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Autoportrait, Chardin. 

  Un homme peut se demander ce qui fait de lui un homme comme les autres hommes avec qui il partage l'humanité. Dans ce cas il s'interroge sur ce qui définit l'identité humaine.

  Mais il peut se demander aussi ce qui fait de lui l'homme ou l'être singulier qu'il est, différent de tous les autres. Dans ce cas il s'interroge sur ce qui définit son identité personnelle.

 

  Les deux questions sont peut-être moins hétérogènes qu'il n'y paraît si l'on remarque avec Kant que le plus personnel (« penser par soi-même ») est aussi le plus universel («  penser en se mettant à la place de tout autre »).  L'unicité de chacun tient en ce sens à ce qu'il a de plus universel et n'est qu' une singularisation de son humanité. Mais cette manière de se représenter l'identité de l'homme ne va pas de soi. Elle est même aux antipodes des discours que nos contemporains tiennent sur l'identité.

  On observe, en effet, que la question de l'identité est au cœur des préoccupations de notre époque et rarement sur le mode de la sérénité. On répète à l'envie que l'identité est en crise, ce qui à la réflexion est son régime normal, mais ce n'est pas ce que l'on veut dire. On veut faire croire qu'il y aurait là une anomalie et qu'il faudrait de toute urgence y remédier.

  Sur le plan psychologique, cette prétention fait la fortune de toutes les stratégies dont le fonds de commerce est le culte de l'ego. Qu'il s'agisse des réality show ou de certaines psychothérapies il semble bien que de nombreuses personnes fassent de leur « moi » leur « cher moi » un véritable totem.

  Quand elles ne sont pas obnubilées par leur « moi » elles le sont par leur communauté, la crispation sur l'identité culturelle ou communautaire ayant les effets redoutables que l'on déplore chaque jour en écoutant les nouvelles du monde. Lorsque la communauté est érigée en totem, le moi ne s'identifie que sur fond de haine des autres et les conséquences de ce processus sont tragiques. Purification ethnique, génocide, guerre, exclusion, la question de l'identité ne se paye plus, comme c'est le cas dans le premier narcissisme, en souffrances psychiques individuelles mais en drames collectifs.

  Il est donc salutaire, dans un monde travaillé par la question de l'identité de sortir des confusions typiques du double narcissisme précédemment pointé et d'affronter les problèmes suivants :

  Comment définir l'identité humaine et l'identité personnelle ?

  Pourquoi l'identité est-elle aujourd'hui l'enjeu de tant de drames et de combats ?

 

 

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4 Réponses à “Identité: introduction générale.”

  1. hpa dit :

    Bonjour Madame.
    1) Il semble qu’il y ait une faute de frappe dans la deuxième ligne du troisième paragraphe : il faudrait lire, à moins que je n’aie rien compris, ce qui est sûrement le cas d’ailleurs, « ce qu’il a de plus personnel est en même temps ce qu’il a de plus universel, son humanité ».

    2) Je ne saisis pas votre raccourci sur « la crise » comme régime normal de l’identité. Qu’entendez-vous par « crise de l’identité » ? Pourquoi ne pas reprendre le terme de « préoccupation » ?

    Bien respectueusement.

  2. Simone MANON dit :

    Bonjour Monsieur
    Non, il n’y a pas de faute de frappe. Tout au plus peut-on dire que la formule est elliptique, son sens n’étant pas différent de celui de votre formulation.
    On peut dire qu’il y a crise, là où les choses ne vont pas ou plus de soi, là où il y a malaise, trouble. Or n’est-ce pas ce qui caractérise le sentiment de l’identité dans un monde travaillé par le processus de la modernité? Celle-ci a arraché l’individu aux distinctions statutaires, à son inscription figée dans un espace communautaire, elle l’a émancipé en lui conférant la dignité d’une personne libre dont la tâche est la conquête de son autonomie, mais cette conquête se paie cher pour beaucoup tant en angoisse, en sentiment de son insuffisance, en difficulté à s’identifier qu’en expérience de flottement brouillant les distinctions que les supports sexuels (voir toute la littérature appelée « étude de genre ») ou les appartenances culturelles semblaient imposer.
    En ce sens, il faut dire que la crise est le régime normal de l’identité, le drame du transgenre, du métissage, la tension en chacun entre la liberté et la tentation de sa réification ne faisant qu’exhiber sous forme paroxystique la vérité d’une identité qui n’est pas reçue mais construite, qui n’est pas fixe mais toujours en voie de remaniement.
    Les deux articles qui suivent cette présentation s’efforcent de développer ces idées, en particulier: https://www.philolog.fr/identitele-probleme-psychologique-et-social/
    Bien à vous.

  3. Laura Keffelec dit :

    Bonjour,
    Je croise ce matin votre exposé..
    Je suis attachée à ce sujet de l’identité et j’aimerais vous poser la question suivante : en quoi le fait d’être attaché à son identité d’origine (c’est-à-dire celle par laquelle nous sommes arrivés sur terre) bloquerait-elle (d’après ce que je comprends de votre exposé) la liberté de l’individu, sa recherche du « soi » (ce que j’appelle le « Soi perdu » qui va au delà justement de cette identité « sociale », en quoi cette appartenance et/ou sa recherche, (nous sommes issus et membres d’une famille aussi , c’est la même chose) empêche-t-elle d’aller vers l’autre, de comprendre qui nous sommes dans cette verticalité de l’être face au « non être »..au contraire, à mon humble avis. C’est la diversité qui crée la richesse, dans l »échange et le partage..Si nous endossons tous un « uniforme de culture, de pensée, nous anihilons la richesse qui ne peut être due qu’à la diversité et celle de chaque ensemble qui la compose..Je compare souvent l’Humanité à une mosaïque, ce qui en fait la beauté et la richesse c’est la diversité des formes et des couleurs, chacun respectant la place de l’autre (le serti est fait pour ça, non pour opposer mais pour empêcher la dilution, ce qui détruirait la mosaïque)..Vous savez, être attaché à l’identité de son peuple, de sa Civilisation de ses Ancêtres, de sa famille, n’est pas signe de xénophobie, de rejet de l’autre, de racisme, etc…. et tous ces termes dont on se gargarise actuellement en étant, en fin de compte, plus intolérant que celui que l’on combat pour son intolérance ! Au contraire, c’est en cultivant sa propre identité que l’on respecte celle de l’autre l’enjoignant à faire de m^me et en échangeant avec lui.. Il n’y a pas plus « échangistes » avec les autres que ceux qui sont titrés d’infâmes identitaires par ceux, celles qui sont déracinés et ne comprennent plus le chemin à suivre, alors ils suivent, en aveugles ce chemin pré-fabriqué que leur offre les adeptes du « citoyen du monde » en opposant ce concept aux identitaires, comme si eux, ne savaient pas et encore mieux, que nous sommes membre de ce monde ! les Anciens l’avaient bine compris qui administraient avec sagesse les sociétés primordiales, mais les politiques et/ou les religieux ont balayé tout cela au nom d’idéologies, qui au final, édictent de beaux textes mais ont amené le Monde dans des guerres sanglantes, l’exclusion de celui, celle qui ne pense pas comme il faut avec pour référence la pensée unique du moment et le gommage de toutes les différences qui signent la diversité, donc la richesse.. Chacun doit protéger cela et ne pas imposer à l’autre chez l’autre autre chose ! Ainsi l’harmonie et l’équilibre reviendront ! Je suis entr’autre, écrivaine-historienne sur la matière celtique et je peux vous dire que c’est en creusant mon identité que je me suis encore plus ouverte à celle des autres et cela me permets un regard sur le monde, sur l’Humanité, ouvert et riche de beaux échanges avec des gens de toutes les cultures, de toutes les ethnies, qui, eux aussi, ont la m^me démarche..Nous avons des choses à échanger..Si nous étions tombés dans cet uniforme de pensée unique mondialiste, nous ne serions que des clones et nous n’aurions rien à nous dire..C’est sans doute ce que veulent les systèmes en place au pouvoir, c’est dans ce gouffre qu’ils envoient les humains, mais c e n’est pas ce qu’il faut à l’Humanité ! Nous, nous ne sommes pas tombés dans le piège des beaux discours, des mots flamboyants de soit-disant plus d’Humanité, pour en fait, et de fait, voir se refermer le piège du leurre, et cloner les esprits … ! 🙂

  4. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Lorsqu’on veut discuter le propos de quelqu’un, il faut se donner la peine de le comprendre correctement. L’attachement à une identité reçue n’est pas synonyme d’aliénation par principe. Personne n’a jamais soutenu une telle aberration. En revanche la crispation, sans capacité de recul, sur elle l’est à coup sûr. Dans un cas l’ouverture sur l’universel est enrichie d’une singularité, dans l’autre elle est compromise avec toutes les conséquences délétères d’un tel appauvrissement de l’humain… L’intelligence de ce qui différencie ces deux cas de figure vous permettrait d’éviter les affirmations gratuites qui constituent l’essentiel de votre message.
    Bien à vous.

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