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Manuscrit. Ethiopie, vers 1700. Moïse recevant les tables de la loi. Musée national d'Autriche.  

 

  La conduite humaine met en jeu des normes qui prescrivent, autorisent ou interdisent des actions. Ces normes peuvent être morales, juridiques, coutumières et l'on a souvent tendance à confondre les unes et les autres, d'autant plus qu'elles ont parfois même contenu.

 Or on n'aurait pas à interroger les rapports du droit et de la morale s'ils n'étaient pas de nature différente. En quoi consiste leur hétérogénéité ?

  Pour autant une autonomie radicale des ordres est-elle pensable ? Le droit peut-il se passer d'une légitimité morale et réciproquement la morale peut-elle se contenter de rester pure exigence intérieure ? Les requêtes de la raison aussi bien que l'observation des faits interdisent de penser séparément le droit et la morale mais comment concevoir leur articulation ?

  Peut-on soutenir une option idéaliste et considérer que la règle de droit procède de la règle morale à la manière du jusnaturalisme qui fait du droit naturel le fondement du droit positif ou de Kant qui opère   une déduction transcendantale du droit ? La perspective est séduisante mais elle ne va pas sans difficulté car comment comprendre que le légal ne soit pas toujours le juste ? L'esclavage, l'apartheid, la domination des femmes ont été ou sont encore des institutions de statut juridique et on remarque que si les membres d'une société moderne s'indignent de l'injustice ainsi consacrée, les consciences du monde antique étaient moins délicates. On trouvait communément « normal » d'avoir des esclaves. Ne s'ensuit-il pas que la moralité des hommes est davantage ce qui est induit par les systèmes juridiques dans lesquels ils vivent que ce qui est à leur principe? Dès lors si la civilisation des êtres humains, à défaut de leur moralisation est l'effet des institutions, ce que l'on conçoit comme le fondement rationnel du droit n'en est pas l'origine. Quelle est-elle donc ?

 

 

I)                   Les raisons d'une confusion.

 

  On est enclin à confondre les ordres car dans les deux cas on a affaire à des systèmes normatifs. L'un et l'autre définissent ce qui doit être, prescrivent des obligations et comme tels se fondent sur le concept de liberté.

   L'action morale et l'action conforme au droit sont ce qui est possible par liberté.  Ni l'une, ni l'autre ne sont l'effet d'une causalité mécanique. Kant distingue en ce sens la nature et la liberté.

  Les phénomènes naturels s'expliquent par le principe de causalité dont l'énoncé est la suivant: si A est alors B sera. C'est le plan de la nécessité.

  Le moral et le juridique impliquent que l'action soit imputée à un agent supposé libre. Le principe d'imputation se formule ainsi: si A est alors B doit être.

  Dans les deux cas on parle d'obligation, d'où la confusion des ordres.

   Cette confusion est aussi entretenue par le fait que la règle morale et la règle juridique ont parfois même contenu. Ex: la norme prescrivant de ne pas tuer est aussi bien une norme morale qu'une norme juridique.

  Ex : L'un des commandements du Décalogue dit : « Tu ne tueras pas ».

  L'article 222.1 du Code Pénal : « Le fait de donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre. Il est puni de trente ans de réclusion criminelle ».

  Pourtant droit et morale diffèrent à plus d'un titre. Aussi Aristote ouvre-t-il le Livre V de l'Ethique à Nicomaque par une analyse destinée à dissiper l'équivoque linguistique confondant sous le même terme de juste :

  L'aptitude à accomplir des actions justes au sens d'actions morales. La justice est ici un idéal moral désignant la vertu morale possédée par un agent.

 Le fait d'être conforme à la loi c'est-à-dire de ne pas prendre plus que son dû. La justice est ici un idéal social défini comme juste milieu entre l'excès du prendre trop et le défaut de ne pas assez contribuer aux charges de la cité.

  Aristote distingue avec soin la justice comme vertu morale, ce qu'il appelle la justice générale et la justice particulière relative à la sphère juridique.

  Car le droit et la morale diffèrent dans leur finalité, dans leur objet, dans leur source et dans leur modalité d'application.

 

 

II)                L'hétérogénéité des ordres.

 

   -La morale se soucie de la vertu de la personne. Elle est résolument axée sur l'individu et la perfection de sa volonté.

  Le droit se soucie du bien public. Il a pour objet d'organiser la vie en société.

  -La règle morale commande inconditionnellement. Les commandements de la moralité, explique Kant, sont des impératifs catégoriques. Tu dois parce que tu dois. L'impératif de la moralité déclare l'action objectivement nécessaire en elle-même. (« Principe apodictiquement pratique »)

  La règle juridique prescrit ce qu'une société donnée, à un moment donné, considère comme obligatoire parce que c'est nécessaire ou utile à la vie sociale. Ce sont des impératifs hypothétiques, commandant l'action non pas comme fin en soi mais comme moyen d'une fin sociale (la sécurité, la prospérité, la justice).

  Le juriste Kelsen récuse d'ailleurs, dans son ouvrage Théorie pure du droit (1934), que les règles de droit soient des impératifs, même simplement hypothétiques. Elles sont des règles, comme on peut en prendre acte avec l'énoncé de l'article 222.1 du Code Pénal préalablement cité, dont le contenu est moins impératif que descriptif. Elles se bornent à décrire ce que seraient les conséquences d'un acte (tel crime) dans un système juridique donné.

   Ainsi le juridiquement exigible ne correspond pas nécessairement au moralement exigible. Le droit n'obéit pas aux seules exigences de la conscience universelle, il doit concilier celles-ci avec les contraintes du réel.

  Ex : Un médecin peut se sentir moralement l'obligation de donner les meilleurs soins à tous ses patients. Les contraintes budgétaires conduisent aujourd'hui à encadrer juridiquement la pratique médicale. Dans certains cas, tel malade ne sera pas soigné au profit d'un autre.

  Ex : Tous les systèmes juridiques comportent des lois de prescription. On ne peut plus poursuivre l'auteur d'un délit ou d'un crime au-delà d'une certain temps prescrit par la loi; ce qui peut scandaliser moralement, mais il faut que les tribunaux soient disponibles pour les affaires présentes, et non accaparés par des affaires passées.

  C'est pourquoi Aristote et à sa suite, les Romains, pensent le droit en terme d'objectivité. Le juridique est la détermination de ce qui est juste dans telle réalité donnée. C'est un art du partage et de la répartition. Le droit doit mesurer, déterminer la juste proportion entre les biens et les obligations des uns et des autres à l'intérieur d'un groupe. Il est « le service d'une juste proportion dans le partage des biens et le procès des citoyens » selon Cicéron. Il suppose pour être dit une analyse de la réalité et la détermination par la discussion raisonnable de la place qui revient à chacun. Nul ne peut donc, selon cette définition objectiviste du droit, se revendiquer titulaire d'un droit. Celui-ci requiert la médiation d'un tiers jugeant pour en décider. La tendance des Modernes à faire du droit une prérogative attachée à la personne (Les fameux Droits de l'Homme) procèderait, pour les tenants d'Aristote et du droit romain (Michel Villey par exemple)  d'une confusion du droit et de la morale.

  -La règle morale a sa source dans l'intériorité personnelle et demeure affaire d'intériorité. Un être est moral par ses intentions. Kant distingue l'action accomplie par pur respect pour la loi de l'action simplement conforme à la loi. La légalité n'est pas la moralité car la conformité externe à la loi peut avoir des mobiles pathologiques (peur des sanctions, souci de ménager ses intérêts). L'action morale suppose au contraire la bonté du vouloir. Ce qui la détermine est un principe pratique.  

  La règle juridique a sa source dans l'extériorité. C'est le juge ou le législateur qui disent la loi. Elle demeure aussi affaire d'extériorité. Sauf en droit pénal, où l'on se soucie d'apprécier la responsabilité du sujet, le juridique ne tient pas compte des inclinations ou des motifs de l'acte. L'obéissance à la loi suffit quels que soient les motifs de cette obéissance. Le droit ne se préoccupe pas de la vertu morale des citoyens. Si le tribunal intérieur est juge de la moralité, le tribunal extérieur n'est comptable que de la conformité externe de la volonté à la loi.

  -La règle morale n'a pas d'autre support que la bonne volonté de l'agent moral. Si elle n'est pas transcrite sous forme juridique, elle n'a donc aucun caractère contraignant, par conséquent la plupart du temps aucune effectivité. « A considérer humainement les choses, faute de sanction naturelle les lois de la justice sont vaines parmi les hommes ; elles ne font que le bien du méchant et le mal du juste, quand celui-ci les observe avec tout le monde sans que personne ne les observe avec lui » Rousseau. Du contrat social. § 6 Livre II.

  La règle juridique est coercitive. L'autorité publique veille à son respect en sanctionnant, conformément à ce qui est prévu par la loi, sa transgression. Ce caractère coercitif est le critère du juridique. « Le droit est un ordre extérieur de contrainte » écrit Kelsen.

  -Si la morale permet de penser l'autonomie rationnelle (le sujet se donne la loi et lui obéit par liberté), avec le droit on reste résolument sur la plan de l'hétéronomie (le sujet est soumis à une loi définie par le législateur et lui obéit par contrainte).

  Conclusion : Il y a bien une hétérogénéité des ordres, mais hétérogénéité ne signifie pas autonomie.

  L'exigence morale ne se satisfait pas de demeurer une pure exigence intérieure, elle voudrait se concrétiser dans les relations familiales et sociales, ce qui n'est possible, à défaut de la bonne volonté des uns et des autres, que par le moyen du droit.

  Réciproquement, quoi qu'en dise le positivisme juridique, l'efficacité d'un système juridique ne peut pas faire l'économie de l'adhésion morale, fût-elle timide, de ceux qui lui sont soumis. Un parti pris résolument positiviste est aporétique. En effet Kelsen ne parvient pas à répondre de manière satisfaisante à la question de savoir ce qui distingue l'acte d'un brigand de celui du fonctionnaire des impôts. Là où St Augustin convoque la valeur morale de justice, Kelsen refuse de recourir à une norme métajuridique pour fonder la validité du droit. Sa validité procède du fait qu'il a été posé et que les normes qu'il crée sont interprétées comme ayant une signification juridique. Ce qui est un peu court car interpréterait-on un acte comme un acte de droit si l'on refusait toute légitimité au pouvoir constituant ? Sans un minimum de légitimation morale, les citoyens ne se sentent pas obligés d'obéir et comme la force est impuissante à faire tenir durablement un ordre juridique, il a tôt fait de perdre son efficacité et de disparaître au profit d'un nouvel acte constituant.

  Le droit et la morale sont donc liés intimement mais comment penser leur articulation ?

 

III)             L'articulation de la morale et du droit.

 

 

A)    Thèse idéaliste. Le droit est l'auto-réalisation de l'exigence morale. La morale : fondement du droit.

 

  L'homme n'est pas un animal et si celui-ci est régi par la loi naturelle de la force, l'humaine nature, en tant qu'elle a une dimension spirituelle ne peut se sentir chez elle dans l'ordre sauvage où la force fait droit. « La force sans la justice est tyrannique » ( Pascal). Parce qu'il est un être  raisonnable et sociable, l'homme se sent tenu de réglementer l'usage de la force afin de nouer avec ses semblables des rapports de justice et d'amitié.

  En ce sens, on peut dire avec Kant  que la condition formelle de tout droit est un devoir. L'homme a le devoir, en sa qualité de sujet raisonnable de sortir de l'état sauvage et d'instituer juridiquement son rapport avec les autres. Même si ce devoir n'est que confusément entrevu, on peut, dans une analyse de type transcendantal, soutenir que le fondement rationnel du droit est une exigence morale.

  Cf. Kant : La République comme Idée pure de la Raison.

Cependant:

La règle morale étant universelle pourquoi les systèmes juridiques sont-ils si différents ?

Si la règle morale fonde la règle juridique d'où vient que des institutions scandaleusement immorales ont eu ou ont encore un statut juridique ?

L'erreur de l'idéalisme n'est-elle pas de méconnaître que l'Idée rationnelle et raisonnable de justice n'est pas immédiatement en possession d'elle-même, et qu'on ne peut situer à l'origine des lois une clairvoyance morale qui en est, en grande partie, le résultat ? En effet si la raison est une potentialité humaine, elle requiert pour être développée un ordre social déjà élaboré et même fort civilisé. Cf. : Cours : La disjonction du légal et du juste.

 

B)    Thèse réaliste. Le droit est l'auto-rationalisation des penchants sauvages et la condition du progrès moral des hommes.

 

  C'est le thème libéral de « l'insociable sociabilité » humaine et l'idée que l'état de droit ne procède pas de la volonté morale des hommes mais de la lutte, du conflit, du jeu mécanique des forces antagonistes. C'est la dialectique du conflit et de la solidarité des égoïsmes qui, par une sorte de ruse de la nature (Kant) conduit vers l'institution d'un état de droit.

  C'est clair chez Hobbes, ou chez Rousseau. Ce qui pousse les hommes à instituer les lois, c'est le souci de se conserver et de poursuivre la satisfaction de leurs intérêts. Le droit est selon l'expression kantienne « pathologiquement extorqué ». Il est ce que l'on obtient des hommes alors qu'ils ne le veulent pas librement. C'est par intérêt, dans le cadre de luttes féroces menaçant sans cesse de les détruire, que les hommes acceptent de limiter leur liberté sauvage pour instituer une loi commune respectueuse des intérêts des uns et des autres. C'est la guerre de tous contre tous qui contraint chacun à renoncer partiellement à son égoïsme pour coexister avec un autre égoïsme.

  Lorsqu'il ne procède plus de manière idéaliste à une déduction transcendantale du droit mais à une réflexion sur sa genèse historique, Kant pense l'élaboration du droit et ses progrès en terme mécanique comme ce qui résulte du choc des libertés individuelles, contraintes au contact les unes des autres à se limiter et à substituer à la loi de la force ou de l'arbitraire, une loi dans laquelle la raison reconnaît peu à peu ses exigences.

   « C'est la détresse qui contraint l'homme, d'ordinaire si épris d'une liberté sans entrave, à entrer dans cet état de contrainte ; et il s'agit là de la plus grande de toutes les détresses, celle que s'infligent les uns aux autres les hommes que leurs inclinations empêchent de rester longtemps côte à côte en liberté sauvage. Mais dans l'enclos de la société civile, ce sont ces mêmes inclinations qui produisent le meilleur effet : ainsi, les arbres, dans une forêt, justement parce que chacun cherche à prendre à l'autre l'air et le soleil, sont contraints les uns par les autres de chercher l'air et le soleil au-dessus d'eux, et acquièrent par là une belle et droite croissance ; tandis qu'en liberté, séparés les uns des autres, ils lancent leurs branches comme il leur plaît, et poussent rabougris, inclinés et courbés. Toute culture, tout art qui orne l'humanité, le plus bel ordre social, sont les fruits de l'insociabilité qui se contraint elle-même à se discipliner et ainsi à développer complètement, par cet art extorqué, les germes de la nature ».

                       Kant. Idée d'une Histoire Universelle au point de vue Cosmopolitique.5° Proposition

  Voilà pourquoi Kant écrit que l'institution d'un état de droit est le plus difficile problème qu'il soit donné à l'humanité de résoudre. « Dans un bois aussi courbe que celui dont est fait l'homme on ne peut rien tailler de tout à fait droit ».

  Et pourtant ce pessimisme anthropologique n'exclut pas un optimisme historique raisonnable car « Le problème de la constitution d'un Etat peut être résolu, même, si étrange que cela semble, pour un peuple de démons (pourvu qu'ils soient doués d'intelligence) ; et voici comment il peut être posé : « Ordonner de telle sorte une multitude d'êtres raisonnables, qui tous désirent pour leur conservation des lois universelles, mais dont chacun est enclin à s'en excepter soi-même secrètement, et leur donner une constitution telle que, malgré l'antagonisme élevé entre eux par leurs penchants personnels, ces penchants se fassent si bien obstacle les uns aux autres que, dans la conduite publique, l'effet soit le même que si ces mauvaises dispositions n'existaient pas. » Un tel problème ne peut être insoluble. La question, en effet ne requiert pas l'amélioration morale des hommes »

                                   Kant. Projet de paix perpétuelle.

  L'institution du droit ne suppose pas la bonne volonté ou volonté morale des hommes, mais elle a pour effet de les civiliser. Certes la civilisation de l'homme ne doit pas être confondue avec sa moralisation. Il est impossible de l'extérieur de rendre moral un homme car la volonté ne peut être bonne que par l'usage de sa liberté. « Nous sommes hautement cultivés par l'art et la science ; nous sommes civilisés, au point d'en être accablés pour ce qui est de la politesse et des bienséances sociales de tous ordres ; mais de là à nous tenir pour moralisés, il s'en faut encore de beaucoup » écrit Kant dans la Septième Proposition de Idée d'une Histoire Universelle au point de vue Cosmopolitique.

  Reste que la civilisation est déjà beaucoup.

 

Conclusion :

 

  Le droit et la morale ne doivent pas être confondus. L'exigence morale fait sans doute signe dans la normativité juridique puisque le droit étant un système normatif, il doit, en partie son efficacité à la légitimité, réelle ou imaginaire, que ceux qui lui sont soumis lui confèrent. Mais l'exigence pure de la raison commence par être enveloppée de ténèbres. Elle est l'otage de l'inculture, des aveuglements passionnels et des égarements idéologiques. D'où le tumulte de l'histoire, théâtre de bruit et de fureur où la raison est parfois tentée de désespérer de l'humanité.

  Et pourtant le jeu des passions et le conflit des intérêts finissent par accoucher d'un ordre dans lequel la raison peut reconnaître ses aspirations. Concrètement la raison se sent chez elle dans un monde où l'éducation, le pluralisme, l'exercice des libertés fortifient les hommes dans la conviction que les conflits se règlent par le débat et les procédures juridiques. Car tant qu'on le fait par la violence, on ne s'est pas encore dépouillé de ce que l'on a de commun avec les bêtes.Cf. Texte de Cicéron.

  Il s'ensuit que le droit est ce  qui réalise laborieusement notre humanité. Mais il faut beaucoup de civilisation pour en arriver là. C'est dire que la vertu morale est davantage ce qui trouve dans les progrès du droit sa condition de possibilité que ce qui en est l'origine.

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71 Réponses à “Droit et morale. Comment concevoir les rapports du droit et de la morale ?”

  1. ella dit :

    Bsr madame,je vous souhaites tout d’abord mes vœux les meilleurs et vous dis merci pour tout
    j’ai du mal a traiter le sujet que voici: »en quoi la notion des droits naturels propulse t-elle le droit à la fois comme objet philisophique et charte des démocraties ».Pourriez vous m’aider en me donnant des directives? Merci d’avance

  2. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Ce site n’est pas un site d’aide aux devoirs.
    1) Vous devez bien voir que l’idée de droits naturels implique des présupposés philosophiques concernant l’idée de nature et en particulier celle de nature humaine.https://www.philolog.fr/droit-naturel-et-droit-positif/
    2) Les droits naturels, tels qu’ils sont définis dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, sont les principes de l’ordre démocratique.
    https://www.philolog.fr/rousseau-et-la-question-du-droit-naturel/
    Bien à vous.

  3. ella dit :

    merci a vous

  4. Liam dit :

    Bonjour,
    j’ai lu votre sujet avec beaucoup d’intérêt. Je suis bientôt enseignant et je me pose des questions relatives à l’éducation moral. En effet, cette année l’école renoue avec une tradition ancienne en décidant d’enseigner la morale. Mais cet enseignement a-t-il véritablement sa place au sein de l’espace scolaire?
    On peut en effet se demander,à l’instar d’Olivier Reboul, si l’on fait encore de la morale quand on sait que l’école est presque exclusivement basée sur un système de récompenses et de punitions. Vous y répondez dans ce texte en dressant le constat que la moral est affaire de volonté qui n’attend aucune contrepartie. Autrement dit sommes -nous « condamnés » à ne faire que du civisme?

  5. Simone MANON dit :

    Bonsoir
    L’institution de l’humanité et de la citoyenneté (Cf. Pierre Legendre) en chaque individu n’est pas l’affaire d’un jour. Elle commence très tôt par l’imposition de quelques règles élémentaires, celles de la langue, celles d’une discipline corporelle conditionnant la capacité d’attention (la prière naturelle de l’âme selon Malebranche) et d’apprentissage, celles de la civilité etc. Ce qui passe d’abord par l’exemplarité de ceux à qui l’on a confié cette tâche difficile.
    La mission de l’école est aussi d’instruire, de former les esprits à la rigueur mathématique, de leur apprendre à se situer dans le temps et dans l’espace, de les sensibiliser à l’altérité par l’étude des langues et de la diversité culturelle et conjointement de promouvoir le sens de l’universel par la lecture des grands auteurs et la réflexion philosophique. C’est en ouvrant les esprits, en les mettant à l’écoute des phares de la civilisation qu’on donne ses chances à la morale. Celle-ci suppose le développement en chacun de la raison comme faculté de l’universel, comme siège de l’injonction de s’affranchir des passions et des aveuglements idéologiques dont elles sont les intarissables pourvoyeuses. Cela exige des exercices, les fameux exercices spirituels que les Anciens imposaient à leurs élèves comme le moyen de conquérir la sagesse, le courage, la justice, la tempérance, à savoir les quatre grandes vertus cardinales.
    Tout cela reste l’affaire de l’école mais encore faudrait-il que ce discours ait encore un sens pour nos enseignants et sur ce point, permettez-moi d’en douter. Quand une société se met à parler abondamment de civisme, de respect, de morale ou des valeurs de la République, c’est que tout cela a cessé d’être vivant. Aussi faut-il commencer par le commencement et cela s’appelle sans doute l’apprentissage de la civilité. Ce sera déjà beaucoup si vous vous sentez comptable de cette exigence.
    Bien à vous.

  6. […] Trois questions envisageables pour trois chapitres : Qu’est ce que le droit objectif ? Les Principales Caractéristiques des Règles de Droit : (1.1.) Section 1 : Identification d’une Règle de Droit (1.1.1.) Comment peut-on savoir que l’on est en présence d’une règle de droit ? Il existe trois critères d’identification : §1. A) Les problèmes de Fondement du Droit : (1.1.1.1.1.) La justice. » Droit et morale. Comment concevoir les rapports du droit et de la morale. […]

  7. AF Dillies dit :

    bonjour Madame, merci pour le gros travail que vous nous partagez grâce à l’internet.
    Je suis médecin en recherche sur l’agir ajusté, le bien pour le malade en particulier dans le cadre de l’accompagnement de fin de vie pour lequel la loi récente de février 2016 interroge les pratiques et les liens entre juridique et éthique ou loi et morale. Merci pour ce texte qui éclaire la réflexion. permettez moi de relever deux phrases de ce texte :
    « l’exigence morale ne se satisfait pas de demeurer une pure exigence intérieure, elle voudrait se concrétiser dans les relations familiales et sociales, ce qui n’est possible que par le moyen du droit. » Il me semble que cette condition de réalisation est très réductrice, elle soutiendrait qu’hors du droit il n’y a pas de possibilité de réalisation de la volonté morale : que faites vous de tout ce qui peut se vivre de relation d’attention à l’autre dans des situations iniques où le droit n’est pas respecté, n’existe plus? ( camps de concentration, témoignage de Germaine Tillon par exemple) cette efficience, cette concrétisation de l’exigence morale qui fait qu’il n’y a pas une assistante sociale derrière chaque mère, un avocat dans chaque bureau de consultation médicale, témoigne que la volonté de faire le bien est motivée par autre chose que la peur du gendarme? Quand vous écrivez dans la conclusion de votre cours que les hommes sont fortifiés dans « leur conviction que les conflits se règlent par le débat et les procédures juridiques » en opposition avec le règlement de ces conflits par la violence ( ce qui nous ramènerait à la condition animale) je propose que la part jouée par les procédures juridiques ne soient qu’un palliatif encore nécessaire à notre époque qui chercherait à s’en détacher, à ne plus en avoir l’utilité grâce à l’éducation, à l’éveil des consciences que proposaient déjà les lumières au XVIIIè siècle, évoqué également dans le projet de paix perpétuelle de Kant et que nous n’avons pas encore atteint aujourd’hui? Au delà du travail sur la raison proposé par les philosophes et qui conduit à poser en principe primitif avec Hobbes l’idée pessimiste que l’homme est un loup pour l’homme, j’aime faire le détour vers le sensible, (ou la raison du sensible ou appelez le comme vous voulez) et rappeler que l’humanité n’existe depuis des millénaires maintenant que parce qu’un adulte ( le plus souvent une femme : la mère) s’est penché(e) sur un petit être immature et vulnérable pour l’accompagner vers l’âge adulte : dans ce cadre là on peut écrire que si l’homme peut être un loup pour l’homme c’est parce qu’à un moment de sa vie quelqu’un a pris soin de lui, s’est senti concerné par sa vulnérabilité, a engagé sa responsabilité envers lui, sinon il ne serait pas. Le principe primitif, naturel, primaire ( appelez le comme vous voulez), serait donc bien plutôt un principe d’attention à l’autre ce qui nous laisse de la place pour l’espoir. Cordialement

  8. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Dans la mesure où l’analyse précédant cette proposition établit que la moralité suppose une bonne volonté (souvent défaillante), il me semble qu’il est relativement clair de comprendre:l’exigence morale ne peut se réaliser que par le moyen du droit là où cette bonne volonté fait défaut. Mais puisque les présupposés implicites ne vont pas de soi pour tous, je vais donc préciser la formulation de l’idée.
    Bien à vous.

  9. ricardo IDOHOU dit :

    Bonjour
    J’ai lu votre développement et je le trouve très objectif et bien détaillé

  10. Gay dit :

    Bonjour madame
    Vous écrivez que la règle morale est universelle cependant la réalité sociale montre précisément le contraire. Ainsi chaque peuple, chaque groupe social à sa propre idée de la justice qui diffère de celle des autres et s’oppose à elle. Pour un esclavagiste il était tout à fait juste de pratiquer la traite des noirs, alors que pour nous cela est devenu immoral. Mais dans une société future il semblera scandaleux qu’on ait pu acheter le travail d’un homme contre de l’argent et pourtant nous considérons aujourd’hui le salariat comme tout à fait normal et moralement acceptable. Chaque groupe social appelle juste ce qui rend possible son existence. L’idée rationnelle de la justice n’est qu’une des nombreuses illusions de la philosophie.

  11. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il ne faut pas confondre morale et mœurs et éviter le dogmatisme.
    Bien à vous.

  12. Gay dit :

    Si la morale n’est pas dans les moeurs, mais alors, oû est-elle? Dans le monde platonicien des Idées? Retour d’un autre dogmatisme.
    Cordialement

  13. Simone MANON dit :

    Bonjour
    On se demande ce que vous ont appris l’exemple socratique, l’analyse aristotélicienne du vertueux, celle cartésienne du généreux ou la réflexion bergsonienne sur les deux sources de la morale et de la religion pour ne citer que quelques exemples! Je suppose qu’il vaut mieux éviter de vous demander si vous avez lu Kant.
    C’est à peu près comme si vous nous expliquiez que pensée philosophique et opinion sont une seule et même chose.
    Bien à vous.

  14. Gay dit :

    Bonjour
    J’ai écrit plus haut : « chaque groupe social à sa propre idée de la justice ». Le philosophe appartient comme tout le monde à un groupe social et ses idées expriment les valeurs de ce groupe même si il veut faire croire le contraire.Ainsi par exemple Socrate nous expose dans la République une idée de la justice qui exprime les préjugés aristocratiques de Platon ou encore le vertueux d’Aristote ne trouve pas indigne de justifier l’esclavage etc…On peut aimer la philosophie sans être dupe de sa prétention à l’universalité
    Cordialement

  15. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Décidément les poncifs dispensant à peu de frais de penser ont bonne presse chez vous.
    Manifestement vous n’avez pas dû lire avec attention le texte aristotélicien ou platonicien pour les réduire à de telles banalités.
    Dès lors qu’un homme déploie les ressources de sa raison, c’est-à-dire prend du recul par rapport aux valeurs de son groupe, afin de penser vraiment, l’horizon de l’universel cesse d’être une pure prétention. L’huitre ne peut pas philosopher mais tous les hommes ne sont pas des huitres. (Cf. Valéry: « il n’y a que les sots et les huitres qui adhèrent »)
    Si ce n’était pas le cas comment pourrions-nous, nous qui appartenons à un autre univers culturel, suivre Aristote dans son analyse de l’Idée de justice dans l’Ethique à Nicomaque? Comment aurions-nous pu écrire une Déclaration universelle des droits de l’homme signée par des pays dont les particularités culturelles sont fondamentalement différentes, etc. ?
    Bien à vous.

  16. Gay dit :

    Bonjour
    Merci de cette discussion qui m’a permis de clarifier mes idées en relisant votre excellent cours et de comprendre que comme vous le dites il n’y a pas de principe absolu de la justice (conclusion de l’idée de la justice).
    Cordialement.

  17. Maurice dit :

    bonjour,
    comment expliquer que des grilles de lecture (philosophiques) aussi claires et précises, datant parfois de près de 3000 ans, n’aient jamais pu être mises en application dans le monde humain ? et qu’aujourd’hui encore, comme à chaque étape de l’histoire des hommes, une histoire faites de violence et de misère, les injustices et les actes immoraux continuent de perdurer ?
    Pourquoi est-ce aussi difficile d’appliquer chez l’homme toutes ces belles théories ? Et j’avoue éprouver ma plus grande admiration pour des personnes comme vous, qui ne baissent pas les bras et continuent d’enseigner l’Ethique à Nicomaque et le reste comme si ces idées avaient eu, ne serait-ce qu’une seule fois, le moindre lien avec le monde réel.
    bien à vous…

  18. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Qu’il y ait une pesanteur du réel faisant obstacle à la réalisation d’exigences spirituelles et morales que nous nous représentons en qualité d’esprits, c’est un fait.
    Néanmoins remarquez qu’il y a aussi une porosité de ce même réel à ces exigences puisque le progrès du droit dans l’histoire est non moins un fait.
    Il y a un mal radical dans la nature humaine, disait Kant, de telle sorte que  » dans un bois aussi courbe que celui dont est fait l’homme, on ne peut rien tailler de tout à fait droit. La nature ne nous impose que de nous rapprocher de cette idée ».(Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique)
    Au moment de l’entrée en guerre de la France en 1870, Flaubert écrivait à l’idéaliste Georges Sand: « Voilà donc l’homme naturel! Faites des théories maintenant! Vantez le Progrès, les Lumières et le bon sens des Masses, et la douceur du peuple français. Je vous assure qu’ici, on se ferait assommer si on s’avisait de prêcher la Paix… Ah! lettrés que nous sommes! L’humanité est loin de notre idéal! Et notre immense erreur, notre erreur funeste, c’est de la croire pareille à nous, et de vouloir la traiter en conséquence »
    Bien à vous.

  19. Hal dit :

    Bonsoir Madame
    On a coutume de dire que la seconde guerre mondiale a donné la preuve qu’un peuple hautement civilisé pouvait sombrer dans l’immoralité la plus terrible; la culture pouvant conduire, au nom d’un supposé Bien, à faire le choix du mal.
    Pourtant, votre conclusion semble parier sur l’articulation mécanique de la civilisation et de la moralité. Est-ce par fidélité à la thèse kantienne, soutenue au XVIIIème siècle, et donc bien avant que l’humanité ne fasse le deuil de sa confiance dans les progrès de la raison? ou est-ce chez vous une conviction ?
    Pensez-vous, lorsque vous dites qu’il faut « beaucoup de civilisation » pour s’élever, pensez-vous qu’avec le temps tous ces « débats » et « procédures juridiques » feront plus que dompter les hommes, qu’ils les rendront profondément meilleurs ?

  20. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Freud nous a permis de comprendre que plus une société conquiert un niveau de civilisation élevé plus elle est exposée à une régression de grande ampleur (https://www.philolog.fr/nature-humaine-et-civilisation-freud/) et Kant n’a jamais soutenu que civilisation rime avec moralisation. https://www.philolog.fr/le-mal-radical-kant-arendt-a-propos-du-film-hannah-arendt-de-m-von-trotta/
    Je ne crois donc pas que les hommes puissent devenir moralement meilleurs. En revanche les progrès du droit, produits de l’insociable sociabilité, constituent à la fois un rempart contre la méchanceté humaine et promeuvent les conditions d’un développement moral (ne serait-ce que de surface) chez ceux qu’ils civilisent.
    Par exemple dans une époque où l’esclavage est juridiquement aboli et l’égalité des hommes et des femmes juridiquement instituée, de nombreuses personnes ne se sentent plus autorisées à traiter leurs concitoyens comme des êtres inférieurs.
    Bien à vous.

  21. Juliette dit :

    Bonjour Madame,

    Merci d’avoir pris la peine de me répondre.
    C’est une réalité bien difficile à accepter que cette perversité, en effet.

    Bonne journée à vous

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