on veut rendre intelligibles les conduites animales et les conduites humaines, il faut bien construire des concepts opératoires. Tel est l'enjeu des concepts d'intelligence et d'instinct.

  L'intelligence est la faculté d'établir des rapports, de comprendre, de résoudre des problèmes, d'adapter des moyens à des fins. Partout où il y a intelligence, il y a difficulté à surmonter par des moyens exigeant l'intervention d'une faculté mentale capable de concevoir une solution, de l'inventer, d'utiliser des détours pour parvenir à ses fins.

  L'intelligence s'oppose ainsi à l'automatisme, à l'habitude, à une manière de procéder à l'aveuglette, à l'instinct. Elle implique la mise en oeuvre d'opérations d'abstraction, d'imagination témoignant de l'activité d'un esprit.

 

    La notion d'instinct est utilisée en deux sens qu'il faut bien distinguer :

   Pulsion, force psychosomatique. Ex : la pulsion ou l'instinct sexuel. Excepté chez l'animal où la pulsion sexuelle s'exerce sous la forme d'un instinct, au sens technique du terme, cet usage est impropre.

   Manière d'agir des animaux ne procédant pas de la spontanéité d'un esprit, ne mettant pas en jeu des opérations proprement intellectuelles et inventives mais des gestes relativement stéréotypés, inconscients et automatiques. En ce sens l'instinct est un savoir-faire spécifique, inné, immuable, aveugle, ordonné à la conservation de l'espèce ou de l'individu. Très rigide dans les espèces inférieures, l'instinct révèle une certaine plasticité dès qu'on s'élève dans l'échelle zoologique. Avec certaines espèces, par exemple les chimpanzés, on observe des conduites intelligentes mais il s'agit alors d'une intelligence concrète. Son exercice est toujours ordonné à la satisfaction des besoins et les relations que l'animal établit s'exhibent empiriquement.

 Ex : La construction des digues par le castor, des alvéoles de cire par les abeilles.

    Marx formule dans une analyse célèbre la distinction entre l'activité humaine consciente et volontaire et l'activité instinctive : « Une araignée accomplit des opérations qui ressemblent à celle du tisserand ; une abeille par la construction de ses cellules de cire confond plus d'un architecte. Mais ce qui distingue d'abord le plus mauvais architecte et l'abeille la plus habile, c'est que le premier a construit la cellule dans sa tête avant de la réaliser dans la cire ». Capital I 3°section, §7.1867.

   Et Bergson établit que ce sont là deux moyens différents d'adaptation : «  La force immanente à la vie a dû hésiter entre deux modes d'activité psychique, l'un assuré du succès immédiat mais limité dans ses effets, l'autre aléatoire mais dont les conquêtes, s'il arrivait à l'indépendance pouvaient s'étendre indéfiniment. Le plus grand succès fut d'ailleurs remporté, ici encore, du côté où était le plus grand risque. Instinct et intelligence représentent donc deux solutions divergentes, également élégantes d'un seul et même problème : celui de l'adaptation ». Bergson. L'évolution créatrice. 1907.

   Dégageons les traits distinctifs de ces deux manières d'agir : 

   L'instinct se caractérise par sa rigidité de telle sorte que si la situation change, les gestes ne sont plus appropriés. L'intelligence se reconnaît à sa souplesse, à sa possibilité d'essayer des solutions nouvelles si les précédentes manquent d'efficacité.

    Le geste instinctif est d'emblée parfait. On ne peut qu'être émerveillé par la précision, l'ingéniosité des opérations animales Leurs outils annexés à leurs corps ont une souplesse à faire pâlir d'envie le plus grand génie technique qui, essayant de les imiter (Cf. la bionique) ne peut éviter, dans ses machines les plus sophistiquées, une certaine raideur mécanique. A l'inverse le geste intelligent commence par être hésitant, tâtonnant, peu performant, souvent exposé à l'erreur. Il utilise au degré zéro de l'histoire des outils rudimentaires, mis au point empiriquement, par la méthode des essais et des erreurs. "L'instinct achevé est une faculté d'utiliser et même de construire des instruments organisés, l'intelligence achevée est la faculté de fabriquer et d'employer des instruments inorganisés" remarque Bergson.

    L'instinct est invariable, immuable. « Un animal est au bout de quelques mois, ce qu'il sera toute sa vie et son espèce au bout de mille ans, ce qu'elle était la première année de ces mille ans.» écrit Rousseau dans le Discours sur l'origine de l'inégalité. L'intelligence au contraire tire profit de ses échecs et perfectionne ses manières de faire et ses instruments. Si la réussite immédiate de l'instinct exclut le changement et le progrès, l'intelligence permet des progrès indéfinis. Elle est au principe de l'aventure culturelle et historique humaine. Grâce à elle, l'homme peut concevoir et fabriquer les outils dont la nature l'a privé, il peut trouver des solutions aux multiples problèmes qu'il a à résoudre et d'abord aux problèmes pratiques liés à la satisfaction des besoins.

   Bergson disait en ce sens: " Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions à ce que l'histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas homo-sapiens, mais homo-faber. En définitive l'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des outils artificiels, en particulier des outils à faire des outils et d'en varier indéfiniment la fabrication".

 

 

  L'intelligence est donc, dans une vie humaine, ce qui supplée l'instinct, cette caractéristique de la condition animale. Car l'homme «  est né nu, sans chaussures, sans couvertures, sans armes » comme dit le mythe de Prométhée.

  Il s'ensuit qu'il n'est déterminé par la nature ni dans ses fins, ni dans ses moyens.

  « Libre de l'instinct » (Kant), l'homme peut se donner toutes sortes de fins. Conserver sa vie comme les animaux bien sûr, mais aussi d'autres fins spécifiquement humaines : produire de la beauté, de la moralité, construire un monde beau et juste.

  « Libre de l'instinct », l'homme est condamné à mettre au point par son propre effort ses savoir-faire et ses outils.

  Il a ainsi le mérite de devoir tout tirer de lui-même et de promouvoir un monde qui est sa propre oeuvre.

   « Par son instinct un animal est déjà tout ce qu'il peut être, une raison étrangère a déjà pris soin de tout pour lui. Mais l'homme doit user de sa propre raison. Il n'a point d'instinct et doit se fixer lui-même le plan de sa conduite ». Kant. Réflexions sur l'Education. Introduction.

 

 

 

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55 Réponses à “Instinct. Intelligence.”

  1. FANNY dit :

    Il y a une question que je me pose …
    En quel sens peut on éventuellement employé l’instinct pour désigner une réalité humaine ?
    Il y a til une réponse a cette question ?

    Et quelle est la thèse en présence ici ?

    merci.

  2. Simone MANON dit :

    On peut parler d’instinct au sens de pulsion pour désigner une réalité humaine. La nature humaine est bien traversée par une pulsion sexuelle et par une pulsion agressive si l’on suit l’analyse de Freud. En revanche, il ne semble pas que l’homme dispose d’instincts au sens de savoir-faire inné.

  3. FANNY dit :

    Merci encore pour l’explication.
    Vos cours m’aide beaucoup. Il sont clairs.
    Bonne continuation.

  4. Camile dit :

    L’homme dispose lui aussi de quelques formes d’instinct, par exemple l’automatisme du coeur qui bat, la respiration et toutes ces choses biologiques.
    Mais peut-on considéré la maternité, le fait qu’une mère s’occupe de son petit, comme un instinct maternelle? Car il arrive pour certaines de réfuter la naissance et abandonner le nourrisson.

  5. Simone MANON dit :

    Il ne faut pas confondre mécanisme physiologique ou biologique et instinct.
    Au sens précis du mot instinct, l’homme ne semble pas en avoir. La manière dont une mère s’occupe de son enfant, le fait même qu’elle s’en occupe n’est pas déterminé naturellement puisque les comportements varient selon les cultures.

  6. Marie dit :

    Encore une fois, c’est expliquer mieux qu’il ne le faut, et je repars satisfaite.
    Avec un tel cours, on aurait presque tendance à croire que la philosophie est facile.
    Merci beaucoup. 🙂

  7. shauna dit :

    Meme si ce que je veux dire peut sembler puérile, je ne peux me résoudre à penser que les animaux ont malgré tout une intelligence.
    Pazie (La chienne d’Alma) se balladait avec nous dans la neige à nos côtés.Alors qu’on attaquait une pente raide, nous sur le chemin et elle dans la neige fraiche, je la voyais se démener tant bien que mal dans la poudreuse.Au bout d’un moment, elle rejoint le chemin.Or, (je crois) Pazie s’est apercue qu’elle s’enfoncait dans la poudreuse et a imaginé qu’elle avancerait plus facilement dans une neige plus compacte.Elle a fait preuve d’intelligence car elle a concu une solution pour surmonter son probleme, elle s’est adaptée aux conditions pour surmonter sa difficulté (l’a évité).
    Ce dont elle manque (peut-etre), c’est la mémoire;car il est fort possible que la prochaine fois qu’elle se retrouve dans une situation semblable, elle ne pense pas a refaire la meme chose.C’est petetre pourquoi les animaux n’accumulent pas leurs « découvertes »..

  8. Samuel dit :

    Shauna,

    A propos d’animaux marchant dans la neige, je vous suggère de visionner la video suivante :

    http://www.youtube.com/watch?v=W1czBcnX1Ww

    Que dire de l’intelligence de cette mule ?

  9. nicolas dit :

    avez vous jamais vu un animal ouvrir une porte par la poignée?
    comment un animal instinctif pourait-il déjouer un stratagème produit par l’intelligence humaine sinon comprendre de quelle manière la porte s’ouvre? les lois de la nature le lui auraient-elles apprises si l’adaptation est reservée a l’être humain?
    il est indegnable qu’à chaque espèce sa capacité d’adaptation… et les attributs de l’homme le place en haut de l’echelle de la déduction (depend de l’individu aussi)
    on peut observer egalement des etres humains se sortir de problemes sans avoir la capacité d’expliquer le raisonnement ou le processus pour en sortir.
    l’auraient-il fait instinctivement ou inconsciemment
    l’instinct pourrait-il être une intelligence inconsciente pour l’animal comme pour l’homme?

  10. issouf dit :

    Il faut d’abord chercher à definir l’instinct.J’entends par instinct le développement des sencassions regit du programme génétique.En effet c’est un instant qui nous dirige de temps en temps sans le savoir.En ce sens l’instinct sera le développement de notre conscience.

  11. Simone MANON dit :

    Oui, il faut d’abord définir et c’est ce à quoi s’applique avec rigueur la science et la philosophie. La construction scientifique ou philosophique des concepts s’efforce d’éviter l’arbitraire personnel. Vous pouvez donc donner les définitions qui vous chantent, elles ne valent que pour vous-même.

  12. Maya dit :

    Je suis élève en Terminale S et dans mon manuel de philosophie, j’ai trouvé cette définition de l’instinct :  » l’instinct désigne un comportement héréditaire dont le schéma préformé est précisément finalisé et l’enchaînement des différentes séquences strictement défini « . Trouvez-vous cette définition complète et précise ? Merci d’avance pour votre réponse.

  13. Simone MANON dit :

    Oui à partir du moment où vous pouvez expliciter les significations que cette définition exprime sous forme concise.

  14. jenny dit :

    Peut-être que chez l’homme, l’intelligence c’est plus developpée et qu’elle a fini par cacher l’instinct, le rendant muet, mais toujours present, et qu’il ne ressort qu’en cas d’extreme urgence : quand il y a danger de mort (l’instinct de survie)

  15. Simone MANON dit :

    Je suis désolée mais je ne peux que souligner la gratuité de vos propos.
    Si vous prenez la notion d’instinct dans son sens technique, il n’y a guère de sens à parler d’un instinct chez l’homme. En témoigne le fait que ce que vous appelez « l’instinct de survie » est en général le plus sûr moyen de faire les gestes inadaptés. Sous l’impulsion de la panique, le nageur se noie un peu plus vite et le soldat du front s’expose inconsidérément à la mort. E Remarque en témoigne éloquemment dans son récit sur la guerre.

  16. gib dit :

    Bonjour, j’aimerai savoir ce qui vous fait dire que l’homme n’a pas d’instinct, merci.

  17. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Un professeur transmet un savoir lorsque son cours met en jeu une science, la pensée des grands auteurs lorsque son cours est strictement philosophique.
    La question de savoir si l’homme dispose ou non d’un instinct au sens technique ne relève ni de l’opinion des uns ou des autres ni de la réflexion philosophique mais des résultats de la recherche anthropologique dont la méthode est la méthode expérimentale.
    Dans l’état actuel de notre savoir, la recherche a établi que l’homme est un être dépourvu d’instinct.
    Bien à vous.

  18. gib dit :

    Bonjour, merci de votre réponse, justement c’est ce que je voulais savoir, c’est pourquoi j’ai demandé ce qui vous faisait dire cela. Mais je reste quand même sur ma faim pouvez vous s’il vous plait être plus précise, avez vous quelque source ou lien par exemple.
    J’ai sinon deux questions, la première : j’ai cherché si on avait des instincts et j’ai pensé au bébé qui cherche à téter, et même tète naturellement, le bébé met aussi « instinctivement » des choses dans sa bouche. Est ce que l’on peut considérer ça comme de l’instinct d’après votre définition de l’instinct ?

    La deuxième question porte sur cette notion d’instinct, je la trouve très strict, j’ai l’impression que vous présentez deux notions totalement opposées (intelligence/instinct) et que du coup toute la nuance que les recherches ont apporté s’envole. N’est ce pas trop réducteur ? ( je me répète mais j’aimerai insisté sur les recherches sur l’intelligence des animaux, par exemple on recherche des capacité d’abstraction même chez les abeilles )

    Et dernièrement je viens d’y penser que penser des non animaux, plantes, champignons etc… Faut-il en parler, dans un sujet comme celui-ci ? Voilà c’est fini, désolé pour les fautes.

  19. Simone MANON dit :

    Pour ce qui est de la notion d’instinct: Lorsque je faisais mes études on nous enseignait que l’homme disposait d’un seul instinct, celui de succion. Depuis, il a été établi qu’il s’agit d’un montage de réflexes et non d’un instinct.
    Traditionnellement on oppose le comportement instinctif au comportement intelligent. (Cf. Pascal, Descartes, Kant etc.)..
    Notre époque se caractérise par le souci de brouiller la frontière entre l’animalité et l’humanité. On s’obstine à vouloir faire de l’homme un animal comme les autres. Conséquemment, il faut montrer que l’intelligence, les apprentissages, la culture, sont aussi le propre de l’animal.
    J’ai beaucoup de réserves à l’endroit de ce mouvement. Il relève pour moi de ce que Philippe Muray appelait une « régression anthropologique ». Voyez l’article: le propre de l’homme en question.https://www.philolog.fr/le-propre-de-lhomme-en-question-e-de-fontenay/
    Soyez prudent dans votre discours en ayant bien conscience que ce que je juge sévérement est aujourd’hui la pensée dominante.
    Bien à vous.

  20. Wazim dit :

    bonjour prof, je suis du liban et cette annee je suis en terminale Sv je veux vous demandez que peuvent-etre la these et l’anti-these dans les chapitres:
    Science et philo
    Les Mathematiques
    Merci bcp prof 🙂

  21. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne peux répondre qu’à des questions sensées. Les vôtres ne le sont pas car il n’y a de traitements dialectiques possibles que de questions formulées à propos d’un thème. Ces questions sont l’objet des énoncés du baccalauréat.
    Bon travail.

  22. Wazim dit :

    Grand merci prof 🙂

  23. Wassim dit :

    Salut prof, je voulais vous remercier c’est grâce a vous que j’ai eu 30/40 en philo dans mon examen officiel, et la raison est que j’ai bien revisé votre cours qui est bien détaillé, GRAND MERCI

  24. Pierre-Adrien dit :

    Bonjour à tous, bonjour professeur.
    Je ne suis pas étudiant en Philosophie, mais j’ai toujours aimé ça et aime toujours en parler. Je voudrai juste savoir si mon discours vous semble juste. Voici la définition de l’instinct, assez vulgarisée, donnée par mon professeur de Philosophie quand j’étais en terminal : C’est un comportement auquel n’importe quel individu d’une espèce ne peut échapper en présence de certains facteurs. Quelques exemples pour étayer cette définition : prenons un caribou, dans la forêt en pleine saison des amours. S’il croise une femelle caribou, il y a 100% de chance qu’il lui saute dessus. Les facteurs sont là : un mâle, qui croise une femelle en pleine saison des amours. C’est un comportement purement instinctif, dans le sens où tous les caribous mâles auront le même comportement si ces facteurs sont respectés. Et nous savons tous que l’Homme ne saute pas sur tout ce qui bouge au printemps. Où alors si certains le font, d’autres non donc on ne peut plus parler d’instinct, cela ne cadre plus avec la définition, puisque tous les individus n’adoptent pas le même comportement alors que les facteurs sont identiques. Je vois donc les choses de cette manière : On parle de pulsion chez l’Homme, et d’instinct chez l’animal. Instinct de survie? L’Homme a déjà montré qu’il n’en a pas. Le suicide tout simplement, où encore si votre bras se retrouve coincé, il n’est pas garantie que vous saurez le couper où le manger pour vous libérer, alors que l’animal va toujours essayer si sa survie en dépend. L’instinct de maternité? Si un animal abandonne un petit, c’est qu’il est jugé trop faible où malade, mais autrement l’animal s’occupe toujours de ses petits sauf dans des cas très particuliers où son instinct lui souffle de ne pas le faire (chez quelques espèces uniquement). Et encore une fois chez l’Homme, le contraire s’est déjà vu à de nombreuses reprises, il suffit d’ouvrir le journal.
    Qu’en pensez-vous professeur? Merci d’avance pour votre réponse.

  25. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Bien que trop vague la définition de votre professeur est opératoire à condition de préciser que l’instinct est une caractéristique du monde animal à l’exception de l’homme. Nous sommes privés d’instincts mais notre intelligence et nos acquisitions nous permettent de suppléer à ce manque. Cf. https://www.philolog.fr/le-mythe-de-promethee/
    Vos remarques sont donc pertinentes. Nous avons une pulsion sexuelle mais celle-ci ne s’accomplit pas sous forme instinctive. D’où les maladresses des débutants ou l’érotisme humain infiniment plus fantaisiste et souple que l’érotisme animal.
    Bien à vous.

  26. Yatan dit :

    La façon dont vous réfutez les propos de jenny me paraît un peu sommaire. Comme vous le savez, Bergson, sur lequel vous vous appuyez, est plus nuancé à ce propos, à la fois dans l’Evolution créatrice et dans les Deux sources. Il est vrai qu’on peut s’appuyer sur Bergson sans le suivre sur ce point.

  27. Amadou Penda Sene dit :

    Pourquoi dit-on que l’animal s’adapte à la nature, l’homme adapte la nature?

  28. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Je ne prends la peine de répondre qu’aux internautes témoignant de la plus élémentaire des politesses. Les règles de la civilité (par exemple, lorsqu’on demande un service, on ne se dispense pas d’un « S’il vous plaît ») sont plus urgentes à assimiler que celles de la dissertation philosophique pour un futur instituteur.
    Bien à vous.

  29. MANSARE ANDRE dit :

    Je suis satisfait après avoir parcouru cette page.merci mesdames et messieurs.

  30. Jean-Baptiste dit :

    Bonjour à tous,

    Je tiens déjà à dire que cet article m’a beaucoup plu.
    En revanche, je ne peux adhérer à l’idée que nous ne disposions pas d’instincts.
    Je pense que l’Homme est un animal qui a vu ses instincts s’atrophier. En effet, l’intelligence de l’Homme et son « flux de pensées » permanent ont relayé l’instinct au second plan. Nous sommes aussi capable d’aller à l’encontre de nos instincts (nous pouvons faire une grève de la faim).
    Cependant l’instinct perdure… Je considère que tout ce qui est orchestré par notre cervelet est de l’ordre de l’instinct.
    Par exemple, le mouvement réflexe de retirer sa main du feu.
    Ce geste est inné, il est instinctif et il est beaucoup plus performant qu’un geste intelligent.
    C’est une réaction physiologique à un stimulus. Mais n’est ce pas en partie cela l’instinct ?

  31. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La question de savoir s’il y a sens à parler d’instinct chez l’homme n’est pas une affaire d’opinion mais l’affaire de l’anthropologie scientifique. Celle-ci établit que, dès lors que le mot instinct renvoie au sens précis de savoir-faire inné, héréditaire etc. on observe l’absence d’instinct chez l’homme.
    Vous semblez confondre le concept d’instinct et celui de pulsion ou de tendance ou de besoin. Ex: le besoin alimentaire.
    De même vous confondez le concept d’instinct et celui de réflexe. Ex: le réflexe de retirer sa main d’une source de chaleur.
    Or la science distingue clairement la notion de réflexe, (voire de montage de réflexes comme la succion ou la respiration) et celle d’instinct.
    La rigueur conceptuelle est un impératif de la science et de la réflexion philosophique.
    Bien à vous.

  32. Hervé mendy dit :

    Bonjour chers amis j’ai vraiment apprécié vos échanges. C un débat fructueux . J’aimerais juste souligner que dans un débat il n y a ni vainqueurs ni vaincus c le débat qui est nourrit. Chacun est libre certes d’exprimer sa pensée sur une question posée mais en matière de connaissances il faut être prudent est humble. Parler d’instinct chez lhomme c ne pas concevoir de dichotomie entre l’homme et l’animal.or cette distance même entre l’homme et l’animal c l’instinct.en un mot mot le mot instinct ne rime pas avec l’homme.Et pour cela il faut faire le distingo entre ces mots:pulsion réflexe et instinct merci bien à vous

  33. medjo cyrille dit :

    Bonjour à vous ,
    Après avoir parcouru les differentes discussions
    J’ai remarqué ici qu’il se trouvait une grande source d’intellectuels
    En fait je voudrais vous remercier de ce bon travail que vous faites
    pour nous élèves et etudiants je suis desormais des votre merci.
    ELEVE EN CLASSE DE TERMINAL: cameroun

  34. […] » Instinct. Intelligence. « Instinct et raison, marque de deux natures » écrit Pascal dans la Pensée 344B et il note dans la Pensée 343B : « Le bec du perroquet qu'il essuie, quoiqu'il soit net ». Il pointe par là la différence entre l'homme et l'animal, différence qu'on peut approfondir comme distinction de l'intelligence et de l'instinct. […]

  35. Frénois Joël dit :

    Bonjour à toutes et à tous
    Je suis un vieil étudiant puisque je suis dans ma soixantième année. Je n’ai pas repris les études, mais je les ai commencées il y a trois ans. Je ne serai pas professeur ni docteur en quoi que ce soit. Mais il y a des retraités qui jouent aux boules, d’autres voyagent et d’autres qui reprennent ou prennent des études, certes l’un n’empêche pas l’autre. Un devoir de psychologie me fait travailler sur le sujet suivant: L’Amour maternel est-il inné ou acquis? J’ai lu pas mal de commentaires, de témoignages, lu des livres notamment J.François SKRYZPACK, l’inné ou l’acquis. Si je comprends l’inné est imbriqué dans l’acquis. Il n’y a pas d’acquis sans inné. Mais il y a t’il de l’inné sans l’acquis? Si oui, peut-on encore parler d’humanité ? Au même titre que vous parlez d’instinct chez l’animal, peut-on parler d’inné chez l’humain, de réflexes et d’automatisme ? J’ ai lu que la main retirée du feu n’est pas instinctif mais un réflexe, alors ce réflexe est la conséquence d’une mauvaise expérience? donc de l’acquis ? merci de m’avoir lu, et pardon d’être un peu brouillon, mais si vous avez des réponses, je suis preneur. Merci à bientôt de vous lire . Cordialement

  36. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Pour ce qui est de l’amour maternel, vous pouvez lire le livre d’Elisabeth Badinter: l’amour en plus. Histoire de l’amour maternel 17ème-XXème siècle.
    Il y a des réflexes innés.
    L’étude de l’être humain montre en effet que ce qu’il est met en jeu une dialectique du naturel et du culturel.
    Cf. https://www.philolog.fr/faut-il-se-mefier-de-lidee-de-nature-humaine/
    Bien à vous.

  37. Suzy dit :

    Bonjour, merci pour votre article il m’a beaucoup intéressé. J’aurais cependant une question à vous poser : pourriez-vous m’expliquer, s’il vous plaît, la distinction entre instinct et intuition ?

  38. Simone MANON dit :

    Bonjour
    L’intuition est une opération intellectuelle. Elle est une manière de saisir immédiatement une vérité, sans passer par les médiations du raisonnement. Voyez les définitions dans ce cours: https://www.philolog.fr/les-operations-de-la-raison/
    Au sens commun, on dit qu’on a une intuition pour signifier qu’on a un pressentiment.
    Dans tous les cas, le terme connote l’idée d’immédiateté, de spontanéité.
    C’est sans doute ce qui fait que certains disent: « c’est instinctif », lorsqu’ils ont le pressentiment de quelque chose, lorsqu’ils ont d’emblée l’idée de quelque chose alors même qu’ils ne peuvent pas s’expliquer pourquoi. Voyez l’expression: « je me fie à mon instinct ». En réalité cela signifie: « je me fie à mon intuition ».
    Cet usage abusif du terme instinct procède du fait qu’avec l’instinct, dans les deux sens précisés dans le cours, on a aussi cette spontanéité ou immédiateté.
    Une pulsion s’éprouve dans l’immédiateté de son excitation, une conduite instinctive n’est pas une conduite réfléchie. Pas plus que l’intuition, ce qui relève de l’instinct n’est volontaire et rationnellement fondé.
    Bien à vous.

  39. axel dit :

    Bonsoir
    Je vous lis très souvent et vos cours me sont très précieux mais par moment votre rationalisme me paraît vraiment glaçant. Vous défendez très fort la capacité de raisonner chez l’homme et à juste titre mais c’est souvent avec autorité comme si la raison était la faculté absolue face à laquelle le monde vivant n’avait qu’à s’incliner. N’est-ce pas un peu dangereux et surtout dépassé? (Je pense à Husserl disant « L’archè-originaire-Terre ne se meut pas.) Qu’en est-il du monde en dehors de nous? Nous ne le savons pas. Et que savons-nous au fond de la sensibilité et de l’intelligence des animaux? C’est certain, ils ne fondent pas des sociétés perfectibles, mais on sait aujourd’hui qu’ils ont un certain degré de conscience – conscience que nous leur avions refusée jusqu’alors, et nous savons qu’ils sont capables d’abstraction (voir les singes auxquels ont apprend les symboles) et nous savons que les dauphins se donnent la mort, autant de découvertes récentes qui nous invitent à plus d’humilité car, oui, reconnaissons le, nous nous sommes beaucoup trompés. La distinction homme / animal quand elle fait une part trop belle à l’homme est présomptueuse et dangereuse, c’est elle qui rend les hommes capables de maltraitance sur des animaux et pendant ce temps eux versent des larmes.
    Merci

  40. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il est en effet de bon ton aujourd’hui de s’insurger sur le plan politique contre les élites, sur le plan philosophique contre les distinctions traditionnelles, d’instruire le procès de la raison, etc.
    Pourtant quand on étudie de près les discours qui cherchent à brouiller la frontière entre l’homme et l’animal, on s’aperçoit qu’elle résiste plutôt bien. Voyez par exemple les précisions d’Elisabeth de Fontenay. https://www.philolog.fr/le-propre-de-lhomme-en-question-e-de-fontenay/
    Bien à vous.

  41. axel dit :

    Bonjour
    Je pense qu’il ne s’agit pas d’un simple effet de mode mais d’une prise de conscience devant l’évidence des dégâts que nous avons causés et que nous continuons de causer par égoÏsme, comme si les pouvoirs de l’homme ne devaient jamais rencontrer aucune limite. Je ne dis pas qu’il faudrait mettre sur le même plan homme et animal mais que l’homme devrait cesser au nom de la sacro-sainte raison de dominer, d’épuiser et finalement de détruire ce qui n’est pas lui, le monde en dehors de lui, qu’il croit pouvoir mettre à sa disposition. Vous connaissez Heidegger, vous savez très bien de quoi je veux parler.
    Merci

  42. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Non, ce n’est pas au nom de la raison que la pratique humaine ignore ses limites, car exercer sa raison, c’est précisément avoir le sens des limites.
    Bien à vous.

  43. Pascartes dit :

    Bonjour,
    Ce terme d’instinct est toujours porteur d’une grande ambiguïté. Vous mentionnez l’utilisation impropre de la première définition i.e. l’instinct en tant qu’impulsion, « mouvement » intérieur inconscient ; il me semble que ce n’est pas aussi simple. Lamarck parle de l’instinct comme manifestation du sentiment intérieur, Bergson comme sympathie profonde entre les choses.
    La définition scientifique du terme instinct en tant que mécanisme inné commun à une espèce, imposé par les biologistes au XIXe siècle, a fini par prendre le pas et a obligé les psychanalystes à faire le distinguo (Le mot allemand Trieb pour pulsion psychosomatique). C’est à se demander si ce n’est pas cette définition scientifique qui est impropre, ou qui du moins aurait du utiliser un autre mot plutôt que de parasiter la définition première.

    « Ce fier tyran qui me caresse, Montre pour moi tant de tendresse …. Que je ne saurais présumer Si c’est par instinct de nature Ou par coutume de m’aimer »
    Corneille, Héraclius, empereur d’Orient

  44. Simone MANON dit :

    Bonjour
    L’équivocité, l’ambiguïté sont le propre de tous les signes linguistiques. C’est ce qui les distingue des signes scientifiques.
    Le mot instinct ne fait pas exception à la règle. C’est pourquoi la rigueur exige, dans toutes les discussions, de préciser le sens des mots que l’on emploie.
    Bien à vous.

  45. Eric dit :

    Chère madame,
    Merci pour cet espace de réflexion et de discussion , ô combien précieux.
    Je comprends votre crainte de voir « se brouiller la frontière entre l’homme et l’animal ». Néanmoins, on peut distinguer conceptuellement une démarche et sa réciproque: Ne peut-on pas envisager, comme l’éthologie nous le suggère, de sortir l’animal de cet automatisme dans laquelle il a été enfermé par une partie de la pensée philosophique, lui accorder une part de perfectibilité, un certain degré d’intelligence, sans pour autant vouloir réciproquement ôter la moindre dignité à l’homme. Que l’homme possède une dignité spécifique accordée par sa capacité à construire ses propres moyens et fins, par sa perfectibilité: l’art, l’éducation, la morale, le droit, inaccessibles aux animaux n’est pas forcément mis en doute par cette démarche, mais cette dernière peut en revanche nous aider à cesser d’envisager les vivants uniquement comme des denrées consommables, de simples objets.

  46. Simone MANON dit :

    Bonjour
    L’éthologie nous apprend depuis de nombreuses années que les comportements animaux se caractérisent par une grande complexité, par une certaine forme d’intelligence, de langage, de technique, de vie sociale, etc. Le problème commence lorsque, obnubilé par la richesse des observations, par l’émerveillement que celles-ci suscitent, on en tire la conséquence, à la manière de l’antispécisme, que l’homme est un animal comme un autre.
    On n’est pas tenu de tomber dans ces sophismes pour considérer que le monde vivant auquel nous appartenons est fragile, que la souffrance animale existe et que l’humanité se déshonore lorsqu’elle n’en tient pas compte dans ses comportements.
    Bien à vous.

  47. eric dit :

    Bonjour madame,
    dès la naissance d’un nouveau-né, il est coutume, lors de l’examen clinique, de rechercher les « réflexes archaïques », témoins de la bonne fonctionnalité de son système nerveux, certes immature.
    Ces réflexes mettent en jeu une séquence motrice plus ou moins complexe en réponse à un stimulus, et ont une finalité.
    L’instinct de chasseur du chat me semble également répondre au même schéma: un stimulus sensoriel, une réponse motrice et une finalité.
    Le réflexe archaïque du nouveau-né m’a tout l’air de l’ébauche d’un comportement instinctif « programmé » par un système nerveux immature.

    Lors de la maturation du sytème nerveux, ces réflexes archaïques disparaissent, inhibés par le lobe frontal (dont le développement est propre à sapiens).
    Ils peuvent également persister dans diverses pathologies, et notamment dans certains cas de carences affectives; preuve s’il en est du rôle des affects dans un processus ontologique qui semblerait pourtant biologiquement déterminé.
    Ces réflexes archaïques peuvent même réapparaître chez des patients après un AVC ou atteints d’une démence frontale!
    On pourrait ainsi penser qu’il existe toujours une part d’animal en substance en nous. L’existence d’instincts, que notre environnement, notre éducation, notre vie en société nous amènent à contrôler, inhiber au point d’avoir l’illusion de leurs absences.
    Les voilà qui ressurgissent quand le temps à fait ses effets!
    Je repense à l’histoire des enfants sauvages…

    Haeckel disait « l’ontogenèse reproduit la phylogenèse », même si sa théorie reste discutée, cette phrase donne matière à réflexion.

    Merci infiniment de nous faire partager tous votre travail, il manque juste une version papier 🙂

    Bien à vous.
    Un lecteur assidu

  48. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Merci pour cette intéressante contribution.
    Bien à vous.

  49. Jean, Claude ANGELINI dit :

    Bonjour Madame, Bonjour à tous les lecteurs,
    « Ce qui a manqué le plus à la philosophie, c’est la précision. » H. Bergson
    Sauf erreur de ma part, je n’ai pas trouvé dans les textes ci-dessus la définition de l’instinct « dans son sens technique ».
    Je suis d’accord avec vous de se référer ensuite aux résultats de la recherche anthropologique et de sa méthode expérimentale. Soit ! l’homme est dépourvu d’instinct (au sens de la définition que l’on ne connaît pas encore). Il me semble qu’ainsi ensuite on peut différencier l’homme de l’animal. Je suis d’accord avec vous que l’homme n’est pas un animal comme les autres. (Ce qui ne veut pas dire qu’il n’aurait « que » l’intelligence en plus).
    Sans m’aventurer à parler d’étincelle divine pour conforter cette assertion, cela ne m’empêche pas de me poser encore une question « laïque » : « L’intuition » (ou encore avez-vous dit « pressentiment ») est-elle extérieure à l’intelligence comme l’intelligence me paraît extérieure à l’instinct chez l’animal, (ce qui ne tranche pas la question autre de savoir si les animaux ont ou pas d’intelligence) ?
    Je remplacerai alors le mot de Pascal par « L’intuition et la raison marque de deux natures »
    Pensez-vous comme moi que l’intuition puisse être extérieure à l’intelligence et donc complémentaire et nécessaire pour ne pas être qu’intelligent, pour devenir « génial », par exemple, notamment grâce à l’innovation (parfois en partie hasardeuse) mais aussi à d’autres capacités non issue de la seule intelligence ?
    Autrement dit « Sommes-nous parfois libres de l’intelligence ? » comme certains se plurent à dire que nous étions libres de l’instinct (ce qui paraît maintenant banal si l’on n’en n’a pas et jamais eu même en gestation, avant l’intelligence !)
    Je vous remercie, Madame, pour toute réponse.

  50. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Pour lire la définition précise et opératoire de l’instinct, il suffit de savoir lire. Elle est énoncée tout de suite après le premier sens peu approprié. C’est même la seule acception faisant l’objet d’un approfondissement.
    Personne n’a jamais dit que l’homme ne se distingue de l’animal que par l’intelligence.
    Quant à la notion d’intuition je vous renvoie au cours intitulé les opérations de la raison pour en avoir une compréhension précise.
    Bien à vous.

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